[ONU][Colloque HGM] Première rencontre

Fraust avait suivit l'espèce d'assistant du secrétaire général jusqu'à sa loge, où il était sensé l'y attendre. Problème, Fraust ne savait pas ce qu'était une oge, du moins pas pour ce genre de personnalité. Il connaissait les loges du milieu théatral, mais celles de la politique, il n'y connaissais rien du tout. Il suposa tout de même que c'était un peu le même principe, donc un endroit où l'on se remaquille et ajuste son costume...

"Nous y voila, monsieur."

L'assistant toqua à la porte polimment avant d'attndre qu'on l'invite à rentrer. Il ouvrit alors simplement la porte en disant:

"Monsieur, monsieur Fraust souhaitait s'entretenir avec vous."

Et s'effaça sur le côté pour laisser entrer Fraust. La loge n'avait pas l'air d'une loge de théatre,en fin de compte... Le Mutant s'inclina légèrement, avant de dire un simple:

"Monsieur. Je suis Fraust, le représentant des Mutants. Merci de m'accorder... Audience, si je puis dire..."

Il resta debout, et le resterait jusqu'à ce qu'on l'invite à s'asseoir.

La pièce était spacieuse, ressemblant à un salon. Une télévision à écran plat dans un coin de la pièce était branchée sur une chaîne de télévision internationale qui débitait les dernières nouvelles, en particulier une analyse par des experts du discours du secrétaire général des Nations-Unis.
Ce dernier les regardait un oeil amusé.

-Ce n'est pas une audience, je ne règne ni sur l'ONU, si sur mon pays d'origine, Mr Fourst. Farust. Frrraoust. Oh je vous pris de m'excuser, j'ai toujours eu beaucoup de difficultés avec les patronymes étrangers. Je ne me présente pas. Je vous en pris, asseyez vous.

-On sens en effet une légère prise de position du Secrétaire Général.
-Je ne suis pas d'accord avec vous si vous me le permettez...

Conrad coupa le son de la télévision.

-Regardez les. Sans moi ils n'auraient pas de travail. Cela fait d'ailleurs un moment qu'ils n'en avaient pas eu. Toutes mes paroles sont disséquées consciencieusement. On fait l'autopsie de mes discours. On m'observe. Beaucoup de personnes attendent un faux pas qui me mettrait K.O. Dirigeants d'entreprises, diplomates, vous aussi peut-être.

Il regarda le leader mutant dans les yeux.

-Le colloque est composé de gens qui s'épient, qui ne tentent rien de peur de faire des erreurs. Plus leur poste est élevée, plus ils ont de pouvoir, moins ils en font usage, voyez vous Mr. Frrraoust. Pourtant, c'est à eux de faire le monde. Le pouvoir comme outil pour façonner un monde meilleur. Mais chacun est bien trop attaché à ses petites possessions matérielles, ses privilèges. Personne n'ose taper du poing sur la table.

Conrad se leva et continua à parler.

-Ma position est extrêmement fragile. Je suis sur une échelle haute mais très instable. Je ne dispose pas des pleins pouvoirs sur les membres de l'ONU. Je ne peux que lancer des opportunités pour que certains puissent le faire. Comme ce colloque. Certains prendrons des risques pour faire valoir leur position. Certains d'entre-eux y arriveront. J'espère que vous saurez défendre vos vues Monsieur Frrraoust.

Il regarda le mutant.

-Vous êtes minoritaires ici. Mais la loi même du colloque vous protège de toute représailles. N'ayez pas peur de saisir votre opportunité.

Fraust s'assit après l'invitation du secrétaire général, sur un fauteuil de cuir noir. Tout le temps que son interlocuteur parla, il le suivit du regard, sans bouger lui-même.

Le bref discours que lui sortit le SG laissa le leader des Mutants de marbre. En fait, cet homme n'avait fait que parler de lui depuis l'instant où l'homme électrique était entré dans sa loge. Et surtout, il feignait une absence de pouvoir exécutif, ce qui parût pour le moins étrange à Fraust. Un homme d'un tel rang au sein d'une organisation telle que l'ONU, ne pas avoir de pouvoir décisionnel? Au moins devait-il avoir des droits de véto, quelque chose du genre, non? Il devait également avoir des moyens de pressions, supposa le recteur de la Faculté pour jeunes Mutants. Alors, pourquoi cette apparente passivité? Van Orange-Nassau attendait-il simplement le moment opportun, ou bien était-ce une manoeuvre machavélique destinée à tromper la confiance du Mutant?

