[Russie] Tu m'ennuies ou tu restes en vie ? (pv)

Alex fut un peu surpris par la méfiance de la jeune femme envers Mikhail, mais il est vrai qu’elle ne le connaissait pas, alors qu’il faisait partie de la vie d’Alex depuis qu’il était tout bébé. En ce qui le concernait, Alex lui confierait sa vie ou quoi que ce soit d’autre les yeux fermés, sans la moindre hésitation, ce qu’il faisait d’ailleurs régulièrement. Il n’avait aucun doute sur la loyauté de son homme de confiance. En tous les cas, il fit signe à Mikhail d’obtempérer et celui-ci sortit quelques secondes plus tard, chargé d’un véritable arsenal qui impressionna Alex. Comment ce petit bout de femme avait pu cacher sur elle autant de métal sans que ça se voie ?
Mais là n’était as la question, cela indiquait bien qu’elle ne lui voulait aucun mal, ce qui aurait été un comble puisqu’elle l’avait sauvé d’une mort certaine. Et lorsque Mikhail fut sortit, elle repris la parole pour expliquer les raisons de sa présence et de ses actes.

C’était quelque chose d’assez époustouflant. Il avait déjà entendu parler de cette ATW, gros producteur d’armes en tous genres qui se faisait un joli chiffre annuel. Mais de là à imaginer qu’il s’agissait d’une organisation visant à exterminer les mutants, c’était un autre monde ! Et ils voulaient le recruter.

« Tout ceci me laisse supposer que vous devez être au courant pour mes « activités parallèles » et pour bien d’autres choses encore, dont l’origine de ceci. » Il désigna la grande cicatrice de brûlure qui lui couvrait la partie supérieure gauche du visage.

Ce n’était ni un reproche ni une exclamation de surprise, c’était la simple énonciation d’un fait. Alex pris les papiers et les lut en quelques minutes, puis laissa retomber son bras sur le lit le long de son corps. Une légère crispation déforma ses traits une courte secondes et la sueur perlait à son front. Sa voix avait changé, comme s’il luttait contre quelques chose.

« C’est une offre très intéressante, mais je refuse de travailler pour vous. Je suis à la tête d’une très grosse entreprise, je fabrique et vend de la technologie de pointe dans une grande partie du monde et je pèse plus de 2 milliards de dollars. Je ne peux pas être employé par une autre entreprise. »

Il se tut quelques secondes, fermant les yeux assez fort. La douleur irradiait de ses blessures dans tout son abdomen et devait maintenant transparaître assez clairement sur sa personne. S’efforçant de maîtriser sa respiration pour lutter contre sa douleur, il reprit.

« En revanche, je serais heureux de donner à votre organisation disons… quelques coups de main, en échange des informations que vous possédez ou trouvez concernant les mutants. Pour dire les choses clairement, cela ne change rien dans la pratique, si ce n’est que je ne veux pas être payé pour cela. Je le fais par conviction, pas pour un argent dont je ne manque pas. »

Un nouvel accès de douleur lui fit serrer les dents et il appuya sur un bouton à portée de sa main. Aussitôt, Mikhail entra dans la pièce comme s’il avait attendu juste derrière la porte.

« Je dois me reposer, nous en reparlerons un peu plus tard. Si vous désirez rester, Mikhail mettra une chambre à votre disposition, sinon mon chauffeur vous reconduira où vous voudrez. Laissez-moi maintenant. Vite ! Mikhail ! »

Le majordome attrapa la jeune femme par le bras et tira un peu, sans brusquerie mais avec fermeté, pour l’inciter à se lever et à presser le pas pour quitter la pièce. Il sortit à son tour et restitua ses affaires à la jeune femme pour s’empresser de verrouiller la porte de la chambre qui était, non pas blindée comme l’autre, mais suffisamment renforcée.

« Je vous prie de me pardonner pour ma brusquerie, mais il y a certaines situation où il vaut mieux se hâter et qui nécessitent de bousculer un peu les convenances. »

Comme il la précédait dans le couloir pour la ramener vers le hall, on entendit derrière eux la voix d’Alex qui leur parvenait un peu étouffée par l’épaisseur de la porte mais pourtant audible.

« Mikhail ! Mes jambes ! Mikhail, vieux déchet, fils de babouin, rends-moi mes jambes ! Mikhail … »

Alex hurlait cela aussi fort qu’il pouvait dans sa chambre, et bien d’autres injures encore, avec plus de colère et le mépris qu’il n’était possible d’imaginer venant d’un homme comme lui. Mikhail soupira, à la fois consterné et las.

« Je suis vraiment désolé que vous soyez témoin de ceci, mademoiselle. C’est la douleur, cela le rend parfois… colérique. Et malheureusement, nous ne pouvons lui administrer aucun anesthésiant d’aucune sorte car ceux-ci ont sur lui des effets secondaires… très indésirables. Il devrait aller mieux demain matin. »

Une fois revenu dans le hall, le majordome se tourna vers Izanami.

« Resterez-vous pour la nuit, mademoiselle ? »

Iza regarda la cicatrice qu'il lui montrait, elle l'avait vu sans le relever. En fait, elle aurait pu l'ajouter si elle avait du décrire son visage, mais là comme ça elle n'avait pas noté. Le changement de voix par contre la frappa comme la difficulté à garder son calme les efforts évident qu'il faisait face à la douleur et la sueur qui perlait à son front bien plus qu'à son arrivée dans la pièce. Elle écouta avec attention ce qu'il avait à dire, restant prête à esquiver une attaque, son bras mécanique elle ne tiendrait pas à un coup de ce truc... Cet homme était compliqué, il lui expliqua qu'il ne voulait pas être un "employé" mais qu'il acceptait de travailler avec eux. Elle eut envie de rire lorsqu'il eu fini son petit speech, il n'avait rien compris à ce qu'elle lui proposait, absolument rien, mais alors qu'elle voulu le corriger, elle le vit presser sur un bouton. Mikhail apparu dans la seconde suivante et la tira par le bras, il semblait énervé comme incapable de se retenir de cogner. Un peu effrayant mais bon elle avait vu pire comme fou furieux alors cela ne lui fit ni chaud ni froid de l'entendre pester une fois que le majordome eut verrouiller la porte. Ce qui la surprit en revanche, c'est de le voir fermer la dite porte.
Elle avait récupéré les affaires qu'elle transporta ainsi dans sa veste sans prendre la peine de les ranger à leur place. Elle suivait cet homme à travers les couloirs observant l'emplacement des caméras histoire de revenir plus tard discuter avec ce monsieur. Il la reconduisit dans le hall après lui avoir donné quelques explications très vagues sur l'état d'Alex. Puis une fois dans le hall, il lui demanda si elle restait. C'était proposé si gentiment qu'elle n'allait pas refuser, surtout qu'ainsi elle pourrait continuer sans gêne aucune cette petite conversation.

"- Si cela ne dérange pas, j'apprécierai de pouvoir oui. "

Elle attendit la suite des évènements en replaçant chacune de ses armes, du moins tout ce qu'elle eut le temps de replacer afin de ressembler à nouveau à une femme bien sur elle et non une pauvre fille transportant un chargement des plus cliquetant. Mais elle n'eut le temps de replacer que quelques couteaux dans ses manches avant que Mikhail la conduise dans une des chambres du premier. Il s'inclina et lui fit savoir l'heure du souper. Bon cela lui laissait une bonne heure pour s'entrainer, c'était peu mais déjà cela. Elle redescendit chercher son sac qu'elle avait bêtement laisser dans le petit salon et se changea, enfilant un tee-shirt et un jogging. Elle sortit par la fenêtre comme si c'était tout à fait normal de faire une chute de trois mètres sans se poser de questions, puis elle commença par courir à petite foulée puis de plus en plus vite. Le tout dura une bonne demi-heure avant qu'elle ne fasse quelques séries de pompes de d'abdominaux puis qu'elle ne rentre se doucher afin de descendre dans une robe de soie chinoise de confection asiatique qui semblait traditionnelle dans la salle à manger. Il n'y avait personne ici, elle mangea donc seule, c'était quelque chose qu'elle détestait faire, mais bon elle ne pouvait pas vraiment critiquer.
Une fois le tout fini, elle attendit dans sa chambre complétant son rapport y indiquant une double personnalité très probable et de nombreux autres détails psychologiques et physiques qu'elle avait pu relever au cours de cette courte entrevue. À deux heures tout le monde dormais dans la maison, sauf les quelques gardes qui continuaient à surveiller l'extérieur. Elle enfila des lunettes à infra-rouge et ses gants ainsi qu'une tenue noire dissimulant à merveille quelques armes mais très peu. Elle se faufila ainsi jusque sous les escalier du rez de chaussée et entra dans l'anti-chambre des couloirs secrets. Elle avait bien observé l'homme tout à l'heure et avait pu relever le mot de passe qui permettait d'entrer. Ensuite, elle traversa le couloir d'un pas pressé et ouvrit la porte verrouillé d'une main experte. Il n'y avait aucune caméras dans le couloir et toutes les portes étaient fermés, la seule qui ne l'avait pas été Iza passa par dessus l'embrasure de la porte interdisant ainsi la caméras de la voir. Elle entra ainsi dans la pièce où Alex se trouvait quelques heures auparavant, il était calme, elle se glissa rapidement dans l'angle mort des caméras, et attendit quelques minutes afin d'être certaine de n'avoir été vue par personne. Elle prit ensuite la parole assez fort pour qu'il se réveille. Personne n'était là donc pas besoin de parler tout bas, ils ne viendraient pas tant qu'ils ne la verraient pas.

"- Monsieur Kalistarine. Monsieur Kalistarine ! Réveillez-vous bon sang ! "

Elle jura en japonnais avant de reprendre ses appels histoire de réveiller le loir...

Ayant fini par se fatigué, et aidé par la faiblesse occasionnée par ses blessures, Alex avait finit par s’endormir. Il dormait d’un sommeil profond quand une voix féminine s’introduit dans ses rêves pour l’en extirper. Il se réveilla et ouvrit les yeux. L’endroit était toujours plongé dans le noir, il ne voyait personne. Mais lorsqu’elle l’appela encore une fois, il reconnu sa voix. C’était Izanami.
Il se souvenait avoir eu une crise à cause de la douleur maintenant presque évanouie. La porte de sa chambre aurait dut être fermée à clef, alors comment cette frêle jeune femme se trouvait-elle avec lui dans la pièce. Il crut une seconde qu’il rêvait encore, mais il savait que ce n’était pas le cas.

« Comment êtes vous entrée ? »

Ce n’est qu’une fois la question posée qu’il la trouva hors de propos.

