Les jours avaient passé sans que rien ne soit véritablement stimulé son intérêt. Depuis cette bataille quelque peu ratée dans la cage, rien ne semblait l’intéressé. Il ne voulait même plus passer son temps libre dans la salle d’entraînement, où il était habituellement. Il ne voulait même plus penser à ce que pouvait faire un combat sur un être physique. Lui, Nathan, jeune homme de 19 neuf ans avait été contraint de tuer, et ce sans aucune raison valable ! Le pire dans tout ça c’est que Nathan avait même espéré mourir durant le combat. Y laisser sa peau, il était las des tests scientifiques qui ne cessaient de rater depuis une dizaine d’années. Ses saletés d’ailes mécaniques lui avaient sauvé la vie.
Nathan se leva péniblement de son lit. Avec le temps, il commençait à s’habituer au matelas un peu trop dur. Et puis, c’était le dernier de ses soucis de dormir sur quelque chose de mou. Il en avait presque oublié la sensation. Dormir sur quelque chose de chaud et doux, comme quand sa mère venait de faire la lessive et que les draps venaient juste de finir de sécher ! Quel bonheur c’était… Une larme glissa lentement sur sa joue et Nathan la chassa d’un geste sec. Il avait trop pleuré le fait qu’il soit disparût si innocemment de la société. Personne ne l’avait retrouvé ! Et pourtant, il ne devait sûrement pas être le seul enfant à s’être fait enlever. 10 ans ont passé. Juste ça ! Pour dire qu’il y a sûrement d’autres personnes dans les cellules voisines qui sont là depuis le triple d’années. Les pauvres… Nathan marcha lentement en traînant les pieds vers la petite fenêtre de sa cellule. Il tenta de voir quel temps il faisait à l’extérieur… Encore quelques temps avant qu’il soit autorisé à la sortie…
-Joie, bonheur et allégresse, marmonna-t-il d’un ton sarcastique.
Il courba le dos et retourna s’asseoir sur son lit. Nathan rentra la tête entre ses épaules en signe de défaite. Il devait s’avouer vaincu ; aucune fuite n’allait être possible. Et vu de ce qu’il avait vu de la Genetic Corporation, il fallait se battre contre d’autres personnes ayant subis des tests ratés pour être en mesure de survivre. Peut-être allait-il de nouveau se faire vendre s’il restait celui qui ne veut pas combattre. Ce combat dans la cage l’avait si épuisé, si traumatisé que la simple idée de devoir voir un combat lui donnait un haut le cœur. Nathan ferma les yeux pour visualiser quelque chose d’autres, mais à la place, il revit le combat dans la cage…
Il avançait, péniblement, sur le sable de cette arène aux allures romaines. Son adversaire était devant lui et le gars au sourire aussi visible qu’une mouche dans le noir venait de le laisser là, sans arme, face à un type qui voulait prouver qu’il était le plus fort. Nathan revit toutes les images une à une. Il était en train de perde, il mangeait des coups sans les bloquer. Ses ailes grinçaient au fur et à mesure des contractions de ses muscles dorsaux sous la force des impactes. La vie voulait le quitter, mais pour une raison inconnue, cette dernière refusa de quitter. Elle resta infusée en lui. Il ressentit de nouveau cette passion qui l’avait pris de cours et qui l’avait forcé à se relever. Il avait continué le combat… jusqu’à ce qu’il tombe au sol et que son ennemi tente de l’étrangler. Nathan avait bien pensé y laisser sa peau : il était couvert de son propre sang et il ne se sentait même plus vivre. Mais d’une dernière pulsion de force, il décida de joindre ses mains sur le cou de son ennemi, comme pour prouver aux idiots de la GC qu’il était en mesure de faire quelque chose… Et la dernière chose qui resta dans ses pensés, fut le corps gisant de son ennemi au bout de ses doigts, les yeux le fixant dans un air ébahis. En effet, les ailes mécaniques lui avaient sauvé la vie…
Nathan eut le réflexe de porter ses mains à son cou. Il lui semblait encore sentir la pression des doigts. Mais les plaques de métal que ses Amis Russes lui avaient incorporé dans le cou pour protéger les fils des ailes étaient encore bien là ; dures, solides et froides. Nathan ouvrit ses yeux embués. Il n’en revenait pas… Il avait été obligé de tuer quelqu’un ! Il avait toujours été si passif. Il se souvenait même de certains commentaires entendus qui disait qu’il ferait un mauvais sujet…
Il s’étendit sur le ventre en prenant soin de ne pas accrocher le mur avec ses deux trucs métalliques qui sortaient de son dos. Il croisa ses bras en dessous de son menton et fixa le mur, cherchant à ne plus repenser à cette journée. Ça le hantait, il le savait. Mais il ne savait pas même pas comment se débarrasser de cette hantise. Si, au moins, il pouvait écrire un truc, mais non… Nathan ferma les yeux et finit par s’endormir sur son lit, les idées errantes d’un sujet à l’autre.
Ce fut une courte pause ; Il se réveilla en sursaut. Il était sûr que quelqu’un venait de parler à haute voix dans le corridor. Nathan se leva, les esprits embrouillés par le sommeil et non par les rêves. Il passa une main dans ses cheveux et regarda par sa porte de cellule.
-Enfin..
L’heure de sortir était enfin arrivée. C’était l’une des rares fois qu’il était joyeux. Rares car personne n’avait pensé, dans cette société, à fournir quelque chose pour passer le temps à ses cobayes. Après tout, c’était les cobayes qui faisaient vivre la société. Mais sachant qu’il n’allait sûrement pas avoir un bon traitement s’il le disait à autre fois, il préféra se taire et sortir tranquillement de sa cellule.