"C'est Fraust, monsieur, pas Frrraoust."

Après ces quelques mots, Fraust ne savait plus très bien comment il devait réagir avec cet homme. Lui demander de prendre clairement position serait un aveu d'impuissance, et l'occasion serait trop belle pour faire de Fraust et des Mutants une bande de pantins qu'on manipule à sa guise. Fraust chercha à creuser un peu...

"Je comprends votre position, monsieur. Cependant, je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi, soudainement, on accorde à des "expériences scientifiques ratées" , selon vos termes, le droit de vote, si je puis m'exprimer ainsi. Cela dit, puisque ce droit m'a été gracieusement offert, soyez certain que j'en ferai usage pour servir ma cause et celle de la Mutanité auprès des humains du monde entier. Une question me brûle néanmoins les lèvres: A titre de représentant des Nations-Unies, qu'attendez-vous de la poignée d'industriels, de politiques et de Mutants présent aujourd'hui à ce colloque?"

Fraust croisa ses bras contre son torse, et fixa son regard dans celui de son interlocuteur, essyant d'y déceler un signe d'il ne savait trop quoi...

Conrad tilta lorsque Fraust se méprit sur une des phrases de son discours.

- Je n'ai jamais dis que les mutants sont des expériences scientifiques ratés. J'ai dis que les expériences scientifiques visant à créer l'homme parfait ont raté. Vous n'êtes pas parfait, monsieur Frrraoust. Malgré vos pouvoirs, vous pouvez mourir, aussi bien que n'importe quel humain non génétiquement modifié. La maladie peut vous atteindre, les balles et les couteaux aussi.

Il reprit, en souriant. Le "jeune" mutant posait quelques bonnes questions.

-Ce que j'attends du monde réunit ici ? Absolument rien, monsieur Frrraoust. Le colloque n'a que pour seul objectif de réunir les gens et discuter. Il n'en sortira probablement pas quelque chose de potable et de directement applicable, mais c'est pourquoi j'engage des experts à l'ONU. Ils étudieront les débats, feront le tri entre les propositions pour en sortir quelque chose cette fois de potable pour tous.

Et vous ? Pourquoi avoir accepté mon invitation ?

"La perfection chez l'homme n'a jamais existé, et n'existera jamais, monsieur Van Orenge-Nassou" Petite vengeance pour l'écorchage de son propre nom "Surtout pas si on espère le fabriquer par voie génétique. Voyez vous, c'est sûrement la seule chose que je trouve drôle dans tout çà... La dichotomie entre l'homme dans sa grandeur, et les hommes dans leur naïveté. Hélas, je mentirai un peu en disant que je n'en suis pas un, scientifiquement parlant, même si je ne me considère plus en tant que tel..."

La réponse du secrétaire général à sa question ne convainquit pas Fraust. Rassembler des hommes et des Mutants pour discuter... Plutôt pour se taper dessus par dialogues interposés oui, c'était plus probable...

"En clair, vous vouliez organiser une sorte de joute où ceux qui parleront les plus forts auront raison... Remarquez, çà à l'air d'être comme cela que çà marche, en politique, ne dites pas non alors que nous savons tout deux ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas..."

Fraust se redressa et se pencha un peu, en direction du secrétaire général. Son visage était fermé, ses sourcils froncés.

"Cessons ce petit jeu ridicule de la langue de bois, et parlons franchement, monsieur. Que voulez-vous obtenir au terme de ce colloque? Une déclaration de guerre qui opposera nos deux "races"? A moins que çà ne soit des lois qui vous permettent de contrôler la mutanité, de la surveiller, de la dominer? Dites-moi tout, monsieur Van Orenge Nassou, êtes-vous blanc ou êtes-vous noir?"

