[New York] Après un long voyage pour un congrès... Long!

La jeune femme courait à perdre haleine au milieu des passants épars, tâchant du mieux possible de les éviter pour ne pas être ralentie, mais n’hésitant à les bousculer brutalement lorsque c’était nécessaire. Ne pouvant résister à une impulsion, elle regarda à nouveau derrière elle alors qu’une sirène de police se fit entendre dans le lointain. Karl prenait de la vitesse en bousculant sans ménagement les passants sur son chemin, manifestement bien décidé à mettre la main sur la jeune femme. Elle tendit son bras armé dans la direction du grand norvégien, mais ne pu se résoudre à tirer. Déjà, elle risquait de blesser ou tuer des innocents dans cette foule, ce qu’elle préférait de loin éviter, mais surtout, elle n’avait pas envie de faire du mal à ce gros nounours qui lui avait semblé si sympa.

Elle du donc se résigner à ranger son pistolet, et à courir. Mais elle perdait de plus en plus de terrain. Elle tourna un angle pour emprunter une rue transversale mais eu la mauvaise surprise d’y trouver quelques hommes du SWAT qui y arrivaient depuis l’autre côté. Alors elle fit immédiatement demi-tour, jurant comme un charretier, passant à moins de deux mètres de Karl qui la rattrapait. Mais elle ne s’arrêta pas au niveau du trottoir et tenta le tout pour le tout.

Paniquée, elle s’engagea sur la chaussée au pas de course et traversa entre les voitures qui s’arrêtaient au dernier moment dans de grands crissements de pneus, y ajoutant par la même un concert de klaxons et d’injures peu variées. Elle avait presque atteint le trottoir d’en face quand une grosse voiture noire aux vitres fumées déboula et accéléra sur elle dans la manifeste intention de la renverse.

Mais au dernier moment, le véhicule fit une embardée dans un grand coup de frein, montant à moitié sur le trottoir tout proche et bloquant la route à Mélodie qui, prise dans l’élan de sa course, ne put s’arrêter à temps et était bien partie pour percuté la voiture. Et cela aurait été préférable car, juste avant que la voiture ne stoppe sa course folle à quelques dizaines de centimètres de la jeune, la portière avant s’ouvrit alors que le véhicule était encore en mouvement, percutant Mélodie violement et l’envoyant s’aplatir sur le bitume à trois mètres de là. En somme, la voiture lui avait balancé un coup de portière avec élan, fortiche !

Sonnée, la jeune femme se tortillait par terre, son champ de vision réduit par de larges marges noires, ses oreilles bourdonnant comme si elle avait une ruche dans le crâne qui ne cessait de tourner en tous sens. Mais malgré cela, elle chercha encore à ramper comme elle le pouvait en direction de sa boîte, qui lui avait échappé dans la collision et était retombée au milieu de la chaussée dans un bruit métallique. Seulement elle ne put aller bien loin. Alors qu’elle tendait désespérément un bras vers son bien le plus précieux, encore largement hors de sa portée, un pied chaussé de cuir et surmonté d’un pantalon bleu nuit vint lui écraser le poignet contre le bitume froid et rêche pour l’empêcher de bouger.

C’était l’agent d’Interpol qui était sortit de la voiture et contemplait à présent sa proie avec hauteur. Il semblait vraiment très fier de lui, et de sa capture.

" Mélodie Favre, dit-il fier et moqueur. Tu cours vite, mais je cours bien plus vite encore. Cela fait combien d’année ? Trois ? Quatre ? Quelle importance après tout ? Quand je pense qu’il a fallu que tu sortes de ton trou pour qu’on te débusque enfin ! Où te cachais-tu depuis tout ce temps ? "

Étourdie, la jeune femme compris à peine ce qu’il disait, et était bien incapable de répondre. Des larmes de frustration perlèrent à ses yeux. Elle était finie ! Après avoir survécu pendant des années, elle venait d’être capturée et elle finirait exécutée. Car elle avait toujours su, depuis la mort de ses parents, qu’elle ne serait jamais jugée si elle était attrapée. A moins que le gouvernement ne souhaite profiter de ses actions explosives pour attiser encore d’avantage l’a haine à l’encontre des mutants. Seulement elle doutait que les dirigeant prennent un tel risque. Elle connaissait des choses qu’ils voulaient grader secrètes, et il ne la feraient pas comparaître au risque de les voir divulguées.

Pour elle, c’était la fin de la course. Si au moins il pouvait la tuer ici, en pleine rue, devant les badauds qui s’amoncelaient sur les trottoirs… Un mutant exécuté sommaire en public, voilà qui ferait scandale, voilà qui remettrait en cause le système et qui ferait peut-être bouger les choses. Mais c’était un agent d’Interpol, il n’était pas stupide. Elle devinerait que cela se passerait silencieusement et discrètement, dans un endroit tranquille et sans témoins.

Alors que l’espoir la fuyait comme de l’eau entre ses doigts, une larme glissa sur sa joue jusqu’au béton insensible et glacé, à l’image de ce monde.

La jeune femme lutta pour ne pas se briser sous la vague de désespoir qui la submergea lorsque sa situation devint inextricable. Céder ne mènerait à rien sinon à sa perte et elle ne le voulait pas. On dit que les gens voient leur vie défiler devant leurs yeux lorsqu’ils sont sur le point de mourir. Bien que Mélodie ne soit pas immédiatement et irrémédiablement menacée de mort, elle revécu pourtant, en une fraction de seconde, une foule de souvenirs de sa vie remontant à son esprit dans le chaos le plus totale, sans la moindre logique.

L’évidence lui apparut alors comme une image à la surface agitée d’un lac qui deviendrait soudain aussi plane qu’un miroir. Elle n’avait même plus de vie. Depuis ses seize ans, depuis la mort de ses parents, elle ne vivait plus. Elle errait dans un monde où elle avait perdu sa place, un monde qui rejetait son existence. Depuis tant d’années, elle ne cessait de se révolter contre cette injustice sans jamais se laisser aller à accepter les faits. Sa vie s’arrêtait à ses seize ans, après, il n’y avait que du vide, un monde peuplé de vide dans lequel elle se sentait comme une étrangère, une exilée.

Voilà bien des années qu’elle n’accordait plus sa confiance à personne, qu’elle se méfiait de tout et de tout le monde, et qu’elle regardait constamment par-dessus son épaule. Et tout ça pour en arriver là ! N’aurait-il pas mieux valu dans ce cas se laisser tuer avec ses parents et trouver la paix dans la mort au lieu d’arpenter ce monde comme un fantôme ? Le but qu’elle avait toujours suivit avec acharnement lui semblait à présent ridicule, sans consistance, ce n’était qu’une fuite en avant pour échapper à la réalité, pour échapper au poids du passé.

