Escale inattendue

Invité

« Euh… Monsieur Jiang ? Pourriez vous ? »

Safran sorti de sa contemplation et regarda le pilote, l’air serein.

« Pardonnez moi, mais il me tardait tellement de revenir dans mon village natal. »

Autour de l’hélico, le paysage quasi vertical que l’on pouvait voir s’arqua avec vitesse, gonfla puis redevint net. Comme au départ de l’hélicoptère, celui çi n’eut aucun choc. Une voix grésillait dans l’intercom.

« Tango 2, c’est bien vous ? On vous attendait dans trois heures, Y a-t-il eu un problème ? »

Le pilote sursauta légèrement.

« Non, non, tout est parfait. J’ai bien trouvé la cible à l’endroit indiqué et… »

Le pilote se tourna vers l’homme à sa droite.

« Nous avons eu des vents favorables. Alors nous en avons profités pour aller plus vite. »

« Sacrément favorables vos vents. Vous êtes même passés à travers l’ouragan comme si il n’existait pas. »

« Oui, héhé… On a eu de la chance. »

« Bref… La piste 5 est dégagée. Bon retour parmi nous.»

« Merci. Tango 2, Roger. »

Le pilote se concentra sur son atterrissage, tentant d’oublier l’expérience traumatisante qu’il venait de vivre. C’est vrai, quoi ! Il croyait que le type à coté de lui était normal, lui. Bon, ça c’était avant qu’il ne le rencontre à l’aéroport de Beïjing, parce que vu son costume, il avait du passer un peu beaucoup trop de temps dans le monde merveilleux du cirque. Mais de là à croire que c’était un mutant… Et puis il aurait pu le dire d’un ton plus sérieux l’autre aussi. Au lieu de « plier l’espace » pour aller plus vite. Au début, il avait cru qu’il avait des hallucinations quand il avait vu le paysage autour de lui passer en fish eye. Il avait immédiatement coupé les réacteurs et était passé en stationnaire, mais ça n’avait rien changé, le paysage défilant toujours à la même vitesse. Et là, son passager lui avait dit d’une voix calme de ne pas s’inquiéter, de rallumer les jets, qu’il lui suffisait de garder l’hélico droit et que tout se passerait bien. Avant de rajouter qu’il contrôlait tout et qu’il lui tardait d’arriver rapidement. Non mais c’était son appareil quoi ! Le type débarque, et puis parce qu’il est mutant, il prends le contrôle et s’amuse avec les distances, comme ça ? Et le type d’à coté qui lui expliquait en long en large et en travers toutes les subtilités de la compression spatiale… Il avait rien pigé, il était trop apeuré pour penser à autre chose qu’à son appareil. Enfin bref… maintenant qu’ils étaient arrivés, ils allaient pouvoir se poser tranquillement et il allait pouvoir tranquillement se remettre devant une bonne bière et un bon combat de sumo.rediffusé. Saleté de mutants… C’était la plaie de…

« Merci beaucoup pour ce voyage… A la revoyure ! »

Ouais c’est ça… Du vent ! Hein ? On était encore à prés de vingt mètres du sol ! Mais il est malade ce type ! Il vient de sauter pieds joints par la porte passager et… Et il a l’air d’aller bien… Il a fait quoi là ? Il avait pas bien vu. C’était comme si son corps s’était brusquement allongé pour rejoindre le sol… Ca avait pas duré plus d’une demi seconde pourtant… Bon et puis c’était plus son problème… Les mutants, plus ils sont loin, mieux on se porte. C'est vrai quoi, on imagine pas le...

Laissant l'énervé pilote d'hélicoptére, Safran plaqua ses cheveux en arrière, pour éviter le souffle de l’appareil et avança rapidement hors de portée, avalant la distance comme à son habitude. Ce qu’il avait entendu l’avait légèrement ennuyé, car il aurait pensé qu’on ne l’attendrait pas et qu’il aurait ainsi le temps de se reposer. Mais comme on l’attendait… Il avait trois bonnes heures à tuer… Et puis les voyages lui donnaient faim. Sa minuscule valise de voyage sous le bras, il parti en direction de l’entrée de l’héliport, avec dans l’idée de faire un petit tour en ville avant de revenir…

