[EVENT 4] Doherty et le M.I.L. entrent en action

La chance… Personne ne la contrôle, personne ne peut lui dicter ses lois. Elle est indépendante et libre comme l’air ; elle choisit ses victimes et favorise ses préférés. Parfois, elle décide sur un coup de tête, par pur hasard, et se range du côté d’un être vivant pour en maudire un autre. La chance se fiche de tout et de n’importe quoi. Jamais au grand jamais elle ne se soumet. Les hommes ont beau acheter toute sorte de grigri porte bonheur pour l’attirer à eux ; ils ont beau prier les dieux à n’en plus finir, la chance possède et possédera toujours ce pouvoir absolu de décision.
Lorsque la jeune Vitalie avait vue le jour, il y a dix huit ans de cela déjà, la chance avait décidé d’apporter sa bénédiction à cette enfant, de la protéger jusqu’à sa mort. Et il faut dire que ce jour là, elle avait eu une bonne, très bonne idée.
La jolie Darshaw était sans doute une des personnes les plus imprévisibles et casse-cou de cette terre ; tout ce qu’elle entreprenait était la plupart du temps impossible à réaliser, voir parfois, totalement suicidaire et dépourvu de sens. Et pourtant, grâce à cette chance inouïe, tout ce qui semblait invraisemblable, impensable aux yeux du monde, devenait possible lorsque la jeune fille entrait en scène. Combien de fois avait-elle gagné des matches sportifs d’un niveau bien supérieur au sien ? Combien de fois était-elle passée si près de la mort sans pour autant offrir son âme? Elle ne comptait plus ses réussites ; tout ceci était devenue une véritable habitude avec le temps…
C’était sans doute pour cela qu’elle réagissait n’importe comment -souvent à l’inverse de la logique-, qu’elle se fichait complètement de ce qu’on lui disait et n’écoutait jamais personne. A l’exemple de la chance, personne ne pouvait lui imposer de règlement, et grâce à sa marraine la bonne fée, elle était vouée à réussir et triompher malgré son goût naturel à chercher les ennuis.
En débarquant ici, sur le dos d’une moto dérobée, elle s’était exposée à un danger imminent, et sa simple arrivée surprise aurait pu annoncer la fin de son histoire. En agissant comme elle le faisait, sans réfléchir ni se soucier des conséquences, elle aurait sans doute rejoint les cieux bien plus de fois que la raison ne peut en accepter.
Et aujourd’hui ne faisait pas exception à la règle. Vitalie avait tiré deux balles en direction du fauve qui courait férocement vers elle, et lui avait offert en bonus un de ses fameux flashs éblouissant. Si il avait paré l’attaque, sans doute les lignes qui suivraient celles-ci relateraient la mort étonnante d’une fille de bonne famille. Heureusement pour notre révoltée nationale, la fauche ne se décidait toujours pas à s’abattre sur elle. Et pour cause, un des missiles venait d’atteindre Lionelou en plein dans le poumon gauche, alors que le pauvre félin avait tout de même eut une opportunité de s’en sortir ! N’oublions pas qu’il zigzaguait comme un malade et que n’importe qui d’autre que Vitalie aurait loupé la cible. A son plus grand malheur, non seulement la motarde était à l’origine plutôt douée avec le maniement des armes, mais en plus son potentiel de réussite était supérieur à la moyenne ; aussi ce ne fut pas une surprise qu’elle atteigne un des points vitaux de l’ennemi.
En parlant de Lionel, celui-ci se tordait de douleur, ce qui, ça non plus, n’avait rien de particulièrement étonnant. Un flash violent et une balle dans le poumon, je ne crois pas que cela fait un bien fou… si ?
Bref, tout cela pour dire que pendant quelques instants (le temps que vous voulez, j’en ai rien à battre), le jeune fauve était totalement aveuglé et marchait sans trop savoir où il avançait. Cette petite manœuvre l’avait détourné de sa route (le droit chemin étant déjà perdu dans l’esprit du garçon) mais l’avait aussi rendu plus enragé que jamais. Il se déplaçait dans tout les sens et cherchait à se venger de cette odieuse demoiselle qui venait de lui infliger cette douleur atroce dans la poitrine
Vitalie l’observait d’un œil critique, comme l’aurait fait un vétérinaire face à un chien manchot.
