[Mission] Crash, crash

Mélodie marchait accompagnée des deux jeunes gens, qu'il était impossible de qualifier d'enfants, pas plus Orion que Kajitsu, depuis l'incroyable transformation de celui-ci. Ce jeune homme était un mystère vivant, et Mélodie n'aimait pas les mystères, seulement il y avait en lui quelque chose qu'elle aimait encore moins : c'est que le secret de ce mystère ne résisterait pas à une enquête, même succinte. Mélodie n'aimait pas ce qu'elle voyait en lui : un mutant qui n'hésitait pas à se montrer au grand jour, ou du moins partiellement. Elle était persuadée qu'il savait que Mélodie était une mutante, et aussi qu'il savait qu'elle savait qu'il était un mutant également. Elle craignait ce garçon presque plus encore que Féran.

Avec ce jeune loup anti-mutant, au moins, elle savait à quoi s'attendre, elle savait qu'elle devait rester extrêment prudente tant qu'elle n'aurait pas mis au moins deux continents entre lui et elle et qu'elle ne devait jamais lui tourner le dos. Mais Orion... Il avait révélé sa prorpre nature consciemment, volontairement, et avait en même temps révélé qu'il connaissait la nature de Mélodie. Combien de temps avant qui révèle par inadvertence un secret qu'elle s'était acharnée à grader tout au long de sa vie ? Par inadvertence ou pour sauver sa peau, aussi bien. Humains ou mutants, les hommes étaient capables de tout, et surtout du pire. Le seul graçon à qui elle avait un jour accordé sa confiance lui avait dit une fois "Je suis capable du meilleur comme du pire, mais pour le pire, c'est moi le meilleur." Il l'avait dit rigolant, expliquant qu'il tenait cette phrase de son grand-père, qui l'avait lui-même empruntée à un humoriste du siècle passé. Une phrase censée faire rire, mais s'est par la suite avérée cruellement réaliste le concernant. Et dans le torunant qu'avait pris la vie de Mélodie après ce drame, elle avait put se rendre compte que cette phrase pouvait s'appliquer à tous les hommes. Chaque représentant du sexe masculin semblait rivaliser avec ses semblables pour être effectivement le meilleur dans le pire. Mais elle ne se faisait pas d'illusions, elle savait qu'une bonne part des femmes de valaient pas mieux, et un certain nombre en étaient même susceptible de rafler la palme au nez et à la babre des hommes.

Tout ça pour dire qu'elle se méfiait d'Orion plus encore que de Féran, pas pour ce qu'il pourrait faire, mais pour ce qu'il savait. Et bien qu'elle soit désireuse de tirer tous les réscapés de ce mauvais pas en même temps qu'elle-même, elle se méfiait de chacun d'entre eux, individellement mais aussi de l'ensemble. Même la jeune Kajitsu, d'apprence gentille et totalement innofensive, n'échappait pas à cette méfiance qui était devenue pour Mélodie une nature.

La jeune femme fut tirée de sa rêverie par la voix d'Orion qui lui demanda si elle avait trouvé quelque chose d'intéressant. Sa grande boîte noire tenue dans son dos par une lanière de cuire passée sur son épaule droite et fermement maintenue dans son poing, elle tandit le grand sac qu'elle tenait de l'autre main au jeune homme, afin qu'il juge de lui même ce qu'il contenait. Ce faisant, elle énumérat tout de même ses trouvailles comme si elle avait gardé le sac.

" Une vrai mine d'or : des vivre encore en bon état, dont certaines non pérrissables, plusieurs couteaux de cuisine, dont on devra varier l'usage selon nos besoins, de la ficelle, quelques casseroles et couverts, une trousse de secours, et quatre boîtes d’allumettes. Avec une telle mane, on devrait pouvoir tenir un moment, en espérant que quelqu'un nous trouve ou qu'il y ait un village à moins d'une semaine de marche. "

En arrivant au camp, elle fut surprise de trouver Férant piannotant dans le vide comme s'il avait un clavier devant lui, elle ne trouva pas cela rassurant. Cela faisait de Féran un mec bizarre, et les gens bizarres ont des réaction imprévisibles, ce qui les rend plus dangereux que les autres. Une autre raison de se méfier de lui.

