The Faculty
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 Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]

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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyLun 5 Nov - 23:13

Peu de choses pouvaient se venter d’avoir un jour rendu Charles James Withmore perplexe. Il y avait les semelles de crêpe, la manie qu’avaient certaines donzelles de s’affubler de faux ongles, la géopolitique mondiale et les mystérieuses moitiés de cornichons qu’on retrouvait même lorsqu’on venait d’ouvrir le bocal pour la première fois. Il y a avait aussi les chaussettes qui disparaissent systématiquement après chaque utilisation de la machine à laver le linge, et Charlie avait beau être le propriétaire d’une collection de chaussettes parmi les plus dépareillées, il ne désespérait pas de percer un jour le mystère d’un tel phénomène.

Mais qu’une femme le laisse aussi interdit, ça, c’était une grande première. Oh, les femmes étaient compliquées ; elles l’étaient toutes, plus ou moins à leur façon. Mais en définitive, il s’agissait de trouver non pas un mais une série de dénominateurs communs et on finissait toujours par en cerner une partie. Du moins la plus intéressante, celle qui ne nécessitait pas de longues discussions à cœur ouvert sur l’oreiller à propos du papier peint. Au final, Charles avait toujours réussi à comprendre comment fonctionnaient les multiples partenaires qu’il avait eues dans sa vie débridée, et même la serveuse du café du coin était pour lui un livre ouvert. En général il ne lisait certes que les premières pages, mais il n’avait pas encore trouvé de bouquin qui vaille la peine de le terminer jusqu’au bout et, peut-être même, de le relire lors des longues soirées d’hiver.

Light Weddmore, finalement, c’était un peu comme un roman en plusieurs tomes, avec pas mal de mots compliqués et tellement d’annexes de notes de bas de page qu’on avait beau relire trois fois la même page, on avait toujours l’impression d’avoir un style différent sous les yeux. C’était déconcertant, agaçant et à la fois très stimulant. Charlie avait l’impression de se retrouver face à ce qu’il aurait pu devenir s’il avait tourné sa vie différemment – et avec de plus jolies jambes.

C’était, en fin de compte, le charme du docteur Weddmore aux yeux du capitaine Withmore. Comme une pièce qu’on lançait en l’air et qui ne retombait jamais sur pile ou face, la femme ne cessait de dévoiler de nouvelles facettes de sa personnalité, qui se contredisaient la plupart du temps. Un peu comme si plusieurs Light Weddmore cohabitaient sous le crâne d’une seule et qu’elles n’arrivaient pas à se mettre d’accord pour le loyer.

Après des débuts plutôt froids sur un banc de Pitcairin, il avait semblé au mercenaire que la belle reine des glaces s’était réchauffée. Il lui avait même paru qu’ils commençaient à s’entendre, à baisser leur garde, dans cette rue et plus tard dans la chambre tandis qu’elle lui prenait son sang, amorçant ainsi un processus qui, avec un peu de chance, allait lui sauver sa putain de vie. Comme deux semblables qui se reconnaissaient et se jaugeaient, étonnés. Mais Weddmore n’avait pas baissé sa garde longtemps, de des années de conditionnement forcé à la méfiance et à l’amertume avaient repris le dessus dans ce restaurant, après les mystérieuses révélations de ce Jessy de Wellington de malheur. Elle avait du coup décidé de diriger toute sa frustration vers la seule personne qui était capable d’encaisser une telle mauvaise humeur, et pas de bol pour le mercenaire, cette personne c’était Charlie. Et dire qu’il l’avait choisie pour lui sauver la vie… Ca avait si bien commencé !

Mais l’homme n’était pas dupe ; il voyait de plus en plus Light comme une créature à l’apparence fière, farouche et magnifique et à l’âme dure comme le diamant, mais qui cachait un être profondément désemparé et apeuré. Comme si une petite fille perdue se baladait encore dans les tréfonds d’un esprit acéré bien décidé à ne laisser personne lui tendre la main. Comme si lui arracher cette petite fille, même malheureuse, qui était en telle, ce serait tuer l’enfant à jamais. Peut-être était-ce même la seule chose qui la faisait tenir, ça et la compagnie de gens comme Georg Roosentag.

Charlie était de nature curieuse, simplement parce qu’il ne rencontrait que peu de questions dans sa vie et que, de facto, toutes celles qui se présentaient méritaient qu’il s’y intéresse de plus près. Light Weddmore était une énigme, et Charles se demandait si elle ne l’était pas simplement parce qu’ils se ressemblaient trop pour voir leurs différences. C’était peut-être pour ça que la généticienne ne savait pas comment se comporter envers lui ; tantôt froide, tantôt amusée, tantôt agressive. Elle n’avait pas encore décidé de sortir de sa cage, une cage qu’elle n’avait pu que se résoudre à aider à construire pour survivre. Charlie aurait bien aimé tenir l’être qui avait fait en sorte que les premiers barreaux soient posés… Histoire d’en savoir plus, et de tuer un tel énergumène.

Et lorsque Light éclata de ce rire étonnant, aussi captivant qu’effrayant, Charles eut l’impression de voir en cet éclat un animal sauvage qui s’échappait après avoir été enfermé des années dans une fosse obscure, sans cesse tourmenté, bridé et retenu. Un rire horrible, qui se déversait enfin à l’extérieur. Un rire suivi de la colère, qui ciblait à nouveau Charlie Withmore, qui grignotait distraitement un morceau de pain pour faire passer le reste de mayonnaise.

Bizarrement, il ne fut pas surpris d’apprendre que cette Anna si mystérieuse soit la mère adoptive de Light. En fait, ça se voyait, quand on prenait le temps d’y penser. Et n’allez pas bassiner le vieux Charlie avec des histoires de génétiques. Parfois, l’hérédité se passait de l’ADN et faisait un pied de nez aux conventions biologiques. Et si Weddmore et Withmore n’avaient tous deux plus de famille, ça leur faisait encore un point en commun…

Et malgré le fait que la chaleureuse, la douce Anna aux yeux pétillants et la froide, la dure, la piégée Light soient si différentes ne suffisait pas à ombrager le lien puissant qui les liait. Un lien qui en était presque palpable. Un lien que Charles Withmore n’avait, lui, jamais connu.

Il vit madame Weddmore senior calmer sa fille de cœur et la ramener à sa chaise, comme une mère guidant son enfant maussade. Il vit Alrick revenir – sans Georg – et se rasseoir lui aussi avec un air emprunté :

« J’ai appelé un taxi pour monsieur Roosentag. Il a émis le désire de rentrer à son hôtel. Enfin, je crois. Avec tous les gargouillis, je n’étais pas très sûr… »

Se servant un verre de vin, le noble écossais croisa le regarde de Light, se demandait un peu s’il avait bien choisi son moment pour réapparaître. Mais il avait un message à transmettre au docteur.

"Docteur Weddmore, votre assistant me fait vous dire que vous n’avez pas à vous inquiéter, qu'il va rentrer se reposer et qu'ils vous attendra à l'hôtel. Voilà, voilà... Oh, je crois qu'ils amènent le poisson..."

Zut. Charlie n’était pas fan de la poiscaille. Trop de phosphore. Ca rendait trop intelligent, ça, le phosphore. C’était pour…pour les scientifiques, tiens, le phosphore.

Mais il n’aurait jamais cru qu’on allait le précéder pour le ketchup.

Aussi, il sourit, amusé, et fouilla dans les poches du manteau qu’il avait posé sur le dossier de son siège. Il en sortit triomphalement une demi-douzaine de sachets de ketchup.

"J’savais bien qu’j’avais ce qu’il fallait sur moi. J’ai horreur du gaspillage, du coup, quand je passe dans les restaus, j’aime bien emporter les restes avec moi. Rassurez-vous, doc’, ils sont pas passés de date."

Il lança un sachet à Weddmore, telle une offrande paix improvisée, en proposa à Alrick, l’inconnu et même Wellington, qui refusèrent poliment, et il se tourna vers Anna, un grand sourire sincère aux lèvres :

"Ca vous branche m’dame ?"
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyMar 6 Nov - 12:08

[TRACKLIST : Noces Funebres - The Piano Duet]


« J’ai appelé un taxi pour monsieur Roosentag. Il a émis le désire de rentrer à son hôtel. Enfin, je crois. Avec tous les gargouillis, je n’étais pas très sûr… Docteur Weddmore, votre assistant me fait vous dire que vous n’avez pas à vous inquiéter, qu'il va rentrer se reposer et qu’il vous attendra à l'hôtel. Voilà, voilà... Oh, je crois qu'ils amènent le poisson...»

Les yeux de Light Weddmore firent le tour de la table tout entière sans montrer un brin d’attention à Sir Alrik Twain. Le Duc Jessy de Wellington. La place vide de Georg. Le gamin qui n’avait rien dit depuis le début du repas. Docteur Anna Weddmore. Charles James Withmore. Un à un, la généticienne les dévisagea, comme un prédateur qui chercher à savoir laquelle de ces proies seraient la meilleure pour servir son appétit, ou alors comme une personne qui tente désespérément de se raccrocher aux particularités de ses semblables pour ne pas trop s’en éloigner. Au choix.

Son regard effleura tout d’abord ce cher Alrik. Weddmore l’observa avec une conviction digne du plus beau miroir que le monde ait créé. Celui là, elle ne le connaissait que de nom, un nom fort bien porté il paraîtrait. Et justement, de ce qu’il paraissait, il n’était pas. Si nobliau il semblait de couverture, le contenu des pages du livre de sa vie était d’une autre satisfaction. Sympathique, extrêmement compréhensif, patient, certainement généreux ; ainsi devait être Sir Alrik Twain. Et inutile de dire qu’au contact de Charles James Withmore, ces qualités devaient être largement augmenté. Surtout la patience.

Les yeux de la belle généticienne dévièrent brusquement sur l’homme situé juste à côté d’elle, qui dégageait une forte odeur de parfum à la dernière mode. Le Duc Jessy de Wellington. D’un soupir, Light émit tous les jugements qu’elle avait à son propos. Lui, il était exactement l’inverse de Alrik, à peu de chose près cependant. Noble, on ne pouvait en douter, mais extrêmement ravie de l’être, la vie ne l’ayant pas exactement endurcit comme il se devait. Bon bougre, dragueur, c’était le cas de le dire ; croire et penser que toutes les femmes lui appartiennent, c’est autrement plus grave que du machisme. Et comme le dit si bien A. Nothomb : « Ca ne porte pas de nom. C’est donc d’autant plus grave. » Mais au contact de Charlie, Light avait l’impression que le Duc perdait de sa teneur en testostérone, ou tout du moins semblait il se calmer. Le mercenaire lui brûlait ses ailes, tel Icare et le Soleil, et l’agacement que Jessy pouvait ressentir ne se faisait que par un autisme qui durerait sûrement durant tout le repas ; car, à part faire une remarque sur Roosentag, on ne peut pas dire qu’il avait ouvert sa petite bouche purulente … et tant mieux !

Roosentag. Light Weddmore scruta la place où son ami résidait il y avait quelques minutes. Oui, son ami. Georg était son ami, elle ne l’avait jamais hurlé à tout le monde mais elle le pensait dur comme fer. Depuis longtemps, à vrai dire ; depuis le début. Depuis … depuis le primaire, et le jour où une bande de sale garnement avaient décidé d’appeler la généticienne de ces noms que seul les gosses trouvent. Sorcière. Mouai, oh on ne peut pas dire que la fillette avait été touché plus que cela, autant lui jeter une brindille dans la figure, mais jamais la petite Light Weddmore ne se serait douté qu’un bonhomme nommé Georg-Adalrik-Lothar-James etc. … allait venir s’interposer pour faire cesser la moquerie. Cette simple pensée fit sourire la jeune femme. Elle se rappelait avec exactitude de cette scène, comme on pourrait se rappeler de sa première rencontre avec un lapin russe mutant, ou un piaf qui se dit être un ange. Et depuis lors, la généticienne se souvenait que Georg avait toujours fait preuve d’une grande admiration – ou plutôt amitié – à son égard. Seulement, au contact de Withmore, elle avait l’impression qu’il s’était totalement épanouit, contrairement à d’habitude … D’un mouvement de cil, Weddmore décida de continuer son tour de table.

Sa vision rencontra le gamin – du moins semblait il en être un. Les apparences sont parfois trompeuses, mais si il était ici, ce n'était certainement pas pour servir de plante verte. Son visage était familier à Light, peut être était il de sa promotion d'ailleurs, mais depuis le début du repas, la jeune femme avait remarqué qu'il lançait souvent des regards plein de peur à Withmore. Encore un froussard, se dit Weddmore. Elle ne s'attarda pas plus sur son cas, si ce n'est qu'un détail la titilla pendant quelques secondes.

Aussi vif que l'éclair, ses yeux tombèrent sur Anna Weddmore, mère adoptive de Weddmore junior. Light se surpris à sourire. Au fond, cette dernière avait toujours été extrêmement douce et attentionné à son égard. La généticienne ne se rappelait plus exactement ce qui l'avait poussé à l'adopté, certainement le fait qu'elle ne pouvait pas avoir d'enfant. Cette femme lui avait été d'un grand secours. Non pas pour ses études, pas exactement, et même si c'était elle qui lui avait donné la passion des gènes et de la psychologie, Light s'était toujours débrouillé seule pour sa réussite professionnelle. La famille, on dit toujours d'elle qu'elle est présente pour soutenir, protéger, et aimer. Dans le cas des Weddmore, seul aimer et protéger avait réellement fonctionné. Protéger n'avait jamais été dans les priorités de Anna, parce qu'elle avait toujours su que sa petite lumière n'aurait besoin d'aucun garde du corps. Et c'était encore le cas.

Avec une attention toute particulière, Weddmore se surprit à observer la façon dont Anna considérait le mercenaire. A son avis, l'histoire du boulot et tout le tralala n'avait pas convaincue la vieille dame. Par contre, elle semblait entièrement sous le charme, comme si Withmore n'était qu'un petit écureuil amusant, au même titre que Georg pour Light. Pitoyable. De toute façon, tout ce qui concernait Anna Weddmore devenait pitoyable du tout au tout. La façon dont cette femme la traitait donnait l'impression à Light qu'elle s'était de nouveau rendue à l'âge de six ans. Et elle haïssait cette sensation.

Son regard, enfin, erra du côté de Charles James Withmore, ce cher mercenaire à l'allure débraillé qu'elle peinait véritablement à comprendre. Elle le cernait, certes, mais elle se demandait toujours comment. Oui, comment parvenait il à sourire en permanence, comment parvenait il à toujours lui poser les bonnes questions, et surtout, comment parvenait il à trouver les réponses alors qu'elle venait à peine de le connaître. Weddmore hésitait entre un entraînement militaire ou les prédispositions du beau ténébreux à ce genre de devinette. Plutôt les devinettes, car Charlie semblait prendre la vie comme un jeu ; un jeu auquel il était bien décidé à apposer sa griffe, peu importe le prix. Même sa vie aurait pu être une partie de poker, ça ne l'aurait pas dérangé outre mesure. Il aimait jouer, titiller, embêter, et il le faisait bien. C'était ça le plus rageant, le fait qu'il réussisse sans cesse à la déconcerter, et pire encore, à parfois l'amuser. Weddmore maugréa tout bas. Sans rire, Charlie était un être exceptionnel, pourvu d’une capacité d’analyse qui devait surpasser la plupart des humains de ce monde. De plus, il influençait toutes les personnes se trouvant près de lui, que ce soit en bien ou en mal. Et ça avait de quoi irrité. Un fort modèle de charisme, notre cher capitaine.

"J’savais bien qu’j’avais ce qu’il fallait sur moi. J’ai horreur du gaspillage, du coup, quand je passe dans les restaus, j’aime bien emporter les restes avec moi. Rassurez-vous, doc’, ils sont pas passés de date."

Weddmore tourna brusquement la tête vers Charlie et reçut plusieurs dizaine de ketchup en plein dans la figure. Ce qui sembla amuser Anna. Light se vit alors servir par un Alrik qui semblait lui aussi se fendre la poire de moitié et elle se permit un sourire tandis que du poisson fumant lui titillait le nez.

"Ca vous branche m’dame ?"
« Oui, ça me … branche, Charlie. »

La vieille femme attrapa un ketchup que lui tendait le mercenaire, tandis que toute la table la scruta du regard pour savoir quel était le problème, si c’en était un de santé ou bien tout simplement de force. Mais le sourire de Weddmore senior n’en avait pas l’air des plus inquiétant, alors qu’elle riait en se servant. Light fit de même, sourire en coin. Les conversations reprenaient leurs fils habituels, dans la bonne humeur général … ou presque.

