[Russie] Tu m'ennuies ou tu restes en vie ? (pv)

Iza resta là perché elle l'avait entendu la suivre, de toute façon avec tout le bruit qu'elle avait fait en criant au feu cela n'avait pas du être bien compliqué. Elle avait un peu d'avance et c'était juste ce qu'il lui fallait pour mettre à exécution son plan, l'attirer quelque part pour se débarrasser de cette facette dangereuse au possible. C'est ainsi qu'elle c'était retrouvée ici à se cacher dans le plafond attendant patiemment qu'il avance pour tomber dans son piège, se faisant assommer du même coup. Après deux minutes dans son perchoir, elle entendit des pas, les pas de quelqu'un qui cherchait son chemin, et qui faisait attention aux moindres détailles. Son coeur se mit à battre plus vite mais elle prit bien garde à respirer tranquillement le moins fort possible. Il approcha lentement, très lentement, permettant à la jeune femme de se préparer à lui sauter dessus.
Une minutes après les premiers signes de son arrivée, il entra enfin dans son champs de vision, il avait rangé son arme signe qu'elle lui avait suffisamment attiré son attention pour qu'il ne la blesse qu'elle. La jeune femme en était intérieurement soulagée, bien qu'elle était aussi effrayée par ce qu'elle allait devoir faire et surtout son échec probable dans sa tâche. Imaginé, une femme d'un mètre quarante de haut contre un monstre mécanisé grand et large comme une armoire à glace, les pronostiques sont vites fait...
Il était maintenant presque en dessous d'elle, plus qu'un seul pas et il serait parfaitement bien placé. Il leva la jambe et la reposa quelques centimètres plus loin, Iza elle venait tout juste de se laisser tomber, jambes en bas, elle les passa autour de son buste et d'un coup de coude vif et bien placé, sans même lui laisser le temps de réagir elle frappa de toutes ses forces en un point précis du crâne qui assommait bien plus facilement que les autres. Il n'y avait plus qu'à résister aux quelques minutes de conscience qu'il aurait encore, et cela allait être difficile. Elle n'eut même pas le temps de fuir, de descendre, non il l'agrippa par la gorge la décrochant comme s'il ne s'agissait que d'une plume, face à lui elle le regardait les yeux grand ouvert, cherchant son air et comptant dans sa tête les quelques secondes qu'elle aurait à tenir ainsi. Ses yeux montraient son étourdissement mais il était résistant, sa force surhumaine broyait presque la gorge de l'acrobate, elle sentait l'ai lui manquer n'ayant plus du tout la capacité de respirer depuis déjà une bonne quarantaines de secondes. Il fini par tituber en posant un genoux au sol, lui permettant à elle aussi de toucher terre, la laissant tomber, crachant plus que respirant, un râle douloureux s'échappait de sa gorge, mais elle respirait enfin. Elle releva la tête et le vit s'effondrer de tout son long petit à petit chacun de ses muscles le lâchant. Avant qu'il ne sombre elle pu articuler quelques paroles en anglais à l'attention de cet autre qui la quittait.

« - Dormez bien, et merci de votre aide. »

Maintenant qu'il n'était plus là, elle pouvait tranquillement reprendre son souffle, ce qu'elle fit en cinq bonnes minutes, durant lesquels sont râles sonores et extrêmement douloureux se changea en une respiration difficile et douloureuse mais totalement silencieuse. Dans une heure cela irait mieux, mais elle avait retrouvé une ventilation normale ou presque c'était déjà cela. Mikhail, il fallait qu'elle le retrouve pour venir en aide à Alex, elle se leva, regarda et se dirigea dans la direction des derniers gardes qu'elle avait pu voir, mais Iza n'eut pas besoin d'aller jusque là, elle trouva son homme en chemin. Ne lui laissant aucun loisir pour parler, elle lui adressa directement la parole.

« - Je vous conduit à monsieur Kalistarine. J'ai réussit à l'assommer, il va bien juste une bosse au réveil. Quand à moi, si cela ne vous dérange pas, je vais me changer. »

Lorsqu’il revint à lui, Alex se trouvait dans son lit, ou plus précisément dans le lit de la petite chambre du sous-sol qu’il utilisait lorsqu’il passait la nuit dans son atelier. Il préférait de loin cette petite pièce sobre et fonctionnelle à sa chambre démesurée du premier étage. Il constata en tournant la tête que celle-ci lui faisait mal. Que c’était-il donc passé pour qu’il se retrouve ici ? Il se souvenait l’exercice avec Iza, la course dans le parc, et ensuite plus rien, à part la vague image floue d’un arbre en feu et d’un étrange collier. C’était lui, il était encore apparu. Alex donnerait cher pour réussir à le contenir, à limiter ses apparitions. Qu’avait-il fait cette fois-ci ?

Soudain, Alex se redressa dans son lit. Iza ! Il se leva et s’habilla en priant pour qu’elle n’ait rien et qu’elle ait réussi à lui échapper. Une si frêle jeune femme face au déchainement de son autre lui aidé de sa force mécanique ne pouvait pas s’en sortir sans bobos à moins de courir plus vite que lui, ce qui était également loin d’être évident. Alex sortit de sa chambre et trouva Mikhail qui veillait devant la porte.

« Mikhail, que s’est-il passé ? Est-ce que Iza va bien ? »

« Elle va bien monsieur, elle s’en sort avec de légère blessures. Votre autre personnalité a repris le dessus et s’est un peu… emportée. Un arbre du parc a brûlé et il y aura quelques réparations à faire sur la façade est et des vitres à remplacer. Le bilan n’est pas aussi lourd qu’on pouvait le craindre. »

Alex resta silencieux, perdu dans ses pensées. Ainsi elle avait été blessée, légèrement, mais blessée quand même. Alex s’en voulait pour cela, bien qu’il n’y put pas grand chose. Lorsque l’autre prenait complètement le dessus comme aujourd’hui, il n’était pas conscient de ce qui se passait et n’en avait que de très vagues souvenirs, comme s’il y avait réellement en lui une autre personne totalement différente. Pourtant, ce n’était qu’une autre facette de lui-même, il le savait bien, et c’est pour cette raison qu’il endossait toujours le poids des actes de l’autre, qui lui ne s’en faisait jamais pour rien. Alex avait une notion très précise du bien et du mal agissait toujours selon de qu’il jugeait être bien, mais l’autre, même s’il n’ignorait pas ces notions et la distinction entre les deux, s’en fichait complètement, et c’est cela qui le rendait si dangereux.

Alex fut interrompu dans ses réflexions par Mikhail qui le fit revenir à la réalité.

« J’ai repoussé l’heure du conseil extraordinaire et logé les personnes présentes dans les chambres du premier étage en attendant que vous vous rétablissiez. »
« Mince, le conseil ! Réunissez-les immédiatement, je ne vais pas les faire attendre d’avantage. »

Il était à la tête d’une grande entreprise et n’avait pas le temps de s’attarder indéfiniment sur ses états d’âme, il pourrait réfléchir à tout cela plus tard. Mikhail acquiesça et tourna les talons tandis qu’Alex retournait dans sa chambre pour enfiler un costume propre. Mais il se ravisa soudain et interpella son majordome avant qu’il ne soit trop loin.

« Mikhail, dites au cuisinier de préparer quelque chose de simple pour ce soir, pour deux couverts. »

Sur ces mots, il se changea en vitesse et sortit de sa chambre pour rejoindre les membres du conseil dans la salle de réception provisoirement convertie en salle de réunion. Lorsqu’il entra, après avoir salué les personne présentes, il commença sans faire de long préambule inutile et barbant.

« Messieurs dames, je suis navré de vous avoir fait attendre si longtemps, un fâcheux imprévu est survenu dans la matinée et cela m’a empêché de vous rencontrer plus tôt. Mais passons directement à l’essentiel si vous le voulez bien. J’ai réunit ce conseil extraordinaire pour vous informer que je vais partir quelques temps afin… d’explorer de nouvelles possibilités, et nous devons donc prendre ici et maintenant les mesures nécessaires pour que vous, les plus éminents responsables de ma société, puissiez faire tourner cette dernière sans moi. Je vous rassure, je ne vais pas complètement disparaître de la circulation, je garderais le contact avec Mikhail qui me tiendra informé et vous transmettra mes instruction qu’il en est besoin. Il sera donc mes yeux, mes oreilles et ma voix, considérez-le comme tel. »

La réunion dura plusieurs heures afin de tout organiser et mettre au point. Pendant ce temps, Mikhail était passé par la chambre d’Iza pour l’informer que le maître était redevenu lui-même et qu’elle était conviée à sa table pour le repas du soir. Heureusement qu’Alex n’était pas là pour entendre cela car il aurait remonté les brettelles de Mikhail dans le cas contraire, il avait horreur d’être appelé le maître. Il détestait déjà que Mikhail lui donne du « Monsieur » sans cesse alors qu’il le faisait sauter genoux lorsqu’il était enfant. Mais Mikhail était incroyablement têtu et s’en tenait rigidement aux codes du parfait majordome.

La réunion se termina à temps pour le dîner ou presque et Alex, après avoir raccompagné chacun jusqu’à sa voiture, se dirigea vers la salle à manger. Il avait quelques petites minutes de retard et Iza devait déjà être en train de l’attendre. Une chose le perturbait depuis qu’il avait repris conscience : le collier. Quel était cet étrange collier dont il avait un souvenir très flou ? Peut-être la jeune femme saurait répondre à cette question. Avec tout cela, il avait oublié de demander à Mikhail s’il savait quelque chose à ce propos. Il verrait donc plus tard.

Alex entra dans la salle à manger et trouva Iza qui l’attendait déjà.

« Je vous prie de m’excuser pour mon retard, Asahi-san. La réunion a duré un peu plus longtemps que je l’imaginait. Je vous remercie d’avoir accepté mon invitation. »

Alex s’installa à table en face d’elle et vit avec horreur ce qu’était ce collier si étrange dont il se souvenait : une marque de strangulation sur le cou de la jeune femme. Pendant deux secondes, il ne put rien dire ni rien faire d’autre que regarder avec des yeux écarquillés cette marque sombre sur la peau fine d’Iza.

« Par le diable, est-ce moi qui vous ait fait ça ? »

Question inutile, il savait très bien que c’était son œuvre. Il avait attaqué et blessé une femme, le comble du déshonneur ! Alex estimait que c’était le gent féminine qui rendait ce monde agréable à vivre et il se faisait un devoir de protéger les femmes. Et plus encore qu’une femme, Iza était aussi sa nouvelle collègue, ce qui redoublait la faute de son crime.

« Je suis… vraiment navré pour ce qui s’est passé ce matin, et pour que… je vous ait infligé. Je vous assure que ce n’était en rien le reflet de ma volonté et que jamais je n’ai voulu une telle chose. Je ne sais que faire pour me racheter, demandez-moi ce qui vous conviendrait et je m’exécuterai. »

Cela pouvait sembler un peu étrange pour quelqu’un qui ne connaissait pas Alex, mais il avait été dans le but de devenir un vrai gentleman et en plus de cela, il avait l’esprit chevaleresque, il était donc bien décidé à payer pour cette faute. Un serveur apporta deux assiettes qu’il servit à table en annonçant « Bouchées aux fruits de mer et terrine de saumon accompagnés de salade de saison. » mais Alex n’y fit pas attention et ne fit pas mine de commencer son repas. Il attendait qu’Iza lui réponde.

Iza était remontée dans sa chambre, laissant Mikhail s'occuper de son employeur, elle marchait tranquillement, d'un pas presque lent, se détachant ses longs cheveux en chemin, tandis que les gardes la regardait d'une façon bien déplaisante. Enfin ils la regardaient pour sa tenue, jusqu'à ce qu'ils remarquent son cou, là les remarques déplaisantes pour elle sans doute, sur sa tenue des plus osées disparaissaient, ils savaient sans doute tous comment ces marques de mains étaient arrivées là et le signe qu'elle était vivante ne signifiait qu'une seule chose, lui n'était plus là. Ils la laissaient passés, se précipitant pour la plus part dans la direction où Alex était étendu sonné sur le sol. Tant mieux elle n'avait pas envie de ces regards sur elle, son expression était vide parce qu'elle réalisait ce que travailler avec cet homme signifiait... Et puis surtout, elle réalisait le danger que cela avait été de combattre cet homme, le danger pour sa vie alors que ce n'était qu'un simple entraînement, elle avait eut peur extrêmement peur, et ce n'est que maintenant qu'elle le réalisait pleinement.