« Aucune importance. Que me le voulez-vous de si urgent qui ne puisse attendre demain matin, mademoiselle Izanami-Amaterasu Asahi ? »

Question beaucoup plus importante à son avis. Il se remettait d’une blessure qui lui avait fait perdre pas mal de sang, il avait besoin de sommeil. Il était un peu irrité de s’être fait réveiller comme ça en pleine nuit, mais sa bonne éducation lui interdit de le montrer.

« Puisque vous êtes là, autant m’expliquer la raison qui vous y a amenée. »

Iza arriva à le réveiller à force de persistance, elle avait faillit repartir sans avoir pu discuter avec lui comme elle le voulait. Son irritation l'avait conduite à crier à plein poumon chose qu'elle ne faisait jamais. Pour quelqu'un dont le silence avait été la clé de la réussite ce manque total de discrétion était des plus gênant voir troublant. Il se réveilla enfin observant chaque recoin de la pièce avec avidité, la lumière éteinte elle ne pouvait pas le voir, mais elle l'entendait bouger, les draps frottaient, il donnait sa position.

« Comment êtes vous entrée ? Aucune importance. Que me le voulez-vous de si urgent qui ne puisse attendre demain matin, mademoiselle Izanami-Amaterasu Asahi ? Puisque vous êtes là, autant m’expliquer la raison qui vous y a amenée. »

Il était irrité l'inflexion de sa voix le montrait bien, mais elle ne lui en ferait pas la remarque. On peut manquer de politesse comme ce qu'elle avait fait là, mais il ne fallait pas non plus en abuser. De toute façon sa présence ici allait lui être expliqué et même très rapidement. Son accent très étrange se fit entendre alors que le silence c'était à nouveau installé dans la pièce. Elle avait mal à la gorge à force de crier pour le réveiller. heureusement que personne n'avait entendu sinon elle aurait du en liquider quelques uns et elle n'était pas assez armé pour ça, en plus cela aurait été franchement stupide.

"- Excusez moi de ma venue ici, mais j'ai mis trop de temps à vous trouver alors il me faut une réponse rapide, et le seul moyen d'être tranquille ici c'est d'agir la nuit. De plus, nous n'avions pas fini note conversation tout à l'heure avant que votre charmante personnalité colérique n'apparaisse et qu'on m'évacue aussi sec. J'avais quelques informations à vous donner. D'une part, pour votre salaire si vous ne le touchez pas il n'y a pas de soucis, par contre si vous souhaitez faire partit de notre groupe vous devez comprendre certaines choses. Nous ne pouvons pas vivre relié au reste du monde, au contraire, nous vivons dans des zones inhabités dans des camions mobiles qui changent régulièrement de lieux afin d'être le moins repérable possible. Comprenez bien qu'avec le mode de recrutement que nous avons, nous sommes plus des gens travaillant pour notre propre compte regroupé sous les ordres d'un patron que des employés. Mais quoi qu'il en soit, votre volonté de partage d'informations n'est pas possible, pas si vous ne venez pas vivre avec nous. Maintenant, avez-vous des questions ? "

Iza avait de nouveau parlé calmement et d'une façon très sérieuse très peu amicale, c'était un peu surprenant pour elle mais peu importe, elle était ici pour affaire, pas pour son bon plaisir. D'ailleurs rester éveiller ainsi la nuit la fatiguait profondément, tout comme vivre dans un tel lieu. Elle détestait plus que tout. Elle ne bougea toujours pas, attendant avec empressement la réponse pour enfin pouvoir passer une nuit tranquille à dormir plutôt qu'à travailler...

Il n’avait vraiment pas envie de parler de choses un peu trop pointues, fatigué comme il était. Mais comme Melle Asahi semblait avoir mal compris ses propos il était bien obligé de rectifier les choses. Non, ce qui l’ennuyait vraiment, c’était son empressement, comme si leurs vies à tous dépendait de chaque minute gagnée. Alex ne voyait pourtant aucune raison de se presser à ce point et ce n’était rien d’autre pour lui que de la précipitation.

« Vous m’avez mal compris. J’avais parfaitement compris, car c’est écrit dans le contrat que vous m’avez fait lire, que je devrais vivre dans les locaux de l’ATW quels qu’ils soient. Et j’ai déjà accepté votre offre, j’ai juste précisé que je ne voulais pas être payé pour ce travail. Ce chamgement ne me dérangera pas, ma boîte peut tourner sans moi tant que je peux encore donner des instructions par téléphone. Et ça ne me dérange pas de déménager, cette immense maison ne me rappelle que trop des choses désagréables. »

Un dernier commentaire plutôt cynique, ce qui n’était pas vraiment dans ses habitudes, mais au moins les choses étaient claires à présent.

« Là, maintenant, non, je ne vois aucune question à vous poser. »

Iza sentait au ton de sa voix qu'elle l'ennuyait profondément le reste, des questions qu'elle avait devait trouver une réponse très rapidement, parce que dans le cas contraire elle sentait qu'il allait devoir y répondre devant son personnel et disons qu'elle ne l'espérait pas pour lui. Enfin son éducation lui avait appris que laisser le choix même si cela agaçait était préférable à imposer une réaction devant un publique. Elle sourit lorsqu'il parla de cette immense bâtisse, après tout ils étaient ainsi deux à ne pas l'aimer. C'était bien trop grand pour elle, et lui cela devait lui rappeler de très mauvais souvenirs, ceux de ses parents entre autre sans doute.

"- Avant de vous quitter, j'aimerai juste savoir comment faire pour vous calmer, cela peut être utile quand on vit dans un espace clos de ne pas se faire tuer par un camarade... Enfin si vous préférez m'expliquer cela demain je m'en vais, j'ai grand besoin d'enfin dormir. Au fait, appelez moi Iza ! "

Son ton se voulait plus jovial, elle avait prit un peu de ce rythme décalé à vivre la nuit et dormir le jour si bien qu'il ne lui coutait pas tant que cela de vivre ainsi, mais le fait était qu'elle avait envie de dormir après cette longue journée. Elle attendit toujours coincée dans son petit coin d'angle de pièce, si seulement la sécurité n'était pas si importante ici on aurait pu vivre tranquillement et avoir un rapport bien plus humain que cette distance glaciale et ce maintient forcée en une immobilité presque parfaite.
En sortant de là, elle téléphonerait à Monsieur Swing pour enfin lui annoncer qu'il serait de retour dans quelques jours et qu'elle lui envoyait son rapport le lendemain normalement. Enfin pour l'heure elle attendait toujours d'entendre la voix désappointée de son désormais collègue... Elle était en fait amusée de voir combien cela pouvait l'agacer qu'elle soit présente ici, elle cela l'avait un peu amusée de s'introduire ici comme cela. Même si cela n'était pas pour un vol, elle avait re-goûté au plaisir des effractions de lieux sécurisés avec un plaisir certain.

Elle avait encore une question à poser visiblement et ne s'en priva pas. Et lorsqu'elle la posa, l'agacement d'Alex disparut d'un coup, remplacé par autre chose de plus... mélancolique, déçu peut-être. En fait, il était un peu triste de ne pas pouvoir répondre à cette question car s'il possédait une telle réponse, elle lui serait précieuse. Malheureusement, cette réponse, il ne l'avait pas, et il s'en désolait. Il laissa échapper un léger soupir avant de l’annoncer.

« Eh bien, Iza, j’aimerais bien le savoir moi aussi, bien plus que vous je pense. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Ce… cet état se déclenche de façon et stoppe de façon aléatoire, du moins semble-t-il. Avec le temps, nous avons découvert quelques facteurs déclencheurs, mais aucun qui l’inhibe. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous donner de conseil à ce sujet. »

C’était un peu frustrant de ne pas pouvoir voir la personne avec qui il parlait. Il essaya de se redresser dans son lit, s’appuyant de ses bras, pour essayer de voir la jeune femme, utilisant la vision nocturne de son œil bionique. Seulement comme il n’y avait pas de fenêtre dans la pièce, l’obscurité était presque complète, il n’y avait donc que peu de lumière à capter pour utiliser la vision nocturne. Il ne distinguait que la fine silhouette d’Iza, petite et à l’aspect si frêle. Pourtant, elle cachait bien des choses, et pas seulement des couteaux. Il se laissa retomber sur son lit et ne dit rien de plus. Ce mouvement avait réveillé la douleur de ses blessures. Ce n’était rien de comparable avec ce qui avait déclenché sa crise, c’était juste un lancinement dérangeant.

Iza entendit un soupire puis une réponse. Il n'en savait rien, alors ils étaient dans une drôle de position, tous autant qu'ils étaient, il devraient trouver et vite même... Enfin d'un côté cela la ravissait de savoir que James allait avoir un bon camarade de chambrée bien dangereux. Non son amour pour ce soldat dirigiste n'était pas très grand. Elle préférait encore Féran qui lui était tellement penché sur le sexe qu'il en oubliait tout ce qui faisait de la vie quelque chose d'intéressant, quoi qu'il aimait l'informatique et qu'il y passait même son temps...
Elle entendit à nouveau des bruits de draps, il bougeait encore et cette fois ci il regardait dans sa direction. Bon et bien elle avait eut sa réponse elle pouvait repartir, mais les mouvements d'Alex lui donna une idée grotesque sans doute, mais elle l'avait agacé à le réveiller ainsi, elle pouvait bien faire cela, et puis il semblait être le plus normal de ses collègues, elle pouvait bien se forcer un peu. C'était comme pour une infiltration, lorsqu'elle avait du séduire cet homme une fois, juste pour recueillir des informations sur lui et pouvoir le voler avec une bien meilleur efficacité. Un moment bien désagréable à passer, celui-ci en comparaison allait être aussi doux qu'une caresse. Elle prit une grande inspiration, elle devait aller vite si elle ne voulait pas se faire repérer... C'est ainsi qu'elle s'allongea sur le sol, roulla sous le lit et sortit de l'autre côté de celui-ci, à l'opposé de la caméra, de sorte que le lit la cache.

"- Bonne nuit, dormez bien. "

Elle avait une voix amusée, en fait c'était un jeu pour elle d'agir ainsi, tout comme lui prendre la main et y déposer un bisous le même qu'elle faisait à son fils quelques années auparavant. Puis elle rit avant de reposer cette main et de prendre la porte. Elle la verrouilla à nouveau et sortit de là afin de retourner dans sa chambre. Il ne lui restait plus qu'à téléphoner à son chef, ce qu'elle fit dès son retour. Elle lui annonça les quelques informations importantes sur ce nouveau membre, le rapport détaillé lui serait envoyé le lendemain, ils rentreraient dans quelques jours, le temps qu'il se remette de sa blessure. Puis elle prit le temps de ranger tout son attirail histoire que personne ne le trouve avant de dormir. Le lendemain serait une journée différente.

Lorsque la lumière s’alluma dans la pièce, Alex se réveilla péniblement d’un sommeil profond et réparateur. Mikhail était là, près de son lit, avec sur un chariot à côté de lui, ses jambes mécaniques recouverte de leur peau synthétique plus vraie que nature.