A présent, c’était terminé. Deux hommes du SWAT la relevaient sans ménagement, lui tenant chacun un bras. Mais alors que l’agent d’Interpol la lorgnait avec un satisfaction évidente, la satisfaction du travail accomplit, le regard de la jeune femme tomba sur sa grande boîte noire à quelques mètres de là, même pas éraflée par sa chute sur la chaussée. C’était là tout ce qu’il restait de précieux dans sa vie, tout ce qu’il restait de sa famille, de son passé d’avant, tout ce qu’il restait d’elle. Alors elle vit les deux hommes, Karl et Spectro approcher et se concerter sans qu’elle puisse entendre. Il n’était peut-être pas trop tard pour revenir à la vie avant de mourir pour de bon, pas trop tard pour réapprendre à compter sur les autres afin que perdure dans la mémoire du monde le souvenir d’une famille crée de toutes pièces puis anéantie.

C’était la dernière chose qu’elle pouvait faire, le dernier acte de sa vie, et le premier qui ait véritablement un sens depuis des années. Luttant contre les larmes qui débordaient de ses yeux, elle regarda Karl. Il lui avait semblé être un homme bon, intègre et gentil. Il était la meilleure personne pour ça. Alors elle éleva la voix pour couvrir les bruits alentours.

« Prenez ma boîte ! Ne les laissez pas disparaître avec moi ! »

Elle était bloquée, elle ne pouvait rien faire de plus. Alors qu’elle se laissait entraîner à l’intérieur de la voiture noire aux vitres fumées, elle se dit qu’il y avait peu de chances pour que Karl ouvre la boîte, dotée d’un verrou particulièrement sophistiqué, difficile à ouvrir même avec le mot de passe car celui-ci n’était qu’un indice et non la clef. Et de toute manière, elle était la seule à le connaître. Oui, cette boîte resterait fermée, mais la jeune femme espéra qu’elle ne tomberait pas entre des mains malvenues.

Mélodie avait déjà perdu tout espoir de survie alors que la voiture officielle l'emmenait. La tête lui tournait désagréablement et son champ de vision se rétrécissait à la taille d'une serrure. Des sons lui parvenaient encore, assourdis, ténus, comme de loin. Elle ne perdit conscience que lorsque quelque chose vint heurter la voiture de l'avant, traversant le pare-brise.

La jeune se réveilla dans un lit moelleux, confortable, aux draps doux et à la bonne odeur de propre. C'est la première chose dont elle eu conscience en revenant progressivement à elle : cette odeur de draps propres, incomparable. Puis d'autres informations affluèrent, le support moelleux sur lequel elle reposait, qui lui donnait l'impression de voler, le silence presque assourdissant de la pièce, le toucher soyeux des draps qui l'enveloppaient, la lumière qui traversait ses paupières. Tout cela fit revenir son esprit à un niveau de conscience favorable au réveil. Elle ouvrit les yeux.
Elle se demandait où elle était et comment elle y était arrivée. Essayant de remonter le cours du temps, elle se souvint avoir pris l'avion pour aller à New-York, d'avoir assisté à un rassemblement anti-mutants vraiment barbant. Ensuite, elle avait rencontré le géant et son étrange amis, ils étaient allés prendre un verre dans un petit restaurant et ensuite...

LE SWAT !!! Avec à leur tête un agent d'Interpol, ils avaient déboulé dans les lieux et s'étaient lancé à la poursuite de la jeune femme à travers les rues de la ville. Et ensuite ? Elle se souvint d'une collision avec une voiture, d'une supplication concernant sa grande boîte. La voiture l'emmenait vers sa mort. Après, plus rien. Elle était incapable de dire comment elle avait échappé à ces gens, si même elle leur avait échappé. Elle ne savait pas du tout comment elle s'était retrouvée dans cette chambre. Elle avait donc beaucoup de questions sans réponse, alors qu'elle fixait le plafond blanc au-dessus d'elle.

Elle se redressa sur ses coudes pour examiner l'endroit. C'était une chambre toute simple, manifestement une chambre d'hôtel étant donné la disposition. Il y avait deux lits couverts de draps blancs et une petite table de chevet surmontée d'une lampe à côté de chacun. De l'autre côté de la pièce, une télévision, allumée mais muette, trônait sur une simple étagère d'angle. Près de la porte d'entrée, une autre porte fermée donnait probablement sur la salle de bain et les toilettes. La pièce était vide de toute autre présence humaine que la jeune femme.

Assise dans le lit, le regard de Mélodie tomba sur l'écran de télévision qui diffusait les informations, montrant les images d'une voiture noire aux vitres fumée en très mauvais état, le pare-brise explosé et l'avant enfoncé. Elle s'empara de la télécommande sur la table de chevet à côté de son lit et monta le volume pour entendre les commentaires du journaliste.

" ... s'est produit hier dans l'après-midi sur Main Street. Le conducteur aurait apparemment perdu le contrôle de son véhicule qui est allé s'encastrer sur un poteau après avoir défoncé une borne à incendie. On ne déplore aucune victime mais le conducteur a été hospitalisé. Plusieurs témoins affirment avoir entendu des coups de feu quelques secondes avant l'accident, mais les autorités affirment qu'il s'agit du bruit des pneus de la voiture qui ont explosés. Le trafic a été perturb... "

Mélodie coupa la télévision. Elle avait pourtant reconnu la voiture, et l'endroit correspondait, de même que le moment. Elle n'avait aucune idée de ce qui avait put se passer, mais elle était certaine que l'affaire avait été étouffée. Aucune mention de l'agent d'Interpol ou des SWATs présents sur les lieux. Il semblerait que quelqu'un de haut placé n'avait pas envie de voir cet incident ébruité. Mais pour quelle raison ? Les informations qu'elle détenait peut-être ? Quoi qu'il en soit, ce serait peut-être un avantage pour elle si ce quelqu'un préférait que les choses se passent discrètement.

La jeune femme se sentait fatiguée, davantage mentalement que physiquement. Elle était fatiguée de fuir et se cacher sans cesse pour échapper à une mort délivrée injustement à cause de ce qu'elle était. Elle se laissa retomber sur son oreiller et laissa aller son regard sur le plafond uni. Que faire à présent ? Qui était son sauveur et que lui voulait-il ? Ne vaudrait-il pas mieux filer avant qu'il revienne ? Après tout, il n'était pas impossible qu'on l'ait sortie d'un nid de guêpes pour la mettre dans un nid serpents. Que faire ?

