Une demande particulière [pour Vitalie]

Après avoir quitté ses deux compères mal réveillés, Aby avait décidé d'aller rendre visite à la "cheftaine" du M.I.L.. La raison de cette visite matinale était bien curieuse, voire improbable, mais la jeune nippone avait une demande bien singulière à formuler à la jeune femme, justement parce qu'il s'agissait de Vitalie. Du peu qu'elle la connaissait, Kitsune avait pu se rendre compte que c'était quelqu'un de caractère, et c'est pour cette raison qu'elle avait décidé de s'adresser à elle. Elle avait un service à lui demander, un service que la renarde était presque sûre de ne pouvoir demander à Kami ou Logan: Au delà de leur mauvais état du moment, les deux hommes avaient sans doute trop d'affection envers la jeune mutante pour pouvoir être apte à lui rendre ce bienfait. C'est ainsi, il y a des choses pour lesquelles les personnes dont on se sent le plus proche ne peuvent pas vous aider...

Kitsune était donc enfin rendue devant la porte du bureau du dirigeant, où il était encore écrit "Colonel Arok" dessus. Mais il était probable que la nouvelle cheffe de l'organisation rebelle y ait élu domicile. Abigail frappa trois fois, avant de s'annoncer,
"Cela être Abigail."
Et d'attendre une réponse, de l'autre côté de la porte de bois. Lorsqu'on lui aurait donné la permission, elle entrerait tout simplement, et formulerait sa requête.

[un peu court comme introduction, désolée ^.^'' ]

Curieusement, Aby s'était attendue à ce que l'on lui indique de rentrer, et non pas qu'on viendrait lui ouvrir la porte. Elle sursauta légèrement, ne s'étant pas préparée à voir Vitalie lui ouvrir aussi promptement. Mais s'efforçant de ne pas paraître complètement chamboulée non-plus par cette simple ouverture de porte, la canidée entra donc d'un pas calme, après avoir salué poliment sa supérieure d'une petite "courbette" bien japonaise. Par la suite, Kitsune attendit que la cheffe lui dise de s'asseoir pour le faire, jusque là elle était en effet restée debout, droite comme un piquet.
Aby s'assit enfin, et se décontracta un peu. S'appuyant dos contre le dossier de la chaise, la petite renarde commença à remuer les jambes et la queue, l'air visiblement un peu anxieuse. Pour dire vrai, la jeune femme qu'elle avait en face d'elle l'intimidait un peu, pas seulement parce que c'était la supérieure hiérarchique de tous les membres du M.I.L., mais surtout par une sorte d'autorité naturelle que la demoiselle blonde semblait dégager. Le ton de sa voix était plutôt directif et, Abigail avait déjà eu l'occasion de le voir, elle semblait apprécier de pouvoir diriger. Cela mettait un peu mal à l'aise la nippone qui se retrouvait donc face à son contraire, question personnalité. Toutefois, la jeune fille avait décidé de se prendre en main en venant à la rencontre de Vitalie, et il faudrait bien plus pour lui faire changer d'idée.
C'est alors qu'elle commença à s'expliquer sur la raison de sa présence en ces lieux, plantant ses yeux jaunes dans ceux de sa supérieure.
"Je avoir juste grand service à vous demander."
Commença-t-elle, en usant du vouvoiement à l'encontre de Vitalie, par respect au vu de leurs positions hiérarchiques respectives.
"Depuis que je être ici, je ressentir manque de autorité. pour moi-même, je vouloir dire. Quand je être au Japon, je toujours avoir quelqu'un pour pousser moi à dépasser, vous comprendre? Mais ici, pas pareil, je avoir personne qui pouvoir traiter moi durement, et... Je penser que être manque..."
Le regard de Kitsune s'éclaira soudainement d'une lueur farouchement décidée. A ce moment là, elle se leva et posa les deux bâtons sur le bureau de Vitalie, et lui demanda d'un ton ferme et convaincu, la chose suivante.
"Est ce que vous être capable, tout de suite, de prendre bâton ici, pour frapper moi et obliger à faire vingt pompes maintenant?"