« Bonjour Monsieur Alexandrov. J’ai pris l’initiative de vous réveiller, le jour est déjà levé depuis un certain temps et mademoiselle Asahi vous attend. »
« Très bien, merci Mikhail. »

Il écarta le drap, révélant les moignons métalliques prévus pour accueillir ses prothèses et y rattacha celles-ci l’une après l’autre. Le procédé avait été rendu très simple, il suffisait d’emboîter les membres dans leur emplacement. Lorsqu’il fut de nouveau entier, Alex s’assit au bord du lit et regarda Mikhail qui l’attendait. Ses blessures étaient loin d’être pleinement guéries et cela lui ferait mal encore un certain temps quand il bougerait, mais au moins elle ne l’incapacitaient plus et il pouvait de nouveau marcher, mener ses affaires, et voyager. Sachant à quel point Izanami semblait pressée, il était à prévoir qu’elle voudrait partir aussitôt que possible pour les locaux mobiles de l’ATW. Ce n’était pas vraiment un problème, Alex pourrait effectuer le plus gros des arrangements à prendre au cours de la journée. Cependant, une inquiétude d’un tout autre ordre planait.

« Mikhail, il semble qu’Izanami ait été témoin de ma crise hier soir. Y a-t-il eut un incident ? »
« Rassurez-vous M. Alexandrov, rien de bien grave. Quelques injures qu’elle a entendu à travers la porte. C’était une petite crise. »
« Cela ne semble pas peser sur sa volonté à me faire travailler avec eux, seulement je crains que quelques problèmes ne se posent. Je ne sais pas comment sont les locaux de l’ATW mais s’ils sont mobiles, ils ne doivent pas être immenses. Une substitution serait déjà bien pénible pour eux, mais une vraie crise serait impossible à gérer sans les installations adéquates. »
« Malheureusement, je ne vois qu’une seule solution, Monsieur. Celle que vous avez toujours refusé de mettre en pratique. »
« Et je m’y refuse toujours ! Je ne peux pas faire ça ! Tu es la seule personne au monde à qui je fasse assez confiance pour te confier ma vie. Je ne peux pas me résoudre me livrer ainsi à quelqu’un d’autre. Tu sais comment sont les êtres humains, la tentation d’abuser du dispositif serait grande. Trop grande pour être maîtrisée dans la plupart des cas. »
« Alexandrov. Je sais à quel point cela peut être difficile à prendre comme décision, mais il vous faudra un jour la prendre. Ce n’est qu’une question de temps. Et je sais que vous la prendrez parce que vous êtes un homme bon et que ne voulez pas faire de mal à votre entourage. »
Alex soupira.
« Peut-être as-tu raison Mikhail, mais je n’y suis pas prêt. Pas encore. »

Après avoir pris une douche rapide et passé un costume blanc cassé, assortit d’une chemise bleu foncé et d’une cravate bordeaux, Alex entra dans la salle à manger à Izanami-Amaterasu avait déjà commencé à prendre le petit déjeuner. Il s’assit en face de la jeune femme en la saluant et goûta son café avant d’y ajouter un sucre. Il agit comme si elle ne s’était jamais introduit dans sa chambre en pleine nuit et n’avait jamais déposé de baiser sur sa main. Il préférait d’ailleurs ne pas chercher à interpréter cette attitude et considérer qu’il s’agissait d’une simple extravagance. Ce qui le chagrinait, c’est qu’il n’en avait rien sentit du tout. Il l’avait seulement deviné au bruit et eu déplacement de la silhouette de la jeune femme dans l’obscurité. Il n’avait pas de sensations dans ses membres bioniques et c’est cette perte qui lui pesait le plus. Bien sûr, il n’avait ainsi plus de douleur, pour cette partie du corps, mais il ne pouvait pas non plus sentir ce que ses mains touchaient. La fraicheur de l’eau courant sur les pierres, le toucher soyeux des vêtements, la chaleur de sa tasse de café dans sa main, la douceur de la peau d’une femme. Toutes ces sensation, il en était, non pas complètement privé, mais ses membres ne les captaient plus et seul son tronc pouvait encore lui permettre de les ressentir. A cause de cela, il n’avait plus touché une femme depuis l’accident. Si elle se serrait contre lui, oui, il la sentait, mais lorsqu’il la caressait, faisait courir ses mains sur la peau de son ventre ou autour des seins, il ne sentait rien, rien du tout. Alors à quoi bon ? Et il ne pouvait pas parler de cette « infirmité » aux femmes qu’il voulait considérer comme intimes. Cette perte le peinait beaucoup, car c’était quelque chose qu’il aimait beaucoup, avant. Il n’avait de rancœur qu’à l’encontre d’un seul mutant, et s’il le trouvait, il lui ferait payer non seulement la perte de ses parents mais aussi ce plaisir qui lui avait été enlevé, et bien d’autres choses encore.

« J’espère que vous avez passé une bonne nuit. » Dit-il en retrouvant son sourire comme il sortait de ces méditations. « Les chambres d’amis n’ont pas été utilisées depuis un certain temps. »

Il resta silencieux un moment, sirotant son café bien chaud à petites gorgées.

La nuit, elle n'en avait jamais passé dans un endroit tel que celui-ci de toute sa vie. Une chambre aussi grande que cela, une vue aussi claire, tout était trop grand, trop impersonnel, trop propre, trop net, trop tout simplement. L'acrobate ne savait pas vraiment comment dormir, elle n'y arrivait pas sans comprendre pourquoi d'ailleurs, alors elle réfléchit. Elle réfléchit à cette nouvelle recrue, à sa vie à l'ATW aussi. Se plaisait-elle là-bas, aimait-elle vraiment son travail ? Le cirque lui manquait, sa famille lui manquait, mais elle ne fit rien, pas pour le moment, non.
Chassant ces idées sombre d'un revers de main, elle fit une chose de surprenante sans doute, mais elle prit un papier et un stylo et elle écrivit. Des noms latins de plantes, des plantes dont elle se servait pour empoisonner ses armes, charger ses flèches. La plus part étaient toxiques, mais ses mélanges eux étaient conçu pour ne garder qu'une partie du poison, que certains effets seulement de tous ceux provoqués par les plantes. Elle réfléchit, et elle trouva, enfin elle inscrivit dans un tableau à trois colonnes trois listes de courses différentes, ou plutôt trois recettes différentes. Le tout était en japonnais, mais peu importait, elle se comprenait mieux ainsi. Elle se contenta sourire, elle avait une solution, une solution simple. Bien entendu le plus simple était d'assommer Alexandre lorsqu'il devenait trop dangereux, mais si on ne pouvait pas, il restait toujours cela, moins douloureux, mais tout aussi efficace.
Elle pensa à sa nouvelle vie, cette nouvelle famille en quelque sorte. Elle qui n'avait jamais vécu qu'en groupe, elle qui avait tellement fuit la solitude qu'elle n'avait fait que la fuir les quelques années durants lesquelles elle avait du vivre avec. Elle sortit une photo de la poche intérieure de sa veste, elle l'observa, la caressa même du bout des doigts. L'acrobate observait cette scène avec tellement de tendresse et de tristesse dans le regard qu'on aurait pu croire qu'elle pleurait, mais il n'en était rien. Ce n'était que de bons souvenirs, juste une photo de son passé perdu, oui elle pouvait dire qu'elle le comprenait parfaitement cette rage qui vous prend au tripes et qui vous pousse à tuer et tuer encore ces monstres.
Elle reposa la photo dans le papier qu'elle déposa sur sa table de nuit, elle devait se lever le lendemain et pas trop tard si possible. Sa montre affichait quatre heures, elle ferma les yeux quelques instants, bercée par les rires des deux hommes qu'elle avait le plus aimé dans sa vie, deux rires complétés d'un troisième le sien et d'une voix d'enfant qui comptait de façon très appliquée le nombre de fois qu'ils s'étaient balancés sur le trapèze tous les trois, puis elle s'endormit pour ne se réveiller que le lendemain.

La première chose qu'elle fit fut de prendre une douche fraiche afin de se réveiller, elle manquait de sommeil et cela se voyait un peu sur ses traits et surtout sur sa mine renfrognée. Le soleil se levait bien trop tôt dans ce pays... Elle revêtit ensuite la même robe que la veille au soir, laissant cette fois ci ces cheveux tomber en cascade dans son dos, lui descendant gracieusement jusqu'au bas des reins. Elle fit ensuite son lit au carré comme elle en avait prit l'habitude depuis toute petite, et prit le papier qu'elle avait laissé sur la table de chevet avant de se coucher. Elle glissa d'un même geste le tout dans sa poche tandis que ses pas la menait déjà dans la salle du petit déjeuner, comme on le lui avait indiqué. Visiblement elle ne serait pas seule cette fois ci, un autre couvert avait été dressé.
Ceci étant noté, elle prit place autour de la table et attendit. Elle attendit plus d'une demi-heure avant de se verser un thé et d'un boire quelques gorgée, elle avait soif. C'est ce moment précis que choisit l'hôte pour montrer le bout de son nez. Il était habillé d'un costume similaire à celui qui se trouvait dans sa voiture le matin où elle l'avait conduit ici, cela lui allait plutôt bien, tout comme retrouver ses jambes. Il la salua en passant, mais n'ajouta rien, il semblait même pensif, elle l'observa attentivement essayant de le jauger. D'expérience, elle savait qu'il était très complexe de jauger un bon homme d'affaire, et Alexandre semblait même très bon de ce point de vue là tout du moins. Il sortit de sa rêverie après quelques secondes reprenant la parole pour des banalités sans grand intérêt, mais cela n'était mieux que rien après tout.

« - Peu mais très bien, je te remercie. Je ne me suis pas présenté correctement hier, je te prie de m'en excuser. J'était artiste de cirque, voltigeuse et lanceuse de couteaux, je suis ensuite devenue voleuse et disons que je suis devenue assez douée pour l'immersion et la quête d'informations à force. Pour ce qui est du problème je pense avoir trouvé une solution. Bien entendu le plus simple c'est de t'assommer, mais sinon j'aimerai savoir si tu supportes ce genre de composants. »

Iza lui tendit la feuille sur laquelle elle avait griffonné ses recettes la veille, elle contenait toujours la photo à l'intérieur, mais ce détail lui avait échappé. Tout comme le fait qu'elle ait écrit en japonnais et qu'il ne serait peut être pas le lire. Mais comme dit plus haut, elle n'avait pas assez dormit et cela perturbait sa réflexion.