« Mais Light, c’est dégueulasse le ketchup et le poisson. »
« Je t’emmerde Jessy. Mange, ça va refroidir. »
« Mais, je ne pourrai jamais ! Avec toi à côté, c’est impossible ! »
« Et bien, fais comme Alrik, retiens toi. »
« On parle de moi ? »
« Nan, nan, ça va bien. Withmore, repassez moi un peu de vin s’il vous plait. Jessy va en manquer. »
« Arrête, c’est d’la flotte ce pinard. »
« ‘Gaffe au patron, il est dans le coin. »
« Rien à foutre moi ! »
« Bon Charlie, merde, tu me le passes ce pinard !!!??? »
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyMar 6 Nov - 22:34

Un sachet de ketchup accepté, c'était ça de gagné. Ce n'était pas là un nouveau slogan que n'aurait pas dédaigné Albert Smith en faveur de la sauce à la tomate sucrée, mais plutôt l'équivalent culinaire d'une main tendue et de doigts qui ne se refermaient pas. D'un pas en avant qui ne voyait pas l'autre esquisser un recul. D'une passe en tennis qu'on ne vous renvoyait pas à la gueule. D'un coup d'échec savamment maîtrisé(1), d'un...

Enfin bref, Charlie avait conscience du fait que Light Weddmore l'avait reconsidéré le temps d'une seconde, de lui tendre un sachet, et ça lui suffisait. Parce que si on pouvait déjà faire quantité de choses en une minute, on pouvait en faire encore plus en une seconde. Il suffisait juste de savoir quand la saisir.

Et Charles Withmore avait toujours su saisir les occasions, même d'une seconde. Une seconde, c'était plus long que d'appuyer sur la gâchette. Et là il n'était nullement question de faire parler la poudre. Même si la manière dont on avait traité les poissons qui gisaient sur les assiettes aurait mérité quelques coups de feu. Déjà, servir ce machin, c'était de la rigolade! De qui se moquait-on? Sans rire, Charles pouvait manger n'importe quoi et digérer presque tout autant, mais il avait toujours eu du mal avec la poiscaille. Ces putains d'arrêtes déjà. On avait beau dire qu'elles étaient toutes ôtées, on pouvait toujours tomber sur une traitresse oubliée qu'on finirait par se coincer entre les dents, se planter dans la gencive ou, pire, avoir en travers de la gorge. Merde quoi, saleté de poissons vicieux! En fait, cette bouffe marine rendait plus intelligent quand on ne la mangeait pas! Fallait être fûté pour se méfier de ces sales bêtes...

Mais entendre Weddmore voulant les accompagner au ketchup avait détourné le mercenaire de son dégoût, et il avait surpris une once d'amusement chez la jeune généticienne, ce qui le mettait tout de suite de meilleure humeur.

Par contre, les conversations mondaines, ça n'avait jamais été sa tasse de thé, au capitaine. Des pignoufles comme Wellington, sûr qu'ils devaient savoir y faire en banalités creuses, et Alrick avait toujours su se débrouiller avec cette partie là de ce que son rang signifiait. Georg n'était pas là, l'inconnu maussade semblait décidé à ne pas participer quelque conversation que ce fut et Anna Weddmore devait sûrement bien s'amuser, dans une situation pareille. En général, les vieilles dames - surtout celles à l'esprit vif - ne risquaient pas grand chose dans de telles conversations; leurs interlocuteurs avaient toujours trop peur de les voir sourire d'une manière qu'ils allaient se prendre des décennie d'expérience dans la figure.

Aussi, il ne restait que Light, et Charlie n'avait pas besoin de se demander si ce genre de balivernes était du goût de la scientifique. Il savait déjà que ce n'était pas le cas, parce que ça ne l'était pas plus pour lui.

"Bon Charlie, merde, tu me le passes ce pinard !!!???"

Tapotant de ses grands doigts sur le bord de l'assiette, Charlie s'empara de la bouteille de vin de sa main libre, se demandant si la passer à la jeune femme était une bonne idée. Elle avait surtout l'air de vouloir la verser sur le duc Jessy, ce que Charles aurait bien fait lui même - avant d'y mettre le feu, cela va de soi. Mais le mercenaire n'avait plus envie -du moins pour l'instant- de contrarier la belle ténébreuse, aussi lui tendit-il l'objet demandé:

"A votre service, doc'."

Et ensuite le blabla de circonstances, encore et toujours, qui se noyait dans le brouhaha de la salle, avec tous ces scientifiques qui parlaient pour ne rien dire, ces cuisiniers qui piquaient leur crise et cet Albert Smith qui souriait à tout le monde. Pffff, comment pouvait-on se faire à ce genre de soirée? Il échangea un regard avec Alrick, qui haussa doucement les épaules en souriant; le lord n'aurait jamais pus l'expliquer à son ami.

Encore une fois, ce genre d'échange silencieux rappelait à Charles les évènements d'il y a trois ans, avec Alrick et les autres comme partenaire. Noah, le pauvre gosse...et Richard. Charlie redressa la tête à cette pensée, et il fouilla la salle du regard en réduisant en purée son reste de poisson à l'aide de sa fourchette; Alrick avait dit que Richard n'était jamais loin, non? Puis Withmore sembla repérer ce qu'il cherchait, et il se fendit d'un sourire satsifait. Jamais loin, hein? Bon dieu, y avait de quoi dire ça!

Mais cette distraction n'était guère suffisante pour éviter au grand gaillard de s'ennuyer, à cette table étriquée dans ce restaurant bon chic bon genre. Et c'était pas comme si on ratait quelque chose en se passant d'une soirée comme celle-ci...

Et c'est ainsin que ça fit, pardonnez moi l'onomatopé, "tilt" chez Charlie Withmore. C'est pas comme si on ratait quelque chose, hein? Il était temps qu'elle le comprenne... Light Weddmore devait apprendre à ne plus se soucier de l'image que cette bande de savants décrépis et pour la plupart à moitié ivres pouvaient bien avoir d'elle. Une image qu'ils aurairent de toute façon oubliée le lendemain pour la plupart sous l'effet de la gueule de bois et parce que ces vieux machistes ne voyaient aucune raison de donner du crédit à une femme dans leur branche. Même en 2051, l'esprit étriqué de la plupart des génies n'avait pas évolulé...

Charles se retrouva en train de se lever, un large sourire aux lèvres. Alrick, qui avait surpris la lueur dans les yeux du mercenaire, avait entraîné Wellington dans une conversation d'usage à laquelle l'inconnu de leur table semblait prêter toute son attention. Tous les autres invités de la salle étaient trop occupés à gueuletonner pour faire attention aux va et vien, et Anna Weddmore ne causerait sûrement pas de problèmes.

Aussi, Withmore fit le tour de la table, s'approcha de Light et lui prit gentiment le bras, avant de se fendre d'une révérence, l'invitant à se lever:

"Je sais pas vous, mais finalement, j'ai jamais aimé l'poisson, même avec du ketchup. Et puis..."

Il se pencha, malicieux:

"C'est pas comme si on ratait quelque chose, hein? Qu'est-ce que vous diriez si je nous faisais sortir d'ici prendre l'air dehors. De vous donner l'occasion non pas d'être le docteur Weddmore, mais juste Light."

Elle aurait aussi bien pu lui répondre par une giffle, Charlie s'en fichait. Mais il ne pouvait la laisser ici, pas plus que lui. Et il aurait juré avoir saisi une lueur d'encouragement dans les yeux d'Anna, qui se tournait déjà vers Wellington, sans doute pour empêcher ce dernier de lancer une remarque assassine et déplacée.

Et puis, Charles n'avait pas tant l'intention que ça de lui laisser le choix, au doc'. Alors qu'elle s'était levée, il se saisit de son manteau, le jeta sur son épaule et tandis sa veste à Weddmore avant de l'entraîner à sa suite, direction les rues de Pitcairn, au milieu d'invités qui se fichaient comme de leur premier théorème que deux personnes quittent la soirée.

Il ne voulait même pas savoir si Light protestait, et il ne la lâcha qu'après quelques mètres sur le trottoir. La rue était calme et déserte, éclairée par les lampadaires et les étoiles. L'air était doux et agréable, et ne plus avoir ses oreilles bourdonnant de toutes ces conversations était une véritable délivrance.

Enfin, Charles se tourna vers Light, et lui sourit, sans provocation, sans fierté:

"Est-ce qu'il ne fait pas mieux pour une âme de se trouver à l'air libre sous les étoiles qu'à étouffer, consternée, entre les dialogues dépourvus de sens réel de tous ses imbéciles? Allons Doc'... Light. Permettez-moi de vous offrir juste une balade."

Et quoique que Light puisse répondre, Withmore attendait: après tout, la nuit était belle, et le fond de l'air était doux, à Pitcairn... On pouvait y prendre le temps d'attendre.



________________________________


(1) Charlie avait une manière bien à lui de jouer aux échecs. En fait, il ne voyait pas pourquoi il devrait s'embêter à apprendre les mouvements compliqués de toutes ces pièces, aussi commençait-il toujours par avancer un pion, suite à quoi il dégaînait et abattait une à une toute les figurines adverses. L'avantage de jouer contre lui, c'était qu'il ne mettait pas trois heures à jouer un coup.
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyMer 7 Nov - 17:42

[TRACKLIST : Piste 10 - Avenced Stevenfold (aucune idée du titre XD)]


"A votre service, doc'."

Light Weddmore sembla sourire de contentement quand Charlie lui tendit enfin le vin désiré. Cependant, quand le pichet lui parvint sans encombre des mains sur mercenaire, elle hésitait de la façon à user pour s’en servir. Non pas que son esprit ait commencé à délirer, contrairement à notre ami Georg Roosentag, mais plutôt – comme l’a si bien deviné notre ami le goupil – la façon dont elle allait en mettre plein la gueule au Duc Jessy de Wellington. Lui vider sur la tête était bien trop… conventionnel pour que Weddmore agisse ainsi. Oui, il lui fallait quelque chose de frappant, de nouveau, quelque chose qui ne fasse pas de l’ombre à ses habitudes. Et pendant que les conversations reprenaient, Light, elle, commençait à ruminer contre son manque d’idée. Dommage, finalement, qu’elle soit si loin de Charlie ou que Georg ne soit pas présent. Eux, au moins, ils auraient fait preuve d’une grande imagination. Oh, ça ne devait quand même pas être si compliqué d’échapper au déjà-vu … si ?

L’idée lui vint, par magie, quand Alrik servit le poisson. D’un geste plutôt souple, le sympathique noble versa ce qui était la part de Jessy dans l’assiette de ce dernier. Sans un mot, sauf peut être un clin d’œil à Withmore, certainement étonné que ce soit elle qui demande le vin, Light Weddmore prit l’air le plus innocent qui était à sa portée. C’est à dire un air qu’on ne lui trouvait jamais, et ça lui allait très mal. Malheureusement. Parce qu’il sembla à Wellington qu’on était en train de se foutre de lui. Ce dernier surprit l’air ravie de Alrik, fronça un sourcil, redirigea son regard vers Withmore – premier suspect potentiel. Celui-ci regardant Anna, il détourna les yeux vers cette dernière, qui cueillait elle-même sa fille adoptive du bout des cils ; et c’est après maints détournements que Jessy en vint à se demander ce que lui préparait Weddmore.

Light avait toujours ce foutu sourire innocent sur les lèvres, celui qui annonce haut et fort « je vais faire une connerie, ne me retenez pas. » et fut ravi de voir que Alrik marchait avec elle. Enfin, le crut elle. A vrai dire, ça l’étonnait, que ce dernier ait parfaitement compris sa façon de procéder pour la suite. Mais bon, il s’était lancé dans une conversation passionnante avec Jessy - un truc comme la définition de bouffe chez les molécules - et c’était parfait.

Oui, exactement parfait. Mais pas pour elle.

Car ce ne fut pas Light Weddmore qui se leva de son siège, oh non, plutôt Charles James Withmore – noté qu’à part les prénoms, quelques lettres différentes dans le nom, des poils, une barbe et la carrure, y’avait pas grande différence. Je disais donc, le mercenaire se leva, devant le regard étonné de la jeune femme. Allons, il n’allait pas lui piquer son idée ! Et bien, en quelque sorte, il l’accéléra, mais c’était tant mieux. Light scruta Withmore faire le tour de la table, étonnée, puis elle le laissa attraper son bras, le dévisageant toujours.

"Je sais pas vous, mais finalement, j'ai jamais aimé l'poisson, même avec du ketchup. Et puis... C'est pas comme si on ratait quelque chose, hein? Qu'est-ce que vous diriez si je nous faisais sortir d'ici prendre l'air dehors. De vous donner l'occasion non pas d'être le docteur Weddmore, mais juste Light."

L’idée première de Light ne fut pas de lui mettre une baffe, et ce n’est pas ce qu’elle fit, je rassure les groupies de Charlie. Non, à vrai dire, la jeune femme se contenta de lui lancer un regard voulant certainement signifier « tu te moques de moi hein ? », mais les yeux du mercenaire lui répondirent le contraire. Alors, d’une lenteur calculé, Light se leva. Elle contourna sa chaise – et ce foutu Withmore ne voulait visiblement pas la lâcher – et attrapa la veste que lui tendait le grand homme. Ce qu’il avait dans la tête, ça, Weddmore ne pouvait certainement pas le comprendre. Par contre, elle, elle savait parfaitement ce qu’elle devait faire. C’est ainsi que, d’un geste souple et gracieux, la jeune scientifique éleva la bouteille du capiteux vin rouge et la déversa lentement sur le brushing parfait du Duc Jessy de Wellington. A la surprise générale. Ben oui, faites ce que les gens n’attendent pas exactement de votre part, que ça soit ridicule ou pas, mais venant d’une personne aussi raffiiiiiinée que mademoiselle Weddmore, ça ne s’était jamais vu, de mémoire de scientifique. Et plus encore quand la femme saisit son assiette de poisson dégoulinante de ketchup pour en décorer Wellington, grand sourire aux lèvres. Et, sans un mot pour le malheureux, elle sourit à Charlie et le suivit.

"Est-ce qu'il ne fait pas mieux pour une âme de se trouver à l'air libre sous les étoiles qu'à étouffer, consternée, entre les dialogues dépourvus de sens réel de tous ses imbéciles? Allons Doc'... Light. Permettez-moi de vous offrir juste une balade."

Les rues de Pitcairn n’étaient pas aussi fraîches que Light les avait imaginé en plein mois de Février. Il faut croire que, par sa mise à l’écart géographique, la météo avait décidé de faire de même, par principe. Même si il n’y avait plus aucune lumière, excepté les lampadaires, les étoiles et la lune. Les étoiles … Weddmore, feignant d’ignorer le mercenaire, tournait son visage vers le ciel pour le scruter de ses yeux gris. Les étoiles … Les lèvres de la jeune femme s’étirèrent de satisfaction, celle d’avoir quitté ce repas horrible et ce restaurant miteux, peut être aussi celle de se sentir aussi libre que peut l’être un oiseau à étendre ses ailes près des nuages, en toucher le coton invisible d’une plume. Libre. Les étoiles … Les étoiles aussi tiens, splendide phénomène que les étoiles non ? Qui sont elles vraiment ? Des poussières, des morceaux de roches ? Des lutins, des fées ? Un des scientifiques de cette foutu soirée vous répondrait à coup sur : « A vrai dire, les étoiles naissent de la concentration de vastes nuages de matière interstellaire – comme les nébuleuses. Et lorsque leur température devient suffisante, des réactions thermonucléaires s’amorcent dans leurs régions centrales et leur permettent de rayonner. Leur évolution comporte une succession de périodes durant lesquels… » (Cf. mon prof de physique. Une fois qu’il est parti, tu l’arrêtes plus …).

Mais attardons nous sur des cas d’enfants par exemple, ou bien même sur le cas de Charlie Withmore et Light Weddmore. Ces deux là, qu’ils soient mercenaire ou généticienne, n’étaient sûrement pas très portés astronomie (encore moins gastronomie ... huhuhuhu ...), à moins que Charlie s’amuse à s’étendre sur l’herbe – lunette sur le nez – pendant des éclipses, et encore ! Il aurait même fallut que son vocabulaire s’étende jusqu’à terminateur ou encore pénombre, périgée, périhélie et j’en passe des albédo, aphélie et Arecibo … Rassurez vous, moi non plus je n’ai pas totalement saisit mon cours. Mais bref. Light, elle, se foutait parfaitement que l’étoile soit issue d’une réaction chimique ou bien même d’autre chose. Elle savait qu’une étoile, c’est beau et ça brillait. C’était suffisant. Et si cette définition suffisait à Light Weddmore, alors le mercenaire qui se trouvait en face d’elle devait certainement s’en contenter aussi. Peut être même s’en foutait il royalement.

