[EVENT 4] Sauvetage express !

Un kilomètre à pied, ça use, ça use... Un kilomètre à pied, ça use les souliers !
Deux kilomètres à pied, ça use, ça use... Deux kilomètres à pied, ça use les souliers !

Si l'on aurait calculé la distance entre le réfectoire et l’entrée principale de la Génétics Corporation, la chanson se serait arrêtée au bout de deux kilomètres… Maintenant que la mesure en mélodie est faîtes, il faudrait faire la conversion entre le vrai nombre de kilomètres et le temps que l’on prend pour chanter chacun des mots. Et entre les deux : il y a une véritable différence. Ajoutons à cela que la professeur en moléculaire marche à une vitesse plutôt rapide et régulière, la distance se raccourcit encore un peu plus. En tout pour tout, lorsque le problème est bien posé et rédigé, la réponse est tout de même : un grand charabia qui ne veux strictement rien dire mais qui annonce qu’il y a à peine une dizaine de mètres entre le réfectoire et le hall d’entrée.

Ces dix mètres, la belle mutante les traversa sans se retourner, sans attendre la petite troupe de mutants qui était toujours figée dans le hall. Ils la rejoindraient dans quelques minutes de toute façon…
Arrivée à la fin de cette courte distance, une porte magnétique construite à partir de verre et d’autres matériaux ultra chic qui brillaient et donnaient une certaine classe aux lieux se dressait et barrait la route à la jeune professeur.
Bon, pour une fois, ce n’était pas un gros problème. A coups sur, les portes s’ouvraient automatiquement et entrer dans le quartier « miam miam » était d’une simplicité écoeurante. Postée devant la porte transparence en partie, Iwëne patientait tranquillement, sans rien dire, attendant que tout se passe sans rien faire.
Cinq secondes plus tard, elle regardait la porte vitrée tout en poussant un long soupire.
Sur le côté, une petite fente était visible et c’est avec une certaine lassitude que la jeune femme passa la carte remise par Ashen (et volée à Fraust) dans l’engin attribué pour gérer les entrées et sorties.
*On a le droit de rêver* pensa-t-elle, légèrement méprisante, lorsque les portes automatique en verre s’ouvrirent pour laisser place à la grande salle à manger réservée aux généticiens.
Aussi silencieuse qu’une panthère qui se cache, la jeune femme pénétra dans le réfectoire, et s’avança vers le milieu de la pièce comme si elle visitait un musé. Quelle prudence !
Enfin de compte, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, là non plus, puisqu’il n’y avait strictement personne dans la salle. Seul des assiettes encore pleines de nourriture et des chaises rangées n’importe comment donnait un peu d’animosité au décor. Quel ennui… Les généticiens, militaires, cobayes et toute la clique étaient sans doute déjà partis en renfort et les lieux se retrouvaient donc parfaitement vide. A moins que…
Assise dans un coin de la salle, cachée par une grande ombre, une jeune fille aux cheveux blond éclatant se trouvait à quelques mètres de la belle mutante aux cheveux argent. La demoiselle semblait plutôt jeune pour se trouver dans une usine tout droit sortie du royaume de Satan, et il est vrai qu’elle ne faisait aucunement penser à une scientifique complètement barge qui défendait des valeurs différentes de la Faculté et des mutants libres. Pas de blouse blanche, pas de gants de chirurgiens, pas d’armes visibles ni de scalpels et outils électriques. Non rien de tout ça. Mais qui était donc cette jeune personne à l’aspect si fragile et vulnérable ? Une détenue ?
Iwëne qui depuis le début de l’assaut était au courant de « pourquoi » une mission pareille n’avait malheureusement pas pensé une seule fois à demander qui étaient les élèves kidnappés dont il était question depuis un bon moment. Enfin, c’était un peu tard pour demander…
Si elle se rappelait d’un des noms prononcés par Ashen, une certaine « Aurélie Owen » reconnaître laquelle des étudiantes étaient laquelle, c’était autre chose…
La jeune demoiselle devant elle l’intriguait particulièrement, et Iwëne, qui était plutôt déchaînée par les événements, ne mit pas plus de deux minutes pour briser le silence. Enfin, « silence » qui était tout de même entrecoupé par l’éternel sonnerie d’alerte… Toujours est-il que c’était un exploit de sa part…
-Excusez-moi… Etes-vous une des élèves kidnappées de la Faculté ?
En effet, dans le genre « direct », ce genre de phrase n’était pas loin de détacher le gros lot ! Qu’est-ce qu’elle se sentait maligne de poser une question pareille… C’était peut-être aussi ridicule que de demander à quelqu’un « C’est naturel votre couleur de cheveux ? » alors que la dame à dépassée la soixantaine…
Pourtant, la petite ne donnait pas l’air d’être un grand danger avide de la manger toute crue, aussi il y avait pas mal de chance pour que ce soit elle la fameuse « blonde » dont avait parlé Ashen quelques minutes plus tôt… Non ?