*J’y suis peut-être allée un peu fort, nan ?* Voila son diagnostique. Il faut dire que la jeune fille voyait toujours les choses avec un certain détachement et une positivité économe. Grosso modo, elle se fichait de savoir si ça faisait mal ou pas de se recevoir une balle dans le poumon (et oui, tout ce qui ne concerne pas mademoiselle directement n’est pas particulièrement important, n’est-ce pas ?), aussi elle se contentait de regarder le souffrant avec un œil curieux et pourtant si lasse.
La jeune rebelle avait tendance à oublier que les autres êtres humains n’étaient pas tous aussi chanceux qu’elle, et qu’à son contraire, ils étaient –pour la plupart- particulièrement vulnérables. Ils souffraient, comme Lionel par exemple, et ne s’en sortaient pas toujours indemne, comme Jeff et tant d’autres. C’était triste la vie des fois, non ?
Toujours est-il que ce n’était donc pas elle, jeune et jolie fille qui n’avait jamais souffert de sa vie, qui allait prévoir la réaction démesurée du jeune lion. Vitalie n’avait donc pas envisagé un seul instant que le félin se précipiterait avec une telle haine sur le mec aux cheveux décolorés. Ce dernier se tenait à quelques mètres derrière le mutant, son fusil braqué en sa direction. Allait-il tirer ?
Si l’enragé de service ne lui avait pas sauté dans les bras, sans doute aurait-il eut le temps d’appuyer sur la gâchette… La situation étant toute autre, il venait de se prendre la grosse masse en pleine tronche…Décidément, ce mec avait vraiment la poisse, il accumulait les ennuis.
Alors que les deux garçons s’écroulaient à terre pour se lancer dans une partie de catch endiablée, l’arme que tenait le militaire quelques secondes auparavant entre ses mains, atterrit juste devant les pieds de Vitalie. On aurait dit que l’objet la suppliait en lui criant « Aller petite, défend mon maître s’il te plaît ! ». N’étant pas encore cruelle ni dépourvue de matière grise, la jeune fille se décida à récupérer le fusil et par la suite, d’en faire bon usage. Mais dès l’instant où sa main effleura l’arme une soudaine douleur la frappa à l’œil droit. Son pouvoir désirait se manifester une nouvelle fois, et la force de sa demande était tellement incontrôlable à ce moment là qu’il fut impossible à la jeune fille de se défaire de ses envies visuelles. La tête penchée vers le sol, le flash se mit à éblouir les parterres sans provoquer le moindre incident dans la salle. Personne n’avait du s’en apercevoir…
Une fois sa vue à nouveau contrôlée, la demoiselle s’empressa de remettre son cache œil au plus vite et tenta de calmer ses désirs de luminosité. Inutile de gaspiller son énergie pour rien…
Darshaw commençait à se relever quand elle entendit le bruit assourdissant d’une détonation. Se remettant précipitamment debout, elle eut le temps d’apercevoir un Lionel qui s’écroulait lamentablement sur le militaire. Touché le chaton… il venait d’être tué…
Mais par qui ?
Cherchant des yeux l’auteur du meurtre, elle aperçut la fille aux cheveux blonds qui se dirigeait vers un allié débarqué d’on ne sait où. Il avait mauvaise mine et ne semblait pas au meilleur de sa forme. C’est pourquoi la blonde avait eut la bonne idée d’aller chercher un camion pour transporter tout ce joli petit monde…
Quant à Monsieur-cheveux-acier, il se tortillait dans tout les sens pour se défaire du lourdaud de Lionel et, une fois libéré, venir en aide à son coéquipier qu’il transporta avec peine jusqu’au camion.