Une fois dans sa chambre, elle retira ses vêtements et prit une douche bien chaude, pleurant de douleur lorsque l'eau toucha sa peau mise à vif par la prise de l'homme. Une fois propre et rafraichie, elle releva ses cheveux de tel sorte de pouvoir examiner de plus prêt sa blessure, elle en aurait pour un moment à première vue, mais cela ne donnerait qu'un bleu une fois la peau refaite. Il fallait qu'elle soigne cette brûlure et tout rentrerait dans l'ordre. Elle chercha donc de quoi, et appliqua la crème contre les brûlures sur sa peau rougie par l'eau, la douleur fut à nouveau si vive qu'elle lui arracha des larmes, mais elle garda les dents serrées. Une fois ces quelques soins achevés, elle retourna dans sa chambre et s'allongea sur le lit regardant le plafond réfléchissant sur les dispositions à prendre en cas de crise. Elle ne vit rien sauf l'enfermer une fois privé de ses armes, mais comment priver de ses armes cet homme elles faisaient partit de lui... Elle resta ainsi allongé jusqu'à ce qu'elle s'endorme, cette fuite l'avait fatiguée. Elle ne se réveilla que lorsque le majordome frappa à la porte pour l'informer qu'elle mangeait avec Alex pour le diner, et l'heure de ce dernier.

Il lui restait encore trois longues heures devant elle avant le repas, et elle savait exactement ce qu'elle allait faire. Écrire un rapport détaillé de ce qu'elle avait apprit sur l'autre personnalité de monsieur Kalistarine. Elle nota sur une feuille les questions qui lui venait à l'esprit et sur une autre ce qu'elle devait écrire un ou deux idéogrammes par idées était suffisant pour elle, mais après un quart d'heure la feuille était pleine et bien que séparée en deux pour les points positifs et les points négatifs du personnage, aucune des deux colonnes ne faisait défaut à l'autre... Pour résumé, cette facette sombre étaient un chasseur hors paire qui manquait un peu de réflexion lorsqu'il se laissait emporter dans cette sorte de rage, mais elle était incontrôlable et très dangereuse. Elle prit alors une autre feuille et dressa le profil d'Alexandrov Kalistarine, lui aussi était assez fourni et détaillé, bien plus qu'elle ne l'aurait cru. Une fois ceci fait elle prit deux bonnes heures pour rédiger les profils détaillés des deux personnalités de cet homme et les conclusions qu'elle tirait de tout ceci. L'ensemble était plutôt positif, d'autant plus qu'elle avait répondu à toutes ses questions sauf une, le nom de l'autre, elle n'aurait qu'à lui demander durant le repas, elle était certaine qu'ils parleraient de cela assez rapidement de toute façon...
Il lui restait une petite demi-heure pour se préparer, elle sortit une nouvelle robe habillée pour ce milieu, elle mit ses bottes de tout à l'heure qu'elle lava d'un coup de chiffon, et enfila par dessus la sorte de bustier à col qui pouvait s'ajouter à la robe, l'avantage était qu'il remontait assez haut pour cacher les marques qu'elle avait. Ses cheveux elle les remonta avec de nombreux piques ciselés qui n'étaient autres que des armes réemployées, puis elle se maquilla, il recevait du monde elle se devait de faire bonne impression si jamais elle croisait quelqu'un par hasard. Puis elle sortit de sa chambre, se dirigeant en prenant son temps vers la salle à manger, elle arriva seulement quelques minutes en avance et en profita pour sortir sur le balcon histoire de prendre l'air et observer la coure où des voitures partaient les unes derrières les autres. La réunion venait de prendre fin, Alex saluait ses collègues après avoir pris des dispositions pour son départ. Tout semblait s'être bien passé car lorsqu'il se retourna son visage ne sembla pas bouger d'un pouce. Elle se contenta de sourire, voyant qu'il avait tout de même pu mener ses affaires à bien. Puis elle tira une chaise à l'un des deux places qui avaient été préparées afin de s'asseoir. Le temps qu'il monte et éventuellement qu'il fasse un crochet par un autre endroit il serait là dans cinq à dix minutes. Son vêtement lui faisait mal, elle déboutonna donc le col afin de laisser respirer son cou et ne plus entrer en contact avec sa blessure. Elle le remettrait dans cinq minutes, juste avant qu'il n'arrive, mais visiblement cet homme était ponctuel et ne fit aucun détour ce qui empêcha la jeune femme d'agir selon ses plans. Et cela fut visiblement une erreur, la marque lui fit un choc certain vu la tête qu'il fit lorsqu'il la remarqua. Il venait de s'excuser pour son retard et avait soudainement écarquillé les yeux incapable de parler. Elle en profita pour lui répondre, agissant comme si de rien était.

« - Je vous en prie, vous aviez des affaires importantes à régler, je peux bien attendre quelques minutes. »

Elle avait dit ça en le regardant, attendant qu'il reprenne ses esprits et qu'il passe à autre chose, mais visiblement vu la réponse qu'il fit il n'en avait pas vraiment l'intention. Alors elle le laissa finir complètement de s'excuser et tout ce qui allait avec avant de répondre pour clore le sujet. Elle fut surprise de voir à quel point il prenait tout ceci au sérieux, et encore plus d'entendre la proposition ou peu importe ce que c'était qu'il lui faisait. C'est ce moment là qu'un domestique apporta les plats, présentant en russe les plats, ce qui ne laissa à la jeune femme d'autres choix que de ne rien comprendre, mais elle remercia tout de même l'homme lorsqu'il déposa l'assiette devant-elle.

« - Techniquement, non ce n'est pas toi, c'est ton autre dont j'aimerai bien connaître le nom si tu me permet. Quand à ce qui c'est passé ce matin ne t'excuse pas, c'était très instructif, cela m'a permis d'apprendre de nombreuses choses que je n'aurai pu soupçonner. Mais ce que j'aimerai savoir, c'est comment va ta tête, pas trop douloureux, je sais que cette prise fait mal pendant un long moment, mais c'est la plus efficace que je connaisse. Navrée que tu doive en faire les frais... »

Elle se contenta de lui faire un léger sourire et dégusta la première bouchée de son plat, c'était très bon, digne de ce qu'on lui avait servit jusqu'à maintenant. Elle attendit de voir la réponse d'Alex, prenant à nouveau cette familiarité qu'il laissait encore de côté. L'acrobate n'avait jamais été quelqu'un de très sophistiqué, dans son milieu la famille était quelque chose de très important et ce manque premier de respect n'était pour elle qu'une façon de montrer sa confiance justement, celle qu'on accorde à sa famille et à son entourage proche, ce que son interlocuteur était désormais qu'il avait rejoins l'équipe. Elle continua de manger, buvant régulièrement pour réhydrater sa gorge qui la faisait souffrir du fait de la prise qu'elle avait subit quelques heures avant.

Alexandrov fut particulièrement surpris de la réaction de Iza qui, somme toute, prenait toute cette affaire étonnamment bien, et ne formalisait pas de sa mésaventure. Elle semblait considérer cette entrevue avec la mort comme un incident mineur et ne pas s’en soucier davantage, en tirant au contraire le positif. Il faut bien dire qu’elle était une hunter de l’ATW, une chasseuse de mutants, et Alex avait tendance à l’oublier parce qu’elle était une femme, grave erreur. Pourtant, cela ne l’apaisait pas car quoi qu’elle en dise, il était ainsi et si elle ne lui en voulait pas, ce n’était pas le cas se sa propre conscience. Il ne put empêcher ses lèvre de dessiner un étrange sourire, mélange d’amusement, d’ironie et de… dépit ? Sourire qui s’effaça aussitôt, avant qu’il reprenne la parole.

« Ma tête va bien, et je vous remercie même d'avoir agit ainsi. J’ai un peu mal, certes, mais j’ai vu pire, et je souffres certainement moins que vous. »

En disant cela, il désigna d’un geste discret le cou meurtri de la jeune femme. Bien qu’il ait noté qu’elle utilisait de nouveau le tutoiement, les habitudes de son éducation avaient la vie trop dure pour qu’il fasse de même avec elle et ne changea pas sa façon de parler.

« C’est moi qui suis navré que vous ayez dut faire les frais d’une rencontre avec… Lui. Mais ne vous y trompez pas, Lui c’est moi. Il n’est pas une autre personne, c’est simplement une autre facette de moi-même, une facette sombre libérée de toutes les inhibitions. Et je dois bien avouer que malheureusement, nous ne sommes pas sur un pied d’égalité car, si lui vit tout ce que je vis, je n’ai aucune conscience de ses actes, et j’ignore même jusqu’au nom qu’il se donne. Si seulement il s’en donne un qui ne soit pas le miens. Si vous tenez vraiment à obtenir cette information, le seul moyen est de le lui demander, mais je prie pour que vous n’ayez plus jamais l’occasion de le faire. Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé ce matin, mais ne vous y trompez pas, ce n’est une personne fiable, pour quoi que ce soit. Ce n’est pas un fou furieux, sauf quand il est vraiment en colère, mais il n’a aucune limite, aucune morale, rien qui puisse le retenir. Et je suis incapable de le contrôler, il est comme… Les experts ont conclu qu’il s’agissait d’un dédoublement de personnalité à caractère exclusif au dernier degré dut à un choc post-traumatique violent. Pour m’éviter de devenir fou et me permettre de continuer à vivre presque normalement, il est apparu et est devenu fou à ma place, en résumé. »

Un lourd silence s’installa entre eux et Alex baissa les yeux sur son assiette pour commencer son repas. Puis il se redressa soudain, s’avisant que le domestique avait présenté les plats en russe et que le jeune femme n’y avait certainement pas compris.

« Pardonnez mon incorrection. En entrée, mon cuisinier nous a préparé des bouchées aux fruits de mer et de la terrine de saumon, le tout accompagné de salade de saison. Personnellement, je trouve sa sauce salade particulièrement savoureuse et je m’en régale à chaque fois. »

Alex ponctua sa remarque d’un petit sourire. Ce n’était pas encore un vrai sourire épanoui, troublé qu’il était par ce qui lui trottait dans la tête, concernant son autre lui et ce qu’il avait fait à son invitée, mais c’était déjà mieux que le précédent.

« J’espère que vous n’êtes pas allergique aux fruits de mer, j’en ai oublié de vous le demander pour en informer le personnel de cuisine. »

Mikhail se présenta près de la table et présenta à Alex une bouteille de vin blanc, qu’il déboucha avant de remplir de son contenu les verres des deux convives.

« Corton-Charlemagne, Monsieur. Il est à la température idéale. »
« Je vous remercie, Mikhail. Et heureusement que j’avais demandé quelque chose de simple, il s’agit là, si je me souviens bien, d’une de nos meilleures bouteilles. »
« Votre mémoire ne vous fait pas défaut, Monsieur. »

Alex laissa échapper un soupir.

« Eh bien, malgré tout, vous avez bien fait, Mikhail, car je ne doute pas que c’est votre initiative. Mais notre invitée vaut bien cela. »

Le riche propriétaire des lieux ponctua ses paroles en levant son verre à l’intention d’Iza avant d’en boire une gorgée, attendant toutefois qu’elle en fasse autant. Mikhail repartit en direction des cuisines et Alex se pencha légèrement vers Iza pour lui parler sur le ton de la confidence, avec un petit sourire légèrement espiègle.

« Ne prenez pas ombrage de tout ce formalisme, le personnel domestique, et Mikhail plus que les autres, semble particulièrement y tenir, plus encore qu’à leur salaire ou au prestige de travailler pour ma famille.

* Ou ce qu’il en reste. *

« Je vous souhaite un bon appétit. Profitez bien de ce repas, car nous partirons demain matin pour… Eh bien je ne sais pas où nous allons, mais j’imagine que le voyage risque d’être un peu long. »

Il semblait surpris, surpris de sa réaction, en vérité elle ne prenait ni ça bien ni ça mal simplement elle n'aimait pas s'apitoyer sur son sort et encore moins épiloguer dessus. La tête qu'il fit en réalisant ce petit détail était hilarante, mais elle se contenta d'un sourire assez discret de circonstance. L'émotion qu'il laissa transparaitre disparu presque immédiatement comme bien souvent chez les hommes influent, ils étaient devenu insondable tant leur détermination à cacher leurs émotions étaient fortes. Mais en général ils étaient tristes et malheureux dans leur vie privée... Il l'informa que sa tête allait bien, même s'il avait un peu mal, puis il se mit à comparer leurs douleur, ce n'était pas comparable et puis elle avait déjà connu pire. Avant même qu'elle est eu le temps de répliquer quoi que ce soit il se confondait de nouveau en excuse, chose qui l'irrita légèrement, néanmoins cette fois ci elle appris quelques éléments nouveaux et entre autre la raison de l'apparition de cet autre. En rentrant dans sa chambre elle l'ajouterait à son rapport. elle attendit un moment, visiblement un peu gênée, mais lorsqu'elle le vit baisser les yeux vers son assiette elle répondit au premier commentaire qu'il avait fait sur leurs douleurs respectives.

