Et pour quelques seringues de plus ... [Los Angeles][PV]

Invité

C’était un de ses lendemains de nuits blanches où l’impression d’avoir oublié quelque chose était forte. Du moins, c’était l’impression de Gayël Kertèsz.

Il n’avait pas réussit à s’endormir cette nuit là, ses démons étant revenus et les plusieurs rencontres faites sous peu n’arrangeant rien. (Voir « Les milles et une lumière de Los Angeles ») Un grand hématome marquait sa tempe gauche, là où la pierre l’avait frappé de plain fouet, prenant des airs de balle de révolver vu la vitesse avec laquelle elle l’avait percuté. Pourtant, le jeune homme avait essayé de faire diminuer la bosse avec des anti-douleurs aussi nombreux qu’inefficaces. Il s’en était fallut de peu pour qu’il n’appelle pas Ange, sa camarade, et lui raconte toute l’histoire, mais vu les ennuis déjà importants de la jeune femme, Gayël ne voulait pas prendre le risque de la voir revenir, déjà que s’éloigner d’elle était un déchirement … Alors, maintenant ? Maintenant, il parcourait à pied quelques rues encore enneigées de Los Angeles, comme à son habitude, parce que c’était bien ici la seule chose qui lui plaisait. Dessiner était devenu un secret, il se cachait pour tracer des contours gras au crayon à papier, comme s’il ne voulait pas qu’on l’observe et commente. Evidemment que dessiner restait sa passion première, mais il la faisait avec un peu moins d’envie qu’avant. Il manquait un but à Gayël Kertèsz. Seul, il devait bien l’avouer, il n’arrivait plus à grand-chose.

La confiance des pauvres de cette ville s’était ternis au fils du temps. La drogue avait repris le dessus sur les bons sentiments, et ça n’était pas lui qui allait dire le contraire. L’agressivité, ou plutôt la dureté, n’était pas utile ni efficace avec ce genre de personne. A leurs insultes ou coups, il fallait rester de marbre, une chose que le jeune artiste savait plutôt bien faire. Mais une chose qui finirait par le conduire à sa perte. « Il ne te laisseront pas tous en vie. » avait avancé Ange pour le mettre en garde. Certes non, les gosses de la dernière fois était une preuve. Cet esprit, presque de l’espoir, d’accepter de l’aide ainsi était révolu. La preuve en était de l’ancien temps, personne ne pouvait arrêter les années, les mois, les jours, les heures, les minutes, les secondes … Et quand bien même le voudrait il, ce ne serait qu’opposition à la nature.

Les pas de Gayël étaient notables derrière lui alors qu’il remontait l’allée menant à l’Atelier. L’Atelier … Une sorte de grand entrepôt aménagé comme les Américains savent le faire en loft où il avait pu à présent s’installer. Le mutant l’avait loué il y avait quelques années avec une bande de potes pour accueillir ceux qui en avait besoin, humain ou mutant. Il faut croire que « l’entreprise » avait correctement fonctionné jusqu’au départ de ses amis. Dommage, avait il dit à Ange. Simplement dommage. Ce qu’il restait de l’Atelier … on était plus vraiment sur … Il y avait eu don du bâtiment, l’homme à qui il appartenait n’ayant plus rien à faire d’un tel tas de ferraille. Maintenant, le mutant avait installé plusieurs lits, plusieurs bureaux au cas où les autres reviendraient, mais en vain … Des seringues de drogue et pas mal de feuille crayonnées, c’est tout ce qui traînait dans cet endroit où le sol avait été foulé par de multiples personnalités.

Gayël posa sa main sur la poignée de la porte de l’Atelier. Il resta un moment en suspend, soupira, et se décida à entrer. Des débris de verre attirèrent son attention sur le sol. Immédiatement, ses yeux gris parcoururent le moindre recoin de l’endroit, passèrent sur un miroir, et revinrent sur le verre écrasé. Le mutant repoussa la porte et courut vers son bureau. Il attrapa son carnet à dessin, ouvrit avec précipitation un tiroir et prit une seringue et un paquet de poudre. Il allait de nouveau se diriger vers la sortie quand…

La déflagration l’envoya par delà une fenêtre pas encore brisée.

Gayël Kertèsz se releva vivement en gémissant, plusieurs débris de verre s’étant enfoncé dans ses mains et son dos, mais pas assez pour le clouer sur le sol. Il fallait qu’il parte, et vite. Ange l’avait pourtant prévenu qu’il y avait des gars à qui son petit manège ne plaisait pas, mais l’artiste savait que ça n’était pas cela. Son fournisseur n’avait tout simplement pas été payé. Il ramassa quelques feuilles éparpillées par terre, tandis que des passants commençaient à accourir, ameuté par le bruit de l’explosion. Oui, il fallait qu’il parte. A coup sur, ses adversaires n’étaient pas loin, peut être même dans la foule, à le chercher, ou à le croire mort, ce qui l’arrangerait plus. Mais si ce n’était pas le cas, ils allaient devoir finir le boulot.

Mais dans quelle merde s’était il encore fourré ?

Une sensation de calme et de paix régnait dans le coeur de Twilight. Il était libre à présent, il le savait, il en était certain. Il avait fait le voyage en direction de Los Angeles pour se procurer ce dont il avait besoin, un téléphone portable bien particulier. Un appareil qui, malgré son prix prohibitif, allait lui permettre d'éviter les appels de l'autre. Cet homme qui lui avait révélé sa véritable nature et dont il ne voulait plus entendre parler. Et il était dans la rue à attendre que le temps passe avant de retourner prendre l'avion pour retourner à la Faculté. Il n'avait prévenu personne de son départ. Le passeur ne lui avait posé aucune question, le laissant faire ce qu'il avait envie comme toujours. Et, avec les transports modernes et l'argent pour se les payer, il ne serait pas absent trop longtemps.

Il marchait dans les rues, regardant autour de lui les magasins et les vitrines, remarquant à peine les changements dans son environnement. De belles et chics les rues devenaient plus miteuses, plus dangereuses aussi. Mais Twi n'y prêtait aucune attention, se contentant de regarder les vitrines des tatoueurs et autres perceurs. Il était en extase devant certains motifs tellement fins qu'ils paraissaient irréels et il se demandait si cela faisait mal d'avoir un piercing. Car après tout pourquoi pas ? Mais quelle serait la douleur ? Où se faire trouer la peau ? A qui demander conseil ? Et puis surtout par qui le faire faire ?

Toutes ces questions restaient sans réponse pour le moment et il se contentait de regarder les images, voir que certains proposaient de faire des trous sur n'importe quelle partie du corps et avec des précautions ridicules au point de vue hygiène. Twi lui ne craignait rien, il le sentait, son pouvoir le protégeait, mais tout de même, ce n'était pas le moment de perdre du temps. Il releva les yeux et regarda l'heure. Il lui restait juste assez de temps pour aller à l'aéroport et prendre le prochain vol pour l'indonésie.

Il fit demi-tour et constata enfin qu'il était passé dans les quartiers pauvres et que son allure n'était pas en sa faveur. Il ne devait pas rester dans le coin et risquer de se faire agresser par qui que ce soit. Il regarda autour de lui et constata que très peu de gens étaient dans la rue, mais cela ne le rassura pas, si il n'y avait personne c'était certainement que la rue n'était pas sure. Il tourna dans une petite impasse pour se changer. Il sortit de son sac à dos un ensemble de vêtements nettement moins classieux et nettement plus anciens avant de retourner dans la rue et de tenter de partir assez vite, mais assez calmement en même temps pour ne pas attirer les foudres de la faune locale, à savoir dealers, racketters et caïds en tout genre.