Ils étaient tous en pleine action et s’entraidaient les uns les autres, comme si le temps était compté et qu’il fallait vite déguerpir. Ce n’est qu’à ce moment que la jeune Vitalie se souvint des hurlements de la fille à la chevelure blonde : « Ca va sauter dans 3 minutes, faut se tirer en vitesse ! »
Oh ! Tout s’expliquait ! La rebelle comprenait mieux pourquoi ils souhaitaient tous mettre les voiles. Darshaw jetait un dernier coup d’œil à la salle, espérant voir apparaître son cher Doherty. Rien à faire, il était introuvable celui-là et ça commençait à lui taper sérieusement sur les nerfs. Se retournant pour voir où en étaient les autres, elle vit le mec aux cheveux gris qui se dirigeait vers elle avec la ferme intention de lui reprendre le fusil ainsi que d’autres armes et ordinateurs. Sans protester, elle lui tendit l’arme qui lui avait été totalement inutile.
Aller-retour, le jeune homme revint chercher un tout autre colis... le corps du défunt, celui du petit bruns courageux. Détournant les yeux du sombre spectacle, Vitalie se dirigeait d’un pas nonchalant vers la dernière du groupe qui n’avait reçue aucune aide de ses coéquipiers… C’est beau l’esprit d’équipe…
La jeune fille s’accroupit près de la blessée et lui tendit sa main gauche afin que cette dernière puisse prendre par la suite appuie sur son épaule. La motarde lui confia avec un sourire triste et à la fois amical :
« Il faut partir, tout va sauter dans deux minutes. Appuyez-vous sur mon épaule, je vais vous emmener jusqu’au camion. »
L’état de la souffrante était vraiment critique, et même si elle arrivait à sortir de cet endroit avant que tout n’explose, ses chances de continuer à croquer la vie étaient minces, vraiment très maigres. Bientôt peut-être, elle goûterait les saveurs amères de la mort…

Vitalie souriait, comme elle le faisait toujours depuis son plus jeune âge. Un sourire magnifique, pure, enfantin. Son visage encore juvénile rayonnait de vie, de rêves et d’espoirs. Dans ses beaux yeux bleus, des milliers d’étoiles scintillaient, pétillantes et lumineuses. Malgré ces événements néfastes, elle abordait encore cette expression qui lui était si particulière, si personnelle aussi, l’innocence…
Près d’elle, Ayden tentait de s’appuyer sur son épaule. Elle donnait toute l’énergie qui lui restait à essayer de se soulever, de marcher, de partir. Il lui fallut plusieurs tentatives avant de réussir à se détacher enfin du sol. Mais son muscle, trop faible pour la soutenir, se replia aussitôt. La jeune Darshaw l’aidait tant bien que mal, usant au maximum de ses capacités. Hélas, l’exercice était bien plus éprouvant qu’il n’y paraissait. Tout se jouait sur la force, pour transporter la souffrante, mais aussi sur la délicatesse afin de ne pas aggraver sa blessure, sanglante et profonde. L’emmener jusqu’au camion était sans doute aussi difficile que de transporter un vase de verre en équilibre sur le bout de l’index. Il y avait beaucoup de chance qu’il se casse en route…
C’était dur à avouer, mais il est vrai que tout était perdu d’avance ; ce qu’elles entreprenaient était voué à l’échec. Et, toutes deux le savait, au fond d’elles-mêmes, qu’il n’y avait plus aucun espoir, plus aucune chance que la militaire ne s’en sorte. Pourtant, Vitalie ne voulait pas croire en cette vérité abominable, elle ne voulait pas voir la réalité comme elle l’était. Pour elle, tout était faisable, tout était possible dans la mesure où on y croyait au plus profond de son cœur et de son âme. Voyant que sa partenaire ne semblait pas du même avis, la jeune femme tentait de l’encourager à nouveau, de la pousser à faire un effort de plus. Dans sa voix, les sonorités de détermination ne faiblissaient pas.
-On peut y arriver ! Tout est possible, je le sais ! Il suffit de…
Sa phrase fut coupée par une voix masculine qui lui demandait de partir, qui la prévenait que le temps ne pardonnait jamais. Ces intonations si spéciale, elle les connaissait bien, pour les avoir entendues maintes fois dans le passé. Mais aujourd’hui, à ce moment précis où la vie d’une femme était en jeu, elles ne lui faisaient aucun bien, elles l’offensaient, même. Doherty... Elle aurait préféré que leurs retrouvailles fussent différentes. Dans un autre lieux peut-être, dans d’autres circonstances aussi. Mais surtout, en aucun cas, commencées par des paroles aussi lâches.