"- As-tu seulement une petite idée de ce que cela fait de tomber du haut d'un chapiteau dans un filet ? Lorsque c'est involontaire saches qu'on peut se faire ce que j'ai sur le cou sur l'intégralité du dos et ça, ça fait mal. Dans quelques jours je ne sentirai plus rien ne t'en fais pas pour moi, j'ai déjà vécu bien pire. "

Après cette réponse, il lui présenta la plat dans une langue qu'elle pouvait comprendre, bien qu'Iza se fiche pas mal de ce que cela pouvait bien être. De toute façon elle n'appréciait pas vraiment le luxe de tout ceci lui préférant largement un repas simple. Mais ici elle n'aurait rien d'autre que ceci et c'était quelque chose qu'elle savait et appréciait d'un autre côté pour son aspect non définitif. Elle venait de goûter la salade, le reste était bon mais la sauce l'était aussi, divinement relevée, qui venait compléter de façon admirable le croquant de la salade, un délice.

"- En effet, la sauce est bonne, comme le reste je dois dire. Mais je crois que je me lasserai de manger tout le temps comme ça."

Son sourire à elle était franc et sincère, amusé aussi, bien loin de la pâle copie qu'Alex avait sur son visage, il venait de réaliser qu'il ne c'était pas inquiété de ses allergies alimentaires, ce que son majordome avait fait presque immédiatement après son arrivée, lorsqu'il avait été décidé qu'elle resterait ici quelques jours... Elle se contenta de l'en informer sur le ton de la rigolade, après tout elle n'était allergique à rien. Lorsqu'elle vit le vin arrivé, elle eut presque envie de sauter sur la table pour l'empêcher de boire, mais elle se retint, attendant de voir ce qu'il allait se passer. Elle balaya le compliment d'un revers de la main, buvant lorsqu'il le fit lui aussi en l'attendant. Aucun signe de transformation, sans doute que le vin n'était pas assez fort, elle n'en savait trop rien, mais en tout cas elle avait compris que c'était le whisky qui avait fait apparaitre l'autre et elle ne voulait pas que ça arrive de nouveau... Il lui fit une confidence avant de l'informer qu'il pouvait partir dès le lendemain ce qui était très bien...

"- Ne vas jamais chez de riches mafieux américains, tout ceci n'est qu'une douce farce comparé à ce qu'ils ont. Je me suis habituée avec le temps, je ne m'inquiète plus de cela. Par contre, une chose est certaine, ce vin est très bon. Bon appétit, j'espère pour toi que tu sais faire la cuisine parce que dans deux ou trois jours tu devras te la faire, donc je pense que tu devrais profiter de ce repas, moi je me satisfait de bien moins et même je préfère par de nombreux côtés.

La jeune femme lui sourit et reprit une gorgée de vin le savourant comme il se doit, avant de recommencer à manger, observant toujours Alex et son verre de vin comme si c'était le mal incarné. Elle avait tout simplement peur de voir ce qui c'était produit le matin se produire à nouveau.

Alex eut un sourire aux deux dernières remarques de la jeune femme qui dînait avec lui concernant les mafieux et la cuisine. Certes, il était riche et se faisait servir depuis toujours, mais cela ne voulait pas dire qu’il n’avait jamais appris à se débrouiller seul.

« Ne vous en faites pas pour cela, je sais m’occuper de moi. Et je saurais m’accommoder d’une environnement moins luxueux. »

Le jeune riche appréciait vraiment la compagnie de cette jeune femme qui allait être sa collègue pour quelques temps. Elle était vive d’esprit et son côté naturel détonnant avec ce décor tiré à quatre épingles était rafraichissant. Mais surtout, contrairement à tous les autres, elle ne passait pas la moitié du temps à fixer la cicatrice qui couvrait le tiers gauche du visage d’Alex et elle le regardait dans les yeux. Alex était une victime de la nuisibilité des mutants, et pourtant, à cause de cette horrible cicatrice que la chirurgie réparatrice n’a pas pu complètement masquer, on le traiterait à peine mieux, s’il n’était pas riche, qu’un de ces monstres qui infestent la planète. Malgré cela, il restait déterminé à sauver le monde du danger qui le menaçait et à le préserver de la menace mutante.

Le repas se déroula sans ennuis et les deux convives le dégustèrent paisiblement, continuant à converser de tout et de rien. Alex posa quelques question sur la façon de vivre à l’ATW, les gens qui s’y trouvaient, et la façon dont le travail s’y déroulait. Lorsqu’ils eurent terminé l’entrée, un domestique débarrassa les assiettes vides pour en apporter de nouvelles, remplies chacune d’un gros morceau de tournedos nappé de sauce au morilles, accompagné d’un gratin de pommes de terre relevé à la muscade. Alex ne but qu’une partie de son verre pour chaque partie du repas, fromage compris, afin ne n’en boire pas plus d’un pour tout le repas, et effectivement, il ne le remplit pas à nouveau lorsqu’il fut vide. En boire davantage aurait été imprudent et il s’en abstint. C’était là l’un des nombreux désagréments de sa malédiction, lui qui autrefois aimait tant les plaisirs de la vie dont faisaient partie l’alcool, et tout particulièrement le vin blanc. Et le pire dans toute cette histoire c’est que, malgré toutes les précautions qu’il prenait, l’autre réussissait encore à se manifester, de façon parfois complètement inattendue et sans aucun signe avant-coureur ni aucune raison.

Le dessert fut composer d’un simple flan au citron arrosé de caramel et le repas se termina simplement. Il y a quelques années, Alex aurait terminé la soirée en dégustant le reste de la bouteille de vin et en profitant de l’instant, peut-être avec un peu de musique en fond. Mais c’était désormais un plaisir qui lui était interdit, à moins de prendre le risque de voir l’autre refaire surface. L’exercice de ce matin était terminé, mais qui sait si il ne considérerait pas devoir obtenir réparation pour le coup sur la tête qu’il avait pris.

Iza ne dit rien à se réponse, elle se contentait de manger, depuis ce matin, depuis cet accident malheureux elle pensait à quelqu'un, quelqu'un qu'elle savait vivant et pour qui se jour était un jour spécial. Celui où il avait perdu le dernier membre de sa famille, celui où il avait perdu sa fille, son unique enfant qu'il avait chéri depuis sa plus tendre enfance. Cette même fille qui était là, assise à cette table et ne l'avait pas contacté depuis 5 ans jours pour jours. Le regard qu'elle avait fait à la mort le matin même, ou alors la raison qui venait enfin à elle, la maturité qu'elle avait gagné avec l'âge, le fait qu'elle le sache malade à ne plus pouvoir gérer son cirque, qu'il ne lui reste que quelques jours à vivre tout ceci couplé à la date ? Elle n'en savait trop rien, mais elle empoigna son téléphone et le posa sur la table, la main certaine, il était encore éteint, mais elle devait se retenir de l'allumer.
Elle pensa ensuite aux mutants, le regard vide, observant le visage d'Alex, sa cicatrice qui lui rappelait les mains d'un certain américain qui lui avait rendu la vie si belle un certain jour il y a de cela si longtemps. Plus elle le regardait, plus ses souvenirs affluaient, plus elle avait envie d'appeler cet homme celui qui lui avait donné ce nom, celui qui avait fait de sa vie ce qu'elle était. Celui là même qu'elle avait abandonné... Iza participait à la conversation, répondait aux questions, mais elle était loin, très loin perdu dans ses pensées. Elle se servit trois fois du vin une fois pour chacun des plats sauf le fromage, rassurée qu'Alex se contente d'un. Elle appréciait les saveurs des différents mets, mais son esprit lui était occupé par autre chose. Elle pensait trop et elle n'aimait pas cela. Alors lorsque le dessert fut débarrassé, elle se leva prenant discrètement son téléphone et ouvrit la porte fenêtre donnant sur balcon.

"- Excuse moi, je n'en ai pas pour longtemps."

Son visage était triste lorsqu'elle prononça ces quelques mots, elle savait qu'elle ne retournerait pas le voir, que la dernière image qu'elle aurait jamais de lui c'était celle de ses souvenirs, mais elle n'avait pas envie de le faire souffrir aujourd'hui. Alors après cinq ans elle composa le numéros qu'elle avait si souvent composé au début de son voyage en Amérique sans jamais oser appuyer sur le bouton d'appel. Cette fois ci elle le fit, et demanda le numéros de l'hôpital où se trouvait son père. De là, on la transféra sur la ligne du vieille homme qui répondit de cette voix qu'elle connaissait si bien. Des larmes commençaient à perler sur ses yeux, mais sa voix ne cilla pas, elle ne devait pas pleurer pas pour leur dernière conversation.

"- Papa. Je voulais juste te souhaiter bonne chance pour tout ce qui t'attend. Te dire que j'allais bien et te remercier aussi de ce nom que tu m'as donné, même si je le détestais, tes souhait ont été exhaussés*. Adieu papa."

Puis elle referma le téléphone, le glissant dans sa poche dissimulé dans la couture de son bustier, respira un grand coup, et resta là quelques secondes encore imaginant son père sourire en reposant son téléphone. Se même sourire qui s'épanouissait sur son visage au même moment. Elle était satisfaite à présent de ce qu'elle avait fait, et elle se retourna, refermant la porte derrière elle, se même sourire sur son visage, les larmes avaient disparu, laissant son visage insondable de la peine qu'elle avait pu ressentir quelques secondes avant.

"- Un coup de fil que je repousse depuis trop longtemps. "

Elle sentit sa poche vibrer, sortit de nouveau le téléphone et vit une liste d'heure et de destination, apparaitre, les horaires pour leur voyage, ils auraient donc trois changement à faire, l'avion jusqu'à Paris puis ensuite jusqu'à Mexico City et ensuite le bus puis la marche à pied pour rejoindre le campement. ils n'avaient pas bouger depuis son départ. On lui indiquait aussi chez qui elle devait récupérer les différents billets, demain matin et l'heure. Elle se mit à sourire, pensant à la réaction de James lorsqu'il verrait avec qui il allait devoir partager sa chambre, et celle de Féran lorsqu'elle reviendrait ainsi affublée d'une marque de ce genre.

"- Nous avons rendez-vous demain à 5h à l'aéroport pour récupérer nos billets. Je vous conseil de voyager léger il nous faudra marcher. À quel heure partons nous ? "

Elle releva la tête envoyant une simple réponse d'accord. Elle n'avait pas trop le choix c'était bien vrai, mais elle pouvait tout de même avoir eut un problème et donc devoir le signaler. Elle attendait une indication d'Alex qui lui devait mieux connaitre le temps qu'il fallait pour se rendre à l'aéroport, il était donc logique qu'elle s'adresse à lui.

Spoiler:

Faisant mine de ne pas tenir compte du brusque élan de la jeune femme, en bon gentilhomme qu’il était, Alex se contenta d’attendre qu’elle revienne du balcon. Lorsqu’elle lui posa la question, il se tint le menton pour réfléchir un instant avant de répondre avec un sourire.

« L’aéroport est à une vingt-sept minutes d’ici, nous partirons donc à 4 h 32, ce qui nous laissera une minute pour nous faire enregistrer et embarquer. … Je plaisante, bien sûr. Il faudra être sur le pied de guerre vers quatre heures pour nous laisser une bonne marge de sécurité, je ne pense pas que nous soyons pris dans des ennuis de circulation à une heure si matinale, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver sur la route. Je suis du genre prudent, car pour arriver au sommet, et surtout pour y rester, savoir prévoir l’imprévisible est une règle d’or. »

Alex se leva de table et laissa le soin aux domestiques de desservir. S’il fallait se lever si tôt, mieux valait ne pas perdre de temps pour aller se coucher.

