Ronde de nuit

La nuit était tombée sur la Faculté. La Faculté le lieu ou l'improbable était monnaie courante et où l'introuvable se trouvait. Non seulement il se trouvait, mais en plus il vous tombait dessus comme par enchantement. Pourtant cette école, la seule et unique école pour mutants du monde connu, n'était pas différente des autres et se composait de pièces et autres salles de cours totalement banales. Tellement banales que s'en était affligeant. Mais, en ce triste soir de janvier, ou peut-être de février peu importe, la Faculté semblait être en émoi. Cet état de fait venait certainement des milliers de bruits de piétinement qui envahissaient les couloirs, mais aussi des claquements sinistres et annonciateurs d'horreur qui retentissaient parfois. Un observateur aguerri, c'est à dire, quelqu'un qui n'avait pas ses yeux dans sa poche*, aurait pu remarquer que ces bruits étaient très rapprochés, comme si la foule, car seule une foule pouvait créer un tel remue-ménage, était dense et compacte. Il aurait aussi remarqué que les claquements semblaient venir de deux morceaux de bois qui s'entrechoquaient avec l'envie de mordre quelque chose. Il aurait encore remarqué que les pas se dirigeaient totalement au hasard dans les couloirs, prenant indifféremment une direction ou une autre et ce même si aucun panneau indicateur se trouvait dans les couloirs**. L'observateur aurait pu également vouloir voir ce qui faisait un tel vacarme au beau milieu de la nuit s'il était curieux. La curiosité étant une caractéristique naturelle de l'espèce des Observateurs, il s'approcherait et verrait alors un spectacle étonnant. Une caisse de bois, sertie d'acier avançait d'un pas rapide dans les couloirs ne prenant aucun compte de ce qui se trouvait sur son passage. D'un autre coté, la caisse ne pouvait pas tenir compte de grand chose n'ayant pas d'yeux pour voir. Cette caisse venait d'entrer, par on ne sait quel miracle, dans la Faculté et maintenant déambulait dans les couloirs sombres ce qui ne la dérangeait guère puisqu'elle n'avait pas d'yeux (suivez un peu ce qu'on raconte !). Certains auraient pu la décrire comme un accessoire de voyage classique ayant cherché l'originalité d'obtenir des pieds pour se déplacer. D'autres auraient vu tout simplement le signe d'un grand génie chez un inventeur (de génie) qui avait voulu simplifier la vie des bagagistes du monde entier. Enfin, des fous, les seuls pouvant se permettre d'imaginer une hypothèse aussi farfelue, auraient vu dans ce bagage un mutant prisonnier d'une caisse à cause de son pouvoir de focus et d'une mauvaise manipulation. Et comme les fous ont toujours raison, ils seraient dans le vrai. Mais actuellement, sous la forme d'un bagage, il déambulait rapidement en direction d'une porte qui eut la mauvaise idée de refuser de s'ouvrir. Ce qui entraîna un bruit sourd de la rencontre brutale entre les deux objets inanimés (enfin inanimé pour la porte). Et de cette rencontre naquit de magnifiques éraflures sur la dite porte. Le bagage claqua du couvercle (oui c'est une expression étrange) et repartit dans une autre direction à la recherche d'un coin tranquille où se poser car il commençait, non pas à avoir mal aux pieds ni à être fatigué, mais à vouloir, dieu seul sait comment une caisse pouvait vouloir quelque chose, se poser pour attendre sa prochaine victime. Oui, victime, car le Bagage, puisque tel est son appellation (vous conviendrez qu'on ne peut pas utiliser nom pour un objet), était volontairement qualifié d'homicide ou de danger extrême et on pouvait le suivre à la trace aux branches cassées, aux requins apeurés et aux jardins dévastés qu'il avait traversé, sans compter sur les multiples morceaux d'être vivants*** qui jalonnaient son trajet.
____________________
*chose très difficile même pour un mutant, Iwëne exeptée

**Car les panneaux indicateurs n'étaient pas appropriés dans un lieu où le but ultime était de perdre un ou deux étudiants de manière à prouver que ces chers enfants avaient besoin des adultes, ce qui, tout le monde le sait, est totalement vrai. Car sans les adultes le monde ne tournerait pas rond (chose très difficile, je le conçois)

*** Un peu comme sur le chemin d'Iwëne quand elle pique une crise de nerfs.

Il faisait déjà nuit, et pourtant une grande animation régnait dans les couloirs... Certains élèves pressaient le pas, piétinant le sol de leurs pieds avec hargne et criant à d'autres de les attendre. Peut-être faisaient-ils tout simplement une course dans les escaliers ? Ou encore voulaient-ils énerver les personnes fatiguées qui essayaient de dormir ? Hé bien, tout ce que l'on pouvait supposer, c'était qu'ils n'avaient aucune considération pour ces derniers. Y avait-il un évènement particulier ? Une explosion dans une classe, un numéro de claquette ou autre stupidité du genre ? Mais tous ne faisaient pas du chambard, Alex, jeune mutante et élève depuis peu, déambulait dans les couloirs à la recherche d'un endroit paisible... En effet, un mal de crâne la torturait depuis des heures, et elle luttait vaillamment contre les bruits extérieurs.

La jeune fille n'avait pas trouvé le sommeil alors que Félix, son compagnon de chambre, dormait à poings fermés. Même une bombe tombant sur la faculté n'aurait pu troubler son sommeil... Les circonstances étaient certes particulières, mais Alex se montrait sous un nouveau visage : étant d'une humeur massacrante, elle répondait de travers et manquait de trucider tous ceux qui osaient lui parler. Intouchable et aussi aimable qu'une porte de prison... L'habituelle "fourmi noire " se transformait en une fourmi peu commode... Heureusement qu'elle n'était pas comme cela tout le temps !

Complètement pantelante, elle se dirigeait vers l'infirmerie, le meilleur endroit où elle pourrait recevoir de l'aide... Elle émit un soupir d'exaspération : si seulement son pouvoir avait été de guérir les maux de tête ! Cela aurait bien plus pratique que de pouvoir rétrécir les fauteuils ! Cette pensée réveilla en elle un souvenir agréable : lorsqu'elle était encore la secrétaire de Félix... Alex s'arrêta quelques instants, le temps de masser ses tempes et d'examiner les environs : il n'y avait plus personne désormais ! Bien, cela voulait dire qu'elle avait découvert le seul endroit calme de la faculté. Au moins, elle était certaine que personne ne viendrait la déranger.

Tout-à-coup, elle entendit des voix qui lui étaient familières, venant d'une pièce adjacente. Pestant de rage, elle s'insurgea de sa malchance : ces voix appartenaient aux espèces de gamins qui l'avaient sifflée quand elle était apparut à la cafétaria pour la première fois ! Il ne lui fallut pas longtemps pour faire le bilan : elle était seule, ils étaient plusieurs, et elle se baladait dans un couloir désert, ou était-il désert pour le moment... Aussitôt, elle accélera le pas et chercha à se mettre à l'abri. Pas question de se laisser embêter ! Quelques secondes passèrent... Une porte s'ouvrit, puis une voix résonna :

" Hé ! Ce serait pas la fille de la Cafet ? "

................................................................

