[Sicile] Ciabatta ! [FINI]

- Mais goûte moi ce soleil !
Yahaa ! qu'est-ce que c'est bon ! Je pourrais lézarder encore des heures...

Les mots avaient été prononcé très très vite. Non pas que Enzo soit pressé, loin de là. Mais il avait l'habitude de parler relativement rapidement quand il s'exprimait en italien.
A côté de lui, une inconnue qu'il avait croisé une demi-heure plus tôt se dorait la pillule avec un sourire non dissimulé au coin des lèvres.

*elle est vraiment belle, mon coco. Tu es tombé sur une perle... bon, comment avait-elle dit qu'elle s'appelait déjà ? Je crois qu'elle n'a rien dit du tout, en fait*

Il la regardait. Une carte passait lentement d'un doigt à l'autre dans la main libre de Enzo. L'autre le soutenait alors qu'il était à moitié allongé, la face au soleil.
Cela faisait déjà un mois qu'il était en Sicile, goûtant à un peu de repos avec sa mère et son père qui avait eu la permission de prendre un peu le soleil. Le voyage en avion c'était bien passé et son père n'avait pas eu de complication. Mais le domicile familiale lui pesait un peu.
Son père et sa mère étaient toujours accroché l'un à l'autre... sans aucune pensée pour Enzo. Cela lui faisait bizare, il ne pouvait le nier ; comme si sa mère lui volait son père. Comme si cela ne devait pourtant pas fonctionner dans ce sens ?!

Il en était qu'Enzo passait pratiquement toutes ses journées à l'extérieur, la majeure partie du temps, sur la plage la plus populaire de l'endroit. Non pas qu'il avait envie qu'on le voit, mais plutôt que cette foule lui permettait d'être un peu plus serein et, aussi étrange que cela puisse paraître, lui permettre de réfléchir.

*Enfin, je n'ai pas envi de réfléchir en ce moment, avec une telle beauté à côté. D'ailleurs, à quoi peut-elle bien penser*

La beauté qui était à côté d'elle avait les yeux fermés. Elle profitait pleinenement du soleil et ce depuis déjà un petit temps vu son tein basané. A moins qu'elle soit du coin. A quoi bon se renseigner de toute façon... Enzo n'allait sûrement plus jamais la revoir.

- Tu me plais beaucoup, tu sais.

C'était lancé ! Enzo s'était vendu. Maintenant, il fallait voir comment elle allait réagir. Forcément, c'était pas du tout cuit, qu'avait-elle à gagner ?
En pesant le pour et le contre, le jeune mutant se rendit compte qu'entre lui, tout aussi séduisant qu'il était mais inconstant comme son père, et sa place au soleil et les derniers, et non moins précieux, rayons de lumière qui venaient jouer avec les courbes de son corps... Enzo aurait bien choisit le soleil.

*Mais bon, qui sait... peut-être qu'elle ne pourra pas résister plus longtemps à mon charme...*

Il s'était dit ça sans grande conviction.
C'était étrange, mais depuis quelques temps, il se remettait un peu en question. Enfin, au niveau de sa fibre de Don Juan simplement. Il commençait à espérer que son père aille mieux, non plus simplement parce qu'il était son père, mais aussi parce qu'il avait envie de repartir à l'aventure ; partir loin... découvrir des gens, des femmes ; jouer !

Depuis un peu moins d'un mois, il se reprennait de temps en temps à faire des solitaires, enfermé dans la chambre la plus fraîche de la maison de ses parents. Le jeu lui manquait...
Il se demandait d'ailleurs comment son père pouvait lui aussi s'en passer...

*Mais non, il s'en fout lui ! Il a Maman, ils doivent bien en profiter les sal***. Bon, peut-être que je m'ennuirais moins si la fille qui me tient compagnie décidait que je lui plaisais*

Enfin... Ce n'était pas si grave de toute façon. Et puis, il avait une chance sur deux... Peut-être moins finalement, parce que le soleil était vraiment à son avantage pour le coup.

- Mmm... ce soleil est tellement bon. Je suis d'accord avec toi. Il ne manque qu'une chose...

La jeune demoiselle avait bien une langue. Les chances d'Enzo augmentaient un peu. En effet, il avait quand même fait une déclaration à moitié ouverte... si elle avait été choquée, elle lui aurait fait savoir.

