[Russie] De l'art de se réchauffer par moins 18 degrés

Lorsque le train arriva à la gare de St Petersbourg, il était aux environs de 15h. Malgré le froid, il y avait pas mal de pèlerins sur les quais, qui attendaient probablement qui un ami, qui un neveu...

"Mais quelle bande de tarés, oui!!"

Jura Logan, en anglais bien sûr, en mettant le nez hors du wagon où il avait voyagé, en seconde classe. Quelle connerie surtout de ne pas avoir pensé au froid sibérien, et de ne pas s'être assez couvert! Ce blouson d'hiver, d'hiver européen, ne convenait pas du tout, et Michael se gelait les roustons. Bientôt ses parties se transformeraient en glaçons, aussi il fallait ne pas traîner une seconde!

A peine sorti du wagon donc, notre cher Logan couru, sac à dos sur l'épaule, direction le hall de la gare, où il espérait pouvoir trouver une carte du patelin. Après, il lui suffirait de héler un taxi, espérer qu'il aura mis le chauffage à donf', et pi voila.

Seulement voila, cette foutue carte que Michael trouva près de la sortie, était toute écrite en russe! Bazar, c'était pas gagné, cette affaire...

"Hey, j'ai une idée!"

On aura beau dire, Logan n'est pas le dernier des trouduc' qui se laisse prendre si facilement au dépourvu. En bon hacker qu'il était, il n'était pas venu jusqu'ici sans son cher PC portable, lequel comportait de nombreuses applications fort utiles, dont un traducteur universel. C'est merveilleux, la technologie, quand même...
Donc, Spyke s'assit sur un banc peu investi, et sortit son Asus sur lequel il pianota comme il savait si bien le faire. Et zou, en deux temps trois mouvements, il fit apparaître sur l'écran le nom de la rue qu'il voulait, écrit en russe. Pour lui, c'était aussi intelligible que du polonais traduit en alphabet moldave. Mais un russe saurait comprendre, au moins.

Ceci fait, zou direction le dehors glacial. Par chance, plusieurs taxis attendaient, stationnés devant la gare. Bien entendu, il neigeait. C'est donc en speed, et c'est peu dire, que Michael se rua sur le premier venu, monta et claqua la portière. Il tendit alors le PC devant les yeux du chauffeur, qui put lire l'adresse. Donc, pari gagné!

Le temps du voyage, Logan put relire une nouvelle fois ce mail qu'il avait reçu, quelques jours plus tôt, de l'une de ses connaissances de la toile. Une connaissance suffisamment intime pour qu'elle connaisse l'adresse mail du hacker, donc. Et c'était une invitation à visiter le pays du Kremlin, que Logan avait saisi comme une bonne occasion pour bouger un peu et se changer les idées. Et pi, rencontrer IRL une connaissance du net, comme au bon vieux temps, ça pouvait s'avérer intéressant. D'autant que cette connaissance là, Logan l'avait un peu taquiné, il savait à peu près sur quoi il allait tomber...

Donc, quand le taxi déposa notre cher londonien d'origine devant le lieu de rendez-vous, le "Прямой Санкт-Петербург", autrement dit un bar que l'on peut qualifier au premier coup d'œil de pas forcément bien fréquenté. Qu'importe, le membre du M.I.L. avait picolé dans de pires endroit que celui-ci, et puis là, tout de suite, il avait bien besoin d'un bon alcool local pour le réchauffer! C'est donc tout naturellement qu'il entra dans l'établissement...

Tout de go, il se dirigea vers le comptoir, où, pour commander, il indiqua du doigt une bouteille d'Eristoff posée sur l'étagère aux alcools. Le serveur comprit qu'il avait affaire à un touriste, et lui servit la vodka réclamée. Logan se tourna alors et passa un regard circulaire sur la salle. Problème, la connaissance n'avait jamais voulu lui montrer son joli minois en photographie. La seule chose dont il pouvait être sûr, c'est que c'était une nana. Bah ouais, le gars là, il aurait pas fait tant de bornes pour rencontrer un autre gars! Logan ne perds jamais le nord, hein...

