[ONU] Visite surprise au gouvernement japonais

-Dieu que ce siège était inconfortable. Walter, rappelez moi de ne plus voyager avec ce jet ci.

Conrad descendait lentement les marches de la rampe d'accès. Un craquement se fit entendre.

-Vous voyez ! J'en ai le dos qui craque, c'est horrible. Oh, et vous me virerez l'hôtesse, cette idiote ne sait pas différencier un scotch double d'un simple.

Le Secrétaire Général balaya du regard la piste de l'aérodrome où il venait d'atterrir.

-Dites Walter, on ne devait pas venir nous chercher ?

-Le ministre de la Défense devait venir je crois.

-Hum, vous croyez ?

-Ah, voila une voiture qui arrive monsieur.

La voiture, une belle et longue limousine de marque japonaise, s'arrêta à 3 mètres devant le secrétaire général des nations-unies. Le chauffeur en descendit prestemment pour ouvrir la porte arrière gauche.

En descendit Jun Chibuya, ministre de la défense du gouvernement japonais, un air sournois et cynique au visage. Il sourit en s'avançant vers Van Oranje-Nassau. Puis lui tendit une main gantée:

"Soyez le bienvenue au Japon, monsieur Van Oranje-Nassau. Je suis Jun Chibuya, ministre de la défense, permettez-moi d'être votre hôte au cours de votre séjour."

L'asiatique désigna la voiture, invitant son éminence à s'y installer. Ils y seraient plus à leur aise pour discuter tranquillement de choses et d'autres.

-Bonjour à vous monsieur Chibuya.

Conrad serra la main de l'homme avant de monter dans le véhicule suivit de près par son assistant, Walter.

-Vous vous demandez sans doute ce que je fais ici sans prévenir...

Sans même regarder la réaction de son interlocuteur nippon, Conrad poursuivit.

-Eh bien, j'ai eu une entre-vue hier avec une représentante d'une entreprise, l'Arobase. Elle est venue me proposer une armée. Oui vous entendez bien, une armée. Je trouve cela inquiétant, j'espère que vous partagez mon point de vue.

Là encore, il n'attendit pas la réponse du ministre japonais.

-Vous comprenez l'objet de mon inquiétude ? Imaginez seulement que cette entreprise se mette à vendre des armées entières à des états mal intentionnés ou encore à des multinationales ?
Il est de notre devoir d'agir. Je sais que l'île de Kazun est reconnue en tant qu'entité nationale propre, mais vous y gardez une grande influence. Je vous serez gré d'en user pour faire courber l'échine à cette entreprise qui met en danger l'équilibre même du monde. Cependant il ne faut pas faire cesser leur activité. Au contraire, l'encourager mais seulement si une entité y impose un contrôle drastique. Entité oeuvrant pour le bien commun évidemment. L'ONU par exemple. Les troupes en sortant seront casques bleus, permettant aux troupes des pays membres de regagner leurs domicile. Qu'en pensez-vous ?

Le ministre japonais était étonné de la précipitation du S.G. de l'O.N.U., qui à peine monté dans la voiture avec son conseiller, abordait le sujet qui l'intéressait.

Chibuya s'assit à son tour, face à Van Oranje Nassau, puis la voiture démarra.

L'Arobase... Oui, cette firme posait quelques soucis au Japon, qui n'avait malheureusement que très peu de pouvoir sur cette société, car étant implantée dans une île privée, elle ne dépendait presque pas du gouvernement japonais qui n'avait presque aucune influence dessus.

"Ce que vous me demandez est particulièrement difficile, monsieur. Comme vous l'avez vous-même souligné, le gouvernement japonais n'a qu'une influence très limitée sur cette entreprise, de part sa non-appartenance à notre pays. Cependant, nous avons quelques moyens de pression qui pourraient résoudre votre problème. Mais comme vous le savez, le Japon a perdu beaucoup d'influence au niveau mondial, et cela même à l'O.N.U. La région d'Osaka a également été privatisée par Tetsuya Motors... Tout cela pour dire, monsieur, que le gouvernement japonais ne prendra pas le risque de s'endiguer davantage sans un appui significatif de l'O.N.U. pour l'aider à se relever. Je pense que si vous comprennez notre position, nous arriverons plus facilement à un accord, monsieur Van Oranje Nassau..."