« Je pense qu’il vaudrait mieux ne pas trop tarder à prendre du repos, si nous voulons être opérationnels demain. »

* Que l’un de nous au moins soit capable de garder les yeux ouverts. *

« A moins que vous n’ayez une occupation qui ne puisse pas attendre demain ou une requête à formuler, je vais vous accompagner à votre chambre. C’est que l’endroit est infestés d’hommes très musclés entraînés aux situations à risques et je voudrait pas qu’il leur arrive du mal. »

Cette dernière phrase prononcée avec un sourire espiègle à l’intention de la jeune femme.

Iza attendit la réponse, il réfléchissait visiblement, la main sur le menton était sans doute de trop, mais cela fit sourire la jeune femme. Il sourit avant de répondre, ce qui n'annonçait rien de bon, soit un mensonge soit une blague, ce fut la seconde, un ramassis de conneries à vrai dire. Bon très bien trente minutes pour se lever descendre son sac et déjeuner cela semblait bien assez. Elle dormirait dans l'avion après voilà tout.

"- Quand nous serons arrivé je vous conseillerai la lecture de nos ressources sur le mutants, ça vous permettra de mieux vous préparer. Et si vous le pouvez, vous devriez même écouter les conseils de votre ôte personnel c'est un bon mercenaire, bien trop colérique et irréfléchi, mais à vous deux vous seriez vraiment parfait. "

Elle avait dit cela sans la moindre arrière pensée, c'était même plus dis sur un ton de conseil qu'autre chose. Elle le regarda alors se lever de table, l'obligeant de se fait à se tordre le cou pour pouvoir le regarder comme cela se faisait par politesse. Quel aspect désagréable de la petite taille cela pouvait être. Elle sourit quand au conseil qu'il lui avait donné sur le fait de se coucher tôt, elle avait dormi une bonne partie de la journée donc le manque de sommeil ne se faisait pas véritablement sentir, de plus durant le voyage, pas besoin d'être très vigilant, il fallait juste se faire discret. La dernière réflexion la fit rire par contre, il se fichait vraiment d'elle mais c'était assez agréable en fait, cet sorte d'élan amical était assez plaisant.

"- Si je retombe sur celui de ce matin, permet moi tout de même de l'assommer de nouveau, il est dangereux celui-ci. Sinon j'accepte l'offre, c'est vrai que quelqu'un capable de supprimer ces hommes doit être assez effrayant. Merci de me protéger. "

Iza ne dit rien sur le fait qu'elle avait fait en sort le matin même de les prévenir tous du danger pour qu'ils puissent se mettre à l'abri, il le savait très bien elle en était certaine. Lorsqu'ils arrivèrent devant sa chambre elle lui souhaita une bonne nuit et rentra afin de boucler ses baguages et dormir le temps qu'il lui restait. Il n'y avait plus que sa trousse de toilette à ranger et ses vêtements pour le lendemain de sortit. Au réveil une douche rapide, s'habillait, allait manger, puis elle rassemblait toutes ses affaires après s'être brosser les dents avant de descendre et de partir en direction de l'aéroport. Une bonne couverture elle en avait déjà une, restait plus qu'à convaincre Alexandrov de rentrer dans son jeu, en espérant qu'il ne soit pas trop connu ici, sinon cela allait être assez comique de passer inaperçu parmi une foule de paparazzis.

Souriant, toutefois un peu jaune, à la réplique de la jeune femme, Alex lui indiqua le chemin et la précéda dans le escalier vers le premier étage pour la mener à sa chambre. Il la quitta devant sa porte, lui souhaitant une bonne nuit et remettant à plus tard ses questions concernant ces « ressources sur les mutants ».

Mais contrairement à ce qu’il aurait dut faire, il ne se dirigea pas ensuite vers sa propre chambre, mais prit la direction opposée pour redescendre dans le hall puis dans la partie secrète de la demeure. Au bout des couloirs sans fenêtres, il déverrouilla une porte bardée de fer et pénétra dans une sorte d’atelier de mécanique. L’espace de la pièce était occupé par trois établis et une machine pour le moins étrange : une sorte de siège muni de bras mécaniques. Cette machine lui servait de membres de substitution lorsqu’il devait détacher ses membres bioniques pour les réparer ou les améliorer. Les murs étaient couverts d’étagères bondées de pièces mécaniques diverses, de tiroirs et deux panneaux où étaient accrochés des outils de précision.

Alex rassembla un certain nombre de pièces, dont beaucoup de composants électroniques, et s’installa à l’un des établis pour se mettre au travail. Il ne dormirait pas, car il devait impérativement terminer avant de partir. Au moins, Iza prenait du repos et pourrait rester alerte en cas de besoin le lendemain. Alex travailla sans relâche sur ces dispositifs, les passant impitoyablement, et les lumières de son atelier restèrent allumées toute la nuit.

Aux alentours de 3h et demi du matin, il eut enfin terminé et put ré-attacher à son corps ses membres nouvellement modifiés. Une fois que ce fut chose faite, il remonta dans la résidence pour se laver, afin d’être propre et de diminuer un peu les cernes qu’il aurait certainement, et réveiller Izanami, ce qu’il fit en allant frapper à la porte de sa chambre.

« Asahi-san ? Nous devons partir dans une vingtaine de minute. Si vous désirez prendre un petit déjeuner, je ne saurais que trop vous conseiller de descendre sans tarder. »

Suivant son propre conseil, il descendit à la salle à manger où quelques tartines de confiture l’attendaient avec un bon café chaud. A quatre heures tapantes, il ouvrait la portière de la voiture pour Izanami et montait à son tour, quittant la grande résidence pour l’aéroport puis une destination inconnue où sa vie allait prendre un autre cours.

3 h 20 :
Le réveil sonna, Iza se leva, grognant de la nuit somme toute assez courte qu'elle avait eut, puis plia les couverture avant de sortir du lit en quelques minutes seulement. Elle s'étira un bon coup, avant de faire quelques pas en direction de la salle de bain, prenant au passage les vêtements qu'elle avait prévu sur une chaise. Elle prit alors une douche rapide histoire de se réveiller, prenant bien garde de ne pas se mouiller les cheveux.

3 h 25 :
Iza sortit de la douche, propre, elle s'enroula dans une serviette qui avait été mise à sa disposition et entreprit de se sécher avant d'enfiler ses vêtements. Une robe longue, fendue jusqu'à mi cuisse de couleur blanche, brodée par de grands motifs floraux gris et noirs avec de temps à autres des perles qu'elle avait elle même ajouté. Cette robe personne ne pouvait avoir la même c'était elle qui l'avait dessinée, assemblée et cousu, en s'inspirant d'un modèle d'un grand couturier américain de l'an passé. La tenue était parfaitement en adéquation avec le style vestimentaire d'Alexandrov, parfait pour entrer dans sa couverture. Elle se coiffa ses longs cheveux d'un noir profond les laissants tomber en cascade en partie tendis qu'elle se dégagea le visage en prenant les mèches sur le côté et devant dans des pics ciselés qui lui servaient à la fois d'arme et de pics à cheveux. Elle se maquilla ensuite de façon assez discrète, juste un peu de façon à entrer réellement dans ce qu'on pouvait considérer comme l'apparat d'une femme de riche homme d'affaire, puis elle rangea tout dans trousse de toilette, replia ce qui lui servait de pyjama et déposa le tout dans son sac, une place avait été prévue pour cela la veille au soir.
Ensuite, elle enfila ses chaussures, lavée la veille, ses bottes à talon haut et large que l'on croirait sans mal de ville et qui avaient une semelle travaillé de sorte qu'elles permettent une très bonne adhérence sur toutes les surfaces, sans laisser de traces et en même temps d'une dureté inimaginable. C'était à la fois une très bonne cache pour des armes il y avait d'ailleurs ses deux couteaux préférés dans la semelle droite tandis que la gauche contenait une dizaine de shuriken dans le talon.

3 h 37 :
On frappa à la porte, c'était visiblement le maître de maison qui venait la réveiller, il semblait un peu fatigué du moins dans sa voix mais c'était peut être son imagination, elle empoigna son sac après avoir simplement répondu un "j'arrive", puis elle le descendit le posant dans un coin de la salle à manger. Là elle prit une grande tasse de thé, pour se réveiller et deux tranches de pain beurré avant de remonter se brosser les dents. Elle n'avait pas assez dormit pour avoir oublié ce petit détail...

4 h 00 :
Alexandrov ouvrait la porte de la voiture qui se tenait là, prêt à les conduire jusqu'à l'aéroport, son sac avait été posé dans le coffre par le chauffeur qui avait grimacé devant le poids. Non pas que le sac était très lourd, Iza aurait été incapable de le porter, mais il l'était bien plus que ce que l'homme aurait cru. La jeune femme quand a elle faisait face à la température matinale avec une longue veste de toile blanche, maintenue en place par trois boutons ronds tout aussi blanc.

4 h 23 :
Durant le trajet elle avait exposé à Alexandrov le plan, du moins la partie simple de celui-ci. Ils devaient retrouver un homme dont le seul signe distinctif était une casquette rouge marqué d'un logo vert. C'était quelque chose de répandu et donc difficile à reconnaître sur une vidéo surveillance ou autre. Il lirait un journal national et tout ce qu'il savait d'eux c'était qu'ils étaient deux ainsi que leur nom, enfin leur faux noms. Donc impossible pour lui de faire la différence un couple et eux. L'homme, un intermédiaire ne connaissait rien à l'organisation, ou presque, mais il y avait ainsi quelques agents de par le monde afin d'avoir des contacts sur le terrain un peu partout, à leur connaissance, de simples hommes chargés de vérifier qu'aucun mutants n'était dangereux, de le signaler le cas échéant et ce en vue d'aider la personne à maîtriser son pouvoir et à se rendre inoffensive... En bref, l'intermédiaire ne savait rien de la véritable mission de l'agence et ne devait absolument rien en savoir.
Elle lui expliqua aussi qu'à partir de maintenant ils étaient un couple marié depuis peu qui partait en voyage de noce. C'était le plan et c'était ainsi que leur papiers avaient été fait. Ils étaient devenu des gens insignifiants parmi tant d'autres et ils devaient se montrer très heureux. La livraison devait se faire dans le terminus deux de l'aéroport, on les avaient déposés devant ce qui était parfait. L'artiste de cirque vu que tel était son métier officiel, acrobate, invita alors son nouveau collègue à poser des questions s'il en avait.

4 h 30 :
Le plan se déroulait parfaitement bien, la jeune femme, au bras d'Alexandrov avait eut vite fait de repérer l'homme, ils s'installèrent juste à côté de lui. L'homme partit à l'heure précise, laissant derrière lui un sac à main de femme de couleur blanche, contenant deux romans, des dossiers d'instructions confidentiels codés, leurs papiers et billets. Leur vole venait d'être annoncé à l'embarquement lorsqu'Iza ouvrit le paquet.

"- C'est notre avions, allons y. La prochaine fois, essaye de dormir un peu plus. "

Sa voix était calme et tranquille, comme si elle était habituée à jouer la comédie de la sorte, en fait elle détestait cela, mais son sourire lui ainsi que son humour eux ne semblaient pas si dérangés de la situation. Elle en riait presque de voir tout ceci se dérouler à la perfection. Un dernier détail, me direz vous, les détecteurs de métaux ? Aucun problème, le matériaux de ses semelles empêchait la détection des armes qu'elle avait à l'intérieur, quand à sa coiffure, en générale cela ne sonnait pas, mais si jamais cela arrivait elle n'avait qu'à le retirer... Dans trois heures ils seraient en plein vol en direction de Paris puis après une escale d'une petite heure ils se rendraient au Mexique.

Alex constata que malgré l’heure matinale, Iza semblait fraiche et prête à attaquer la journée sans aucun problème, ce qui n’était pas son cas car, même si ce n’était pas la première nuit blanche de sa vie, la fatigue se faisait tout de même sentir. Le trajet à l’aéroport lui sembla plus long qu’il ne l’était réellement. Arrivé au terminal, il se chargea des bagages, les siens et ceux de la jeune femme, qu’il n’eut aucun mal à transporter grâce à ses bras mécaniques, tandis qu’Iza lui expliquait les grandes lignes du plan. Il trouvait cela un peu compliqué et se demandait la raison de tout ceci. A quoi bon devoir absolument embarquer incognito sous de fausses identités ?