[Désolé Mélodie, désolé Jack, sérieusement, j'avais juste complètement oublié et je n’ai pas eu beaucoup de temps pour vivre ces temps-ci... Bon, j'ai pas trop d'excuse... mais bon, pardonnez-moi!]

Beaucoup de chose c'était passé en peu de temps, Karl, trop confus pour faire quoique ce soit pour agir, était resté figé sur place et c'était contenté de se battre avec lui-même. Un côté disait d'aller détruire la gueule des agents de SWAT et du mec d'Interpol et l'autre disait: Non! tu va perdre ton poste et tu aura plus de travail, tu va le regretter je te le dis! En bout de compte, il n'avait pas fait grand chose, surtout que depuis un bon moment, cette Mélodie lui disait quelque chose et il n'arrivait pas à la replacer. Machinalement, il prit des mains la grosse boîte de Mélodie quand pour lui, ce fut le flash éblouissant. C'était une des jeunes filles du crash d'avion! Oui! Maintenant il se rappelait où il l'avait vue,trop content, il fit sa constatation à Spec qui en un déclic presque instantané, lui dit d'aller l'attendre en l'hôtel. Laissant Karl sur le bord de la rue avec le grosse boîte dans ses mains... Quel con! Il aurait du anéantir ses agents de SWAT quand il en avait eu l'occasion, maintenant c'était Spectro qui aurait tout le bon plaisir de faire cela...

Jurant en Norvégien pour lui-même, il se dit que de rester sur les lieux de "l'accident" pourrait porter les autres à penser qu'il était le responsable des coups de feu. Alors, la tête basse, la grosse boîte noire en bandoulière sur son épaule comme un sac à dos, il entama la marche vers l'hôtel, qui heureusement, ne se trouvait pas trop loin d'ici.

Finalement, il arriva dans sa chambre et mit la boîte debout, accoté sur un mur. En silence, il s'assisa sur un lit, la tête dans la main et se maudit de ne pas avoir agit et d'avoir fait le con qui ne sait pas quoi faire. Dans son travail, ce genre d'attitude était inacceptable! Il se promit alors, que ce genre de truc n'arriverait plus jamais. Karl s'inquiétait pour Spectro 3 et espérait qu'il n'était rien arrivé qui pourrait mettre en danger la vie de Mélodie et le bon fonctionnement de son processeur (de Spectro évidemment). Plus tard, le Cyborg arriva dans la chambre, avec la jeune dame évanoui dans les bras, se levant aussi vite que l'éclair, le Norvégien alla cueillir sa nouvelle protégé dans les bras du robot et la mit dans un lit.

Soulagé, il se tourna vers Spectro et dit:

- Écoute Spec... je suis désolé, j'ai pas agis, j'ai rien fait, je suis un innocent, j'aurais du agir, elle avait besoin de moi, de nous et il a fallu que tu fasse tout, tout seul, je suis désolé vieux... Ça n'arrivera plus et j'ai bien l'intention de me rattraper..

Suite à cela, il se gratta la tête... mal alaise et reprit par après:

- Bon heu.. C’est ça, toute cette histoire ma prit mon énergie, je vais dormir un peu et en plus, j'ai faim, très faim! Mais bon, chaque chose en sont temps.

Sur cette phrase, le gros Norvégien se laissa tomber sur le lit et à peine avait-il fermé les yeux que notre gros Grizzly national s'endormit sans demander son reste... Sans vraiment s'en rendre compte, il passa la nuit entière à dormir, ce qui lui fit un grand bien, sauf pour son estomac qui avait encore plus faim... Au petites lueurs du matin, il se réveilla encore dans la même position, habillé et avec l'énorme envie de prendre une bonne douche, ce qu'il fit dans les délais les plus bref...

En route, il déboutonna ça chemise et s'en alla dans la salle de bain. Après un bon 20 minutes de douche intensif, Karl se sentit revivre, que ça fait du bien! Pendant ce temps, Mélodie avait dormir un peu et se réveilla. Le gros Norvégien, qui avait momentanément oublier la jeune femme évanoui, sorti dans la salle de bain, avec seulement une serviette de bain autour de la taille, révélant ainsi sont corps très massif, mais très poilu! Quel horreur ou bonheur...? Peu importe... L'esprit ailleurs, il avança dans la pièce, sifflotant, quand il aperçu du coin de l'oeil une Mélodie, pas trop sûr de ce qu'elle voyait. Soudainement alarmé, Karl laissa échapper un cri de surprise et se réfugia dans la salle de bain laissant échapper au passage un furtif:

[Anglais] - Désolé!!

Bravo champion! C'était la phrase qu'il n'arrêtait pas de se répété, elle qui est déjà traumatisé par ce qui c'est passé tout à l'heure, tu sors à moitié nu de la salle de bain, elle va te prendre pour quoi maintenant? Un pervers sûrement! Le pire, c'était qu'une fois habillé, fallait bien qu'il sorte quand même... Jurant en toujours en Norvégien, il finissa alors de faire sa "toilette" et cette fois, il prit la peine de mettre sa chemise pare balle sous ses vêtements et son arme caché sous son t-shirt d'Ensiferum, on était jamais trop prudent, surtout depuis les derniers évènements...

Plus tard, et toujours aussi mal alaise, il sortit de la chambre de bain... ne sachant pas trop quoi dire, il vit alors que la télé était allumé et que Shinomori l'écoutait, décidément il n'a pas fallu beaucoup de temps aux médias pour parler de ce qu'il venait ce passer. Un accident d'auto, des pneus qui éclatent pour justifier les coups de feu, n'importe quoi... Histoire de détendre l'atmosphère et d'oublier ce qui venait de ce passer, le policier disa à haute voix:

- Décidément, il y a quelqu'un qui tient à ce que la vrai histoire soit caché... c'est pas nécessairement bon signe...

Le réveil dans cette chambre inconnue s'était fait tout en douceur, mais la suite des évènements promettait d'être moins tranquille. C'est à la surprise de le jeune femme qu'un grand poilu norvégien sortit de salle de bain avec pour seul vêtement une serviette autour des reins. A voir la réaction du grand bonhomme, il était aussi surpris qu'elle. Ce n'était donc pas lui qui l'avait mise là, mais qui alors ? Et si ce n'était pas lui, que faisait-il ici ?