« Vita'... Le temps presse, il faut y aller... »
Ces mots étaient incompréhensibles, difficile à approuver. Comment pouvaient-ils tous être aussi indifférents au malheur qui submergeait la demoiselle aux cheveux châtains ? Tous, tous ces hommes qui se prétendaient « soldat » ou bien encore « militaire », ne voyaient-ils pas l’immonde réactions qu’ils avaient face au danger ? Où était passé le code de l’honneur, celui où il était gravé que chaque homme devait risquer sa vie pour sauver celle de ses coéquipiers ? Disparu ? Envolé ? Oublié, peut-être ?
Et bien, elle, ne l’avait jamais abandonné. Dans une mission, le plus important n’est pas toujours d’atteindre l’objectif, ni même de réussir, mais de garder ses hommes en vie. Jusqu’au bout. C’était ainsi que Vitalie résonnait, avec générosité et courage. Quitte à offrir sa vie en échange, quitte à échouer dans un certain sens, elle n’abandonnait pas ceux qui l’avaient accompagnés, ceux qui étaient ses amis, ses alliés. Elle ne connaissait pas Ayden, pour ainsi dire, elle n’était qu’une inconnue parmi tant d’autre. Mais sa vie était bien plus précieuse que la sienne, elle en était certaine.
A nouveau, elle tenta de soulever la jeune femme qui ne put pas plus bouger qu’avant. Ses yeux bleus fuyaient le regard de la blessée, elle ne voulait pas voir cette douleur qui animait ses pupilles, qui animait tout son être. Mais cette dernière l’y contraignit, plongeant ses beaux yeux émeraude dans ceux de la jeune Darshaw. Dans son regard, elle la vit la vérité. Elle était dure, elle était triste, abominable et effrayante.
« Je...il n'y a...plus rien à faire...maintenant...Trop tard...pour moi...je...Va...sauves...ta vie... »
La voix d’Ayden résonna comme un écho de douleur. Face à une déclaration de cette importance, la rebelle ne savait comment réagir. Elle n’avait jamais été confrontée à un dilemme pareil. Pour simple réponse, elle secouait la tête en signe de négation.
« Laisses moi...s'il te plaît...ne sacrifie pas...ta vie...inutilement...Mes blessures...sont... trop graves... »
Dans un souffle presque éteint, la jeune femme lui demandait à nouveau de partir, de la laisser et de sauver sa peau. A ce moment, Vitalie s’aperçut que la mourante n’était plus la seule à trembler. Son sourire s’était fané, son visage durcit. Les sourcils froncés, le regard triste, elle agita la nuque de gauche à droite.
-Non… murmura-t-elle à la mutante, sa voix perdant de son assurance.
Les secondes défilaient, pressantes et pénibles. Eprouvante pour la blessée…
« Merci...d'avoir...essayé...ne renonce jamais...à apporter ton secours...même si...tout semble...perdu..............merci............... »
Ainsi s’achevait ces quelques minutes passées entre la vie et la mort. Lentement, la main d’Ayden retomba le long de son corps, tandis que sa tête touchait le sol.
-Non… murmurait à nouveau la jeune fille, comme si ce qu’elle venait de voir n’était pas arrivé, ne s’était pas produit. La main tremblante, elle la dirigea au niveau du cou de la jolie guerrière et constata que son sang avait arrêté de circuler dans son corps, son cœur cessé de battre.