*il ne manque qu'une chose... aha ! mademoiselle est joueuse. Elle est mal tombée, je suis imbattable !*

Enzo se lança.
La carte dans sa main s'était arrêtée, comme si le temps lui même avait eu raison de tout. Il se pencha vers la demoiselle pour l'embrasser.
Ses lèvres étaient fraîches, douces. Un goût d'épice et de soleil se dégageant du contact. Enzo ferma les yeux afin d'apprécier le moment encore plus.
La demoiselle se laissa faire. Mieux ! Elle prit la tête du jeune mutant entre ses mains. Enzo avait gagné. La partie était terminée. Il s'allongea près de cette fille, collé à elle. Leurs mains se joingnirent et l'étreinte se fit plus forte. Enzo passa une main dans les cheveux de la belle. Tout en lui ce concentrait sur ce moment fort et intense, comme s'il ne devait plus durer.

- CELIA ! ???????????????
????????????, ????? ??? ??????????? ? ?? ????????? !

La voix s'était dangereusement rapprochée et Enzo reçut un coup dans les côtes alors qu'une main tirait vers elle sa conquête.

- ouach

Enzo n'avait pu réprimer ce cri de douleur. A quatre pattes, il dirigea ses yeux vers l'agresseur. Ou plutôt, les agresseurs.
A la Sicile ! Le charme de ses femmes, et le dangers de la famille derrière. C'était les frères de la dénommée Celia qui les avaient suivi apparement jusqu'ici.

*la pauvre ! Avoir aussi peu de liberté, ça craint !*

Enzo s'était mordu la langue pour ne pas parler tout haut. En effet, même si lui ne comprenait pas le sicilien, ses agresseurs comprenaient et parlaient sûrement italien. Avec un peu de chance, il s'en tirerait juste avec la côte endolorie, au pire... mieux valait ne pas y penser. La Sicile était un coin magnifique mais où les réglements de compte étaient fréquents et normaux. Il avait joué, maintenant qu'il avait l'impression d'avoir gagné, il s'apperçut que le jeu n'était en aucun cas fini et qu'il avait oublié de garder sa main cachée. Il devait se fier à sa chance maintenant, les jeux étaient fait.

- Tu n'es pas chez toi, ici ! Sale bâtard !
Tu viens souiller notre terre, notre île... Et en plus, tu te crois tout permis ! Tu vas regretté d'avoir posé tes yeux sur notre soeur et de l'avoir touché !

C'était le plus grand qui avait parlé. Au moins 5 ans de plus que Enzo. Autour, 3 gaillards qui devaient être dans la même tranche d'âge que lui. Enzo se reprit à penser qu'il avait de la chance qu'ils n'aient pas appelé leurs potes en plus. En tout cas, ils semblaient ne pas vouloir s'en tenir là... Et le monde sur la plage ne donnait pas l'impression de les déranger outre mesure. La preuve, c'est que les gens commençaient à s'éloigner d'eux, sans un regard, sans une parole, comme si la justice était faite par des mioches comme eux.

- Ah ! c'est mal parti.

*Et bin ! C'est de la nana, ça !*

C'était la seule chose qu'avait pu penser Enzo tellement l'action se déroula vite pour lui. En seulement une poignée de minutes, cette jeune femme qu'il ne connaissait même pas avait mis au tapis deux mecs. Et pas des plus gringalets d'ailleurs. Jaugeant du regard la nouvelle venue, il se rendit compte qu'elle attendait peut-être qu'il vienne l'aider aussi.
La chance était de son côté aujourd'hui... d'abord ce magnifique baisée et maintenant cette walkyrie des temps modernes, une femme guerrière qui venait à sa rescousse.
Une nana venant défendre un homme... c'est pas banal pour le coup. Et puis, il fallait qu'il s'y mette lui aussi... sinon, sa fierté en prendrait un coup.

Se relevant avec un peu moins de superbe qu'il aurait voulu, Enzo se plaça un peu sur le côté, pour former un arc de cercle autour des deux derniers siciliens.
A la main, la carte était réapparu. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le jeune mutant n'y faisait pas attention, comme si elle faisait partie de lui.
En quelques instants, il fut transporté quelques années dans le passé.
Il revoyait les images qui l'avaient marqué au plus profond de son être.