Toutes questions qui restèrent sans réponse alors qu'il disparaissait à nouveau dans la salle de bain. C'est alors que Spectro, l'ami si particulier de ce si particulier norvégien, entra en scène à son tour, parlant son japonais parfait, sans le moindre accent. Mélodie se doutait même que Spectro parlait japonais mieux qu'elle-même qui y était née. Enfin bon, quoi qu'il en soit, elle s'assit dans le lit et pris le verre de jus d'orange, appréciant particulièrement l'attention. Elle ne remarqua même pas le bruit pourtant singulier qu'avait émit Spectro en se penchant. Il n'y avait rien de tel qu'un jus de fruits bien frais pour reprendre des forces et lui enlever cette sensation pâteuse de la bouche, et à cette seconde, rien d'autre ne comptait à ses yeux. Elle en vida la moitié d'une seule traite avant de s'interrompre pour dire :

" Arigatô. " (merci)

Puis elle fit un sort au reste du jus de fruit sans laisser à ce dernier le temps de protester. La jeune femme ne dit rien lorsque Spectro fit un trait commentaire qui se voulait amusant concernant la tenue de son compagnon au sortir de la douche et se contenta de baisser le nez sur son verre. Le grand bonhomme fit à son tour un commentaire concernant cette fois les évènements de la veille et la façon dont ils étaient relatés dans les médias, commentaire qui ne fit que mettre Mélodie un peu plus mal à l'aise.

C'était une situation épineuse. Que quelqu'un veuille étouffer l'affaire la concernant n'était pas vraiment grave en soit, ce qui l'inquiétait, c'est que ce quelqu'un avait le pouvoir de museler les médias, et ça c'était déjà beaucoup plus grave. Et en plus, deux inconnus qui se trouvaient là plus ou moins par hasard étaient embarqués dans ses histoires, ce qui lui inspirait une certaine culpabilité. Raison pour laquelle le fait que Spectro demande des explications, pour ne pas dire exige, ne l'aidait pas à se sentir mieux. Elle serait obligée de leur mentir pour les tenir éloignés de tout ça. Elle se laissa retomber sur son oreiller avec un soupir alors qu'elle pesait ses mots et les sélectionnait avec soin.

[Anglais] " Il semblerait que les autorités (in)compétentes ont refilé une affaire qui les ennuyait à une autorité supérieure. "

Elle n'en dit pas d'avantage. Elle se doutait bien que ça ne suffisait pas et qu'ils réclameraient inévitablement davantage de détails, mais elle n'avait envie d'impliquer d'autres personnes dans ses affaires. Surtout que si ces deux là apprenaient qu'elle était une mutante, ils pourraient très bien la livrer à Interpol ou même la tuer de leurs propres mains. Et puis elle était une terroriste, c'était un fait. Elle fabriquait des bombes et les faisait exploser, elle n'était pas une personne fréquentable. Elle s'en sentait d'autant plus coupable que c'était manifestement Specrto qui l'avait tirée de son mauvais pas, à tel point qu'elle ne pensa même pas à se demander comment une personne seule avait pu accomplir un tel exploit.

Elle tourna la tête du côté de la fenêtre pour ne plus voir Spectro ni Karl et avisa soudain sa boîte posée là contre le mur. Elle se leva du lit, gardant le drap autour d'elle pour cacher sa nudité, et posa sa boîte à plat sur le sol. Puis elle actionna le mécanisme compliqué et l'ouvrit, de manière à ce que les deux autres ne puissent pas voir ce qu'elle contenait, pour vérifier qu'il ne manquait rien. Rassurée, elle retourna s'asseoir sur le lit et laissa échapper un nouveau soupir. Sans regarder ses deux sauveurs, elle dit :

[Anglais] " Moins vous en savez et mieux ça vaudra. Je vous remercie de m'avoir aidée, mais il vaut mieux que vous oubliiez que vous m'avez rencontrée. "

Elle avait beau espérer qu'ils se contenteraient de ça et qu'ils ne fouilleraient pas d'avantage, elle se doutait bien que ça ne leur suffirait pas. Ils avaient risqué leur vie et leur place, il était naturel qu'ils ne se contentent pas d'un "merci et au revoir". Elle ne le ferait pas non plus à leur place. Elle ferma les yeux et se résigna à entendre des questions supplémentaires.

[Donc, au Diable les priorités : tu répondra quand t'en aura envie, Karl, me dis pas que tu as pas le temps, tu l'as, ces derniers temps Y'en a qui ont des envies de RP, alors tant pis ! ]

Le robot attendit tout d'abord que Karl parle. Laissons aux humains les problèmes d'humains. Mais le gros Norvégien fit un signe à l'Androïde pour qu'il s'en charge. Bien, d'accord...

Mélodie se laissa tomber sur le lit en soupirant et en attendant visiblement à ce que les forces de l'ordre présentes dans la pièce lui posent plus de questions. Or, elle ne voulait pas plus parler. Réaction paradoxale. Le robot fit quelques pas grinçants, s'approchant du lit de la jeune demoiselle et baissa la tête vers elle. Il feignit de prendre une inspiration ( feignit, parce qu'il ne peut pas respirer... vous comprenez ? ) puis laissa tout bêtement tomber :

[Anglais] - Écoutez, Mélodie. Vous savez qu'on ne se contentera pas de cette réponse. Élaborez un peu, s'il vous-plaît

Il vint ensuite à l'esprit du robot que l'appelation qu'il venait d'employer pour terminer sa phrase mentionnait dans son sens profond qu'il fallait que cela tente à la personne de le faire. S'il lui plaisait... enfin, bref, les termes mentionnaient plus ici, une marque de respect et de politesse, ainsi qu'une belle programmation ( pas une belle éducation, meh ! ) de la part de Spectro 3 plutôt que de laisser réellement le choix à Mélodie. Mais le robot chercha à aider la coopération de la demoiselle :

[Anglais] - Ne vous en faites pas, nous n'avons pas d'ordres ou rien de ce genre, Mélodie. Nous sommes ici pas pour vous capturer et vous rapporter à Interpol. Nous nous sommes servis de notre Jugement et de nos sens pour décider que celui qui devait être arrêté, hier, c'était la S.W.A.T. et non pas vous, parce que nous voulions des précisions et des explications. Donnez-nous en, nous jugerons ensuite de ce qu'il convient de faire.