Toujours perdue dans la contemplation muette des étoiles, Weddmore en avait presque finit par oublier le commentaire de Charlie. Plus rien n’existait vraiment maintenant, sauf peut être un mercenaire, une généticienne, les étoiles autour qui les regardaient en luisant doucement. Sans pouvoir se retenir, Light ferma les yeux et écarta les bras, laissant un petit courant d’air frais soulever ses cheveux noirs. Non, plus rien n’existait. Au bout d’un instant qu’elle trouva suffisamment élever pour dépasser les normes d’un temps de réponse, la scientifique dévisagea avec un immense sourire Charlie Withmore.

« Ca marche. Je vous accorde une balade, mais c’est bien parce que c’est vous. »

Souriant de plus belle, Weddmore attrapa le mercenaire comme il l’avait fait pour elle, par le bras, décidant tout de même de l’endroit où ils pourraient commencer à marcher. Non mais. C’est alors seulement que la jeune femme s’arrêta, avec un air d’avoir oublié quelque chose, et fit de nouveau face à son interlocuteur en demandant d’un ton soucieux.

« Une seule question … »

Son visage s’approcha de celui de Withmore, comme si sa vie en dépendait, et Light Weddmore susurra à l’oreille du mercenaire des propos avec toute l’arrogance qu’elle pouvait y mettre.

« … je dois prendre la laisse ou vous savez vous tenir ? »

Eclatant d’un rire clair et enfantin, la jeune femme se détacha entièrement de Charlie et commença à marcher, le bruit de ses pas résonnant clairement face au silence de la rue.

Belle soirée.
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyJeu 8 Nov - 19:52

Derrière les portes pourtant fermées du « Green Cat », on pouvait encore entendre parvenir à la rue le bruit étouffé des conversations bourdonnantes qui avaient lieu dans tous les restaurants du monde. Vous savez bien, celles où l’on s’efforce de parler plus fort que la table d’à côté parce que leurs histoires de pneu crevé ne nous intéressent pas. Pas plus que la journée de tatie Danielle, mais elle au moins elle était de la famille. Ce qui amenait naturellement la table suivante à hausser le ton en riant très fort et en trinquant de manière quasi compulsive toutes les deux minutes, histoire de montrer qu’eux au moins, ils savaient s’amuser (1) !

Charlie était ravi d’être sorti de cet établissement grand standing, où l’on mangeait les crevettes à la fourchette et où les chefs étaient tellement snobs qu’ils n’étaient même pas fichu de réagir convenablement lorsqu’on leur demandait un peu de mayonnaise. Et entre les savants – aussi brillants en société qu’une allumette éteinte dans le noir – et les bellâtres pompeux à la Wellington, le mercenaire s’était senti là-bas comme un animal sauvage au milieu du zoo. Bien sûr, des gens comme Alrick ou miss Weddmore senior sortaient du lot, mais l’ancien capitaine des services secrets britanniques préférait nettement les effluves douces d’une promenade à l’air libre que celles de la fumée et des plats aux noms bien trop compliqués(2). Ce genre d’endroits « bon chic bon genre » ne valait en rien les bistrots chaleureux et traditionnels comme ce fameux restau portuaire en Corse, le jour où Withmore avait aidé une mutante du nom de Leicka Habal à fuir des sbires de la Genetics Corporation. Dommage qu’il ait dû le faire exploser pour couvrir leur fuite. Ou ce chouette bouge au bord d’une autoroute en Suisse (3) ou sa patronne actuelle, la charmante Darshaw, avait donné un tour inattendu à la vie du mercenaire en lui proposant de rejoindre le M.I.L (4), ce discret mais ravageur groupe de mutants rebelles. Celui-là, il avait dû y jeter une bombe dans les toilettes. Ouaip, les bistrots sympas se faisaient rare. C’était bien dommage.

Quand on y réfléchissait, c’était tout de même étonnant qu’un loup solitaire tel que Charles Withmore se décide à rejoindre à nouveau une organisation. On aurait pu croire que son temps de travail sous le drapeau anglais et ses années en Russie lui auraient largement suffi, et en un sens c’était le cas. Il en avait soupé de la hiérarchie pesante, de l’administration bêtifiante et des ordres abscons qu’il devait recevoir et donner pour un idéal qui n’était, au final, même pas le sien. Au moins, au M.I.L, il n’y avait rien de tout ça. Tout en restant libre, Charles avait la possibilité d’œuvrer pour une cause, même s’il avait surtout signé pour bien s’amuser et qu’on pouvait difficilement refuser quelque chose à un décolleté aussi plongeant que celui de Vitalie Darshaw. Il n’empêche que Charlie s’en serait presque voulu de quitter la base sans rien dire, mais son problème n’était pas le leur. Il n’était pas arrivé dans leur complexe souterrain pour foutre le bordel. Et puis il y avait des choses qu’une bête ne pouvait que régler seule. C’était l’instinct ; au cas où la fin arriverait, hors de question de tirer sa révérence en public. Cette saloperie qui le rongeait ne le méritait pas.

Pour l’heure, l’esprit simple de Withmore se contentait de choses simples, comme ne pas avoir mal et profiter de la nuit. Ca ne lui arrivait pas souvent, mais le silence l’apaisait parfois, et même Charles James pouvait se passer d’explosions et de bagarres lors de pareils instants. C’est vrai quoi, fallait bien s’arrêter de temps en temps ! Même si interagir avec quelqu’un de la trempe de Light Weddmore se révélait aussi éprouvant que la plus âpre des batailles. Mais il fallait dire aussi que Charles s’était rarement aussi amusé sans tirer un coup de feu ni dragué comme un féroce séducteur, et que jamais le jeu n’avait autant paru valoir la chandelle. Sa vie, déjà. Et, d’une certaine manière, peut-être celle de Weddmore elle-même…ou du moins la manière dont elle la considérait.

Ouais, c’était une belle soirée. Le truc était de savoir comment en profiter.

Le docteur Weddmore avait tout d’abord réagi plutôt froidement à la spontanéité du mercenaire, lorsqu’il l’avait faite se lever dans le restaurant. Mais elle semblait avoir réellement commencé à profiter de la soirée avec les adieux plus qu’humides qu’elle avait octroyé à cet empaffé de Wellington. Charlie en riait encore, de se rappeler l’air tout d’abord surpris, puis incrédule et indigner du triste sire. Il ne devait pas avoir l’habitude que l’on se confronte aussi ouvertement à lui, surtout les femmes qu’il ne devait considérer que comme des cibles faciles, voir divertissantes. Qu’une de ses conquêtes –il était certain que dans la tête du noble Light était déjà conquise, à tort- lui rentre dedans devant tout le monde devait sûrement lui paraître trop irréel pour réagir tout de suite. La colère viendrait, mais plus tard. Et plus tard, Charlie serait toujours là. Et il ne se contentait pas de noyer ses adversaires dans le vin. Maintenant, Wellingtounet sentirait le gros rouge pour le reste de la soirée, et aux autres de supporter sa mauvaise humeur ! Anna et Alrick sauraient le gérer, même si tous deux ne méritaient pas ça. L’un dans l’autre, Charles trouvait ça encore plus drôle !

Et quant à profiter de cette escapade arrivée comme une bouffée d’air frais trop longtemps attendue, c’était Light qui avait enfin décidé de prendre les devants en entraînant le mercenaire à sa suite dans la rue de la ville silencieuse. Peu de passants nocturnes déambulaient dans l’île à cette heure de la soirée, et ils ne croisaient aucune voiture. Dans la nuit ambiante, les lumières de dizaines de petites fenêtres se joignaient aux lampadaires et aux lueurs scintillantes des étoiles. Parfois, on devinait l’éclat bleuté d’un téléviseur derrière une vitre, et le traditionnel bruit d’un couvercle de poubelle métallique renversé par un chat errant retentit quelques instants entre les bâtiments.

Se laissant embarquer par Light, ravi de voir qu’elle semblait enfin s’animer d’un feu qui lui était propre depuis ce fichu repas « quatre étoiles », Charles adapta ses pas de géant à ceux, plus menus mais tout aussi élancés de la généticienne. Il se demandait quel circuit elle comptait leur faire emprunter. Avant tout, elle s’arrêta pour venir murmurer à l’oreille de l’homme, presque susurrante, une question qui fit naître un éclatant sourire sur les lèvres de son patient. Eclatant de rire comme une gamine, la femme s’éloigna et Charlie, réprimant difficilement son hilarité, pressa le pas pour rester à sa hauteur.

Deux gosses qui ne l’avaient jamais été vraiment rattrapant un peu de temps perdu l’espace d’une nuit.

Tout sourire, Charlie se saisit amicalement du bras de Light, plus espiègle qu’autre chose, et se pencha à son tour à son oreille :

« Pourquoi ? Vous avez peur de me voir aller jouer dans le jardin du voisin ? Cela dit, une laisse bleue, ce serait cool ! »

Aaaah, la compagnie d’une femme de la trempe de Light, c’était quelque chose ! Un peu comme un tour de grand huit à l’aveugle : on ne savait jamais si on allait progresser ou redescendre en bas de la pente. Mais bon dieu, ça restait exaltant ! Pas étonnant qu’elle soit la seule personne au monde qui pouvait lui sauver la vie. Le fait qu’il ne tente même pas de technique de rentre-dedans à la Withmore signifiait le respect qu’il éprouvait pour le doc. Et puis, c’était tellement passionnant de lui parler, de fouiller plus en avant ; ça lui permettait, à lui, de profiter d’un effet presque miroir.

Il songea un instant à lui demander de quoi diable Wellington avait pu lui parler pour la mettre dans cet état tout à l’heure, mais il préféra garder la question pour plus tard. Pour le moment, il était surtout curieux de voir quelle tournure elle allait faire prendre à leur petite balade, et il attendait de la voir engager la conversation d’elle-même, sur quelque sujet que ce fut.

Cela dit, il ne put s’empêcher une remarque ; après tout il restait lui-même :

« Dites doc’, blague à part, depuis quand les étoiles sont-elle autre chose que des boules de feu sur un machin bleu marine ? J’veux dire, l’important c’est qu’elles brillent non, pas la manière ? »

C’était tout lui ça ; son esprit sautait d’un sujet à l’autre sans constance. Mais il fallait bien commençait quelque part, non ? Ensuite, on verrait… On verrait ce que Light Weddmore pouvait bien raconter en une telle nuit.

Après tout, c’était pas tous les jours qu’on en avait l’occasion.



___________________________________




(1)Parfois, on tombait à côté d’une table de suisses-allemands. Et on n’avait plus qu’à espérer qu’ils ne prennent de dessert, parce qu’il est aussi inutile de vouloir faire plus de tapage qu’un groupe de suisses-allemands que de vouloir battre un lièvre à la course.

(2)
Et dont la prononciation nourrissait souvent plus que le plat lui-même.

(3)Et non pas de l’autoroute. Oui, la Suisse en possède plus d’une. Non mais.

(4)Je rappelle que chronologiquement, ce topic se déroule peu de temps après l’entrée de Charlie au M.I.L.
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyLun 3 Déc - 10:16

Pitcairn avait beau être un endroit de la planète peu réputé, si ce n'était pour le nombre minime de ses habitants, c'était un bel endroit. Non seulement les rues étaient parfaitement entretenues, mais elles étaient d'une normalité qui en aurait frappé plus d'un. Sur les bords de route, comtemplant d'une ampoule éteinte les promeneurs d'un soir, des groupes de réverbers se penchaient sur la rue comme l'on pourrait se pencher au dessus d'un pont pour en observer les poissons. Entourant le tout, des buissons. Si, si, je vous jure : des buissons. Pitcairn résonnait de normalité, si affligeante qui c'était peut être pour cela que personne ne s'y rendait. Pas de monument. Rien. Rien ? Rien sauf peut être deux esprits aux idéaux certes différents mais bien plus interessant que n'importe quel bâtisse de pierre ou de verre. Il n'y a aucun pays auquel on accorde de l'attention pour ses habitants. Alors pourquoi pas ses visiteurs ? Un mercenaire et une généticienne, y'avait de quoi se déplacer, mhm ? (Il n'empêche, si Paris était connue pour ses pigeons on se poserait des questions.)

Mais revenons à nos moutons. J'ai nommé Charles James Withmore et Light Weddmore, qui à part un nom quelque peu semblable, aurait pu être un exacte contraire en tout sens. Là où l'un pouvait assumer tous ces choix et les hurler à la face de ceux qui en réclamait, se dressait devant lui une femme qui estimait qu'elle avait le mérite de tout et dont les erreurs ne venaient que des autres. Qui a faux, qui a tord, là n'était pas la question première. Mais comment l'un pouvait il avoir besoin de l'autre et vice versa, alors que leurs caractères différaient à un point si haut que lever la main ne suffirait même pas à parcourir la moitié de la distance du sinus. Pour le mercenaire, c'était plutôt simple : la vie. Un petit prélèvement, quelques analyses, une seringue et un bonbon puis basta, ou presque. Du côté Weddmore, c'était encore moins évident. Une blague, un sourire, un rire et quelques moqueries et questions indiscrètes en espérant qu'elle n'allait pas nous faire le coup de l'huitre avant d'atteindre le dernier palier. Y'a pas à dire, le Capitaine Withmore se débrouillait bien pour le moment. Et souhaitons lui bonne chance.
Les conversations du "Green Cat" s'étaient peu à peu atténuiés, certainement parce que les quelques mètres parcourut avaient suffit à tout oublier, pour un temps. Light était délivrée. Oui, délivrée. Sans les habituelles paroles concernants le boulot, ou encore les grincements de dents de Wellington et autre crevettes à la mayonnaise. Dehors, elle se sentait bien, à l'aise sous les étoiles. Et ça se voyait. Withmore avait beau l'énerver au plus haut point, elle devait avouer que pour comprendre les autres, il était champion. Elle lui devait bien ça, il faut dire. Pour l'affliger, il avait assez donné ce soir. Light ne savait pas s'il était marié - probablement que non - mais certaines femmes auraient du regretter leurs engagements, si engagement il y avait eu. Quand aux aventures d'un soir ... on peut dire que celle là s'en sortait bien.

Weddmore sentit les mains du mercenaire se refermer sur son bras, une fois de plus. A croire qu'elle commençait à avoir l'habitude, car son visage ne réprimanda pas l'homme cette fois ci. Elle se contenta de l'écouter, sourire aux lèvres tout autant que lui.

« Pourquoi ? Vous avez peur de me voir aller jouer dans le jardin du voisin ? Cela dit, une laisse bleue, ce serait cool ! »

Un vrai gosse ce Charlie. Il l'amusait. Light souleva la proposition d'un nouveau sourire, bien plus malin que les autres. Un doigt empreint d'arrogance se posa légèrement sur le menton mangé par la barbe du mercenaire, glissant avec grâce et frôlant de près ses lèvres ; une sorte de boutade à la Weddmore : là où des mains virils pourraient frapper un dos, elle se contentait d'un doigt.

"Bleue, la laisse ? J'irai prendre celle de Roosentag."

Son tou doux et mielleux semblait maintenant jouer le jeu auquel Withmore excellait depuis le début de la soirée. Un sourire exquis s'était formé sur le visage de suie de la généticienne, entouré de sa chevelure noire qui caressait ses joues, son cou et son dos. Light attendit que l'homme la lâche la première pour retirer son doigt de son menton. Silencieuse, l'Islandaise se contenta d'hausser un sourcil avant de s'éloigner à petits pas réguliers dans les rues de Pitcairn. Aucun bruit sauf celui de ses talons, qui résonnaient en goutelette avec une perfection tout à elle. Saleté de talons. Si Weddmore avait eu le choix, elle aurait enfilé ses habituelles basket, histoire de ne pas trébucher à chaques pas, mais évidemment, le choix n'était pas sien, surtout en ce moment.