Les lèvres pincées, le regard vide et sans sentiment, elle serait restée comme ça, pétrifiée, pendant de longues minutes à regarder le cadavre inerte, tout près d’elle. Mais le temps s’écoulait à une telle vitesse…
Sans perdre une seconde de plus, Darshaw se releva et se mit à courir à grande foulée, à toute vitesse, en direction de la camionnette qui était déjà en route. Elle rattrapa bien facilement le véhicule et sauta comme une furie pour atterrir parmi les armes, les autres membres ainsi que les cadavres. Une chance qu’ils avaient laissée la porte de derrière ouverte…
Matt conduisait comme un fou, plus vite que la jeune motarde ne le faisait déjà avec les bécanes. Très vite, ils dépassèrent la grille pour se rendre autre part. Elle ne savait où et peu lui importait…

Trois…
Deux…
Un…

Un énorme bruit, une pétarade des plus surprenantes retentit au loin, faisant tremblé le sol, par la même occasion.
L’objectif avait été atteint, ils avaient réussi… mais à quel prix ?
Le dos contre une des parois de la camionnette, le souffle coupé, Vitalie fermait les yeux. Elle repensait à cette jeune fille qui s’était battu jusqu’au bout, aux autres qui en avaient fait de même et qui n’étaient plus parmi les vivants. Elle pensait à la mort, elle et son impitoyable fauche…
Et soudain, elle la perdit un peu plus…son innocence…

Petit à petit, les battements de son cœur redevenaient réguliers, ses essoufflements s’estompaient. Après avoir couru comme une malade pour rattraper la camionnette conduite par ce taré de Doherty, elle avait tenté de faire le vide dans ses pensées obscures et s’attardait patiemment à écouter sans mot dire, le bruit des roues déchaînées contre le sol goudronneux. De temps en temps, la jeune fille se faisait soulevée par les sursauts du véhicule et retombait durement sur les fesses. Voyage de grand luxe…
Enfin, après une course des plus effrénées, le leader du groupe appuya comme un malade sur le frein, ce qui produisit un joli dérapage du tonnerre. Tandis que ses camarades se remettaient de leurs émotions et prenaient leur courage à deux mains pour ne pas gerber dans la camionnette, Vitalie se relevait en vitesse et sautait du véhicule pour atterrir gracieusement sur le sol ferme. Dehors, le temps n’était pas des plus agréable. Il faisait plutôt nuageux et le vent soufflait glacialement dans son dos, s’amusant à la faire frissonner. La jeune Darshaw observait le ciel de ses beaux yeux bleus, essayant de distinguer les rayons de soleil. Il n’y avait nulle trace de clarté, et elle se demandait bien où se cachait l’astre du jour dans tout cet assemblage de cotons gris.
Enfin, elle se retourna vers toute la clique qui n’avait cessée un instant de s’agiter. C’était étrange de voir à quel point le nombre de membres participant à l’opération avait diminué… Ils n’étaient maintenant plus que quatre survivants accompagnés d’un souffrant et d’un cadavre. Tout les autres avaient péris et disparus en même temps que l’impressionnante explosion…Cette réflexion particulièrement désagréable hantait sans doute les esprits de tous. Chassant à nouveau ses quelques idées noires, Vitalie se dirigea vers ses rares coéquipiers. Un rapide coup d’œil à chacun d’eux, et il lui était bien facile de deviner leurs sentiments. Matt, égale à lui-même, demeurait impassible et faisait son boulot, comme on le lui demandait. Il transportait le corps du petit brun à la soute, le visage dur et froid. La seconde femme de l’équipe s’occupait du blessé, le « lieutenant » comme elle les avait entendu l’appeler. Les yeux empourprés, elle semblait au bord des larmes, sur le qui-vive aussi, mais se retenait bien de dévoiler ses faiblesses aux autres, se préoccupant simplement de venir en aide à son ami plutôt que de sombrer dans la mélancolie. Et pour finir, le jeune homme aux cheveux aciers était en train de grimper dans l’hélicoptère, tout son matos sous le bras. Ironie du sort, les ordinateurs et les armes étaient passé en priorité face aux corps des défunts… Ma foie, chacun sa façon d’agir…
Bref, après avoir regardé une dernière fois le décor, la jeune Vitalie fit un petit tour du gros engin pour venir rejoindre Doherty le solitaire. Il se tenait assis, appuyé contre une des parois métallisées, et faisait preuve d’un calme des plus agréables, des plus reposants aussi. Dans des instants comme celui-ci, la panique ne faisait pas parti des choses apaisantes et relaxantes. Demeurer de marbre était sans aucun doute l’attitude la plus recommandée…
La jeune Darshaw grimpa dans l’engin et vint s’asseoir en silence tout près du mutant. Sans prévenir, la demoiselle se blottit contre lui et allongea sa tête sur l’épaule du jeune homme. Tranquillement, elle ferma les yeux. C’était en quelque sorte sa façon de le saluer…
-Tu en as mis du temps pour venir, commença-t-elle après quelques secondes. Je commençais à me demander si j’étais bien au bon endroit…Enfin, le principal est que tu sois là…
Se resserrant un peu plus contre le jeune homme, la jolie guerrière reprit avec indifférence travaillée :
-Je crois que je vais rester après la mission. Il y a pas mal de taf au M.I.L, je suppose ?
