Soins de dernier recours

Borg et Katla finirent par arriver devant la porte de leur chambre. Ils avaient eu quelques difficultés et ça en aurait fait rire plus d'un s'ils avaient rencontré des personnes dans le couloir. Vu de l'extérieur cela pouvait parraître risible, mais les deux amis souffraient tant qu ils étaient sur le point de s'évanouir. La volonté étant plus forte que tout, ils avaient finalement ouvert la porte et étaient rentrés dans la piece. Katla fit s'allonger Borg afin de lui prodiguer les soins nécessaire à son état. Elle n'était pas médecin, mais elle savait ce qu'elle faisait. Cette connaissance, elle ne savait pas du tout d'où elle pouvait la tenir.

Tout ça allait être tres douloureux pour le pauvre Borg. Elle fit ça à l'ancienne. Katla se plaça face au bras afin d'examiner la vilaine blessure. La pointe était toujours enfoncée profondément. Il faudrait l'extraire, elle n'avait pas le choix. Katla alla fouiller dans son sac et en sortit une malette. Elle l'ouvrit sur la table de chevet de Borg. Bizarement, elle contenait toute sorte de plantes séchées ou non qu'elle avait récoltées durant son périple avec Borg, avant son arrivée à la Faculté et même lors de ses entraînements ici. Il s'était toujours moqué d'elle lorsqu'elle rammassait tout ça. Mais elle savait que ça lui serait utile un jour ou l'autre.

Elle connaissait toutes leurs propriétés et elle choisit donc la plus adaptée au cas de Borg. Il y avait tout un atirail dans cette malette. Elle prit le mortier et le pilon, et commença à écraser plusieurs sortes de plantes. Cela fit une sorte de baume qu'elle laissa sur la table, le temps de soigner Borg. Elle lui fit un garo et enfonça un chiffon dans la bouche de l'adolescent. Elle mit ses doigts dans la plaie et tira d'un coup sec pour en ressortir la pique. Katla fit alors un dernier effort pour faire appel à son pouvoir, et ignorant les gémissements de Borg, cautérisa la blessure avec sa main. Elle le laissa alors sur le lit le temps d'aller mouiller une serviette avec de l'eau afin de nettoyer la plaie. Une fois tout cela accomplit, elle appliqua l'onguent sur la blessure de Borg, lui retira le chiffon de la bouche et s'éloigna de lui pour s'allonger à son tour dans son lit. Il avait perdu connaissance et elle n'allait pas tarder à l'imiter. Elle ferma alors les yeux et plongea dans un sommeil réparateur.

Arrivés à leur chambre, les deux bléssés durent accomplir un effort surhumain pour ouvrir la porte. Une fois à l'intèrieur, Katla avait aidé Borg à s'allonger sur le lit pendant qu'elle cherchait des choses dans ses affaires. Entre la douleur que lui infligeait son bras et la fatigue due a sa rencontre avec son démon, Borg se demandait encore comment il faisait pour ne pas retomber dans les pommes. Il savait que si cela lui arrivait il reverait son ami ténébreux, si on peut parler d ami dans le cas présent.
Allongé dans le lit, tout ce qu'il observait était le plafond, il ne pensait à rien, tout ce qui l'interessait était le blanc du plafond. Sa reflexion fut interrompue quand Katla lui mit un foulard dans la bouche et par une douleur encore plus intense que celle qu'il ressentait déjà, son bras fut transpercé pour la seconde fois quand Katla lui enleva l'objet qui traversait son membre. Il gémit, il avait envie de hurler lorsque Katla posa sa main sur sa plaie, mais ses forces ne lui permetaient pas de faire plus. C'est donc toujours en regardant le plafond qu'il s'évanouit une nouvelle fois.
Autour de lui, tout était noir, tout était silencieux, rien ne bougeait, aucune trace de Noctarian. Cela semblait étrange car il avait toujours été présent quand Borg s'évanouissait, mais pas ce coup-ci. Etrangement, L'éleve se sentait bien dans cet état, il décida de fermé ce qui lui semblait etre ses yeux car dans cet environnement rien n'était physique. Il sentait l'ombre l'envahir comme quand il utilisait son halo, mais rien n'apparut, a part le bien-être de se retrouver dans son élément.
Ce que Borg ignorait, c'est que ce bien-être était visible pour l'exterieur, car son halo était bel et bien apparut, mais cela, il ne le savait pas, et c'est dans une sorte de sommeil conscient qu'il retrouva peu à peu ses forces.