Lorsqu’elle répondit à sa question, il fut un peu désolé de constater sur ses traits qu’elle manquait visiblement de sommeil. Cela dit, c’était de sa faute à elle, et elle ne devait pas ignorer les conséquences en décidant cette escapade nocturne dans la chambre d’Alex. Cependant, il se doutait qu’elle ne disait pas toute la vérité. Il se rappelait de cette entrevue de façon vague, comme un rêve qui aurait persisté après son réveil, et il avait même passé quelques minutes à se demander s’il n’avait pas effectivement rêvé. Là, il eut la confirmation que non.
Ce qui le surprit en revanche, c’est le soudain passage au tutoiement. Certes, ils allaient être collègues à présent, mais il trouvait cela légèrement prématuré, ils n’avaient échangé que quelques phrases. Il est vrai aussi qu’elle lui avait sauvé la vie, mais Alex a gardé quelques traces de son éducation « Old School ». Enfin, ce n’était qu’un point de détail, il n’en ferait pas toute une histoire. Il était plutôt ouvert d’esprit et avait assez voyagé pour rencontrer des gens aux mœurs et aux habitudes très différentes. Cela l’avait donc surpris mais ne le dérangeait pas, au contraire.
Cependant, les habitudes ont la vie dure et il ne se départirait pas des siennes aussi facilement. Alors elle lui présenta un papier plié. Alex eut la surprise de découvrir à l’intérieur une photo représentant Izanami, accompagnée d’un bel homme et d’un petit garçon, tous trois assis sur un trapèze de cirque. Sur cette photo, la jeune femme avait l’air plus jeune, et beaucoup plus heureuse et épanouie que celle qui se tenait devant lui. Et au vu de sa « carrière » et du travail qu’elle effectuait actuellement, elle ne devait plus avoir ni l’un ni l’autre de ces deux hommes, probablement son mari et son fils. Rien n’indiquait qu’ils étaient mort cependant, mais Alex avait l’intuition que d’une manière ou d’une autre, ils ne faisaient plus partie de la vie de sa nouvelle collègue.
Après avoir jeté un coup d’œil sans trop s’y attarder, il la tendit à Iza avec un sourire un tantinet gêné d’avoir ainsi vu quelque chose de si privé.

« Je ne crois pas que ceci me soit destiné. »

Il eut le tact de ne pas poser de questions.
Puis il examina la liste qu’il avait à la main. Tout était écrit en japonais. Il apparaissait donc que le japonais devait être la langue maternelle de la jeune femme, celle qu’on utilise instinctivement, pour soi-même. Coup de bol, je japonais faisait partie des quelques langues qu’Alex avait dut apprendre, sur insistance de son père, pour pouvoir négocier avec certains partenaires asiatiques. Cela s’était avéré extrêmement utile car c’est au japon qu’il se fournissait quelques-uns des composants les plus pointus pour ses usines. Il envisageait même d’en installer une ou deux au pays du soleil levant. Il fut donc parfaitement capable de comprendre ce qui était écrit. Il s’agissait de différents noms de composants végétaux ou chimiques, proposés comme solution pour enrayer ses crises. Elle devait être très prévoyante, car elle envisageait déjà ce genre de solution alors qu’elle ignorait totalement l’ampleur que pouvaient prendre ce genre d’égarements. Ou alors, elle ne supportait tellement pas les injures qu’elle cherchait à y couper par tous les moyens. Lorsqu’il parla, il décida d’utiliser le japonais, langue dans laquelle la jeune femme aurait probablement plus de facilités à s’exprimer que l’anglais.

« Je connais quelques-uns de ces produits, Asahi-san, mais j’ignore l’effet qu’ils donneraient dans de telles combinaisons. Cependant, je me souvient que celui-ci est utilisé pour les sédatifs légers, et celui-ci a des propriétés anesthésiantes. Alors je vais vous donner un avertissement, et vous feriez bien d’en tenir compte : n’utiliser jamais ce genre de substances sur moi. Même si vous pensez bien faire, c’est une erreur à éviter et si vous la commettez, vous le regretterez amèrement. Le remède serait pire que le mal. »

Sur ces mots, il lui rendit la liste et lui servit un sourire pour essayer de la rassurer tout de même, bien que ce ne soit peut-être pas très efficace, ni même utile. Il se sentit obligé d’ajouter quelque chose.

« Ce problème est ma malédiction, pas la vôtre. La meilleure chose que vous ayez à faire si cela arrive, c’est de rester éloignée de moi. »

Iza l'observa attentivement, les hommes d'affaire étaient tous plus ou moins pointilleux sur l'étiquette et de toute évidence passés maîtres dans l'art de cacher ses sentiments ou réactions. Mais la jeune femme voulait savoir à quoi s'en tenir, ce qu'il pensait véritablement de ce qu'elle avait fait. Il commença par jeter un regard rapide et prendre une mine un peu confuse, pourquoi ça elle n'eut pas à demander pour le savoir. Elle avait laissé sa photo dans le papier. Elle s'en voulait profondément d'avoir osé oublié ce détail, surtout que personne sauf elle à l'ATW n'était au courant de ce petit détail... Elle avait essayé de connaître ses collègues, d'en apprendre un peu plus sur eux, et bien que certains avaient quitté le navire en cours de route, elle avait pour le moment toujours réussi. Sauf que désormais elle devrait partager son histoire avec ce nouveau, trop inexpérimenté en de nombreux domaines sur le terrain, mais d'autres part indispensable à la survie de l'équipe. Oui beaucoup étaient partit et maintenant on manquait un peu d'effectif...
Pourtant il lui rendit le cliché rapidement et surtout sans poser de questions. Le mal était fit me direz-vous, mais la discrétion de cet homme n'avait même pas besoin d'être étudiée, elle était sans faille tant qu'il garderait le contrôle de lui même en tout cas. De toute façon si sa langue fourchait il pouvait s'attendre à de très lourdes représailles, Iza n'était pas du genre tendre lorsqu'on nuisait à son bien être, et encore plus à son bien être affectif.

L'expression qu'il prit en parcourant des yeux ses recherches était totalement étrangère à tout ce que pouvait connaître Iza si bien qu'elle eut beau réfléchir, elle ne trouva rien à en déduire, à en conclure... Elle due donc attendre non sans une certaine impatience qu'il réagisse, et il le fit en japonnais. Elle réalisa qu'elle avait machinalement écrit en japonnais, une habitude qu'elle avait prise à l'ATW pour que personne ou presque ne puisse lire ce qu'elle écrivait pour elle même. C'était un moyen simple pour ne pas avoir à cacher ces recherches ou autres commentaires ou annotations qu'elle faisait sur ses collègues. Elle avait pour principe de ne faire confiance à personne et ces recherches était un moyen pour elle de savoir à quoi s'en tenir. Il avait employé un ton calme et un vocabulaire distingué, signe qu'il maîtrisait bien la langue, mais cela n'était pas le plus important. Non ce qui importait c'était tout simplement le fait qu'il lui déconseillait d'utiliser tout ceci sur lui. Peut être qu'alors le problème s'aggravait, peut être qu'alors il devenait incontrôlable, toujours était-il qu'il se connaissait mieux qu'elle ne le connaissait, elle n'avait donc d'autres choix que de lui faire confiance. Elle continua donc la conversation en anglais, comme s'il n'avait jamais parlé dans sa langue natale. Elle se doutait bien que l'homme qui lui faisait office d'ange gardien : ce cher Mikhail, ne devait pas être loin.

« - Bon très bien dans ce cas je pense qu'il suffira de vous enfermer dans une pièce si on le peut, ou sinon de nous enfermer nous. Je crois que je vais plutôt choisir le toit du camion, cela me semble plus certain personnellement. »

Son ton était ironique, presque sarcastique, comment voulait-il qu'il n'y est aucun blessé dans un espace comme leur lieu de vie... Enfin peu importait il verrait bien quand ils y seraient. Pour l'heure elle avait une petite proposition à lui faire, une proposition intéressante en temps normal, surtout pour quelqu'un qu'on pourrait presque classer parmi les amateurs...

« - Sinon, j'aurai une proposition à te faire. J'ai vu comment tu te débrouillais sur le terrain et je dois dire que si nous avions à faire équipe tu serais tout juste bon à me servir de chauffeur... Très franchement ta technique est plus que suicidaire et sauf si tu veux te retrouver tel un incompétent avec les autres, un entrainement me semble le bien venu. Cela te permettra d'arranger tes affaires et puis surtout d'arriver là-bas plus reposé. Ton matériel a sans doute besoin d'être révisé après la fusillade non, je doute que quelqu'un comme toi face une confiance aveugle en son personnel pour quelque chose d'aussi important ? Tu pourrais le faire au labo, mais ici cela sera sans doute plus pratique... »

Elle but une nouvelle gorgée de thé avant de prendre un morceau de pain qu'elle beurra très légèrement afin de pouvoir le manger. Elle attendait tout simplement une réponse, et puis elle avait faim aussi.

La réplique qui suivit, concernant le fait d’enfermer les uns ou les autres dans une pièce était lancée de façon sarcastique. Ce que compris Alex, c’est qu’Iza cherchait à plaisanter en exagérant la dangerosité des crises dont il souffrait. Seulement cela ne fit que se rembrunir Alex. Elle plaisantait, mais elle était encore loin du compte. Enfin cela suffirait peut-être si c’était une crise minime, mais la plupart du temps, lorsque Xela voulait quelque chose, il persistait à l’obtenir par tous les moyens et ne s’embarrassait pas de moralité. Et même dans de rares cas, rien ne pouvait l’arrêter, à part peut-être de l’artillerie lourde.
Cependant, il ne dit rien. Cela pouvait être considéré comme une plaisanterie de très mauvais goût, mais ce n’était pas vraiment le cas en l’occurrence, c’était juste qu’Iza ignorait tout ce dont Xela était capable. Un fou dangereux. Il était tiraillé mais fini par décider de n’en rien dire, pensant que ce détail, qui avait tout de même son importance, pourrait nuire à son recrutement à l’ATW. Or, cette entreprise l’aiderait grandement dans sa quête. Non pas pour le matériel ou la technologie, car il avait le tout en quantité sous sa gestion, quoique qu’il était toujours possible qu’un fabriquant d’arme possède un savoir plus important que ses propres scientifiques, de par sa spécialisation, mais pour les informations concernant les mutants. Son propre réseau d’information privé étendu à travers le monde était important, et efficace, mais cela en, restait un réseau privé, financé par ses propres économie et non par la compagnie. Il ne doutait pas que le réseau de l’ATW devait être bien plus performant pour une entreprise qui se faisait un devoir d’exterminer les mutants.
Iza poursuivit en lui disant de but en blanc qu’il était un nul, bien que formulé différemment. Ce changement de registre dans le lequel elle s’adressait à lui survenu un peu plus tôt, qui équivaudrait au tutoiement si c’était du français, lui semblait toujours inhabituel, mais il n’en laissa rien paraître. Une façon de parler beaucoup plus familière, comme s’ils étaient soudain devenus plus proches. Peut-être le considérait-il déjà comme un collègue ? Comme si sa plaisanterie sur l’enferment avait scellé le marché et officialité son embauche. Cependant, ce pouvait être un tas d’autres raisons, et il réserva son jugement. Il ne pouvait nier qu’il avait été fort maladroit avec cette mutante, mais il en avait quand même tué quelques autres avant sans la moindre anicroche. C’était donc un peu insultant quand même, bien qu’Iza ait dit cela comme si elle disait que le l’eau mouille. Cependant…