Il voyait au loin les lumières de la zone commerciale et accéléra le pas quand une explosion le coupa dans son élan. Le bruit était très important, ce qui signifiait qu'il n'était pas loin du tout de la zone touchée. Et en voyant les passants se diriger rapidement vers la zone de l'incident, il décida lui aussi d'aller voir. Il sortit d'ailleurs son nouveau téléphone pour appeler la police. Mais quand il vit ce qui se passait il le rangea bien au fond de ses poches. Un garçon, enfin un jeune homme, était assez salement amoché et devait s'être payé la vitre. Mais ce n'était pas cela qui le fit cesser son mouvement. C'était les réactions des passants, des réactions pas nettes selon lui. La plupart regardaient la scène avec une lueur morbide dans le regard et cette lueur ne plaisait pas à Twi. Mais alors là pas du tout. Il ne savait pas quoi faire, il ne pouvait tout de même pas le laisser là, à la merci de toutes ces brutes.

Mais en même temps, que faire ? Il était seul, plus petit que tous les autres et surtout légèrement en danger s'il se mêlait de ça... Sa décision fut rapidement prise, il observa le jeune homme et se concentra. Ensuite, se mettant à l'abri des regards il changea couleurs de peau, d'yeux et de cheveux pour lui ressembler tel un frère. Enfin il se précipita sur lui en hurlant.

Grand frère ça va ?

Arrivé auprès de lui il s'agenouilla et lui murmura à l'oreille.

Joue le jeu s'il te plait.

Invité

Les débris soufflés par la déflagration en même temps que le jeune homme s’éparpillaient de part et d’autre de l’Atelier. Les fenêtres qui n’avaient pas été cassé auparavant jonchaient le sol de leur morceau de verre, des verres si tranchants que l’inventeur du fil à couper le beurre aurait pu être jaloux. Les sirènes des pompiers, ces derniers certainement prévenus par des voisins, s’agitaient au loin, non loin même. La foule s’amassait sur le trottoir opposé, regardant un gosse aux cheveux de suies s’agripper de toutes ses forces à une poubelle pour tenter de se remettre debout. Désespérément. Vraiment désespérément. Gayël se demandait bien ce qui avait poussé les ordures à détruire son chez-lui, le seul endroit qu’il avait pour pleinement vivre sans se poser de question, son havre de paix et d’harmonie …

… en fumée.

Non, pas même effondré, en fumée, une fumée grisâtre et épaisse qui s’élevait de l’édifice. Pire que la détruire : ils y avaient apposé leur marque. Il était possible de reconstruire l’Atelier, à vu de nez ouai, certainement. Ce fut la première chose qu’estima Gayël, pas même ses blessures et son bras qui saignait abondamment. Mieux valait qu’il ne le regarde pas de toute façon, sinon il allait encore s’évanouir et ça n’était pas le moment. Devant les yeux noirs remplis de larmes de Gayël Kertèsz, une poutre s’effondra et ramena alors le jeune artiste à la réalité. L’Islandais regarda autour de lui, toujours appuyé contre la poubelle, plus ou moins abîmé et qui menaçait de se dérober sous son poids. Il y avait plusieurs gars, avec des têtes pas très sympathique. Un… deux… trois … Trois. Trois pour lui seul ? Quel genre de type pouvait bien lui envoyer trois de ces sbires pour un seul et pathétique drogué ?

Une autre déflagration survint et emporte Gayël sur le bas côté de la route. Le jeune homme sentait une goutte de sang dégringoler le long de son nez, et cette sensation ne le réjouit pas du tout. Qui avait bien pu le…

Grand frère ça va ?

La voix sortit de nulle part. Un peu plus et Gayël aurait voulut s’évanouir. Entendre cela le força à rester éveillé. L’Islandais se concentra sur le jeune homme, penché au dessus de lui. Il avait les cheveux noirs, les yeux noirs, tout en lui reflétait … un Kertèsz ? Le mutant fronça les sourcils. Allons, son père était il ne savait où, sa mère peu lui importait et sa sœur … sa sœur. Gayël aurait bien aimé que ce soit elle, cet être si étrange qui lui ressemblait. Mais à la réflexion, il n’avait jamais eu de frère par contre.

Joue le jeu s'il te plait.

Ah bon. Donc, finalement il ne rêvait pas. Il y avait bien un gosse, penché sur lui, qui essayait de faire il ne savait quoi, mais surtout pas sauvé sa peau. Les sado existent toujours de nos jours ? Gayël se força à relever la tête pour croiser le regard de son interlocuteur. Déjà, il avait mal au bras, mal au dos, et pour ne rien arranger, voilà qu’un inconnu… Oups. L’Islandais jeta un coup d’œil circulaire. Oh non. Si les gars le voyaient avec lui, une idée de pervers allait certainement germé dans leur petite tête d’idiot bêta. Oh non, se répétait Kertèsz. Il avait déjà assez d’emmerde comme ça, devoir protégé un gosse n’allait pas être facile. Le jeune homme se remit sur pied avec un effort considérable, se servant de l’épaule de son nouveau petit frère. Non Gayël. Ne regarde pas tes blessures, ne regarde pas le sang qui coule, ne t’évanouis pas. Ton but, c’est protéger les gens, alors maintenant que ce gosse s’est sûrement foutu dans la merde de ta faute : aide le.

L’Islandais se pencha en avant et frôla les cheveux du petit homme pour lui murmurer à l’oreille, de son furieux accent. Il n’avait plus une seule minute à perdre.

« Merci, mais tu ferais bien de partir. Et vite, s’il te plait. »

Il lui sourit. Gayël Kertèsz restait Gayël Kertèsz après tout. Malgré cela, le jeune artiste serra un peu plus fort contre lui son carnet à dessin. Du courage. Il fallait qu’il cherche du courage, où qu’il soit. Et mieux encore : il fallait que le gosse décampe, maintenant. Les hommes approchaient.

Mais il était malade de se relever. Cela allait faire saigner ses blessures et il n'était vraiment, mais alors vraiment pas en état de bouger. Il lui fallait des soins et en vitesse. Twi regarda autour de lui et repéra les hommes qui semblaient décidés à approcher de son nouveau grand frère par interim. Mais ils n'allaient tout de même pas l'attaquer alors qu'il n'était pas en état de répliquer. Cela ne se faisait pas ! Et comble de malheur le jeune homme blessé lui disait de partir. Enfin il avait ajouté s'il te plait ce qui signifiait qu'il s'inquiétait pour Twilight.

Il ne comprenait donc pas que Twi était là pour l'aider à se sortir de ce mauvais pas. Ok il n'avait aucun plan et alors ? Qu'est ce que cela pouvait bien faire qu'il ne sache pas du tout comment faire pour les sortir de là. A deux on est plus forts et on peut trouver des solutions. Par contre il ne comprenait pas pourquoi l'autre lui demandait de partir. Qu'il ne veuille pas de lui cela pourrait se comprendre, mais alors il aurait réagit autrement, il n'aurait pas dit : s'il te plait. Et le fait qu'il veuille l'éloigner semblait une mesure de protection par rapport à l'inconnu qui venait pour l'aider. Mais c'était mal connaitre Twilight Taboï. Impulsif mais impossible à raisonner quand il avait décidé quelque chose. Et là sa décision était d'aider son pseudo grand frère.

Il le conduisit vers un mur restant encore debout et il retira avec précaution un des morceaux de verre qui se trouvait sur sa main. Il regarda le verre avec un éclat étrange dans les yeux. Il devait tenter, il devait l'aider, le soigner ! Il regarda le sang qui s'était légèrement coagulé sur le verre et d'un coup sec il entailla la paume de sa main gauche. son sang coula aussitôt, tâche rouge sur sa peau blanche. Il grimaça et ferma les yeux sous la douleur.

Il savait que les hommes ne tarderaient pas à être tout proches, trop proches pour espérer fuir avec un blessé. Il garda les yeux fermés et activa son pouvoir. Il sentit le flux de sang couler dans ses veines, il sentit la coupure sur sa main, il sentit que son corps luttait contre l'infection provenant du verre poussiéreux. Il se concentra encore, il devait lutter, il devait faire de son sang un poison pour les bactéries qui envahissaient lentement son organisme. Et quand il ressentit des picotements à la main il ouvrit alors les yeux. Ils avaient repris leur couleur d'origine et Twi se mit un instant à espérer que son changement d'apparence passerait inaperçu. Puis il plaça sa main ensanglantée sur les plaies de son frère par intérim et il continua à activer son pouvoir. Son sang n'était plus un liquide vital, mais un moyen de combattre l'infection. Cela allait piquer mais au moins il permettrait au jeune homme de rester en bonne santé.