Amusée de découvrir Pitcairn de nuit, Light entraina le mercenaire à sa suite, dans un dédale de rue aussi biscornues et vides les unes que les autres. A croire que la ville s'était arrêtés de respirer pour laisser passer ces deux esprits odieusements différents. Ils tournèrent à l'angle d'une rue. Près de là, Weddmore repéra une chose étonnante. Un mur. Mais quel horrible mur. Imposant, décrépi, refoulant une odeur obsessionnelle de moisi, offrant des variations jusque dans sa couleur blanche sale à tel point que l'on ignore si ce sont des saletés ou des ombres de quelques monstres que l'imagination rend mouvant sur la surface depuis longtemps plus très lisse. L'environnement cauchemardesque faisait qu'il était évident que quelque chose va se produire, non? Quelque chose d'horrible, d'écoeurant, de traumatisant, un peu comme ce sang qu'on trouve dans tout film d'horreur qui se respecte. Mais non, pas de sang. La surface décrépie offrait un aspect quelque peu spongieux, mais pas vraiment souple. Le mur était bien présent, mais une certaine humidité décollait la peinture de la paroie. Il est facile de distinguer qu'il y avait eu des couches de papiers peint sous la peinture. Combien de fois la pièce a dû être rénovée avant d'être définitivement abandonnée? C'est une excellente question ! Autour de lui, le bord de l'île, surplombé de rochers et de falaise. Ils étaient donc allés si loin que ça ? Light regarda en arrière, croisant le regard d'un mercenaire que la soirée rendait très souriant, devinant derrière lui les lumières de la ville. Marrant, elle n'aurait jamais cru passer la soirée avec un tel type ; dans son esprit, c'aurait plutôt été une escapade nocturne avec une bouteille d'un capiteux vin et Georg Rooosentag à ses côtés en option.

« Dites doc’, blague à part, depuis quand les étoiles sont-elle autre chose que des boules de feu sur un machin bleu marine ? J’veux dire, l’important c’est qu’elles brillent non, pas la manière? »

Lui et ses questions bizarres ... Du coq à l'âne, ce cher Withmore. Quand à savoir qui était le coq et qui était l'âne ... Un coup d'oeil pour le mercenaire lui indiqua qu'il attendait une réponse. Soucieuse de bien la tourner cette fois ci, Light prit son temps, s'approchant des barrières qui protégeaient les éventuels touristes et habitants d'une chute dans les récifs. Déjà qu'il n'y avait que trente-deux personnes à Pitcairn, si en plus on déplorait des dégats colatéraux ...

"Ca ne vous interesse vraiment pas la manière dont elles brillent ? Enfin, vous n'aimez pas savoir pourquoi et comment ? Vous jugez que tout cela ne vous concerne pas parce que vous ne voulez pas ou parce que vous ne pouvez pas ?"

Les questions avaient été posées sans aucune forme de méchanceté, et avec encore moins d'arrogance. La jeune femme se tenait contre la barrière, ses deux yeux gris fixant intensément le mercenaire avec un léger sourire. Il avait beau être un homme ne se souciant d'aucune convenance, faire preuve d'un légèrement d'esprit incroyable tout de même, elle ne comprenait pas exactement le sens de sa question. Ou plutôt, là où il voulait en venir. Etait ce pour la tester ou pour faire approuver ce qu'il pensait du monde ? Sûrement pas, et pourtant, Light était sûre d'appercevoir une lueur de malice briller au fond de ses yeux, comme si il attendait quelque chose : mais quoi ?!

"Vous ne m'avez pas l'air d'une personne très spirituel. Encore moins d'un scientifique. J'aimerai bien apprendre à vous cerner ; vous m'expliquez ?"

Le plaisir de le voir parler autre chose que des moqueries à propos de Wellington ou de débats fort peu phylosophique sur la nature d'une mayonnaise était très alléchante. Attendant patiemment les réponses de Charlie, Light se retourna un moment pour comtempler la mer qui brillait devant elle. Elle observa dans la semi-obscurité les récifs éclater les vagues en écume, le phare qui éclairait aussi sa vision, beau et imposant avec sa lanterne, guide des bâteaux et des marins. D'une main, la scientifique détacha la barette qui reliait ses longs cheveux noirs et les laissa voltiger autour d'elle comme une voile que le vent agiterait.
Quand deux esprits se recontrent ...


[HRP : La fille qui passait trois ans sur la description d'un mur XDDDDDDD ]
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyMer 5 Déc - 0:05

Un papillon de nuit fit vibrer ses antennes, et s’élança du buisson où il était jusqu’alors perché. Voletant maladroitement dans la nuit océanique, il donnait cette impression d’ivresse que donnaient tous les insectes de son espèce, un peu comme s’ils faisaient de leur mieux pour avancer à contre-courant dans un pot de mélasse. Celui-ci était assez gros, presque autant que le pouce d’un homme, et ses ailes mouchetées dont les bords donnaient l’impression d’avoir été déchiquetés battaient furieusement l’air nocturne, rappelant le froufrou du tissu contre la soie. D’abord hésitante, la bestiole prit de l’assurance, portée par la brise marine, et s’en alla danser sous la lumière de l’un des lampadaires qui bordait les récifs, enveloppés par celle, plus large, diaphane, du phare qui se dressait au bout de la grève. Heureux de s’ébattre dans une telle luminosité, l’insecte craintif oublia toutes ses inhibitions pour voler toujours plus haut, toujours plus prêt de la source du soleil artificiel du lampadaire, tel un Icare miniature. Circulant autour de l’ampoule chaude, toujours plus prêt, qui grésillait sourdement, le papillon finit fatalement par se cogner contre le verre, et ce fut à peine si une étincelle se révéla brièvement lorsque l’animal rebondit contre l’objet de sa fascination pour tomber en tournoyant vers le sol.

Une surface rose et calleuse interrompit sa chute, et le papillon brûlé se retrouva prisonnier de colonnes de chair qui semblaient s’être matérialisées de nulle part. Approchant la main de son visage, Charles Withmore regarda la pitoyable créature désorientée qui agitait faiblement ses pattes endolories entre ses doigts, ses ailes aux nuances de brun et de gris lui retombant piteusement le long de son abdomen. Puis, sans libérer son prisonnier, Charlie suivit le regard du docteur Weddmore, qui observait la mer en contrebas, et le mercenaire contempla la chevelure aile-de-corbeau libérée de la généticienne s’envoler sous la lumière de la nuit, comme un animal enfin relâché ; une métaphore de ce qu’il se passait dans les tréfonds de l’âme de la jeune femme ? Charlie n’en savait rien, et ne voulait pas gâcher pareil spectacle ; aussi se contenta-t-il d’observer, chaque parcelle instinctive de son âme lui indiquant qu’il vivait là une sorte de moment privilégié. Ca n’était pas tous les jours qu’un homme pouvait se targuer de passer un tel moment avec Light Weddmore ! Elle avait beau ne pas cacher le fait que le mercenaire avait tendance à l’irriter au plus au point, et Charles ne se faisait pas prier pour lui mettre clairement devant les yeux ce qu’il pensait de sa manière de voir les choses, c’était peut-être pour ça qu’ils arrivaient à se comprendre. Seuls les contraires les plus extrêmes pouvaient à ce point se ressembler, non ?

Il avait ri lorsqu’elle avait rétorqué à sa boutade sur la laisse, et il n’avait pu s’empêcher d’imaginer Roosentag le singulier objet autour du coup, faisant le beau pour sa « maîtresse » et se prenant les pieds dans sa propre ficelle. Un sacré duo, ces deux-là ! Encore une fois, il se demandait ce qui pouvait bien lier deux personnages aussi singuliers ! Quand Light s’était arrêtée devant le mur, le mercenaire s’était approché pour voir ce qui la captivait à ce point. Il envisageait même de l’escalader, s’accrochant aux plantes et aux anfractuosités, tel un Hugh Grant devant une Julia Roberts dans ce film célèbre (mais en bien plus classes et emplis de prestance que les acteurs respectifs, évidemment !). Qu’auraient-ils bien pu découvrir derrière le mur aux mystères, sur une île comme Pitcairin ? Ils ne le surent jamais, car la scientifique finit par s’en désintéresser pour les mener vers le bord de l’île, qui avait presque des allures de bord du monde.

Prenant le temps de réfléchir à ce qu’il allait dire, fait inhabituel chez lui, Withmore n’avait encore répondu aux questions de sa ténébreuse interlocutrice et seul le paisible roulis des vagues léchant la plage troublaient le silence de la nuit. L’insecte lui chatouillant la peau entre ses doigt puissants, le mercenaire gravit les rochers à la suite de Light et accroupit l’un de ses genoux une fois à ses côtés :
« Je sais pas pour les étoiles, doc’. Ce n’est pas une question de vouloir ou de pouvoir, je crois que vous vous focalisez trop sur ces principes, encore une fois. » Il n’y avait pas vraiment de reproche dans la voix de Withmore, juste une envie de pousser la conversation plus loin, comme pour aider la femme à le cerner, comme elle le voulait :
« A quoi ça m’avancerait, de savoir comment les étoiles brillent ? Je ne pourrais rien y changer. Le pourquoi ne m’intéresse pas tant que ça, je ne peux pas changer les astres, ni la façon dont elles fonctionnent. Pourquoi vouloir toujours tout comprendre, tout disséquer, tout contrôler? Non, je crois en moi, et c’est déjà pas mal. Je crois au choix, et je crois que vous l’avez-vous aussi, Light. »

Il sourit, et se redressa, époussetant son large manteau d’une main et levant la main entre son visage et celui de Light. Il écarta ses doigts épais, et le papillon déploya ses antennes, curieux et apeuré.

« Ce papillon n’a pas le choix. Je pourrais l’écraser pour lui épargner la souffrance, car il va s’en retourner vers la lumière jusqu’à se brûler les ailes. Et pourtant je l’ai sauvé. Parce que j’aime à croire qu’une seconde chance permet de choisir. »

Il ouvrit la main, et le papillon hérissa encore une fois ses antennes et finit par décider qu’il avait assez vu cette grande créature bizarre qui faisait trop de bruit et s’envola dans la nuit, tâche floue sur un fond bleu marine. Il ne retourna pas vers le lampadaire, mais disparut derrière les rochers. Charlie, le suivant du regard, finit par le braquer à nouveau sur le visage de Light, pâle touche de chaleur dans la nuit :
« Suis-je si difficile à cerner ? Après tout, je ne suis que ce que je suis, et rien d’autre. »

Il voulut sourire, mais ce fut une grimace qui traversa son visage à la place. Il la maîtrisa dans l’instant, et espéra que Weddmore ne s’en était pas aperçue ; elle avait l’air détendue, et il n’avait pas envie de la voir se rabattre sur sa froideur toute scientifique. Néanmoins, il dut s’asseoir sur les rochers, face à la mer, et fit en sort d’étendre sa jambe. Putain, pas maintenant…
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptySam 15 Déc - 23:11

[Daughtry - It'S Not Over]


Loin des lumières de la ville, la nature jouait à retirer son voile de faux-semblants. En y faisant attention, on aurait pu discerner la danse majestueuse des arbres derrière les deux jeunes gens. Chacune de leurs branches accompagnaient le vent, battant la mesure en cadence, en silence. Leurs feuilles se soulevaient lentement, la soie accrochée de ces belles plantes. Il suffisait d'un courant d'air plus fort que les autres pour que le ballet s'accélère, comme si une armée imaginaire allait en fracasser une autre dans la pénombre des maquis. La bataille faisait rage. L'hêtre ne voulait pas lâcher prise face à ce qui semblait être un palmier, ce dernier secouant de haine nombre de ces noix. Mais était ce vraiment important que de distinguer qui était qui dans cette lutte imaginaire et inimaginable ? Car voici que le vent se calma, apaisant les deux armées qui rendirent soudainement l'âme à l'arrêt total de l'air, de leur force.

Et ce fond de l'air était l'un de ceux qui vous revigorent, qui vous offre pleinement le plaisir de vous sentir vivant, libre de surcroît. Un de ceux qui vous font vous dévoiler au grand jour, comme c'était en ce moment le cas. Se dévoiler ... était cela finalement, ou bien peut être oser être ce que l'on n'était pas habituellement. Pour Charlie Withmore, c'était tellement naturel. A croire qu'il lui suffisait de respirer sans se poser de question, ou plutôt, en les posant aux autres. Il y avait une part de lui qui n'agissait que par instinct, comme un animal, comme une bête. Une bête civilisée, Light en convenait, mais une bête tout de même. Pourtant, elle était persuadé que le coeur de Withmore restait entravé par quelque chose. Comme toute bête l'est un jour, d'ailleurs. Par convention, il était une personne polie ou presque et plutôt bien fait de sa personne non ? Mais qu'en était il réellement ? Un rustre, comme tous les autres, ou bien cette comédie n'était elle pas la vérité ? C'était cela que Light Weddmore ne parvenait pas à cerner chez le mercenaire : si c'était les conventions ou bien l'instinct qui régissait son esprit, son être, son coeur ... Quoi qu'il en soit, il était une compagnie très agréable.

Accroupit sur un rocher non loin de la barrière, Light entendit les bottes puissantes du mercenaire Withmore fracasser les rochers derrière elle. Sans un bruit pourtant, il se glissa à ses côtés, déposant un genou sur la pierre. A croire qu'il ne se laissa pas de l'emmerder, celui là. Son discours n'ébranla pas le moins du monde Weddmore qui se contenta de continuer à sourire à l'homme, un sourire qui ne lui ressemblait pas vraiment. Vraiment, il l'amusait. C'est lui qui lui parlait de principe alors que les siens ne devaient pas être les meilleurs non plus : j'fais c'que veux et j't'emmerde. Néanmoins silencieuse, la jeune femme tourna son visage vers la mer tandis que Withmore continuait à répondre à ses questions avec son habituelle pointe de ... morale. Elle le laissait continuer quand ce dernier tendit entre leurs deux visages une de ses mains rocailleuses. A son grand étonnement, Light vit un papillon apparaître à la surface de sa peau, comme une drôle d'apparition. Ce dernier, encore affolé d'être libre, tournoya un instant autour d'eux avant de s'évanouir dans la nuit sans autre forme de procès. Qu'en à Charlie, il profita de cet instant pour terminer sa réplique avec un sourire pouvant annoncer un magnifique CQFD. Jouerait il à Copperfield ?

Weddmore resserra ses genoux contre sa poitrine, une posture de gamine pour une scientifique qui commençait à prendre de l'âge. Toujours silencieuse, elle écouta d'une oreille la nouvelle question rhétorique de Charlie et passa une main dans ses cheveux noirs pour chasser les mèches qui gênaient son visage. Elle aurait vraiment aimé que le mercenaire comprenne que ça n'était pas aussi simple. D'un geste lent, ses yeux se fermèrent. Oui, ça n'était pas si simple d'avoir le choix. Soit parce que tout pouvait virer à la situation cornélienne, soit parce que deux choix ne rejoignaient parfois que l'un. Du moins, ça n'était pas si simple pour Light Weddmore. Peut être à cause de son esprit scientifique et calculateur, qui voyait plus les choses quelques mois ou années plus tard ; et là où Charles Withmore agirait avec rapidité et concision, la jeune femme y verrait une impasse.

Weddmore observait les remous de la mer depuis les rochers, remous qui fracassait les récifs avec un drôle de silence. Autant que le sien d'ailleurs. Au bout d'un court instant, elle sembla décidé que le mercenaire avait assez attendu.


"C'est bien ça l'ennui, monsieur Withmore. Vous êtes un fataliste, convaincu de surcroît, et croyez bien que... un problème ?"

Le mercenaire s'était assis près d'elle et la grimace qui perçait son visage mangé par la barbe ne lui plaisait pas. Charlie étendit sa jambe. Il avait l'air d'avoir vraiment mal. Light ne supportait pas de voir une personne souffrante. D'un geste souple, elle se releva de moitié et s'assit face au mercenaire, maintenant contre la roche dure qui lui abîmait les genoux. Etonnament, le roc était chaud. La jeune femme se pencha vers Charles Withmore et appuya son regard contre le sien, sachant qu'il ne lui dirait certainement pas la vérité. Deux pupilles noirs la scrutèrent dans la semi obscurité. Au bout d'un moment, Light se dégagea de leur emprise.

"Vos yeux non plus ne vous trahissent pas."

Elle eut un autre sourire, mais beaucoup moins rayonnant que les autres. Silencieusement, Weddmore se glissa plus près encore de l'homme et commença à fouiller sans ménagement dans les poches de son manteau noir. Il fallait qu'elle trouve le "traitement" qu'il s'était lui même proscrit. Voir si cette merde était vraiment efficace, sachant qu'il en avait déjà pris une autre en cours de soirée et que l'effet ne semblait pas satisfaisant. Ses doigts rencontrèrent plusieurs objets qu'elle préféra ne pas identifier (y devait bien avoir quelques préservatifs là dedans XD) mais le calibre presque froid d'un engin de mort l'arrêta un instant. Pendant deux secondes, les épaules de Light Weddmore se rédirent. L'arme n'était pas dans sa poche, fort heureusement, mais leurs contacts la paniquaient toujours. Avec son Beretta, c'était différent : d'abord c'était une arme offerte - qu'elle possédait donc avec obligation, obligation collante si vous voulez mon avis - et la plupart du temps, cette dernière n'était pas chargée. Enfin, pas censé être chargée.