- Défend toi Enzo ! Fait honneur à ta famille. Fait honneur à ton père !

La pièce était sombre. Humide. Glauque avait-il envie de dire. En face de lui, un garçon de sa taille, de son âge... 16 ans, sûrement pas plus. Et pourtant ! Il prenait largement une tête à Enzo et était nettement plus imposant que le franco_italien.
Son père regardait, impérieux et autoritaire. Et étrangement statique en ce moment.
Enzo sera les poings. Ce garçon ne lui avait pas fait grand chose... et pourtant, son père voulait qu'il le combatte. Il ne pouvait pas refuser... c'était son père... il ne voulait pas le décevoir.

Enzo se lança la tête la première dans le ventre de son adversaire. Le coup envoya valser l'autre un peu plus loin, secoué. Mais il reprit vite le coup. Enzo protégeait sa tête avec ses poings. L'autre avait la force et la taille comme avantage, il devait donc trouver autre chose...
Le premier coup lui laissa un arrière-goût amer dans la bouche. Son sang ! L'autre ne se laissera pas faire. Il devait jouer, monter sa main et ensuite dévoiler son jeu. Mais il n'avait pas le temps de réfléchir à ce qu'il pouvait faire, son ennemi l'assayait de coups. Essouflé, Enzo ne s'en sortait pas trop mal, lui aussi avait donné quelques coups bien placé. Soudain, il sentit une pression énorme au ventre. Le souffle lui manqua. Le sang coulait de sa bouche. Il perdit la notion de tout, l'adrénaline était trop forte. C'était l'instinct de survie qui parlait maintenant. La part de l'animal, de la bête qui dort en chaque être humain et qui nous fait devenir des horreurs lorsque nous ne nous contenons plus.
Enzo avait retrouvé son côté bête. Poussant un cri de rage, il se précipita sur l'autre sans prêter attention à sa garde. Il faisait pleuvoir les coups, sans chercher à atteindre un point précis, il voulait juste faire mal, détruire, se venger, et se prouver qu'il était plus fort. Il n'arrivait pas à contenir cette rage, ce surplus de tout, cette envie de sang qui l'envahissait. En face de lui, l'adolescent ne comprenait plus, il était assailli, les coups pleuvaient n'importe où. Un démon ! oui, il avait un démon en face de lui. Il ne faisait plus rien, juste se protéger... juste protéger son visage et résister...

Enzo était fou, ivre de sang. L'autre était tombé au sol. Assis sur lui, il continuait de taper... touchant sa tête, ses mains qui tentaient de la protéger encore un peu... Il ne voyait plus que le rouge qui l'entourait, le sang dans sa bouche, le sang sur ses mains... Plus rien ne lui importait.

Comment tout cela avait fini... Son père était intervenu et avait empêché Enzo de tuer l'adolescent sous le coup de sa folie sanguinaire passagère. Il se souvenait bien des douleurs qui l'avaient tenaillées durant le reste du voyage. Un mois ! Il n'avait plus reparlé de l'évènement avec son père depuis. La seule chose qu'il avait appris, c'était qu'il devait apprendre à contrôler cette puissance qui pouvait l'emporter. Son père ne pourrait empêcher toute sa vie un meurtre.

Pourquoi repensait-il à tout ça maintenant... Il devait agir maintenant. La demoiselle prendrait sûrement son inaction pour de la couardise.

Maintenant que l'effet de surprise de la femme combative était passé, c'était à lui de montrer qu'il en voulait. N'ayant fait aucun mouvement d'animosité envers les deux siciliens, Enzo profita d'un moment d'inattention de celui qui était le plus près de lui pour foncer tête baissée contre lui. Oui, il avait un style beaucoup moins direct et radical que la demoiselle, mais il savait se battre lui aussi. L'envoyant à terre, il profita du moment pour lui envoyer un coup de pied monumental dans la côte.

*A charge de revanche*

L'autre s'était plié en deux sous le coup de la douleur. Enzo en profita pour envoyer un hupercut magistral dans sa tempe. Il devait être hors d'état de nuire, celui là.
Cependant, l'autre sicilien n'était pas resté inactif. Voyant que le jeune "bâtard" avait repris du poil de la bête, il sortit un couteau et se précipita sur lui tout en gardant un oeil sur l'autre tarée qui avait mis au tapis deux de ses frères.

