Combat contre Brian [Event 4]

Parmi les deux ennemis restant, le choix d'Iwëne fut rapide et décisif : pas touche à la petite fille. En revanche, elle se voyait mal dire aux autres de se laisser attaquer sans protester si la jeune demoiselle les agressait.
Il devenait donc évident que son adversaire, à elle, serait l'homme aux habits tachés de sang et au regard féroce. Un fou qui bavait déjà à l'idée de combattre... C’était un dangereux à la fois dingue et bestial que les élèves devaient éviter sans protester, au risque de se faire arracher les membres ou bien de se faire dévorer vivant. Que du bonheur en perspective...
C'était donc vers lui qu'allait s'engager Iwëne, souhaitant que ses élèves restent en retrait et n'interviennent pas. De plus, elle venait de le remarquer, deux nouveaux arrivants s’était annoncés comme partisans de la GC. Les jeunes auraient donc de quoi patienter pendant que la demoiselle aux cheveux d’argent combattrait le sanguinaire. Si des élèves étaient en difficulté, la professeur s'était promit de faire tout son possible pour les aider. De nouveaux combats débuteraient, et il n'était pas exclu qu'elle fasse parti de plusieurs d'entre eux. Mais pour l'heure, sa cible se trouvait à quelques mètres d'elle et venait de se rapprocher terriblement en un bond qui en stupéfia plus d'un. C'était quoi son pouvoir à lui ? Imiter bugs bunny ?
Peu importe, il venait de les provoquer, et ça, ce n'était pas bon signe étant donné l’aura de violence dont il dégageait... Ce qui était encore moins bien, c'était qu’un des jeunes élèves s'avançait en sa direction. On ne pouvait pas le qualifier de "fou", puisqu'il était tout à fait légitime de sa part de venir à sa rencontre, en revanche, son acte était peu réfléchit. On ne savait pas comment réagirait l’autre imbécile.
Iwëne n'espérait pas qu'un de ses protégés ne se mêle au combat de si tôt, aussi, elle se pressa d'intervenir avant que ça ne tourne au vinaigre. En quelques secondes, elle donna un petit coup de main près de sa cuisse où était accroché son poignard doré. Celui-ci se défit des bas qui le retenait et glissa le long de sa jambe pour terminer sa course à quelques millimètres du sol. La main d'Iwëne venait de l'attraper à la fin de sa course et le faisait maintenant tourner entre ses mains délicates et fines.
*Petite arme, grande force.* pensa-t-elle furtivement.
Un rapide coup d'œil en direction des deux nouveaux combattants, et la jeune femme aperçut le coup que l'homme allait envoyer à Alexandre. Sans perdre de temps, la belle professeur courut en leur direction et s'interposa avant que le jeune homme ne reçoive l'attaque en pleine face. Son bras droit avait attrapé la jambe de l'homme animal en plein vol et l'avait fait tourner sur le côté, déviant ainsi la chute de son adversaire. Tout deux, à savoir Iwëne et le sauvage, furent propulsés sur la gauche, et tout deux furent épargnés de se cogner au sol. Bondissant en arrière, avec une grâce féline, la jeune femme se dégagea de l'homme qu'elle tenait afin de ne pas se faire attaquer d’aussi près. Elle serra son poignard entre ses mains, prête à se défendre.
-J'espère que tu n'as rien contre un peu d'aide, annonça-t-elle sans émotions, à son élève, non loin d'elle, et qui se tenait sur sa droite.