Le robot ne se servait peut-être pas des bons termes pour la manipuler, mais il ne voulait pas la manipuler. Il voulait sa coopération, c'est tout. Il s'aggripa une chaise, qu'il s'approcha et s'installa au bord du lit, fixant intensément Mélodie de son regard d'acier noir des lunettes fumées. Il ne donnerait pas sa parole à Mélodie qu'ils ne la conduiraient pas en prison, si elle avait assassiné 15 personnes, mais il pouvait tempérer certains aspects ou encore, réagir aux ordres de Karl pour la laisser partir, et voila... bref, elle avait tout à gagner à parler et dire la vérité.

Mélodie laissa échapper un soupir comme Spectro confirmait ses craintes : il demandait des précisions. C'était prévisible, inévitable même, et la jeune femme le savait. Elle serait obligée de leur mentir, et cela ne lui plaisait pas, mais l'autre option n'était pas envisageable. Seulement trouver comme ça en quelques secondes une histoire qui tienne la route n'était pas si facile. Elle avait plusieurs histoires toutes prêtes dans son escarcelle, adaptées à différentes situations, pour différentes identités, mais aucune qui puisse expliquer pourquoi elle était recherchée par la police internationale. Elle était dans l'impasse. Tout ce qu'elle pouvait faire était de distiller quelques faits au compte-gouttes en espérant qu'ils s'en contentent, et en prenant soin de ne pas révéler ce qui devait rester caché.

" Je suis recherché par l'armée et les forces de l'ordre japonaises pour... certaines raisons. Et j'ai appris en même temps que vous qu'ils ont refilé mon dossier à Interpol. "

Ce fait particulier était déjà inquiétant en soit, être poursuivit par Interpol n'étant pas de tout repos. Mais la question qui se posait était " Pourquoi ? " Et la seule réponse qu'elle entrevoyait n'avait rien de réjouissant. La seule explication plausible était que ces autorités avaient fait le lien entre une jeune mutante échappée de chez elle après avoir massacré ses parents et plusieurs militaires, et le mystérieux terroriste des meetings anti-mutants qui avait tué des dizaines de personnes avec ses bombes. Dans l'un comme l'autre de ces faits, les autorités avaient elles-mêmes brodé la réalité pour donner de Mélodie l'image d'un terrible meurtrier sanguinaire. Mais quand un gouvernement décide qu'un mensonge devient vérité, alors ce qui était jusqu'alors la vérité devient le mensonge. Mélodie était à présent recherchée pour crime de mutanité, multiples meurtres et terrorisme. Jusqu'alors, c'était deux personnes différentes qui étaient accusées de tout cela, mais si à présent tout retombait sur une seule tête, elle allait être cherchée beaucoup plus activement. Non, cela n'avait vraiment rien de réjouissant.

Et elle ne voulait pas mêler Karl et Spectro à tout ça. Il est vrai qu'elle les trouvait sympathiques, mais surtout elle ne leur faisait pas confiance. Mélodie ne faisait confiance à personne, et surtout pas aux hommes. Elle était tout simplement incapable d'accorder à nouveau sa confiance, quand bien même elle l'aurait voulu. Certes, elle avait confié sa grande boîte aux deux norvégiens lorsqu'elle s'était faite interpeller, mais elle était persuadée alors qu'elle allait périr, ce qui changeait grandement la situation.
Mais pour l'heure, la jeune femme se sentait mal sous la pression inquisitrice qui régnait dans cette chambre d'hôtel et elle ne souhaitait plus qu'une chose : partir sans se retourner, loin des deux hommes et de tout le reste.

" C'est une affaire qui vous dépasse, vous feriez mieux de me laisser partir sans chercher à en savoir plus. Je vous ais déjà attiré assez d'ennuis comme ça. "

Ce qu'elle ne disait pas, c'est que malgré tout ce qu'ils avaient fait pour elle, elle ne leur faisait pas davantage confiance qu'à des étrangers. Elle se méfiait de tout le monde depuis cette terrible trahison bien des années auparavant et gardait ses secrets plus jalousement qu'une chatte garde ses petits.

Comme c'était prévisible, Mélodie ne s'en sortirait pas aussi facilement. Spectro, confortablement assis sur une chaise faisait mine de vouloir prendre racine et d'avoir tout le temps pour ça. Voilà à quoi cela l'avait mené d'endormir un instant sa prudence pour aller boire un verre avec des inconnus. Elle se retrouvait embarquée avec eux dans une histoire qui ne les regardait pas sans possibilité de leur échapper. Elle avait beau essayer de fuir, elle savait qu'elle n'y couperait pas à présent. Ce qui lui fut confirmé par Spectro qui prit se releva en grinçant. Cette fois, elle remarqua le bruit métallique fort peu habituel et regarda son interlocuteur avec des grands yeux surpris, et interrogatifs. Il pris ensuite place sur le lit de Mélodie et retira ses lunettes noires.

Pour le coup, le jeune femme ne put s'empêcher de sursauter, et dans sa stupeur, le drap qui lui servait à cacher sa poitrine nue lui échappa des mains. Elle le repris vivement et se recouvrit sans tarder avant de ramener son regard sur les yeux noirs de Spectro. Comme elle allait demander "Mais vous êtes quoi au juste ?! ", le robot repris la parole, coupant la question avant quelle ne sorte. Le jeune écouta le petit discours en essayant de se concentrer dessus. L'homme aux cheveux verts employait des mots qui lui semblaient incongrus : programmé ? données cryptées ? Programmes ?

C'était un robot, cela sautait aux yeux à présent, mais Mélodie avait du mal à l'accepter, tout en se demandant comment elle ne s'en était pas rendue compte plus tôt. C'était carrément la science fiction qui débarquait dans le présent, dans la réalité ! Et se manifester au chevet de la jeune femme abasourdie. Décidément, ce séjour à New-York n'avait rien de monotone !

En prêtant l'oreille aux paroles du robot, elle compris qu'il essayait de la rassurer pour qu'elle parle, pour qu'elle révèle ce qu'elle essayait de leur cacher. Apparemment, c'était une condition pour que le robot puisse prendre une décision sur ce qu'il convenait de faire de la jeune femme. Qui était dans une sacrée mer**. C'était un robot policier, et elle était une criminelle, une terroriste. Dès qu'il le saurait, il la livrerait aux flics de New-York et elle serait remise entre les mains d'une autorité supérieure qui tenait à la voir disparaître discrètement et sans vagues. Et que ferait-il s'il savait qu'elle était une mutante ? Certainement bien pire. Il la tuerait probablement, ici même, sans la moindre hésitation ni le moindre remord, comme une machine obéissant à ses programmes.