Des pas, des rires et des paroles dénuées de sens... Le vide régnait autour d'elle, et elle se serait crue de retour à la Cabane... Ce lieu horrible où elle avait vécu un véritable enfer, repoussant les limites de ses forces et de son esprit. Elle avait tenté en vain de retrouver son identité... La fourmi progressait rapidement à présent, pas aussi vite qu'elle l'aurait souhaité, mais sa marche était vive et précise : elle ne savait pas où aller, mais la victoire lui était acquise, simplement parce qu'elle avait une faculté d'observation hors du commun : ces yeux s'étaient réduits à des fentes aux courbes minimes mais perceptibles, effrayantes. L'horizon lui apparaissait telle une image scindée et détaillée; elle examinait les possibilités qui s'offraient à elle...

La fourmi était loin de la fourmilière, il fallait bien le reconnaître. Elle ne savait pas où se trouvait son ancien chez-soi, mais elle pouvait néanmoins déduire qu'il était loin, inaccessible. Pas question de retourner là-bas et de tenter le diable ! A la faculté, elle se sentait libre... Néanmoins elle aurait aimé que Félix soit là à ce côtés. Elle ne savait pas si les gamins la suivaient toujours...

Mais peu-à-peu, elle se rendit compte que tout danger était écarté : les jeunes gens avaient probablement abandonné la poursuite depuis longtemps. Peut-être qu'un jour, elle devrait leur parler, mais en ce jour, elle ne s'était pas sentie prête à le faire, surtout avec un mal de crâne carabiné... Elle n'avait qu'un seul souhait : avoir la paix, et n'importe qui ayant un peu de matière grise l'aurait compris en observant son visage... Rongée par le stress et la peur, Alex avait le sentiment d'être enfermée dans une boîte, un vulgaire coffre où aucune lumière ne pouvait l'éclairer, une trousse étroite, un dé à coudre... C'était si petit ! Encore cette impression que les couloirs se rétrécissaient au fur et à mesure qu'elle avançait ! Bon sang ! Pas maintenant !

Elle emprunta alors un nouveau chemin, tournant vers la droite et regardant derrière elle... Pourtant, un claquement vif et sonore la ramena à la réalité. Alex sursauta et faillit tomber sous la surprise : le bruit provenait du sol, à côté de ses jambes ! Aussitôt, elle abaissa le regard, recula brusquement et...

" AHHH ! "

Posant une main sur son coeur, elle essaya de récupérer son souffle, sentant que ses pulsations cardiaques ne cessaient de s'accélérer. Ensuite, la jeune fille poussa un soupir prononcé et se décida à observer ce qui l'avait mis dans un pareil état. Elle avait failli marcher sur un... Coffre ?

" Mais qu'est-ce que que CA ?! "

Le " Ca " en question, se résumait à un coffre de bois et d'acier, dans une position immuable... La fourmi égarée se mit à pouffer : l'objet était bien beau, et original il fallait le dire ! C'était un coffre peu commun et serti de barres d'acier et posé sur une multitude de " pieds de bois ", joliment peint dans une couleur rosée. Celui qui l'avait fait devait sûrement être un fou ou un génie ! Curieuse, elle s'approcha, s'agenouilla et l'examina dans les détails. Il ressemblait vaguement à une boîte normale, mais il possédait une sorte de.. Langue * ? * rouge dont elle voyait le bout. Il avait des.. Dents ! La jeune fille commença à se poser des questions : une telle boîte, ca se voyait pas souvent ! Encore moins dans les couloirs d'une résidence pleine d'élèves ! Et si quelqu'un l'avait oublié là, un élève, un prof, une personne capable de modifier les objets de façon amusante ?

Tout-à-coup, elle détourna le regard et regarda derrière elle : il n'y avait toujours personne... Alors, pourquoi se sentait-elle étrange, observée ? Or elle savait bien qu'il n'y avait pas âme qui vive dans le couloir... Elle posa de nouveau son attention sur le coffre et retint une exclamation de surprise : il lui semblait que la boîte avait bougé !!!

" Impossible, pensa-t-elle, c'est à cause du mal de tête que tu t'imagines des trucs. " Mais bientôt, elle dût reconnaître l'inévitable vérité : le coffre se déplaça devant ses yeux, la laissant pantoise et aux prises avec un démon intérieur qui dévorait ses peurs. Cependant, elle ne hurla pas. Et pour la première fois depuis qu'elle avait regardé le coffre, elle le considéra non plus comme un simple objet stupide mais comme une entité vivante.

" Tu... Tu peux m'entendre ? Tu peux parler ? "

Alex attendit quelques instants mais n'obtint aucune réponse. " Je ne suis qu'une pauvre folle," pensa-t-elle. Alors elle s'apprêta à retourner sur ses pas, mais un événement imprévu l'obligea à rester.

Hs : je crois que j'ai fait beaucoup de répétitions désolée si ça gâche un peu la lecture ^^ /HS

Il était posé au beau milieu du couloir quand des pas retentirent. Et pour une fois ce n'étaient pas les siens. Le bagage déploya ses pieds et claqua du couvercle pour ne pas rencontrer la nouvelle venue. Dieu seul sait comment il avait pu savoir que quelqu'un arrivait, mais il le savait et s'était redressé pour l'attendre. Elle l'observa durant un long moment avant de poser une question particulièrement stupide. Non le Bagage ne parlait pas, il claquait bien du couvercle de temps en temps, mais sinon il était muet comme une carpe*. Il fixa celle qui venait de poser la question. Et lorsqu'il s'agissait de fixer, il était très doué. Certainement parce qu'il n'avait pas d'yeux et donc qu'il ne cillait pas. Ou peut-être parce que rien ne pouvait lui faire baisser la tête**.

Ses pieds se mirent en mouvement à des rythmes divers pour opérer une rotation complexe sur lui même. Le frottement de ces derniers sur le sol, rappelant, nul ne sait pourquoi, les prémices des colères de Fraust, quand de minuscules étincelles sortent de ses doigts et qu'on se dit qu'il faudrait mieux s'éloigner au plus vite. En parlant de s'éloigner la jeune femme devrait y penser pour ne pas se faire rentrer dedans*** par un Bagage en folie. Car après avoir fait demi-tour deux fois, il se retrouva à nouveau en face d'elle et ouvra très grand son couvercle avant de le claquer dans un bruit mat (et quelques étincelles donc Fraust aurait pu s'inspirer pour faire fuir les étudiants curieux).