Après avoir chuté sur sa gauche, Iwëne s’était rattrapée habillement et tenait fermement son poignard, prête à l’utiliser. Mais qu'en était-il de son adversaire ? A demi accroupi en face d'elle, il eut la bonne idée de profiter des maigres secondes dont avait utilisé la jeune femme en parole, et élança ses jambes musclées en avant, visant ainsi à faire tomber la demoiselle. Erreur. L'homme sanguinaire avait cru déceler lors du dialogue une feinte, une petite opportunité de déstabiliser la professeur. Or, Iwëne n'avait jusqu'à présent jamais été déconcentrée par si peu, lors d’un combat. Ce fut donc en un petit saut rapide et agile qu'elle para l'attaque, faisant ainsi bon profit de son incroyable souplesse. Une roue arrière, et elle se rétablissait sur les deux pieds, attendant la suite avec patience. Si il lui avait été particulièrement aisé de ne pas tomber et se ratatiner au sol après une simple balayette, la grande masse qui allait lui sauter dessus serait plutôt dur à encaisser. Un rapide coup d'oeil sur la droite, et une solution s’imposait. Il suffisait de se décaler dans cette direction, et, même si l'ennemi s’écroulait sur elle, Iwëne essayerait de tomber d'une manière particulière, de telle sorte que seul ses jambes seraient prises au piège. Le couteau en main, elle pourrait alors attaquer et se défendre. Malgré cette semi bonne idée, il y avait sur la droite, un moyen d'esquiver encore plus simple et plus pratique. Une affaire, vous dis-je ! Cette fabuleuse solution s'appelait "Alexandre Deepest". En effet, le jeune garçon, après avoir déclaré qu'Iwëne aussi devrait faire attention à elle, s'élança pour s'interposer entre la belle professeur et l'ennemi. En quelques secondes, son bras s'enduisit d'un semblant d’acier, sans doute le fruit d’un bon entraînement. La matière arma chaque membre des doigts jusqu’à l’épaule, offrant ainsi à l'élève un bouclier dur, rigide et brillant d'argent. N'utilisant pas son pouvoir que dans un but défensif, Alexandre dirigea son point de métal vers l'homme sanguinaire. Quant à Iwëne, elle s'était mise de côté, légèrement derrière le jeune mutant moléculaire. Elle attendait la réaction de l'adversaire et était prête à dévier les prochains coups…

Sans perdre une minute, le bestial s’était précipité sur le jeune Deepest, bondissant sur sa proie avec une force phénoménale. Alexandre, prit au dépourvu, n’eut pas le temps de parer l’attaque, et s’écroula à terre. L’homme l’écrasait, le retenait, et il était bien difficile à l’élève de se débarrasser de son adversaire. Face au désavantage de sa victime, le mutant sanguinaire prit bon partit de son don. Jusqu’alors, personne n’avait deviné qu’elle était la nature exacte de son pouvoir. Il sautait haut, se déplaçait avec agilité, et possédait une force titanesque. Cette férocité ardente avait tout de même abouti à une conclusion plutôt rapide : Mutant aux capacités amplifiées. Pourquoi pas un organique félin… ? Après tout, on retrouvait chez lui bon nombre de caractéristiques animales, tels qu’en possédaient les lions. C’était sans doute se qu’avaient pensé les deux jeunes combattants, sans pour autant en être parfaitement certains.
Ce fut donc à l’honneur de l’ennemi d’ajouter une pièce de plus au puzzle qu’il représentait. Sans demander permission, l’homme rapprocha son visage du cou de l’élève, afin d’y planter deux magnifiques crocs. Un mutant organique et vampire ? Plutôt original… Sauf qu’au lieu de sucer le sang, comme l’auraient fait nos prestigieux sangs froids, il arracha sauvagement une petite dose de chaire au pauvre Alexandre qui ne pouvait rien pour arrêter le carnage. Un morceau de peau dans la bouche, si ce n’était pas une gueule, il semblait prendre goût à sa dégustation. Le jeune Deepest fit preuve d’un certain courage, et plutôt que de tourner de l’œil, il se releva, tandis que l’adversaire reculait en un saut fabuleux. Ce ne fut pas sans peine qu’il réussit à se remettre debout. Non seulement il devait souffrir de sa blessure nouvellement infligée, mais il devait surtout être terrifié. Qui était donc ce gars ? Un cannibale ? Et pourquoi avait-il un sourire aussi sadiquement épanouis sur les lèvres ? Certes il venait de le blesser, mais était-ce réellement un avantage pour l’ennemi ? Tout ce stratagème devait cacher quelque chose ; l’homme sanguinaire n’avait pas agis ainsi pour rien. Quoi que… il en était sûrement capable, par pur plaisir.