Le nippon sourit à nouveau de manière ironique et cynique, en espérant avoir été assez clair. Les problèmes du Japon intéressait tellement peu de monde parmis les autorités supérieures de l'O.N.U. Ce Van Oranje Nassau pourrait peut-être rétablir la justice, en faveur du Japon...

Conrad jeta un regard à Walter à la fin du discours de Chibuya. Retrouver de l'influence. Facile. Enfin en théorie...

-Je comprend très bien vos motivations monsieur. Vous comprendrez aussi que je ne peux pas officiellement accorder un soutient inconditionnel au seul Japon.
Je peux néanmoins accorder un soutient au Japon dans ses entreprises de "reconquête du territoire" face aux multinationales. Je peux même vous soutenir militairement en cas de réaction violentes des groupes.
Cependant, j'offre plus que ce que vous me proposez en échange, j'ai éventuellement d'autres moyens de faire plier l'Arobase, peut-être moins diplomatiques, mais tout aussi efficaces.
Contre le renouveau de la puissance japonaise, je demande un soutient logistique et inconditionnel à toute action menée par les casques bleus en Asie. En effet, certains pays membres de la région sont capables de nous lâcher sous prétexte d'alliances historiques ou que sais-je encore. J'ai besoin d'une base sûre et puissante en Asie, et j'espère que le Japon pourra m'y aider.

Oui, le Japon serait un bon coin. Une base en Afrique, en Amérique du Sud... il ne manque plus que l'Europe et l'Océanie et la collection sera complète.

L'homme politique comprennait, mais pourtant il en demandait beaucoup.

"Un soutien logistique permanent sera assuré, mais quand à un soutien en terme d'hommes, sachez que notre petite armée ne peut nous permettre des folies, nous avons à peine 200 000 engagés, tout au plus. Disons que nous pourrions en mobiliser le tier, en cas de besoin, pour soutenir votre action."

Ce point n'était evidemment pas discutable du tout. Mais Chibuya en vint à ses moyens de pression contre Kazun et l'Arobase.

"L'île de Kazun est presque à 100% dépendante du Japon, tout ce dont ils ont besoin c'est notre pays qui le leur fournit. Ce serait l'affaire d'un blocus, et on n'en parlerait plus. Ils ne tiendraient pas un mois sans ravitaillement de notre part."

Ce Van Oranje-Nassau semblait avoir une dent contre cette Arobase. On pouvait se demander pourquoi il tenait tant que çà à mobiliser tant d'efforts pour une entreprise si fragile. En effet, elle ne pesait pas beaucoup en terme de chiffre d'affaire... Y avait-il quelque chose de plus personnel là dedans?

-Par soutient logistique je sous-entend le ravitaillement des troupes et les missions de contre-espionnage par le biais de radar et autres bijoux technologiques où votre pays est passé maître. Vos militaires pourront participer au même titre que les autres pays membres, évidemment, je ne leur demande pas plus. Je suis même près à leur épargner les éventuelles missions les plus dangereuses s'ils assurent le soutient des troupes "au front".
Vos moyens de pression vous sont propres, monsieur Chibuya. Je ne veux surtout pas que l'ONU interviennent officiellement dans ce conflit en particulier. Je vous soutient officiellement contre les multinationales trop gourmandes, mais je ne peux pas dire que j'en veux à l'Arobase.

Le ministre devait se demander ce qu'il avait contre l'Arobase. Autant faire taire d'éventuelles rumeurs tout de suite, avant que le Japon de nouveau puissant fasse vaciller son poste.

-Oui, l'Arobase m'est très intéressante. C'est la seule entreprise qui posséde à l'heure actuelle la technologie de clonage de masse. Mon objectif derrière tout ça est de protéger la paix mondiale en évitant qu'elle ne vende des troupes entraînées à une quelconque organisation possédant les moyens de se les payer. J'avoue aussi que l'idée d'une armée de casques bleus libres de toute nation officielle, citoyenne du monde, m'intéresse. Cela permettrait d'assurer des missions sans le risque de voir les troupes de pays refuser de se battre sous prétexte, comme je l'ai déjà dit, d'alliances historiques ou de liens culturels.