Je ne compte pas m'en aller, désolé mais tu es trop faible pour me donner le moindre ordre. Laisse toi aller, on va s'en sortir.

Il espéra que ces paroles murmurées à l'oreille calmeraient le jeune homme et pour dissimuler ses gestes, il se blottit dans ses bras, passant sa main sur toutes les coupures qu'il pouvait déceler, sentant que sa blessure allait bientôt se refermer et que s'il n'avait pas terminé, il devrait recommencer l'opération, ce qu'il préférait éviter si possible, se couper volontairement avec un morceau de verre n'était pas dans les habitudes de Twilight.

Invité

Le monde vu des yeux de Gayël commençait à prendre des formes quelques peu inquiétantes. Un mélange de couleurs floues et autres étrangetés qui échapperaient à n’importe quel humain, ou mutant d’ailleurs. Oh la belle rouge… comment ça bleu ? Bah écoutez, p’tete bien d’ailleurs, Gayël n’en avait pas la moindre idée. Plus le petit bout noir qui lui tournait autour, un gros bout noir si je puis dire. Encore là ? Dis donc, c’est qu’il ne voulait pas lâcher le morceau en plus. Et quel morceau ! Tout ce que ce gosse allait récolter, ce serait des baffes. Non, pas forcément de la part de notre artiste national, plutôt des trois gars bâtit comme des amplis de basses à haute tension et dont les techniques n’étaient certainement pas pierre, feuille, ciseau ; cela même si le contexte séduit plus d’une personne, aussi caïd qu’elle soit. Quoi qu’il en soit la violence, c'est pas toujours frappant, mais ça fait toujours mal.

D’habitude, l’aide allait plutôt de l’autre sens. Gayël s’en rendit compte quand le jeune homme, l’inconnu qui lui ressemblait le conduisit vers un mur fissuré qui se trouvait là. Le mutant ne s’était pas cru capable d’y parvenir, pourtant sa main se posa bel et bien contre le béton. A vrai dire, il se demandait même comment il tenait encore debout. Sans le prévenir, et bien trop perdu dans ses pensées pour s’en rendre compte, le gosse lui arracha un bout de verre qui s’était jusque là enfoncé dans une de ses mains. Un long râle de douleur s’échappa de ses lèvres. L’Islandais aurait voulut l’empêcher de faire un nouveau geste vers lui, surtout vu la façon dont il observait la surface transparente mais à son grand étonnement, le gosse s’entailla la main gauche. Deux grands yeux ronds gris s’ouvrirent d’incompréhension. Gayël l’observa – il semblait perdu dans ses pensées – et immédiatement se dit que ce type n’était pas normal. Une personne normale aurait elle osé même s’approcher de lui ? Une personne normale aurait elle agit avec autant de « professionnalisme » ? Le jeune homme chassa l’idée qu’il pouvait être un complice des autres brigands. Mais plus par espoir. Silencieusement, il attendit, et ne fut pas même étonné d’un changement d’apparence. Il faut croire que Gayël Kertèsz en avait vu d’autre.

Le gosse parla, mais l’Islandais ne l’entendait déjà plus. La douleur qui prenait sa tête était atroce, il aurait pu être écrasé par un remorqueur, ç’aurait été identique. Sa bouche se tordit dans un rictus avant même que la chaleur humaine de son pseudo petit frère se fasse sentir. Une chaleur … Oui, une chaleur réconfortante, qui lui rappelait celle de toutes les autres personnes qui avaient toujours veillé sur lui. Mais non… Non, non, il fallait qu’il s’en aille, ce gosse, il fallait qu’il parte vite. Si les gars l’apercevaient, Gayël n’avait pas envie de savoir la suite. Déjà que lui allait finir en pâture, peut être une victime pendant un certain temps, puis … De plus, c’était sa faute. La drogue, le fric, l’égarement de l’artiste le fit se remémorer ce qu’il devait à ces gens. Du fric, c’était forcément ça. Pas de passeport, non, c’était impossible, pas avec ces manières.

Gayël Kertèsz grogna encore. Il attendait, patiemment, que le gosse remplisse sa tâche. Après, il aviserait. Les rues du coin, il les connaissait comme sa poche. L’Islandais espérait simplement que c’était le contraire pour son petit frère.

« Il y a trois hommes, là bas. Ils ne viennent pas pour toi, à mon souvenir. »

Le jeune homme sourit. Peut être ne les avait il pas vu, qui sait. Il n’allait pas expliquer sa mésaventure à un inconnu, et l’idée d’une protection n’était pas sa préférée. Personne ne l’avait encore fait. Et personne n’avait besoin de s’encombrer d’un tel fardeau. Gayël dévisagea un à un les gars venus pour en découdre. Il crut même apercevoir le bout d’un canon de révolver. L’Islandais soupira. Il fallait qu’il trouve quelque chose, et vite. Il n’avait pas d’arme, sa puissance n’étant que les mots, les mots doux. Que faire ? Que faire …

« L’idée d’embarquer une autre personne dans mes affaires personnelles est assez désagréable. »

Il était rare d’entendre parler Gayël Kertèsz de cette façon, non seulement parce que le vocabulaire qu’il utilisait n’était pas le plus simple, mais aussi parce que le ton employé avait rarement été si blasé et triste à la fois. Le jeune homme referma encore plus son cahier à dessin contre lui.

Twilight continuait sa tâche sans faiblir, même si l'utilisation aussi longue de son pouvoir commençait à le fatiguer. Et pire, cela lui faisait perdre une partie de sa concentration, ses yeux et maintenant ses cheveux reprenaient leur couleur naturelle. Quelques exclamations furent poussées de la part du public, mais Twi ne les entendait pas. Il ne voulait pas les entendre, il était pour le moment bien plus important d'aider ce garçon totalement paumé. Enfin, Twi n'était pas stupide au point de croire que le mec qu'il tenait dans ses bras était paumé ou même désireux de son aide. Mais son coté trop mignon pour son bien et son air coupable quand il avait vu le jeune mutant arriver étaient trop craquants pour que Twi puisse résister.

Oh, il ne comptait pas aller loin avec le mec, trop de différence d'âge, mais un petit câlin ne serait pas de refus. En attendant, il était perdu dans ses pensée et n'entendit que la fin de la phrase du blessé. Qui ne venait pas pour lui ? Les trois mecs patibulaires ? Et alors ? Qu'est ce que cela pouvait bien faire ! Twi avait pratiquement terminé de désinfecter les plaies les plus importantes quand la seconde phrase arriva. Ok, il avait bien compris le message le mec voulait se débrouiller tout seul contre trois armoires à glace survitaminées et même armées d'après ce que pouvait voir Twi du coin de l'oeil. Donc soit il avait affaire à un mutant particulièrement puissant, chose étrange étant donné qu'il était blessé et fort mal en point, soit l'autre était trop gentil pour son propre bien et ne voulait pas que le jeune mutant soit blessé. Vraiment trop mignon, Twi se força à ne pas lui faire un gros poutoux baveux (mais ce n'est que partie remise) et le relâcha avec un petit soupir.

Désolé, je suis du genre collant.

Et oui le pire c'est que c'était la stricte vérité, il était collant et ne laissait pas un petit imprévu ou une simple difficulté le distraire de son but. Et là le but était d'aider le mec, donc pas le choix Gayël, le Twi il reste avec toi !

Il se retourna et regarda les trois hommes qui approchaient. Il ferma les yeux pour se calmer un petit peu et ne pas faire de choses inconsidérées (comment ça c'est déjà fait ?). Puis lorsqu'il les ouvrit à nouveau, c'était Twi et non plus le petit frère de Gayël qui se trouvait devant les trois brutes. Il regarda sa main ensanglantée avant de se placer devant son "frère" dans une attitude protectrice.

Au secours, un gamin vient de se mettre sur ma route, comment je vais faire ?