Tout cela décrit, une question se pose : Et Iwëne dans tout ça ? Pour être exacte, elle n’avait pas bougé d’un millimètre. Tétanisée devant la scène, elle ne savait comment réagir, comment intervenir pour sauver son élève. Tout s’était déroulé très vite, peut-être un peu trop à son goût. « Terrifiée » ne serait pas le mot exact pour qualifier son horreur devant le monstre qu’elle devait combattre. Non, il en fallait beaucoup plus pour l’impressionner. Toutefois, cet acte inhumain la répugnait, l’impressionnait aussi. L’ennemi était sûrement plus fort qu’elle ne le pensait, il valait mieux pour elle de cesser de le sous-estimé…
Tandis que le cannibale mâchait le morceau de chaire, la belle jeune femme retourna son regard vers le blessé. Celui-ci lui jeta un coup d’œil, et elle put lire sur son visage la même surprise craintive qu’elle ressentait au fond d’elle-même. En revanche, contrairement au jeune garçon, elle, était toujours aussi impassible, comme si tout ce qui venait de se passer ne l’avait en aucun cas choquée. Mais elle voyait aussi dans les yeux d’Alexandre une dose d’espoir qu’il lui adressait. Ou bien plutôt, une réclamation d’idées. Il est vrai que le combat se présentait comme particulièrement ardu, d’autant plus qu’aucun des deux jeunes gens ne connaissaient le pouvoir exact de leur adversaire. Mais après tout, lui non plus ne savait encore rien d’Iwëne… Et bien, il était temps pour elle de lui donner un aperçut de ce dont elle était capable…
Son poignard doré à la main droite, elle le faisait tournoyer sur lui-même, jouant avec sa lame ondulante. La professeur n’eut pas à réfléchir bien longtemps, elle venait de la trouver, cette fameuse attaque. A l’idée de se qui l’attendait par la suite, elle émit une sorte de grimace intérieure, qui au dehors ne se dessina pas. Une dernière fois, elle jeta un regard furtif envers son élève, comme pour lui affirmer qu’elle détenait une éventuelle solution. Alexandre devrait se montrer pertinent et efficace, car ce qui suivait demandait des efforts, et une bonne concordance d’équipe…
Concentrée à nouveau sur l’homme sanguinaire, Iwëne malaxa son énergie vitale afin d’avoir recours à ses dons de mutante. C’est alors que sortirent de ses vêtements, trois gros paquets d’organes. C’était un mélange, parfaitement soudé, contenant de nombreux bras, un bon rassemblement de veines, des nerfs ainsi que des filaments. Toute cette grande « famille » était particulièrement terrifiante, on aurait dit de gros serpents sanguinolent, avide d’en finir rapidement. Les cordes organiques se dirigèrent à vive allure en direction du mutant qui dînait toujours, et s’enroulèrent autour de lui, sur trois parties différentes de son corps. Pour commencer, une des longues lianes organiques s’entortilla autour de ses jambes. La seconde autour des bras, et la dernière au niveau du coup. Ficelé ainsi, le mutant pouvait difficilement se débattre, il était même très peu probable qu’il arrive à se dégager du piège… Après cette manifestation particulière des pouvoirs d’Iwëne, on pouvait remarquer que cette dernière avait la main crispée sur son arme. Elle se tenait prête à tout instant à couper les organes nouvellement créés au niveau de leurs sources, leurs racines. Et ce, sans la moindre hésitation. Cette manœuvre lui ferait un mal de chien, car aussi artificielles étaient ses longues cordes, tout cet assemblage d’organes faisait bel et bien parti de son propre corps. Imaginez un instant que vous vous mutilez de votre plein gré, vous privant ainsi d’une de vos main, par exemple. Ce n’est pas très agréable, il faut l’avouer. Et bien, c’est ce qu’elle s’apprêtait à faire, si son adversaire l’y obligeait… Après avoir vu son jeune élève se faire arracher un morceau de cher, la jeune femme avait vite deviné que le don du mutant se concentrait en partie sur ses manières cannibalismes. Or, il était toujours aussi difficile de deviner pourquoi il avait attaqué de la sorte. Peut-être la suite des événements en dévoilera un peu plus…
Bref, après avoir comprit ce détail, il était devenu évident pour Iwëne qu’elle non plus ne devait pas se faire croquer. Aussi, si l’homme sanguinaire arrivait à se délier (bonne chance à lui, tout de même), elle couperait dans la seconde qui suit ses trois grosses lianes, qui griseraient alors inertes sur le sol, complètement dépourvu d’énergie et d’identité (autrement dit, de tout son ADN, et par conséquent, de ses pouvoirs), comme si tous ces membres n’avaient jamais appartenus à la belle mutante. C’était un plan astucieux, d’un certain point de vue. Maintenant que l’ennemi était immobilisé et que la professeur le maintenant à distance, c’était au tour du jeune Deepest de passer à l’action… La mutante moléculaire espérait qu’il aurait comprit la suite du plan : attaquer pendant qu’il y a maintenance de l’ennemi, et par conséquent, de le mettre K.O. dans les plus brefs délais…

Après avoir fait du cannibale son prisonnier, Iwëne n’avait cessé d'agiter avec nervosité son poignard doré. Combien de temps attendrait-elle avant qu'Alexandre n'attaque ? Il fallait qu'ils en finissent au plus vite avec l'ennemi. La jeune femme n'appréciait pas particulièrement ce sentiment de panique accompagné de la question fatale : "Dois-je couper les lianes ?". Sans se l'avouer, la demoiselle aux cheveux d'argents avait peur d'enfoncer l’arme dans sa chair. Certes, tout cet attirail de bras, veines et autres tuyaux en tout genre n’était que "provisoire" ou bien encore "artificiel". La douleur de perdre un de ces paquets de cellules serait sans aucun doute moins pénible que si les membres nouvellement créés avaient été présents dès la naissance. Toutefois, le pouvoir de la demoiselle impliquait une souffrance irréversible. Ce qu’elle créait venait de sa chair et de son sang, et si rupture des membres il y avait, alors la douleur serait bel et bien présente.