« J’ai bien peur que vous ayez raison. Il est pourtant vrai que je n’ais pas eut de problèmes jusque là, et je me suis peut-être reposé sur mes lauriers. Ou bien j’ai juste joué de chance jusqu’à hier. J’ai en effet précipité ma préparation pour cette mutante. Elle m’a lancé un défi et j’avait peur de ne pas pouvoir le retrouver si elle quittait la ville avant que je ne manifeste, c’est pourquoi je n’ai pas pris le temps de mener une enquête approfondie comme j’en avais l’habitude. C’est peut-être tout cela à la fois, qui sait ? Mais comparé à vous, je dois en effet avoir l’air d’un débutant sans expérience, ce qui n’est pas vraiment inexacte. J’accepte donc votre proposition. Seulement comme vous l’avez dit, je vais devoir consacrer un certain temps à m’assurer que mes membres n’ont pas souffert dans la bataille. Et le reste de journée devra être utilisé à prendre mes dispositions pour que la société tourne en mon absence. L’entraînement devra donc attendre au moins demain je pense. Mikhail ? »

Aussitôt, le majordome entra dans la pièce.

« Oui monsieur ? »
« Convoquez l’assemblée du conseil pour cet après-midi je vous prie. Et mettez en marche les machines de mon atelier. »

Quelque part au cœur des sous-sols de la résidence, Alex disposait d’un atelier spécial pour réparer ses membres s’ils étaient endommagés. Les machines en questions étaient des bras mécaniques articulés comparables à ceux des grandes usines d’assemblage, mais en plus petit. Leur particularité était qu’ils pouvaient s’adapter à la place des membres d’Alex pour qu’il puisse s’en servir sans problèmes et réparer ainsi ses prothèses.

« J’ai pris la liberté de vérifier vos membres moi-même alors vous étiez encore inconscient, monsieur. Il n’y avait que de légères éraflures sur le blindage extérieur, et un piston légèrement voilé que j’ai remplacé. »
« Ah. Et bien merci Mikhail, cela nous fera gagner du temps. »

Le majordome s’inclina et s’en fut convoquer l’assemblée du conseil.

« Mikhail est un peu trop à cheval sur le protocole à mon goût, mais il est d’une aide inestimable. » Dit-il en revenant à Iza. « Eh bien si vous êtes impatiente, nous aurons donc la matinée de libre. »

Sur ces mots, il termina son café et se leva.

Elle l'écouta, qu'avait-elle a faire d'autre après tout ? Oui, elle l'écouta et découvrit non sans surprise qu'il lui plaisait de plus en plus. Au moins c'était un mec honnête, il reconnaissait ses tords, il acceptait même sa proposition ! Incroyable, il n'était pas assez fière de lui pour refuser toute aide comme James et ne sautait pas sur tout ce qui bougeait comme Féran. Et puis, point positif, il n'était pas vieux et décrépit comme son chef. Le premier membre « sain d'esprit » dans la maison depuis le départ de tous les autres. C'était bien ! Enfin, c'était surtout un début pour la jeune femme, elle pourrait avoir des discutions normales comme cela, ou à peu prêt.
Il avait des choses à faire, elle le comprenait, l'entrainement le lendemain était bien assez tôt, même si elle n'allait pas attendre jusque là. Il choisit ce moment pour appeler son majordome et lui donna des directives. Après un échange des plus rapides, il lui annonça que finalement ils pouvaient commencer l'entraînement dès maintenant. Comme pour donner plus de crédit à ce qu'il venait de dire, il se leva après avoir bu son café d'un trait. Iza elle, le regarda et prit sa cuillère du bout des doigts. Un des gorilles écoutait depuis un moment leur conversation, et cela l'exaspérait profondément. Elle envoya l'objet en métal à travers la pièce et le fit se planter juste entre les jambes du garde un peu trop curieux. Un regard ensuite elle le vit retourner à sa ronde.

« - Bon très bien, commençons donc par la base. Règle numéro 1, ne jamais toucher un mutant ou s'en approcher sans connaître ses capacités, si on les ignores, rester cacher de lui est le meilleur moyen de s'en sortir. Règle numéro 2, reporter toutes découvertes qu'on fait à l'ATW dans des rapports, et pendant un combat, mettre les autres au courant de nos découvertes sur les adversaires. Règle numéro 3, interdiction de donner des informations sur nous ou sur un autre membre de l'équipe à qui que se soit, même si tu penses que cette personne est de confiance. Si tu ne respectes pas ces règles tu nous mets tous en danger, alors à partir de maintenant considère que tu as trois vie en plus de la tienne, entre tes mains... C'est compris ? »

Iza mordit alors dans sa tartine, et jaugea son nouveau compagnon d'infortune afin de savoir à quelle sauce elle allait le manger. Puis elle but une gorgée de thé avant de reprendre une bouchée de pain. Elle fini ainsi tranquillement son petit déjeuné et se leva à son tour, estimant que ces cinques petites minutes d'attentes étaient bien suffisantes.

« - On se retrouve en bas dans 5 minutes, avec une tenue plus appropriée si cela ne vous dérange pas. Je pense que vous appréciez et moi je dois aller récupérer du matériel. »

Elle le regarda et se dirigea vers la fenêtre pour remonter dans sa chambre juste au dessus de la salle. Oui, elle n'avait jamais bien aimé perdre son temps en déplacement, et même avec une robe elle pouvait se mouvoir de la façon qu'elle voulait, vous croyez que les fentes dans les robes c'est juste pour attirer le regard des hommes ? Quels naïfs...

Elle arriva la première au lieu de rendez-vous, toujours dans sa robe, avec des chaussures qui étaient en fait des botes en cuire noir lui montant jusqu'en haut du mollet, ses cheveux flottaient au vent de la légère brise qui sévissait ce jour là. Il faisait beau et la température était agréable, le climat continental de la Russie avait ça de bon qu'il y faisait très froid en hivers, très chaud en été, mais une température tout à fait agréable en ce début de printemps.

« - A partir de maintenant, je suis une mutante qui ne peut être tuée qu'au corps à corps, et comme je suis bien consciente d'être une faible femme je me suis débrouillé, malheureusement pour toi, pour être quelqu'un de très agile. Comme tu es quelqu'un de pas très prévoyant tu n'as que ça sur toi. Le jeu commence dans dix secondes, tu as une demi-heure, après cela je te tuerai. Ta mission est de m'attraper vivante, mais à défaut rester en vie est une option non négligeable... »

Elle ne lui déposa qu'un paquet de cigarette dans la main, un briquet et une ceinture avec une flasque de whisky. Pour quoi faire ? Et bien à peu prêt tout ce qu'il voudrait, elle attendait non sans impatience la fin de cette demi-heure. Pour l'heure, elle déposa le sac visiblement bien chargé, qu'elle referma avec un cadenas par habitude, sur un banc, puis elle s'éloigna au pas de course dans le parc de la propriété en comptant à haute voix.

« - Dix ! Neuf ! Huit ! Sept ! Six ! Cinq ! Quatre ! Trois ! Deux ! Un ! À toi de jouer. »

Lorsqu’Iza prit la parole à son tour, ce fut pour lui expliquer trois règles fondamentales lorsque l’on se frottait aux mutants, commençant ainsi ses leçons directement et sans préambule. La première règle lui semblait être une simple histoire de bon sens il l’avait toujours adoptée. Ce n’est pas pour rien qu’il avait placé des charges explosives autour de la chambre d’hôtel de la mutante et choisi d’utiliser le sniper pour l’abattre, c’était une pure application de cette règle. Alex se demandait encore comme elle était sortie sans faire exploser les charges et comment elle l’avait repéré à une telle distance. Pour lui, cela relevait presque de la divination. Il y réfléchirait à tête reposée, pour trouver où il avait fauté, ce qu’il aurait dut faire bout abattre sa cible sans encombres.
Les deux règles suivantes avaient trait aux procédures de l’ATW en ce qui concernait la chasse aux mutants, il en prit bonne note, puis attendit qu’Iza termine son petit-déjeuner. Il ne rompit le silence que par une remarque.

« Je vous prierais d’éviter de brutaliser mes gardes du corps, ils ne font que ce pour quoi je les paie et ne méritent pas de se retrouver émasculés pour ça. »

Lorsque la jeune femme eut terminé sa collation et se leva, annonçant le prochain début de l’exercice, il la regarda se faufiler par la fenêtre jusqu’à l’étage du dessus. Quelle étrange femme. D’accord, la maison était plutôt grande, mais pas assez pour que marcher jusqu’à l’escalier soit comparable à un pèlerinage. Quoi qu’il en soit, Alex quitta la salle à manger que les domestiques prendraient soin de débarrasser et se dirigea vers sa chambre. Là il changea de tenue, inutile d’abimer son costume. Il redescendit et se présenta devant Iza vêtu de vêtements en matière synthétique qui collaient prêt du corps, moulant son torse relativement musclé, chose qui ne voyait pas sous le costume. La tenue n’avait pas de manches et les chaussures qui allaient avec étaient percées d’une large fente dans les semelles. C’était une tenue qu’il n’avait pas sortie depuis un certain temps, lorsqu’il s’entraînait à utiliser des membres bioniques tout neufs et leurs divers équipements.

Iza, qui n’avait pas changé de vêtements, lui expliqua les règles du jeu avant de donner le top départ. Il fallait la tuer au corps à corps, donc, son arsenal était inutile en la circonstance, à l’exception d’une ou deux « options ». En gros, l’exercice se résumait donc à un jeu de course et de cache-cache, cela lui semblait assez peu, enfin bon, peut-être qu’Iza avait une idée derrière la tête. Elle lui fourra aussi dans les mains un paquet de cigarette, un briquet et une ceinture à laquelle était accrochée une flasque de whisky. Curieux équipement, et pas forcément utile. Alex passa la ceinture autour de sa taille et préleva une cigarette qu’il alluma avec le briquet avant de fourrer le tout sans une poche. Il tira une longue inspiration à travers le tabac incandescent et l’expira tout aussi longuement. C’était agréable. A présent, le jeu pouvait commencer.