Les deux autres rirent bêtement à la blague stupide et continuèrent à avancer sans se préoccuper de Twilight. Vous ai-je déjà dit qu'il détestait être ignoré ? Et bien maintenant c'est chose faite. Et comme à chaque fois qu'il était énervé il laissa libre cour à son pouvoir, c'était certainement une mauvaise idée de devenir un film promotionnel pour les shampoings colorant, montrant tour à tour les différentes nuances, mais on ne se refait pas ...

Cassez vous avant que je ne m'énerve réellement.

Quoi ? Il n'était pas en position pour discuter et alors ? Déjà que le public hurlait au mutant alors un problème de plus ou de moins qu'est ce que cela pouvait bien faire. Surtout que les sirènes de police et de pompiers se rapprochaient... Plus que quelques minutes à tenir, enfin il fallait espérer.

Invité

Désolé, je suis du genre collant.

Ca, Gayël aurait pu le deviner tout seul. Vu la façon dont il le tenait serré contre lui, sans retenu rappelons le, le jeune homme commençait à craindre plus pour la suite des évènements. On ne pouvait pas dire que comprendre que ce type était un mutant avait été difficile non plus. Il y avait des gens, comme ça, leurs têtes vous indique qu’ils n’aiment pas faire fis des conventions et – tout en sachant que l’habit ne fait pas le moine – au final vous n’avez pas tout à fait tord. La preuve. Il était impossible de ressembler à Gayël Kertèsz, surtout au niveau des yeux. Et pourtant, deux pupilles grises argentées s’étaient jeté dans les siennes il y a peu de temps. Maintenant ? Maintenant le jeune artiste ne voulait même pas savoir ce que le destin allait lui réserver. La seule chose dont il était sur, c’est que ce gars sentait bon.

Le jeune homme se dégagea enfin de l’Islandais, qui crut un instant l’entendre soupirer. Ce dernier n’en tient finalement pas compte, tout en sachant que les trois armoires arrivaient de leur pas lourd et musclé. Il y avait encore une chance, encore une chance de sauver ce gamin avant qu’il ne se fasse exploser la figure s’il résistait. Car non, Gayël Kertèsz n’avait pas l’intention de résister. Il allait se laisser frapper par ces gars, et au bout d’une petite heure – ou même avant si possible – il arrêterait de respirer et se ferait passer pour mort. Il ne pouvait pas rendre la drogue, sinon c’est elle qui allait le tuer. Qu’en à fuir … il fallait mieux abandonner l’idée. Malgré les possibles guérisons que lui avait administré le gosse, son manque de drogue allait finir un moment ou à un autre à avoir raison de lui. Et s’il ne répondait pu de ses actes quand son pseudo petit frère était encore là …

D’ailleurs, un mal de tête infâme le prit un moment, alors que Gayël allait de nouveau s’interposer pour faire partir le gosse. Les gars au mauvais œil avançaient toujours, et leurs pas qui résonnaient sur les pavés de la ville de Los Angeles n’annonçaient rien de bon. Kertèsz n’entendit pas les premiers mots de ses agresseurs, ni même leur rire. Il cherchait un moyen. Ses yeux d’artiste analysaient la moindre parcelle de grillage pour en dénicher une ouverture, mais en vain. Les rues adjacentes à la leur étaient à présent occupées par des badauds et des pompiers – les flics n’allaient pas tarder. Leur demander de l’aide serait une chose idiote. Gayël ne se souvenait plus vraiment du nombre d’années pour prise de drogue, et il n’avait pas envie qu’on le lui rappelle.

Le gosse, par contre, semblait tout à fait maître de la situation, ou presque. Il s’était placé devant le jeune artiste en signe de protection, ce qui pétrifia littéralement l’Islandais sur place. Gayël avait déjà oublié ce qu’était l’aide. Il avait tellement donné que ce sentiment s’était perdu plus loin dans son esprit, près des chimères que la drogue avait crées au fil du temps. Les lèvres de son pseudo petit frère s’agitaient dans le vide, tandis qu’il endossait plusieurs couleurs capillaires extrêmement impressionnantes, mais sans qu’il puisse comprendre le sens de ses paroles. Le chargeur du flingue, lui, le fit immédiatement réagir. Kertèsz attrapa le gamin par l’épaule et le poussa derrière lui, juste contre le mur de brique non détruit de l’atelier. Il avança vers le gars le moins balaise, peut être celui-ci avait il moins de graisse dans le cerveau pour pouvoir suivre une conversation intelligente.

« Si vous venez pour la drogue, je ne l’ais pas utilisée, je peux vous la rendre. »

Apparemment, le type ne l’entendait pas de cette oreille. Il allait lever son poing pour le foutre dans la figure du jeune homme quand celui-ci tendit les petits paquets jaune délavés contenant le précieux ecstasy. Il les lui donnait à bout de bras, comme si le moindre geste vers le gars allait le tuer dans la minute.

« Tenez ! Reprenez les ! Je n’en veux pas de vos bêtises. »

L’argot, dans ce discours, aurait été plus approprié. Surtout fave à ce genre de type, que la politesse n'affectait pas outre mesure. L’armoire à glace se mit à rire, imité par ses deux comparses au teint rose par le froid. La belle merde … Ouh la belle merde… Au loin, les sirènes des flics se rapprochaient toujours plus, se répercutant avec l’écho des immeubles. Il fallait faire vite.

Tiens, pourquoi se déplaçait-il à présent ? Il était certain de ne pas vouloir bouger, mais une main ferme sur son épaule en avait décidé autrement. Il se retrouva collé au mur de briques et regarda la scène avec appréhension. Pourquoi l'autre l'avait-il protégé ? Il n'était pas en état pour se battre et il semblait même terrifié et là il se mettait en travers du chemin des grosses brutes qui allaient certainement lui faire du mal. Twilight jeta un coup d'oeil aux environs pour voir et entendre les demandes des autres. Et les demandes allaient toutes dans le même sens, que les brutes éliminent le mutant de la surface de la terre.

C'était déjà ça de gagné, Twi était maintenant considéré comme un mutant et les brutes allaient forcément lui en vouloir et chercher à lui courir après... Enfin il fallait l'espérer parce que là le jeune mutant était un peu nul en matière de protection d'autrui. Il était derrière celui qu'il devait protéger alors que celui-ci tendait un petit sachet aux brutes. Oh non ! De la drogue ! Pu*ain il ne pouvait pas se retrouver à protéger un gentil petit gars bien innocent ? Non, c'était un dealer ou au moins un consommateur et ça risquait d'aller très mal pour Twi s'il se retrouvait pris dans l'engrenage de la police. Donc plus question d'attendre que les sirènes soient assez proches pour les aider. Plus question d'espérer de l'aide de la part de la police ou des pompiers non, ils étaient seuls. Enfin si Twilight décidait de continuer à l'aider.

Il regarda sa main encore couverte de sang et inspira profondément. Il n'avait pas fait tout cela pour laisser tomber maintenant. Il était certain que le gars qu'il tentait de protéger malgré lui était un gars bien, ou du moins qu'il avait besoin d'aide. Et pour le moment il n'avait pour l'aider qu'un gosse mutant de surcroit et tant pis pour lui si cela ne lui convenait pas. Twi avança vers son faux frère et chippa les sachets d'un mouvement rapide alors que les trois brutes semblaient se demander ce qu'elles devaient faire. Parce que là, tirer sur le mutant était tentant, mais cela donnerait le temps à l'autre gars de se casser et ce n'était certainement pas dans leur intéret.

Twilight sortit une pilule du sachet et l'observa longuement, puis il fixa ses yeux bruns sur les trois brutes.

Vous voulez ces cachets et moi je veux le mec, on fait échange ?