Ashtray sifflotait presque joyeusement en refermant la porte de sa minuscule chambre de bonne, eh oui c'est minuscule par défintion, son sac en toile d'une autre époque sur l'épaule et un sentiment jusqu'alors inconnu, qu'on pourrait résumer en parlant d'exaltation au sens médical du terme. Elle se sentait pourvue d'une certaine puissance, non pas que cet après-midi ensoleillé soit une journée particulière, d'ailleurs la température glaciale et les regards équivoques des traînards le démontraient, mais oui, Ashtray partait vers l'inconnu. Elle se dirigeait vers le Прямой Санкт-Петербург d'un pas vif, et soudain au loin sonnèrent les cloches annonçant la demie de quinze heures.

Eh voilà, elle était en retard. Elle n'avait jamais eu le sens de la ponctualité et ça n'était sûrement pas un individu rencontré sur le web qui allait changer quoi que ce soit. Mine de rien elle n'avait pas réellement envie d'arriver au troquet pour apprendre qu'en effet, un étranger était venu semblant attendre quelqu'un puis était reparti un tout petit peu en colère mais avec une furieuse envie de meurtre, alors elle accéléra encore l'allure et cinq minutes plus tard, l'Anglaise ouvrait les portes d'un des bars les moins bien fréquentés de tout Saint-Pétersburg.

Elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre mais s'était fié à son instinct féminin pour déceler dans le Прямой un étranger qui venait de surcroît du même pays qu'elle, et le choix de ce petit bar mal famé n'était pas innocent. Quel touriste viendrait boire sa vodka dans un pub aussi miteux que le Прямой? Qui aurait assez d'inconscience pour se risquer seul dans un endroit qui menaçait de s'écrouler à chaque instant? Après réflexion, l'inconnu-pas-si-inconnu-que-ça qu'Ashtray devait rencontrer aujourd'hui pouvait facilement entrer dans cette catégorie de gens.

Elle avança de quelques pas et essaya de faire marcher sa logique tout en se dirigeant vers le comptoir. Mmh. L'instinct tant écouté de la jeune femme lui soufflait qu'il ne pouvait y avoir qu'un anglais pour s'asseoir au comptoir d'un bar russe. Le comptoir d'un bar russe, c'est essentiellement fait pour faciliter le travail de pick-pockets. Elle s'avança alors et un sourire narquois se dessina sur son visage quand elle eut la certitude qu'elle avait vu juste. L'individu qui lui tournait le dos venait de se faire servir une Eristoff. Pas un seul Russe aurait préféré l'Eristoff géorgienne à la vodka typique de Saint-Pétersburg. Faute de goût pardonnable, puisqu'elle-même ne buvait que de l'Eristoff et se faisait toiser à chaque fois par le barman moins sympathique qu'un bloc de marbre.

Spoiler:

- Une Eristoff s'il vous plaît.

Sa voix était posée et le barman lui jeta à peine un coup d'oeil tellement elle était une habituée. Elle prit alors place à côté de l'intéressé du jour et, après avoir bu une gorgée de vodka et dans un anglais parfait:

- Je crois que c'est vous que je cherche.

Le tournage de tête avec cheveux décolorés volant dans les yeux couleur iceberg de leur propriétaire, le regard glachaud (un mélange de glacial pour la couleur, et chaud pour le fond finalement) qui va de pair, sans oublier le petit sourire mode séduction, tu sais le sourire en coin des dragueurs du dimanche... Et bien, voila le tableau, pardon, la gueule qui tira Logan en se retournant vers la voix féminine qui l'avait interpelé.
Un coup d'oeil vertical (oui, même très intelligent, Logan reste un mec, avec ses vieux instincts primaires de mec), et le sourire du londonien s'élargit: à vue de pif, ça devait donner du 85-54-82, bref un petit canon juste comme il les aimait. Certes, la damoiselle n'avait pas les obus de Vita', mais le charme dégagé par son joli minois, à mi-chemin entre le froid et le chaud (toujours!), ne laissait pas Spyke tiède. (vive les jeux de mots!)

"C'est fort probable... Surtout si tu es Ashtray, jolie plante sibérienne..."

Un petit clin d'oeil, un p'tit bout de langue qui dépasse de ses lèvres en même temps, là, Logan était en feu. Et pas qu'un peu, il sentait déjà que ce voyage il ne l'avait pas fait pour des prunes! Ce lui faisait bien plaisir de ne pas être tombé sur une nana du genre de la tsarine, ou une petite baleine russe; là il avait dégotté une bien jolie sirène, du genre qui fait pleurer les marins: Bah quoi, tu rentres pas avec nous? Allez, viens avec nous jusqu'au port! Aah, Spyke se serait presque senti une âme de pêcheur solitaire, sur le coup!