Dès que le top départ fut donner, Alex se mit à courir après Iza. Ses membres mécaniques lui conféraient plus de force et de vitesse que des jambes naturelles, ce qui lui permettait de courir par des bons qui avalaient littéralement la distance. Les foulées d’Alex étaient deux à trois fois plus longues que celles de la jeune femme. A moins qu’elle soit une sprinteuse hors pair dotée d’une grande endurance, Iza serait vite rattrapée. Pas de précipitation cependant, elle cachait certainement une carte dans sa manche, et de cela qu’il devait se méfier, de ce qu’il ne voyait pas. Elle avait tout de même une bonne avance et il ne serait pas si facile de la rattraper. Mais il gagnait quand même du terrain. Restait à décider ce qu’il ferait une fois au corps à corps. Il se doutait que c’était là la spécialité de la jeune femme et lui n’en avait que des rudiments. S’il parvenait à l’immobiliser, ce serait une bonne chose. Une idée lui vint soudainement alors qu’il courait et il se dit que lorsqu’il ajouterait un silencieux à son 9mm intégré, il ajouterait également des bolas à son arsenal. Il y avait peu de chances qu’il en ait vraiment besoin s’il préparait bien ses actions, mais dans des situations d’urgence, comme celle simulée pour cet entraînement, cela pourrait servir. Une idée qu’il lui faudrait attendre avant de mettre en pratique. Pour l’heure, il se reconcentra sur la jeune femme qui courait devant lui.

Le top départ venait d'être donné, et Alexandrov la clope au bec se lança à la poursuite de Iza. Cette dernière était une bonne sprinteuse à force de s'entrainer à la course à pied, ou quand on vole et qu'on fait sonner l'alarme, il vaut mieux pour nous savoir courir et ce le plus vite possible... Mais bon son avantage n'était pas non plus infini, il y avait des limites à son endurance et elles seraient atteintes assez vite si cela continuait comme cela. En plus d'être bien plus grand qu'elle, son nouveau collègue courrait anormalement vite et de ce fait la rattrapait à grande vitesse. Elle n'avait pas prévu d'avoir si peu d'avance, mais tant pis cela irait quand même. Elle prit appuis assez proche d'un arbre du parc et rebondit sur le tronc, se propulsant sur un autre non loin et grimpant du même coup dans ce second, un très beau chêne à la ramure verdoyante. Il n'y avait pas à dire, ce domaine était vraiment parfait pour se cacher, et en même temps observer, son désavantage à la course du fait de sa petite taille et de sa normalité venait tout à coup de devenir quelque chose de plutôt bien. Elle pouvait sans difficulté se déplacer sans qu'il ne pisse véritablement la voir que par le bruit qu'elle faisait. Oui un feuillage dense c'est bien pratique pour se camoufler. Elle lui adressa tout de même la parole une dernière fois, agissant exactement comme un mutant, sur de lui à cause de son avantage du à la mutation.

« - Au revoir très cher, maintenant sert toi de ta tête ! »

Elle se prit à rire, puis d'une simple rondade sur la grosse branche sur laquelle elle se trouvait, Iza se retrouva au niveau du tronc. Elle grimpa ainsi sur quelques branches disparaissant alors totalement dans le feuillage. Du fait qu'elle évitait les branches feuillus et qu'elle se déplaçait relativement doucement elle n'était presque pas audible, chacun sa spécialité, et après toute une vie d'acrobaties, de haute voltige et de calcul millimétré du point d'arrivé, et ce dans la douceur tactile du point d'impact, elle avait appris sans grande difficulté à se faire discrète et silencieuse. Elle devait disparaître et s'éloigner de cet arbre sans pourtant être trop loin, elle devait le garder à l'oeil.
En parlant d'oeil, elle baissa le regard sur sa montre et le régla de tel façon qu'elle émette une sonnerie lorsque le jeu s'inverserait.
Un autre chêne était diamétralement opposé au point sur lequel elle était arrivé sur cet arbre, elle avait donc choisit de passer de l'un à l'autre à cet endroit là, mais assez haut pour qu'il ne puisse pas l'atteindre sans monter lui aussi à l'arbre. Le passage s'avéra très simple et elle put même rejoindre dans le même mouvement presque un troisième arbre. Elle c'était volatilisée et continuait son petit bonhomme de chemin regardant de temps à autre pour voir où en était Alexandrov, lorsqu'il aurait perdu sa trace elle n'aurait plus qu'à s'installer immobile et à attendre qu'il la retrouve pour à nouveau disparaître.
Le parc était grand, il y avait de nombreux arbres, de nombreuses branches et de trop nombreuses cachettes presque indécelable, elle en était certaine. Surtout qu'une acrobate fluette d'un mètre quarante, ce n'était pas aussi visible qu'une armoire à glace de deux mètres de haut !

La jeune femme était, comme put le constater Alexandrov, très habille. Dans un mouvement impressionnant de fluidité qui ne sembla même pas la ralentir, elle sauta entre deux arbre pour monter se dissimuler dans leur ramure. Il était très tenté de recourir à une des ses armes pour l’arrêter, se prenant vite au jeu, mais elle avait précisé être une mutante qu’on ne peut neutraliser qu’au corps à corps, cela faisait partie des règles du jeu, il devait donc agir comme si elle était totalement insensible à toutes sortes de projectiles. Et dans un cas comme ça, Alex ne perdrait pas son temps et ses balles à essayer de lui tirer dessus, sans compter qu’elle était en fait une humaine et donc loin d’y être insensible.

Comme la jeune femme lui faisait un pied-de-nez verbal avant se s’engouffrer derrière les verts feuillages, Alex se rendit compte que cet entraînement n’avait pas autant d’intérêt qu’il le croyait, cela se résumait seulement à une course à pieds en fait, rien d’exceptionnel.

Cependant… Il l’avait perdue de vue, il allait donc devoir la chercher et la retrouver. Et là, ça devenait plus intéressant, car ce n’était plus une simple course mais une traque, sans préparation préalable. La jeune femme de l’ATW n’était pas encore au courant de toutes les caractéristiques de son nouveau collègue. Par exemple, si elle avait auparavant remarqué la couleur différente de ses yeux, elle ignorait que celui entouré de cicatrices de brûlures était un œil artificiel et qu’il pouvait faire pas mal de choses. Peut-être le découvrirait-elle lors de cet exercice si elle demeurait attentive.

Alex repartit donc dans la direction approximative où avait disparue Iza, sans courir mais d’un pas vif qui avalait la distance. Le but était de l’entraîner, elle ne devait donc pas être partie très loin, attendant le moment où la proie deviendrait le chasseur. Mais il pouvait la retrouver avant cela. En marchant, il scrutait de ses deux yeux les feuillages au dessus de lui et plus loin devant. Son œil vert et son œil artificiel bougeaient à l’unisson, attentifs au moindre mouvement, seulement l’œil bionique qui était bleu en temps normal avait viré au rouge. Alex avait activé sa vision infrarouge, qui se constituait d’un filtre infrarouge et d’un « traducteur » interprétant pour le cerveau les signaux qu’il recevait. C’était l’activité du traducteur qui faisait changer la couleur de l’œil bleu, et comme il traduisait de la lumière infrarouge, il était devenu rouge. De la sorte, Alex pouvait superposer ses deux modes de vision, la vue normale de son œil vert et la vision infrarouge lui montrant les sources de chaleur. Bien sûr, cela altérait sa perception des profondeurs, mais pas de manière handicapante pour lui, pouvant revenir quand il le voulait en mode de vision ordinaire. De la sorte, les frondaisons verdoyantes devenaient moins impénétrables et il pourrait repérer sa proie du moment plus facilement.

Et après quelques minutes, il finit par la trouver. Elle était perchée dans un arbre quelque distance de là et ne bougeait pas, probablement en train de l’observer. Sachant qu’il ne pourrait pas la rattraper en la coursant dans les arbre, il continua de marcher au même rythme, faisant mine de la chercher encore, se dirigeant légèrement sur la gauche de l’endroit où elle était. Il restait sur ses garde, attendant un assaut qui pouvait venir à tout moment, prêt à le recevoir à le contrer. Bien sûr, si ses yeux ne lui seraient plus d’aucune utilité lorsqu’il arriverait à la verticale de la jeune femme, ses oreilles était aussi aux aguets, pour repérer non pas sa position mais le moment où elle bougerait.

Iza observait Alex minutieusement, elle ne vit pas de premier chef le changement de couleur de son œil, il était tout simplement trop loin, par contre elle remarqua ne petite différence dans son comportement, comme s'il se déplaçait plus doucement très légèrement. Peut être un léger problème d'équilibre qui la fit douter quelques secondes seulement sur son état de santé, après tout il c'était fait tiré dessus la veille. L'état était passagé visiblement parce que désormais il observait attentivement les frondaisons, il la repéra c'était obligé, il c'était arrêté dans son mouvement fluide, pourtant il continua comme si de rien était, plutôt doué pour cela à vrai dire. Un bon point pour lui, même s'il ne savait toujours pas tirer. C'était une bonne recrue sans conteste, seul ce petit problème de double personnalité allait sans doute un jour poser problème, mais bon cela n'était pas bien grave tant qu'il arrivait à garder le contrôle. Et puis si jamais Iza n'avait qu'à sortir par la fenêtre sur le toit du camion ce qu'elle arrivait à faire avec toutes les fenêtres, y compris la trappe de la salle de bain vraiment minuscule, un avantage d'être entrainée à la haute voltige depuis sa naissance ou presque et d'être aussi petite et frêle qu'un enfant d'une dizaine d'année.
Elle regarda sa montre le temps défilait, trop lentement pour elle, d'autant qu'il attendait visiblement qu'elle attaque, chose qu'elle avait dit ne pas faire avant trente minutes. Elle attendit quelques minutes voir s'il réagissait, faisait quelque chose pour la délocaliser de là où elle c'était cachée. Inaccessible pour lui seul, mais elle lui avait laissé de quoi la faire descendre rapidement, d'autant qu'il était difficile de cet arbre de repartir par un autre chemin aérien que revenir sur ces pas, les branches étaient bien trop fine pour qu'elle risque de s'y balancer. Il ne bougea pas plus qu'elle pendant un moment, quelques minutes en vérité, elle l'observait attentivement et remarqua à ce moment son œil rouge, sans doute une petite amélioration, quitte a fonctionner avec des machines, autant qu'elles servent à quelque chose. Elle tourna la tête, histoire de voir où étaient les feuilles, elle lança une petite branche en bois dans une direction autre que celle qu'elle comptait emprunter, puis elle avança assez rapidement droit sur lui, évitant habilement les feuilles et faisant pour tout bruit qu'un léger bruissement qui serait facilement recouvert par le chant des oiseaux d'en bas. Elle se plaça juste au dessus de lui et fit une nouvelle pause, s'il ne bougeait pas, elle se laisserait tomber, elle attendrait encore quelques minutes avant de voir ce qu'elle allait faire. S'il se décidait enfin à agir comme elle l'espérait, elle aurait sans doute plus de matière à le jauger pour les futurs missions. En tout cas une chose était certaine, il n'essayait pas vraiment de la faire descendre, chacun ses avantages, lui en avait des qui lui servaient même si ce n'était vraiment pour grimper dans un arbre, faire tomber quelqu'un du dit arbre pour l'attraper était simple, il suffisait de réfléchir, et son objectif était bien cela, tester sa réflexion, peut être s'y était-elle mal prise, mais lui ne donnait pas l'impression de s'investir pleinement.