Il regarda longuement les sachets qu'il tenait dans sa main et sembla se demander quel goût ça avait car il donna un petit coup de langue sur la pilule qu'il tenait en main. Mouais bof, pas génial et en plus ça faisait tout bizarre à son pouvoir. Il sentait qu'il pourrait facilement éliminer le poison de la drogue dans son organisme, mais qu'il lui faudrait de la concentration, chose impossible à avoir sur le moment. Il laissa donc tomber le cachet puis en prit un second qu'il fit tomber également. Les hommes étaient maintenant indécis. Tous les sachets étant ouverts, s'ils tiraient les précieux comprimés seraient répandus au sol et certainement couverts de sang. La proposition du jeune mutant semblait se frayer un chemin au travers du cerveau embrumé des gars, mais étaient ils assez subtils pour la comprendre.

Twi continuait à faire tomber un à un les cachets, comme on joue avec des grains de sable alors que les sirènes étaient maintenant toutes proches et que le dénouement ne devait plus trop tarder. Il jeta un seul regard à son protégé avant de lui demander.

Tu leur dois combien ?

Car il était évident qu'il leur devait du fric en plus, cela ne pouvait pas être autrement dans ce monde où tout avait un prix. Et, l'ai-je déjà dit, mais Twi était riche, très riche...

Invité

Le monde était en train de tourner à l'envers. Dans plusieurs sens. D'abord, il y avait ce gosse qui tentait de l'aider alors qu'il n'en avait pas besoin. Lui qui aidait les autres pouvaient bien se sauver soi-même non ? Non. Et puis, il y avait la vision de ses yeux qui commençaient à sortir du champ, si vous voyez ce que je veux dire. Sa tête tournait affreusement et quelques haut-le-coeur remontaient sans cesse, certainement à cause du sang. En clair, et pour arrêter de le dire, on pouvait voir que Gayël Kertèsz n'était pas dans son assiette. Il n'empêche, le jeune Islandais faisait pour l'instant l'effort de tenir sur ses pattes, histoire de, comme disent certains. Autour de lui, on criait, on hurlait, rien de bien étonnant. Mais ses yeux se fermaient lentement, et ce ne fut pas la foule qui arangeat grand chose. Oh oui ... Loin ... Une jolie prairie avec de la bière et de l'ecstasy, quelques vaches et trois moutons, une étable entre et des jolies blondes qui l'entretiennent.

Mais une main vil arrêta son pauvre rêve. Avec deux grands yeux ronds, Gayël observa son pseudo petit frère se servir dans sa main. Et même ses "N...no...Non... Non ..." n'y firent rien, car le gosse semblait bien décidé à se foutre dans la même m*rde que lui. (T'as raison ! Plus on est de fou, plus on rit !) L'artiste se tourna vers le jeune homme avec des yeux suppliants et attrapa ses mains, mais le garçon avait franchement l'idée qu'il allait aller jusqu'au bout. D'un autre point de vue, Gayël encourageait toujours ce genre d'initiative, mais vu d'ici, ça avait plutôt un goût amer de sang. Il préférait jouer la carte du silence, se réfugiant en lui même pour réfléchir à la suite. Avec un peu de chance, le p'tit mec allait déguerpir. Les drogués étaient sûrement pire que n'importe quel délinquant : ils avaient des promesses que la drogue anéantissait, et toute forme de sauvetage leur était détesté.

Oui, il s'attendait à ce que le gosse aux cheveux bruns tourne les talons ici et maintenant. Somme toute, ça ne l'aurait pas étonné outre mesure. Gayël sentait déjà le visage du jeune homme se relever, certainement pour un "on se voit et on s'fait une bouffe" retentissant. L'écoute d'un "Vous voulez ces cachets et moi je veux le mec, on fait échange ?" lui coupa sur le coup la respiration. De nouveaux grands yeux gris se fixèrent sur le jeune homme, qui regardait lui même les brutes, qui regardaient eux même Gayël Kertèsz. Il se sentit de trop et ses mains glissèrent le long de son corps. Décidemment, ce type n'avait pas finit de l'étonner, et quand même aurait il finit, il n'y aurait sûrement pas assez de merci au monde pour qu'il lui exprime sa gratitude. Car au delà de tout malentendu : Gayël Kertèsz était un homme qui aimait vivre.

Son pseudo petit frère passa un petit coup de langue dans les sachets d'ecstasy, et le petit bout rose lapa la drogue en une seconde. L'Islandais sourit. A la tête qu'il faisait, ça ne lui plaisait pas trop. Mais savait il vraiment ce que c'était ? Et d'ailleurs, quel âge avait il ? Un à un, les petites mains agiles du gosse ouvrirent les précieux paquets, et même Gayël eut un pincement de coeur en sachant que c'était cette m*rde ou la vie. Il aurait bien le temps de retrouver un fournisseur, quand il se serait installé autre part. Autre part ... Son regard revint vers l'atelier. Mais où ? Une question indiscrète le ramena à la réalité. Kertèsz regarda un moment son petit frère, pris sur l'instant il ne savait pas de quoi celui ci parlait, et se secoua la tête avant de murmurer :

"Hmh ... Deux cent cinquante."

Pour une fois qu'il n'avait pas hésité sur le chiffre. Ses yeux rencontrèrent les pavés du sol et il bassa la tête. Honteux. Parce qu'un gosse lui sauvait la vie. Et même pire que ça. Parce qu'il venait de ruiner sa propre vie en jouant avec le feu, ou plutôt le fric. Derrière eux, les trois grands gaillards rigolaient. Peut être qu'un petit supplément pour le boss et pour chacun d'entre eux leur ferait oublier cette histoire. Graisse dans le cerveau ou pas, tout le monde y trouverait son compte, espérons le.

Des comprimés commençaient à recouvrir le sol, disparaissant ainsi pour l'usage du monde, un usage qui serait de moins en moins possible au fur et à mesure des actions du jeune mutant. Il savait jouer avec le feu, avec sa vie et avec la vie de son pseudo frère, mais il n'avait plus le choix à présent. Quand le montant fut annoncé, Twilight sourit. Deux cent cinquante, voila le montant d'une vie humaine. Deux cent cinquante dollars, une poignée de billets qui valaient autant que la vie d'un homme. Enfin un petit peu plus, car Twi était certain que ce ne serait pas la somme qu'ils désiraient. Il leur fallait certainement beaucoup plus pour être satisfaits. Mais combien, de combien d'argent avait-il besoin ? Car, disons le tout de suite, même si le jeune mutant était riche, il ne se baladait pas avec des poches pleines de billets. Juste de quoi satisfaire sa soif d'achats en tout genre, donc un montant nettement moins imposant que celui de son compte en banque.

Les sirènes qui se trouvaient de plus en plus proches le décidèrent. Il devait agir immédiatement s'il ne voulait pas se retrouver en difficulté très très rapidement. Donc ... il décida de sortir son porte-feuille. Un très joli porte-feuille en cuir noir contenant toute la fortune qu'il avait prévu pour ce voyage. Il regarda rapidement le coté billets et sourit. Ca irait peut-être, enfin il fallait espérer. Il regarda les hommes et leur fit la première proposition.

Trois cents et le reste des pilules.

La graisse sembla avoir fait un mouvement dans leur cerveau car l'un d'entre eux leva un peu plus son arme. Bon, ok, pas la peine de s'énerver, on allait négocier ...

Du calme quatre cents cinquante.

Cette fois les armes commencèrent à baisser et les hommes à être intéressés. Twilight savait qu'il était sur la bonne piste, il pouvait leur proposer encore un peu d'argent et ils seraient murs. Maintenant est-ce que la négociation lui permettrait de garder un peu des cachets car aux vues de l'état du jeune homme qu'il était en train, disons le tout net, d'acheter, il lui en faudrait. Il décida d'abattre sa dernière carte, enfin une des dernières.

Ok, je vous achètes un sachet et le gars pour 600 dollars, et je vous redonne les autres sachets.

Les yeux des hommes se mirent à briller, il fallait croire que l'argent avait le pouvoir de faire fonctionner leurs cerveaux malades. Et que Twi avait trouvé la bonne approche. Il sortit les billets et les apporta à l'homme le plus proche. Il lui posa le tout dans la main et en profita pour déposer un peu de son sang sur la paume du gorille.

Les deux autres levèrent leurs armes en souriant, prêts visiblement à faire feu sans respecter leur parole. Les méchants, Twi aurait presque été surpris...

