[Phoenix, Arizona] War, Money and Religion [PV Emma]

C'est dans le café-bar 'El Pampa', bien animé en ce jour d'avril 2051, que James Shefield avait décidé d'entamer sa journée. L'enfant du pays était de retour au bercail après une série de missions des plus éprouvantes au sein de l'A.T.W., l'entreprise qui l'employait depuis quelques temps déjà. Ah, cette permission, il en avait bien besoin tout compte fait. Lui qui détestait l'oisiveté s'était rendu compte, après deux jours passés à se reposer, qu'il en avait finalement plus besoin qu'il ne le pensait. Les combats et le travail l'avait un peu fatigué, et ce n'est que pendant ces vacances qu'il s'en rendait enfin compte. Au final, il était désormais un peu plus certain qu'il apprécierait cette semaine à ne rien foutre, loin du boulot et de la bande de Swing.

Pas que ses collègues l'emmerdait, mais au fond, ça lui faisait du bien de se retrouver un peu seul, et qui plus, de retour à la civilisation. Le plus âgé des Hunters appréciait de ne plus avoir à supporter momentanément les jeunes branques qui lui servaient de collèges, et au moins, ici, dans sa chère ville natale, il pouvait apprécier le repos en compagnie de quelques vieux amis.

Ce jour là, comme les 2 jours précédents, James s'était donc levé de bonne heure, et s'était rendu au Pampa pour déjeuner tout en lisant les dernières nouvelles du journal local. C'est donc en toute logique que nous le retrouvons attablé dans un coin calme du café-bar, assis sur l'une de ces banquettes usées par le temps et les fessiers. Appuyé d'un coude contre la table où étaient posées 2 tasses de café dont l'une déjà vide, une corbeille de viennoiseries et un cendrier, l'Old Boy lisait donc, imperturbable, les nouvelles du jour tout en fumant un de ses éternels cigares de bonne qualité.

James tourna la page avant de faire tomber quelques cendres dans le cendrier, et commença la lecture d'un article qui allait, vous allez voir, lui faire perdre son calme éphémère.

The Arizonian a écrit:

L'ATW en proie à une OPA hostile

C'est une rumeur qui court depuis ce matin à la bourse de Wall Street, et qui a fait l'effet d'une bombe chez les actionnaires du leader en néo-armement. L'ATW, connue et reconnue dans son domaine, et actuellement en pleine croissance économique (+13,68% sur les 6 derniers mois), serait en plein dans la ligne de mire de la non-moins connue Russian Mech. qui envisagerait de lancer une OPA sur le groupe...

Le grand gaillard fronça sévèrement les sourcils à la seule lecture de cette introduction, qu'il commenta pour lui-même d'un:

"Mais qu'est ce c'est que ce bordel?..."

Il poursuivit sa lecture.

The Arizonian a écrit:

Le leader européen de la robotique de pointe ne s'est pas encore exprimé officiellement sur le sujet, mais son PDG Nicholaï Vajdnev a laissé entendre lors d'une récente interview que "Ce serait un bénéfice pour l'ensemble de la communauté humaine que les forces s'allient et forment une coalition soudée pour contrer la montée en puissance de la mutanité.". Doit-on voir dans ces propos les intentions de rachat de l'A.T.W. par la compagnie russe? C'est en tout cas ce que pensent les actionnaires ce matin. Les spécialistes de la bourse s'attendent en tout cas à une baisse significative des titres A.T.W. dans les prochains jours.

"Put*** de sal****** de communistes, voila qu'ils veulent nous associer à leurs emmerdes!"

Shefield montait doucement mais sûrement dans les tours, tandis que sa main se crispait légèrement sur le journal.

The Arizonian a écrit:

La Russian Mech. semble être dans une santé économique favorable à une OPA que l'on annonce déjà comme très incisive. Le président Swing devrait, selon nos experts, prendre la peine de réfléchir à celle-ci, et aux opportunités qui pourraient se présenter alors que ses ventes sont en légère baisse sur le marché eurasiatique.
En tous les cas, la réaction la plus vive à ce sujet est celle de l'émir Ben Djala, l'un des plus gros actionnaires du groupe russe. Lisez plutôt son commentaire, publié hier soir sur son site personnel: "C'est la voie de la sagesse délivrée par Allah qui incite le groupe à prendre cette initiative. A l'heure où les mutants deviennent légion, il est de notre devoir de préparer un contre-pouvoir solide et efficace pour leur faire face, et une fusion de 2 leaders dans des domaines militaires seraient un très bon point de départ.". L'émir Ben Djala, connu pour ses positions hyper-violentes vis à vis de la mutanité, n'a pas manqué d'ajouter que "C'est la volonté de Allah" que ce simili de guerre sainte qui semble se préparer dans l'ombre. Le nouveau "Djihad" commencera-t'il par cette OPA? Affaire à suivre...

De colère, Shefield froissa le journal en boule avant de la balancer rageusement sur la banquette face à la sienne, en disant, non, en criant presque:

"Put*** de moudjahidines de mes deux!!"

Une partie des coutumiers du café-bar se retournèrent vers lui, les yeux grands ouverts comme s'il venait d'insulter leur dieu. Un "Quoi?!" agressif leur permis de remettre leurs nez dans leurs cafés, leurs bières pour certains, sans un mot.

Shefield quant à lui, tira une grande latte de son cigare en ruminant encore dans sa barbe.

"Bordel, mais qu'est ce qu'il a ce bouseux, à se mêler de ce qui ne le regarde pas... Manquerait plus que le pape s'y mette tiens!"

Ne vous y trompez pas, James était assez croyant, pas un pratiquant régulier mais il respectait tout de même pas mal la religion, du moins la religion chrétienne comme tout bon américain. Mais cette nouvelle l'avait mis hors de lui.

Déjà, l'élément économique. Il n'était pas du tout ravi d'apprendre que sa boîte était l'objet d'une intention d'achat, par des communistes en plus! (toujours l'anti-communisme américain grégaire, des années après la guerre froide...). Et que ce barbu plein aux as appelle à la guerre sainte, ça c'était le comble du ridicule. Pour un peu, Shefield se serait cru revenir au moyen-âge, tiens... Il ne manquait que la cape et l'épée pour parfaire le tableau, mais ce qu'il savait, à coup sûr, c'était que ce troufion d'émir Ben je sais pas quoi, oui que ce couillon là n'était bon qu'en parlotte 'au nom d'Allah', et qu'il ne risquait pas de mouiller son turban dans le sang des mutants. Ce que lui, entre parenthèses, faisait depuis des mois avec l'A.T.W., et dieu sait qu'il avait des convictions pour faire ça.