L’utilité de ceci lui échappait, mais il ne fit pas de commentaires et se contenta de suivre le mouvement. Pendant tout le temps depuis la résidence Kalistarine, il glissait régulièrement la main dans sa poche pour saisir l’objet qu’il avait passé la nuit à fabriquer. Geste parfaitement inutile car ses membres mécaniques étant dépourvus de sensations, il ne pouvait pas sentir l’objet dans sa main, et il risquait même de le détruire accidentellement s’il le serrait trop fort. Combien de verres avaient-il fini en morceau entre ces mains dans les quelques mois qui avaient suivit l’opération ? Il avait renoncé à les compter. Mais cet objet avait une très grande importance pour lui. Il était destiné à être confié à quelqu’un, afin de s’empêcher de nuire, seulement cela revenait à confier sa vie, et il ne faisait pas assez confiance à Iza, ni même à qui que ce soit d’autre excepté Mikhaïl, pour lui confier sa vie.
Alors il hésitait, partagé entre le désir de ne plus faire de mal à des innocents, et la méfiance qu’il éprouvait envers les inconnus. La jeune femme qui l’accompagnait à ce moment n’était plus à proprement parler un inconnue, mais elle restait mystérieuse et elle était loin d’être une amie intime. Seul le temps avait une chance de favoriser les conditions pour qu’Alex lui confie cet objet, en attendant il le garderait toujours sur lui.

Le passage aux détecteurs de métaux faillit poser problème à Alex. Ses membres mécaniques manquèrent faire exploser la sirène du portique et si les agent de sécurité le passaient au scanner, ils verraient les armes cachées à l’intérieur de ses membres. Pour éviter cela, il leur expliqua qu’il avait eut un accident et qu’on lui avait greffé une prothèse, ce qu’il prouva. Pour ce faire, il fit comme s’il allait sortir son arme de son bras droit : la peau de découpa d’elle-même et il l’écarta, révélant l’alliage de métal qui constituait son bras. Bien évidement, il ne sortit pas l’arme, cela aurait été stupide, et heureusement, il avait assez la maîtrise de ses membres pour ne pas le faire en s’arrêtant à l’étape de l’ouverture de la peau. Les agents de sécurité discutèrent entre eux un moment, et appelèrent même leur supérieur. Cela surpris Alex car les prothèses que fabriquait son entreprise étaient exportées dans la plupart des pays riches du monde et il était surprenant que ces vigiles n’aient jamais été confrontés à une situation de ce genre, à moins qu’ils ne soient tous des bleus, ce qui était peu probable également.

Quoi qu’il en soit, ils finirent par l’autoriser à monter dans l’avion. Lorsqu’il remit en place les lèvres de la plaie, la peau artificielle de ressouda d’elle-même comme à chaque fois qu’il l’ouvrait « naturellement ». Après ce léger incident, il prirent place dans l’avion, en première classe, et Alex s’installa dans son siège avec soulagement à côté de celui d’Iza. Le décollage se passa sans problèmes et Alex se laissa bercer par le ronronnement de l’avion. Il eut l’impression qu’Iza avait essayé de lui dire quelque chose, quelques minutes après le décollage, mais il n’avait pas compris quoi et s’en rendit à peine compte car il s’endormit.

Ils étaient désormais à bord, installés en première en temps qu'un couple, pourquoi avoir choisit ça comme couverture elle n'en savait rien, mais avec le temps elle avait un peu compris l'intérêt : garder la société secrète, en effet les employés étaient déclarés et les voir autant bouger dans le monde pourrait paraitre suspecte, surtout pour un fabriquant d'arme, donc utiliser de fausses identités permettait de passer sous les radars. Après les instructions d'usages des hôtesses, elle voulu poser une question à Alex en japonnais, histoire que personne ne puisse comprendre, mais elle ne savait pas vraiment comment la poser. Finalement, elle se lança dans quelque chose de moins indiscret, décidant qu'elle passerait au sujet intéressant plus tard.

"- Tu sais, s'occuper toute la nuit avec l'amante du placard ce n'est pas bon du tout. "

Elle s'attendait à une réponse, mais rien ne vint, après quelques secondes elle entendit son souffle calme et lent, il dormait, elle regarda sa montre à ce moment là et attendit très exactement dix minutes avant d'agir. Elle savait d'expérience qu'après dix minutes les gens dormaient assez profondément pour ne pas entendre le bruit que l'on faisait. Elle n'avait pas pu le questionner sur ce qu'il avait dans la poche, elle ne l'avait jamais vu la main dans la poche jusque ici et là il n'avait cessé de la bouger, tenant visiblement quelque chose, elle voulait savoir ce que c'était. Alors, tout en sachant qu'il ne sentirait rien, tant qu'elle touchait ses membres bioniques, elle glissa sa main dans la poche en question et en retira l'objet qu'elle contenait après avoir retiré la main non sans mal à cause du poids...
Elle garda l'objet en main sans le tenir trop fort de peur d'activer un quelconque mécanisme ou de se blesser dessus, et le déposa sur la tablette devant elle. Elle observa ce qui semblait être un interrupteur que pouvait être d'autre un petit objet avec un bouton relié à rien ? Une télécommande ou un interrupteur, qui faisait fonctionner quoi ? Mystère et boule de gomme... A son réveil il aurait le droit de voir l'objet lui revenir, pour le moment elle l'observa encore un moment, son design sommaire sa forme, sa couleur et lui associa des objets mais rien ne lui vint à l'esprit de plausible...
Durant le voyage, Iza se contenta de lire, gardant un œil sur les gens autour d'eux, jouant à son jeu préféré, deviner qui étaient les gens en les observant. L'homme en diagonale d'elle, c'est à dire un rang devant, de l'autre côté du couloir étaient, sans doute russe, divorcé avec deux enfants, au moins, dont un garçon et il devait sans aucun doute travailler en temps qu'avocat ou juriste pour une grosse entreprise internationale... Comment le savait-elle ? Il avait des chaussettes dépareillées du genre que l'on offre à son père pour son anniversaire, ensuite l'attaché caisse noir très chique, le costard et les chaussures de bonne facture, tout aussi clinquant, le fait qu'il avait retiré ses chaussettes pour en mettre de belles unies et noir comme le reste de sa tenue. Il ne restait que la cravate bleu la couleur de la vérité selon certain. Elle était piquetée de jaune deux couleurs que les personnes travaillant dans le domaine juridique préconisaient. Ensuite il y avait sa tenue, très stricte, je parle là de sa posture, et aussi le contenu très secret de son attaché caisse, il l'avait ouvert pour sortir un roman, mais avait fait cela avec une grande précaution afin que rien ne soit dérangé, froissé ou lisible... Il avait même vérifié trois fois que sa voisine dormait avant de l'ouvrir, c'est pour dire. Mais il n'avait pas pu lui cacher une photo de sa famille une femme, trois enfants. Il ne portait pas de bague de mariage, mais un tic lui avait mis la puce à l'oreille, il se touchait tout le temps la base de l'annulaire du pouce comme le font les gens qui portent une bague pendant longtemps, il avait donc été marié. Elle continua ainsi à décrire les passagers avec plus ou moins de détails suivant leur éloignement et sa capacité à les voir de sa place, tout ceci pour ne pas dormir.
Ils approchaient de Paris, et Iza s'approcha du visage d'Alex afin de vérifier qu'il dormait toujours, et comme c'était le cas, elle tenta de le réveiller en douceur. D'une main elle tapota alors sur le torse sachant qu'il ne sentirait rien si elle le faisait sur l'épaule, tandis que de l'autre elle tenait l'objet dérobé de la poche d'Alex. En même temps elle l'appelait toujours en japonais.

"- Alex.... Alex, réveil toi on va bientôt arriver. Alex... "

Alex fut réveillé par quelque chose qui tapotait contre son torse et par une voix féminine, du moins cela le réveilla à moitié, mais ce qui le fit complètement revenir, ce fut l’a voix de l’hôtesse qui annonça aux passager, par le biais des haut-parleurs que l’avion amorçait sa descente vers Paris et qu’il devaient attacher leur ceinture. Alors une fois complètement réveillé, il regarda par le hublot et constata qu’on apercevait déjà le sol français tout en bas, il attacha donc sa ceinture et remercia Iza pour l’avoir réveillé.

« Merci. Je suis désolé de m’être endormi de la sorte, la nuit a été longue pour moi, il me restait des ch… »

Il s’interrompit dans ce qu’il était en train de dire car son regard tomba sur la main d’Iza qui tenait un petit appareil étrangement familier : un simple boitier en plastique muni d’un unique bouton et d’une DEL, celui-là même qu’il avait passé la nuit à fabriquer. Alors en le reprenant des mains de la jeune femme avec brusquerie, il lui parla sans élever la voix mais avec l’accent de la colère, revenant instinctivement à sa langue natale, le russe.

« Bon sang, qu’est-ce que vous faites avec ça ?! Vous avez fouillé mes poches pendant que je dormais ! Et voudriez que je vous fasse confiance ?! »

Constatant après quelques secondes qu’elle ne comprenait pas un mot de ce qu’il disait, ce qui était normal, il repris en japonais.

« Vous avez intérêt à avoir une très bonne explication pour avoir fouillé dans mes poches pendant mon sommeil, car vous venez de perdre ma confiance. Non seulement c’est abject, mais en plus il s’agit là d’un objet très important, et très dangereux. »

Dangereux, mais seulement pour lui, ce qui ne diminuait en rien l’ampleur du crime. Il commençait bien ce nouveau travail à l’ATW.

Après quelques minutes il se réveilla, il ne restait plus longtemps avant d'arriver et peut être pas assez pour avoir une petite conversation sur cet objet. Elle le laissa reprendre ses esprits, avant de le questionner, mais visiblement cela n'allait pas être le cas. Alors qu'ils c'étaient tous les deux attachés, Alex commença par la remercier et lui fournir quelques excuses et explications, mais il s'arrêta en plein milieu dès que son regard se posa sur son interrupteur. Il le lui reprit des mains avec une brusquerie et une violence peu commune, qui effraya un peu la jeune femme, puis il se mit à lui parler d'une voix pleine de colère en russe... De cette façon, elle ne risquait pas de comprendre, mais bon une chose était certaine il devait beaucoup y tenir à ce truc pour réagir de cette façon. Elle avait un air perplexe elle en était certaine et après quelques secondes il reprit en japonais de façon légèrement plus calme. Iza ferma les yeux lorsqu'elle entendit la sanction à son geste, puis elle se mit à sourire, sachant qu'une fois là bas il serait presque obligé de partager sa vie avec les autres et les biens matériels qu'il possédait aussi, enfin presque... Mais comprenant bien à quel point ceci était important pour lui, elle lui répondit d'un ton très calme effaçant presque immédiatement son sourire.

"- Je comprends, se faire déposséder de ses biens c'est très désagréable. Mais pour ma défense, je fais uniquement mon travail, on m'a demandé de trouvé l'homme responsable de tous ces exploits auprès des mutants et de l'engager en essayant de savoir qui il était exactement et de faire une petit enquête sur lui. Bien entendu, il va de soit que je vous amène dans un lieu tenu secret et que nous devons chacun de nous faire attention à ne pas être suivit ni mettre en danger les locaux, et vous voir la main dans votre poche toute la matinée à toucher quelque chose de possiblement dangereux, alors que nous nous y rendons m'a inquiété. Comme vous avez dormit j'en ai profité pour regarder par moi même, mais je n'ai pas réussit à identifier cet objet, donc j'ai attendu votre réveil pour vous le rendre et vous questionner là dessus. "

Elle l'avait vouvoyé tout du long en se forçant vraiment pour le faire. Alex était en colère et habitué à ce qu'on le traite avec tous les égards et le respect possible, donc elle c'était efforcé de faire un effort afin de montrer le respect qu'elle avait pour lui. On aurait pu penser que c'était de la flatterie, mais non, elle était même prête à faire cet effort pendant un long moment, juste pour défaire l'accroc qu'elle venait de faire. Ils étaient peu nombreux et donc devaient se soutenir les uns les autres pour continuer à avancer, et surtout ne pas perdre en efficacité. Elle attendit donc patiemment qu'il veuille bien lui répondre, après tout elle n'avait pas l'objet et n'avait même pas l'intention de le lui reprendre si cet objet n'était pas dangereux, il avait donc tout intérêt à lui dire ce que c'était. Il ne restait d'ailleurs plus que quelques minutes avant que les roues touchent l'asphalte, et devoir se rendre au nouvel avion...