Ah, j'oubliais, mon pouvoir est puissant, je vous déconseille de lever vos armes si vous voulez que votre pote reste en vie. Il a du sang sur la main et cela pourrait lui faire très mal.

Comme par magie les armes se rangèrent, Twilight retint un sourire, trop simple, berner ces gars était beaucoup trop simple, il fallait maintenant qu'il parte d'ici en vitesse. Il fit signe aux gorilles de partir en premier, n'ayant pas du tout confiance en eux, puis il prit le bras de son achat.

Tu vas pouvoir marcher tout seul ? On se tire, je te laisse me guider dans un coin tranquille. Et toi aussi fait attention, les petits cachets que je garde tu les auras si tu es sage.

Twi était d'accord pour le sauver, mais pas pour qu'il se mette à se droguer ! Un drogué avait trop de réactions bizarres et inconsidérées...

Invité

Pour ne plus rien comprendre, Gayël Kertèsz ne comprenait plus rien. D’abord, parce que les autres parlaient argent et qu’il ne comprenait donc plus rien. Beaucoup de vocabulaire lui échappait encore, malgré les nombreuses années passées en Amérique. Ange avait toujours dit que la drogue y était pour quelque chose. Ses effets sur la mémoire n’étaient pas entièrement prouvé c’est vrai, mais si il y avait tout de même une part de vérité là dedans. Nous tomberons tout de même sur un accord commun : c’était mauvais. Voir très mauvais, si on voyait les effets que cette belle m*rde provoquait sur l’organisme de jeune homme comme Gayël. Nausée, fièvre … Certes, en prendre le détendait, lui qui était si accro, mais on ne pouvait pas dire que ce genre de moyen lui soit réellement bénéfique. Simplement, que peut on bien faire contre cela ? Ou plutôt, que pouvait il faire ? S’il résistait à l’ecstasy, le jeune homme allait à l’encontre de graves dangers pour son entourage. C’était une des raisons qui le poussait à continuer.

Il faut croire que tout le monde discutait ferme. Le gosse lançait des prix que les gars armoire à glace refusaient. Ces moments là firent soupirer Gayël. Il allait finir en bouillie à la fin de la journée, et puis ce serait tout. Rien ne servait de discuter avec ces types. Il n’aurait de cesse de s’obstiner vers la direction « carnage à tout prix » qui, ma foi, ne se refusait pas de la part de la brute de cette espèce. Le petit bout de chou qui lui servait de petit frère proposait un prix, comme aux enchères, mais les gars levaient sans cesse leur flingue. L’islandais fit mine de s’intéresser très nettement à la conversation, hochant parfois la tête de-ci de-là, faisant genre je comprend, à la manière d’un bon diplomate.

L’affaire tournait bien finalement. Les armoires à glace décidèrent finalement de céder, bon grés malgré ? Tout ce qu’imaginais le jeune homme, c’est qu’il réglait le prix des paquets de drogue. Pas des paquets de drogue et de LUI EN PERSONNE. Cette idée ne lui affleurait – à vrai dire – pas même l’esprit. Gayël souriait au petit bonhomme comme un encouragement silencieux, mais il faut dire que le gamin était vraiment concentré dans sa pénible tâche. Il ne cessait de sortir de beaux billets verts de son mignon petit porte-monnaie, si bien que Kertèsz crut que ce dernier était ensorcelé. (1) Mais franchement, quelle belle m*rde ! Embrigadé un gamin là dedans, mais quel adulte oserait faire ça ! De nouveau gênée, Gayël passa une main embarrassée dans ses cheveux noirs tandis que le gosse filait les billets au plus gros de la bande. Quelle journée. Le gamin, lui, ne se laissait pour l’instant pas du tout démonté et parla sur un ton autoritaire à leurs adversaires. Quelle journée. Son pseudo petit frère lui attrapa le bras, l’Islandais se fit embarquer sans lâcher les gars des yeux. Quelle journée …

Il l’écouta. Gayël décida de tourner à l’angle de la rue, pour gagner la gare la plus proche. Là bas, il y avait tellement de monde que ça ne serait pas plus compliqué que ça de semer ces gars si seulement ils les suivaient. L’Islandais ne fit aucun commentaire qu’en aux dires de son camarade. Après tout, il avait raison, ce n’était pas lui de protester. Il le guida le long des rues, tournant le dos au gosse. Gayël avait envie de pleurer. Pour la première fois, il allait quitter l’Atelier. Mais pour aller où ? Alors, en silence, il pleura. De grosses larmes roulèrent sur ses jours de gosse, alors qu’il tenait fermement la main de l’un d’entre eux.

Arrivé à l’endroit sûr, il lâcha enfin le gamin et le fixa. Ses yeux gris étaient empreints de rouge, fureur ou désespoir. Un peu des deux, mais pas dirigé contre celui qui venait de lui sauver la vie. Plutôt contre lui-même. Gayël passa une manche sur son visage pour retirer les larmes et inspira un bon coup. Et il sourit, parce que c’était un peu cela Gayël Kertèsz : un beau sourire sur un visage en larme.

« Bon, tes parents vont peut être s’inquiéter de ne pas te voir réapparaître ? Tu veux que je les appelle, pour les rassurer et leur expliquer ? »

Evidemment, il avait l’intention de le rembourser. Bientôt. Très bientôt.

_______________

(1) voir « Le veston ensorcelé » de Dino Buzzati Wink

Genre le mec, il fait apparaitre du fric de son veston, ça fait super peur O_O Et même temps, il vide les banques du monde XD

Chacun sa route, chacun son chemin, chacun son rêve, chacun son destin, chacun sa route, chacun son chemin, passe le message à ton voisin. Voila en gros ce que pensait Twi durant leur parcours dans les rues. Parce que là il se faisait entrainer par le drogué à une allure respectable et il était totalement paumé. Heuresement son acquisition, oui oui, il l'a payé, semblait savoir où aller. Et au travers des rues et des ruelles toutes différentes les unes des autres Twi pensait à ce qu'il venait de faire. Le stress de l'action retombant peu à peu il voyait enfin la portée de ses actes.

Il vacilla légèrement quand il sentit la main de Gayel le relacher. Là c'était certain, il entrevoyait le futur si jamais les ... comment ça se nomme déjà ... ah oui, les hommes avaient tenté de les retenir. Malgré ses fanfaronnades, il aurait été bien incapable d'arréter une balle de révolver avec ses mains. Ca aurait fait un gros trou disgracieux et douloureux. Quel dommage, il n'aurait plus pu jouer à l'ordinateur ou au docteur avec Julian. Donc il avait prit des risques, et puis dépenser un bon paquet d'argent, presque tout ce qu'il avait sur lui d'ailleurs. Un fou, il était totalement fou d'avoir fait ce qu'il avait fait. Il regarda le drogué qui s'essuyait les yeux et qui se mettait à parler. De la famille, quelle bonne blague, non ses parents n'allaient pas s'inquiéter outre mesure, ils avaient autre chose à faire, comme profiter du paradis...

Mais par contre, il fallait qu'il décide ce qu'il allait faire du mec, il ne pouvait pas le laisser là au milieu de la ville en lui laissant de quoi mourir deux fois sous forme de comprimés, même pas la peine d'y songer mon gars, Twi n'allait pas le laisser comme ça. Un hopital était pour le moment inutile et déconseillé et toute autre structure officielle également. Il pourrait le conduire à la Facu... non quel abruti, il ne savait même pas son nom ! Il fallait remédier à cet état de fait et rapidement. Et aussi demander un dédommagement.

Non personne ne va s'inquiéter pas de problèmes. Je m'appelle Twilight et toi ?

Maintenant le problème de l'argent que le garçon lui devait. Twi se doutait qu'il ne pourrait pas rembourser et il y avait l'histoire de la drogue également.

Il va falloir qu'on parle aussi, pourquoi tu te drogues ? Tu es à ce point désespéré ?