Alors que la religion reste à sa place et laisse les mecs comme lui faire le sale boulot; ça faisait des années que ça se passait ainsi de toutes manières, alors que les ecclésiastiques ne commencent pas à venir faire chier le monde, c'est ce qu'il demandait.

Shefield descendit son second café, mais il sentait qu'il allait devoir en commander un autre.

"Put*** mais où va le monde??"

Le réveil sonna avec une sonnerie stridente dans la chambre d'hôtel assez vétuste. Emma chercha à l'arrêter à tâtons mais ne parvint pas à trouver le cran de ce vieil objet qui n'avait certainement pas servi depuis quelques temps. Un soupir de dépit sortie de sous le drap, le bruit assourdissent continuant à retentir dans la petite pièce. Emma émergea enfin pour stopper la nuisance en question puis s'étira avant de s'extirper de ses draps. Le voyage et le décalage horaire de la veille l'avait un peu fatigué mais cette nuit de sommeil l'avait tout de même quelque peu retapé.
Elle s'était mise en route dès la réception de certaines informations, intéressantes bien que maigres, concernant l'A.T.W., l'organisation qui l'aiderait surement à retrouver la trace des mutants du M.I.L.. Il fallait avouer qu'il était bien compliqué de trouver des informations sur les employés de la puissante organisation qu'était l'A.T.W. mais il y en avait un dont les données étaient un peu plus fournies.
Elle s'avança vers la petite table et prit la feuille qui reposait sur sa surface.

fiche d'informations - service de renseignements du Vatican a écrit:

Nom : Shefield
Prénom : James
Age : 43 ans
Adresse : N/A
Profession : Membre supposé de l'A.T.W. (information non vérifié)
Famille : N/A
Autre : N/A

Il a servi dans l'armée. C'est pour cette raison que nous avons quelques informations supplémentaires sur lui. D'après certaines sources, il serait en ce moment en Arizona, à Phœnix mais nous n'avons aucuns moyens de vérifier la véracité de cette information. Nous pensons qu'il pourrait vous aider à faire le lien en vu de vous faire embaucher dans la société. Bonne chance, sœur Céleste.

Une photo était jointe mais elle datait de l'entrée de Shefield au sein de l'armée. Emma se dit que ces informations étaient bien maigres et incertaines et que ce ne serait surement pas une mince à faire que de retrouver cet homme en plein Phœnix avec son nom et une vieille photo. Elle riait tout de même intérieurement, non sans moqueries, des piètres trouvailles du service des renseignements du Vatican, ceux-ci étant habituellement si peu humble.

Elle passa rapidement à la salle de bain pour prendre une douche. Cette pièce était tout aussi décrépite que la chambre en elle même mais elle avait l'avantage d'être individuelle. La tiédeur de l'eau permis à Emma de se réveiller complètement et de lui remettre les yeux en face des trous. Elle pensait d'ailleurs qu'il n'y avait rien de mieux pour commencer la journée sur une note positive. Elle se sécha puis enfila une tenue légère.

Sa main se glissa rapidement sous son oreiller pour aller trouver le Beretta qu'elle avait caché. Elle effectua les diverses vérifications d'usage de celui ci mécaniquement et le plaça ensuite dans le holster, caché sous son fin gilet sans manche. Le fait qu'elle ne sentait pratiquement pas ce dernier l'avait toujours étonnée bien qu'il fut fait sur mesure par l'ordre lors de la fin de sa formation. Elle glissa ensuite un chargeur supplémentaire "au cas où" comme elle se le disait toujours. Les sœurs supérieures lui avaient toujours répété que leurs expériences leur disaient que l’on n’était jamais assez prudent. La photo de jeunesse de "James Shefield" alla, enfin rejoindre le chargeur.

Ainsi parée, elle quitta l'appartement et pris la direction des escaliers. Elle arriva à l'accueil et remis la clef au gérant en s'adressant à lui dans un anglais impeccable.


- Dites, vous connaitriez un endroit sympa pour un petit déjeuné ?

Certes, l'état des locaux et l'apparence du gérant auraient pu faire penser que ce dernier était certainement l'un des hommes les moins accueillants de la planète mais il avait prouvé la veille à la jeune sœur qu'il n'en était rien par un accueil chaleureux et une explication sur l'état de son établissement. Emma avait appris qu'il manquait malheureusement de clients et que les revenus étaient tellement bas qu'il peinait à maintenir son hôtel à flot. Il lui répondit donc avec un ton qui aurait presque donné l'impression que rien ne lui aurait fait plus plaisir que d'orienter la jeune femme.

- Hum ... eh bien si vous voulez quelque chose de moderne, je vous conseillerais bien le "Dark dog" dans le centre. Si vous voulez faire dans le local, il y en a un tout près d'ici, le café bar "El Pampa", vous verrez bien plus de gens du coin et bien moins de touristes, le gérant est un ami à moi. C'est assez Old school, un café qui a vécu quoi, et il vous offrira peut être même le café si vous dites que vous venez de ma part.

Évidemment, la deuxième proposition enthousiasma grandement Emma. Aussi, elle remercia chaleureusement le propriétaire de l'hôtel et se mis en route. Elle trouva rapidement le bar en question et s'approcha du bar. Elle dit que le patron de l'hôtel lui avait dit qu'il y avait moyen de déjeuner. Le gérant lui fit choisir ce quel voulait manger et Emma trouva son compte dans le choix bien que mince qu'on lui offrait. Comme prédit, elle se vue offrir son café.

- Merci ! C'est gentil. ;Avait-elle dit.

Il lui répondit avec un sourire.

- Oh, vous savez. On n’a pas beaucoup de touristes qui viennent ici. En général, il préfère ces nouveaux bars rapides où ils servent leur jus de chaussettes qu'ils appellent café, il n'y a presque que des habitués ici. Alors, c'est un plai...