Les explications de la jeune femme concernant ce qu’elle avait fait n’arrangeaient pas son cas. Bien au contraire, Alex les trouvait bancales et estimait que cela ne justifiait en aucune manière de lui faire les poches pendant qu’il dormait, ce qui était loin d’appaiser son humeur.

« Quelque chose de possiblement dangereux ?! Par le diable, qu’est-ce qui a bien put vous faire penser qu’un objet se trouvant dans ma poche puisse être dangereux ?! Il ne vous est pas venu à l’idée que ce pouvait être un simple porte-clefs ou un gris-gris du même genre ? Bien sûr que non, pour je ne sais quelle raison, vous avez tout de suite imaginé que ce pouvait être quelque chose de menaçant ! Avez-vous toujours été ainsi ou bien est-ce travail qui vous a rendu paranoïaque ? D’une manière pu d’une autre, il aurait été beaucoup plus simple de me demander directement, quitte à me réveiller, au lieu de faire les poches comme une vulgaire détrousseuse ! »

Alex parlait sans discontinuer et n’attendait aucune réponse aux questions qu’il posait, cela ne l’intéressait pas de toute manière. Bien qu’il se soit contenu pour ne pas faire de scandale dans l’avion, discrétion oblige, il était furieux. Et il tombait de haut. Cet objet qu’il avait fabriqué, il envisageait de le confier à Iza, c’est à cela qu’il servait, et il hésitait depuis le matin, mais il se doutait que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il prenne la décision de le faire. Mais la jeune femme venait de changer la donne, de lui démontrer qu’il faisait une erreur. On ne pouvait pas faire confiance aux gens, et cet objet nécessitait une confiance absolue. Alex espérait pouvoir faire confiance à sa collègue, mais elle venait de lui prouver qu’il se trompait, car il la connaissait à peine après tout et après ce coup en traître, il ne pourrait jamais lui faire assez confiance pour lui confier ce dispositif.

Il aurait voulu se lever et aller s’enfermer quelque minutes dans les toilettes pour se calmer, mais cela lui était impossible car l’appareil entrait en phase d’atterrissage et tous les passagers étaient tenus de rester à leur place. Il se contenta donc de tourner la tête de l’autre côté et de regarder par le hublot la terre qui s’approchait au rythme de leur descente.

Iza regardait Alex avec attention, visiblement il n'appréciait pas du tout son geste, mais elle pouvait comprendre, parfaitement même. Il semblait même un peu plus furieux et mécontent de ses explications, il le lui fit d'ailleurs bien comprendre, sur un ton presque calme, malgré le rythme très soutenu de son flot de paroles. Elle se tut, le laissant finir, sans rien dire pour sa défense, sans le couper surtout, et réfléchissant simplement à comment faire pour qu'il se calme. Tendue, elle porta sa main derrière son cou et grimaça en sentant la brûlure de la veille, puis reposa calmement sa main sur ses genoux. Son cerveau réfléchissait à tout allure, elle ne connaissait pas assez bien la pensée des gens du genre d'Alex pour savoir sans problème ce qui leur faisait un effet appréciable sur leur mauvaise humeur, alors elle réfléchissait...
Vu son débit il ne devait pas attendre de réponses, elle n'en donna donc pas, simplement à sa dernière remarque, elle réagit en fait au mot détrousseuse, elle aimait l À vrai dire elle en avait été une de détrousseuse, douée de surcroit, mais maintenant elle ne le faisait plus qu'en de rares occasions, et encore, cela n'était jamais pour voler, mais pour recueillir des informations. L'intention bien que plus noble n'en pardonnait pas moins le geste, elle aurait sans doute du remettre l'objet à sa place comme cela rien n'aurait été chamboulé dans l'ordre établit et le début de bonne entente qui c'était installé entre eux. Maintenant le discours terminé, elle se contenta d'une petite remarque.

"- On arrête jamais de l'être en vérité. "

Cette remarque signifiait d'une part qu'elle l'avait été détrousseuse et qu'en plus elle était toujours susceptible de l'être encore. Cela n'aidait pas son cas, mais l'avion amorçait sa descente avec un bon quart d'heure de retard, ce qui ne leur laissait pas vraiment de temps entre les deux avions. Le silence s'était installé entre eux, comme dans l'habitacle. Pendant ce moment de répit elle su ce qu'elle devait faire, quelque chose qu'elle savait qu'elle risquai de véritablement regretter, mais s'il comprenait ce que c'était, il serait sans doute satisfait. Elle l'avait glissé de son sac au sac à main qu'on lui avait donné durant l'attente à l'aéroport.
Les roues de l'avion venaient de toucher la surface bitumée de la piste, cinq minutes plus tard ils descendraient de l'engin et auraient un petit quart d'heure avant le nouvel embarquement. Arrivé à l'aéroport, elle le dirigea vers la nouvelle porte d'embarquement, et avant qu'ils ne soient appelés, se rendit aux toilettes. Cette absence ne pouvaient pas leur faire de mal, après tout. Elle en profita pour inscrire sur un morceau de papier une simple phrase en japonais, puis elle plia le papier et le glissa dans couverture en cuire d'un petit cahier qu'elle glissa à nouveau dans son sac. On pouvait y lire les mots suivants.

Citation :: Tourmente de neige
Jadis je suffoquais dans ses bras.

À son retour une voix appela leur numéros de vol à l'embarquement, ils s'y rendirent donc dans un silence un peu pesant sans doute, puis, ils s'installèrent, encore une fois ils se retrouvèrent l'un à côté de l'autre, lui du côté hublot, elle du côté couloir. Elle attendit encore un moment que tout le monde soit installé et que le décollage est eut lieu avant de rompre le silence qui c'était installé entre eux, d'une voix calme et assez basse, qui passait très bien pour de la discrétion à l'égard des gens qui désiraient dormir. Une sorte de confidence pour cet homme qui l'accompagnait. Elle lui tendit le carnet, ne prononçant à nouveau que quelques mots, avant de se tourner pour fermer les yeux et essayer de dormir.

"- Tiens, j'espère que cela suffira. "

Elle le tutoyait à nouveau, car elle espérait qu'il serait digne de la confiance qu'elle lui portait en lui montrant cela. Après tout il n'y avait dedans que l'intégralité des contrats qu'elle avait eut avec les divers mafieux et personnalités à travers le monde. Ce qu'elle avait du faire, combien elle avait été payée, qui elle avait du tuer, son mode opératoire, le nom de tous les gens dont elle devait se méfier car ils souhaitaient sa mort, leur coordonnés si elle les connaissait et éventuellement des photos ou des descriptions des gens dont le nom était inscrit dans le carnet. Il ne la quittait jamais, le lui laisser revenait à lui offrir la plus grande arme pour l'abattre, mais son comportement montrait bien à ses yeux que l'on pouvait lui faire confiance. Elle en était persuadée maintenant et ce sans l'ombre d'un doute, alors, elle pouvait se permettre de lui donner cet objet. Il y avait à la fin, la liste des mutants qu'elle avait tué dans sa vie, et aussi ceux qu'elle désirait abattre, en haut de la liste celui qui avait tué sa famille, une date était inscrit entre parenthèse à côté des noms pour indiquer les dates à laquelle elle avait rencontré le mutant, si cette date était précédé d'un symbole de croix latine c'est que la personne était morte. Après quelques minutes les yeux fermés, elle finit par s'endormir, emporté par la fatigue et la douleur qu'elle avait réveillé en se touchant le cou tout à l'heure, on pouvait d'ailleurs voir une marque violacée dépasser de son col.

Plus un mot ne fut prononcé pendant l’atterrissage ni le transit entre les deux avions. Heureusement qu’il n’y avait aucune attente pour leur correspondance, ils sautaient pour ainsi dire d’un avion à l’autre sans toucher terre, mais il leur restait encore une dizaine d’heures de vol jusqu’à Mexico, et ce temps promettait de s’écouler dans une bien sombre ambiance. Malgré sa mauvaise humeur, Alex ne pouvait s’empêcher d’essayer de relativiser : Iza l’avait réveillé avec le dispositif dans la main, pour le questionner à ce propos, au lieu le remettre dans sa poche et de faire comme si de rien n’était. Et surtout, surtout, elle n’avait pas essayé d’appuyer sur le bouton pour voir ce qu’il déclenchait, et de cela au moins, il lui était partiellement reconnaissant. Il aurait bien put trouver un moyen de faire avec, en lui disant d’appuyer à nouveau sur le bouton, mais cela aurait été beaucoup désagréable que ça ne l’était déjà. Car malgré tout, il avait du mal à avaler une telle chose. Il était habitué aux coups bas et aux traitrises, c’était courant en affaires et Alex en distribuait lui-même plus souvent qu’à son tour, mais Iza n’avait rien à voir avec le monde des affaires, et de sa part, c’était beaucoup plus difficile à encaisser.

Il montèrent quelques minutes plus tard dans l’avion pour Mexico, et après le décollage, Iza fit à Alex la surprise de lui passer un carnet en cuir. « Que ça suffira » ? Que ça suffise pour quoi ? Étrange. Enfin poussé par la curiosité, Alex pris le carnet sans un mot et le feuilleta après s’être assuré que c’était bien pour cela qu’elle le lui confiait. Son contenu était pour le moins équivoque, et surprenant. Il y avait là toute la vie de sa nouvelle collègue, et quelle vie ! Cambriolages, espionnage, meurtres, pour le compte de politiciens ou de mafieux notoires. Alex reconnu notamment certain nom.

« Je connais cet homme, un politicien véreux. Son frère était un homme d’affaires qui devait signer un gros contrat avec moi, mais l’affaire a capoté lorsque, manifestement, vous vous êtes occupée de lui. Ce n’est pas plus mal, ses magouilles nous auraient fait perdre des dizaines de millions quand il est tombé pour détournement de fonds et trafic d’influence. »

Et la fin une liste de noms et de dates, certaines accompagnées de croix évoquant clairement le sort de ces personnes, et une liste plutôt conséquente. Alex la parcourut et ne trouva pas le nom qu’il cherchait. Il ne savait pas s’il était déçu que ce mutant qui avait détruit sa vie soit encore en vie ou s’il était soulagé que Iza ne l’ait pas déjà tué à sa place.

Il referma le carnet et se laissa aller contre le dossier de son siège, pensif. A côté de lui, Iza s’était endormie. Mais au bout d’un moment, il finit par se lever pour aller aux toilettes. Pourquoi lui avait-elle confié ce carnet ? Il y avait là toute sa vie, toutes ses actions. Il lui suffisait de montrer cela à n’importe quelle autorité pour qu’elle tombe et se retrouve la tête sur le billot, ou pire encore, en prison à vie. Et il lui suffisait de garder ce carnet pour la tenir en son pouvoir et lui faire du chantage, elle deviendrait son esclave. Pourquoi commettre une telle folie ? Était-ce pour lui montrer qu’elle plaçait toute sa confiance en lui ? « J’espère que ça suffira » avait-elle dit. Que ça suffise à regagner sa confiance ? Probablement, mais Alex était tiraillé, il ne savait pas quoi faire. Il fixa son regarde sur la grande cicatrice de brûlure qui mangeait le tiers du visage de son reflet dans le miroir des toilettes. Son chapeau qu’il portait en permanence servait en partie à masque cette marque qui le rendait facilement identifiable, ce souvenir d’un évènement douloureux. Il voulait faire confiance à Iza, c’était une femme habile et distinguée, il aurait aimé pouvoir lui confier ce dispositif, mais il ne pouvait s’empêcher de redouter une autre trahison. Elle n’avait rien fait contre lui, c’était seulement pour s’informer, mais il le percevait tout de même comme une trahison. Il aurait été tellement plus simple de demander ! Il pouvait mettre en cause les habitudes de son métier, mais cela ne suffisait pas.

Lorsqu’il regagna sa place, prenant grade de ne pas réveiller la jeune femme, Alex avait fini par se décider : il allait travailler avec elle et ne pouvait pas continuer à la considérer comme capable de le trahir, toutefois, il était encore trop tôt pour déposer sa propre vie entre ses mains, il faudrait un peu plus de temps pour ça. Il ouvrit le carnet à la page de la liste de mutant son stylo pour ajouter une croix à côté de l’un des noms en bas de la page. Il avait tué cette mutante trois mois plus tôt, inutile que sa collègue continue à la chercher. Ensuite, il déposa le carnet dans le sac de la jeune femme et plongea son regard dans les nuages que l’avion venait de traverser. Il restait neuf heures à combler avant l’arrivée à destination.