Et ensuite il s'avança lentement, menaçant vers la jeune femme. Il s'approcha tout près d'elle, cherchant à la toucher pour au choix, la réduire en morceaux, la déchiqueter ou bien lui faire simplement peur. Mais au dernier moment, il se colla à elle et ondula sur ses pieds pour se frotter amicalement contre sa jambe. Enfin se frotter amicalement quand on est une caisse de bois renforcée avec de l'acier n'était pas particulièrement agréable, mais en tout cas, plus que d'être poursuivit pas la même caisse qui claquait du couvercle pour vous mordre non ?


____________________
*Enfin lui c'était parce qu'il était inanimé et non parce qu'il était un poisson !

**Il n'en a pas non plus, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit !

*** N'y voyez rien de mal ! Mauvais esprits !

Le bagage se frottait amicalement contre les jambes de la jeune femme, il semblait l'apprécier et, chose rare, il le montrait. Elle approchait sa main de son couvercle. Personne ne sait comment il pouvait sentir ou voir des choses, mais le résultat était là, en général il savait quand quelqu'un était proche de lui. Il était peut-être comme Chani, capable de discerner les esprits des gens qui l'entouraient, sauf que pour lui le terme de gens recouvrait un ensemble beaucoup plus important.* Il s'ouvrit légèrement pour que son couvercle touche les doigts de la jeune mutante puis une fois ceci fait il fit demi tour dans une succession de frottements et de piétinements. Il avança de quelques pas, enfin quelques multiples pas et attendit, souhaitant a priori qu'elle le suive. Pour aller où ? Personne ne le savait, même pas lui c'est pour dire. Mais il était un accessoire de voyage avant tout, et il voulait bouger. Si la jeune mutante avait pu déposer ses affaires à l'intérieur de son coffrage, il en aurait été plus heureux. Mais la jeune fille certainement pas, car il avait une tendance à machouiller les affaires et on les retrouvait dans l'état d'un drap blanc frotté énergiquement avec des copeaux de bois sales. Donc chiffonnées, trouées, salies et encore beaucoup de qualificatifs péjoratifs. En attendant, il était arrêté, voulant que la jeune fille le suive dans sa découverte des couloirs et dans son entreprise de terreur des mutants de la Faculté. Et ce, même s'il n'avait pas encore commencé à faire peur aux pauvres petits étudiants sans défense. Il n'avait pour le moment que patrouillé dans les couloirs à la recherche d'une proie. Et cette proie, il aurait pu la trouver en la jeune fille, mais il s'y était, Fraust seul sait pourquoi, attaché. Enfin pas un de ces liens psychiques dont Chani à le secret, mais plutôt un lien affectif, la jeune fille avait du voyager peu de temps avant pour qu'il soit ainsi attiré par elle. Il se retourna semblant lui jeter un regard de chien battu** qui voulait qu'on le suive.



_____________
*Ensemble qui allait de l'humain de base à la poignée de porte en passant par tout ce qui pouvait se retrouver sur le chemin du Bagage.

**Encore une fois, il n'a pas d'yeux pour jeter un tel regard !

Quelques secondes après avoir été débarrassé du livre, le Bagage se referma dans un claquement sec. Il sembla ranger ses pieds pour se poser sur le sol et ne plus bouger.

Sur la première page du livre seulement quelques mots.

Citation :

Mutatio Imperare Aut Occidere*

En tournant la page on peut lire un mot, un seul

Citation :

Raiffeise

Puis suivent des pages totalement blanches à l'exception de quelques petites tâches noires semblant placées de manière aléatoire sur les pages.

[HRP, la mission commence ...]



__________________
* Mon latin est quelque peu rouillé

[HRP: Et si j'ai bien compris on peut s'y joindre non?^^ Allez, j'tente le coup!^^]

Hailey se balladait dans les couloirs. Et se dit qu'elle le faisait beaucoup ça, se ballader dans les couloirs. Dans la jungle aussi remarque. A vrai dire, elle se balladait beaucoup tout court. Evidemment, ce n'était guère constructif, et elle commençait à s'ennuyer un peu. Plus que ça même: il n'y avait rien à faire dans le coin. Personne en salle d'entraînement, trop tard pour retourner crapahuter dans la jungle(1) et pas de cours matériels annoncés pour le moment.

Pourtant, dans une fac' pour mutants, Hailey s'attendait à plus...à plus...non pas forcément à plus d'action mais à plus quoi... Disons qu'elle aurait bien aimé avoir quelque chose à faire. Parce que les couloirs du complexe scolaire étaient certes très jolis (2), mais c'était pas en les contemplant qu'elle allait progresser dans quelque domaine que ce soit. Et surtout pas dans celui de son...pouvoir. Pouvoir qui, de toute façon, avait la fâcheuse manie de se manifester tout seul n'importe quand (3).

Mais voilà, elle se retrouvait à errer dans une sorte d'ancien manoir colonial, et même si cela apportait un cachet certain à la chose, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle n'avait pas de but précis. Et à vrai dire ça l'embêtait; c'était important, d'avoir un but. Elle avait toujours eu un but avant. Sans but, elle se sentait toute nue (4). Et personne à qui parler! Elle n'avait pas encore croisé son mystérieux camarade ce chambre, et elle n'avait pas eu l'occasion de lier connaissance avec qui que ce soit à part ses compagnons de randonnée. A vrai dire elle espérait tomber sur la sympathique Alexandra, l'enthousiaste Spike ou le peu loquace mais perspicace Felix, histoire de parler un peu. Au moins ça l'occuperait...

Et son voeux fut manifestement exaucé: au détour d'un autre couloir (5), elle aperçut Alexandra. L'américaine était assise par terre, un livre à la main. Dans un couloir vide et plutôt sombre. D'accord, pourquoi pas? Et à ses côtés se tenait une sorte de... grosse malle aux charnière métalliques et à la serrure mauvaise à défaut de regard. Bien que la partie rationnelle de l'esprit d'Hailey lui soufflait tranquillement que ce n'était qu'un bête bagage en bois oublié dans un couloir, une autre, celle qui était irationnelle, lui crait très fort dans un mégaphone que l'objet ressemblait plus à une sorte de sournoise créature tapie dans l'ombre qu'autre chose. Ce qui était certain, c'était que ce coffre provoquait un intérêt presque...hypnotique.

Secouant la tête pour se remettre les idées en place, Hailey s'avança à grandes enjambées vers les deux êtr...vers Alexandra et la malle et se fendit d'un sourire alors qu'elle rompait le silence:

"Alexandra, salut! Euh... Tu sais que tu es en traine lire un bouquin dans la pénombre à côté d'une grosse malle à l'air vorace?"

Hailey se morigéna intérieurement. Pas terrible comme introduction, surtout le coup de l'air vorace. Elle n'avait jamais imaginé dire ça, mais il avait suffit d'un coup d'oeil à... l'objet pour que ces mots s'imposent d'eux-mêmes et circulent de son cerveau à sa langue sans passer par la case réflexion. Son sourire se mua en sourire gêné et, ne sachant vraiment que dire d'autre, Hailey resta debout dans le couloir, en attente d'une réponse quelconque sur le pourquoi du comment...