Katla ouvrit les yeux et constata qu'il faisait jour. Lorsqu'elle était tombée de fatigue, il ne faisait pas encore nuit. Cela faisait donc un moment qu'elle dormait. Quand elle voulut s'asseoir dans son lit, tout autour d'elle se mit à tourner. La jeune fille cru qu'elle allait perdre conscience mais ce ne fut pas le cas. Elle reprit ses esprits et tenta une nouvelle fois de se mettre dans une autre position. Malheureusement, elle avait oublié que certaines parties de son corps étaient très douloureuses. Ce fut alors avec un grand gémissement qu'elle se redressa malgré tout. Une fois assise elle constata les dégâts sur son pauvre corps. Katla avait de gros hématomes un peu partout sur le thorax. Dans tout son malheur elle constata avec joie que son poignet était beaucoup moins enflé, mais toujours aussi violet. Elle ne pourrait sûrement pas se servir de sa main d'ici un petit moment. Tant pis, elle ferait sans, ce n'était pas un problème. Elle décida de prendre son courage à deux mains et d'aller se laver un bon coup, ce n'était pas du luxe.

Une fois de retour dans la chambre, avec toutes les difficultés du monde, elle regarda du côté de son ami, dans l'ombre. Un halo noir l'entourait. Son pouvoir était à l'oeuvre, il ne valait mieux pas le toucher. Elle avait assez mal partout comme ça. Il fallait pourtant qu'elle lui parle de tout ce qui s'était dit pendant son coma. Katla avait tellement de choses à dire à Borg. Mais il devait se reposer, il en avait besoin. Elle s'assit donc sur son lit avec sa malette, décidant de tout remettre en ordre en attendant le réveil de Borg.

Les flammes noires parcouraient son corps, ses bras, ses jambes, son bustes, tout le corps de Borg était recouvert par un feu noir qui semblait le consummer. Il regardait ses mains, et pour lui, rien n'était plus important que l'intensit des flammes en cet instant, car en plus d'etre d'une beauté presque hypnotisante, elles étaient régénératrices pour lui. Il ne savait pas comment cela s'était produit, mais pour lui, le sommeil serait désormais une sorte de second état, où il se verrait sous sa forme éthérée, qui d'ailleur ne différait pas beaucoup de sa forme physique.
Plongé dans cet état était une bénédiction obscure, mais toute chose avait une fin, car petit à petit, les flammes mourraient, pour finalement ne laisser qu'un halo bien connu, et puis finalement plus rien. C'est alors qu'il se reveilla dans sa la chambre qu'il partageait avec son amie Katla, et il vit d'ailleur cette dernière qui était assise sur son lit en train de ranger ses affaires visiblement. Il voulut se lever de façon à se mettre assis sur le lit, mais ce fut une grosse erreur, car il s'appuya sur son bras blessé, et il retomba aussitot sur son lit en se tenant le bras de son membre valide.
La plaie, d'après ce qu'il pouvait voir avait bien cicatrisée, mais il y aurait une marque qui resterait probablement à vie.
Tout doucement, il s'assit sur le bord de son lit, et en regardant Katla de ses yeux noirs et froids, lui dit alors :

"Je n'en ai pas eu le temps hier, mais merci pour mon bras."

Si elle n'avait pas eu ce reflexe, Borg aurait surement eut une hémorragie tres grave, et le sang qu'il avait perdu lors de sa blessure ne manquait de se faire sentir, car la tete lui tournait un peu. Cependant, ce n'est pas pour autant que l'éleve ne reflechissait pas :

"Dis moi, quandje me suis reveillé à l'infirmerie, tu n'étais pas là, et j'ai visiblement sauté un chapitre depuis le combat. Tu pourrais me dire ce qui s'est passé depuis que je suis tombé dans les pommes s'il te plait?"

La voix de Borg était faible, mais sa froideur et sa profondeur étaient toujours présentes. Et regardant son ami dans les yeux, il attendit la réponse de cette dernière.

Katla, qui était absorbée par le tri de toutes les plantes qu'elle avait récoltées depuis son arrivée, n'avait pas entendu Borg se réveiller. C'est donc avec un léger sursaut qu'elle l'entendit s'adresser à elle. Il semblait en piteux état malgré les soins qu'elle lui avait prodigué. Il était très pâle. C'était sûrement dû à son hémoragie qui avait été soignée très tardivement. Cela avait été fait et c'était l essentiel.