Iza avait juste eut le temps de voir Alex ouvrir le carnet avant de fermer les yeux, se laissant emporter par le sommeil. La voix de son collègue l'aidait, elle était basse et il parlait presque dans sa barbe, bien plus à lui même que pour elle, de toute façon elle se fichait bien de savoir ce qu'il disait, elle dormait. Chose qu'elle n'avait pas beaucoup fait depuis son arrivée en Russie. Après quelques secondes de paix, et de noir total, un rêve vint animer sa nuit, un de ses rêves que vous affectionnez tant, qui vous mettent en situation de super héros dans l'activité que vous préférez. Sauf que pour elle, cette situation avait été bien réelle, en haut d'un chapiteau, un homme qui était son maris en face de l'autre côté, il s'élançait et prenait de l'élan tandis qu'elle attendait le bon moment pour plonger à son tour. C'était un soir de spectacle, au cirque familiale, et elle était heureuse, son fils était assez grand maintenant pour y assister et pour la première fois, il était dans l'assistance un soir avec sa grand-mère. Iza était heureuse, le publique était silencieux, et une voix se détacha de l'assistance, celle de son fils qui annonçait à sa grand mère que c'était ses parents, tout là-haut, tandis que tout le monde était silencieux à l'instar de la musique qui favorisait le suspense du numéros.
Iza souriait, sachant pertinemment qu'elle irait rejoindre ce petit bonhomme dans une petite heure tout au plus. Mais tout d'un coup, tout s'assombrit, la scène ne c'était pas déroulé comme cela, mais son rêve se transformait en cauchemar, celui d'une autre nuit de représentation. À la place de cette fin heureuse qui aurait du advenir, les projecteurs se braquèrent bien sur elle, la suivirent, mais cette fois ci le noir de la salle s'illumina d'une couleur indéfinissable et surtout une chaleur accablante s'abattit sur le public. Elle vit son époux se laisser tomber, se laissant glisser dans l'air puis retomber dans le filet, avant de se jeter dans les gradins en direction de l'épicentre de la fournaise, à la recherche de leur fils. Il était déjà déjà trop tard pour l'enfant, trop tard pour la grand-mère, trop tard aussi pour une bonne partie du public. Un mutant était là, et il faisait tout fondre, rendant l'air irrespirable, faisant mourir les gens, tout n'était plus que mort et désolation à son contacte.

Iza dans l'avion se recroquevilla sur elle même, criant à toute vitesse en japonnais ce qu'elle hurlait à son mari depuis le haut de son trapèze, cela se traduisit par un bruit qui aurait très bien pu sembler être une simple conversation, un peu sèche. En effet, alors que dans son rêve elle criait, sa bouche elle ne laissait sortir que de simples paroles baignées d'effroi et de peur. Devant elle se déroulait ce qui allait entraîner la mort de sa famille, celle de sa mère et de son fils avait déjà eut lieu, mais celle de son mari était encore évitable, simplement il ne l'écoutait pas, il se lançait tête baissée, et elle, malgré la morsure du filet dans son dos, les plaies qu'elle c'était ouverte sur le dos en se laissant tomber ainsi, elle n'avait pas réussit à arriver à temps, il mourrait dans quelques heures seulement à l'hôpital. La laissant seule avec son père, le cœur brisée... Elle était alors partit, fuyant sa réalité.

Iza n'avait pas rêvé de cela depuis longtemps, et son réveil après une bonne demi-heure de repos fut brutal. Les larmes aux yeux, elle entendait encore le long biiiiiiiiiip si caractéristique d'un cœur qui s'arrête. Sa respiration était forcée et elle avait agrippé le bras d'Alex, le prenant pour son accoudoir, à son blanchir les jointures. Elle c'était assise droite comme un I en même temps qu'elle c'était réveillé, incapable de parler tant les souvenirs douloureux affluaient dans sa tête. Depuis elle était devenu une autre, la personne du carnet, elle avait effacé cette femme qu'elle était pour devenir celle qu'elle était maintenant. C'était le première fois qu'elle le réalisait, et cela bien plus que tout le reste lui faisait peur...

Alex n’avait même pas eut le temps de se perdre dans ses pensées qu’il entendit Iza parler d’une voix transpirant une panique aisément décelable, cela ressemblait plus à des gémissements qu’à une conversation. Il se tourna brusquement vers elle pour voir ce qui la terrorisait à ce point dès le réveil, mais il constata avec surprise qu’elle dormait toujours, elle parlait dans son sommeil, et à l’entendre, elle ne faisait pas un rêve agréable, loin de là. Il allait la réveiller pour la tirer de ce mauvais avant qu’elle se mette à hurler pour de bon mais il fut pris de vitesse car elle sortit toute seule de son sommeil, agrippant le bras mécanique de son voisin qui était posé sur l’accoudoir entre eux, avec force si on en jugeait par la crispation de sa main sur la manche d’Alex. Il attendit quelques secondes qu’elle revienne complètement à la réalité pour lui parler, mais il vit quelque chose de surprenant sur son visage : des larmes.

Depuis qu’elle lui avait sauvé la mise face à cette mutante qui avait lancé un défit à Alex, Iza lui apparaissait comme une femme forte, implacable, capable du meilleur mais aussi du pire. Il ne l’avait imaginée en train de pleurer, et encore moins devant témoins, et il avait l’impression qu’elle n’avait plus rien à voir en cet instant avec la redoutable chasseuse de mutants de l’ATW. Finalement, Alex ne parla pas. Il assistait à quelque chose de rare : il avait un aperçu de la véritable Izanami dissimulée derrière la redoutable chasseuse, mais c’était bien sûr indépendant de la volonté de la concernée, et il se doutait aussi que ce n’était pas donné à tout le monde. Mais lui, Alexandrov Kalistarine, il en avait vu un peu, alors qu’ils étaient encore presque des inconnus l’un pour l’autre, et cet accident le plaçait dans une situation particulière vis-à-vis de la jeune femme. Parler au mauvais moment risquait de briser quelque chose, alors il se tut un peu plus longtemps, et détourna pudiquement le regard en attendant qu’elle reprenne contenance. Il ignorait complètement de quoi elle avait rêvé, mais cela semblait l’avoir très affectée et violemment secouée. Il laissa passer un peu de temps puis finit par lui rappeler en ces termes et d’une voix apaisante qu’il était là et que le cauchemar était terminé :

« Peut-être pourriez-vous lâchez mon bras à présent ? Cela ne me dérange pas car je ne sens rien mais vous allez finir par vous faire mal à la main. »

A la voir ainsi, il avait même presque oublié qu’il lui en voulait pour ce qu’elle avait fait. Après tout, c’était une humaine comme les autres, et comme les autres humains, elle pouvait agir de façon absurde. Ce nouvel aspect de la jeune femme obligeait Alex à la voir un peu différemment, et il était à présent en mesure de lui pardonner et d’effacer l’incident plus efficacement qu’une amnésie.

Iza sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, elle pensait même qu'elle devait rougir à cause de tout cet afflux sanguin, mais cela n'était pas le cas en réalité, son visage mal réveillé était marqué par l'effroi et surtout par la tristesse que ces moments avaient évoquée en elle. L'acrobate sentait les larmes affluer dans ses yeux et voyaient sa vision devenir de plus en plus floue, mais elle ne pouvait rien y faire, cela ne la fit même pas réagir. Non, pour le moment elle était ailleurs, essayant de se remémorer des évènements gais, des moments qu'elle avait passé avec sa famille, le rire de son fils, sa rencontre incongrue avec l'homme qui était devenu son époux. Le mauvais effet que la naissance de leur fils avait fait à cause de la proximité trop importante de leur mariage. De tous ces souvenirs, sa vie de femme avant ce jour avait été la plus belle partie. Maintenant elle ne se contentait plus que du plaisir présent, celui de réussir particulièrement bien un plat ou une figure particulièrement difficile. Elle n'avait pas voulu toucher un homme, elle n'en avait tout simplement plus envie, cela lui était arrivé pour mener à bien un contrat mais son cœur lui fuyait ce moment et elle n'y avait jamais pris aucun plaisir. En vérité, elle était depuis se jour une simple coquille vide et la mort de son père vidait les dernières miettes de ce qu'il restait encore à l'intérieur...
De très loin, elle entendit une voix et après quelques secondes, voir minutes, afin de comprendre ce qu'on lui disait, elle relâcha lentement son emprise sur le bras d'Alex, sentant sa main ankylosée et douloureuse à force de se crisper autant sur le bras mécanique. Elle avait tourné la tête pour voir qu'effectivement elle tenait non pas l'accoudoir mais la manche de son collègue. Sa main maintenant dénuée de prise se mit à trembler légèrement encore emprise à la peur qui avait été sienne ce soir là. De sa main libre, elle sécha ses larmes discrètement, et s'efforça de sourire, regardant son collègue afin de lui adresser la parole.

"- Excuse moi, je pensais avoir surmonter la mort de ma famille, celle que tu as vu sur la photo l'autre jour. Chacun son mutant et sa peine, j'espère que l'on pourra avoir notre vengeance le moment venu..."

Sa voix était froide et encore faible, marquée par toutes les émotions qui la taraudaient. Elle réalisa alors qu'elle avait mal à la main et qu'il l'avait mis en garde contre cela, si bien que lorsqu'elle se massa la main afin de faire partir l'engourdissement, elle se mit à rire, sans aucun doute tombait-elle dans de tels extrémité à cause de la faiblesse émotionnelle qu'elle traversait à ce moment là, mais rire même aussi bas que maintenant lui faisait du bien alors elle se laissa aller, et puis de toute façon Alex l'avait déjà vu avec des larmes alors un peu de rire franc ne pouvait pas plus le perturber... Après quelques secondes, continuant de se masser la main, elle reprit la parole sur un ton bien plus joyeux.

"- Je crois que c'est déjà fait pour le mal à la main, je n'ai rien abimé sur ton bras ? "

Elle lui sourit, tout de même inquiète de savoir les dégâts qu'elle avait causé. Ses yeux désormais sec exprimaient encore de la peine, mais petit à petit ils allaient s'éteindre lorsqu'elle aurait réussit à tout compartimenter à nouveau. Pour l'instant, elle ouvrit son sac, et prit la petite glace qui se trouvait dedans afin de regarder si son maquillage était toujours bien, c'était bien plus pour se donner une contenance qu'autre chose, mais peu importait. Elle sourit en voyant le carnet lorsqu'elle le reposa, tout était parfait, avec une telle compagnie elle se devait de faire bonne figure. Regardant sa montre, elle vit qu'ils leur restaient pas loin de neuf heures de vol et se dit que faire un peu connaissance serait peut être une bonne idée, avant de réaliser qu'avec de l'entourage c'était bien moins pratique. Cependant, elle eut une idée, un jeu qui elle l'amusait assez, si jamais Alex éprouvait le besoin de s'occuper... Avant, elle testa simplement s'il voulait rester tranquille dans son coin ou si la compagnie ne le dérangeait pas.

"- Au fait, tu as assez dormi sur le précédent vol ? Et s'il te plaît, arrête de me vouvoyer maintenant ! "

La main de la jeune femme se décrispa et elle lâcha le bras insensible d’Alex qui n’avait pas bougé. D’après ce qu’elle disait, elle venait probablement de rêver de la mort de sa famille, tuée par un mutant, il était donc compréhensible qu’elle soit si bouleversée. Elle se laissa même aller à rire nerveux avant de se calmer vraiment et de redevenir peu à peu celle qui l’accompagnait à l’ATW. Se frottant la main à cause de sa prise douloureuse, elle demanda si elle n’avait rien abîmé sur le bras d’Alex, question qu’il trouva légèrement saugrenue, mais enfin elle ne savait pas comme lui de quoi était exactement capable son bras. La voir sourire était rassurant et il lui répondit en lui rendant son sourire (et pas parce qu’il n’en voulait pas, bien au contraire).

« Aucun problème, c’est un alliage très résistant. »

Il remonta sa manche pour révéler la peau artificielle de son bras et constata qu’elle était percée de plusieurs petites entailles, mais pas une goutte de sang.

« Il faudra réparer la peau cependant, mais ce n’est pas bien grave, j’ai ce qu’il faut sur moi. Vous voulez bien me passer le petit flacon banc qui se trouve dans la poche latérale de mon sac, dans le porte-bagages au dessus de vous ? Je vous en serais reconnaissant. »

Il attendit qu’elle lui passe le flacon ou refuse de se lever et répondit à son injonction par une excuse.