(1) Et puis bon, la jungle, on la voyait une fois on la voyait dix fois hein. Des arbres, des noix de coco et des saloperies de moustiques!

(2) Enfin, pour autant qu'un couloir puisse être joli et non morne et inquiétant.

(3) Un peu comme un contrôle surprise de philo...

(4) Métaphoriquement parlant hein!

(5) C'est un principe narratif fondamental, que ce soit dans un livre ou au cinéma: dans une grande maison, il y a toujours assez de couloirs pour y perdre ses personnages ou instaurer une ambiance vaguement inquiétante (et pourtant très monotone). Toujours!


[HRP: Navré pour toutes ces notes de bas de page mais en voyant celles du bagage j'ai...j'ai replongé dans cette manie que j'ai depuis que je lis Pratchett. Désolé! ^^;;]

L'odeur significative d'un livre que l'on n'a pas ouvert depuis longtemps, la sensation de déjà vu, le simulacre d'un rêve... Tous ces facteurs rendaient la situation très mystérieuse, improbable... Elle sentit les reliefs de la couverture sous ses doigts, tandis qu'elle s'apprêtait à poser les yeux sur la première page du bouquin... Quand soudain : CLAC !

Sursautant, Alex se tourna vivement vers le Bagage, qui se morfondait dans son immobilité et ressemblait maintenant à une valise normale. Même ses multiples pieds n'étaient plus visibles, disparaissant sous une barre métallique... Depuis quand une caisse vivante possédaient des pieds rétractiles (1) ? La jeune fille ne s'étonnait plus de rien...

Laissant là le coffre et ses pensées déplacées, elle se détendit et fixa son attention sur le livre... Mais elle n'examina pas directement la première page, elle le tint ouvert grâce à un doigt et observa les magnifiques reliures. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas touché un ouvrage... Qui plus est aussi précieux... Car de l'extérieur, le trésor que lui avait subrepticement donné le coffre paraissait rayonnant ( autant qu'un beau livre puisse l'être ). Nul doute que son contenu devait être de la plus haute importance ! Qui sait... Peut-être était-ce un recueil de poèmes ? Une épopée merveilleuse ? Un conte délirant ? Mais la fourmi n'en avait cure : elle aimait les livres, quel qu'ils fussent. Cela faisait longtemps qu'elle n'en avait plus tenu un en main... Mais un souvenir lui revint, lui remémorant que l'ancienne Alex affectionnait particulièrement les romans d'aventures et de science-fiction...

Enfin, elle se décida à regarder la première page... Rien... Le vide... L'espace. Tout d'abord, la jeune fille crut qu'il fallait encore feuilleter, mais il y avait tout de même quelque chose d'écrit sur cette première page, quelques mots :

Code:

Mutatio Imperare Aut Occidere

Il y avait une belle lettrine qui symbolisait la lettre M, et Alex se serait peut-être attardée plus longtemps à ce détail, d'habitude... Mais là, ce fut tout d'abord une vague de déception qui l'envahit. Du latin ?! Arf... Depuis quand n'en avait-elle pas fait ? Elle n'en avait aucune idée... Et elle n'allait surtout pas torturer sa mémoire pour le découvrir ! Ses souvenirs lui revenaient peu-à-peu, mais elle ne pouvait pas en demander de trop. Néanmoins, la jeune fille était sûre d'une chose : à l'université, elle avait réalisé des études en littérature, et elle avait fait du latin !

Maintenant, la fourmi était bien avancée... Elle repensa aux premières impressions qu'elle avait eues à New York, là où elle avait rencontré Félix : " Bien loin de sa fourmilière, sans repères ni souvenirs, et avec en prime un chasseur à vos trousses..." Alex éloigna rapidement ses pensées négatives, elle qui était habituée à tout relativiser, ce n'était pas maintenant qu'il fallait s'enfoncer dans la tristesse. Puis elle pensa que tout n'était pas négatif dans sa fuite vers la grande Pomme : Félix...

Bien, il convenait de débuter par le commencement :

Mutatio... Mutant ? Mutation ? Suivant ! (2)

Imperare.... Sans doute était-ce " ordonner " ? Mais Alex n'en était pas vraiment certaine. "Empereur" se rapprochait de " imperare ", un empereur donne des ordres, donc " Ordonne "... Mais ce n'était pas pour autant qu'il n'avait pas une signification particulière dans cette phrase ! Suivant !

Aut ? Heu... Mince alors, elle ne savait plus ! Se mordant la lèvre inférieure, la jeune fille essaya de se remémorer le sens de ce mot. Et dans son état, cela ne faisait que raviver son mal de crâne. La traduction devint bientôt un effort aussi violent qu'un exercice de math... SUIVANT ! (3)

Occidere... Occire ? Tuer ? Hum... Possible.

Bon, si elle récapitulait, la phrase était composée de deux verbes, d'un mot terminé en " O " ( si seulement elle pouvait se rappeler du cas ! ), et d'un mot Non Identifié.... Eh ben... C'était pas gagné. Aussitôt, Alex tourna la page et son attention fut attirée par une seule tache : l'unique mot de la page !!!

Code:

"Raiffeise"

Mot sans aucune enluminure... " là c'est encore mieux... Je ne sais même pas d'où ca vient "pensa-t-elle... Puis, elle tourna la page, trouvant une page blanche, puis une autre, puis encore une autre,.... etc (4)

" C'est QUOI ce délire ? " Hurla-t-elle mentalement, feuilletant le livre à vive allure... Mais elle dut se rendre à l'évidence : il n'y avait plus AUCUNE incription ! La jeune fille n'eut pas le temps de s'insurger contre elle-même et ce foutu bouquin : une voix retentit au dessus d'elle.

"Alexandra, salut! Euh... Tu sais que tu es en traine lire un bouquin dans la pénombre à côté d'une grosse malle à l'air vorace?"

Relevant la tête, bien qu'elle eut déjà reconnu la voix d'Hailey, ses yeux lui apportèrent la preuve que la personne en face d'elle (5) était bel et bien la jeune fille qu'elle avait rencontrée dans la jungle... Presque aussitôt après qu'Hailey ait parlé, Alex répliqua :

" Salut Hailey ! Hé, je croyais que j'étais la seule folle à me balader dans les couloirs ! " dit-elle, un sourire aux lèvres, " Heu.. Tu ne pourrais pas m'aider pour traduire une phrase latine par hasard ? Ca fait un bail que j'en ai plus fait, et ma traduction ne ressemble à rien jusqu'à présent... Un petit coup de main serait le bienvenu... "

Puis, se rendant compte qu'elle n'avait pas répondu aux inquiétudes de son amie concernant la " caisse vorace ", elle reprit la parole :

" Oh désolée ^^" En fait, je me suis habituée à la présence de ce coffre.... Spécial... Je l'ai rencontré il y a quelques heures et... "

Alex voyait déjà qu'Hailey fronçait les sourcils. " Recontrer un coffre ? " Elle enchaîna :

" C'est difficile à expliquer et tu ne vas peut-être pas me croire... Mais il est vivant. "
..................