Le manège de Weddmore continua encore quelques minutes, tantôt parce qu'elle était gênée, tantôt parce que la peur de découvrir autre chose que des paquets de mouchoirs roses l'effrayait. Elle ne lança qu'une onomatopée exclamative qu'au ressentit d'un flacon. Sa main extirpa ce dernier de la prison du manteau de Withmore et la jeune scientifique décoda sans mal les inscriptions hiéroglyphiques écrites sur le dessus. Tandis qu'elle le lisait, sa voix s'éleva au dessus du vent qui s'était réinstallé.


"Ca fais combien de temps que vous prenez ça ? Et combien par jour ?"

En effet, c'était de la belle merde. Une anti-douleur que l'on peut se procurer sans ordonnance, un truc qui ne faisait rien sauf vous remplir l'organisme de médicament dégueulasse. Light tenta d'ouvrir le bouchon et n'y parvint qu'au quatrième essais. Elle sentit le flacon avant de déclarer sans ménagement.

"Si ce n'est pas votre 'maladie' qui vous tuera, ce sera certainement vos anti-douleurs."

Elle se retenait encore de les jeter à la mer.
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyDim 16 Déc - 19:44

Un fataliste ? Lui, un fataliste ? Merde, il ne pouvait pas laisser passer ça ! Charles avait beau sentir la douleur s’infiltrer jusqu’au plus profond de chacun de ses os, s’incruster au cœur même de chacune de ses cellules et s’inviter chez chacun de ses gènes pour s’installer sur le canapé avec la ferme intention de rester et de dévorer les réserves de chips, il y avait quand même des trucs qui lui hérissaient le poil ! Qu’on le traite d’opportuniste, à la rigueur ; d’hédoniste, pour sûr ; mais le dire fataliste, c’était aller trop loin sur le chemin de l’hypothèse !

Grognant pour ramener sa jambe sous lui, comme si la comprimer avait eu le pouvoir d’étouffer la douleur, il grogna et se retint in extremis de montrer les dents lorsque Weddmore s’interrompit pour le dévisager d’un air inquiet. Alors quoi, il avait à ce point l’air d’une bête blessée ? Voilà pourquoi il ne supportait pas faire preuve de la moindre faiblesse ; attirer la pitié, c’était bon pour les animaux de cirque, pas pour les fauves en liberté ! Ce refus de se montrer faible, voilà encore une conviction qu’il partageait avec la belle scientifique. Sans doute pas pour les mêmes raisons, mais indéniablement dans le même but.

« J’ai l’air d’avoir un problème ? Ouais, j’ai dû oublier mes bonbons dans mon autre manteau ; je ne peux pas passer une journée sans sucer une dragée à la fraise ! »

Il était donc pour lui totalement hors de question d’avouer de but en blanc que oui, il avait un mal de chien qui aurait donné envie au plus robuste des rotweilers l’envie d’hurler à la lune en se traînant lamentablement sur lui-même. Et avec une patte folle. Charlie n’avait aucune idée de pourquoi le mal s’attaquait en premier lieu à sa jambe gauche pour se répandre dans le reste de son corps, mais il la sentait se raidir de plus en plus après chaque attaque, et il n’avait aucune envie de se retrouver avec une jambe inutile. Autant la lui couper et lui frapper sur la tête ensuite pour l’achever. Un bon Withmore était un Withmore entier, et il n’en démordrait pas. Sautiller sur un pied en s’aidant d’une canne, très peu pour lui, merci.

Tout en maugréant dans sa barbe à propos des questions stupides que les savants avaient la manie de poser, il laissa Light procéder à son examen, se demandant ce qu’elle pouvait bien chercher dans ses affaires. En général, qu’une aussi belle femme s’adonne à une fouille de corps complète l’aurait ravi, mais il s’abstint de tout commentaire ; il n’avait pas envie de jouer à ce petit jeu avec Weddmore. Elle ne semblait d’ailleurs pas très à l’aise, les mains frôlant le corps du mercenaire tandis qu’elle retournait poches et manteau. Elle marqua un temps d’arrêt, et Charles comprit qu’elle avait du tomber sur le flingue (ou, du moins, l’un des flingues). Lorsqu’il s’agissait de faire des trous dans les gens, Light était de toute évidence bien plus à l’aise avec une seringue dans la main et un sarcasme entre les lèvres qu’avec un revolver. Cela dit, elle savait qu’il portait au moins une arme, elle n’aurait pas dû s’étonner autant… Mais la jeune femme se reprit vite, et continua ses recherches, très professionnelles.

« Vous faites ça souvent ? » se risqua à demander un Charlie dont la douleur déliait la langue, histoire de faire la conversation. Mais Weddmore répondit par une modeste exclamation triomphante, brandissant sous les yeux plissés du mercenaire un petit flacon où ne s’entrechoquaient guère plus qu’une demi-douzaine de comprimés. Et ils n’étaient pas au goût de son nouveau docteur.

« Vous n’avez pas trouvé mes bonbons à la fraise, alors… » siffla le patient d’une voix déçue. « Je sais bien que ce vous me montrez là, c’est de la saloperie, mais ça attaque moins les dents. Et les frais dentaires ne sont pas couverts dans ma branche. Cela dit, je ne bouffe ces machins que lorsque j’ai épuisé les autres. C’est le cas ce soir… Oui, j’ai d’autres…prescriptions. Des médicaments expérimentaux qu’un russe de mes amis a obtenus d’un neurologue assez reconnu. Un allemand, je crois… D’ailleurs, c’est même lui qui aurait laissé échapper votre nom, et qui nous a mis Zack et moi sur votre piste. »

Charlie aimait bien parler de choses et d’autres ; ça lui permettait de calmer un peu la souffrance autrement qu’en serrant les dents, ce qui lui donnait à force des crampes à la mâchoire.

« Enfin bref, j’ai épuisé les derniers trucs que ce type avait pu refiler à Zack, et comme on savait que ça suffirait pas, on s’est dit que vous, vous trouveriez p’t’être un moyen plus définitif de contrecarrer cette saleté… »

Il respira profondément, et réussit à se fendre d’un large sourire ; la douleur diminuait lentement, l’attaque était en train de cesser. Elles se produisaient de plus en plus souvent, et étaient de plus en plus violentes… Décidant qu’il était tout aussi bien assis, Charles s’adossa contre les cailloux, la douleur de la roche s’enfonçant dans son dos à travers son manteau ressemblant à une bénédiction. Il ramena son genou gauche contre sa poitrine, l’y maintenant de ses larges mains qui avaient enfin cesser de trembler. Grimaçant, il finit par relever lentement la jambe de son pantalon jusqu’au-dessus du mollet : du métal avait suinté à travers la peau et s’était agglutiné en diverses petites plaques disgracieuses. Quand au reste de la jambe, elle semblait veinée d’argent, et était anormalement dure au toucher. A ce rythme, il allait se retrouver avec une putain de patte de fer blanc…

« Je sais pas vous, doc’, mais j’aimerais autant éviter de finir par être obligé de prendre de l’antirouille pour mes vieux jours. Et c’est justement parce que je ne suis pas un fataliste, comme vous semblez pourtant le croire, que j’aimerais bien continuer à gambader sur mes deux jambes. Parce que je les aime, mes jambes ; elle et moi on se connaît depuis un bail, et on aimerait bien qu’ça dure. Ne confondez pas assumer les choix et les conséquences qui en découlent avec la fatalité : le fataliste ne se donne même pas la peine de choisir, et c’est sans doute le plus grand manque de liberté. »

Il releva la tête, et laissa échapper un large soupir de soulagement tandis que les sensations de son corps revenaient plus ou moins à la normale :
« Non, Light ; un fataliste, il se laisse couler dans la vie sans jamais tenter une brasse pour remonter à la surface. Et je suis du genre à m’accrocher ; c’est mon petit côté teigneux, mais on dit que ça fait mon charme. Le jour où je ne pourrai plus décider de mes actes sera le dernier, croyez moi.»

Puis il plongea ses yeux noirs,soudain intenses après ses dernières paroles, dans le miroir de ceux de la scientifique, gardant un ton détaché mais sous lequel on devinait néanmoins le sérieux :
« Alors doc’, vous pensez que vos doigts de fée vont pouvoir faire quelque chose pour moi ? »
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyMer 19 Déc - 14:13

[Vanessa Carlton - Ordinary Day]
(Je sais plus si je l'ai déjà mise, mais cette chanson est magnifique ^______^)


A bien y réfléchir, Weddmore avait peut être poussé le bouchon un peu loin. Fataliste ... un grand mot pour un fort petit homme. Bourru, plutôt. Oui, bourru, affreusement bourru, d'un confiance extrême en lui et ainsi d'un total renfermement sur soi. Non pas que Charlie Withmore ait les particularités d'un autiste, loin de là, mais on ne pouvait pas vraiment dire que la tolérance faisait partie de son vocabulaire, tout autant que fataliste apparemment. Un mot, certes, un tout petit mot, et qui pourtant semblait le mettre dans tous ces états. Du coup, il ne l'avait pas même laissé finir. Ah, ce Withmore ... Un vrai courant d'air. Parfois aussi agité que des bourrasques, et d'autre fois aussi calme que la mer par noeud zéro. Light ne lui donnait pas tord, mais elle, au moins, on pouvait sentir sa colère avant même qu'elle n'explose. Ce qui donnait un avantage à ses interlocuteurs. Quelle bonté.

Le ton du mercenaire semblait avoir changé du tout au tout. Non seulement il osait maugréer contre ceux de sa profession en parfaitement liberté, mais en plus, il essayait de trouver quelques excuses pour échapper aux questions de la scientifique, qui bien loin de se marcher sur les pieds, étaient sûre que les réponses de celle ci - et que Withmore s'amusait presque à camoufler - allait l'aider pour la mettre sur le chemin du traitement. Qui sait si la guérison serait compliquée par les anciens anti-douleurs que Charlie avait avalé. C'était toujours ça à prendre, aurait palsmodié Georg Roosentag, si il avait été présent. Sauf que lui, il n'aurait jamais hésité à jeter ses cochonneries dans la mer. Or Weddmore les regardait simplement d'un air pensif, pendant que le mercenaire continuait à s'agiter à côté d'elle en parlant d'un type du nom de Zack ou elle ne savait qui ... Elle avait le sentiment que l'homme avait besoin de ça, comme un hypocondriaque a besoin de placebo.

Le manège de Withmore continua un moment. Light l'écouta d'une oreille discrète tandis qu'il s'adossait au rocher avec son légendaire sourire. Elle n'aurait jamais aimé être à sa place. Pour un bonhomme tel que lui, il avait l'air d'en souffrir et même plus que ça. Weddmore observa le mercenaire relever la jambe de son pantalon, et ses yeux noirs rentrèrent un moment en contact avec le métal brillant du métal. Elle dévia la course de son regard, qui alla s'écraser plus bas dans les rochers. Quelle folie avait poussé l'organisme à la mutation ? Et combien de temps encore durerait elle ? Certains savants - un peu dérangé, il faut le dire - avaient avancé que cette organisme était devenu fou. Oui, car il y a des fous qui sont intelligents, lucides, et qui parle de tout avec une immense clarté. Mais soudain leur pensée s'éparpille, touche "l'écueil de leur folie" comme disait Maupassant, "sombre dans cet océan effrayant et furieux, pleins de vagues bondissantes, de brouillards, de bourrasques, qu'on nomme la démence ..."


Le mercenaire, lui, n'arrêtait pas de parler pour autant. Et même, il repartit dans le discours incessant visant à foutre toutes les pensées de la jeune femme en miette, visant à la décréditer à chaque fois qu'il n'y voyait pas son bonheur. La scientifique garda la bouche close, réfléchissant surtout de la manière dont elle allait entrer dans son jeu. Ces jokers à elle, c'était les seringues. Pas les mots. Withmore excellait à cette matière, il réussissait toujours à trouver le bon argument, puis le bon exemple et placer tout cela au bon endroit, au bon moment. Light savait que ça n'était pas vraiment un jeu pour lui, plutôt une sorte d'automatisme. Dans un sens, elle admirait ses paroles. Même si tout sonnait affreusement vide.

Le brusque changement de sujet du mercenaire n'ébranla pas mademoiselle Weddmore. Au contraire, celle ci sourit, presque apaisée que l'homme ait finalement gardé son sens de l'humour habituel, même si un certain froid s'était de nouveau installé.


"Pour le mal dont vous semblez habité ... je ne souhaite pas m'avancer, mais pourquoi pas. Qu'en à votre caractère, je le crois bel et bien enfoncé dans le fatalisme. Un fatalisme navrant."

C'était plus pour l'embêter ou le voir se mettre en colère qu'autre chose. Evidemment, que Charlie Withmore ne se laissait pas mourir en ne tentant foutrement rien, mais dans chaque homme, il y a forcément une part de fatalité. Weddmore, ambitieuse de gagner pour une fois, osa revenir sur le sujet. Elle leva un doigt vers le ciel, et attendit que les yeux du mercenaire fassent de même, patiente, souriante. Là-haut, les étoiles brillaient de milles feux, comme de petites lucioles parfaitement placées sur un fond noir. Chacune d'elle pouvait avoir une signification, un nom, un rôle peut être. Ce dont Light était sûre, c'est que certaines brillaient plus fort, d'autres encore étaient déjà mortes, mais que leurs luminosité éclaireraient cette terre jusqu'à ce que leurs lumières s'éteignent.

"Regardez. Certes vous ne pouvez rien, peut être ne pouvez vous rien pour changer ce qu’elles sont. Mais qui vous a dit ça Charlie ? Votre instinct, une fois de plus ? Un jour, les Hommes modèleront le ciel, car il reste la dernière conquête jusqu’à une prochaine. Mais si les scientifiques d’aujourd’hui étaient fatalistes … si les Hommes, à leur création, auraient pensés ne jamais créer le feu, car ils n’en avaient pas les moyens … Vous seriez encore le dos voûté, à quatre pattes ! "

Cette image aurait pu convenir parfaitement à Charlie Withmore. Une peau de bête sur les épaules, et des mains velus en prime ! Le rire de Weddmore éclata entre les rochers, se répercutant en écho contre ses oreilles. L'espace d'un instant, elle avait oublié ce qu'ils étaient venu faire ici, et même pourquoi le mercenaire l'avait trouvé. Tiens d'ailleurs ... Light fixa de nouveau le grand homme de ses yeux noirs, un petit sourire aux lèvres.

"Vous ne m'avez pas encore expliqué qui est ce Zack. Ni même comment vous avez su que j'étais à Pitcairn."

Elle attendait une réponse. Mais avec Charlie Withmore, on pouvait bien tout attendre et ne rien avoir.
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyLun 24 Déc - 3:32

Charlie Withmore leva les yeux au ciel : il s’était choisi le seul toubib qui philosophait au lieu de commencer à lui disséquer la jambe pour en apprendre plus sur sa maladie. Si Charles n’était pas encore légèrement contrarié par le fantôme de la douleur, il aurait sans doute éclaté de rire, clamant combien « il adorait cette femme ! ». Mais là tout de suite, il avait envie de râler, de grogner comme un ours bougon pris en faute la main dans le bocal de miel. Parce que pour la première fois depuis leur rencontre quelques heures plus tôt, Weddmore venait de mettre Charles devant un fait qu’il n’avait même pas soupçonné. Ou, pour être plus exact, qu’il n’avait jamais imaginé sous cet angle.