« Je suis désolé pour ça, c’est mon éducation qui veut ça, je vouvoyais même mes parents, toujours, et les seules personnes qu’il m’est arrivé de tutoyer étaient extrêmement rares, et sont toutes mortes. Et j’ai effectivement dormi autant que j’en avais besoin pendant le vol jusqu’à Paris, pas autant cependant qu’il aurait été agréable de le faire, mais maintenant que je suis éveillé, il me sera impossible de dormir avant la fin de la journée. »

Alex s’interrompit pour interpeller une hôtesse qui passait et lui demander de lui servir une limonade bien fraîche.

« Voulez-vous boire quelque chose, Asahi-san ? Votre sommeil a été très court et manifestement très pénible, je crois que quelque chose de tonifiant pour remonterait un peu. »

Visiblement elle n'avait fait que quelques dégâts sur la peau synthétique, c'était selon ses dires facilement réparable, ce qui soulagea Iza autant que de le voir sourire. Depuis leur rencontre, il faut dire qu'elle n'avait pas vraiment eu l'occasion de le voir sourire et elle le trouva à vrai dire charmant sur le moment. Alors qu'il lui demandait de récupérer un flacon blanc dans la poche de son sac, elle se leva et ouvrit le compartiment à bagage, le seul problème étant qu'elle était trop petite du haut de son mètre quarante pour voir ce qu'il y avait dedans, alors, elle fit quelque chose qu'elle n'aurait sans doute pas du faire, mais qui à vrai dire lui plaisait bien trop pour qu'elle se retienne. Elle vérifia en premier lieu que les siège en face dans l'allée étaient libre, ce qui était le cas, puis elle prit appuie du coup de pied le long d'un siège, puis de l'autre afin de récupérer de la hauteur, ainsi bloquée dans l'allée elle récupéra le flacon sans aucune peine avant de refermer le compartiment et de se laisser délicatement retomber sur le sol. Elle le lui tendit avec un sourire radieux tant elle avait prit plaisir à faire ses acrobaties, la hauteur lui manquait, et ce petit exercice lui avait donné un aperçu du plaisir qu'elle prenait à grimper aux arbres ou autres éléments hauts.

"- Excuse moi pour la secousse, je suis vraiment trop petite pour voir ce qu'il y a dans ces fichus compartiments. Pour tout dire je suis même incapable d'y mettre quelque chose sans demander de l'aide ou grimper, mais ce genre d'acrobatie de détend toujours. Je peux même dire que plus c'est dément, plus cela me plaît à faire..."

Iza souriait visiblement ravie de s'être dégourdie les jambes. Elle l'entendit alors appeler l'hôtesse qui passait dans l'allée afin de se faire servir une limonade, avant de lui demander si elle voulait quelque chose en la vouvoyant encore... Elle le regarda en lui faisant la grimace pour cela puis se tourna vers l'hôtesse le visage calme réfléchissant presque à ce qu'elle allait demander. En vérité elle essayait de se remémorer le mot en anglais pour ce qu'elle désirait prendre, puis comme elle ne trouvait pas abandonna.

"- La même chose s'il vous plaît. "

Puis elle fit le relais entre Alex et l'hôtesse avant de disposer son verre devant elle. Leur discutions en japonnais lui avait fait un drôle d'effet, dans le sens où elle n'avait pas pratiqué cette langue à l'oral depuis quelques temps sauf en de rares occasions et cela lui demandait un petit effort ce qui lui faisait oublier l'anglais, la langue que son époux lui avait appris. Elle se fit la réflexion qu'en rentrant elle prendrait un bon thé qu'elle apprécierait véritablement, mal habituée par son éducation elle avait appris tout dans l'art et la manière de préparer le thé durant son enfance, ce qui lui faisait apprécier le bon thé mais aussi détester le thé industriel qu'on retrouvait bien trop souvent chez les gens et surtout dans les avions... Pourtant cela aurait été la meilleur chose pour elle de boire du thé c'était ce qui la calmait le plus et surtout ce qui la mettait immanquablement de bonne humeur. Une fois l'hôtesse partie, et une gorgée de son breuvage bue, elle continua de discuter avec Alex, reprenant leur conversation comme si rien ne les avaient interrompu, gardant tout de même en tête l'attention qu'il lui avait porté, peu habituée à ce genre d'égard de la part de quelqu'un.

"- Ne t'inquiètes pas, une fois notre voyage terminé nous avons un bon bout de chemin à faire à pied, alors ce soir nous dormirons comme des loirs, cela ne fait aucun doute. Mon éducation à moi se limite à peu de chose en réalité, la haute voltige, la cuisine, le ménage, le lancé de couteau et la vie ambulante d'un cirque où tout le monde se connait et où la familiarité va de paire avec la promiscuité. Je ne suis même jamais véritablement allée à l'école ! Je crois que je peux comprendre pour ton éducation, même si je déteste cette froide distance qu'impose le vouvoiement, je comprends parfaitement que tu continues avec. "

Iza se mit à rire en s'imaginant vouvoyer ses parents, déjà qu'elle ne concevait pas de le faire avec les forains, mais avec ces parents cela aurait été sacrément cocasse. Ils auraient fait une drôle de tête si elle c'était amusée à ce petit jeu, et sans doute l'aurait elle regretter car tout le monde l'aurait vite su et l'aurait prise pour une précieuse. Déjà que les nouveaux trouvaient cela drôle de la voir affublée d'un tel prénom à peine prétentieux lorsqu'ils avaient un peu de culture, alors se faire remarquer de la sorte aurait été comme signé son arrêt de mort. mais d'un autre côté, Alex lui aurait vécu un scénario similaire s'il avait tutoyé alors elle pouvait très bien comprendre...

La jeune femme accéda promptement à la requête d’Alex et se leva pour aller lui chercher son flacon, mais il n’avait pas songé au fait qu’elle était trop petite pour atteindre les porte-bagages aussi aisément que lui. Ma à sa grande surprise, et à celle des autres passagers, elle prit appuis sur les sièges pour monter là-haut d’une acrobatie et redescendre quelques secondes plus tard avec le flacon, offrant à Alex l’occasion d’apercevoir une très jolie jambe grâce à la robe fendue d’un côté. Il n’avait pas non plus pensé à cette éventualité.

Il la remercia en prenant le flacon et répondit à la remarque d’Iza pour poursuivre la conversation.

« Le vouvoiement n’implique une distance que pour qui n’est habitué à l’employer qu’avec des gens dont ils sont distants. Pour moi, qui l’utilise avec tout le monde ou presque, c’est une façon ordinaire de parler, c’est marque de respect, pas de distance. Cependant, il a existé une ou deux personnes que j’ai tutoyé, des personnes en qui j’avais une confiance aveugle et avec qui je pouvais tout partager, absolument tout. Mais toutes les personnes qui m’étaient proches et qui comptaient dans ma vie ont périt dans cette explosion qui m’a coûté mes membres. Aujourd’hui, Mikhaïl est la seule personne au monde à avoir fait partie de mon passé. »

Il ouvrit précautionneusement le flacon qui contenait un petit pinceau accroché à l’intérieur du bouchon. Posant son bras sur l’accoudoir entre lui et Iza pour maintenir sa manche remontée, il appliqua délicatement le produit transparent, légèrement blanchâtre, sur les petites entailles qu’avait faites Iza.

« Mais peu importe tout ceci, c’est le passé. »

Malgré ses efforts, la manche d’Alex ne cessait de descendre sur son bras, alors il tendit le flacon ouvert à Iza.

« Pouvez-vous me tenir ceci s’il vous plait ? Je vous remercie. Et prenez bien grade de ne pas en renverser une goutte, ce liquide est extrêmement précieux. Voyez-vous, cette peau est constituée d’une matière synthé-organique, une chaîne carbonée de synthèse, reproduite en laboratoire. Elle a la propriété d’être souple et assez résistante pour ne pas se déchirer lors de mes mouvements même les plus improbables. Cependant, ce produit que vous tenez et qui sert à la réparer, agissant comme un cicatrisant, est extrêmement difficile à synthétiser pour la simple et bonne raison qu’il est issu de la pétrochimie. L’extrême rareté du pétrole qui a presque disparu de la planète donne à 10 cl de ce produit assez de valeur pour acheter un avion comme celui-ci, voir peut-être deux. »

Alex termina d’appliquer le précieux produit et réintroduit le pinceau dans le flacon que tenait toujours Iza, puis revissa le bouchon.

« Le Mexique… Cela va bien me changer de l’hiver sibérien de Moscou. Mais si j’en crois mon intuition et la nature de ce quartier général, nous ne devrions pas y rester bien longtemps. Après tout, une base mobile est faite pour se déplacer, n’est-ce pas. »

Alex range le flacon bien fermé dans sa poche et vida le fond de sa bouteille de limonade.

Iza l'écoutait poliment. En entendant ce qu'il disait à propos du vouvoiement elle se sentit rassuré, même si elle ne s'y ferait pas avant un bon moment, comme à chaque fois que quelqu'un la vouvoyait. Lorsqu'il lui parla des personnes avec qui il c'était permis d'être aussi familier elle comprit parfaitement de quoi il parlait. Cette proximité si grande qu'on pouvait simplement si l'autre nous le demandait faire les choses les plus folles tout simplement à cause de la confiance qu'on avait en lui. Sa voix se fit plus triste à la fin, elle n'avait pas du payer un tribut aussi lourd que son nouveau collègue de sa personne seul sa psychologie avait été gravement affecté, son équilibre émotionnel. Elle avait tout simplement perdu ce qu'il n'avait, sans aucun doute pour elle, jamais connu : l'amour de sa vie et son fils. Ses paupières se fermèrent un peu plus longtemps qu'à la normale, mais elle continua à l'écouter et l'observer sans rien dire.

Le voyant luter pour réparer les marques qu'elle avait faite sur son bras elle déposa sa main de façon à tenir la manche et prit lorsqu'il lui demanda le flacon. Elle le regarda un peu surprise lorsqu'il lui précisa la nature du produit, visiblement Alex avait reçu une éducation et il avait du faire de longues études, il semblait en connaitre un rayon sur les produits chimiques. Elle n'avait lu que quelques ouvrages et articles en ligne afin de faire les bons mélanges pour ses armes sommaires. Oui, Iza marchait toujours à la débrouille, à l'instinct et non à la réflexion ou à la théorie. Lorsqu'il lui décrivit la composition chimique elle ne comprit absolument rien, mais peu importait, cela la fit sourire, elle aurait beaucoup à apprendre en sa compagnie elle en était certaine, tout comme lui avait beaucoup à apprendre de son expérience à elle... Cela elle avait appris à l'apprécier avec le temps, au contact de l'homme qui réchauffait son cœur et qui y avait laissé un vide qu'elle n'arriverait peut être jamais à combler.
Lorsqu'il eut finit, elle le vit reposer le pinceau dans le flacon et lui reprendre des mains d'un geste qui l'a surprise. Sa main n'avait aucune chaleur, et son geste avait bien plus de force que ce que quelqu'un de "normal" aurait normalement fait, mais peu importait, cet homme n'était pas quelqu'un de normal après tout. Pendant ce temps, il continua de parler, passant à un sujet tout à fait différent. Il parla de leur destination, de la différence qu'il y avait par rapport à son pays d'origine, c'était clair la vie, sa vie allait changer et pas qu'un peu.

"- Une fois qu'on est habitué à la chaleur, on apprécie bien plus les côtés positifs de ce lieu. Les habitants des favélas, sont des gens plein de ressources, j'ai beaucoup appris à leur contact, ils ont tant d'idées pour faire de ce que les grandes sociétés considèrent comme bon à jeter quelque chose qui leur est utile voir parfois vital. Je dois dire que pour moi c'est une façon très agréable de me perfectionner et aussi d'apprendre. Cela m'a même donné des idées pour réaliser des armes ou des moyens de me faciliter la vie lors de mes missions. Je ne fais confiance en rien que je n'ai pas moi même compris, démonté et remonté plusieurs fois... "

Sa voix était assez joyeuse, presque amusée et rieuse de la situation. Elle espérait qu'il réponde à cela, il leur restait encore quelques heures de vol à combler en discutant alors autant que cela se face dans la bonne humeure comme celle qui c'était installée à ce moment là. Cela détendait qui plus est.

» [Russie] Les rues infectes