Le robot avait dit qu'il la laisserait peut-être partir, si ce qu'elle avait fait n'était pas trop grave, elle avait lut dans un livre de science-fiction (référence connue pour être de grande fiabilité) que les robots ne mentaient jamais. Seulement faire péter des bombes, ça n'a rien de bénin. Et des quelques personnes avaient trouvé la mort dans ces explosions, par accident, certes, mais cela n'en faisait pas moins d'elle une meurtrière. Et elle ne trouvait aucun mensonge à raconter qui justifierait qu'elle était poursuive par une si haute autorité, elle était beaucoup trop sous tension pour réfléchir posément.

Alors que faire à présent ? Se jeter nue par la fenêtre en espérant survivre à une chute de quinze étages pour échapper à ce robot accompagné d'un géant poilu ? Les chances de réussites d'une telle tentative devaient être plutôt élevées, de l'ordre de 1 sur 10000. Alors que faire ? Que dire ? Comment échapper à son sort ? La jeune femme se sentait prise au piège.

Pourtant, Spectro l'avait secourue alors qu'elle se faisait embarquer par Interpol. Il était venu à son secours, l'avait libérée et l'avait emmenée ici. Pourquoi ? Pour quelle raison avait-il fait cela alors qu'il était censé représenter la loi et les forces de l'ordre ? C'était une question assez importante pour mériter d'être posée.

" Pourquoi m'avoir aidée ? Vous êtes policier non ? Je suis fichée comme criminelle, alors pourquoi avoir empêché des forces de l'ordre de m'arrêter ? "

En effet, Mélodie était curieuse de savoir. Mais elle espérait aussi qu'en répondant à une question par une autre question, elle pourrait détourner la conversation.

[Anglais] - Oui, je suis Policier et oui, je vous ai aidé. Mes programmes ont une conception de la façon dont les choses doivent être faites et la façon dont ces "forces de l'ordre" s'en sont prises à vous n'était pas correcte, c'était injuste. Et je suis programmé pour lutter contre les injustices, que ce soit un enfant, un adulte, un humain, un mutant ou un robot qui les subisse.

C'était une réponse parfaitement claire, du moins pour ce que pouvait en comprendre Mélodie. Cela aurait put être plus précis, mais la jeune femme avait le sentiment qu'elle n'y comprendrait rien si Spectro entrait un peu plus dans les détails. Aussi se contenterait-elle de cette réponse. c'était un peu rassurant, mais ça ne l'aidait, car il elle comprenait bien ce que lui avait dit le robot, elle n'était pas beaucoup mieux lotie. Pour elle, si elle avouait être une terroriste, ce qu'elle était car elle avait fabriqué et fait exploser des bombes, alors Spectro la livrerait aux forces de l'ordre à la régulière. Il ne l'avait aidée à échapper à une arrestation musclée que pour l'arrêter dans les règles. Mais si elle était arrêtée, elle savait qu'elle ne survivrait pas longtemps. Elle serait conduite en un lieu discret et exécutée, sans même avoir droit à un procès. Personne ne la laisserait dire en public ce qu'il lui était arrivé, et elle serait tuée dans la plus grande discrétion, car personne ne la laisserait devenir une martyr pour la cause mutante. Ainsi était fait le monde dans lequel elle était née.

[Japonais] - Maintenant, s'il-vous plaît, aidez-moi un peu, Miss Mélodie.

Son espoir bien mince ne fut donc pas satisfait, et Spectro revenait à ce qu'il voulait qu'elle leur dise. A la lumière de cette surprenante révélation sur la nature du robot, ce n'était pas surprenant. Ce mec avait la mémoire et la patience d'une machine (normal hein). Elle laissa échapper un long soupir résigné et se décida finalement à parler. Et n'avait plus le choix. Mais quelle partie de son secret devait-elle révéler ? En y réfléchissant, le choix était assez simple. Si elle avouait être une terroriste, elle serait vite livrée à la police, ou à Interpol même. Alors que Spectro venait de mentionner qu'il était programmé pour combattre les injustices même subies par des mutants. Mais pouvait-elle lui faire confiance ? Comment penser qu'il n'irait pas révéler son secret à qui voulait l'entendre dès qu'il en aurait pris connaissance. Elle ne souvenait que trop bien de la dernière fois qu'elle avait révélé un secret. Elle avait montré ce qu'elle savait faire de plus beau à un garçon en qui elle avait toute confiance, un garçon à qui elle était prête à offrir sa vie. La première chose qu'il avait faite avait été de la trahir. Cette erreur avait coûté la vie de ses parents, et son avenir. Comment faire à nouveau confiance à un homme désormais ? Ils sont tous les mêmes.

Mais alors qu'elle essayait de trouver un moyen de se sortir de ce piège, elle eut le choc des induit par les éléments qui s'imbriquaient les uns dans les autres pour se mettre parfaitement en place. Spectro n'était pas un homme ! Il n'en avait que l'apparence, c'était une machine, un ordinateur. Et un ordinateur ne sait pas mentir, du moins pour ce qu'elle en savait. Alors lui faire confiance, non, certainement pas, mais au moins pouvait-elle espérer qu'il ne la trahirait pas. Alors...

Elle n'avait pas d'autre choix de toute manière, elle lui dirait donc une partie de la vérité, en japonais bien entendu, car même si Karl lui semblait un bon gars, elle ne pouvait pas lui faire confiance.

" Je suis... une mutante. Je suis née mutante. Lorsque mon petit-ami l'a su, quand j'avais 16 ans, il s'est empressé d'aller prévenir je ne sais qui et il n'a pas fallu longtemps pour voir débarquer chez moi les militaire japonais. J'ai réussi à m'échapper, grâce à mon père. Mes parents sont morts pour que je puisse vivre. Le gouvernement m'a mis sur le dos la mort de mes parents. "

Elle décida de ne pas en dire plus. Le robot n'avait pas besoin de savoir qu'elle avait ensuite mené des attentats terroristes pour la cause des mutants. Même si cela expliquait en partie pourquoi Interpol était mêlé à cette histoire, il restait des points que Mélodie elle-même ignorait. Cependant, elle repris tout de même la parole, pour préciser quelque chose qui avait son importance.

" Je suis une mutante, et avec ce qui s'est passé, si je suis capturée, je serait exécutée, ni plus ni moins, et pas en place publique, vous pouvez me croire. "

Voilà, c'était dit. Le sort en était jeté. Sa vie était entre les mains de cet androïde qu'elle n'osait pas regarder dans les yeux, son sort dépendrait de la décision que lui dicteraient ses programmes.