Safran était ce qu'on appellait une réussite de l'Arobase. Un clone puissant devenu sociable et même instructeur. Il revenait donc d'un long voyage et posait ses valises sur le sol de Kazun. Nul doute que ceci avait porté aux oreilles le sourire si rare de Scott, ainsi que les quelques vieux scientifiques de l'entrepise, tel Doc Boltzer.
Ces deux derniers s'enquirent donc de la délicate mission de réaccueillir Safran sur l'île, tout en prenant bien note de ses progrès et problèmes.
Pour l'occasion, Scott descendit de sa tour et marcha à pied jusqu'à l'héliport. Il est rare de le voir faire un pas, tout de même. Il était accompagné par Boltzer, son vieil ami, qui avait hâte de revoir le petit Safran et au combien il avait grandi en tant de temps d'absence...
Les deux hommes l'attendaient à la sortie de l'héliport, armés de francs et sincères sourires. Nul doute que l'aide du clone allait aider Scott à réassoir son autorité et à relancer l'action de l'entreprise.

Ils pointèrent leurs regards sur l'hélicoptère arrivant, et son passager qui s'amusait deja follement de son pouvoir et de son utilité humoristique. C'en était désappointant, mais au final, presque drôle. L'homme en question portait sur lui que sa régulière valisette et venait vers eux, ou tout du moins en leur direction. Une fois à une petite vingtaine de mêtres d'eux, ce fut Scott qui fit le premier pas.

-Content de vous revoir, 012M, votre présence nous réconforte.

Puis ce fut au tour du vieux professeur de parler...

-Bienvenue chez toi, Safran. Content de te revoir.

Derrière eux, personne. Pas de foule acclamant un héros, pas de scientifiques attendnat le cobaye n°1, pas de méchants attendant une revanche...rien, vide, personne, nada. N'empèche que les plus importants étaient là.

Invité

-Content de vous revoir, 012M, votre présence nous réconforte.

Safran n'avait pas vu les deux hommes qui s'approchaient de lui, alors qu'il se dirigeait vers la sortie de la piste. Enfin, si, il les avait vu, il ne s'y était tout simplement pas interessé. Croyant fermement qu'on ne l'acceuillerait pas avant deux bonnes heures et demi, il n'avait même pas jugé utile de leur jeter un oeil.

Aussi restait-il là, comme stoppé dans son geste, la jambe tendue en avant et le regard interloqué, scrutant les deux inconnus du regard.

-Bienvenue chez toi, Safran. Content de te revoir.

Le ton était sympathique, il tourna d'instinct le regard sur le vieux bonhomme. Et un grand sourire vint illuminer son visage. Se tournant vers lui, il bondit littéralement pour le serrer dans ses bras, se retrouvant instantanément devant le vieux bonhomme avant de le presser contre son coeur avec une passion toute enfantine. Cette etreinte terminée, il se recula.

"Papi Boltzer ! Quel bonheur de vous voir après tant de temps. Je suis de retour à la maison !"

C'était enfantin mais vivifiant. Safran ne savait pas quoi dire à cet homme qui avait été plus qu'un scientifique pour lui. Ses mots étaient confus, trop plein du bonheur manifeste qu'il éprouvait à voir l'une des personnes qui étaient importantes pour lui. Aussi préféras-t-il se taire rapidement, un sourire heureux sur le visage, tout en dévisageant le scientifique qui n'avait presque pas changé.

L'homme à ses cotés le dévisagea, et Scott lui rendit un regard heureux. Il le connaissait sans jamais l'avoir vraiment rencontré avant. Tout ce qu'il savait de lui était ce que l'on en disait dans les postes d'observations que le mutant frequentait en Chine. Scott Lorrington, nouveau directeur du complexe industriel @. Il était moins impressionnant en vrai... Safran pouvait voir les relents d'une période difficile dans sa résonnance spatiale. Quoiqu'il se passait, il començait à avoir l'intuition que son retour programmé en tant que formateur irait un petit peu plus loin que ça...

Lachant son vieux mentor, il se tourna et fit face au directeur, reprenant des maniéres plus professionnelles.

"Directeur Lorrington, me voici, comme vous l'avez demandé. Je suis très heureux de revenir à la maison mêre et suis prêt à executer toute mission que vous me donnerez."

Formel, presque au garde à vous, Safran se pencha légèrement pour saluer le directeur.

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