Il fut interrompu par un grand cri venant d'une des tables.

- Put*** de moudjahidines de mes deux!!

Il s'agissait d'un homme seul qui avait fait valser un journal maintenant roulé en boule. Sa saute d'humeur avait été assez exhaustive pour faire de lui la cible de bien des regards, y compris celui d’Emma. Elle ne l'avait jamais rencontré elle en était certaine mais pourtant, elle aurait juré l'avoir déjà vu quelque part. La réaction aux différents yeux braqués sur lui ne se fit pas attendre et se solda par un "Quoi ?" d'une agressivité égale à l'état d'énervement de l'homme. Tout le monde avait alors replongé le nez dans sa consommation. Tout le monde, sauf Emma, qui essayait encore de savoir pourquoi elle pensait le connaitre. Sa main se dirigea à tâtons vers sa poche et en tira la photo de Shefield. Elle vit des ressemblances mais rien de flagrant qui puisse lui indiquer qu'il s'agissait bien de l'homme qu'elle était sensé retrouvé. "Ce serait une sacrée chance offerte par le Seigneur" s'était-elle dit intérieurement. Elle demanda discrètement au barman ce qu'elle voulait savoir.

- C'est un habitué ?

Le gérant du bar avait rit gentiment de la question avant de répondre.

- Un habitué, pas vraiment ... mais il est d'ici, effectivement. James Shefield, il me semble. Ca fait deux jours qu'il vient chaque matin, alors que je ne l'avais pas revu ici pendant un sacré bout de temps. J'ai d'ailleurs failli pas le reconnaitre qu'en il s'est re-pointé ici.

- Bien. Vous pouvez me faire deux cafés, je vais le rejoindre à sa table.

Le barman avait sourit. Peut être s'était-il fait des idées sur les intentions d'Emma mais à vrai dire elle s'en fichait, le ciel lui avait amené l'homme qu'elle cherchait, James Shefield. Avant qu'elle ait pu s'en rendre compte les deux cafés étaient devant elle, fumant.

- Merci

Le barman lui répondit avec un sourire. Elle se dirigea d'un pas rapide vers la table où James était seul avec ses deux cafés et arriva pour entendre.

- Put*** mais où va le monde??

Elle en profita pour engager la conversation jugeant le moment assez opportun pour cela. Elle répondit avec un naturel qui aurait pu, peut être, être un brin déconcertant.

- Là où Dieu tente de l'emmener vous ne pensez pas ? Il y a juste certains hommes qui s'égarent ... Vous permettez que je me joigne à vous, Monsieur Shefield ? Je vous offre le café.

Sans attendre la réponse, elle avait pris place en face de l'ancien soldat. Emma avait jeté un coup d'œil furtif pour tenté de voir l'objet de la fureur de ce dernière mais le fait qu'il soit en boule ne lui permit pas de se faire une idée de ce qui n'allait pas. Rien n'étant déchiffrable sur la boule de papier recyclée. Elle reporta donc son attention sur l'homme pour observer sa réaction. Elle avait fait exprès de lui montrer qu'elle savait qui il était pour capter son attention et l'amener à accepter d'engager la discussion avec elle.

James était encore en train de ruminer mentalement sur les sujets à contentieux: guerre, pognon et religion, quand la jeune femme arriva devant lui et répondit à sa dernière réplique du cœur.

- Là où Dieu tente de l'emmener vous ne pensez pas ? Il y a juste certains hommes qui s'égarent ... Vous permettez que je me joigne à vous, Monsieur Shefield ? Je vous offre le café.

Ça, c'était bien une réponse d'américaine puritaine... Le hic c'est que la jeune femme avait un très léger accent, elle n'était pas Arizonienne et sûrement pas plus américaine. James prit le temps de détailler cette personne tandis qu'elle s'installait tranquillement en face de lui comme si c'étaient de vieux potes de lycée.
La jeune femme n'était pas particulièrement typée, elle avait l'air d'origine caucasienne ou européenne, était habillée comme madame tout le monde, une vingtaine d'année entamée, mignonne, un air de petite bourgeoise serait péjoratif, donc disons, un port légèrement aristocratique... Voila le tableau. Sans oublier l'essentiel, cette fille était catholique pratiquante ou il ne s'y connaissait pas.

L'analyse du comportement maintenant. Vu qu'elle s'était fait servir deux cafés, elle était dans le bar depuis assez de temps pour avoir entendu James gueuler. Et elle venait à sa rencontre, donc elle n'avait pas froid aux yeux. Aussi, elle connaissait son nom, regroupez ces deux informations et vous devinez que la personne ne vous aborde pas par hasard mais bien par intention de le faire. On a dit deux kawas? Elle veut discuter posément avec lui. Elle s'est installée sans attendre d'y avoir été invitée? Elle le recherchait probablement et le trouvait enfin, donc elle n'avait plus envie de perdre du temps en politesses.
En clair cette fille n'était sûrement pas venue à sa rencontre par hasard...

*J'aurai dû faire profiler au FBI, moi...*

Se pensa Shefield tandis qu'il dévissait le cigare coincé entre ses lèvres pour faire tomber quelques cendres dans le cendrier, sans détacher ses yeux de ceux de la demoiselle. A ce moment là, ce que l'Old Boy se demandait était bien: qu'est ce qu'elle me veut?

Pendant un bref instant, il songea que c'était peut-être une enfant illégitime, car il fût un temps, James était un coureur de jupons et il n'était pas impossible qu'il ait laissé un polichinelle dans un tiroir, mais quand même... Non, c'était pas ça, c'était trop gros.

Oh, et puis à quoi bon se triturer les méninges à essayer de deviner? Le plus simple était encore de demander à cette personne la raison de sa présence à cette table spécifiquement. James est un convive sympa parfois, c'est vrai, mais après son coup de gueule de tout à l'heure, il n'avait pas montré sa facette la plus cool, rien d'attirant pour les jeunes filles comme celle-ci... A moins qu'elle ne kiffe les vieux...

"Merci pour le café. A qui ais-je l'honneur?"

Demanda-t'il simplement avant d'avancer sa main libre vers la tasse qui lui était visiblement destinée et de la ramener vers lui, le plus naturellement du monde. Faut pas le faire trop languir Shefield, il n'a que très peu de patience et quand celle-ci arrive à son terme, le plus souvent il y a des baffes qui partent. Mais bon, James ne frappe pas les pisseuses, sauf si ce sont des pisseuses mutantes.