HS J'ai été atteinte par le virus ! Au secours ! /HS

(1) : Rétractables ou rétractiles ? That is the question !

(2) :Analyse très précise non ? xD Rassurez-vous, je ne fais pas ( vraiment ) le même à l'exam de latin... ><

(3) :Avec plus de rage cette fois-ci... Comme le prof de math qui vous écoute pour un exam oral puis vous remballe vite fait U_U

(4) : Vu le nombre de pages vides, c'est mieux de mettre des petits points ><

(5) : Bon ok, c'est pas vraiment en face... Mais Alex n'aime pas être en position d'infériorité ( voir présentation )

Le Bagage avait entendu ou plutôt constaté qu'une nouvelle arrivante était arrivée, qui de plus normal pour une arrivante vous me direz. Mais il arrivait fréquemment que les arrivantes repartent quand elles voyaient le Bagage, en général en hurlant pendant qu'il les poursuivaient. Cela n'était pas du tout un signe d'un quelconque machisme de la part du coffre, mais plus le signe d'une tendance à attaquer tout ce qui se présente. Aussi il déplia ses pieds dans un mouvement qui aurait pu être gracieux s'il n'avait pas été aussi brutal et bruyant (1). Et il s'avança vaguement menaçant à l'égard de la nouvelle venue. Il s'ouvrit et se referma dans un claquement sec attendant visiblement que la jeune femme se sauve en courant pour pouvoir lui courir après (2).

Partie Mission
Le texte latin signifie exactement (dans mon esprit) : Commander sa mutation ou tuer. A vous de voir ce que vous pouvez en tirer.

Vous avez omis un détail que je vous ai donné sur les autres pages du livre et donc je ne vous dirais rien d'autre pour le moment (3)

________________________

(1) et si le Bagage avait eu quelques notion de grâce...

(2) que ce soit une femme ou un homme ou même un animal du moment que c'était vivant et que ça avait peur, le Bagage courait après, c'est que c'est joueur ces petites bêtes là.

(3) MJ sadique ...

Pendant un instant, Alex se demandait si elle n'avait pas commis une grosse gaffe... Un coffre vivant ! Son interlocutrice n'allait jamais la croire ! C'était tellement peu crédible et pourtant...

"On n'est pas à une bizarrerie prêt non? Je peux jeter un oeil?"

La jeune fille resta un moment silencieuse, quelque peu abasourdie. L'australienne avait eu exactement la même réaction qu'elle : quand Alex s'était perdue dans les couloirs, elle se serait attendue à tout sauf à rencontrer une malle au couvercle garnie de dents ! Reprenant ses esprits, elle vit que son amie se penchait au dessus de son épaule. Hailey prononça quelques mots tout bas, faisant une petite grimace... Enfin, Alex ne savait pas si elle se rendait compte des traits amusants que prenaient son visage, mais elle décida de lui en faire part plus tard.

Soudain, elle sentit un infime souffle d'air passer sur sa main, et tournant les yeux, elle aurait juré que cela venait du Bagage...

"Le changement commande ou tue. Ou détruit je suis pas sure. Quelque chose dans le genre j'imagine... Maintenant, quand à savoir ce que ça signifie dans ce livre qui semble pleine de heu...pages blanches?! Tu vas me dire que c'est le...coffre qui te l'as donné, si?"

Le changement commande ou tue... Alex réfléchissait. La traduction d'Hailey paraissait correcte. Ou du moins, c'était l'impression qu'elle en avait. Néanmoins, quelque chose clochait : pour elle, "mutatio" ne correspondait pas à un sujet, mais plutôt à un complément de phrase, peut-être un complément du verbe... Elle ne jouait pas sur les mots. Son amie lui avait apporté une information précieuse; grâce à elle, la fourmi connaissait maintenant le sens du Mot Non Identifié : "ou". " Aut " veut dire " ou ". Rapidement, elle tourna la phrase dans sa tête, constatant une deuxième anomalie : les verbes... C'étaient des infinitifs, par conséquent non conjugués (1)

Alex se rappela un passage de sa vie, une heure de cours. (2)L'étonnement la gagnait peu à peu : si une simple phrase latine réveillait en elle tout un réseau de pensées perdues, alors il faudrait absolument qu'elle chouchoutte ce bagage en guise de remerciement !
....................................

" Mince... Il y deux infinitifs là et je comprends vraiment pas ce qu'ils viennent faire là... "

" Hum.... Il te reste une demi-heure pour avoir l'inspiration divine alors.. " dit Bobby

" Ouais c'est ca... Dis donc : toi qui est une bête en latin, tu pourrais pas ... "

Son compagnon se racla la gorge, lui signalant quelque chose. Aussitôt, la jeune fille comprit, et un rictus moqueur se peignit sur ses lèvres....

" Oh Dieu, brillant par sa splendeur, aussi intelligent et généreux... Qu'un prof de math. Voudrais-tu me... ? " (3)

" Le " prof de math " est en trop... T'avait bien commencé pourtant. Allez, je t'aide : dans un récit, on peut utiliser un infinitif pour un verbe conjugué à l'imparfait. Ca s'appelle " Infinitif Historique " .... "
....................................

Ici, ce n'étaient pas des infinitifs historiques... Et si les verbes faisaient partie intégrante du sujet ?

Tout-à-coup, la jeune fille se rendit compte qu'Hailey attendait toujours une réponse à sa question...

" En fait... C'est exactement ca." répliqua Alex. " Enfin, .. Non pas vraiment... Commment dire : c'est lui qui me l'a donné, mais je l'ai récupéré dans sa b.... "

Elle voulut continuer mais un événement imprévu l'en empêcha : le Bagage avait soudain rompu son immobilité, dépliant ses pieds et produisant un bruit tonitruand qui réussit à la faire sursauter. Le Coffre claqua ensuite du couvercle, menaçant Hailey... Alex s'apprêta à faire quelque chose : poser la main sur son couvercle. Mais comment allait-il réagir ? Allait-il subitement oublier ses gestes de sympathie envers elle ?

Elle approcha sa main, consciente du fait que le Bagage remarquerait sûrement ce geste. Comment ? Elle n'en savait rien...

....................................

(1) Conjugué n'était pas nécessaire je crois ><

(2) Bien évidemment... Ce n'est pas un cours de math dont elle se rappelle ! Moi ce serait sûrement le cas... Quand on fait l'expérience désagréable de rester debout pendant 50 minutes de cours devant un tableau vide, sous le regard effrayant d'un prof de math sadique, ca devient vite un cauchemar qui hante vos nuits !

(3) C'était ironique bien sûr !