Surprenante demande qui ne manquerait peut-être pas de prendre de court la cheffe du M.I.L.. Pourtant, Abigail était parfaitement décidée, et ce depuis qu'elle avait prit la décision de son plein gré. Plus que jamais, elle ressentait le besoin d'être durement traitée, afin de pouvoir continuer à avancer. Les mots doux et encourageants de Jack et de Michael ne lui permettaient plus cela, à présent tout ce dont la petite renarde avait besoin, c'était d'autorité, d'être maltraitée même, autrement dit: elle avait la nécessité de subir un traitement sans faveur aucune pour se mettre au niveau des autres militaires de la base.
Toutefois, Aby était parfaitement consciente de ce qu'elle demandait, et elle avait fait sa requête en son âme et conscience. Non, elle n'avait pas fait ce choix à la légère, bien au contraire. D'ailleurs, la lueur de défi dans ses yeux, qui fixaient toujours Vitalie, pousserait peut-être cette dernière à faire ce qu'elle lui avait demandé. La nippone ajouta quand même quelques mots pour permettre à son interlocutrice de mieux comprendre qu'elle pouvait vraiment y aller et que ce n'était en aucun cas une tentative de bluff de sa part.
"Cela être ce que moi vouloir vraiment, Vitalie. Cela pas être punition, cela être bâton pour faire progression. Je avoir réel besoin de personne avec autorité et personne qui être capable de frapper moi. S'il vous plaît, Vitalie... Vous aller aider moi?"
Le ton était cette fois légèrement suppliant de la part de Kitsune, qui n'attendait plus qu'une chose: voir ce bâton lui voler à la figure la mettre par terre, et sentir une botte s'appuyer sur son dos pour la forcer à faire cet exercice. Bien sûr, elle avait également envisagé que Vitalie refuse, tout comme elle avait envisagé ce qu'elle ferait dans ce cas là. Au fond, Abigail était presque persuadée que seule sa supérieure pourrait s'acquitter de ce service, car elle était presque sûre qu'il n'y avait qu'elle qui aurait suffisamment de détachement vis à vis d'elle, et d'autorité pour la frapper, presque sans raison autre qu'une question de progression. Il restait toutefois à voir ce que la demoiselle blonde allait faire de cette requête bien peu ordinaire.

Si la jeune renarde était certes, un peu intimidée par Vitalie, elle était toutefois loin d'être terrorisée. Or, c'était précisément ce que recherchait Aby: ressentir une forme de terreur, la peur des coups bien sûr, mais être en situation d'exécuter l'ordre donné par la cheffe, par instinct en quelque sorte. Mais Abigail était bien loin d'avoir peur, pour l'heure. En effet, Vitalie n'avait fait que frapper la table, certes avec force, mais cela ne suffit pas vraiment à Kitsune qui la regarda avec détachement, loin d'être apeurée par cette démonstration de force comparable à un coup de marteau dans l'eau.

Vraisemblablement, Vitalie hésitait, ou bien n'osait pas vraiment frapper la jeune asiatique. Petit problème donc, mais elle avait déjà envisagé que pour une raison ou une autre, cela se produise...
"Vous devoir frapper moi, avant que... Avant que je mettre "bordel" ici..."
Notons l'usage d'un mot qu'elle avait entendu de la bouche de Spyke. Mais notons surtout que Abigail semblait quelque peu gênée de devoir faire quelque chose de mal, juste pour récolter un coup de bâton. Mais devant l'indécision de la demoiselle blonde, elle soupira...

Puis d'un geste calme de la main, elle fit tomber une pile de livres qui étaient entassés sur le bureau, par terre, sans cesser de regarder sa supérieure. Allait-elle réagir cette fois, et frapper Kitsune pour de bon? Pour s'en assurer, la renarde continua sa triste besogne, donnant ensuite un coup de patte bottée dans la chaise où elle était assise quelques minutes plus tôt. Tandis que la chaise virevolta dans un coin, la renarde continua à disperser des papiers de toutes sortes, faisant comme une chute de neige artificielle avec tous ces papiers. Oui, elle espérait énerver suffisamment Vitalie pour s'en prendre un, et qui serait au moins mérité, celui-là... Quand elle ajouta sa dernière précision à l'encontre de la jeune femme.
"Au fait, je oublier... Même si moi pleurer, vous continuer frapper... Ok?"
Et ayant dit cela, Kitsune arrêta de tout déranger dans le bureau, et se mit à hauteur de la "patronne" du M.I.L., prête à recevoir ce qu'elle attendait. Une farouche volonté brillait toujours dans son regard animal, et le sens de ses mots donnait une idée d'à quel point elle était déterminée. Il était vrai qu'il fallait avoir sacrément foi en quelque chose pour demander à être battu de la sorte, une foi qu'on ne retrouve souvent que dans certaines religions. Mais c'était presque la même chose, Aby avait la foi en elle, en Vitalie, en le M.I.L. et en tout un tas d'autres personnes et choses, alors elle était plus que disposée à prendre des coups, c'était certain.