"Mais de rien pour ton bras. C est normal. Sinon il s'est passé pas mal de chose pendant ton absence. En fait, l'homme qui a lancé les ultrasons m'a laissé des séquelles comme tu peux le voir. Il m'a confié un message pour Fraust avant de me faire valser contre un mur et de s'en aller avec Hawk. Donc des que j'ai pu je me suis relevée et je t'ai emmené à l'infirmerie avec l'aide de Gabriel. L'infirmier m'a pris la tête et j'étais très pressée donc j'ai pas suivi ses conseils et je suis partie en direction du bureau du recteur en te laissant à ses bons soins. Une fois là-bas j'ai raconté tout ce qu'il s'était passé et le Recteur a convoqué tous les profs, l'infirmier et Jack. Il m'a ensuite fait tout répéter devant eux et ils en ont discuté pour savoir ce qu'ils allaient faire. J'ai pas trop compris où ils voulaient en venir parce que Fraust ne leur a rien dit à propos de ces inconnus. Pourtant il devait en savoir beaucoup à mon avis. Mais il leur a caché beaucoup de choses et ils ont tous réagi comme des moutons. Ils sont même allés jusqu'à dire qu ils donneraient leur vie pour protéger la Faculté. Ca m a bien fait rire. Ils ne savent pas ce qu'ils font. Ce sont des amateurs. Donc des que j'ai pu je suis partie de cette réunion de débutants. Je laisserais jamais ma vie entre leurs mains, c'est pas une bonne idée, on y laisserait la vie. Et en fait c est quand je suis sortie du bureau que je t'ai trouvé. Et là tu connais la suite."

Elle s'arrêta un instant pour reprendre son souffle. L'image de l'infirmier affolé entrant dans le bureau lui revint en mémoire. Avec un petit sourire elle ajouta :

"Dis ? T'aurais pas fait du mal à notre infirmier toi ? Quand il est arrivé à la réunion, il était completement affolé et disait avoir réveillé un monstre ! Il a sûrement dû te faire l'injection d'adrénaline que je lui avait déconseillé de faire. Tant pis pour lui je l'avais prévenu. Il t'avait même pas soigné la seule blessure apparente que tu avais. Il est très professionnel je trouve. Laisser un patient avec du sang qui coule d une plaie... Enfin je ne suis pas docteur mais ça me semble louche tout de même. Alors ? Tu te souviens de ce qu'il s'est passé toi dans l'infirmerie ?"

A la dernière phrase de Katla, Borg eut un léger sourire, visiblement il n'avait pas écouter les conseils de quelqu'un qui connaissait le patient, et qui plus est, il n'avait rien fait pour sa blessure, drôle de médecin, la reconversion en boucher devrait peut-être s'imposer comme une nouvelle voie pour lui.

*Enfin bon, après tout ce n'est plus mon problème, à l'avenir je dois juste éviter de retourner là-bas.*

Pour répondre à la question de Katla, Borg répondit de la même voix toujours aussi glaciale, mais avec une once d'amusement perceptible dans celle-ci :

"Disons que je ne lui ai rien fais moi même. J'étais en train de discuter avec le monstre, je l'ai revu, et à un moment je me suis senti bizzare, et Noctarian s'est énervé. J'ai entendu une voix qui me parlait, probablement celle du docteur. A ce moment là, je n'étais plus que spectateur, la pièce est devenue ténébreuse, tout était noir, et il faisait froid, pas autant pour moi que pour le docteur visiblement, car je ne sentais rien et lui a commencé à se recroqueviller sur lui-même. Puis il a fait un truc bizzare et a reussi à fuir."

Borg se rappelait le visage plein de terreur de l'infirmier, mais après tout, il n'était pour rien dans cette agression et pour lui tout cela était déja deriere lui. C'est alors qu'il reprit la parole :

"Tu dis qu'ils étaient tous prêt à mourrir pour la faculté?" Borg ne prit pas une autre expression que celle qui était la sienne, et d'une voix grave ajouta :"Je ne sais pas si tout ceux qui ont dit ça le pensaient vraiment, certains l'ont peut-être dit sous l'influence de leur impulsivité, d'autres le pensait vraiment car ils sont déjà attachés à cet endroit, et ce que je pense pour ma part, c'est que beaucoup l'ont dit car ils ont une idée derière la tête. Pour moi, ceux qui se lancent dans la bataille sans connaitre les raisons, les enjeux et tout ce qui est important sont des idiots ou des intéressés. Beaucoup doivent vouloir utiliser cette faculté pour se venger, et leur but doit rejoindre celui de Fraust qui pour le moment est : Vivre tranquille loin des humains. Mais mourir pour défendre le fait que l'on a le droit de vivre est selon moi une utopie digne des philosophes les plus lâches."

Marquant une pause, Borg reprit son récit :

"Je ne donnerai ma vie pour personne, je ne sais d'ailleurs pas à quoi elle peut servir, si ce n'est à controler le monstre qui est en moi. Qu'ils meurent tous pour une idée, qu'ils vivent pour la préserver, cela ne me regarde pas. Ma vie est vouée à mon pouvoir, si je l'utilise, ce sera pour moi, et les personnes qui me sont chères, et pour le moment, cette faculté et ses occupants n'en font pas partie. S'il faut jeter un outils pour avancer, alors je le ferai sans hésiter."