[Milles excuses pour le temps de réponse, trop trop de boulot. J'essaie de ne pas recommencer.]

Le parc était calme et seuls quelques oiseaux lançant leurs trilles à travers les cieux brisaient la paix du murmure des feuilles bercées par une légère rafale. Soudain, il entendit un bruit à sa gauche et se tourna très vite dans cette direction, prêt à répliquer à la moindre attaque. Seulement son œil normal comme son œil en infra vision s’accordèrent pour dire qu’il n’y avait rien dans cette direction, ou du moins rien d’assez grand pour être autre chose qu’un oiseau. Et effectivement, il ne vit qu’une branche d’arbre tomber des frondaisons.

C’ était donc cela, c’était une diversion. Pourtant, Alex était toujours debout, alors à quoi bon créer une diversion si on ne profite pas de l’ouverture pour attaquer ? Mais cela lui laissait une chance de riposter et de mener un assaut décisif. Capturer la jeune femme à mains nues sans aucun dispositif prévu à cet effet ne serait pas facile, voire impossible, alors comment s’y prendre. Mais avant tout, il fallait la localiser, mais Alex avait déjà sa petite idée. Si elle n’avait pas profité de la diversion pour attaquer, elle devait s’être placée à un endroit assez prêt de lui pour le surprendre à tout moment, un endroit où elle était en position de force.

Pour donner le change, Alex regarda un peu partout autour de lui, faisant mine de la chercher comme si elle était en train d’attaquer. Puis constatant qu’il ne se passait rien, il se détendit. Il préleva la flasque de whisky à sa ceinture de sa main gauche et prenant sa cigarette entre deux doigts de la même main, il la déboucha de la main droite pour en boire une lampée. Ou du moins voulait-il faire semblant de boire une lampée, car un alcool aussi fort que celui-ci n’avait rien de bon pour lui. Mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que dans un bref instant d’égarement, il absorba bel et bien une gorgée du liquide ambré qu’il sentit descendre le long de son œsophage jusqu’à son estomac.

La situation devenait moins sûre. Il n’y avait que peu de risques pour qu’une seule gorgée ait des effets indésirables, mais ce risque existait bel et bien. Et après quelques secondes, il sentit qu’il commençait à glisser, qu’il perdait peu à peu le contrôle de lui-même. Il voulu crier pour prévenir Iza de s’éloigner de lui le plus qu’elle pouvait et surtout sans tarder, mais l’autre qui était en train d’émerger l’en empêcha et Alex demeura immobile, comme s’il savourait simplement la boisson qu’il venait d’ingurgiter.

Encore quelques secondes et il n’était plus là, il s’était endormi et personne ne pouvait dire quand il se réveillerait. Pourtant, il était toujours debout dans le parc, et semblait simplement goûter une délicieuse boisson à l’ombre d’un arbre, une flasque de la dite boisson dans la même main que sa cigarette allumée, et le bouchon de la flasque dans l’autre main.

Sans aucun signe avant-coureur, Xela passa à l’attaque. Dans un mouvement d’une rapidité que seuls ses membres bioniques pouvaient lui conférer, il jeta sa flasque d’alcool en l’air, et en même temps, une lame sortit de son avant-bras droit. Cette était une lame télescopique longue de 72 cm animée de micro-vibrations démultipliant l’efficacité de son tranchant. Elle sortait du dessus de son avant-bras, au niveau nu poignet, comme posée sur le dos du poing, mais pourtant aussi solidement soudée au membre mécaniques que les autres armes. Avant que la flasque n’ait terminé son mouvement ascendant, Xela la trancha net d’un seul mouvement du bras, éclaboussant son contenu dans le branchages au dessus de lui, et sur Iza qui s’y trouvait cachée. Et presque immédiatement, il lança à tour sa cigarette allumée pour mettre le feu aux poudres, enfin surtout à l’arbre et à sa proie.

Si la règle du jeu était de vaincre au corps à corps, alors il tuerait Iza sans utiliser ses armes à feu, car s’était plus amusant, mais pour se récompenser des efforts à déployer pour la capturer, il prendrait son temps pour la faire mourir. Et le plus beau dans tout cela, c’est que la jeune femme n’avait pour l’instant aucun moyen de savoir qu’elle faisait à présent face au côté le plus sombre du double personnage qu’il était.

Iza était là, toujours perché pile au dessus d'Alex, se demandant ce qu'il faisait à observer tout autour de lui alors qu'il avait bien vu que c'était une branche qui était tombé ou alors il serait partit comme n'importe quel joyeux idiot dans la direction du bruit qu'il aurait interprété comme étant Iza en mouvement. Il n'était pas idiot complètement, c'était déjà un bon point, il avait de la suite dans les idées et une bonne réflexion un autre bon point. Oui, en effet, Alex n'était pas un si mauvais recrutement, il suffisait qu'il s'entraine à viser, anticiper le mouvement et sans doute à se battre au corps à corps un peu mieux, mais dans l'ensemble il était déjà bon.
L'observation était pour le moment positive bien qu'elle trouve Alex un peu trop passif à son goût. Il était resté là ce qui n'était généralement pas bon signe, rester à découvert alors qu'on chasse quelqu'un, il pouvait nous tuer comme bon lui semblait, heureusement pour lui Iza avait dit que pendant 30 minutes elle ne ferait rien de plus que se défendre à ses attaques. Elle voulait voir ce qu'il désirait faire en restant là, continuant à chercher, mais comme rien ne se plaçait, elle le vit se détendre, il se mit même à boire une lampée de whisky ce qui étonna la jeune femme, une des règles de bases, ne pas boire lorsqu'on travail, enfin c'était l'une de ses règles à elle, tout le monde ne la respectait pas.

Là, la situation devint de plus en plus étrange, il regardait la bouteille avec une tel insistance qu'elle continua à l'observer avec attention, ne sachant pas du tout ce qu'il se passait, mais pas quelque chose d'agréable visiblement, cet état ne dura que quelques secondes, mais sans savoir exactement pourquoi, Iza sentit que rien de bon se préparait, la prise de la bouteille était maintenant bien plus ferme, bien plus certaine. Soudainement il la lança en l'air et fit sortir une lame qui explosa la bouteille, projetant le liquide dans toutes les direction, y compris sur la robe de la jeune femme. Elle regretta soudainement de ne pas avoir mis un vêtement plus adapté, car maintenant la voilà bien, l'arbre prenait feu et elle devait partir vite. Mais avant il lui fallait retirer la robe, alors elle sortit un couteau de sa chaussure et trancha assez haut pour se faire une mini jupe qui ne la dérangerait dans aucun de ses mouvements. Toujours en se déplaçant sur la branche, elle fit un nœud dans le tissus qu'elle découpa en bande régulière. Arrivé au tronc, elle mit le couteau entre ses dents et fit le tissus dans sa main et elle grimpa sur une branche un peu plus haute sur laquelle elle prit son élan avant de s'élancer vers l'arbre voisin. De là, elle continua à avancer, finissant de déchirer le tissus dès qu'elle le pouvait, et faisant une sorte de balle avec chacune des balles. La taille que chaque projectile avait était assez bonne pour faire du bruit, pas autant qu'elle si elle passait sans faire attention. Mais, maintenant qu'elle c'était éloignée du feu, elle faisait plus attention à être silencieuse, se déplaçant rapidement mais en touchant le moins de feuilles ou du moins le plus légèrement possible.

Elle ne savait pas où l'autre était, l'autre celui qui n'était pas Alex, c'était impossible que cet homme puisse changer de comportement si rapidement et être l'autre celui qui criait à plein poumons tous les mots de la terre la veille. Oui, mais une chose était certaine, elle savait où elle allait, vers le manoir, le feu se propagerait et à moins que les gardes le voient d'aussi loin, ou même un voisin, il ne fallait pas tarder pour appeler les pompiers. Elle n'avait pas pris son téléphone, c'était un tord... Voilà donc Iza qui courait, sautait et bougeait le plus rapidement et silencieusement possible en direction du manoir, sachant très bien que l'autre la suivait et qu'elle ne devait absolument pas entrer en contact avec lui, à moins qu'elle l'assomme d'un seul coup.

La manœuvre avait eut l’effet escompté, ou presque car la jeune femme s’était rapidement débarrassée des flammes qui avaient sauté sur son vêtement et était déjà repartie à courir dans les arbres comme un écureuil apeuré. Sans se soucier moindrement du feu qui avait allumé sur sa propre propriété, Xela prit lui aussi le pas de course pour la suivre et grâce à son œil bionique qui repérait la chaleur du corps de la jeune femme à travers les verts feuillages, il ne la perdit pas de vue une seule seconde, la suivant très facilement. Il la perdrait de vue si elle se cachait derrière un tronc d’arbre mais même si elle le faisait maintenant, comme il pouvait suivre sa course, il saurait à quel endroit elle se cacherait. A présent qu’il était enfin sérieux, elle aurait beaucoup de mal à lui échapper. Cet imbécile d’Alex ne pouvait pas se prendre vraiment au jeu et ne pouvait donc pas la considérer vraiment comme une cible à abattre, il y était donc allé doucement, mais Xela pouvait sans peine avoir réellement envie de la tuer, et y mettait donc les moyens nécessaires.

De plus, il pouvait sans aucun mal suivre sa vitesse car il se déplaçait sur terrain plat alors qu’elle devait faire des tours et des détours pour sauter de branche en branche. Et grâce à ses membres bioniques, il pourrait aller plus vite encore.

Tiens, c’était une idée ça. Avec un sourire d’anticipation, Xela accéléra et devança la jeune femme. Oh pas de beaucoup, juste de quoi lui laisser le temps de sortir de sa cuisse droite le lance grande de calibre 40 mm qui y était rangé. Alors il se retourna vers la jeune femme qui était au milieu d’un bon et tira sur la branche su laquelle elle s’apprêtait à se réceptionner. Cela exploserait la branche, et peut-être aussi la femme si elle était assez prêt, et tant pis pour la règle du jeu. Xela arborait à présent un sourire digne d’un méchant de film américain, reflétant le plaisir qu’il prenait à essayer de tuer cette femme, et l’anticipation du plaisir qu’il aurait à y réussir.