Dieu seul sait comment elle était au courant de la situation des rebelles, et seul lui savait également pourquoi elle désirait accompagner et être au côté des mutants pendant leur grande rébellion. Peut-être qu’au fond d’elle-même, elle aussi désirait être enfin libre et reconnue pour ce qu’elle était et non pour le groupe « de monstres » auquel elle appartenait…

Le trio de mutants s’avançait vers la sortie, en se pressant de plus en plus. Alexandre soutenait le recteur et l'aidait à avancer correctement, tandis qu’Iwëne, non loin derrière, les suivait à grand pas. De temps à autre la jeune femme se retournait, tentant d'apercevoir les survivants de l'assaut, espérant revoir tous les élèves sains et sauf. Plusieurs d'entre eux sortaient du trou créer par Fraust, et se dépêchaient de les rejoindre avant que le bâtiment n’explose. Mais tous n'étaient pas encore présents, il en manquait...
Ne perdant pas une seule seconde –qui pourrait s’avérer décisive-, Alexandre, Fraust et Iwëne rejoignirent l'hélicoptère qui les attendait, moteur en marche. Etait-ce le M.I.L ? Ca ne faisait aucun doute. Les militaires avaient sûrement terminé depuis un moment leur petite diversion, et avec cessé d’attaquer les gars de la G.C. Après avoir filer en vitesse, ils avaient embarqué dans leur super engin, et avaient filé en vitesse au point de rendez-vous. La soute de l'appareil s'ouvrit en grand, laissant apparaître un des fameux soldats qui les attendaient. Celui dernier arborait une tenue des plus sanguinolente, il semblait réellement secoué par les événements. Sur son visage s’affichait un joli mélange de sentiments contradictoires : peur, amertume, ennui royal. Apparemment, Fraust et les autres mutants n'étaient pas les seuls à avoir rencontré des difficultés. Pour tout dire, les agents du M.I.L avaient sans doute enduré bien pire qu'eux... Une longue discussion était prévue, pour sûr.
Mais pour l'instant, ils patientaient le temps que les élèves ne forme qu’un seul et même groupe compact, comme au tout début de cette mission. Le recteur ne monta pas tout de suite dans l'engin, ses protégés n'étant pas au complet. Iwëne observa le jeune homme d'un oeil critique. Il avait une mine affreuse et se trouvait dans un état d’extrême faiblesse. Malgré tous ces désagréments, l'homme trouvait encore la force d'attendre ses précieux élèves.
Bien décidée à ménager le seul trésor qu’elle portait dans son coeur, la ravissante professeur s'approcha de son "collègue" et posa sa main sur l’épaule de celui-ci.:
-Fraust, rentre dans l'hélico, je ferais le compte des élèves moi-même, lui conseilla-t-elle –ou bien était-ce un ordre ?- d’une voix douce et bienveillante.
Elle n’était pas la deuxième adulte du lot pou rien. En tant que professeur, second chef de groupe et autres titres, elle avait par conséquent les mêmes responsabilités que le jeune homme vis-à-vis de la petite bande de jeunets. Et puis, sincèrement, lequel des deux profs méritait le plus de se reposer ? La réponse était évidente, et Iwëne se mettait déjà devant le recteur, prête à lui prendre la place. Maintenant, il fallait faire vite... Ca allait sauter, dans peu de temps. Très peu.