Elle n’avait pas eut le choix, elle était obligée de parler, elle s’y était donc résignée, tout en en disant le moins possible. Et quand je dis se résigner à parler, je veux dire aussi se résigner aux conséquences qui en découlaient.
Si les programmes de ce robot étaient du strict de chez strict, alors il pourrait ne pas croire qu’elle n’avait pas tué ses parents, se fiant aux actions des militaires, ou encore l’arrêter pour le seul motif qu’elle était une mutante. Cependant, le fait qu’il l’ait sauvée du SWAT lui laissait espérer que ce ne serait pas aussi sombre pour elle, et que Spectro était un peu plus souple, ou même beaucoup.
Si le jeune femme fut un peu perturbée par l’intérêt du policier pour sa boîte, et se demandait ce qu’il pouvait bien fabriquer, elle fut plus surprise encore par ce qu’il annonça en réponse. Un passe-droit presque illimité ? Qu’est-ce que cela signifiait exactement ? Qu’il pardonnerait un mutant meurtrier comme elle l’était devenue par la force des choses ? Non, elle ne ferait pas l’erreur d’en espérer autant. Pourtant, il y avait quelque chose qui lui plaisait chez ce robot. Il avait beau avoir l’apparence d’un homme, elle pouvait le croire lorsqu’il parlait de l’aider, aussi fou que cela puisse lui sembler.
Ce qui fut encore plus fou, c’est ce que le robot dit soudain à son grand compagnon, comme quoi il serait recherché lui aussi et qu’il aiderait Mélodie et se ferait oublier. La jeune femme n’en revenait pas. Il parlait en anglais et elle se dit qu’elle pouvait avoir mal compris, mais elle écarta bien vite cette possibilité, le robot ayant parlé de façon facilement compréhensible. C’était une décision abracadabrante, et elle se demandait bien quelle logique bizarrement tournée y avait conduit le robot.
Elle ne savait pas trop comment réagir. L’idée d’être en permanence accompagnée et chaperonnée par cet ersatz d’homme était assez désagréable. Cependant, c’était un homme sans en être, et il était très fort, s’il l’avait vraiment tirée tout seul des force du SWAT. Bizarrement, elle n’éprouvait pas pour lui cette méfiance instinctive, cette crainte viscérale empêchant toute confiance que les hommes lui inspiraient. Peut-être parce qu’il n’était pas un homme. On pouvait faire confiance à une machine car une machine agissait toujours selon ses programmes. Et lorsqu’il y avait une contradiction entre deux actions possibles, au lieu d’agir de façon absurde comme le faisaient les humains, ce qui empirait toujours les choses, elle s’arrêtait, tout simplement. On disait « planter » dans le jargon informatique.
Mais alors qu’elle se demandait encore si elle devait se résigner ou le réprimander vertement pour une décision aussi cavalière, et arbitraire de son point de vue, ce choix lui fut retiré par la suite.
En effet, lorsqu’il annonça le plus calmement du monde que les forces de l’ordre montaient dans l’immeuble, Mélodie ne songea même pas à se demander comment il le savait, elle sortit du drap sans plus se soucier de cacher sa nudité et s’habilla précipitamment de ses vêtements posés sur le dossier d’une chaise. Plus le temps de tergiverser, il faudrait remettre cette discussion à plus tard car pour le moment, il fallait filer. Elle attrapa l’unique lanière en cuir de sa grande boîte et la passa sur son épaule, plaçant son fardeau dans son dos. Il fallait maintenant trouver une sortie qui ne soit pas bloquée par la police. A commencer par la sortie de la chambre qui était bloquée par les deux policiers norvégiens. Mais si Spectro était fidèle à ce qu’il venait d’annoncer, il devrait l’aider, et donc commencer par libérer la sortie, soit en s’écartant, soit en la précédant dehors. Elle espérait presque qu’il choisisse la deuxième option étant arrivée ici inconsciente, elle ne savait rien de la configuration de l’hôtel.

Spectro ne regarda même pas dans la direction de Mélodie quand elle se leva pour s'habiller. Un de ses programmes de pudeur ? Ou simplement mieux à faire ?

Il regardait dans la direction de la porte, semblant perdu dans le vide. Un de ses capteurs pouvait entendre les communications radio des policiers. Il devina que quatre membres de la S.W.A.T. montaient dans les escaliers. Ils seraient à leur chambre sous peu : Karl et Spectro n'étaient qu'au premier. Un des policiers annonçait qu'il garderait les voitures. Donc un cinquième, qui veut pas se mêler à l'action ? Spectro se rendit d'un pas lourd et rapide à la porte, sans même jeter un coup d'oeil à l'extérieur, il agrippa Karl puis lui murmura :

[Norvégien] - Tu es membre des forces Norvégiennes, et tu cherche à arrêter ce robot détraqué qui t'a expulsé hors de ta chambre en protégeant une terroriste.

Faisant un signe de tête à son meilleur ami, Spectro lui donna un magistral coup de poing sur la nuque et l'expédia dehors, tout en claquant la porte. Il verrouilla celle-ci, tout en entendant des cris dans le corridor. Les policiers étaient déjà là ! Karl se débrouillerait, il avait une bosse derrière la tête pour prouver ses dires, grâce aux bons soins de l'androïde. Le robot se retourna vers la jeune demoiselle dans la pièce. Il savait par où il sortait, il ferait comme hier.

[Japonais] - Faites-moi confiance.

Lui déclara-t-il en s'approchant d'elle. Il l'agrippa sans poser de questions dans ses bras, sans lui donner le choix. Comme s'il tenait une princesse, du plus délicatement qu'il le pouvait avec son armature métallique, Spectro ouvrit la fenêtre sans brusquer Mélodie. Elle devinerait surement ce qu'il avait l'intention de faire, et le robot se sentait coupable de ne pas pouvoir lui offrir la chaleur rassurante qu'un corps d'homme aurait pu faire dans ce moment, il n'avait que son froid caractéristiquement métallique à lui donner. Regardant derrière, il vit les policiers ouvrir la porte, un coup de feu fut tiré, ricochant dans le dos du robot, qui n'hésita pas plus longtemps : il sauta, tenant fermement Mélodie dans ses bras.