Regardant Katla droit dans les yeux, le jeune adepte des ombres lui demanda d'une voix franche et qui voulait poser une évidence :

"Lors de l'entretien, comment as-tu trouvé Fraust? Il a caché des choses à son personnel, mais certaines choses doivent être dévoilées dans une affaire comme celle-ci. Crois-tu que quelqu'un qui cache des choses essentielles à des gens pret à risquer leur vie ait une vision des choses différente de la mienne?"

Le regard de Borg s'accentua la regardant de ses pupilles noires comme la nuit, il attendit sa réponse.

Katla écoutait attentivement son ami. Ce qu'il lui dévoilait ne la surprenait pas, elle s'était doutée qu'il reverrait le démon. Mais apparemment celui-ci avait maintenant un nom : Noctarian. Borg avait prononcé ce nom d'une manière tout à fait naturelle, comme s'il l'avait toujours su. Ils devaient être de plus en plus proches tous les deux. C'était une très bonne chose, Borg pourrait ainsi avoir de plus grands pouvoirs si Noctarian le laissait faire. Il allait devenir puissant et il pourrait ainsi lui servir à beacoup de choses. Il pourrait l'aider dans sa quête de vengeance.

En ce qui concernait Fraust, cela avait l'air de l'avoir tout autant surpris qu'elle même. Sa façon d'agir nétait pas du tout ce à quoi elle s'était attendu d'un puissant mutant comme lui, qui en plus prenait la responsabilité de tant de ses semblables. Elle voulut en faire part à l'adolescent.

"Et bien en ce qui me concerne, je pense que Fraust est effrayé et débordé. Il s'attendait sûrement à quelque chose de ce genre mais pas si tôt. Après tout, si nous avons réussi à trouver la Faculté alors pourquoi pas les ennemis de notre Recteur. Du moment que l'information est rendue publique, on peut s'attendre à tout. Je ne comprends toujours pas comment il n'avait pas pensé à ça. Ou alors il y avait pensé et il a pris quand même le risque. Pour moi, ce n'est pas normal de savoir que l'on met la vie de beaucoup de personnes en danger sans en ressentir une pointe de honte. Il ne semble même pas savoir en qui il peut avoir confiance ici, à tel point qu'il cache des choses essentielles aux personnes qui veulent l'aider. Je trouve cette situation très louche et je ne souhaite pas m'en mêler. J'ai mais propres soucis. Et ils sont assez nombreux comme ça. Bon je pense qu'il faudrait que tu ailles prendre une douche et qu'on se bouge un peu tous les deux. On en va pas rester ici toute la matinée."

Borg acquiesca à la proposition de son amie, entre tout, une douche ne lui ferait pas de mal, et cela permettrait de nettoyer la blessure qu'il avait au bras. Il prit donc ses affaires et se dirigea vers la douche.
Quelques minutes plus tard, il revint tout habillé, et le seul indice qui indiquait sa récente douche était ses cheveux mouillés. S'asseyant sur le lit, il répondit à Katla :
" Je ne sais pas comment il pense ce recteur, et pour être franc je pense que cela ne nous concerne plus. Mais si un jour ses secrets nous retombent dessus, nous n'aurons qu'à montrer à quel point ça nous déplait. Tu voulais aller te promener? bon, ça me va. On va où?"

Katla n'arrivait plus à tenir en place. Elle en avait marre d'avoir mal et elle n'avait jamais supporter, du plus loin qu'elle se souvienne, d'être souffrante. L'adolescente n'était pas du style à ne plus bouger à cause d'une blessure. Il ne lui tardait déjà qu'une chose : reprendre l'entraînement. Elle ne pourrait certainement pas courrir, ou faire ce qu'elle avait fait à son dernier entraînement, mais elle pouvait toujours se servir de son pouvoir. Elle le sentait bouillir en elle, prêt à s'exprimer. Il lui tardait de voir ce qu'elle était capable de faire, de s'améliorer, de devenir encore plus forte et de le maîtriser beaucoup mieux. Katla savait très bien où elle voulait se rendre, mais son ami en était-il capable ? Il venait de sortir d'un coma et avait perdu pas mal de sang. Mais tant pis, il était assez grand pour lui dire s'il s'en sentait la force ou pas.

"Moi je voudrais aller m'entraîner. Il est assez tôt et ce sont des bonnes heures pour la maîtrise des pouvoirs. Je pense que ce serait l'idéal. On sort d'un combat. Nos pouvoirs ont du s'en ressentir. Je veux voir ce que ça donne maintenant."