En terminant sa phrase, Fraust agita dans sa main la pochette de cuir blanc qu'on lui avait donné à son arrivée. Le leader des Mutants avait bien remarqué que tous les autres invités n'avait pas eu cette couleur-là, bien que ceci ne fut qu'un détail, un simple point de détail...
Fraust savait qu'il était très limite, au niveau de l'attitude à avoir avec cet homme, et qu'il n'avait même pas répondu à sa question. Mais ce jeu stupide d'hypocrisie ne lui plaisait plus, il avait même trop duré...

-Monsieur Fraust...

Étonnamment Oranje-Nassau avait prononcé le nom du recteur parfaitement. Son ton était un peu plus dur.

... vous parlez vous même de "races". Serions nous deux "races" différentes ? Ne sommes nous pas des Homo sapiens vous et moi ? N'est ce pas vous en entretenant le doute qui semez la discorde entre individus d'une même espèce ?

Ce genre de comportement, l'entretien d'une différence somme toute subjective, peut être dangereux. Même si vous ne prônez pas l'affrontement entre nos deux communautés, en entretenant nos différences vous attisez les feux d'un replis et d'une "xénophobie".

Les leaders d'une cause peuvent bien malgré eux se retrouver dictateurs d'un groupe de fanatiques qui n'ont plus des motivations originales que le nom ou la base idéologique. C'est un risque inhérent à notre fonction, monsieur Fraust. Mais c'est à nous de gérer cela convenablement.

Je m'occupe de gérer les hautes affaires de ma communauté, et vous de la votre. Et c'est cela qui me trouble profondément. Vous êtes une sorte d'autorité pour tous les humains mutants de la terre - vous êtes d'ailleurs selon mes sources le plus puissant d'entre eux - et moi je suis une autorité pour tous les humains non mutant de la terre. Nous sommes une même espèce, une même race. Un même sang. L'autorité devrait être la même, regroupée dans un même organe.

Vous n'êtes pas différents de nous. Nous sommes totalement identiques. Et nous nous devons d'obéir aux mêmes lois monsieur Fraust. Je ne veux pas contrôler la mutanité - si elle existe vraiment - non, je veux juste qu'elle ne sente pas libre de tout, sous prétexte qu'elle ait quelques gènes différents. Vos pouvoirs sont pour certains aussi puissants qu'une arme de combat, voir même pour certains d'une arme de destruction massive, et vous portez aussi votre lot de criminels. On peut priver une humain non mutant de son arme. Mais on ne peut pas priver un mutant de son pouvoir.

Je ne suis ni blanc ni noir Mr Fraust. Le monde n'est pas bicolore mais tout en nuances. Et vous ? Vous sentez vous blanc ou noir ?

Si Fraust avait eu l'idée de comparer le secrétaire général des Nations-Unies à un animal, çà aurait sans nul doute été la belette. Oui, car cet homme là, il était malin, il jouait au plus fin... Prétexter que humains et Mutants n'étaient membres que d'une seule et unique race, c'était tout de même formidable...

"Une seule et même race, c'est vous qui le dites, parce que çà vous arrange bien. Je ne vais pas vous rappeler les odieux crimes perpétrés en tous temps par vos semblables, "nos" ancêtres me direz vous. La persécution des juifs, çà ne remonte à pas si longtemps que çà, à peine un peu plus d'un siècle. Et pourtants, nazis et juifs n'étaient ils pas d'une même race, comme vous le dites? Désolé de vous le dire, mais j'ai la nette impression que nous allons tout droit dans le mur, et que les erreurs du passé vont se reproduire, pas avec les mêmes ethnies, communautés, ce que vous voudrez, mais le fond sera le même.

De plus, excusez-moi de le rappeler, mais le taux de criminalité chez les Mutants est encore bien inférieur à celui des humains. Que vous vouliez vous faire le garant de la paix sur terre, c'est une bonne chose, mais il est hors de question que çà soit les Mutants qui paye pour les autres, plus que les autres, parce qu'ils sont ce qu'ils sont. Pas de justice à deux vitesses, monsieur. Parce que, si vous commettez cette erreur de jugement, je peux vous garantir que retour de flamme il y aura, car j'ai beau être diplomate, ce n'est pas le cas de tous le monde, et vous le savez très bien."