Malgré ce qui l’attendait, la magnifique demoiselle gardait le visage impassible et le regard concentré, et seul ses gestes répétitifs avec le poignard démontrait qu'elle appréhendait la suite des événements.
Enfin, après quelques instants, son jeune protégé s’élança en direction de l'homme félin. Alexandre modifia en un instant la solidité de son bras de telle sorte que ce dernier était totalement recouvert de métal. Sans oublier ce que venait de lui faire subir le sauvage, le jeune élève décocha plusieurs coups à leur adversaire, comme l'avait espéré Iwëne. Chacun de ses coups étaient particulièrement agressif et brutal, voulant sans doute se venger de sa blessure dans le cou. Pourtant, le mutant sanguinaire tenait plutôt bien le coup malgré la férocité de l'attaque. La jeune professeur, quant à elle, ne bougeait pas et observait d’un peu plus loin le combat entre les deux garçons. Ses beaux yeux marron étaient comme hypnotisés, absorbés dans l’analyse des réactions de l'ennemi. Elle essayait de deviner à l'avance chacun de ses gestes, chacun de ses mouvements. Son sens de l’observation était au beau fixe, aussi, il lui fût plutôt aisé de deviner les intentions du sauvage.
Lorsque Iwëne pressentit qu’il s’attaquerait à la liane autour de son cou, son esprit pensa automatiquement qu’il était temps de couper les vivres. Dès lors où elle avait capturé l’inconnu dans son piège, l’objectif de la jeune femme était de le maintenir pour ne plus être attaquée, mais aussi de ne lui laisser nulle occasion de goûter à nouveau à des membres humains. Aussi, lorsqu'il planta ses canines pointues dans la liane près de sa bouche, Iwëne fut sur le point de couper ce fameux regroupement de cellules avec la ferme intention de priver le sauvage de ce qui semblait lui donner sa "force"... Le poignard près de la source, autrement dit, sur une de ses côtes, elle comptait bien rompre le lien avec cette grande "ficelle". Mais un des gestes de son adversaire lui fit changer d'avis…
Ce dernier se débattait avec animosité, et semblait ne pas vraiment se soucier d'avaler ou non la drôle de consistance qui le retenait. Pour être franche, on aurait bien dit qu'il n'avait pas l'attention d'en faire son repas... Excellente nouvelle !
Pourtant, ce qui suivit n’était pas de bon présage... Le sauvage réussit à se défaire de la liane qui l’encerclait au niveau des membres avant, sortant ainsi un de ses bras musclés de la prison génitale. Ce n'était qu'une affaire de temps, dans quelques minutes peut-être il arriverait à se délier... Mais que pouvait-il faire avec un seul bras de libre ? Et bien il pouvait par exemple, tirer sur une des lianes pour déstabiliser Iwëne... Bonne idée, car la jeune femme ne s'était pas attendue à une telle force, à un tel poids. Déséquilibrée par cette soudaine résistance, elle s'écroula à terre, ne manquant pas le moins du monde la belle occasion de se prendre le sol en pleine face. Un peu sonnée par ce foutu parterre des plus dur, elle réussit néanmoins à se remettre à quatre patte, tandis que l'autre dingue sautait sur le jeune Alexandre. Il ne pouvait pas rester tranquille cinq petites minutes l'enragé de service ? Non, il fallait qu'il en fasse des tonnes, encore une fois ! Mais, manque de chance pour lui, son coup avait fait un léger flop... Deepest avait bien évité l'attaque et s'était rétabli comme un chef en évitant soigneusement de ne pas se ratatiner comme une crêpe.