Bref, après s'être légèrement incliné en signe de respect, Michael se présenta:

"Spyke, le hacker/cracker branleur et dragueur de son état, est à tes ordres, surtout si ils incluent les mots: sexe, drogue, picole, menottes et sévices. Please to meet you, sweet lady."

Pour un peu, il aurait sorti le baise-main, mais ça ne collait pas à sa présentation. Dommage, il aurait pu au moins humer le parfum de la demoiselle. Tiens c'est vrai ça, les filles russes, c'est quoi leur odeur de savon préférée? Non, ya forcément autre chose que celle du poisson, allons!
Bon sinon, on s'embrasse tout de suite ou on passe direct à l'étape suivante?

Wow, une starlette égérie d'une quelconque grande marque de shampooing n'aurait pu faire mieux en matière de secouage de cheveux... A ceci près qu'une égérie vêtue d'une robe à paillettes n'aurait certainement pas produit le même effet sur notre Ashtray qui ne put qu'écarquiller les yeux et observer d'un oeil critique son vis-à-vis. Dans le genre typique de l'Anglais de légende, on pouvait pas trouver mieux. Et ça tombait bien, Ashtray n'aurait pas aimé se retrouver avec devant un Italien, par exemple. Comme si elle avait besoin de retrouver constamment ses racines, et bla, et bla, et bla. Sans savoir pourquoi, elle sentait qu'elle allait bien s'amuser. De son air le plus sérieux, un petit sourire en coin sur les lèvres, elle le fixait intensément, sachant très bien que ses yeux gris pâles ne la trahiraient pas, habituée à ressentir dans laisser paraître.

- Programme fort intéressant.

Elle reprit une gorgée d'Eristoff avant de se rendre compte que même si le hacker avait deviné son identité aussi facilement qu'il aurait pu nommer un chat un chat, elle n'avait pas confirmé ses dires et prenait un malin plaisir à faire durer le silence qui s'étirait entre eux deux, se demandant si elle finirait par lasser le bel Anglais. Et pourtant, Ashtray devait être dans son heure faste et au lieu d'attendre qu'il se mette à soupirer en tapant du pied et en louchant sur sa montre (ce qui lui permettrait d'avoir une bonne raison pour le détester), elle s'éclaircit (enfin) la voix.

- Hmm, yeah, Ashtray. Donc c'est ça, un hacker.

Pour finir sa pensée: "moi qui croyais qu'on avait toujours affaire à un informaticien en blouse blanche moins sexy qu'un poulpe mort". (comment ça les pensées d'Ashtray sont bizarres?) Et maintenant, il n'y avait plus qu'à faire attendre cet individu. Oui. Il valait qu'elle concentre toute son attention au meilleur moyen de tester sa résistance. Si dans quelques... minutes? heures? il déclarait forfait, ce serait que l'Anglaise s'était trompée sur son compte, qu'il ne la méritait pas (u_u) et qu'elle avait bien fait de le faire mariner. Mais Ashtray sentait que Spyke était du genre coriace. Sexe, drogue, picole, menottes et sévices. Ca promettait d'être enrichissant. Si Spyke avait parcouru plus de 2450km dans le seul but de rencontrer une parfaite inconnue, elle-même était sortie de chez elle, ce qui constituait en soit un exploit formidable. Alors elle ne comptait pas être déçue du voyage.

Tandis que la demoiselle répondait au goutte à goutte, disons, à son rythme, Logan amena son verre de vodka à ses lèvres, histoire de se mettre dans l'ambiance sibérienne jusqu'au bout. A ce train là, dans un verre il pourrait au moins tomber son manteau, preuve que la boisson réchauffait.

Bref, notre cher Logan lâcha un rire cristallin, à la remarque fort intéressante de la part de sa consœur. C'est vrai que quand on pense 'Hacker', c'est souvent l'image d'un moche à lunettes qui se présente à notre esprit.

"Et bien, soit le stéréotype n'est plus ce qu'il était, soit c'est moi qui suis vraiment irrésistible... Perso, je préfère la seconde hypothèse..."

Lança-t-il du tac au tac, avec le même sourire du gars confiant, sûr de lui et de son charme. Ok, il peut bien se la péter un peu de temps en temps, non? Et puis, bien qu'il adorait parler informatique, Michael ne comptait pas faire QUE ça avec la demoiselle, et autant le lui faire comprendre tout de suite.