Les larmes brillaient encore dans les yeux de Gayel et il s'approcha lentement. Il le fixa dans les yeux comme pour le défier de faire un seul mouvement et il ouvrit ses bras. Il s'approcha encore et étreignit le jeune homme. Il allait le consoler, l'aider, il était trop mignon pour ne pas avoir droit à une vie normale avec des câlins.

HRP : J'ai mon câlin, j'ai mon câlin !

Invité

Les discussions n'allaient pas aller loin. Kertèsz se demandait se qui retenait ce petit bonhomme encore ici. Peut être allait il lui donner son numéro de portable pour pouvoir être remboursé, dans ce cas une carte de visite aurait été la bienvenue. Le gamin semblait riche, malgré son âge, mais les beaux billets verts démontraient tout. Gayël s'interrogeait vraiment de l'identité de la personne qu'il avait en face de lui : un mutant doublé d'un fils de millionnaire, ou bien simplement un gosse un peu doué avec pas mal d'argent de poche ? Aucune des deux versions ne lui plaisait, et l'Islandais espérait qu'aucune des deux n'étaient bonne. Simplement, ce bout d'homme était bien réel lui ; et ses parents aussi, très certainement. Des parents qui pourraient s'inquiéter de l'heure, de ne pas avoir de nouvelles - comme ce devrait être le cas de tous les parents - et peut être même avaient il déjà appelé la police. En tout cas, s'ils lui donnaient autant d'argent de poche, ça n'était sûrement pas pour acheter des actions chez Chocapic ou les seringues d'un artiste drogué.

Gayël attendait une réponse, il la reçut en pleine figure. L'Islandais fronça les yeux face à la première phrase du garçon. La deuxième lui effleura à peine l'esprit. Il avait, semble t'il, prononcé ces mots d'un air blasé, comme si c'était une évidence, comme si ça n'avait pas d'importance. Ses propres parents, tout de même ! Kertèsz aurait voulut en apprendre plus, mais il avait son nom et ce n'était pas mal du tout. Twilight ... La traduction anglaise lui échappait, même si ce n'était pas très important. Quoi qu'il en soit, c'était un joli prénom. Gayël sourit à son petit interlocuteur et lui tendit une main.

"Gabriel Cardian."

La suite ne se fit pas attendre. Le gosse enchaîna sur une série de mot compliqué où le jeune homme parvint à comprendre l'entière signification qu'au bout de quelques secondes et plusieurs répétitions dans son esprit. Son sourire ne disparut pas de ses lèvres, mais les larmes revinrent en masse. De grosses gouttes coulèrent le long de ses joues sans que Gayël puisse les retenir. Il ne voulait pas que ce gosse ait pitié de lui. Non, pas la personne qui venait de lui sauver la vie. Mais sans vraiment qu'il s'y attende, le dénommé Twilight s'avança vers lui et ouvrit grand ses bras. Sur le coup, Kertèsz ne comprit pas tout. Il le regarda avec étonnement, et ses grands yeux gris gorgés de rouge lui lancèrent un regard interrogatif.

"Non, je ne suis pas désespéré, je..."

Trop tard. On pouvait dire que l'individu Twilight était lancé et qu'il n'allait pas s'arrêter maintenant. Un gros câlin réconfortant. Voilà ce à quoi eu le droit Gayël Kertèsz. Sur le moment, le jeune homme resta interdit, comme s'était souvent le cas face à une découverte, quelque chose qu'il n'avait pas encore testé, quelque chose de nouveau. Sa tête hurlait de douleur, mais Gayël referma ses bras sur le gamin qui se collait contre lui. Etrange ... Il se souvenait des caresses de Ange, mais là c'était encore différent. Il ne se sentait pas mal à l'aise, plutôt rassuré. Et c'était très... agréable.

L'Islandais sécha de nouveau ses larmes en se dégageant de l'emprise du gosse. Le remercier. Pour tout ce qu'il avait fait. Son carnet à dessin frotta sa couverture contre son torse, ce qui eu pour résultat un Gayël avec une nouvelle idée. Il leva un doigt en signe d'attente et attrapa le cahier dans la poche intérieur de son grand manteau noir. Les flocons recommençaient à tomber autour d'eux, tourbillonnant dans de beaux nuages blancs. Quelques éléments blancs scintillants s'installèrent dans les cheveux noirs de Gayël Kertèsz, renommé Gabriel Cardian, pour la deuxième fois; et qui pourtant ne faillit pas à sa tâche. Il se hâta de récupérer son crayon à papier à moitié rongé et murmura Twilight avec un sourire :

"Garde la pose."

La mine vola sur le papier comme pourrait virevolter une plume après le passage d'un courant d'air. Il traça d'un geste assuré un nez fin et bien proportionné, quelques mèches foncées et un visage doux et mélancolique. Les yeux de Gayël Kertèsz étaient maintenant animés d'une étrange vie, le gris de ses pupilles changeait d'intensité, de ton. Sur son visage, on pouvait lire le bonheur. Oui, il était heureux de dessiner, plus encore pour les autres, et encore à un plus haut degré pour Twilight. Ce pouvait d'ailleurs être un des seuls moments où il pouvait véritablement être fier de lui. Son crayon s'arrêta bientôt, la feuille blanche était à présent recouverte d'un dessin d'une beauté éblouissante. Il y avait tracé au contour noir le gamin. Et même sur le papier on pouvait remarquer la lueur étincelante de ses yeux, comme s'il agissait d'une photographie en noir et blanc.

Assez content de lui, Gayël sourit et lui tendit la feuille. Il avait déjà oublié qu'ils allaient devoir se séparer, qu'il n'avait aucun endroit pour dormir et que la nuit était tombée depuis pas mal de temps. Les lumières de la gare éclairaient son visage pâle et néanmoins souriant. Il espérait que ce dessin plairait au petit homme.

Parce qu'il n'avait que ça à lui offrir en remerciement.

Une photo aurait été parfaite pour figer ce moment de calme et de détente. Twi ne savait pas pourquoi, mais depuis qu'il parvenait à se contrôler sans faire de mal aux autres, il était beaucoup plus gentil, beaucoup moins froid. Oh, que vous ne croyez pas qu'il était plus discipliné pour autant, non il restait le gamin pénible en pleine crise d'adolescence. Mais en même temps il reprenait à la vie la douceur qui lui avait manqué durant son enfance. Et là, avec ce garçon, cela donnait un calin ! Un gentil câlin sans aucune nuance déplacée. Un câlin qu'un grand frère donnerait à son petit frère pour le consoler. Sauf que les roles étaient inversés, Twi était le plus petit et il faisait son câlin à Gabriel.

Cela faisait du bien de connaitre son nom, même si pour une raison inconnue ce n'était pas le vrai. Twi n'en savait rien, il ne soupçonnait pas la supercherie, mais quand même... Enfin, l'autre garçon mit fin à l'étreinte et ils se séparèrent. Le jeune mutant le regarda avec un air d'incompréhension sur le visage pendant que Gabriel lui demandait de garder la pose. La pose ? Il allait le dessiner ? Mais c'était bizarre ça, enfin cela lui permettait de le remercier mais ce cadeau était étrange. A moins que ce ne soit l'un de ces artistes qui se droguaient et croquaient la vie par les deux bouts sans prendre conscience que leur vie était éphémère et que cela finirait par les tuer s'ils continuaient.

Voir Gabriel dessiner était cependant quelque chose d'assez étonnant, il était concentré à l'extrême, mais ne semblait jamais faire d'erreur, il ne raturait pas, il ne gommait pas. Non, il laissait la plume voler sur le papier et semblait animé d'une vie nouvelle. Cela faisait plaisir à voir, comme s'il n'était plus à présent sous l'emprise de la drogue et que sa vie était à nouveau là. Une vie normale sous la lumière artificielle de la gare. Twi le regarda terminer son dessin tout en frissonnant légèrement. Il faisait de plus en plus froid et ils allaient devoir trouver un coin où dormir. Et surtout savoir ce qu'ils allaient faire. Le jeune mutant ne pouvait pas se résoudre à l'abandonner, mais pouvait-il le ramener à la Faculté pour autant. A ce qu'il en savait il n'était pas un mutant, ou ne l'avait pas montré. Mais il n'était pas non plus un ennemi des mutants comme beaucoup de gens pouvaient l'être. Les imbéciles, comme si les mutants étaient les plus dangereux, non, ils étaient capables du pire, mais avant tout ils étaient humains, donc comme eux, bons ou mauvais.

