[HGM] Entretien avec Scott Lorrington

Walter avait prévenu le directeur de l'arobase et à présent il le guidait en direction de la loge du secrétaire général. Il frappa et fit signe à Scott Lorrington d'entrer.

Lorrington venait de quitter Easton pour suivre cette personne. Un signe de l'ONU sur la veste, donc un employé de l'ONU. Bien, qu'est ce qui pouvait être tellement important au point de se cacher des autres et d'interrompre un discours entre deux directeurs d'entreprise ?

-Bien... Que se passe-t'il ?


[Aucune inspi]

Conrad était entrain de regarder, encore une fois, la télévision. Une chaîne d'information en continu. A croire que rien dans le monde n'était plus important que ce colloque. Ils ne parlaient que de ça.

Le secrétaire général commença, sans même se retourner.

-Ah. Je vous attendez monsieur Lorrington.

Il se retourna pour regarder son interlocuteur dans les yeux. Puis fait quelques pas pour se rapprocher de lui et tendit la main.

-C'est une véritable joie de vous rencontrer enfin. J'ai déjà eu un contact avec un membre de votre entreprise, votre... vice directrice il me semble.

Conrad jeta un regard à Walter, qui comprit tout de suite qu'il était temps de sortir.

-Il est vrai que ça ne s'est pas très bien passé. Nous étions tous les deux peu disposés à parlementer. Du moins je ne l'étais pas. Pourriez vous lui transmettre mes excuses ?

Conrad se dirigea vers un des moelleux canapés en cuir et fit signe à Lorrington de l'imiter.

-Asseyez vous, je vous en pris. Ce n'est pas pour ça que je vous ai fait venir. Vous vous en doutez bien. Qu'avez vous pensé de mon discours. En toute honnêteté.

Conrad dévisagea le jeune directeur en attendant la réponse.

Scott vit enfin en privé von Orange Nassau, et lui serra la main vigoureusement. Il en ressentit un flux un peu froid qui désignait la mise en action de son pouvoir. Ca pourrait toujours servir, non ?

-Ma vice directrice ? Mlle Drakan ?

Une discussion ? Avec Nyd ? Mais... en quel honneur ? Elle n'avait rien rapporté de tel à son bureau, pas l'once d'une ombre d'une quelconque rencontre avec v.O-N... Là, il y allait avoir du grabuge dès le retour à l'@, pour sûr.

-Pas de problème.

Ca devait être ca son état bizarre, son départ précipité et ses humeurs changeantes. A tout les coups, vu la diplomatie à toute épreuve de Nyd, elle avait foiré un truc et voulait le cacher à Scott, telle une petite fille cache un bétise à son papa. Et ben...
S'en suivait la question fatadique. Le discours. Il s'y attendait mais n'avait pas reellement prit le temps d'y réflechir. M'enfin...

-Votre discours ? Il m'a paru assez... comment dire ? naïf.

Aie, mot un poil trop fort. C'était pas inutile, mais surtout très naïf de sa part. On sait que la diplomatie y joue un role énorme, qu'il faut faire le politiquement correct, etc, etc... Mais bon... Il nous prenais pour des gosses.

-Vous reunissez des personnes haut placées autour d'une chose: les mutants, et vous passez les 3/4 du discours à répeter que les mutants sont des humains, avec les mêmes défauts, les mêmes droits, les mêmes qualités, les mêmes devoirs... A part qu'ils sont potentiellement plus dangereux.

Il marqua une pause et tenta de comprendre la réaction muette de Conrad. Il reprit tout de go.

-En revanche, ce colloque était necessaire. Mais je voit dans votre discours que votre idée des mutants est deja toute tranchée.

-Ah oui ? Intéressante analyse monsieur Lorrington.

Conrad appuya son dos sur le dossier du canapé, d'un air détendu. Le tour de la conversation ne l'intéressait pas. On ne parle pas politique avec un chef d'entreprise comme on ne parle pas de haute couture à un charpentier moyen.

-Mais ce n'est pas pour parler politique que je vous ai convié ici. Non évidemment... J'ai eu vent de vos activités, dans votre entreprise. A l'Arobase.

Conrad dévisagea le jeune directeur.

-Et elles nous intéressent beaucoup. L'ONU et moi. Certains pays membres du Conseil de Sécurité y ont vu une occasion rêvée de pouvoir retirer leurs troupes des Casques Bleus. Et j'ai tendance à être de leur avis. L'Organisation des Nations Unies à besoin de vos clones monsieur Lorrington. D'un grand nombre de clones. D'une armée de clones. Indépendante, soumise à la seule ONU, entraînée.

Le Secrétaire Général attendit la réaction de Lorrington. Oserait-il passer à côté d'un tel contrat ?

-Nous en avons largement les moyens. Ce contrat vous intéresse-t-il monsieur Lorrington ?

Une armée de clones ? Ma foi... L'offre semblait alléchante. Le hic restait le temps et les besoins matériels.

-Je ne doute pas que vous soyiez riches, mais...

Un clone seul coute une fortune. Alors une armée ! Et puis, on ne créé pas la matière comme ca ! Faut un certain nombre de choses pour créer un clone. Créer un clone, on peut. La limite actuelle de clones, limitée par les ressources dont l'@ dispose est posée à 230.

-Créer un clone prend du temps. Environ 5 mois pour un seul clone, 2 mois en acceléré. Je peux vous refiler une armée de bambins si vous voulez... mais pas de soldats.

Il s'arreta un moment. Peu importe comment il savait ce que l'on faisait vraiment à l'@. Peu importe qu'il fasse fausse route sur les possibilités de l'@. En revanche, apporter une grosse somme d'argent... Ca va etre cool, ca. On a justement 7 projets en attente qui feraient de l'@ la plus grosse entreprise mondiale. Mais 7 projets chers.

-Monsieur Lorrington, comprenez bien, mes moyens sont presque illimités. Je ne demande pas des clones dotés d'une faculté intellectuelle élevée. Il me les faut juste assez intelligent pour comprendre un ordre et l'exécuter. L'ONU manque d'une force de frappe conséquente, et les pays membres rechignent à envoyer leurs propres troupes en mission. Il nous faut une force militaire indépendante, sous le contrôle unique de l'ONU.

Conrad s'arrêta quelques instants. Peut-être qu'il avait un peu sur-estimé l'@. Dans ce cas il faudra la neutraliser avant qu'elle atteigne ce niveau technologique. Il vaudrait mieux.

-J'ai entendu parlé de certains de vos travaux scientifiques. Une grande partie de ce que j'ai entendu est très probablement faux, mais vous savez, le mensonge repose sur une partie de vérité. Je suis certains que vous serez bientôt capable de lever une armée de clone, monsieur Lorrington. J'en suis sûr.

Scott changea d'attitude. Rien ne l'obligeait à céder une armée à une puissante riche mais non soutenue. Après tout, dans ce stemps modernes, qui se soucie de l'ONU ? Et puis Kazun n'a rien à craindre d'eux, en tout cas.

-C'est possible.

Laisser le doute, laisser espérer. Faire le flou sur l'Arobase est ce que Scott savait faire de mieux. Au final, l'Arobase avait rassemblé beaucoup de fonds, pas assez pour lever une armée, mais assez pour inquieter du monde. Y compris cette "force de paix" qui a beson d'une armée de stupide.

-Laissez moi y réflechir, et je vous recontacte sous peu.

Il se leva de sa chaise et tendit la main vers Orange-Nassau pour le saluer avant de sortir du bureau.