Là, Hailey n'avait plus aucun doute sur les dires de son amie: le coffre lui avait jeté un regard méchamment menaçant. Ou du moins on aurait pu jurer que sa serrure avait cligné d'un oeil mauvais, bien qu'en étant dépourvu. Puis il lui poussa des pieds. Plusieurs dizaines. De touts petits pieds qui redressèrent l'objet qui releva son couvercle avant de la claquer séchement. Tout en s'avançant en direction de la jeune femme...

L'Australienne ouvrit des yeux ronds et, bouche bée, contempla l'étrange spectacle. Il devait y avoir un mécanisme... Ou alors un nain, caché dans la malle qu'il télécommandait(1). Non, ça ne collait pas... Hailey ne savait pas si l'on pouvait parler de vie, mais la malle avait une présence réelle, assurément. Une présence avec des dents sous le couvercle.

Bon, il y avait donc un coffre qui se balladait dans les couloirs pour faire peur aux jeunes filles. Etait-ce... une sorte de mutation? Quoiqu'il en soit, Hailey n'allait pas se laisser impressionner par une vulgaire malle. Refusant de jouer son petit jeu, elle se campa fermement sur ses jambes, les poings sur les hanches et gratifia le coffre d'un regard noir et nullement impressionné:

"Couché toi!"

Se forçant à ignorer le bagage sur pattes (et vaguement rassurée), Hailey reporta son attention sur Alexandra, étrangement pensive. Puis son amie émergea au mouvement du coffre et y aposa une main hésitante.

Curieuse, Hailey prit respectueusement le livre de la main d'Alexandra et commença à le feuilleter distraitement tout en gardant un oeil curieux sur son amie. Alex semblait avoir les pensées si... loin parfois.

"Ah tiens..." Un détail avait atteint l'esprit d'Hailey. "Raffeise... Ca me dit rien mais...ces pages blanches... Regarde, y a comme des petites tâches, ici et là..."


Elle tendit l'ouvrage à Alexandra, jetant un oeil méfiant au Bagage...




(1) R2-D2 l'avait bien fait.

Comment ça couché ? Mais elle se prenait pour qui la gamine. Non mais on avait jamais parlé comme ça au Bagage, et il n'appréciait pas particulièrement. Il avait une envie folle de la torturer (1) mais pour cela il fallait qu'il déçoive l'autre jeune fille, celle qu'il appréciait. Quel dilemme ! Mais comme après tout il n'avait pas d'esprit il avança encore claquant furieusement du couvercle. Il allait la mordre cette fille. Elle n'avait pas à le commander, non mais alors ! Personne ne lui avait jamais donné d'ordre et il ne voulait pas se laisser faire, il espérait simplement que sa propriétaire provisoire allait prendre sa défense et réprimander la jeune femme.

Partie Mission
Bien, maintenant je vous laisse toutes les deux trouver l'utilité de ce détail.

_____________
(1)Un peu comme Félix en ce moment

"Couché toi!" dit fermement Hailey.

Alex se pétrifia sur place, ne sachant pas quoi dire à son amie... Elle savait bien que le coffre n'allait pas apprécier ce commentaire légèrement dégradant pour un Bagage tel que lui. Qui était-il au fait ? Sinon une malle douée d'un tant soi peu de bon sens, garnie de dents et se déplaçant sur des pieds amovibles ? Une entité vivante, peut-être... Mais cet être devait sûrement les comprendre pour réagir ainsi vis-à-vis d'Hailey, une " inconnue", une nouvelle venue sur son territoire...

Le bagage avait accepté Alex, et elle ne savait pas comment il avait réussi à se rendre compte d'une autre présence : il n'avait pas d'yeux. Une intuition dans ce cas ? A ces mots, la jeune fille imagina le bagage, des lunettes noires sur le couvercle et un baton devant lui. Complètement éberluée par ses pensées, Alex se frotta les yeux pour éloigner sa vision déplacée : un coffre aveugle. Certes, le Bagage était sûremement aveugle, mais il possédait néanmoins un sens de perception hors du commun.

A ce moment précis, Hailey lui prit le livre avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit. Le feuilletant rapidement, l'Australienne lui adressa la parole...

"Ah tiens...Raffeise... Ca me dit rien mais...ces pages blanches... Regarde, y a comme des petites tâches, ici et là..."

Hailey lui tendit l'ouvrage, et Alex s'empressa d'examiner les tâches, disposées ça et là parmi les pages...

" Raiffeise... A vrai dire, ca me dit rien non plus " dit-elle, " et ces tâches noires... Je n'y avais pas fait attention. Tu crois qu'elles ont de l'importance ? Je ne vois vraiment pas ce qu'elles viennent faire dans ce livre... "

Mais après qu'elle eut dit cette phrase, Alex eut une impression étrange. L'air et l'ambiance du couloir devenaient lourds et pour un peu, elle aurait juré que des yeux malfaisants lançaient des éclairs à Hailey. Un bruit sec retentit. Il ne fallut pas plus longtemps pour faire réagir la fourmi. Se redressant et laissant le livre à terre, elle agrippa Hailey par le bras, et observa le bagage. Celui-ci s'avançait, plus menaçant que jamais, et avait la ferme intention de mordre les mollets de l'Australienne... Alex afficha un sourire et tourna les yeux vers Hailey.

" Apparemment, tu l'as vexé en lui disant " Couché ! " ^^, " dit-elle, " ce n'est pas un chien... c'est bien plus que cela "

Hailey laissa Alexanda reprendre le livre, et jeta un regard noir au bagage. Celui-ci semblait vraiment décidé à ne pas accepter sa présence, et à vrai dire elle n'était pas forcément ravie de la sienne non plus. Mais elle n'allait pas s'en laisser compter par une vulgaire boîte qui marche tout de même!

Le couloir se retrouva vite envahi d'une atmosphère opressante, lourde de défi; tel un curieux westerne, une jeune femme obtue et un coffre borné se faisaient face, se fixant dans les yeux jusqu'à ce que l'un des deux se tourve forcé de baisser le regard...

Se sentant légèrement désavantagée sur ce coup là (et pour cause!), Hailey se contenta d'un grognement et se pencha par dessus l'épaule de son amie:
"Je me demande ce que ça peut signifier, touts ces points... Je doute que ce soient de simples tâches. Un code? Ou une carte?"

Tout en réfléchissant tout haut, la jeune femme sentait toujours l'attention de la valise en bois qui ne la quittait pas de la serrure, comme un félin se tapissant avant de bondir sur sa proie. Et Hailey en avait franchement marre! Elle avait traversé un pont croûlant, affronté les moustiques, failli se noyer dans de la vase et surmonté trop de choses ces derniers temps pour se laisser intimider par un coffre. Qu'il ait des centaines de petites pattes n'y changeait rien et les dents qui cerclaient ses encadrures sous le couvercle ne lui faisaient que vaguement prendre conscience du danger.