Aussi, si la fille connaissait réellement mister Shefield, elle aurait tôt fait d'indiquer la raison de sa présence ici. Dans le cas contraire, elle aurait tôt fait de piger qu'elle n'était pas en face d'un vieux dinosaure asthmatique qu'on peut faire languir des heures durant sans s'exposer à son courroux. En plus il est de mauvaise humeur, c'est ballot...

- Céleste Leroy, enchanté de vous rencontrer enfin. Je vous dirais bien que j'ai eu du mal à vous trouver mais on dirait bien que j'ai eu un petit coup de pouce du destin. A vrai dire, je ne pensais pas vous trouver ici.

Bon, ça c'était fait, James venait d'avoir la confirmation que la demoiselle l'avait recherché. Rien d'étonnant en fait, elle connaissait son nom alors elle pouvait tout aussi bien disposer d'un tas d'autres renseignements sur lui. D'ailleurs, ne sommes-nous pas à Phoenix, ville natale de Shefield? Bref, tous les éléments concordaient jusque là.

- Il semblerait que vous travaillez dans une organisation paramilitaire appelé A.T.W.. Je suis à la recherche de ce genre de travail et je pensais que vous pourriez m'aider à me présenter à eux. Être un genre d'intermédiaire en quelque sorte.

Très bien renseignée, en fait. Il y avait extrêmement peu de personnes qui savaient où exactement travaillait James, lui-même n'ayant donné cette info' qu'à très peu de personnes de son étroit entourage. Le mercenaire se demandait où elle avait bien pu dégotter ces informations presque secrètes, tandis qu'il but quelques gorgées de ce très bon arabica.

Par contre, pour la demande de miss Leroy, James montra son étonnement en fronçant légèrement les sourcils. Il regarda une nouvelle fois la jeune femme, essayant de déceler sur son visage quelque chose qui indique qu'elle ait la carrure pour ce genre de boulot... Et tout ce qu'il trouva fut un air, certes déterminé, mais sur une fille aussi frêle, était-ce suffisant pour prétendre à un poste chez le leader de l'armement de pointe? Elle semblait tout juste sortie de l'œuf, comme tous les jeunes de moins de 40 ans selon Shefield, et de plus il n'était pas du tout sûr qu'elle sache en quoi consiste le travail à l'A.T.W...
Bah, ce n'était pas à lui de s'occuper des recrutements, de toutes façons... Surtout pas maintenant que le groupe semblait menacé par ces fichus grattes-papiers et autres émirs Ben nawak. Déjà que son avenir dans la firme allait possiblement être compromis avec cette histoire de gros sous, malgré son expérience et son sincère engagement auprès d'elle à travers son propre boulot... Alors, de là à réussir à y faire entrer ce qui avait tout l'air d'une novice... Pardonnez moi mademoiselle, mais le bon dieu vous serait d'un meilleur secours.

"Ca va être dur..." Après avoir tiré une longue latte sur son barreau de chaise, Shefield indiqua d'un hochement de tête la boule de papier froissé qui était encore sur la banquette, à côté de la jeune femme. "... Il paraît que l'A.T.W. va être rachetée... Par des russes... Si l'info est avérée, il y a des chances que les gars comme moi soient foutus à la porte pour 'motif économique', comme ils disent..."

C'était très clair même. Si les intentions de rachat de ce groupe soviétique se confirmaient et que l'OPA s'opérait, il y avait toutes les chances pour que les soviétiques foutent à la porte tous les employés 'ricains pour les remplacer par quelques unes de leurs enflures de communistes. Ou purement et simplement, qu'ils déplacent les locaux dans leur chère Sibérie. Ceci dit, on n'en était pas encore là, mais James avait une fâcheuse tendance à ne jamais être optimiste dès lors qu'on parle de ce genre d'affaires.

Mais il en était au même point par rapport à miss Leroy. Elle avait un physique de sténodactylo plus que de soldate, à première vue, et même si elle avait du cran (oser aller s'asseoir à la table de Sehfield après une de ses colères, même certains de ses collègues ne s'y risqueraient pas), à l'avis de l'ancien GI, c'était bien peu pour prétendre à un poste chez A.T.W. Encore que, elle avait l'air bien renseignée, mais connaissait-elle réellement les vraies motivations et agissements du groupe? Ça c'était déjà moins sûr.

Aussi, après avoir vidé la tasse de café, James appuya son dos contre le dossier de la banquette en croisant les bras. Signe manifeste de fermeture au dialogue, dit-on en sciences du comportement, et au moins cela trahissait son scepticisme à l'égard de la jeune femme qu'il avait en face de lui.

"Tu as l'air d'avoir pas mal d'informations à mon sujet, peut-être même au sujet de l'A.T.W., jeune fille. Mais tu es sans doute loin du compte, alors laisse-moi t'expliquer où tu mets les pieds."

Le tutoiement s'imposa naturellement du côté de l'Old Boy, comme à chaque fois qu'il discute avec quelqu'un de plus jeune que lui. Selon lui, c'est une façon de prendre le respect qui lui est dû en tant que 'vieux'. Par contre, ça ne veux pas dire qu'il manque de respect à la personne tutoyée. Mais là, chacun interprète, il y en a que ça vexe, tant pis pour eux. 'Je râle, moi, quand tu viens me pomper l'air, p'tite fille?'

"L'A.T.W. n'est pas une simple entreprise qui se contente de sagement fabriquer des flingues, c'est bien plus que ça. Les motivations réelles de l'entreprise prennent place sur le terrain, grâce à des gars comme moi. Et crois-moi, pour faire le boulot que je fais, il faut avoir du cran, du sang-froid et bien peu de scrupules. Et surtout, il faut avoir une réelle motivation qui te pousse à faire 'ça'..."

Oui, les mots 'chasse aux mutants' ne furent pas prononcé de façon explicite, mais c'était tout comme. Et en ce qui concerne la 'motivation' de Shefield, personne ne s'était encore risqué à lui demander ce dont il s'agissait, sujet ostensiblement dangereux s'il en est.
En bref, tout ce discours était une façon de prévenir Céleste de ce dans quoi elle souhaitait embarquer, quand bien même il n'était pas encore sûr qu'elle puisse embarquer d'ailleurs.