"Remarque, je pourrais en dire autant de toi... Mais si je n'ai pas fuis en courant, c'est plutôt bon signe... Non?"

Logan fit un clin d'oeil à la demoiselle, puis désigna une table libre du menton. Traduction: on s'assoit? Et puis, bavarder debout c'est moins cool, et surtout, on peut pas faire du pied sous la table!

"Alors, raconte-moi tout, miss. Tu n'es pas russe, je me trompe? Alors, qu'est ce qui t'as amené dans ce...Pays si hostile, climatiquement parlant?"

Et zou, engagement de conversation en cinq sec', preuve que Spyke est décidément passé maître dans l'art de réchauffer les ambiances les plus fraîches!

Ashtray observait Spyke avec son éternel sourire ironique, l'écoutant parler de sa voix claire et se demandant pourquoi elle ne haïssait pas encore ce personnage si sûr de lui et de son charme. Oh, évidemment, le hacker faisait partie des gens qu'Ashtray trouvait "à son goût", et Ashtray étant du genre difficile, ça n'était pas peu dire, mais elle aurait aimé qu'il se regarde moins souvent dans un miroir pour avoir le privilège de faire face à quelqu'un qui n'a aucune confiance en soi et qui doute affreusement. Parce qu'elle adorait se faufiler dans les failles profondes que creuse le doute, et selon la personne à qui elle faisait face, combler les carences ou au contraire les aggraver. Spyke n'était manifestement pas de cette trempe là. Tant pis. Il ratait l'occasion de rencontrer Ashtray-l'infirmière, ahah.

- Remarque, je pourrais en dire autant de toi... Mais si je n'ai pas fuis en courant, c'est plutôt bon signe... Non?

S'abstenant de répondre pour ne pas créer un grand froid qui rétablirait la glace auparavant brisée, ("Je sais pas si on peut considérer ça comme étant un bon signe. Ca voudrait plutôt dire que tu es du genre à ne t'intéresser qu'aux filles au physique intéressant et même si c'est courant de nos jours, et blah, et blah, et blah." Elle sait être très rébarbative quand elle veut, notre Ashtray.) surtout pour dire des choses qu'elle ne pensait pas et dans l'optique de faire fuir le charmant Spyke, elle accéda à la demande implicite formulée par son interlocuteur et se prit son verre pour se diriger vers la table libre.

- Je suis démasquée. Je n'ai vraiment pas l'air d'une Russe, c'est définitif.

Elle fronça les sourcils, but une gorgée de vodka et soupira, le temps de réfléchir à une réponse pas trop stupide. En fait, elle n'avait d'autre choix que de dire la vérité.

- Oh. La Russie. En fait, c'est du pur hasard. C'aurait pu être la Finlande ou le Canada.

Inutile de s'étendre plus encore sur le sujet.

[ chu une méchante fille T.T Non seulement je te fais attendre mais
en plus je te fais un post pourri >.< préviens moi, j'éditerai si t'as du mal ]

Pas si bavarde que ça, Ashtray. Bah, faut le temps de réchauffer les glaçons, après ça glisse tout seul sur une table... Ou ailleurs, là n'est pas l'important. Logan n'était encore que tiède, lui aussi se chauffait doucement et tranquillement. Toujours souriant, il répondit:

"T'as l'air d'aimer les endroits froids, dis-moi..."

Le hacker regarda autour de lui. Même ce bar sinistre semblait empreint d'une froideur toute sibérienne. Etait-ce le côté 'couleur locale' qui voulait ça? C'est vrai, Michael s'attendait presque à voir débarquer des mafieux pour tabasser le patron parce qu'il n'avait pas payé pour ce mois-ci, etc etc. Certains a priori demeurent, mais ce n'est sans doute pas pour rien, quand on voit l'accueil chaleureux des gens d'ici...
Se retournant vers sa collègue, Logan porta son verre à ses lèvres, avec une lenteur presque exagérée. En fait, il cherchait quelque chose pour rebondir. Mais non, pas les seins à Vitalie, arrêtons un peu avec cette blague sur les femmes à forte poitrine, c'est dégradant à la fin! Oui donc, rebondir... Ah, voila:

"Sinon, quoi de neuf depuis MGZ-352? Tu as fait d'autres trucs depuis?"