C'est pourquoi elle se planta devant le bagage, les mains sur les hanches et prête à lui dire ses quatre vérités. Mais Alex intervint, plus sage:
" Apparemment, tu l'as vexé en lui disant " Couché ! ". Ce n'est pas un chien... c'est bien plus que cela."

Elle le voyait bien, que ce n'était pas un chien; une race pareille n'aurait sûrement pas eu sa place dans un concours canin(1). Quant au fait qu'il puisse se vexer... C'était du bois. Et le bois ne se vexait pas non? Elle n'allait pas s'excuser auprès d'un...d'un bagage, même si celui-ci pouvait se couper les ongles des pieds!

Mais malgré sa fierté, Hailey n'était pas stupide, et elle n'avait vraiment pas envie d'envenimer la situation...du moins pour l'instant. Ainsi elle s'accroupit prudemment, pour se retrouver à hauteur de couvercle, et lança un regard noir à la malle avant de marmonner:
"Désolée."




(1) Surtout parce qu'il aurait bouloté tous les autres candidats.

Le bagage claquait toujours furieusement du couvercle. Non mais alors pourquoi qu'elle était là elle ! Enfin il se calma et sembla pris d'une envie de dormir car son couvercle s'ouvrait largement comme pour un bâillement. En fait il tentait de faire venir Hailey pour ensuite se refermer bien fortement sur elle. Mais ça n'avait pas l'air de fonctionner. Il se mit donc à bouder de manière très puérile, mais un coffre il fait comme il veut, il a le droit d'être gamin de temps en temps, non ?

Puis il courut à toute vitesse pour se placer sous un néon. Là, il claqua deux fois du couvercle et revint vers les deux jeunes filles. Il tenta d'attraper Hailey, mais se décida finalement pour se refermer délicatement sur le pantalon d'Alex avant de la tirer vers la lumière. Une fois arrivé il relâcha sa prise et claqua à nouveau deux fois du couvercle.

Partie Mission
Un autre indice dans le post, j'ajoute que vous remarquez que les pages sont légèrement transparentes.

Alors lui avoir proposé une solution plus sage, Hailey avait fini par s'excuser auprès du Bagage, maladroitement peut-être mais cela paraissait sincère. Alex en était étonnée, elle avait visualisé cette situation dans son esprit mais n'aurait jamais pensé que l'Australienne jouerait le jeu... Elle-même, Alex avait déjà eu des difficultés pour s'habituer à la présence de cette malle peu commune. Alors, cela devait être pareil avec son amie ! La jeune fille entendit distinctement un simple " désolée " et le Bagage, claquant tout d'abord furieusement du couvercle, finit par s'immobiliser. Pour un peu peu, Alex aurait juré qu'il baillait aux corneilles, pour peu qu'un coffre sache le faire... Avait-il "oublié" l'erreur d'Hailey ou se renfermait-il une fois de plus dans un silence pesant et inquiétant ?

Il ne bougeait plus à présent, mais ses pieds reposaient encore sur le sol. Il n'y avait plus un bruit, sinon celui que faisait Alex en feuilletant l'ouvrage. La New Yorkaise se montrait fort peu concernée par les caprices de la malle. Elle savait bien que celle-ci n'en ferait qu'à sa tête de toute manière. Hailey la regarda, à moitié choquée et intriguée par son manque de réaction. Tout de même, c'était un bagage dangereux, capable de tranformer vos pieds en passoire !

Tout-à-coup, le Bagage se mit à courir à tout vitesse à travers la pièce, se réfugiant sous la lumière timide d'un néon. Deux bruit de claquement plus tard, il revenait déjà vers les jeunes filles, ébahies par son curieux manège. A quoi jouait-il ?

Il se rapprochait d'Hailey, c'était certain ! La vengeance l'animait et il n'allait pas tarder à mordre cette australienne sans montrer aucun remord ! Cette fois-ci, Alex était prête à l'arrêter en cas de problème, ce qui n'empêcha Hailey de reculer brusquement. Mais la suite des événements fut totalement imprévue. Au dernier moment, la valise se tourna vers une Alex prise au dépourvu et lui attrapa son jean. Le bagage la tira sans préavis et avec force ! La fourmi glissa rapidement sur le sol, lançant un vif : " Hééé ! ", serrant le livre contre sa poitrine. Finalement, le trajet terminé et un grand sourire aux lèvres ( c'est du moins l'impression qu'elle avait ), le Bagage s'arrêta et daigna lâcher sa proie, le pauvre tissu bleu maintenant quelque peu élimé à cause de cette course surprise.

Un rictus étrange s'afficha sur le visage d'Alex, qui se contenta d'observer son jean avec un regard résigné. Hailey ne put s'empêcher de rire en voyant son expression.

" J'espère que le sol n'était pas couvert de poussières >< " répliqua Alex en observant l'Australienne du coin de l'oeil, ce qui s'ajouta à l'hilarité générale...

Puis, ouvrant le livre d'une main, elle remarqua un détail qui lui avait échappé jusqu'alors...

" Hailey, viens voir ^^ Les pages sont légèrement transparentes ! "

Elle tint le livre au dessus d'elle, bien positionné dans la lumière, et entreprit de superposer trois pages. Les tâches d'encre étaient assez proches des unes des autres. Bingo ! La fourmi ne savait pas si elle avait trouvé quelque chose, car à la quatrième page, la tâche se trouvait dans le bas de la feuille. Rien à voir avec les trois premières donc... Elle tendit l'ouvrage à Hailey.

" Les tâches se superposent peut-être ^^ Tu crois qu'il y a de l'encre invisible ? Détectable à la chaleur ou autre truc du genre ? "

Laissant à son amie le loisir d'observer cette nouvelle découverte, Alex fouilla ses poches et trouva une feuille de papier qu'elle déplia. Un crayon à la main, elle prévoyait de faire un " croquis " des tâches, de les redessiner aux endroits où elles se trouvaient sur les différentes pages ! Une " vision d'ensemble " pourrait peut-être les aider... Mais tout bien réfléchi : ne serait-ce pas un travail fastidieux vu le nombre de pages ? -_-'

"Ce ne sera peut-être pas nécessaire Alex... Regarde, on aperçoit déjà quelque chose..."

Alex hésita un moment puis reprit l'ouvrage en main, l'air étonnée... On voyait quelque chose ? Les tâches superposées formaient un dessin significatif ? Positionnant le livre à la lumière, la New Yorkaise, curieuse, s'empressa de vérifier les dires de son amie... Et elle dût reconnaître qu'elle avait raison ! Sans avoir besoin de recopier quoi que ce fut, on apercevait déjà une esquisse, une courbe ( l'arc d'un cercle ? ) qui se formait au dessus de la page et qui se voyait aussi dans le bas, complètement identique. Essayant de feuilleter les pages délicatement, la fourmi superposa d'autres tâches, constatant avec stupeur que les tâches commençaient à former un visage...

