Retour victorieux

*Respires, respires.*
L'hélico était en train d'atterrir, au plus grand malheur d'Iwëne. Les voyages aériens, ce n’était pas une de ses hobbies, loin de là.
*Respires, c'est rien, c'est rien...*
A force de descendre, la pression de l'air lui bouchait les oreilles. Mieux que ça, le bruit de l'engin la rendait totalement sourde. Elle avait mal à la tête, elle voulait descendre au plus vite.
Sur son épaule se trouvait encore un Fraust endormi, épuisé. Pendant tout le trajet, il n'avait pas ouvert les yeux et était resté aussi immobile qu'une statue. Iwëne ne l'avait pas quitté des yeux, soucieuse de son état, fascinée par son visage –mais ça, elle s’interdisait de l’admettre. Or, maintenant qu'ils étaient en plein atterrissage, elle pensait à tout autre chose.
*Calme-toi, nom d'un chien !*
Impassible de l'extérieur, son coeur battait tout de même à cent à l'heure et n'arrêtait pas de lui envoyer des pensées tel que : "On va se scratcher ! Tu vas creeeeveeer !!!!".
L'homme aux cheveux gris -Spyke d'après ce qu'elle avait entendu- avait intérêt à ne pas foirer son coup. Déjà qu'il avait laissé mourir un de leurs élèves, Jeff Hartigan (bien qu’il n’y fut pour rien dans l’histoire) ; alors, si en plus de ça, il était prit d’une folle envie de tuer toute la troupe de Fraust & Compagnie , ça allait faire mal... très mal.
Heureusement pour nos jeunes mutants, l'agent du M.I.L n'était pas un taré mental et maîtrisait parfaitement son sujet –contrairement à d’autres qui, j’en suis sûre, nous auraient envoyé faire un tour dans l’haut de-là.
Enfin, après quelques minutes, l'hélico toucha terre. Iwëne soupira, soulagée d'être encore en vie... C'était intriguant tout de même. Elle qui se prétendait -ou du moins, qui en donnait l'air- d’être une femme courageuse, insensible au reste du monde, supérieur à n’importe qui, voila qu'elle venait de démontrer plusieurs de ses faiblesses en un seul, unique et minime petit voyage. Avec discrétion, toutefois.
Maintenant, les élèves sortaient de l’engin par petits troupeaux –oui, comme le bétail !-, et traversaient joyeusement les portes de la soute que le conducteur venait d’ouvrir. La jeune femme allait, elle aussi, en faire de même, une fois qu’elle se serait dégagée du recteur. Tout doucement, elle caressa la joue du jeune homme en s’apprêtant à murmurer un petit : « On est arrivé, il faut se réveiller. »
Contre toute attente, Fraust venait d’ouvrir les yeux au moment le plus gênant pour la demoiselle –et peut-être pour lui. Un instant, la belle mutante demeura immobile, sa main crispée sur le visage du recteur.
-Désolée, s’obligea-t-elle de répliquer, véritablement confuse.
Sur ce, elle se releva rapidement, retrouvant un peu de sa « fierté », si je puis dire, et commença à se diriger vers la sortie, de sa démarche royale et gracieuse.
*Stupide, tu es totalement stupide* se morigénait-elle intérieurement.
Dehors, il ne faisait pas très chaud, le ciel était nuageux. Malgré tout, Iwëne se sentait revivre, comme « ravie » de revenir à la Faculté. Là encore, elle se trouvait parfaitement idiote.
Aimer, que ce soit une personne, un objet ou bien d’autres choses, elle avait oublié ce que ça voulait dire. Ou plutôt, elle se cachait le sens de ce verbe, comme si elle n’était même plus digne de l’interpréter.
Or, en cet instant, elle aimait –ou du moins appréciait- de retourner chez « elle », là où elle se sentait vraiment à sa place. Parmi les siens…
Iwëne inspira une bonne bouffée d’air frais, comme pour se donner du courage, avant de se diriger à grand pas vers les portes d’entrées, réconfortantes et chaleureuses.