Fraust se leva, et se dirigea vers la porte. Il en avait assez entendu pour aujourd'hui. Avant de partir, il se retourna vers Van Oranje Nassau, et acheva sur:

"Si l'avenir de ma communauté est entre mes mains, celui de la communauté humaine est entre les votres. Je représente les Mutants, mais je ne suis pas leur chef, ou quoi que ce soit. Je ne saurai donc passer mon temps à jouer au gendarme si vous faites des erreurs. Pensez-y..."

Et il quitta la pièce, remonté. Vivement les débats, qu'on en finisse avec cette mascarade grotesque...

Très intéressante cette réaction, cette soudaine agressivité du leader, si ce n'est décisionnel, spirituel de la "mutanité". Rien de bien étonnant d'ailleurs la dedans.

Il appuya sur un bouton de son téléphone portable.

-Faites venir Walter ici tout de suite je vous pris.

Maintenant que le terrain a été tâté, il était temps de commencer à avancer. Un long déploiement des forces. Parce qu'au final ça ne serait que ça. Un rapport de force. Les humains "non mutant à pouvoir actifs" ont peur, c'est un fait, des "mutants à pouvoir actifs". Ils sont peut-être moins bien "armés", mais bien plus nombreux. Il ne leur manque plus qu'un leader pour leur montrer la voie.

Walter, comme l'avait demandé son patron, avait observé l'assistance pour tenter de voir si quelque chose se dégageait du discours. Mais pour le moment, chaque groupe discutait en gardant son propre avis sur la question. Que ce soit les mutants qui voulaient rester en paix, les officiellement pro-mutants qui parlaient et cherchaient à décrypter le discours, ou bien tous les autres qui pensaient que les humains n'étaient pas à l'abri d'un attaque mutante, ils restaient sur leurs positions. Il se demanda quel était le but officiel de son patron, et quel était l'officieux. Car même s'il ne l'aurait jamais avoué, parfois le secrétaire général avait des méthodes qu'il ne comprenait pas. Il était un guide à suivre pour tous les humains donc pourquoi se préoccupait-il tant des apparences ? Enfin ... cela devait illustrer le fait que Walter ne soit qu'assistant et que Conrad soit le dirigeant !

Un homme vint lui signifier que son patron le demandait, il se dirigea vers le bureau et frappa avant d'entrer.

Oui monsieur, vous m'avez demandé ?

-En effet Walter.

Le secrétaire général de l'ONU était entrain de se relever.

-Dites à toutes personnalités de la mouvance anti-mutant de me retrouver dans une heure dans ma "loge". Je veux entendre leur point de vue.

Il se dirigea vers un miroir dans un coin de la pièce et rajusta son nœud papillon.

-Bien, allons serrer quelques mains.

Il sortit à la suite de son patron tout en réfléchissant aux personnes qu'il allait pouvoir contacter. La mouvance anti-mutants, il en avait de bonnes, mais comment les distinguer. Oh, il avait entendu quelques propos déplacés, mais il ne voyait pas du tout qui pouvait faire partie de cette mouvance. Tant pis, il allait se ridiculiser, mais il posait la question.

Excusez moi monsieur, mais qui sont les représentants de la mouvance ici. Je ne les ai pas identifiés.

C'était pas trop mal et devrait permettre d'éviter trop de casse.

Intelligent Walter. Il a préféré demandé plutôt qu'exécuter sans vraiment savoir. Même Conrad ne connaissait pas les leaders anti-mutants. Le monde était bien trop tatillons pour prendre, pour le moment, ouvertement position.

-Oubliez cette demande. Je suis un peu étourdi, je pense encore à mon entrevue. Non, ne faites pas ce que je vous ai dis. Allez chercher Scott Lorrington, le directeur de l'@. Dans une heure. Dans ma "loge-bureau".

Oui. Le directeur de l'@. Un jeune homme ambitieux. La premiere entrevue avec sa vice-directrice ne s'est pas très bien passée. Voyons comment réagirait monsieur Lorrington.