"Tu as beau savoir des choses, jeune, à mon avis tu n'es pas taillée pour ce boulot. Je peux me tromper, mais c'est l'impression que j'ai en te voyant, ou en t'imaginant dans l'une des scènes de combat qui fait partie du quotidien des membres de l'A.T.W. Et as-tu seulement une bonne raison de t'engager là-dedans?"

En fait, James s'attendait fortement à ce que miss Leroy vienne infirmer ses propos, en lui faisant un long discours fleuve sur sa détermination, ses qualités et ses vertus, etc etc. Il s'y attendait, oui, mais de toutes manières, ça ne lui suffirait jamais à accepter de lui donner l'aide qu'elle réclamait. Les mots ça va 5 minutes, mais les recrutements à la sauce A.T.W. ne sont pas des QCM, plutôt des tests plus physiques... Quant à la question de la motivation, Céleste pouvait effectivement en avoir une, et une très bonne, mais la motivation sans compétences...

"En tout cas... Toi qui as l'air sortie d'un job de secrétaire, pourquoi tu veux y entrer? Et puis c'est quoi tes compétences? Ton expérience?"

Bon... On peut quand même dire qu'une sorte d'entretien de recrutement commence avec ces dernières questions. Bien que l'issue du recrutement de ne dépende pas du tout de Shefield...

Ceci dit, c'était quand même intéressant de rencontrer cette minette maintenant, on moment où la fi de l'A.T.W. s'annonçait. En effet, l'Old Boy ne comptait raccrocher si facilement du boulot de 'chasseur de têtes mutantes' qu'il avait commencé à exercer avec la firme. Et qui sait, si la boîte fermait effectivement ses portes, peut-être qu'il venait de trouver là une alliée pour poursuivre la lutte, à sa manière. Encore que, il faudrait déjà que miss Leroy montre ce qu'elle a dans le ventre et qu'elle n'est pas douée qu'en parlotte. Ça...

Un froncement de sourcil. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Emma ne s'en formalisa pas trop préférant guetter la suite des évènements qui s'avéreraient surement passionnants. Il parla d'une histoire de rachat avec un petit mouvement de la tête en direction du papier journal qu'Emma avait pris en main aussitôt. Elle le déplia et tomba sur l'article qui avait suscité plutôt la vive réaction de James Shefield. Ce qui l'a dérangeait elle n'était pas forcement les russes mais plutôt l'intervention de l'émir. Que viennent foutre les musulmans là dedans avait elle pensé avant de re-déposer le journal à côté d'elle. Elle n'avait pas pris le temps de lire l'actualité ce matin mais c'est information était en effet de mauvaise ogure pour la suite. Les russes risquait de n'employer que des hommes soviétiques et dans ce cas concret il serait compliqué d'envisager toute entrée dans le futur groupe formé.
Il croisa les bras. Emma s'attendait à ce qui lui dise qu'il n'avait pas le pouvoir de l'embaucher malgré de toute façon mais en fait, ce n'était pas vraiment ce qu'elle attendait de lui. Il n'était qu'un piston qu'elle voulait façonner. Il est toujours plus facile de rentrer dans une organisation si quelqu'un de l'intérieur vous appuis. Elle ne chercha cependant pas à l'interrompre.

- Tu as l'air d'avoir pas mal d'informations à mon sujet, peut-être même au sujet de l'A.T.W., jeune fille. Mais tu es sans doute loin du compte, alors laisse-moi t'expliquer où tu mets les pieds.

Emma avait souris intérieurement. Il lui avait depuis tout à l'heure confirmé son état d'employé à l'A.T.W. ce qui était déjà un bon point étant donné les données plus qu'approximative des services de renseignements du Vatican. Qu'il pense qu'elle en sache plus n'était pas une mauvaise chose non plus, il y avait de grande chance qu'il joue carte sur table d'après Emma.
La façon dont il l'avait tutoyer l'avait légèrement étonner tout d'abord mais cela ne l'empêcha pas de s'en accommoder. Dans le fond, elle préférait cela. Peut être que cela instaurerait plus rapidement une ambiance de confiance.
Elle le laissa continuer son monologue sur ce qui se passe réellement à l'A.T.W. même si l'Eglise connaissait depuis quelques temps certains de leurs agissements.

- L'A.T.W. n'est pas une simple entreprise qui se contente de sagement fabriquer des flingues, c'est bien plus que ça. Les motivations réelles de l'entreprise prennent place sur le terrain, grâce à des gars comme moi. Et crois-moi, pour faire le boulot que je fais, il faut avoir du cran, du sang-froid et bien peu de scrupules. Et surtout, il faut avoir une réelle motivation qui te pousse à faire 'ça'...
Tu as beau savoir des choses, jeune, à mon avis tu n'es pas taillée pour ce boulot. Je peux me tromper, mais c'est l'impression que j'ai en te voyant, ou en t'imaginant dans l'une des scènes de combat qui fait partie du quotidien des membres de l'A.T.W. Et as-tu seulement une bonne raison de t'engager là-dedans?

Plus la discussion avançait, plus Emma sentait monter en elle un sentiment d'agacement. Encore un de ces militaires sexistes qui pense que ... Mais enfin, elle savait que ce n'était pas la première fois ni la dernière que cela lui arrivait. Les militaires hommes ont souvent tendance à s'arrêter sur ce qu'il voit et l'absence des femmes de leur métier les confortait dans leurs idées quelques peu matchiste. Beaucoup s'était déjà cassé les dents après avoir sous estimé notre petite religieuse. Des grands Israélites baraqué, qui avait peur de faire du mal à la petite dame qui avait insisté pour participer au entrainement de combat à main nu de chez eux et à qui le général avait donné raison, avaient eu même vite compris qu'elle ne retiendrait pas ses coups s'il se permettaient de ne pas la prendre au sérieux.
Son étreinte se resserra sur l'anse de la petit tasse de café en entendant la suite du sermon de l'homme.

- En tout cas... Toi qui as l'air sortie d'un job de secrétaire, pourquoi tu veux y entrer? Et puis c'est quoi tes compétences? Ton expérience?