Et comme notre ancien mercenaire était aussi changeant qu’une audience télévisuelle, il retint les borborygmes de mauvaise fois qui se rentraient dedans pour remonter le long de sa gorge et sortir respirer l’air du soir et décida d’accorder quelques instants à la théorie de Light. Ouais, bon, il avait tendance à ne pas chercher plus loin que le bout de son nez : ça le faisait loucher et lui donnait mal à la tête. Et puis, il préférait agir et laisser les autres s’en tirer avec les conséquences. En général, il était déjà loin quand elles survenaient. Vrai aussi était le fait qu’il n’avait jamais demandé grand-chose à la vie : de l’action, de belles rencontres, de l’esbroufe et de chouettes gueuletons, rien de plus. Et que le lendemain suffisait généralement à son bonheur. Et oui, il n’avait jamais songé à aller faire un tour sur ces putains d’étoile, tout simplement parce que ces putains d’étoiles ne lui avaient jamais été d’aucune utilité. D’un autre côté, Charles n’avait jamais laissé le destin s’emparer de lui comme la lumière d’un papillon de nuit…

Il toussota pour se racler la gorge, et prit appuis sur les rochers pour se relever. Là, il suréleva sa jambe sur un caillou plus haut et entreprit de la masser, ses doigts effritant le métal mort qui formait de longues croûtes fendant la peau à nu. Tout en se débarrassant de cette belle saloperie, il décida de répondre à Light, agitant vaguement un bras dans son dos pour attirer son attention :

« Vous savez parler, hein doc’ ? Vous avez presque réussi à me faire croire que je n’étais qu’un fataliste, comme vous dites. Et si j’avoue que si vous me permettez de réaliser que j’emprunte l’une de ses variantes, vous vous trompez sur l’essence de mon fatalisme. Je ne me terre pas sous un masque pour éviter de choisir, je ne me terre pas dans un bar pour picoler toute la journée et je ne conduis pas comme un malade sur l’autoroute parce que je pense que mon destin est joué (1) , comme ces indiens fous du volant qui croient dur comme fer à leur truc là, le karma. »

Il jura entre ses dents : un de ses ongles avait méchamment ripé sur le métal.

« Alors oui, je me contrefous royalement de savoir comme marchent les étoiles. Mais si un jour on doit les fouler pour une raison ou pour une autre, comptez sur moi pour être de la partie. Il y a ceux qui se cachent, ceux qui inventent, et ceux qui se servent des inventions. Moi, je suis juste là pour avancer. Je ne cherche pas à comprendre si ça ne m’est pas utile, mais quand ça se présente à moi, je n’ai pas peur, et je choisis mon chemin. »

Il reposa enfin sa jambe à terre, rabaissa sa jambe de pantalons et la brossa consciencieusement avant de lever le nez pour contempler les étoiles, comme la scientifique. Des nuages apparaissaient ici et là, se lovant entre les étoiles comme autant de serpents étouffant la lumière ; la pluie n’allait pas tarder à tomber, on pouvait le sentir dans l’air. Mais avant le déluge, les deux êtres avaient tout le loisir de contempler le ciel aux multiples teintes de nuit tourbillonner au-dessus de leurs têtes immobiles. Ou peut-être était-ce elles qui tournaient alors que le ciel restait immuable, peut-être ces deux personnes faisaient-elles tourner le monde, comme des milliards d’autre autour d’elle…

L’humidité se répandait dans l’air et le bord de mer s’agitait un peu lorsque Charlie tourna la tête pour fixer Light, éclairée par le lampadaire et drapée dans un jeu d’ombre qui lui seyait à merveille :

« Zack ? C’est un ami. Sans doute un des seuls. Il bosse aux affaires mutantes russes ; je le connais depuis qu’on est gosses. C’est lui qui m’a mis sur votre piste, en faisant jouer ses relations. Sa manie, c’est l’information, et il ne savait pourtant pas grand-chose sur vous. C’est le neurologue allemand dont je vous ai parlé –Boltzer, voilà, il s’appelle Botlzer- qui lui a donné votre nom en tant que sommité dans votre domaine. Il paraît même que vous bossez ensemble, ce Boltzer et vous. C’est aussi lui qui a confié les échantillons de médocs à Zack, ceux que j’ai finis il y a peu. »

Withmore renifla l’odeur de la pluie avant même que la première goutte ne se décide à sortir du nuage pour explorer le vaste monde et rencontrer son amie la gravité. La première tomba sur les rochers avec un « ploc » aussi infime que discret, et fut rapidement suivie d’un flot incessant de ses consoeurs. Charlie rit, et offrit son visage à la pluie ; l’ondée était fraîche, mais c’était justement ce dont il avait besoin. Il ne se donna même pas la peine de mettre son manteau et, ses cheveux mouillés lui tombant devant les yeux, il adressa un sourire à Light :

« N’est-ce pas magnifique, doc’ ? Que pouvons-nous y faire ? La pluie tombe qu’on le veuille ou non, et je dois dire que si beaucoup la trouvent déprimante, j’ai beaucoup d’affection pour cette vieille garce. C’est une des choses qui me rappelle que je ne suis qu’humain. »

Par contre, il ne savait pas si la scientifique appréciait d’être littéralement trempée jusqu’aux os ; ses beaux cheveux d’ébène étaient déjà trempés et cascadaient sur ses épaules humides, et Charlie n’avait surtout pas besoin que son toubib attitré attrape un rhume ! Aussi, il s’approcha de la femme et lui passa son manteau autour de ses épaules :

« Z’allez attraper froid, doc’, et le malade, c’est moi ! »
Il ne lui laissa pas le temps de protester, et il ne pouvait empêcher indéfiniment sa galanterie bourrue de se manifester. Et si il se doutait bien que Light ne serait sans doute pas sensible à une telle attitude, et qu’elle risquerait plutôt d’en être agacée, il prit tout de même le risque. Et ne croyez pas qu’il ait une idée mal placée en se montrant vaguement gentleman ; Light devait être la seule femme aussi belle que Charlie ne considérait pas comme un amusement potentiel. Il n’avait pas l’habitude de respecter les gens, surtout les savants, mais il devait avouer que dans ce cas, ça lui plaisait plutôt pas mal… Et être la seule femme qui pouvait lui sauver la vie, ça aide, aussi…



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(1) Non, Charlie faisait ça parce qu'il trouvait ça plus drôle.
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyMar 1 Jan - 17:03

[TRACKLIST : Tryo – Le Petit Chose =)]


Charles Withmore n’avait plus l’air de trouver ça « vachement drôle ». Apparemment blessé dans son amour propre, le mercenaire rattrapait le coup comme il le pouvait. Et quel rattrapage ! Un aveu plus un détournement … Ce type aurait pu lui annoncer qu’il avait été diplomate ou politicien dans une autre vie, Light Weddmore n’aurait pas trouvé cela plus bizarre qu’un chien à puces ou une pantoufle made in China. Il avait le style, l’apparence avec la barbe en plus, la prestance aussi. Le visage aussi. Un beau visage d’hypocrite, aurait signalé Weddmore. Mais c’aurait été une erreur, elle le savait bien. Une soirée, ce n’était pas assez pour connaître le capitaine Withmore, mais trop pour ne pas comprendre son ‘mode de fonctionnement’ ; machine de mot et d’actions qu’il était, un Homme, tout bonnement, un Homme fort étrange que même une diplômée de psychologie (très peu fière d’ce rôle et encore moins douée) ne pouvait fixer sur un caractère précis.

Pour le moment, il n’y avait qu’une chose que craignait Weddmore, c’est une nouvelle colère du mercenaire. Elle l’écoutait avec une attention toute particulière, si différente d’il y avait quelques minutes, même si ses yeux fixaient éperdument la mer noire au dessous des falaises. Il n’y avait que Charlie Withmore pour agiter ainsi les éléments. On aurait dit que les vagues se mouvaient au fur et à mesure des mots tranchants du mercenaire. Oui, tranchants. Si ça n’avait pas été lui, Light les lui aurait renvoyé à la figure comme la vipère crache son venin. Il mettait une distance visible entre eux deux : la scientifique et l’homme d’action. Ou encore la science et la raison. Il fallait du solide à Charles Withmore, quelque chose de réel à se mettre sous la dent, peut être pour ne pas vouloir avoir à comprendre ce qu’une barbante généticienne pouvait bien avoir à lui dire. Oh comme il devait détester lui parler, dans ces cas là ; aussi attachée à son travail qu’un post-it à son bloc, réellement incapable de parler véritablement autre chose – excepté quelques sujets tel les couchers de soleils ou ses paquets de cacahuètes abhorrés et toutes les conneries de colorants qu’on pouvait y mettre dedans. Alors que pouvait bien avoir à dire une scientifique à un mercenaire ?

Et bien, sans mentir, pas mal de chose. A commencer par : comment se porte votre jambe ? Ou encore : et ce Zack alors ? Est il vraiment digne de confiance ? Vu la façon dont Charlie Withmore avait commencé à en parler, très certainement. Ces yeux auraient pu briller dans la nuit, si seulement ceux de Weddmore les avaient fixé. Un ami … Bien que Georg fusse toujours avec elle, Light avait l’impression de ne pas avoir entendu ce mot depuis bien longtemps. Un ami … Un grand mot, oui. Un grand mot, trop grand pour elle. Non, Light Weddmore n’était pas faite pour avoir des amis, tout simplement parce que l’idée de partager une bonne bouffe autour d’un feu de bois et devant un match de foot ne lui venait même pas à l’esprit. Dans le métier, les amis étaient ceux sur qui on pouvait compter en cas de chômage. L’Arobase n’était pas un service public, et ça se voyait. Vous n’êtes pas bon, vous sortez. Par chance, et même si depuis le début, miss Weddmore était plus connue pour ces voyages improvisés que pour ces découvertes, ça n’était pas encore son cas. Elle espérait au moins avoir le temps de plancher sur le cas Withmore avant ce fait.

Withmore. Reparlons-en, tiens. Le mercenaire assis à côté d’elle commençait à éclater de rire, tout simplement à cause de la pluie qui tombait maintenant partout autour d’eux. Les gouttes rencontraient sa robe pour en mouiller le tissu, qui fort heureusement, ne la transformait pas en éponge pour le moment. Le mercenaire semblait prendre son pied. Il se tourna vers Light, qui distingua ses yeux rieurs derrière les mèches de ses cheveux et lui rendit son sourire. Voilà, elle le préférait comme ça ; aussi naturel qu’il se sentait vivant. Elle ne lui répondit pas, du moins pas tout de suite, préférant garder un mercenaire aussi gai qu’il l’était en ce moment. Gâcher aurait été de très mauvais goût. Mais il vint un moment où le capitaine Charles James Withmore redevint celui qu’il avait très certainement toujours été. L’homme venait de faire quelconque commentaire à propos de la pluie qui tombait et, sans même prévenir, il déposa sur la scientifique un manteau presque trempé et qui ne servait presque à rien. Tout de même silencieuse, la jeune femme l’accepta sans broncher, et même jeta un nouveau sourire à son camarade. On voyait que le mercenaire avait l’habitude. A voir comment il gérait, eh oui rien qu’à ça, on pouvait lire un passé haut en couleurs et en formes – et je ne parle pas même des grosseurs. Seulement …


« Charles : debout. »

Light Weddmore se leva et tendit une main au mercenaire pour l’aider à se relever. De toute façon, il ne fallait pas qu’il reste ici, elle non plus ne voulait pas qu’il tombe malade. D’autant plus qu’une grippe est assez embêtante à soigner. La jeune femme avait parlé d’un ton dur, ne laissant aucune négociation. Ses longs cheveux noirs laissaient tomber quelques gouttelettes sur le sol rocailleux, alors que le long manteau noir du mercenaire protégeait ses épaules du vent et de la pluie. Lui, par contre, il devait le sentir. Une légère brise s’était levée, mais mise avec l’averse, elle pouvait vous glacer les membres jusqu’aux os.

« Moi non plus je n’ai pas envie que vous attrapiez froid. Votre morve est très bien là où elle est. »

Elle lui sourit, encore. Son corps se pencha en avant et la jeune femme attrapa une des mains rocailleuses de Charlie Withmore. Et bien, quoi ? Etait ce vraiment bizarre si elle commençait à l’apprécier ? Weddmore se dit que non, car tout le monde devait aimer cet homme. Pour son humour, pour sa bonne humeur, pour ses conneries sans cesse renouvelées et son air de diplomate qui n’en était pas un à la réflexion. Si elle l’avait croisé dans la rue sans lui parler, peut être même que la jeune généticienne se serait retournée. Pourquoi ? Parce qu’une prestance de cet ordre ne s’ignore pas aussi facilement et que, pourtant, son visage semblait crier le contraire. Oui, étrange contradiction que celle de Charlie Withmore. Il souriait mais … il souriait en portant un étrange poids sur les épaules. Peut être celui de sa maladie, qui sait. Seulement, ce dont Light était sûre, c’était que cette étrange raison lui faisait perdre son sourire.

Et comme l’avait si justement dit auparavant le mercenaire : elle ne le supporterait pas.
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyJeu 3 Jan - 22:08

La frêle main froide de la scientifique dans la sienne, large et chaude, le mercenaire accepta de se lever à nouveau, amusé par le contact ; elle semblait si fragile, là, dans sa poigne… Et pourtant, Light Weddmore n’était pas femme à donner impression de fragilité ! Ce n’était pas une de ces filles en porcelaine où si tu leur souffles dessus, elles se mettent à pleurer, non ; il en fallait sans aucun doute bien plus pour faire pleurer cette femme. Ou, du moins, pour que les larmes soient extérieures : qui pouvait prétendre connaître les émotions qui se déchaînaient en elle ? Charlie avait bien quelques idées sur la question, mais il jugeait plus prudent de ne pas les mettre en avant ; Light ne semblait pas apprécier qu’on jette la lumière sur ses troubles les plus profonds. Mais nul doute que la Weddmore qui se débattait derrière la façade de glace était bien plus tourmentée qu’elle ne le laissait paraître…

Des mèches de cheveux noirs devant les yeux, la pluie dégoulinant le long de son menton mal rasé et sa chemise trempée, Withmore aurait eu de quoi filer les chocottes à n’importe quel touriste égaré sur les rochers de Pitcairin. Quant à Light, avec ses cheveux à elle gorgés de ciel et le manteau plus qu’humide du mercenaire sur le dos, elle avait l’apparence d’un spectre à la peau pâle qui se baladait aux bras d’un démon au sourire éclatant. Décidemment, ces deux là formaient un couple à part ; c’est ce que se serait dit n’importe quel passant avant de prendre ses jambes à son coup, au cas où (1).

Charles était peut-être trempe des pieds à la tête, mais il était plutôt content ; déjà, la pluie c’était chouette, et il était surtout ravi de voir le doc’ s’animer de plus en plus au fil de la soirée. Elle ne devait pas sourire souvent pour de vrai, et encore moins rire ! Il est vrai qu’en général, Charlie aurait depuis longtemps tenté une approche, mais si Light était effectivement une femme très séduisante, elle n’était pas une fille « en général ». Elle avait quelque chose de plus, quelque chose que Charlie ne voulait pas perdre en faisant l’imbécile. En fait, il commençait réellement à apprécier la scientifique, qu’elle le veuille ou non, et il n’était pas homme à se jeter sur les personnes qu’il estimait ; personnes fort peu nombreuses d’ailleurs. Le capitaine était le premier à vanter son côté animal, mais comme il aimait à le dire, le reconnaître signifiait le maîtriser ; et il était fort agréable de passer du temps auprès de quelqu’un sans arrières pensées. On discute, on se marre, on s’insulte ; et si tout va bien, elle allait même pouvoir le soigner ! Non, franchement, Charles Withmore avait la sensation d’avoir trouvé une personne fort semblable à lui, ce qui devait agacer Light au plus haut point.

« C’est touchant, doc’ ! Si si, j’vous assure ! Mais vous inquiétez pas : j’ai des mouchoirs au cas où… Ah merde, ils sont trempés ! »

Evidemment, tiens, c’était logique ! Charlie avait sorti d’une poche un paquet inerte d’où il sortit une bouillie de mouchoirs en papier qu’il agita piteusement dans le vide avant de les balancer dans une des poubelles qui bordait la promenade ; c’est qu’il n’était pas un sagouin, du moins pas avec un bel endroit comme celui-ci ! Cela dit, elle avait raison, Weddmore ; il était peut-être résistant, et s’il n’était pratiquement jamais tombé malade jusqu’à cette saloperie génétique, il n’allait pas tenter le diable avec un rhum… Et puis, avoir le nez rouge ne rendrait certainement pas justice à son charme ! Aussi, il offrit son bras à Light –mi-moqueur mi-gentleman- pour qu’ils descendent des rochers :

« Bon, ben j’imagine qu’on va devoir aller se mettre au sec alors ! »


Il attira Light à ses côtés pour rejoindre le pavé du trottoir et la lâcha ensuite, peu désireux de s’attirer ses foudres en poussant trop loin la plaisanterie. Tandis qu’ils cheminaient d’un pas vif sous la pluie battante qui donnait aux luminaires de la rue un halo fantomatique, le mercenaire leva le nez vers le ciel, l’eau s’écrasant à grosses gouttes sur son visage offert :

« Z’avez vu, doc’ ? On voit plus les étoiles, avec ce temps… C’est fou comme un nuage peut cacher la lumière ! »

En disant ça, il repensait aux nuages qui dansaient dans les yeux de son interlocutrice lorsqu’il l’avait rencontrée plus tôt dans la journée, et lors du repas avec cet empaffé de Wellington ; nuages qui avaient progressivement disparu pour ne plus laisser qu’une légère trace à peine plus diffuse qu’un souvenir dont on ne pouvait pas se séparer… Et les yeux de Light Weddmore qui commençaient enfin à briller, à s’animer pour de bon, c’était un spectacle dont Charlie était très fier d’être le spectateur ! Riant à moitié sans faire attention à l’air sans doute étonné -ou résigné ?- de la généticienne, il continua de marcher à grand pas, ses larges pieds faisant floc-floc dans les flaques.