Iwëne était maintenant sérieusement énervée par cet adversaire à la force multipliée. Sans attendre que l'un d'entre eux finisse dans l'estomac du fou, la belle demoiselle créa une nouvelle liane qui vint s'enrouler autour du bras libéré. Jusqu'ici, rien de nouveau. Mais alors que tous devaient s'attendre à une nouvelle ficelle « qui emprisonne », celle-ci se trouva être de nature dite « offensive ». Alexandre avait bien frappé tout à l'heure, mais il ne pourrait pas continuer tout seul, aussi la professeur employait à son tour les grands moyens... La liane s'enroulait dangereusement autour du bras qui avait eut le bonheur de savourer la liberté quelques secondes auparavant. Et, lorsque la proie fut bien serrée, comme en aurait fait de même un boa avec une souris, elle se recula brusquement en arrière.
CRAC !
L'homme sanguinaire était en droit absolu d'hurler de douleur, car son os avait de très maigre chance d'avoir survécu au choc et s'était par conséquent, brisé en deux.
*Si tu veux te libérer, tu en payeras le prix de tes os. Si tu restes prisonnier, tu auras les mêmes privilèges.*
Cette pensée aurait réjouit plus d’un combattant, pour sûr. Mais Iwëne n’était pas d’humeur joviale lors des bastons. Aussi, elle regardait l’adversaire mutilé avec une parfaite indifférence. Aucune peine, aucune joie.

L'os de l'ennemi venait de se fracturer, se briser ou peut-être bien pire... Subissant les terribles douleurs dans son bras, le sauvage hurla un bon coup avant de pousser un rire diabolique, un rire à vous glacer le sang... Iwëne observait le masochiste sans trop comprendre sa réaction. Etrangement, elle était totalement déconcertée par cet adversaire qui ne semblait pas vouloir se rendre à la logique des choses, et qui au lieu de pleurer sa mère riait comme un barje. En son fort intérieur, la jeune femme pestait contre le cannibale qui ne semblait pas se soucier le moins du monde de sa blessure. Qu'est-ce qu'on lui donnait comme médocs à la GC ? Vraiment, il y avait de quoi s'inquiéter à son sujet...
Jetant un bref coup d'oeil à son élève, la professeur en moléculaire constata qu'elle n'était pas la seule à se poser des questions sur l’homme sanguinaire.
Retournant son attention sur le cannibale, elle le vit qui recouvrait son bras blessé d'un métal des plus resplendissant.
*Comment a-t-il fait ?!* s'inquiéta soudainement la magnifique demoiselle. Si l'ennemi possédait ce pouvoir depuis le début, pourquoi ne l'avait-il pas déjà utilisé contre eux ? Ce n'était sûrement pas pour l'effet de surprise, non, elle en était certaine. Devant elle se dressait un déjanté des plus dangereux, et qui n'aurait pas hésité un instant à les bouffer tout cru à la première occasion. Et des occasions, il en avait eu pas mal depuis que le combat avait commencé... C'est alors que des images lui revinrent à l'esprit. Les canines du bestial arrachant un morceau de chair du cou d'Alexandre, pour finir dans l'estomac de l'homme. Etait-ce donc ça son pouvoir ? Il n'était pas un mutant comme les autres, avec son propre don. Au contraire, il se servait de ses semblables pour agrandir sa force... Terrifiant...
Si chaque morceau de chair lui offrait un nouveau pouvoir, alors le sauvage devait sans doute en posséder plus d'une centaine, à ce jour...
Face à un adversaire de cette envergure, les deux jeunes gens ne pouvaient faire le poids... Pourtant, jusqu'alors, ils ne s’étaient pas trop mal débrouillé et avaient réussi à contrer la plupart des attaques de l'ennemi. Iwëne savait que le travail d'équipe payait toujours, mais elle doutait fortement que ce simple fait puisse leur avoir donné l'avantage sur le cannibale aux milles pouvoirs. Peut-être la réponse lui sera-t-elle dévoilée prochainement...