"Je comprends votre position, monsieur le secrétaire général. Je comprends aussi que tout ceci doit être fait de façon discrète."

Approuva le ministre nippon. L'arobase était en effet une firme ô combien intéressante et avec un potentiel vraiment effrayant, qui par chance n'avait pas encore été exploité dans une mauvaise direction pour elle. Quoique, peut-être y avait-il des négociations commerciales de prévues quant à créer une armée de clones pour le compte des nations-unies.

"Une question me brûle la langue, monsieur: l'ONU s'est-elle engagée dans des négociations commerciales avec l'Arobase? Et si oui, quels ont été les résultats de ces négociations, et sont-elles le cas échéant, à l'origine de votre demande de soutien au gouvernement japonais?"

La force de Chibuya était sa lucidité. Mais comme tout homme politique japonais, il était aussi, facilement corruptible...

Le S.G. de l'ONU approuva du chef.

-Oui, une de leurs responsables, le professeur Drakkar...

-Drakan monsieur.

-Oui, voila, Drakan, peu importe son nom, est venu à New-York dès mon retour de la Bolivie me proposer un contrat pour établir une armée de casques bleus clonés. Le prix qu'elle m'a indiqué était exorbitant. Je comprend que lever une armée de clones coûte cher, évidemment. Mais j'ai tout de même entrepris des négociations. Le professeur les as refusés. J'ai insisté, comme vous le savez, l'ont obtient rien dans ce monde si on ne tape pas de temps en temps sur la table, mais j'ai préféré couper court de suite, devant son obstination et son énervement grandissant qui l'ont fait dire des paroles très déplacées.

Conrad regarda son interlocuteur. Il devinait pas mal de choses ce ministre. Le genre de personne à aller loin dans le futur. Et il est encore jeune. Autant s'en faire un ami, ou du moins pas un ennemi.

-Le Japon dans tout cela me permet de revenir sur la table des négociations avec un argument de poids, vu votre relative "implication" dans l'île de Kazun. Je ne souhaite en aucun cas une bataille rangée, et c'est pour ça que je fais appel à vous, en tant que médiateur de l'ONU dans cette mission auprès de l'Arobase. Vous avez, vous japonais, plus de poids que la lointaine entité new-yorkaise que je représente.

"C'est exact, peut-être que la visite du ministre à la défense nippon à Kazun pourrait débloquer notre situation, monsieur..."

Notre situation... En vérité, Chibuya avait bien compris que pour bénéficier de l'appui de Van Oranje-Nassau, il devait mettre la main à la patte. Mais le japonais voyait loin...

"Oui... Je me rendrai sur place au plus tôt, de telle sorte que cette affaire se règle rapidement. Il ne faut pas laisser les choses prendre de trop grandes proportions."

Si aujourd'hui Chibuya pouvait donner un coup de main au secrétaire général de l'ONU, peut être que demain, çà serait un poste aux Nations-Unies... Toujours avoir les dents longues en politique, toujours...

Conrad eut un large sourire.

-Je crois que nous nous sommes compris monsieur Chibuya.

Il regarda par la fenêtre, ils étaient de retour à l'aéroport, près du jet de l'ONU. Pendant toute la discussion, la voiture avait fait un tour dans les rues tokyoïtes.

-Très bien, j'espère entendre rapidement de vos nouvelles. De bonnes nouvelles, monsieur Chibuya, je compte sur vous.

Il avait bien insisté sur le "je". Il est clair que l'ambitieux ministre japonais de la défense attendrait un jour ou l'autre un retour d'ascenseur. Il l'aurait probablement. Tout dépend de se qu'il demandera.

"Vous pouvez compter sur moi, monsieur Van Oranje-Nassau. Je vous recontacte très bientôt..."

Chibuya serra fermement la main du secrétaire général des Nations Unies, avant que le chauffeur ne stoppe le véhicule ministériel et ne vienne ouvrir la portière aux deux hôtes de ministre. Chibuya serra enfin la main du conseiller du S.G., avant de voir les deux hommes s'éloigner vers leur jet.

*Enfin quelqu'un d'intéressant... Cà faisait longtemps qu'on n'avait pas vu çà à l'ONU...*

se pensa le ministre nippon avant derentrer dans le véhicule. Dans les prochains jours, une visite de "courtoisie" à Kazun serait prévue...