La belle Iwëne regardait toujours la jeune fille qui se tenait légèrement à l'écart, dans sa zone d'ombre. Pendant quelques minutes, la jeune femme crut que sa question avait jeté un froid et par conséquent qu'elle s'était prit un vent...
Soit elle s'était délibérément trompée de personne, soit un colosse se trouvait dans son dos près à l'attaquer et la demoiselle en face d'elle, terrorisée n’osait prononcer mot, soit elle était totalement muette. Toujours est-il que la petite ne disait rien, comme si elle n’avait pas encore vue la grande et fine silhouette d’Iwëne qui se tenait debout à peine deux mètres plus loin du coin où elle se trouvait.
Enfin, la jeune fille sembla s'apercevoir de la présence de la professeur et releva la tête pour la regarder, elle aussi. Pendant quelques secondes, elles se dévisagèrent l’une et l’autre. Légèrement déconcertée, la demoiselle se mit à bégayer et tenta tant bien que mal de formuler une phrase correcte.
La mutante, soulagée de ne pas être la seule à supporter le léger malaise qui s’était créé, attendit patiemment que la jeune fille réponde à sa question. A entendre le son de sa voix quelque peu enfantine, l'inconnue correspondait de moins en moins aux critères des scientifiques de la GC. Des chercheurs qui étaient pour la plupart, beaucoup trop sûres d'eux...
L’identité de la jeune fille fut enfin certifiée lorsqu’elle reprit la parole, après avoir réfléchit pendant quelques secondes, sans doute à propos de ce qu’elle allait ajouter.
Un petit "Oui" suivit d'un retournement de question. Rien de plus mais c’était déjà bien assez.
Quelle veine ! A peine la belle Iwëne s'était détachée du groupe de Fraust et compagnie que tout allait déjà bien plus vite ! Quelques minutes avaient suffit pour retrouver une des élèves tant recherchée. Si ça c’était pas un sauvetage express, je ne sais pas ce que c’est !
A vrai dire, c'était même un peu trop facile...
Son instinct activa alors la manipe « méfiance » et la jeune femme commença à redevenir sérieuse, comme au tout début de l’aventure. Si ça se trouve, des agents spéciaux étaient cachés dans un des quatre coins de la salle et attendaient sans faire le moindre bruit, que la professeur avance de quelques pas pour lui sauter dessus et l’attaquer par la suite. L'étudiante prenait alors dans ce stratagème, le rôle très connus « d'appas »...
Après un rapide coup d'oeil beaucoup plus précis que celui qu’elle avait jeté lors de son entrée dans le réfectoire, la mutante conclut qu’aucune autre personne ne leur tenait compagnie. Bonne nouvelle...
Son attention se reporta alors sur la jeune fille qui attendait toujours réponse à sa question. Sur le visage froid et inaccessible d’Iwëne, un petit sourire ravissant et convivial se dessina, comme pour rassurer la demoiselle à la crinière blonde, qui devait être paniquée par cette soudaine arrivante. A tous les coups, l’étudiante avait réussi à s'échapper de la cellule où elle était prisonnière et était maintenant recherchée par les scientifiques. Trop occupé à se défendre, ceux-ci ne s’étaient pas rendus compte de son évasion et elle s’était réfugiée ici. C’était donc tout légitime de sa part de croire qu'Iwëne faisait parti de ce groupe de personne aux activités douteuses. Pourtant loin de là l’idée qu’elle veuille lui faire du mal...
-Je suis Iwëne, professeur en moléculaire à la Faculté… Fraust, quelques élèves et moi-même sommes venus vous secourir et vous arracher à cet enfer, vous et deux de vos camarades. Le M.I.L aussi est au rendez-vous, ils font une diversion de l'autre côté pour nous laisser la voix libre... Mais peu importe... Il faut nous dépêcher, des renforts ne vont pas tarder à arriver je suppose, et les complications... On les évites comme on peu…
Au début de son petit discours, son ton avait eu des sonorités mielleuses et chaleureuses, comme lorsqu’elle voulait mettre en confiance quelqu’un ; mais lorsqu'elle précisa que le temps était compté, celui-ci redevint tout à fait neutre, signe qu'elle redevenait l'espace d'un instant, sur le qui-vive.
Fraust et la petite troupe ne tarderait plus à arriver, cela ne faisait aucun doute. Et ensemble, ils pourraient enfin retrouver les deux autres captives...