Puis, tandis qu’ils regagnaient le centre de Pitcairin (cela dit, ils n’avaient pas eu besoin de marcher longtemps), Charlie réalisa soudain qu’il avait négligé un détail en se précipitant sur cette île pour rencontrer celle qui allait peut-être lui sauver la vie qu’il lui restait :

« Euh… Doc’, je viens de penser à quelque chose… J’ai complètement oublié de prendre une chambre, en me pointant ici… Vous croyez qu’il leur reste une chambre, à c’t’heure ? »

Un seul hôtel à Pitcairin, évidemment… Ah ça, quand on était un impulsif !



______________________________




(1) Sauf Albert Smith, qui aurait sûrement engagé la conversation dans l’espoir de se faire de nouveaux amis, et peut-être même de leur vendre quelque chose. D’ailleurs, Albert profitait aussi d’une balade nocturne, ayant décidé que le souper au « Green Cat » lui avait causé assez d’émotions fortes pour son séjour. Visiblement, la grosse vague qui l’éclaboussa de plein fouet tandis qu’il se penchait au-dessus de la mer pour mieux voir n’était pas d’accord.


Dernière édition par le Mer 9 Jan - 14:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyMer 9 Jan - 14:15

Cette main aurait pu lui briser les doigts si seulement les intentions de son propriétaire étaient mauvaises. Oui, ses mains rugueuses n’auraient eu qu’un geste à faire, souple et cassant, un geste pour lui briser un à un les cartilages de ses longs doigts fins de scientifique. Pourtant, Light Weddmore tira sur cette main et en releva la suite, c'est-à-dire le corps trempé d’un mercenaire à la barbe aussi mouillé que ses cheveux. Il avait un air morbide que la jeune femme remarqua avec un sourire, le genre de tête qui lui allait à merveille. Un peu sombre, un peu mystérieux. Non, finalement, Charlie Withmore n’avait pas besoin de cela. Etre lui-même suffisait, largement. Son sourire ne s’éteignit pas non plus lorsqu’elle lui fit un commentaire déplacé sur la morve qui risquait de couler de ses larges narines s’il tombait par hasard malade. Mais de quoi aurait elle pu avoir peur ? Ne pas oublier que Withmore n’était pas vraiment homme à s’énerver aussi facilement…

Le mercenaire joua un moment avec les mouchoirs avant de lui offrir gentiment son bras. Weddmore avait parfaitement saisit le fonctionnement du ténébreux homme grâce à Anna. D’abord, Charlie adorait draguer. Ca se voyait immédiatement sur son visage, il mettait un masque de sourire à chaque nouvelle femelle qui gambadait près de lui. Et puis, ses attitudes étaient celle des animaux. Autant dire qu’il devait tout faire pour profiter d’un maximum de femme ; même si pas la peine d’être un gorille velu pour cela. Seulement, le bras lui était offert en toute humilité et sans véritable arrière-pensée, du moins Light le prit elle comme cela, et HEUREUSEMENT pour Withmore. Aussi, sourire en coin et œil rieur, la jeune femme attrapa ce bras tandis que le mercenaire repartait dans de nouvelles remarques pleines de suspense et d’intelligente. Elle se contenta d’acquiescer et le suivit en silence le long des rues de Pitcairn.

Le trajet ne fut pas si long, comme c’était à prévoir. Mademoiselle Weddmore fixait la route droit devant elle, comme elle avait toujours eu l’habitude de faire, typique des personnes qui font du passé un truc malsain et horripilant. Son interlocuteur, qui l’avait alors lâché, juste à côté d’elle, contempla les étoiles en offrant son visage à la pluie avant de commenter les nuages et les étoiles avec une pensée presque gamine. Mais bizarrement, ses paroles frappèrent Weddmore. « … C’est fou comme un nuage peut cacher la lumière ! » Light se sentit anormalement visée. Elle tourna son visage vers Withmore, mais bien évidemment, celui-ci fixait le ciel de ses grands yeux noirs sans vouloir la regarder. La jeune généticienne en fit de même, ignorant totalement son camarade avec un air boudeur qu’on lui connaissait rarement. Et bien quoi, oui, les nuages cachaient les étoiles, et alors ? Cette question silencieuse ne résolut rien, mais une autre – pertinente, et posé par le principal intéressé – en réveilla pas mal d’autre.

C’est vrai ça … Restait il des chambres ? Avec tous ces scientifiques, c’était à prévoir que non. Oh pitié qu’il reste une chambre ! Si Weddmore foutait le mercenaire à la porte, Roosentag allait lui en vouloir à mort quand elle lui raconterait sa soirée d’hier – car il était à peu près sur que l’assistant ferait des siennes à ce sujet. A croire que ça devenait une habitude pour elle de partager son "dortoir" avec un homme ... (CF Errance en pays Froggies) Bon, pour l'instant, mieux valait rester positive et souriante. Mais un sourire plus hypocrite cette fois ci.


"Mhm ... j'imagine que oui. Peut être celle qui est sous l'escalier."

Allez savoir comment, mais l'humeur de Weddmore avait le don et le sadisme d'apparaître aussi vite que la pluie ou le soleil, et de disparaître comme une étoile en plein brouillard. La généticienne marchait d'un bon pas près du mercenaire qui, lui, semblait presque courir. Il valait mieux qu'il rentre vite de toute façon, ce manteau n'était pas très confortable et la pluie perturbait ses sourires.

Le hall d'entrée de l'hôtel leur sourit de nouveau. Light remarqua les différents imperméables accrochés au portemanteau prévu à cet effet et en déduisit rapidement que tous les scientifiques étaient correctement rentrés à leurs chambres. Tous ? Non, il en restait à vrai dire un sur le canapé du petit salon qui, bouteille à la main, hurlait quelques chants paillards vulgaires et horribles pour les oreilles. Weddmore se contenta d'un coup d'oeil et aperçut alors le gosse qui se tenait gentiment à table avec eux deux heures auparavant. Apparemment, la nature avait eu bien vite fait de reprendre ses droits. Sans commentaire, la jeune femme se présenta au comptoir et cracha (oui, c'est le mot) quelques paroles dénuées de gentillesse et de bonté à un réceptionniste qui finissait certainement son septième verre. La jeune femme dut d'ailleurs répéter sa question.


"Reste il des chambres, oui ou non ?!"

L'homme fit non de la tête et alla rejoindre son camarade sur le podium des chanteurs paillards du coin. Weddmore secoua lentement la tête et se tourna enfin vers Withmore qu'elle gratifia d'un regard noir voulant signifier : "C'est encore de votre faute !" Oh oui, elle resterait convaincue qu'il lui avait gâché sa soirée de toute façon. Non sans une certaine envie de laisser ce foutu mercenaire en bas, la généticienne invita l'homme à monter jusque dans la chambre qu'elle partageait avec Roosentag, non sans un "vous connaissez le chemin" plutôt arrogant. Light sortit les clés de sa poche et ouvrit tranquillement la porte qui s'ouvrit sur le même salon que la dernière fois, mais cette fois ci plongé dans l'obscurité la plus totale. Elle repéra Georg sur le canapé, qui bavait en ronflant, lui aussi avec un verre à la main. Il devait en avoir renversé sur lui, car sa chemise trop grande était mouillée en plus grande partie.

Weddmore avança vers son assistant et lui prit le verre qu'elle posa sur le rebord de la petite table. Derrière elle, Charlie refermait la porte, aussi, elle ne se soucia pas de lui. La jeune femme alla juste chercher une couverture dans la chambre où elle devait normalement dormir et la déposa sur Roosentag. Ceci fait, elle resta un moment à le regarder dormir, un court instant pour qu'il s'écoule quelques secondes. Et enfin, elle fit signe à Charlie Withmore d'aller la rejoindre sur le balcon. Balcon. Bon, pas vraiment ; il s’agissait juste d’un bout de bâtiment qui sortait de la structure de l’immeuble, assez pur sortir sa frimousse, pas évident d’y mettre le corps entier. Aussi, Weddmore fut brève et concise.


"Roosentag dors, ne le réveillez pas sinon je vous tue. Il y a un lit deux places séparables dans la chambre d’à côté, je vais aller le séparer en deux, mettre une partie à l’autre bout de la pièce et chacun dans son coin. Compris ?"

Elle l’observa et sourit.

"Allez vous sécher dans la salle de bain."
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyVen 11 Jan - 19:26

Avant même qu’il ne puisse dire quoique ce soit d’autres, Charlie se retrouvait à nouveau dans la chambre de Light Weddmore, en compagnie d’une scientifique que ça mettait visiblement de mauvaise humeur. Force fut de reconnaître au mercenaire qu’il avait été plutôt maladroit en formulant ainsi son problème de chambre : il ne l’avait pas fait pour s’inviter chez Light, mais simplement parce que c’était une réalité. En ce qui le concernait, il aurait très bien pu dormir dans le hall –défiant quiconque du personnel de l’en dissuader- ou cherché où logeait son ami Alrick. Il l’aurait sans nul doute accueilli, et ça aurait même permis au capitaine de revoir Richard.

D’un autre côté, comment ne pas s’amuser de la situation dans laquelle Light s’était plus ou moins fourrée elle-même ? C’est vrai, elle avait bien vu les relations amicales qu’entretenaient Withmore et Twain, et était bien plus qu’assez intelligente pour arriver à pareille solution. Ou peut-être était-elle trop intelligente ; à force de réfléchir en grand, on ne voyait plus les détails… Si ça se trouve, elle voulait inconsciemment garder son nouveau sujet d’études près d’elle, qui sait ?

Du coup, et comme il avait envie de se sécher la moindre, Withmore accepta l’invitation avec un sourire contenu, qui s’élargit d’autant plus dans le dos du savant lorsqu’elle lui intima de ne pas perturber le sommeil de Roosentag, béatement affalé sur le canapé. Si elle semblait réellement attachée à son assistant, Charlie n’aurait pu dire si elle le menaçait parce qu’elle voulait protéger le confort de Georg en le laissant dormir en le sien propre en l’empêchant de lui tourner autour en lui posant plein de questions.

Apposant un doigt sur ses lèvres, hilare, en signe d’acquiescement, le mercenaire se dirigea dans la salle de bains, récupérant son manteau au passage. Là, il mit ce dernier égoutter dans la baignoire avant d’ôter sa chemise détrempée qui suivit le même chemin. Bâillant à s’en décrocher les mâchoires (au moins il ne souriait plus), il convint que ça avait été mine de rien une grosse journée : entre le voyage, l’attente, la rencontre avec Light, le dîner, la crise et la balade, il avait eu de quoi faire. Et les changements d’humeur du docteur Weddmore étaient en un sens plus épuisants qu’une fusillade en pleine guérilla urbaine. Et les deux se rejoignaient sur un point : on ne savait jamais où elles allaient tirer.

Fatigué, donc, notre mercenaire s’étudia un moment dans la glace, observant son torse solide et ses épaules carrées, tous deux recouverts ici et là d’une vieille cicatrice. Mais en général, il était plus que bien conservé, et le notait avec plaisir. Si ce n’étaient les traces qui saillaient à plusieurs endroits sur ses pectoraux, comme des blessures qui au lieu de laisser la chair à vif révélaient du métal froid et tordu, comme autant de croûtes artificielles. Décidemment, ça n’allait pas fort…

Pensif, ses larges mains appuyées sur le lavabo, l’esprit de l’homme était tourné vers un de ces moments où on se demande ce qu’on fout dans la salle de bain d’une chambre hôtel qui n’est pas la sienne, au beau milieu de la nuit. D’ordinaire, c’était tout à fait là le genre de situation qui aurait émoustillé notre mercenaire, mais il n’avait pas le cœur à ça. Principalement parce qu’il n’était pas certain d’en avoir un en état de marche encore longtemps, de cœur.

Et pour un homme qui avait bâti sa vie sur un puits de certitudes –il savait qui il était- le sentir s’écrouler sous ses pieds pour révéler un abîme jusque là insoupçonné n’était pas chose facile. L’espace d’un instant, il se demandait si c’était le genre de sensations qu’éprouvait Light Weddmore quand ses yeux se durcissaient et que son humeur changeait, comme pour se préserver d’un accès trop long d’humanité.

*Attends une minute, mon vieux ; c’pas ton genre de te planter devant un miroir, à réfléchir sur ta putain de vie ! Tu devrais être en train de rigoler à gorge déployée, à défier tous les dangers !*

Mouais. Sauf qu’il y avait des dangers qu’il ne pouvait pas affronter comme il l’avait toujours fait. Et se donner des coups de poing dans la tête n’arrangerait certainement pas les choses. Charlie connaissait la peur ; avoir appris à contrôler sa partie animale lui avait aussi montré que la peur était nécessaire. Seulement, et ce pour la première fois, il était confronté à une crainte qu’il ne pouvait étouffer par de la bravade ou quelques coups d’éclat réussis. Il se sentait comme un gosse, un gosse seul ; et ça n’avait rien à voir avec son enfance dans l’orphelinat de Moscou… Il repensa aux questions de Light sur son passé, sur sa vie, et se demanda si il n’était pas finalement moins blindé qu’il le croyait.

Bah ! Balayant ces idées saugrenues d’un large geste de la main dans le vide, il s’ébroua et attrapa une serviette propre et entreprit de se sécher avec entrain. Il se sentirait mieux une fois sec, arrêterait de dégouliner sur la moquette, et il sentait son entrain légendaire revenir. Il le fallait. Entreposant le linge humide sur la baignoire aux côtés de son manteau et de sa chemise, il se dit qu’il serait peut-être temps d’emporter de quoi se changer lorsqu’il partait sur un coup de tête. Il aurait pu fouiller dans les affaires de Roosentag, mais elles étaient sans aucun doute trop petites pour lui, et il se voyait mal demander une chemise de nuit à Weddmore… Assis sur le rebord de la baignoire, il considéra un moment la salle de bain et se fendit d’un large sourire : ça, ça pourrait peut-être faire l’affaire…

* * *


George Roosentag ouvrit un œil comateux, un filet de bave dénonçant le sommeil du juste au coin des lèvres, et décida qu’il devait être en train de rêver : un géant à la chevelure ébouriffée par un séchage intensif qui se déplaçait dans la chambre d’hôtel avec un peignoir de l’établissement noué autour de la taille en tant que pyjama, ça ne pouvait assurément pas être réel. Nan, c’était décidé, Georg ne prendrait plus jamais de sauce avec les crevettes…

Raide au milieu de la pièce, Withmore ne se permit de bouger que lorsque l’assistant se rendormit en sursaut. Il ne voulait pas mettre son nouveau médecin en colère en traumatisant son assistant. Et puis, il aimait bien le p’tit gars ; même les tigres pouvaient s’attacher aux chatons. Ne vous attendez pas non plus à la traditionnelle scène où le bourru au cœur d’or remonte la couverture sur les épaules du maigrelet sympathique afin qu’il ne prenne pas froid. Même l’impératif narratif à ses limites, et Charlie une réputation ! Cela dit, il se saisit de la chemise que Georg avait Sali lors du dîner, la première, et s’en servit pour recouvrir les pieds de Georg. Tout de même, il ne voulait pas faire sonner les cloches parce que l’assistant de madame aurait pris froid aux pieds pendant la nuit pour se réveiller avec un rhume.