Secrétaire ? Elle qui était une combattante depuis son entrée au couvent ne savait pas vraiment si elle devait se sentir insulté. L'étreinte sur la tasse se resserra encore un peu et l'anse céda. Si le récipient n'avait pas été posé sur la table le liquide brulant se serait surement déversé sur l'un de nos deux protagonistes. Emma montra de la surprise sur son visage pour cacher la réelle source de cette fracture. Elle lâcha ensuite l'anse esseulée et revient à la discussion tout en essayant de garder son calme. Après tout, un énervement de sa part pourrait bien fermer l'homme à toutes discussions et alors tout serait foutu. Elle l'aurait donc retrouvé pour rien. Cela ne devait pas arrivé.
Elle eut un sourire crispé. Elle devait maintenant inventer quelque chose. Elle ne pouvait pas parler du chapitre, elle improviserait donc.

- Bien, je suppose que je vous dois quelques informations sur moi pour avoir votre soutient. Je suis une ancienne du GIGN, le SWAT français en quelques sortes. Pourquoi je n'y suis plus ? J'imagine que la question se pose d'elle même ... Eh bien, j'ai eu un petit démêlé avec la justice. Ne pouvant plus faire partie de cette police d'élite, je suis à la recherche de travail. Je sais me battre que se soit à mains nues, à l'arme blanche ou à l'arme à feu courte, moyen ou longue portée , même si comme vous l'avez fait remarqué, je n'en ais pas "l'air" ... Quand à ma motivation qui me pousse à faire "çà" comme vous dites, je pense pouvoir apporter quelque chose à l'A.T.W. mais aussi avoir certains avantages personnels et puis cela ne va pas contre les préceptes divins donc ...

Emma imaginait bien que l'ancien GI ne se contenterait pas d'avoir foi en ces belles paroles et qu'il voudrait probablement une preuve de ses capacités de combattante. Elle pouvait en fournir plus que de raison. Pour le pourquoi, elle ne savait trop que dire, elle s'attacha donc à la vérité.

- Le pourquoi se couple à mes intérêts personnels à vrai dire ... Mais bon, les personnes que je souhaiterais voir disparaitre sont celle que l'A.T.W. a surement tout intérêt à éliminer.

Sœur Celeste ne sus pas vraiment si elle avait bien fait de dire cela mais c'était fait. Elle ajouta.

- J'imagine que vous devez être méfiant en se qui concerne mes compétences. Je pense qu'il sera possible de vérifier cela à un moment ou à un autre pour que vous soyez assuré de la véracité de me propos. Au fait, Monsieur Shefield, est ce que cela vous dérangerait que je vous tutoie ?

Ambiance de confiance, toujours l'ambiance de confiance, c'est ce qu'elle se disait malgré qu'elle sache pertinemment qu'elle avait elle même le désir de stopper ce vouvoiement continuel.


[HRP: désolé pour le retard ;-) ! J'espère que ça ira ]

James regarda la tasse exploser en morceaux après sa dernière réplique. Il faut croire qu'il avait touché un point sensible de miss Leroy en insinuant qu'elle avait des airs de secrétaire, au point que mademoiselle s'était énervée contre cette pauvre tasse. C'était tout de même amusant, cette sorte de démonstration de force qu'elle lui faisait, mais il en faudrait plus pour l'impressionner, à ce grand bourrin de Shefield.

- Bien, je suppose que je vous dois quelques informations sur moi pour avoir votre soutient. Je suis une ancienne du GIGN, le SWAT français en quelques sortes. Pourquoi je n'y suis plus ? J'imagine que la question se pose d'elle même ... Eh bien, j'ai eu un petit démêlé avec la justice. Ne pouvant plus faire partie de cette police d'élite, je suis à la recherche de travail. Je sais me battre que se soit à mains nues, à l'arme blanche ou à l'arme à feu courte, moyen ou longue portée , même si comme vous l'avez fait remarqué, je n'en ais pas "l'air" ... Quand à ma motivation qui me pousse à faire "çà" comme vous dites, je pense pouvoir apporter quelque chose à l'A.T.W. mais aussi avoir certains avantages personnels et puis cela ne va pas contre les préceptes divins donc ...

Comme il l'avait d'ailleurs prédit, Céleste lui vanta ses mérites en lui narrant ses précédents exploits dans le SWAT français... Pff, les français... Ça ce n'était pas un argument pour un américain 'de base' comme James qui n'aime pas les français. Non mais sans rire, ils ont un pseudo-SWAT les bouseux français? Franchement il y avait de quoi rire. Par contre, ce qui devenait agaçant était ces allusions systématiques au bon dieu; même pour un vrai ricain, un pur et dur comme Shefield, trop c'était trop et ces démonstrations de puritanisme devenaient trop nombreuses pour être sincères. Détail peut-être, mais détail saoulant s'il en est, pour James en tout cas.

- Le pourquoi se couple à mes intérêts personnels à vrai dire ... Mais bon, les personnes que je souhaiterais voir disparaitre sont celle que l'A.T.W. a surement tout intérêt à éliminer.

Au moins cette fille en culottes courtes avait l'air d'avoir une sacrée foutue bonne raison d'intégrer une boîte comme l'A.T.W.. Elle allait jusqu'à s'avancer sur un terrain glissant, prétendant que ses ennemis étaient sans doute des ennemis du groupe. Mouais en même temps, pour déduire ça, il suffisait d'être un peu sensé; si on parle des mutants, à coup sûr les ennemis de Céleste étaient également des 'personnes' que le groupe pourrait avoir en ligne de mire un beau jour. Mais ce qu'il faudrait savoir, c'est à quel point ces ennemis dont parlait la jeune femme la motivait pour faire ce boulot...

C'est vrai, ce n'était pas un boulot très conventionnel que lui et les gars faisaient, au sein de la firme. Même si beaucoup d'humains partageaient leur vision de la mutanité, peu, très peu de personnes osaient participer à l'éradication du genre mutant. Entre dire et faire, en somme, il y a plus d'un pas, et très peu de gens étaient capables de le faire, de devenir activiste comme lui l'était. C'était là la différence, fondamentale d'entre toutes si j'ose dire, entre Shefield et le reste de ses contemporains. Et puis lui, il avait eu une excellente raison de rentrer en guerre, comme on dit. N'est-il d'ailleurs pas un proverbe qui dit 'on rentre dans l'armée comme on rentre dans les ordres?'...