" Pas la moindre idée... " Répondit-elle brièvement à Kajitsu.

La jeune femme déposa sa grande boîte avec une précaution peu utile, puisqu'elle était très solide, puis se mit à ramasser des branches mortes de-ci de-là en se dirigeant vers le centre de l'espace dégagé par les deux autres, veillant aussi et surtout à ramasser en même temps des touffes d'herbe sèche. Au centre de l'espace donc, elle dégagea une surface de tout ce qui était inflamable, aussi qu'elle le put ce qui n'était pas parfait mais ferait l'affaire, puis disposa sa récolte au sol, herbes sèches en tas et branches posées dessus. Cela devrait prendre très facilement. Elle revint près d'Orion et préleva dans le sac une boîte d'allumettes pour allumer le feu. Lorsqu'elle fut certaine que sa modeste flambée ne serait pas soufflée par le premier coup de vent qui passait par là, elle entrepris de faire le tour des environs pour ramasser le plus de conbustible possible. Il en faudrait une bonne quantité pour maintenir le feu allumé jusqu'au soir, et plus encore pour la nuit.

Les paroles brutales de Feran eurent sur Mélodie l’effet d’un électrochoc, la façon dont il parlait des mutants, les traitant de monstres, d’aberrations, avec cette intonation inquiétante, lui hérissait le poil à la fois de colère contre cet homme représentant tout ce qu’elle détestait et combattait, et de crainte de ce qu’il était capable de faire. Elle le soupçonnait capable de tuer quelqu’un sur la simple supposition qu’il était un mutant, n’ayant pas besoin d’autre preuve que sa foi en lui-même. Cet homme inspirait à la jeune femme un mélange de haine, de colère, de dégoût, et crainte.

Mais plus encore que ces paroles plus qu’insultantes, c’est la phrase suivante qui la fit se relever d’un bon du feu qu’elle attisait, lorsqu’il mentionna la GC. Mélodie se tenait droite, tendue comme une corde d’arc, et regardait Feran avec des yeux pleins de haine et d’une colère brûlante, qui n’étaient plus dirigés contre lui mais contre la GC. Cette entreprise qui se faisait passer pour un sauveur du genre humain avait commit les pires atrocités au nom de la science et du profit, c’est cette société qui avait capturé les ancêtres proches de Mélodie pour les transformer en mutant à fin d’expériences. Pour Mélodie, la GC était le mal absolu anéantissant humains et mutants sans distinction, créateur de malheurs et de misère humaine.

« Qu’est-ce que la GC a à voir là-dedans ? » Demanda-t-elle d’un ton vif exigeant impérieusement une réponse claire et immédiate.

La jeune femme avait le dos raide et les poings serrés, et semblait prête à bondir à tout instant et à ouvrir des gorges à coups de dents s’il le fallait. Elle fixait Feran avec intensité en attendant qu’il réponde, mais à ce moment, son attention fut attirée ailleurs. Orion venait de s’effondrer sans crier gare. Mélodie regarda dans sa direction un instant pour constater ce qu’il se passait, puis revint à Feran pour le fixer quelques seconde avant de s’en détourner et d’aller s’agenouiller auprès d’Orion, moins précipitamment que Kajitsu, mais sans perdre de temps. Avec l’aide de la jeune fille, elle l’allongea bien à plat sur le dos tout en lançant à Feran un dernier regard l’air de dire « Tu perds rien pour attendre. » avant de porter enfin toute son attention sur le jeune garçon.

Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, il n’avait aucune blessure apparente et ne semblait pas non plus avoir de fractures, à première vue. Peut-être ce pouvait-il être juste un effet de la chaleur qui tombait sur le continent africain, ou bien le contrecoup du crash ? Peu plausible, mais possible. Seulement comme elle ne savait pas ce qui arrivait au jeune homme, elle ne pouvait rien faire. Et s’il s’agissait d’une hémorragie interne ou d’un organe touché pendant l’accident, elle ne pourrait rien faire non plus.