Il pénétra dans la petite chambre à coucher, et se demanda où Light avait bien pu passer. Haussant les épaules, il entreprit de séparer le lit en deux et poussa sa moitié contre le mur opposé à celle de la scientifique. Qu’elle ne vienne pas lui dire qu’il ne se pliait pas à ses exigences ! Bâillant tel le fauve, il s’étendit sur le dos, bras croisé derrière la tête. Torse nu, il avait donc bien choisi en guise de pyjama un des peignoirs que tout hôtel respectable laissait à disposition. Il était bien évidemment trop petit pour qu’il le mette sur le dos, aussi l’avait-il noué en une sorte de pagne-éponge qui lui arrivait jusqu’à mi-cuisse, et restait torse-nu. Comme ça, on ne le traiterait pas d’indécent, et il ne serait pas obligé de dormir dans un pantalon encore humide.

Il n’y avait guère de bruit dans la chambre, et pas plus depuis la rue ; Pitcairn n’était déjà pas très animée en pleine journée, alors à une heure aussi tardive… Seuls se percevaient, à travers les étages et les murs, les voix lointaines et égrillardes des bourrés du hall, visiblement en plein forme. Indifférent à ce très léger bruit de fond, et pensant que Light avait dû rejoindre la salle de bain après qu’il l’eut libérée.

Contemplant le plafond d’un air distrait, il espérait qu’il ne mettrait pas de métal partout dans les draps –ça ferait désordre- et se demandait s’il devait attendre le savant avant de s’endormir. Non pas qu’il ait besoin d’être bordé ou qu’on lui raconte une histoire (quoique le tableau aurait été amusant…), mais avec les toubibs et les scientifiques, on ne savait jamais à quoi s’en tenir. Il ne voulait pas qu’elle lui tombe dessus le lendemain matin parce qu’il n’avait pas jeûné au p’tit déj’ pour telle ou telle piqûre ou dieu sait quoi d’autre. De plus, il était curieux de voir comment dormait une personne comme Light Weddmore ; viendrait-elle se coucher d’une combinaison de ski blindée ? Et ne voyez rien de pervers à ces questions que se posent l’ami Charlie ; il se demandait simplement jusqu’à quel point Weddmore ne pouvait pas faire les choses tout le monde.

Fatigué, il bâilla bruyamment pour la énième fois, repoussa son drap –il faisait bien trop chaud pour s’encombrer de trente-six couvertures- et décida enfin de fermer les yeux, quelques instants sans avant que Light ne vienne à son tour dans la chambre pour se mettre au lit.

« Bonne nuit doc’ ! »
lança-t-il sans encore rouvrir les yeux. « Une dernière recommandation avant le repos du malade ? »
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyLun 14 Jan - 10:53

Un mercenaire. Dans sa chambre. Cool, auraient dit la plupart des gens, ça va être sympas, il va faire une petite démonstration pour payer la nuit ! A ceux là, regardez seulement dans quel état il mettait Light Weddmore. Sa principale préoccupation, pour le moment, c'était de ne pas réveiller Georg Roosentag, son assistant. Et il y avait quelques raisons simplement à cela. La première : la présence de Charlie Withmore pourrait l'étonner et il commencerait à se poser des questions. Par exemple quand à l'exercice de ses fonctions, qui n'étaient sûrement pas celle d'un gynécologue, au cas où certains se seraient laissé embarquer dans quelques préjugés. Or, Weddmore ne doutait pas qu'il était vital pour Roosentag d'ignorer même jusqu'au barbier du mercenaire pour éviter de le mettre en danger. Elle n'avait jamais vraiment vu le CV pour obtenir un poste dans une telle profession, mais la jeune femme n'avait pas envie de savoir. Deuxièmement : en plus de se poser des questions, Georg pourrait somme toute rapidement envisager les rapports Withmore-Weddmore. Un type bizarre qui se balade avec des couteaux et un médecin (pardon, généticienne). Il était peut être gaffeur et tout ce qui va avec, mais pas idiot jusqu'à ne pas trouver la réponse sous les yeux. Dommage, hein ?

Certes, toutes ses raisons expliquaient l'attention de Weddmore qu'en au sommeil de son assistant mais elles ne pouvaient malheureusement pas démontrer pourquoi la jeune femme avait accepter d'accueillir Withmore dans sa chambre sans chercher une autre solution. Il y avait Alrik Twain par exemple, un apparemment ami du mercenaire et qui ne l'avait pas vraiment caché durant le dîner ... Et bien Weddmore l'ignorait. Peut être voulait elle garder près d'elle son sujet d'étude, jouer et docteur et tout le bazar - même si assurément, vous aurez compris que Light Weddmore n'était pas prompt à ces amusements là - ; ou bien encore peut être avait elle omis de penser à Twain. Mais ne prenons pas les choses dans cet ordre là. La demande de Withmore faite, c'est un peu comme si la généticienne avait été prise dans le vif de l'action : que faire ? Le laisser là ? Un peu débordée, il faut dire qu'il était tard et que cette journée avait été épuisante à souhait, la jeune femme avait quelque peu agit rapidement, ce qui lui valait toujours des résultats effroyables et ceci sur n'importe quel sujet. Twain, elle ne l'avait envisagé qu'en regardant Withmore passer devant Roosentag pour se rendre dans la salle de bain. Oui, ne vous inquiéter pas, elle s'en est maudite tout bas.

Passant une main dans ses cheveux noirs mouillés, l'autre posé sur les lèvres, la jeune femme réfléchit. A quelle heure était leur bâteau demain ? Fronçant les sourcils, Light traversa la chambre qu'elle allait partager avec le mercenaire jusqu'au petit salon où Roosentag était étendus, tel un hamac le long d'une plage qu'on aurait arrosé car un mince filet de bave coulait de ses lèvres. Heureusement que son assistant avait toujours eu un sommeil de plomb, car la jeune femme fit tomber quelques valises mal posées avant de pouvoir saisir fièrement leur billet d'avion. 5h30. Aïe. Weddmore chercha son réveil, accroupit derrière le canapé qui accueillait Georg et donc caché d'un Charlie qui passa devant elle en pagne. Sur le coup, Light ne le remarqua pas. Cependant, elle vit la salle de bain vide et posa les billets sur la petite table pour ensuite s'y diriger.

La pièce était dans le même état que quand elle l'avait laissé : en désordre. Il y avait des affaires (celle de Roosentag) posées un peu partout, des slips désodorisants (à votre avis ?) accroché à des poignées de tiroir et de lavabo. L'Islandaise soupira. Les Hommes et leur manie d'accrocher tout partout, histoire de dire qu'on les rangera plus tard sans en avoir ensuite la force. Georg était un exemple parmi tant d'autre, mais ... Tiens, qu'est ce qu'elle disait ? Déposées à même la baignoire, c'est à dire à moitié dans la flotte car cette dernière n'avait pas eu le temps de sécher depuis le dernier bain de Georg, les affaires de Withmore gisaient là ; peut être soigneusement posées, mais soigneusement mouillées aussi. Nouveau soupir. Rien à faire, il payerait aussi le service. Light attrapa son grand manteau de noir de mercenaire, qui lui conférait un style tellement plus "cool" (<__< c'est dit en toute ironie XD), sa chemise trois fois plus grande que celle de Roosentag et son pantalon qui... son pantalon... son pantalon ?! Ah bah oui écoutez, un pantalon de mercenaire qui aurait pu abriter une compagnie de blaireau se trouvait là, avec le reste. Weddmore se força à ne pas imaginer dans quelle tenue était Withmore. Elle accrocha le tout sur un cintre et les suspendit au dessus d'un radiateur chauffer à bloc. Au moins, tout serait sec pour demain matin.

La jeune femme referma la porte de la salle de bain derrière elle. Georg Roosentag n'avait pas changé de place et c'était tant mieux. La scientifique eut juste le temps de remarquer qu'il y avait à présent une chemise sur les pieds de son assistant avant de se préoccuper de Withmore. Quand la généticienne entra de nouveau dans la chambre, elle était vêtue d'une simple chemise de nuit, dont il n'y avait rien à dire. Rien à dire, j'ai dit. Rien à dire, merde ! Bon, peut être un peu : aussi noire que sa chevelure, elle tombait magnifiquement bien sur les hanches affinées de la jeune femme, même si il n'y avait pas de quoi s'emballer. Simplement, son aspect spectral de tout à l'heure ressortait peut être encore plus cette fois ci.


« Bonne nuit doc’ ! Une dernière recommandation avant le repos du malade ? »

Light Weddmore resta pour le moment silencieuse, avançant pieds nus sur les parquets de la chambrée. Ah, Withmore ... De grands moments d'anthologies, si anthologiques qu'elle se souviendrait sûrement toujours de cette rencontre. Peu de gens pouvaient d'ailleurs s'en vanter, ou alors pour de mauvaises raisons. Il y avait bien Lorrington pour sa ténacité et ses propos étranges, Wellington pour son arrogance et ses espoirs vains, Anna car elle était malheureusement sa mère, et enfin, en dernier de classement : Charles James Withmore. Pour quoi ? Pour sa classe, son humour et sa sale manie de sourire comme la joconde. Quoi qu'il en soit, le mercenaire restait une personne totalement énigmatique pour elle.

Se glissant dans les draps, Weddmore ramena le tissu blanc sur elle et regarda dans la direction de son camarade du soir. Les yeux déjà fermés, avec toujours ce sale sourire sur le visage, il avait lui aussi rabattu sa couverture sur lui et fort heureusement. Elle avait déjà abandonné l'idée de lui demander ce qu'il portait à la place de son pantalon. Levant un sourcil, la généticienne lui glissa enfin quelques mots avant de poser sa tête sur l'oreiller.


"Et bien : évitez de ronfler, de mettre vos pieds à l'air ou tout autre chose, et pour finir ne bougez pas de votre place. J'ai toujours un oeil ouvert. "

Sur ce, Light s'enroula dans les couvertures et ne bougea plus. Tout de même, au bout d'une minute, elle s'appuya sur un bras pour se relever et fixa Charlie Withmore de ses yeux gris dont on aurait pu saisir toute l'intensité, même plongé dans le noir :

"Ah et bonne nuit Charlie."

C'était une des rares fois où elle l'appelait par son prénom, disons donc qu'elle était bonne à prendre. Sans s'attendre à une réponse, Light ferma et les yeux et entreprit de s'enfoncer dans le sommeil le plus profond possible, car elle était malheureusement sûre que Withmore était une personne qui respirait fort pendant la nuit.

Le bruit des chants paillards qui s'élevait du hall la berça.



* * *


"Light. Light !"

La jeune femme ouvrit les yeux, intrigué d'être réveillé à une telle heure. La frimousse de Georg Roosentag la réveilla totalement tandis que l’assistant secouait son épaule d’un air suppliant.

« Allez ! Viens ! On va être en retard ! »

Il murmurait à moitié, si bien que Weddmore lui jeta interrogatif. Le jeune homme le lui rendit avant de désigner Charlie Withmore dans un coin de la pièce. C’est vrai, elle l’avait totalement oublié celui là. Parfaitement réveillée à présent, la généticienne se leva pour aller consulter le réveil qu’elle avait laissé dans la chambre d’à côté hier soir. 5h. Oups. La scientifique désigna brutalement l’objet à Roosentag qui haussa les épaules. Oui, il fallait faire vite. D’ailleurs, l’assistant lui montra qu’il n’avait pas chaumé en désignant les valises correctement rangés dans un coin de la pièce et les affaires de Withmore posé sur le canapé qu’il occupait la veille. Light lui fit un clin d’œil, ce qui accrocha un large sourire à Roosentag, lequel entreprit de descendre les valises, tandis que sa camarade allait se changer dans la salle de bain.

Revenue et parfaitement habillée cette fois ci, la généticienne revint dans la chambre et s’approcha d’un Charlie Withmore qui dormait pour ainsi dire comme un bébé. Son visage reposé la fit sourire, c’est un peu comme s’il avait enfin lâché ce masque d’indifférence ou de bien être alors qu’il n’en était rien. Light sortit un papier de sa poche et y griffonna quelques mots, juste avant que Georg ne l’appelle d’en bas. La jeune femme dévala les escaliers et rejoint son ami dans le hall.


Citation :
Quelques recommandations :
- évitez de forcer sur la bière et les clopes, je n’ai pas envie d’un alcoolo comme patient.
- Si vous avez un problème, joignez moi l’Arobase.
- Ne faites pas trop d’effort.

Et pour finir, je dirai que je vous laisse le plaisir de payer la note d’hôtel.
Bonne journée.

Light

[HRP : je crois que c'était le dernier message pour moi TT______TT Merci pour ce topic Capitaine, magique à souhait ! ^_^ Puisse t'il y en avoir beaucoup d'autres ! Wink]
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MessageSujet: Re: Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV]   Quand deux esprits se rencontrent [Pitcairn] [PV] - Page 2 EmptyMer 16 Jan - 23:41

Il va sans dire que Charles Withmore ne put s'empêcher d'ouvrir à demi les yeux pour contempler Light Weddmore tandis qu'elle se mettait au lit à son tour. Et force fut pour le mercenaire de reconnaître...que c'était exactement ce qu'il avait imaginé. Light était magnifique dans sa chemise de nuit noire, simple et pratique, qui soulignait encore plus son côté diaphane. D'un autre côté, vous imagineriez notre Light en bustier de soie rose, en vieux pyjama élimé ou en déshabillé sexy et provocant ceint de dentelles? Non, évidemment! Et même si je suis sûr que certains d'entre vous le voudraient, je vous le déconseille si vous tenez à vos vies, mécréants!

Pour en revenir à Withmore, il appréciait d'autant plus le spectacle qu'il ne le convoitait pas. Il constatait simplement à quel point la généticienne restait elle-même, fragile et redoutable même en chemise de nuit dans un hôtel perdu d'Océanie. Quand on avait de l'applomb, on le gardait quoiqu'il arrive.

Il se tourna sur le côté aux dires de Light, lui adressa un dernier clin d'oeil et se retourna sur le dos, mains derrière la têtes et yeux fermés, large sourire sur son visage mal rasé:

"Z'inquiétez pas doc'! Mes pieds resteront au chaud, et je crois pas qu'je ronfle. Cela dit, il m'arrive parfois de chanter quand j'dors."

Il laissa ses muscles se détendre, fatigué, et étouffa un dernier bâillement avant de souffler, plus doux:

"Bonne nuit à vous, Light. Merci d'être le doc', doc'."

Puis il s'endormit comme une masse.

* * *


Non mais pour qui elle se prenait? Cela devait faire quinze fois que Withmore criait cette phrase à lui-même tandis qu'il tourniquait dans la chambre d'hôtel vide. Partir comme ça, et on appelle ça un docteur?

Et puis il était tombé sur le mot, et avait éclaté de rire. Sacré Weddmore! Elle lui laissait des platitudes, et pourtant il sentait derrière les mots griffonnés tout le poids de la volonté de la femme. Et c'était une sacrée volonté, assurément! Quant à la note, Zack serait un peu surpris de voir à quoi il avait dépensé l'argent qu'il luu avait fourni pour le voyage, il grincerait des dents et finirait par aller ruminer dans un coin. Tout marchait comme sur des roulettes, comme toujourts!

Le mercenaire s'était habillé, enfilant ses habits enfin secs et avait profité des trois petits-déjeuners copieux que l'hôtel avait fait livrer, croyant que Light et Georg étaient toujours présents. Ce dont Charles ne s'était pas plaint: il avait plutôt faim, le matin!

Il retint une grimace, sa jambe lui faisait mal ce matin; mais il ne s'inquiétait plus autant. Même si elle avait autant envie de l'étrangler que de rire à ses paroles, Light ne le laisserait pas tomber. Il le savait, d'instinct.

Si on éui avait dit qu'une telle rencontre aurait lieu sur cette île paumée... Levant les yeux au plafond, il se renversa sur une chaise et se servit un grand verre de jus d'orange. Il allait être temps de retourner dans les souterrains du M.I.L. Quant à Light, il savait qu'ils se recroiseraient; elle avait intérêt, rien que pour l'empêcher de venir la hanter jusqu'à la fin de ses jours.

Pas de clopes et pas d'alcool hein? Pas trop d'effors, non plus... Il fallait être un gentil garçon, en attendant que le doc' trouve la solution. Il sourit tout seul: un nouveau défi à son actif!

A Pitcairn, deux esprits s'étaient rencontrés, deux esprits s'étaient trouvés parce qu'ils n'avaient nul part ailleurs où se tourner. Des papillons, attirés par la lumière... Ouais, ça promettait!

Charlie éclata de rire.



[HRP: Vilà, petite conclusion de ma part. Merci à toi, Light, pour ce merveilleux moment de rp que je considère comme un des meilleurs topics auxquels j'ai pu participer. ^___^ C'est fini...mais ne fait-ce pas que commencer? Wink]
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