En bref, James avait quand même un doute, et un gros point d'interrogation concernant les réelles motivations de ce petit bout de femme. Doute qu'il essayait de dissiper en sondant le regard de miss Leroy, y guettant le moindre signe d'hésitation, de faiblesse, ou au contraire, de volonté et de détermination.

Par chance pour elle, c'était plutôt les 2 derniers qui ressortaient le plus.

- J'imagine que vous devez être méfiant en se qui concerne mes compétences. Je pense qu'il sera possible de vérifier cela à un moment ou à un autre pour que vous soyez assuré de la véracité de me propos. Au fait, Monsieur Shefield, est ce que cela vous dérangerait que je vous tutoie ?

Allons bon, il ne manquait plus que ça. Mais entretemps, James avait eu une idée, et il tapota son cigare au dessus du cendrier tout en dégainant son portable (l'habitude) dont il usa pour chercher un numéro dans le répertoire avant de presser la touche verte.

"Si ça te chantes..."

Répondit-il brièvement à la dernière question de son interlocutrice avant de porter le portable à son oreille gauche. Il attendit quelques secondes avant que l'interlocuteur ne décroche.

"Salut, Shefield à l'appareil... Ouais, ça fait un moment, vieux... J'te payerai une pinte si tu veux, mais là j'ai besoin d'un service... Voila, je suis en ville là, et j'aurai besoin d'une info'. Tu peux me trouver un repaire de 'surhommes' dans les parages?... Non, j'ai une recrue à tester là... Aussi ouais... Tu me connais, j'œuvre pour un monde plus propre... Bon ok. J'attends les coordonnées d'ici 10 minutes... Ça roule ma poule, merci et à plus."

Shefield venait de contacter un informateur de premier choix, un de ses anciens collègues Marines qui était resté basé sur Phoenix, et qui partageait une certaine défiance vis à vis des mutants. Lui qui connaissait la ville par cœur serait capable de lui donner une planque de mutants où il pourrait emmener la petite Leroy pour la jauger.

Tandis qu'il rangea le portable dans la poche de son jeans, James sortit son portefeuille dont il tira un billet de 10$, puis fit mine de se lever en s'adressant à miss SWAT français; décidément ça allait lui rester en tête ça.

"Réjouis-toi, tu vas avoir l'occasion de me montrer tes talents. Suis-moi."

James se dirigea vers le zinc où il posa le billet. tandis qu'il quittait l'établissement, il entendit le tenancier le remercier pour ce geste (les consommations ayant déjà été payées par les deux intéressés). Il se tourna vers Céleste pour s'assurer qu'elle le suivait, puis lui expliqua le programme.

"On va aller chez moi récupérer du matos, et ensuite on va se faire une petite expédition punitive." Il ajouta après un temps "Ça va être cool."

James emprunta alors 2/3 rues, parcourut environ 500 mètres en gros, puis s'arrêta devant la porte de l'immeuble où se situait son appartement. Après être entré en tenant la porte ouverte à la miss, il grimpa prestement 2 étages et s'avança jusqu'à sa porte qu'il déverrouilla d'un tour de clef. Il entra le premier.

L'appartement, moyennement éclairé à cause des stores mi-ouverts, semblait basique au possible. Les couleurs sombres dominaient, rendant l'endroit assez austère voire triste. A vrai dire, cela faisait un moment que James n'avait pas passé plus de 2 jours consécutifs chez lui, il était toujours en train de bosser alors forcément... Ceci dit, le séjour était impeccablement rangé et tenu très propre. James proposa à miss Leroy de s'asseoir dans l'un des deux canapés séparés d'une petite table basse, puis se dirigea vers la cuisine. Il revint quelques instants plus tard avec deux bières (le temps du café étant bel et bien passé), il en tendit une à la jeune femme avant de se laisser tomber sur le canapé face à elle.

"Alors, jeune..." Demanda-t'il en décapsulant sa bière. "C'est quoi ta spécialité?"

Fallait bien alimenter une conversation en attendant le message de l'indic'... Pas question de prendre du matériel sans savoir ce qu'on va trouver comme résistance en face! Une fois la localisation et l'identification des 'surhommes', ils aviseraient, et Shefield ferait visiter à la jeunette son armurerie personnelle...

Réponse affirmative. Apparemment l'homme qu'Emma avait en face d'elle n'en avait que faire de savoir si elle le tutoyait ou si elle le vouvoyait. Elle n'alla pas s'en plaindre, c'était plus simple comme cela. Elle continuait cependant d'étudier la façon d'être de Shefield et, malgré ces airs un peu brusques, elle ne pouvait vraiment s'imaginer qu'il était un de ces soldats typiques qui exécute sans réfléchir outre mesure et dont les muscles étaient biens plus développés que leur intelligence.
Il avait pris son téléphone et avait composé un numéro sans cérémonie mais Emma ne s'en était pas formalisé outre-mesure. Elle avait d'ailleurs elle même prit son propre téléphone. Pas d'appel, pas de nouvelles infos, rien. Elle essaya de placer James Shefield dans l'objectif du petit appareil photo intégré mais elle ne parvint pas à trouver une pose où Shefield ne se douterait de rien et puis après tout la mise à jour de la photo du dossier concernant l'ancien GI pouvait attendre, d'autant plus que la conversation téléphonique se révéla expéditive.

- Réjouis-toi, tu vas avoir l'occasion de me montrer tes talents. Suis-moi.