- A ta place je filerais, je ne serais pas toujours là pour te sortir d'affaire !

Alors en plus d'être convaincante en combat, qui l'avait aidé, voir sauvé, était aussi douée pour manier les couteaux. Dire que des dangers comme ça pouvaient se balader tranquille à travers des villes sans aucun problème. C'était fou !
Enzo s'était relevé et époussetait un peu ses vêtements.
Dans une de ses mains, une carte était réapparue, aussi rapidement qu'elle avait disparu. Un peu plus loin, Celia regardait la scène, médusée.
Mais l'étrangère avait raison. Maintenant, c'était comme s'il avait déclaré la guerre à cette famille. Il devait partir d'ici, partir de Sicile. Et ce, au plus vite !
N'ayant nul part où aller, il tenta le tout pour le tout.

- Excusez moi. Déjà, merci pour l'aide... je pense que ma vie aurait prit un autre tournant si vous n'aviez pas été là.
Mais je ne me suis même pas présenté !
Enzo Baldini, pour vous servir.
Vous avez bien raison quand à mon taux de survie sur l'île à compter de maintenant. Le problème, c'est que j'ai nul part où aller. Je me demandais s'il était grossier de ma part de vous demandez si vous comptiez vous aussi vous sauver, et dans ce cas là, je tenais à savoir si je pouvais vous accompagner un bout, mademoiselle...
Mademoiselle comment d'ailleurs ?

Ce qui lui était arrivé l'avait un peu secoué et il en oubliait les règles élémentaires de la bonne conduite et de la bien-scéance. Il en était presque impardonnable ! Il devrait remédier à tout cela un peu plus tard quand les choses se seront calmées. Comment garder son sang-froid dans toutes les situations, et savoir rebondir après. Il avait encore pleins de choses à apprendre ! Et ça lui plaisait !

Celia s'était rapprochée de la zone de combat. Elle était passée derrière Enzo et tenait sa main.

*Elle s'accroche la bougresse ! Je vais devoir régler ça après avoir décidé ce que je vais faire dans l'heure qui vient*

Puis, se retournant vers la sauveuse, il commença à la détailler un peu mieux. Dommage qu'il ne soit pas très blonde... elle aurait pu lui plaire. Enfin, peut-être un peu vieille aussi ; enfin, il avait appris à ne pas être très regardant sur ce point depuis un bon bout de temps. En tout cas, ce tempérament de feu cachait forcément quelque chose. Et Enzo était un curieux dans l'âme.

- J'espère que je ne vous indispose pas trop.

Apparement, la demoiselle n'était pas très enthousiaste quand à l'idée de l'avoir avec elle. Elle lui avait jetté un regard noir, et le prenait pour un dragueur invétéré ! Comble du comble !

La pauvre Celia en avait d'ailleurs pris pour son grade. Tant pis, elle s'en remettra.
Après lui avoir volé un autre baisé, Enzo se dépecha de rattraper sa sauveuse.

- Ne vous méprenez pas, Mademoiselle. Je ne suis pas un coureur de jupon. Et encore moins un profiteur ! Mais là n'est pas la question. Je ne suis en aucun cas en train de vous draguer...

*et puis, elle doit être frustrée ou en manque pour pouvoir trouver une quelconque drague dans ce que je lui ai dit, d'ailleurs*

Si Enzo pouvait paraître jeune, il est une chose sur lequel il ne rigolait pas, c'est quand il s'agissait de son image et de son intégrité. Et cette demoiselle l'avait un tantinet remis en question... Il devait rectifier le tir.

Maintenant, il sentait bien que sa présence allait l'ennuyer plus qu'autre chose. Mais bon, il avait envie de découvrir ce que faisait cette guerrière sur cette plage, sur cette île. Et surtout, ce qu'elle faisait dans la vie pour avoir deux couteaux sur elle ; c'est quelque chose de peu banal !