Un crash plus tard, ils étaient au niveau du sol. Les yeux du robot firent défiler des informations en rouge, eux qui n'affichaient que du vert habituellement, ça devait être mauvais signe. Il prit ses lunettes qui traînaient au sol et les replaça devant ses yeux. Il se releva prestement, avisa le policier restant, lui tira une balle dans la jambe, puis prit place devant la voiture, demandant en haletant à Mélodie, probablement encore sous le choc du saut qu'ils venaient de faire :

[Japonais] - Tu peux conduire ?

Sur une réponse négative, il prendrait la place du conducteur, mais il voulait se reposer et recharger ses programmes pour l'instant...

[HJ : Tu peux créer un nouveau sujet pour notre fuite, laisser Spec' en plan ou continuer ici, si ça te chante, à toi l'honneur, Mélodie ! ]

[HRP] Je ne vois pas l'utilité d'ouvrir un nouveau sujet pour le moment, on est toujours à New-York [HRP]

Mélodie n’eut pas à attendre longtemps la première action du robot qui prit l’initiative, mais celle-ci fut tout le contraire de ce à quoi elle s’attendait. Il flanqua un coup derrière la tête de son ami et le chassa de la chambre sans ménagement comme un simple malpropre. Puis il se retourna vers elle et l’a pris dans ses bras sans lui laisser le loisir d’esquiver ou même de se débattre, tandis qu’elle tenais fermement la lanière de sa boîte pour ne pas la perdre. Il se dirigea vers la fenêtre et à ce moment, elle craignit de comprendre ce qu’il allait faire sans vraiment oser l’envisager.
Le robot ouvrir la fenêtre, et au moment où elle entendit un coup de feu, il sauta. Dès le début de la chute, elle serra les bras autour du cou du robot et s’agrippa à lui aussi fort qu’elle le put, comme si tenter de lui arracher la tête à la force de ses petits bras et ne pas regarder en bas avait le pouvoir de l’empêcher de tomber. Elle n’avait pas su qu’elle était seulement au premier étage et croyait faire une chute de plusieurs dizaines de mètres, du haut d’un de ces gratte-ciel. Cependant, la chute se termina plus vite qu’elle ne s’y attendait et, oh surprise ! , sans bobos. Spectro la reposa sur ses pieds encore un peu tremblante et immobilisa le policier près d’eux d’une balle dans la jambe, solution un peu radicale mais efficace. Répondant à sa question d’un hochement de tête, elle contourna la voiture et monta à la place du chauffeur. La tentation de démarrer et de laisser là le robot l’aiguillonnait légèrement, mais elle ne songea même pas à y céder. Il lui avait sauvé la vie pas moins de deux fois, si ce n’est trois, et elle ne pouvait décemment pas le trahir de la sorte, même si c’était une machine. Même s’il était possible qu’il n’en ressente jamais rien, elle le saurait, et elle aurait cela sur la conscience.
Aussi elle attendit qu’il monte à son tour dans le véhicule avant de mettre les gaz et de démarrer pour s’insérer au plus vite dans la circulation. C’était un véhicule du SWAT, il ne passerait pas inaperçu dans les rue, et était probablement équipé d’un système de repérage par GPS, si bien que le central saurait à tout instant où se trouvaient les deux fugitifs s’ils ne changeaient pas vite de moyen de locomotion.
Elle ignorait pourquoi Spectro lui avait laissé le volant, mais dès lors qu’elle dirigeait la voiture, elle prit la direction des opérations, tournant au bout de la rue pour longer une avenue plus large en direction de l’est et de l’océan. Le trajet jusqu’aux quais prendrait quelques minutes, d’avantage si l’on considérait les embouteillages probables, mais Manhattan n’était pas si grande qu’il faille des heures pour la traverser, du moins l’espérait-elle. Il fallait atteindre l’océan le plus vite possible.
Les rues étaient bondées, Mélodie se demandait pourquoi les gens ne faisaient pas preuve d’un peu de bon sens et évitaient de prendre leur voiture pour remonter quelques rues. D’accord, c’était une grande ville, mais un peu de marche n’avait jamais tué personne et aurait peut-être rendu l’air de cette ville un peu plus respirable. Quoi qu’il en soit, elle se faufila comme elle le put entre les véhicules civiles, jouant de la sirène chaque que c’était nécessaire mais souvent sans résultat, ce qui l’obligeait à pousser les voitures devant elle pour se frayer un passage. Heureusement que le véhicule de la SWAT était équipé de ce qui aurait presque put être un pare-buffle.
Les minutes qui les menèrent aux docks s’égrenèrent lentement, pressées par la sensation d’urgence qui les faisait tourner la tête à chaque autre sirène raisonnant dans les rues. Elle ne décrocha pas un mot de tout le trajet, l’estomac trop noué pour parler. Lorsqu’ils y arrivèrent, Mélodie trouva une rue un peu à l’écart du front de mer où garer cet encombrant véhicule, et surtout où se trouvaient d’autres voitures à voler. Le plan était maintenant de repartir dans l’autre sens et quitter la ville pour s’enfoncer à l’intérieur du pays, ce qu’elle proposa au robot afin d’avoir son approbation.

« Je pense que le mieux à faire serait de trouver un autre véhicule et de repartir dans l’autre sens pour quitter la ville et se cacher quelques jours à la campagne. Impossible de quitter le pays avant un certain temps, les ports et les aéroports seront surveillés. »

Si avant elle semblait avoir besoin qu’on la protège un peu, c’est parce qu’elle avait été prise au dépourvu par l’arrivée des SWAT et par la surpris de voir Interpol à ses trousses. Mais elle avait un peu l’habitude d’être une fugitive, elle l’était depuis qu’elle avait seize ans. Avec un peu de chance, la police penserait qu’ils s’étaient embarqués clandestinement sur un navire et perdraient des jours à fouiller tout ce qui flottait à vingt milles de Manhattan. Pendant ce temps, Mélodie et Spectro pourraient commencer par aller voir une vieille connaissance de la famille de la jeune femme qui vivait à quelques heures de voiture, et ensuite se diriger vers la frontière canadienne pour retourner en Asie depuis là. A moins qu’ils ne décident d’autre chose. Spectro n’avait aucune raison d’aller au japon et Mélodie y serait recherchée encore plus activement qu’avant. Et puis elle était venue en Amérique pour une raison. Cela semblait téméraire de continuer alors qu’elle avait tant de gens à ses trousses, mais son sort n’était pas le seul en jeu.

[HRP] Après réflexion, on va quand même changer de topic. Si tu veux bien suivre, Spectro...

===> [New-York] La mort derrière une poubelle [HRP]