Pour l'instant, elle regardait le mutant qui venait d'achever sa transformation. Tout son corps se trouvait couvert d'un métal brillant et dur à souhait. Alexandre arriverait-il à en faire de même ? La jeune femme avait confiance en ce petit bonhomme et n'avait aucune crainte quant aux capacités de l'élève moléculaire. Elle espérait seulement que ce dernier trouverait les bonnes idées pour mettre K.O leur adversaire.
Sans doute aurait-il mieux valut pour la jeune femme de se soucier d'elle-même et non de son protégé, car l'homme sanguinaire n'attendit pas une seconde pour mettre hors-jeu la belle demoiselle. Il appuya dangereusement sur la fameuse liane près de son bras, comme il l'avait fait quelques minutes auparavant. A l'exception que cette fois-ci, il mit beaucoup plus de coeur à l'ouvrage et ne tarda pas à faire voltiger l'amas d'organes.
La jeune femme eut comme un malaise intérieur lorsqu'elle vit la longue "corde" bouger de la sorte. Et son appréhension fut vite justifiée lorsqu'elle décolla à son tour. Propulsée avec une telle énergie, il lui avait été impossible de réagir et de parer l’attaque. En moins de temps qu'il ne faut l'écrire, la demoiselle se percuta contre quelque chose de dur, tête la première. Son épaule droite se cogna à son tour, et prit un sérieux coup tout en empêchant au reste des membres de se blesser. Retombant avec dureté sur le sol, la jeune femme était particulièrement déboussolée et ne comprenait plus trop ce qui venait de se passer. Tentant de se soulever, elle ressentit une violente douleur au dessus du bras droit. Sa main gauche tenait encore fermement le poignard doré, malgré la dangereuse chute. Sans perdre une seconde, elle dirigea sa main vers son épaule blessée. La lame brilla un instant avant de couper. Le sang coula sur les bords de l'arme quand celle-ci déchira le tissu de soie blanche qui recouvrait le corps divin de la demoiselle. Le choc contre le mur avait violemment entaillé l'épaule de la professeur, qui saignait abondamment à cet endroit maintenant.
-Et m*rde… ne put-elle s'empêcher de jurer à mi-voix.
Mais il en fallait plus pour mettre hors compétition la professeur et l'empêcher de se battre. Déjà, elle se remettait sur pied. Ce n'est qu'une fois debout qu'elle sentit un liquide chaud dégouliner le long de sa joue. Intrigué, elle passa une main sur son visage et constata avec horreur qu'il n'y avait pas que son épaule qui avait été endommagée. Remontant à la source, elle apprit que le côté droit de son front s’était lui aussi ouvert. Ses cheveux d'argents épongeait la blessure et prenaient petit à petit une teinte rougeâtre dans cette zone.
*Tarr, il ne m'a pas loupé, l'imbécile...*
Observant enfin le mur sur lequel elle avait cogné, elle remarqua avec surprise qu'il s’agissait de la fameuse vitre qui séparait Fraust et la jeune blonde du reste des combattants. Sur la paroi de verre, quelques traînées de sang s'étaient dessinées, recouvrant de minimes fissures.
Et bah, c'était du joli, tiens ! Il n'avait vraiment pas fait dans la dentelle, l'énervé de service...
Se retournant vers les deux garçons, la jeune femme put constater qu'Alexandre fonçait comme un diable droit sur son adversaire. C’est qu’il avait mangé du lion ce matin, le Deepest !
Resserrant son poignard dans sa main gauche, Iwëne observa comme elle put la scène, non sans ressentir une certaine douleur dans l'épaule et au dessus du visage.
Maintenant, elle n'avait plus qu'à attendre... Attendre l’instant opportun à la vengeance…

Iwëne avait réussi à se relever malgré sa blessure. Pendant ce temps, Alexandre continuait de combattre leur adversaire tandis que la jeune femme demeurait immobile. Elle était incapable d'évaluer la situation correctement. Devait-elle attaquer à son tour ? Liane ou Poignard ? A distance ou corps à corps ?