Alors qu'ils laissaient derrière eux la plage et la pauvre Celia qui ne savait plus quoi faire, une pensée le traversa : ses parents ! Mais cette pensée fut rapidement remplacée par cette autre :

*Ils sont grands ! Et puis, Papa a toujours su se débrouiller. Il pourra rassurer sa mère quand à sa disparition*

Elle marchait vite l'autre bougre ! Enzo pressa un peu plus le pas. Il avait soulevé un peu sa main droite et continuait de jongler avec une carte, comme si ce signe signifiait que ça allait bien... ou qu'il réfléchissait peut-être...

- Bon, je vais poser toutes les questions qui me trottent dans la tête sur vous... Libre à vous de me répondre, mais une femme comme vous ne se ballade pas innocement dans des îles comme ça... Et avoir deux couteaux de la sorte avec vous, expliquent bien que vous devez avoir un "travail", hum.... dangereux. Déjà, votre nom, si je puis me permettre. Vous venez d'où ? Et vous avez quel type de job ?

Enzo avait fait une pause pour respirer un coup. Bon, il l'a matraquait de question, mais s'il ne le faisait pas maintenant, il sentait bien que la demoiselle ne répondrait vraiment jamais.

- Et pour finir, où allez-vous ?

Bon, il semblait vouloir la suivre. Après tout pourquoi pas, elle n'était pas contre un peu de compagnie, surtout s'il connaissait l'île. Elle découvrirait peut-être ce qui l'avait attiré ici. Ensuite pour ses questions, il en avait de bonnes lui, elle n'allait tout de même pas lui répondre qu'elle était soldat au sein du MIL ! Elle allait encore ressortir le même travail que les autres fois et elle verrait bien, mais en attendant il fallait s'éloigner de la plage. Aussi elle s'engagea dans un réseau de ruelles en pente semblant parfaitement se repérer alors qu'elle ne savait pas du tout où ils se trouvaient. Mais elle avait l'habitude de se promener dans des lieux plus ou moins labyrinthiques et ne comptait pas se perdre aujourd'hui. Arrivés sur une petite place avec une fontaine et des bancs, elle s'assit et regarda Enzo avant de répondre d'un trait avec un sourire plus ou moins joyeux.

Je m'appelle Aube, Aube Taboï. Je suis sur cette île pour la visiter et non pour mon travail, mais j'ai grandi dans un lieu où les jeunes filles devaient savoir se défendre j'ai donc pris l'habitude d'avoir toujours un ou deux couteaux sur moi. Ca répond à ta question ? Ensuite pour mon boulot, je suis dans une association de défense d'une minorité, je préfère ne pas trop t'en dire pour le moment. Après tout, on ne se connait pas. J'ai laissé des affaires dans un hôtel minable et j'irais bien les chercher avant de partir. Et toi tu veux peut-être récupérer des trucs si tu m'accompagnes. Ensuite il faudra voir pour savoir où on va. Moi je veux visiter l'île et savoir pourquoi j'ai eu l'impression de devoir venir. Tu connais peut-être des coins intéressants ?

Elle avait repris un débit de parole rapide noyant son interlocuteur sous le flot de ses mots. Mais elle aimait ça et ne comptait pas laisser ce style changer, sauf en mission où tous les mots devaient compter bien entendu. Elle regarda Enzo attendant sa réponse et se demandant comment elle allait retrouver son hôtel s'il ne connaissait pas mieux la ville qu'elle.

- Oula ! oula ! Doucement ! Je vous croyais en vacances. Prenez votre temps alors. Vous êtes sur une des plus belles îles du monde, au soleil, et en plus, à côté de la fontaine des amoureux...

En tout cas, ravi de faire votre connaissance Mlle Taboï. Et bienvenue en Sicile, même si l'accueil aurait pu être meilleur.

Enzo était à nouveau tranquille et dans son élément. Pourtant, l'incident de la plage était encore très récent. Cette capacité d'adaptation était une des forces du jeune mutant, il arrivait toujours à retomber sur ces pieds.
Jouer le guide touristique pour cette étrangère, voilà qui pourra lui faire passer le temps !
En tout cas, pour une touriste, elle en faisait des cachoteries. Cela ne rendra que plus intéressant le temps qu'il passerait avec elle.