Un visage ? Mais où avait-elle la tête ? Ce n'était qu'un tour de son imagination... Et en y regardant un peu mieux, son esprit lui montrait un tout autre dessin : une lettre ? Un symbole ? Quel genre de symbole pouvait également représenter une tête ? Ne sachant plus où elle en était, Alex repassa le livre à Hailey.

" Je préfère avoir ton avis.. Vois-tu un symbole étrange ou... Un visage ? "

Après avoir dit ces mots, elle aperçut que son amie fronçait les sourcils et se rasséréna...

" Qu'y a-t-il ? Mon esprit me joue des tours ? Rassure-moi, tu vois bien une tête non ? "

A ces mots, une nouvelle image prit forme devant ses yeux : les traits de son père... Bien vite, elle chassa cette pensée de son esprit, peu encline à se remémorer ce qui s'était passé dans cette cabane, responsable selon elle de la perte de son passé. Pourquoi avait-il fallu qu'elle se retrouve là ? Des questions affluèrent, la noyant sous une multitude de points d'interrogations. Mais elle devait s'en débarasser au plus vite, n'ayant de toute manière aucune réponse à fournir à sa conscience vorace...

Elle jeta un coup d'oeil au Bagage, toujours immobile, et posa délicatement une main sur le couvercle. Touchant les reliefs du coffre, ses doigts s'arrêtèrent sur une surface rapeuse et elle remarqua un détail qu'elle avait négligé jusqu'alors. Levant les yeux au plafond, elle ne lui accorda cependant pas trop d'importance. Elle tourna le regard vers Hailey.

HS je ne sais pas quoi raconter >< Dur dur... /HS

Le Bagage se tenait tranquille, il ne bougeait plus semblant attendre la fin de vos discussion. De temps en temps, un de ces pieds raclait le sol ou alors son couvercle s'entre ouvrait comment pour lui permettre de respirer. Mais sinon il ne bronchait pas. Il s'ouvrit cependant un peu plus sous les caresses d'Alex comme pour rechercher son contact et pour montrer qu'elle était sur la bonne voie.

_____________________
Partie Mission
Bien, bonne idée de voir par transparence ...
Vous pouvez voir sur les premières pages, l'image suivante

Si vous superposez les autres pages dans le bon ordre un texte apparait.

Citation :

Tout n'est pas simple dans la vie, mais si tu lis ces mots c'est que tu as compris mon astuce. Bien, maintenant je te laisse découvrir mon secret. Les pouvoirs sont dangereux et tu dois les canaliser pour ne pas faire de mal autour de toi. Pour cela il faut .....

Le texte s'arrête là avec un petit chiffre dans le bas de la dernière page [1]. Si vous continuez à feuilleter le livre, vous voyez une carte tomber.

"Un visage peut-être pas... Mais on dirait une sorte de chien, qui boit ou renifle quelque chose... Mais de là à dire ce que ça représente exactement.. .Et...ho!"

Alex l'écouta attentivement... Cette histoire de visage la laissait perplexe, et elle le fut encore plus quand son amie lui révéla qu'elle devinait plutôt un chien. A y bien regarder à présent, la New Yorkaise décelait dans le dessin des courbes significatives. Nul doute que les tâches formait un animal canin, mais de là à dire qu'il s'agissait d'un chien... A vrai dire, la jeune fille y voyait plutôt un loup, symbole de liberté que l'on retrouvait souvent dans des ouvrages. Néanmoins, tout cela était subjectif, et Alex ne voulait pas polémiquer là-dessus. Que ce soit un chien ou un loup, les deux amies avaient une énigme sur les bras, et pas des moindres ! Tout-à-coup, Hailey s'arrêta de parler pour lui montrer quelque chose... Les tâches, elles formaient une phrase. L'Australienne reprit la parole.

"Il y a quelque chose d'écrit aussi, quand on tourne les pages! Attends, je te lis:"Tout n'est pas simple dans la vie, mais si tu lis ces mots c'est que tu as compris mon astuce. Bien, maintenant je te laisse découvrir mon secret. Les pouvoirs sont dangereux et tu dois les canaliser pour ne pas faire de mal autour de toi. Pour cela il faut ....." et ça s'arrête là. Y a un "1" sur la dernière page aussi... Une idée de ce que ça veut dire?"

Tout n'est pas simple dans la vie... Alex avait déjà pensé ces mots, cette maxime qui pour elle signifiait beaucoup. Cela lui rappelait son passage à New York... Quand elle s'était enfouie de cette cabane, un homme avait gentiment accepté de servir de chauffeur, et elle s'était refugiée dans une grande ville, certaine qu'elle aurait plus de chance de s'en sortir dans cet enfer urbain. Mais seulement... Comment une jeune femme amnésique aurait pu s'en tirer ? Sans toit, sans famille et sans fric ? Dans la cabane, pensa-t-elle, elle était une fourmi prisonnière, et à New York, une fourmi dans la grande pomme...

" Tout n'est pas simple dans la vie... " Répliqua-t-elle en murmurant, comme pour s'imprégner de chaque mot...

Ils avaient découvert l'astuce, le livre le disait bien... Mais... Cela n'empêchait que les jeunes femmes ne savaient pas quoi faire avec ces indices ! Alex relut la dernière phrase, chopant sur le verbe canaliser... Bien sûr qu'il fallait apprendre à contrôler ses pouvoirs. Alex avait de quoi argumenter sur la question. La coupure de journal qu'elle avait montrée à Félix lui revint en tête, et le texte du journaliste également. Ce jour-là, elle avait fait beaucoup de tort, elle et " ses pouvoirs "...

Alex se reprit. Ce n'était pas une simple phrase qui la mettait dans cet état tout de même ! Aussitôt, Hailey feuilleta le bouquin et découvrit une autre pièce du puzzle. Un bout de papier tomba sur le sol et elle le ramassa.

"C'est une carte... Regarde! Tu crois que c'est celle de l'île?"

La jeune fourmi s'approcha encore, jetant un coup d'oeil à la carte. De plus en plus étrange cet ouvrage... Avait-il terminé de livrer ses secrets ou en cachait-il encore d'autres ? Quand Hailey lui demanda ce qu'elle en pensait, Alex répliqua :

" Ce que j'en pense ? Selon moi... On doit essayer de découvrir le sens caché du dessin... Et puis de savoir si cette carte est bien celle de l'île. Et puis comme ce numéro un doit bien aller quelque part.. "

Sans prévenir, elle reprit la carte en main et l'observa minutieusement. Au sud-est sur l'image, à l'endroit plus rouge, elle apercevait bien un " un ", mais cela pouvait aussi représenter un " l "... "

" pour cela, il faut ... " dit Alex, mystérieuse, " Aller quelque part sur l'île ? Là où le un s'indique ? "

Elle montra sa " découverte " à son amie, bien qu'elle soit un peu trop farfelue à son goût.

" Bon... Pour l'histoire du un, c'est trop aléatoire pour le moment... Il n'y a pas trente-six mille solutions... Qui pourra nous renseigner sur cette carte ? ^^ "