Iza avait toujours ses sortes de balles en main, ou plutôt autour du bras maintenant, un morceau servant à toutes les maintenir en place, bien calé en haut de son bras gauche. Elle continuait d'avancer sachant pertinemment que l'autre fou dont elle ne connaissait pas le nouveau nom la suivait sans le moindre mal, il courait avec des membres mécaniques donc aucune difficulté pour lui de la suivre d'autant qu'elle était ralentie avec les branches d'arbres et que elle devait tout de même faire attention à ne pas trop faire de bruit. En réalité cette précaution ne servait à rien, mais peu importe, Iza n'en savait rien, tout ce qu'elle savait c'était qu'il n'avait aucun mal à la suivre grâce à son œil. Elle venait de s'élancer pour un bon un peu plus long que les autres qu'elle rattrapa de justesse, mais cela lui avait fait gagner un temps considérable de ne pas faire le tour. Il ne lui restait plus qu'une cinquantaine de mètres pour arriver au manoir ce n'était pas le moment de perdre, mais même là-bas il faudrait faire attention à ce que personne ne soit blesser, ni elle par les gardes du corps, ni ces derniers par lui, le double maléfique d'Alex.

Le prochain bon était bien plus simple, mais elle était toujours parée à toutes éventualités, sortir ses couteaux en un rien de temps pour se rattraper était quelque chose qu'elle avait déjà prévu de faire, alors lorsqu'elle vit la branche exploser juste devant-elle, l'évitant de peu, mais lui soufflant le visage de tel sorte de lui égratigner bras et face plus ou moins profondément, elle les sortit sans perdre de temps et se rattrapa avec, prenant bien garde de rester hors de portée de son poursuivant. Elle récupéra ses deux armes fétiches, avant de continuer son chemin, encore trois arbres et elle n'aurait plus qu'à espérer que la distance avec le second étage de la demeure soit assez petite pour qu'elle puisse y accéder, à défaut le premier, même à travers une baie vitrée ferait l'affaire.

Elle grimaça un peu lorsqu'elle du de nouveau prendre appuie sur ses bras, mais continua son chemin sans trop avoir perdu de temps, ne prenant pas la peine de ne plus faire de bruit, non pas que cela ne soit plus d'actualité, mais qu'elle était trop proche de l'objectif pour que cela serve encore. Elle traversa l'arbre en assez peu de temps, les branches étaient assez commodes à franchir, puis elle prit son élan et s'élança à nouveau vers l'arbre suivant en espérant qu'il ne lui refasse pas le même coup.

S’étant arrêté de courir pour tirer et essayer de lui exploser la tête, la jeune femme avait repris de l’avance sur Xela qui courait à nouveau à sa suite. L’homme aux membres bioniques ouvrit sa cuisse gauche et en préleva une nouvelle munition pour l’arme qu’il avait en main. Le lance-grenades était une arme bien puissante et Alex, le Alex ordinaire, ne s’en servait qu’en dernier recours, raison pour laquelle il n’avait encore jamais servit en situation réelle. Mais en contrepartie de cette puissante, il ne pouvait tirer qu’un seul coup à la fois, il fallait donc le recharger entre chaque tir. Ce que fit Xela tout en courant, y perdant un peu de vitesse.
Comme la jeune femme était maintenant devant lui, il put à peu près viser sans ralentir et il accéléra même pour la rattraper. Elle était déjà presque arrivée au niveau de la résidence, et Xela se demandait vaguement ce qu’elle pouvait bien vouloir y faire. Après tout, c’est elle qui avait lancé ce jeu, et voilà qu’elle fuyait déjà, alors qu’il venait juste d’y prendre place ! Du moins c’est ce qu’il pensait du fait qu’elle filait vers le bâtiment : pour mettre fin au jeu en quittant le terrain, mais elle ne s’en sortirait pas si facilement. Si Alex se laissait diriger comme l’imbécile qu’il était par des dizaines de lois et de règles en tous genres, Xela ne souffrait aucune limite et agissait toujours à sa guise.
Alors qu’il arrivait à bonne distance, il visa approximativement sans ralentir sa course et une nouvelle grenade quitta la gueule du canon de son arme. Celle-ci manqua malheureusement sa cible et alla exploser contre un mur du manoir, y arrachant quelques morceaux de pierre et faisant voler en éclats les deux plus proches fenêtres. Mis à parts quelques débris et une oreille bourdonnante à cause du bruit de l’explosion, Iza devrait s’en sortir sans dommages et n’aurait même plus besoin d’exploser une fenêtre pour entre puisque Xela venait obligeamment de s’en charger pour elle.

« Tu perds rien pour attendre, poupée. »

Elle entendit une nouvelle explosion, mais elle vit devant elle la façade exploser en partie, la partie sombre était plutôt dangereuse visiblement, mais elle manquait aussi de réflexion, elle se laissait trop guider par sa colère, ou toute autre émotion que cela soit. L'explosion était proche et le souffle fit ralentir Iza qui manqua de rater la branche, ses oreilles en avait prit un coup aussi, mais elle l'ignora, tout ce qui lui importait c'est qu'il venait de lui simplifier la tâche. Elle traversa l'arbre et sauta au premier à travers une des deux fenêtres qui venaient de se voir exploser. Puis elle se mit à crier au feu en anglais, tout en bougeant un maximum histoire d'alerter le maximum de monde. Elle traversa une bonne partie du manoir, montant au second et redescendant par tous les chemins qui lui semblait approprié, la façade en faisant partie.
Elle se débrouilla néanmoins pour continuer à être bruyante histoire d'attirer Xela, espérant qu'il ne s'intéresserait qu'à elle et pas à son personnel de gorille qui trainait un peu partout dans l'établissement. Elle observait le plafond pendant qu'elle courait un peu partout, elle en trouva un de parfait, des poutres apparentes pas trop éloignées et surtout d'une profondeur acceptable qui lui permettrait de se camoufler. Elle n'avait pas pu trouver le majordome mais elle se cacha là le dernier endroit où elle avait fait un maximum de bruit, juste à côté de sa chambre, il ne lui restait plus qu'à attendre sans faire de bruit, le seul moyen d'éliminer la menace était de l'assommer et pour cela lui tomber dessus par surprise et lui mettre un bon coup sur la tête restait la meilleur façon de procéder, c'était simplement très dangereux, elle pouvait aussi perdre s'il se débarrassait d'elle.

Iza était donc cachée dans le plafond, attendant que Alex ou peu importe comment il se nome sous cette personnalité se place sous sa cachette. De là elle lui sauterait dessus et le plus rapidement possible lui assènerait un coup avec son coude pour l'assommer elle l'avait déjà fait sur un home de cette carrure, seul détaille il n'avait aucun membre bionique et donc pas cette force surhumaine pour l'aider à la faire descendre. Iza n'avait pas une force dans les jambes différentes de cette époque là et elle craignait de ne pas réussir, mais elle ne pouvait pas se permettre de ne pas réussir ni attendre qu'il redevienne lui même, cela risquait de ne pas être rapide du tout. Elle avait peur un peu mais son visage montrait une détermination qui lui était peu commune depuis son arrivée à l'ATW celle qu'elle n'avait avant que lorsqu'elle faisait du vol de haut niveau, celui pour lequel il n'y a aucune seconde chance. Elle n'avait eut ce visage qu'une seule fois, lorsqu'elle avait du aider à la construction d'un pont pour le convoi en traversant un camion sur une simple corde, tomber équivalait à la mort... Espérons simplement que la fin ici ne serait pas aussi tragique.

[Si tu veux faire agir Iza en la faisant descendre de son perchoir je t'en prie, fais d'elle ce que tu veux tant que tu me laisses réagir si elle échoue. Wink

]

Xela courrait toujours, mais il fut obligé de faire un détour car cette garce venait d’entrer dans la résidence par une fenêtre du premier étage. Il tourna à l’angle du mur et courut jusqu’à la porte d’entrée pour se retrouver dans le hall avant de grimper quatre à quatre les marches du grand escalier menant au premier étage. Elle savait s’enfuir, c’était certain, mais il la rattraperait, c’était tout aussi certain, et il prendrait tout son temps pour jouer avec elle. Plus l’effort était important, plus le réconfort devait être plaisant, et il avait bien l’intention de réclamer son dû.

De plus, elle lui facilitait vraiment là tâche car non seulement il connaissait cette maison comme sa poche mais en plus elle ne faisait plus aucun effort de discrétion alors que les murs en pierre avaient rendu inefficace son œil bionique. Il entendit un bruit dans le couloir sur la droite et se dirigea dans cette direction mais lorsqu’il arriva sur place, la garce avait déjà disparu dans un autre couloir et impossible de dire lequel. Un nouveau bruit, léger chuintement de tissus, qu’il suivit mais une fois encore, il perdit sa trace, alors commença à comprendre son désavantage. Cette maison était immense et pleine de recoins où se cacher, la garce pouvait l’y balader comme elle le voulait et c’est bien ce qu’elle semblait faire.

Le riche qui est deux avisa alors qu’il tenait toujours dans sa main le lance-grenades, mais la règle du jeu était le corps à corps. En effet, il s’était un peu emporté, mais personne n’est parfait et il avait le sang un peu chaud, mais pas de quoi en faire un drame non plus, enfin pas encore. Il rangea son arme dans sa cuisse se remit en marche à la recherche de sa proie. Le jeu deviendrait vraiment passionnant lorsqu’il mettrait enfin la main dessus, et le spectacle vaudrait le détour, à n’en pas douter. Mais en attendant, il devait la retrouver.

Suivant les bruits que la jeune femme laissait derrière elle de-ci de-là, il longeait à présent un couloir plus large, et silencieux. Ne sachant pas dans qu’elle direction se diriger, il marchait doucement pour ne pas rater un son que le bruit de son avancée aurait couvert. Les oreilles aux aguets, il en oublia de regarder partout autour de lui comme il aurait dut et une douleur vive lui incendia soudain le crâne et le fit se retourner vivement avec un cri de douleur pour constater que c’était Iza qui venait de lui flanquer un sacré coup sur le citron. Avec une vivavité étonnante, il tendit le bras comme un serpent qui attaque et saisit la jeune femme par la gorge dans sa poigne de fer. Sa tête lui tournait affreusement. Le but n’était pas de ménager cette grace et il n’y allait pas en douceur, la tenant d’une main par la gorge jusqu’à lui décoller les pieds du sol, elle commençait à suffoquer. Mais cela ne dura pas. Xela tituba et posa un genoux à terre, sa vue se brouillant et son équilibre étant devenu plus qu’incertain, il avait lâché sa prise. La jeune femme en garderait la marque pendant plusieurs semaines, mais au moins, il l’avait lâchée, bien malgré lui, avant de lui écraser la trachée. Les sens de Xela le lâchèrent les uns après les autres et il tomba assis sur le tapis du couloir avant de perdre enfin connaissance.

» [Russie] Les rues infectes