*En tout cas, elle n'a pas du avoir une enfance facile, d'après ce qu'elle raconte. Je me demande bien où elle a grandit...*

Bon, alors, dans l'ordre, elle avait quelques affaires à reprendre à son hôtel, puis elle voulait visiter l'île, et savoir pourquoi elle était là ! En plus d'être une guerrière, c'était une cérébrale. Complexe la nana ! Comme quoi, il faut de tout pour faire un monde. Etrange, mais même sans la connaître, Enzo se reprit à penser qu'elle aurait pu être sa grande soeur.
Secouant la tête, il se demanda pourquoi il pensait une telle chose.

- Bon, c'est pas que cette endroit est nul, mais mon idile étant fini avec la belle Celia, j'ai aucune raison de rester à cette fontaine.

Il avait dit ça avec un léger sourire sur les lèvres.

- Personnellement, j'ai mon paquet de carte dans ma poche, mes papiers et un peu d'argent... je suis prêt à vous faire découvrir tout ce que vous voulez.

Il avait balancé ça d'une traite sans penser qu'elle aurait pu encore une fois croire qu'il lui faisait des propositions. Il évita d'y penser et fit voler un peu plus haut sa carte. Advienne que pourra...

- Maintenant, si vous connaissiez l'adresse et le nom de votre hôtel, je pourrais vous y conduire à partir d'ici. J'ai passé pas mal de vacances ici quand j'étais gamin... Mais je ne vous promets pas un parcours touristique idéal, hein ! Je connais pas tout ça... juste les endroits qui me plaisent, avec ou sans touristes, en fonction de mes humeurs. Maintenant, je vous dois bien ça... après avoir pourri votre arrivée, c'est la moindre des choses. En plus, vous m'avez sauvé la vie !
Commençons par l'hôtel. Après, je vous propose de partir dans la cambrousse, comme vous m'avez l'air bien endurante, on pourra passer par des coins sympas. Cela me fera plaisirs de les présenter enfin à quelqu'un !

Le programme vous plait ?

Plus qu'à attendre que la jeune femme lui dise o.k. ou l'envoit ballader, le prenant pour un fou excentrique, voir pervers.
En attendant, il avait pris une deuxième carte de sa poche et commençait à jongler avec une seule main. Il arrivait à le faire avec 4 cartes, facilement. A partir de 5, ça lui demandait plus de concentration et il s'entrainait à le faire avec 7 cartes... ça viendrait bientôt d'ailleurs !

*Via Fondacello... c'est pas la porte à côté ça. En tout cas, elle doit pas rouler sur l'or. Où sinon, c'est qu'elle est ultra avare*

Enzo était ravi que Aube le prenne comme ça. Finalement, elle n'était peut-être pas si méchante que ça. En tout cas, il était à moitié content de découvrir qu'une touriste pouvait être intéressé par l'île en elle même, et non pas simplement par ses plages.
Mais lorsqu'il la vit faire le tour de la place, le jeune mutant ne put s'empêcher de sourire : ça reste une bonne touriste quand même... !

- Bon, en route alors. L'hotel n'est pas tout près, et les copains que je me suis fait doivent être activement à notre recherche.

Enzo avait accompagné sa parole, de son geste. Sans regarder si la jeune femme le suivait, il s'engagea dans une étroite ruelle qui longeait la place. La direction qu'il prenait était l'opposé total de la plage d'où il venait. En un sens, ça tombait bien. En essayant de se rappeler à quoi ressemblait l'hotel ou l'étrangère était descendu, il se mit à penser que lui aussi était étranger ici... même s'il connaissait parfaitement le coin.
"Ce n'est pas vivre longtemps sur une terre qui va te faire originaire de cette terre", lui avait dit son père une fois. Il ne savait plus dans quelle circonstance il avait entendu cette phrase, mais cela faisait partie des nombreuses pensées qui restaient gravés dans sa mémoire.

De mémoire, il était plus que miteux cet hotel d'ailleurs ! *J'espère qu'elle n'a pas payé le prix fort et ne s'est pas fait rouler par le patron...*

En même temps, il visualisa la scène qu'aurait pu produire leur rencontre, et Enzo vit bien la jeune femme sortir son couteau et le menacer de l'émasculer s'il n'était pas plus raisonnable.

*Même si elle a une tête de touriste, elle ne doit pas être une cruche pour autant. J'aurais bien aimé assister à la scène*

Au détour un croisement, une rue s'offrit au yeux des deux jeunes gens.

"Via Fondacello"

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