Le sauvage l'avait plutôt bien secouée en l'envoyant valser sur la vitre. Maintenant, elle avait un peu de mal à réfléchir correctement. Ou bien était-ce le combat qui devenait un peu trop complexe ? Toujours est-il qu'elle ne bougeait pas, sauf pour faire tourner son arme entre ses mains. Plus elle observait son élève, plus la professeur pensait qu'il était vraiment formidable. Quand bien même la demoiselle n'intervenait pas, lui, continuait de se défouler sur l'homme sanguinaire. De plus, elle avait remarqué qu'il essayait de gagner du temps en lui fonçant dessus sans relâche. Il y avait forcément quelque chose qu'Alexandre lui seul était au courant à propos de son pouvoir. Des effets secondaires ? C'était sans doute cela. L'ennemi commençait à faiblir, il arrivait de moins en moins à parer les attaques du jeune garçon. C'était une bonne chose.
Soudain, Iwëne repéra une feinte dans le jeu de leur adversaire. Tandis que celui-ci s'était défit des lianes organiques, la jeune femme pointait son petit poignard doré en sa direction. Plus que quelques secondes... trois... deux... un...
Sans se contrôler, la jeune femme s'écroula de nouveau à terre. Les mains appuyées sur son front, elle grimaçait de douleur. Pourquoi fallait-il que ce genre de désagréments intervienne au moment le plus important ? Pour le moment, elle ne voulait pas le savoir et pestait intérieurement. Bon Dieu que ça faisait mal !
Enfin, après une ou deux minutes à se torturer au sol, la demoiselle entendit un grand bruit de vers cassés. Des éclats l'atteignirent, mais elle se protégea le visage d'éventuelles coupures. Une fois que tout ceci se termina, elle tenta de se retourner pour voir ce qui s'était passé. La vitre avait été détruite, laissant apparaître une silhouette pas inconnue. L'homme se précipita à sa rencontre et s'agenouilla à ses côtés. Qu'est-ce qu'il faisait là ? La jeune blondinette était déjà K.O ?
Encore une fois, Iwëne ne voulait pas penser auquel cas elle était certaine que la douleur la reprendrait. Rapidement, elle releva la tête vers un Fraust légèrement inquiet à son sujet. Constant enfin que la blessure n'était pas excessivement profonde, et qui plus est, qu'elle avait enduré bien pire, le visage du jeune homme afficha un sourire bienveillant et... taquin ?
"Et bien, je m'absente un moment et te voila blessée... Je t'ai sauvée la vie une fois, mais je ne serai pas toujours là, mademoiselle !"
Pendant un instant, la jeune femme le regarda, interloquée. De quoi parlait-il ? Sans avoir le temps de lui poser de questions, le recteur se relevait et allait filer un coup de main à Alexandre.
Abasourdie, la belle professeur ne bougeait pas, tentant de comprendre le sens de ses paroles. Il lui avait sauvé la vie ? Quand ça ? A la G.C ? Des souvenirs lui revenaient par millier, des semblants de son enfance. Elle se revoyait, silhouette flouée par le temps mais bel et bien rajeunie. La gamine qu’elle était se trouvait accrochée à des centaines de fils dans une salle close du reste du bâtiment. Son frêle corps ne pouvait bouger, retenu par ces lianes à une table de pierre grise, froide comme la mort. A ses côtés, une jeune garçon aux cheveux gris. Fraust… Les jeunes gens parlaient à voix basse, tout près l’un de l’autre.
« Iwëne… je te sortirais d’ici. Je te le promet… »
Puis les images devenaient de plus en plus rapides, comme un avancé dans le temps. Des gardes arrivaient, reprenaient de force le garçon. Elle, elle criait pour qu’ils ne l’embarquent pas. Elle ne voulait pas rester seul, elle ne voulait pas le quitter. Puis, elle se rendormait, s’engouffrait à nouveau dans son comas. A son réveil, elle était au dehors, libre. L’air frais caressait ses cheveux d’argents. Comment était-elle arrivée à s’évader ? Mystère…
Les souvenirs arrêtèrent leur folle course, comme pour laisser à la jeune femme le temps de comprendre leur signification. Aujourd’hui, tout s’expliquait. Iwëne savait maintenant qui l’avait arrachée des griffes de la G.C, qui lui avait offert la possibilité de se forger une nouvelle existence.
Et son sauveur se trouvait à quelques mètres d’elle, en train d’envoyer des éclairs sur l’ennemi. Cette fois-ci, la professeur réussit à se remettre debout et s’avança tranquillement vers l’homme qu’elle avait tant aimé auparavant.
-C’était… toi ? lui murmura-t-elle sans pour autant oser le regarder dans les yeux.