Devant le cruel manque de réactions chez Vitalie, Abigail ne pût s'empêcher de se promettre de mettre le paquet, la prochaine fois qu'elle voudrait l'énerver. Elle qui avait cru que mettre un peu de pagaille dans le bureau suffirait à s'attirer les foudres de la jeune femme, elle s'était joliment trompée. Que diable fallait-il donc faire pour rentrer dans le collimateur de la cheffe du M.I.L.? Peut-être... Lui voler son homme? C'était une idée, qui ne manqua pas d'amuser mentalement la jeune nippone. Jusqu'à ce que sa supérieure prenne la parole.
*Yatto...* [Enfin...]
C'était tout ce qui eut le temps de passer par la tête de Kitsune, avant qu'une vive douleur ne lui traverse le dos. L'instant d'après, elle se retrouva projetée et heurta un mobilier dur avec son crâne.

Un peu étourdie par le choc dans sa tête, la jeune canidée n'eut ensuite que des étoiles dans son champ de vision. Elle ne vit donc pas le pied de Vitalie s'enfoncer dans son abdomen, provoquant une nouvelle douleur dans ses côtes flottantes. Du reste, bien sûr qu'elle avait mal! Mais elle n'en montra rien, ni un râle de souffrance, ni un cri, ni un mot, tout juste une expression sur son visage. Voila tout ce qu'elle offrit à sa cheffe avant de se mettre les genoux contre le sol, et de poser sa main droite par terre. Faisant attention de pas se cogner son bras blessé, Kitsune prit appui sur sa bonne main, et étira le bras. Elle ne faisait pas souvent de pompes sur une seule main, alors, c'était difficile. De trouver appui et équilibre, surtout. Alors, elle se baissa une première fois, appréhendant cet exercice aussi douloureux que son dos et ses côtes.
"I... Ichi." [U... Une.]
Puis elle poussa de toutes ses forces avec son bras. Cela brûlait, de son poignet à son épaule, la sollicitation des muscles était douloureuse. Mais elle ne voulait pas s'arrêter, elle ne le pouvait tout simplement pas, ce n'était pas admissible. Alors Abigail serra les dents, et continua.
"Ni." [Deux.]
Tout en respirant beaucoup plus fort que d'habitude, la japonaise décida d'accélérer. Cela ne changerait rien à sa douleur, mais au moins, elle espérait pouvoir en finir plus vite avec ça.
"San... Shi... Go... Roku... Shichi..." [Trois... Quatre... Cinq... Six... Sept...]
L'exercice se poursuivit sur ce rythme plus élevé, et cadencé avec une précision métronomique. Aby ne pouvait que serrer les dents et s'exécuter, de toute manière, et puis c'était elle qui l'avait voulu comme ça. Cependant, il ne faut pas croire qu'elle ne faisait que souffrir, bien au contraire: son esprit travaillait à lui faire continuer le tour de force en faisant fi des plaintes nerveuses de son bras. Et c'était là un développement supplémentaire, Abigail ne faisant donc pas que pomper dans le vide pour se muscler un seul bras. Non, elle sortirait de là avec un mental de guerrière, ignorant la douleur, ne se laissant volontairement aucun répit. Il est coutume de dire, en Asie et probablement aussi en occident, que les limites du corps sont celles de l'esprit... Kitsune pourrait vérifier cette théorie.

Arrivée à quinze dans son décompte en japonais, elle dût tout de même reconnaitre qu'elle souffrait pas mal. Mais il était hors de question de s'arrêter si près du but. Puisant dans ses ressources tant physiques que mentales, Abigail souleva encore deux fois son propre poids, puis tomba, se releva, et recommença encore une fois, avec difficulté. Presque au bout du rouleau, la jeune renarde haleta quelques secondes, avant de se reprendre. Les deux dernières pompes lui coûtèrent tout de même des glapissements de douleur... Mais elle était arrivée au bout.

Abigail se laissa alors chuter sur le côté, le côté où ses côtes ne souffraient pas. Elle était exténuée, mais ne montra de sa fatigue qu'un souffle court, une transpiration abondante, et c'est tout. Son bras qui avait tant travaillé lui paraissait maintenant être fait de pierre et la lançait beaucoup, mais elle s'en tirait bien, elle le savait. Quant à son mental, il se portait bien, la preuve en fût par sa réplique suivante, à l'encontre de Vitalie.
"Et... Maintenant?"
Kitsune était une battante dans l'âme, mais elle ne l'aurait jamais aussi bien démontré qu'aujourd'hui, devant les yeux de sa supérieure. Elle était fière même, même si cela ne représentait sûrement pas un exploit, ce qu'elle venait de réaliser. Mais c'est en étant conscient de ses faiblesses que l'on peut s'améliorer.