Après quelques minutes en tête à tête avec Dana, dans ce réfectoire glacial et quasi-vide, la petite troupe de mutants arriva enfin dans la salle en pagaille. La belle professeur en moléculaire s’apprêtait à demander à la jeune élève pourquoi celle-ci désirait être appelée "Agent Zurbriggen", et qui était monsieur Karn mais, après réflexion, elle se retint de faire sa curieuse. La jeune fille avait peut-être enduré des choses affreuses ici, et aborder le sujet était sans doute délicat… Aussi, la jeune femme acquiesça simplement d'un signe de tête. Devant le visage de Dana qui reflétait de l’inquiétude, et peut-être de l’appréhension, Iwëne précisa d’un ton presque inaudible :
-Si les choses venaient à mal tourner... je serais là pour intervenir...
Son rôle en tant que professeur à la Faculté n’était pas de protéger les élèves mais de leur enseigner et les aider dans la compréhension de leur pouvoir. Or, depuis qu’elle avait pénétré dans la Genetics Corportation, le lieu qui lui avait brisé son enfance, elle avait éprouvé un sentiment de compassion envers les mutants qui étaient obligé d’y séjourner. C’était alors devenu une priorité pour la belle Iwëne de protéger ses semblables. Corps et âme elle se dévouerait pour qu’aucun d’entre eux n’ait à subir les souffrances imposés aux mutants, que ce soit ici, lors d’un combat, ou ailleurs, face à des discriminations. Et même si certain d’entre eux avaient déjà goûté à la malédiction dîtes « réservée à la race mutante », elle tenterait d’apaiser les souffrances. A ce moment, une bouffée de courage venait d'envahir l’esprit de la jeune femme et sa détermination n'en devenait que plus grande. La faculté deviendrait un lieu de paix, elle en était certaine, elle y croyait dur comme fer. Mais avant ça, les guerres qui opposeraient les mutants et ceux qui ne les acceptaient pas, ou les considéraient comme des dangers, ne cesseraient d’exister, et chacun des deux « clans » défendraient leur valeur, au péril la vie de certains. C’était dur à accepter, mais la vie était faite ainsi. Une des raisons pour laquelle elle n’abandonnerait jamais l’idée que ses semblables vivraient égaux et en paix face aux ennemis…Jamais.

Quelques secondes après le petit dialogue échangé, Fraust et les rares élèves désignés pour l’urgente mission, rejoignirent les deux demoiselles. Après de rapide présentations, et des petits mots rassurants - peut-être mieux choisis que ceux dont avait utilisé Iwëne- de la part du recteur, et les jeunes gens avançaient vers la salle suivante où devaient se trouver les deux autres captives, qui, Iwëne l’espérait, n’avaient pas trop souffert dans ces lieux effroyables. Mais avant de partir pour peut-être ne jamais revenir – car qui sait ce qui les attendaient de l’autre côté ?- Fraust n'oublia pas de s’emparer de la carte magnétique qui jusqu’alors n’avaient pas quitter la main d’Iwëne. Petite revanche sans grand intérêt, mais qui eut pour effet de calmer et ramener à la réalité la jeune femme qui commençait à bouillir intérieurement, en se remémorant les visages des mutants qu’elle avait observé dans les couloirs de la GC, des années auparavant, et qui laissaient transparaître toute l’horreur qu’on leur avait fait subir. Sans protester, sans dire mot, la belle mutante regarda le jeune homme, qui avait été l’un des rares à avoir fait de sa vie de l’eau potable et moins brouillée, mais n’arriva pas pour autant à sourire face à cette gentille provocation. Finalement, elle se décida à emboîter le pas au recteur et le rejoindre en tête de la troupe. Direction, les cellules...Direction l'enfer...