Twi cessa ses réflexions pour regarder le dessin que lui tendait Gabriel et il eut un instant de pure interrogration. Comment avait fait l'autre garçon pour le dessiner aussi bien. Il avait vu de nombreux dessins dans sa vie, et parfois des choses magnifiques, mais jamais il n'aurait cru qu'il était possible de faire un dessin aussi ressemblant en si peu de temps et avec un seul crayon. Non, il y avait certainement un truc, un je ne sais quoi de nouveau qui pouvait montrer que Gabriel était peut-être lui aussi un être à part.

Merci, je ne sais pas quoi dire c'est magnifique. Merci.

Il prit l'oeuvre et regarda autour de lui avant de tendre la main à Gabriel.

Viens, on va dans la gare, il fera plus chaud.

Il attendit que le jeune homme le suive, il fallait qu'ils parlent de la suite de cette rencontre. Et qui sait, peut-être que la famille de coeur de Twi allait s'agrandir ... Mais est-ce que Gabriel et Iwëne pourraient s'entendre ?

Invité

Le dessin remit en main propre, l’utilisation du pouvoir de Gayël semblait faire son inébranlable effet : c’était beau, splendide, magnifique ; et tout autre qualificatif pas encore assez digne de pouvoir représenter le bout de papier coloré. Il avait vu des gens s’extasier, en recevant par exemple leur nouveau passeport ; il en avait vu d’autre l’observer d’un œil étrange avant de comprendre finalement que ces quelques traits tracés à l’encre noire seraient leur messie. Beaucoup ne pourraient jamais comprendre à quel point Gayël Kertèsz les avait sauvé d’un fin proche. Certains aurait finit en tôle – ou pire ! – si il n’avait pas croisé la route du jeune Islandais. Toujours aussi naïf, entendre ce discours des lèvres du jeune homme était impossible. Il ne pensait qu’être qu’un inconnu qui se contentait de recopier leurs yeux vidés de fatigue et leurs sourires parfois trop tristes …

La réflexion de son pseudo petit frère fut la même que des centaines d’autres. Gayël lui sourit, ses yeux gris ayant retrouvé les marques de la drogue. La drogue … Depuis combien de temps n’en avait il pas pris ? Le jeune homme espérait qu’il tiendrait jusqu’au départ du gosse, mais plus encore, que celui-ci lui rende les paquets qu’il avait « acheté » aux caïds. Oh oui, il s’était foutrement bien mis dans la merde cette fois ci : plus d’endroit où habiter, plus d’endroit où aller, nulle part pour dormir. Et lui alors, et Twilight ? Avait il seulement des parents … ? Cette simple idée bouleversa les plans de l’artiste. S’inquiéter pour les autres, encore et toujours. Mais ce gosse, qui se tenait debout devant lui et le fixait de ses yeux bruns ; ce gosse, d’où venait il ? Du ciel ? Pas croyant pour un sou, notre Gayël. Pourtant, ce n’était peut être pas le hasard qui l’avait mis sur son chemin. Certainement le courage.

Ce gamin qui prenait son courage à deux mains pour lui tendre la sienne. Gayël Kertèsz attrapa cette dernière en souriant de plus belle. Pour commencer, il valait mieux qu’ils se mettent à l’abri. Un vent froid commençait à monter du nord, soulevant les cheveux noirs de l’artiste. Un frisson lui parcourut l’échine tandis qu’il entraîna de nouveau Twilight à l’intérieur de la gare. De loin, on aurait vraiment pu trouver que ces deux là se connaissait bien. Bien comme… frère, par exemple ?

Gayël s’assit sur un banc, juste en face des rails où les trains attendaient leurs voyageurs respectifs. Il attendit que son camarade face de même, sourire jusqu’aux oreilles, comme à son habitude. Dire qu’il était lui aussi mutant ne lui était même pas passé par la tête. Le jeune homme sortit un paquet de cigarette de son blouson, indifférent à cette loi qui dit : pas de nicotine dans des lieus public. Il n’allait pas en proposer à Twilight, par bon sens. C’était un gosse. Et pas le genre de Gayël Kertèsz d’abuser de sa gentillesse pour son intérêt personnel.

« Alors… Twilight. Que viens tu faire à Los Angeles ? »

Il lui sourit de nouveau. La confiance est maître mot. Il fallait que ce garçon ait confiance en lui, Gayël Kertèsz, pour parler librement et sans retenue. Le jeune islandais sentait encore un certain trouble chez ce gosse. Et ça n’était pas bon. Il tira une bouffée de sa clope, laissant s’échapper au loin un nuage de fumée aussi gris que ses yeux.

« Sûrement pas sauver un pauvre artiste sans importance hein ? »

Sourire. Vive l’autodérision.

Il accompagna Gabriel dans la gare et le regarda s'assoir avant d'en faire autant et de le fixer. Il y avait quelque chose qui commençait à changer chez son interlocuteur, quelque chose que Twilight n'avait jamais eut l'occasion de voir. Ses pupilles commençaient à se rétracter puis se redilatées rapidement. Il soupira en pensant que cela pouvait être à cause de la drogue. C'était même certainement cela. Et il serait impossible de sevrer le jeune artiste d'un seul coup. Ce serait bien trop beau. Mais pour le moment, il ne fallait pas lui donner quoi que ce soit. Surtout pas. Attendre qu'il demande serait préférable.

Twilight observa ensuite la gare, un lieu assez vide, des trains à quai et des passagers pressés, mais rien d'autre, rien de dangereux, rien d'amical. Et une question. que venait-il faire à Los-Angeles. Que pouvait-il dire à ce garçon ? Il pouvait lui dire qu'il était un mutant, cela l'autre devait déjà l'avoir compris, mais ensuite. Il ne devait pas lui dire qu'il venait de la Faculté, pas encore, pas avant de savoir s'il pouvait avoir confiance en lui. Et la confiance en un drogué ne devait pas être donnée facilement, cela pourrait être fatal. Ensuite que lui dire de plus. Qu'il était dans la ville seulement pour s'acheter un téléphone portable au prix fort pour enfin être tranquille et ne plus être dérangé par un fou appartenant à une société de fêlés ? Non, certainement pas non plus. La réflexion n'était décidément pas facile et il lui fallait pourtant trouver une réponse à donner.

Je suis ici pour un petit voyage. Je vais rentrer chez moi bientôt.

Voila, c'était laconique, mais au moins personne ne pourrait dire qu'il avait menti. Il ne rentrait pas réellement chez lui, mais c'était tout comme. après tout, à la Faculté, il y avait Iwëne, sa soeur de coeur. Il sourit à cette pensée et se demanda si Gabriel pourrait avoir une utilité à la Faculté. Il avait déjà vu pas mal de monde faire des dessins et Gabriel pouvait les aider peut-être. Mais ensuite, comment lui présenter la chose, comment être certain qu'il ne serait pas dangereux en cas de sevrage. Car pas question à la Faculté de se droguer outre mesure. Sarah Senbank, l'infirmière folle pourrait certainement faire en sorte qu'il soit aidé, mais rien de plus. Et Twi avait pour seule arme contre lui, un petit sachet de pilules avant lequel il ne passerait pas la douane. Il sortit le sachet et prit un cachet entre ses doigts avant de se demander ce qu'il devait faire.

Il donna le cachet à Gabriel tout en lui faisant une proposition.

Tu as le choix, soit tu prends ça maintenant et tu te casses. Soit tu acceptes de te soigner et tu jettes le comprimé à la poubelle. La balle est dans ton camp.

Il ouvrit sa main, laissant le choix libre à Gabriel.

» [Los Angeles] A la recherche de la bonne affaire (Pv Spike )
» 1 marcheurs pour le pardon et 1 autre pour trouver appuis