Voila un sujet sur lequel eux seuls pouvaient se comprendre! Le MGZ-352 faisait allusion à une opération de crack qu'il avait réalisé un petit mois plus tôt, en compagnie de trois quatre hackers, dont Ashtray. Mine de rien, ils avaient tous gagné du galon dans le milieu, en sortant ce put*in de code d'accès que personne n'avait pu récupérer avant eux. Il faut dire que les niveaux de protection contre les intrusions, sur ce serveur de merde, avaient été foutrement élevés, pour une simple centrale européenne. Les bons hackers avaient de quoi exercer, avec ces nouveautés anti-pirates...
Bref, le sujet lancé n'attendait qu'une réponse!

Erm, ça va, moi, je prends mon temps... 20 jours pour répondre... -_-' je t'autorise à me pendre en RP si ça te chante ><'

Ashtray fixait Spyke depuis de longues minutes maintenant, sans dire un mot, un sourcil haussé en une mimique involontairement insolente. (sachant qu’involontaire est un mot qui n’entre pas dans le vocabulaire d’Ashtray) Comme c’était amusant de le voir s’évertuer à mener une conversation inexistante. Ashtray n’était pas là pour parler surtout pas d’elle-même, mais pour écouter et en l’occurrence, observer. Le son et l’image, oh yeah. Il était déçu, le hacker anglais. Pas elle.
S’attendait-il à trouver une niaise bavarde comme une pie possédant autant d’esprit qu’une huître fermée ? Ahah. Non. Ashtray n’avait pas beaucoup d’esprit mais elle s’arrangeait pour le cacher. Mais un trop long silence finit par être gênant quand on ne se connaît pas, et la jeune Anglaise dut bien se résoudre au bout de quelques temps de blanc à prendre la parole. Ce qu’elle avait fait ?

- Pas grand chose. Je suis quelqu’un d’oisif et de sérieusement inutile pour la société russe. Disons que je me suis contentée de surveiller deux-trois réseaux intéressants sans rien tenter, en me levant de temps en temps pour nourrir le chat et boire un thé. Passionnant. En le disant j’en reviens pas moi-même…

Ashtray finit sa tirade et esquissa une moue dégoûtée. Elle versait dans le mélodrame depuis quelques temps c’était pitoyable. Bouarf. Elle finirait par s’y habituer, il ne restait plus qu’à espérer que son interlocuteur n’en tirerait pas la conclusion qu’elle était une niaise bavarde sans esprit qui essayait désespérément de faire croire qu’elle en a.
Ce serait terrible… ou pas. Oh, non, ça n’inciderait pas beaucoup sur sa petite vie peinarde et solitaire. Elle n’aurait qu’à rentrer chez elle et…

- Mmh… et toi ? T’as fait quoi pendant ce temps ?

Et depuis quand se souciait-elle des autres ?

Un seul mot: Waouh! Ashtray avait l'air d'avoir une vie particulièrement palpitante, cela allait sans dire. Non sérieusement, son existence était-elle si vide que ça?! Logan avait peine à le croire, et si c'était le cas, il ne manquerait pas de faire vivre à cette demoiselle des instants qu'elle pourrait raconter à ses petits-enfants, dans une quarantaine d'années; car pour sûr que ces instants là resteraient dans les annales, et pas celles qu'on croit...

"Passionnant ouaip. Moi? rien d'extra, j'avoue..."

Pas à dire, la conversation allait bon train et chacun avait une foule d'anecdotes à raconter à l'autre... Non mais franchement, on attend quoi pour aller baiser!?
Sur cette pensée fort Loganesque, le hacker masculin vida son verre, puis se leva en s'étirant tranquillement, un sourire aux coin des lèvres. Puis en sortant son paquet de clopes de sa poche, il demanda:

"Bon, pas besoin d'être devin pour voir qu'on s'emmerde. Alors, chez toi ou à l'hôtel?"

Ouaip, c'était ce qu'il voulait et au moins, dans un lit ils auraient plus de choses à faire que des niaiseries à se dire... On vous l'a toujours dit, et on le répète encore, Michael 'Spyke' Logan est un homme d'action, pas de blablas!! C'est bien ce qui lui vaut son surnom d'ailleurs, qui, je ne le rappellerai pas une centième fois, est 'l'étalon aux yeux pourpres'. Bref, en plus il avait bien besoin de se réchauffer, le bougre, sans perdre le nord...