[Event 6] Le bout du tunnel

Après avoir laissé Ashen le remplacer dans un combat qui s'annonçait âpre, Fraust avait trouvé refuge dans l'infirmerie du complexe. C'était une demi-aubaine de se retrouver là, car Lizzy, la jeune Mutante qui venait de lui sauver la vie, était mourante. La pièce était remplie de tout un tas de médicaments aux effets aussi divers que variés, donc c'était une aubaine. Mais le recteur de la Faculté n'avait que de vagues connaissances en médecine, la plupart des produits lui étaient donc inconnus. De là à soigner lui-même la jeune fille, c'était une outrecuidance certaine.

Toutefois, l'homme électrique prit le temps de rechercher un produit dont il connaissait fort bien les effets, une fiole de morphine. Au moins il pourrait apaiser pour un temps les souffrance de sa compagne d'infortune, le temps qu'ils sortent de ce merdier et puissent la soigner pour de bon.

L'ampoule de morphine trouvée après avoir vidé plusieurs placards, Fraust utilisa une des seringues stériles qu'il avait aperçu tandis qu'il virait tout, pour faire une injection rapide à la Mutante souffrante. Pour quelqu'un n'ayant jamais effectué ce geste d'infirmier, le résultat fut donc médiocre, il dut la piquer plusieurs fois pour trouver une veine... Mais au moins, quelques instants plus tard, Lizzy parut souffrir de moins en moins. Était-ce l'effet du médicament ou bien était-ce la mort qui commençait à l'emporter? Dans le doute, Fraust décida de se hâter: il emporta à la va-vite quelques compresses qu'il appliqua sur la plaie, puis commença à diriger le brancard roulant vers la porte laissée ouverte par les autres évadés.

Mais le brancard fut bloqué au niveau de la porte, par une force invisible. Excédé, Fraust s'approcha de la porte pour constater lui-même le problème. Pas moyen d'avancer, comme si un mur invisible se tenait là...

"Merde, merde, merde!!!"

Si le Mutant électrique était déjà en proie à un stress difficilement soutenable avant d'en arriver là, cette fois-ci il explosait! Il bouillonnait intérieurement, à cause de toutes ces embûches qui se dressaient sur sa route, inexorablement, comme si une force supérieure tenait à le maintenir entre ces murs comme un rat de laboratoire.

Cette fois, c'était la goutte de trop. Un Mutant à la solde de la Genetics Corporation devait probablement traîner dans les parages, et s'amuser à couper la retraite aux derniers cobayes retranchés dans le secteur. Ok, Fraust avait juré de ne tuer personne aujourd'hui, mais après ce coup-là, il en remettait presque en cause ce noble engament. S'il tenait l'ordure qui faisait ça, il ne jurerait plus de rien!

Et à côté de ça, Lizzy qui se mourrait à petit feu... La panique gagna plus profondément le jeune homme qui rassembla ses esprits pour trouver une solution à ce pétrin impossible. Il parcourut la pièce de long en large, cherchant mentalement la solution miracle qui les sauverait tous les 2... Détruire les murs, le plafond, passer par la fenêtre, ou encore tenter le tout pour le tout et exploser ce mur invisible à coups de

"La fenêtre!"

Fraust se rua littéralement dessus pour l'ouvrir, en priant Dieu tout-puissant pour que cet accès soit libre...

Énorme soupir de soulagement. La fenêtre coulissa normalement, et Fraust put passer sa main pour constater que le Mutant qui le bloquait n'avait pas songé à bloquer cet endroit. Ni une ni deux, il se retourna vers le brancard, et souleva la jeune fille pour la porter sur son épaule, aussi délicatement que lui permettait l'urgence de la situation.

Tandis qu'il se dirigeait vers la fenêtre puis qu'il l'enjambait prudemment, le recteur ne put s'empêcher de penser aux autres évadés; il espérait que le colosse avait réussi à amener la plupart d'entre eux, sinon tous, jusqu'à la sortie, que leur chemin à eux n'avait pas été aussi tortueux que le sien. Pourvu qu'ils s'en sortent, c'est tout ce qu'il espérait, le plus sincèrement du monde.

La fenêtre enjambée, Fraust se retrouva sur ses jambes de l'autre côté, sur la pelouse fraîchement tondue: libres. Enfin.

Pas tout à fait, finalement. Ils étaient dans une sorte de petite cour intérieure, dont la zone était délimitée par de hauts murs anti-évasion, électrifiés. Le recteur sourit; comme si ceci était franchement un obstacle, après tout ce qu'il venait de subir! Alors qu'il commença à courir vers le grillage le plus porche, il sentait ses poumons s'emplir de l'air frais de ce début d'après-midi d'avril, il sentait ses muscles se détendre sous sa peau, et ses jambes fourmillaient intérieurement. Cette sensation, la liberté... Ça commençait à lui manquer.

En quelques enjambées, Fraust atteint le mur d'enceinte. Si de prime abord il avait pensé l'escalader tel quel, son idée avait changée sur le chemin de cette liberté. Oui, il avait failli perdre de vue qu'il pouvait utiliser son pouvoir pour s'envoler sur de courtes distances.
L'électricité lui jaillit des jambes, traversa la terre du sol, puis eut un effet propulseur, qui fit décoller le recteur ainsi que sa passagère pour un vol de plusieurs mètres de hauteur, presque tout en verticale... Juste assez haut pour passer le mur sans même le frôler de ses pieds nus. quant à l'atterrissage, il n'eut qu'à stopper un instant la décharge électrique provenant de ses pieds pour en envoyer une autre, au cours de la chute libre. C'est presque en douceur que Lizzy et Fraust arrivèrent, intacts, de l'autre côté.

La liberté... Oui, à un détail près. Pas de véhicule, pas même de plan pour quitter les lieux, et surtout, pas de traces de leurs compagnons d'infortune à l'extérieur du complexe. Fraust fit quelques pas, à la recherche d'une présence alliée, ou ennemi même, car c'était le calme plat à l'extérieur...

Jusqu'à ce qu'un bruit naissant commence à s'intensifier peu à peu, pour devenir assourdissant. Le recteur leva le nez au ciel, craignant une nouvelle menace, une énième fatalité venue le cueillir par la voie des airs pour le ramener presto d'où il venait, un coup de pied au cul en prime.

Second soupir de soulagement lorsqu'il fit l'hélicoptère se rapprocher non-loin de l'entrée principale de la G.C., quelques centaines de mètres plus loin, et déposer quelques personnes dont la couleur d'uniforme n'était pas inconnue à Fraust, loin de là. Un sourire radieux illumina son visage tandis qu'il suivit l'hélicoptère qui allait se poser pas si loin que ça de là où il était, en courant.

C'était la fin du cauchemar, au moins pour Lizzy et lui.

[Topic ended, Fraust revient p'tet prêter main-forte aux autres 'gentils' plus tard]