Emma le suivit sans broncher. Elle avait déjà intuité que "surhommes" ne pouvait désigner que les mutants et qu'il aurait le plaisir de la tester pas plus tard que maintenant. Enfin, très prochainement en tout cas. Il l'emmena jusqu'à chez lui en lui expliquant les réjouissances qu'il lui préparait. La façon dont il exposa la chose aurait surement choqué bien des personnes mais Emma n'en avait cure, elle avait l'habitude que l'on parle de cette façon des mutants au Chapitre. Elle acquiesça donc d'un signe de tête pour répondre à l'enthousiasme de Shefield.
Il la conduit jusqu'à un immeuble et l'invita ensuite à entrer dans son appartement.
Emma rie intérieurement. Elle pensa que si elle n'avait pas autant parlé avec Shefield au café, elle n'aurait pas su s'il voulait vraiment récupéré des affaires chez lui ou juste l'attirer elle, ici, pour prendre un verre avec plus ... "d'intimité". Une fois sortie de ses pensées, elle fut surprise en découvrant l'intérieur de l'habitation de James Shefield. Un ordre et une propreté absolument exemplaire régnait comme si ce dernier avait prévu de recevoir quelqu'un. La jeune religieuse pensa cependant que l'endroit semblait triste et se demanda si ce n'était pas un reflet d'une partie de Shefield, celle ci profondément enfuie sous l'épaisse carapace que s'était forgé de combattant Américain. Cela avait peut être une relation avec sa motivation à exterminer les mutants qui croisent son chemin.
Elle était tellement en train de scruter ce qui l'entourait qu'elle ne vit pas Shefield partir vers la cuisine quand elle s'assit sur le divan devant la petite table basse. Elle fut d'ailleurs surprise de le voir débarquer de nulle part avec deux bières à la main. Il lui en tendit une qu'elle accepta. A vrai dire, elle ne raffolait pas de cette boisson un peu trop amère à son gout mais par politesse elle ne pouvait refuser décemment. Après tout, elle ne détestait pas ça donc il n'y avait aucun problème. Elle le remercia donc avec un sourire et écouta ce qu'il avait à dire.

- Alors, jeune ... C'est quoi ta spécialité?

On entrait dans le vif du sujet. Avant toutes choses, Emma décida de se mettre à laisse. Elle ne pensait pas que Shefield se jetterait comme un fauve sur elle étant donné l'attitude très professionnelle qu'il avait. Elle enleva donc son petit gilet sans manche pour se retrouver en débardeur moulant orné du holster sur mesure. Elle dégaina le Beretta avec calme et le déposa précautionneusement sur la table basse. Elle sortie également le chargeur supplémentaire ainsi que la photo de jeunesse de Shefield de la poche du gilet. Elle déposa le chargeur près du pistolet et fit glisser la photo vers Shefield.

- Je te la rends. Pour ce qui est de la spécialité, c'est le tir à longue distance, fusil à lunette part exemple. Mais bon c'est une facilité parmi le reste, comme je te l'ai dis je suis assez polyvalente, j'ai été formée pour l'être ...

Elle reprit une gorgée de bière puis se regarda de haut en bas. Elle préférait se mettre en tenue pour les opérations armées et regrettait de ne pas pouvoir se changer.

- Je pose la question à tout hasard mais ... tu pense que tu pourrais me trouver un treillis pas trop grand pour moi ?

Mais oui, Emma, bien entendu, un homme à toujours une tenue trop petite pour lui dans sa garde robe. Voilà ce que pensait la combattante de l'inquisition qui avait presque honte d'avoir posé une question dont la réponse paraissait presque évidente. Enfin bon, sinon tant pis il faudrait faire avec. Elle se demandait encore de quel matos James disposait et avait hâte de visiter son armurerie pour voir de quoi elle pourrait disposer. Elle ne lui laissa pas tout de suite le temps de répondre et poursuivit après une autre gorgée de bière et l'avoir reposé la chainette ornée de la petite croix produisant un léger tintement contre le verre.

- Une autre question ... ça fait longtemps que tu fais ce travail ?

[ Désolé un peu court et pas beaucoup de nouveautés u_u ]

Oui, l'intérieur de l'appartement de mister Shefield était assez triste, c'est un fait; cependant, on pouvait aussi voir que cet homme était un adepte de tout ce qui est high-tech. Sans parler du pc portable dernier cri qui trônait sur un bureau non-loin de là, le téléviseur holographique, sur la gauche de Céleste, indiquait le goût de James pour ces appareils très modernes. Ça indiquait aussi son niveau de revenus, car pour pouvoir s'offrir ce genre de matériel, il faut avoir un sacré salaire. C'était un des avantages de bosser à l'A.T.W., la paie y est conséquente. Et puis, pour regarder les matches des Diamondback, la meilleure tv s'imposait, naturellement, aux yeux du bourru Hunter.

Mais revenons à ce qui nous intéresse. D'abord, cette photo. James faillit ne pas se reconnaitre, tant ce visage lui paraissait lointain. Il avait quoi, au maximum 25 ans sur cette photographie, autant dire que ça datait. Quant à l'uniforme, la pose, c'était une photo de l'époque où il était encore dans l'armée, une photo d'état-major pour être exact. Certes, si ça le fit légèrement sourire de se revoir dans le costume des G.I., l'idée que miss Leroy ait pu obtenir cette photo le faisait beaucoup moins marrer, c'est le cas de le dire. Ça faisait déjà demi-heure, facile, qu'il se demandait d'où sortait cette midinette et d'où elle tenait toutes ces informations sur lui et l'A.T.W., mais le fait qu'elle ait carrément pu avoir cette photo... Le SWAT français avait-il accès aux documents internes de l'armée américaine? C'était fort peu probable, et c'est peu dire, car Shefield connaissait le côté procédurier de l'administration des armées. Sans être du FBI et avoir en main une commission rogatoire, c'était quasi-impossible de se procurer la moindre info' sur les anciens soldats. Ça c'était douteux...

James avait arrêté de se poser des questions tout à l'heure, alors qu'il avait décidé de tester Céleste, mais il fallait avouer que le fait qu'elle lui ressorte cette photo lui avait remis une couche de doute à son sujet. Ce qui l'amena à penser qu'il faudrait qu'il fasse sa petite enquête au sujet de cette minette, histoire de protéger un peu ses arrières et de ne pas prendre trop de risques. L'old boy n'appréciait guère que l'on remue son passé sans son consentement, d'une part, et d'autre part, malgré l'apparente sincérité de la jeune femme, il avait encore trop de doutes à son sujet, bien qu'il se soit efforcé de ne pas trop le laisser paraître.

A côté de tout ça, poser le flingue sur la table basse, pour Shefield ça revenait à poser un paquet de cigarettes. A la différence près que le tabac tue quand même moins vite... Il ne s'en formalisa pas, d'autant plus que ça venait soutenir l'histoire qu'elle lui avait raconté au sujet de son ancienne appartenance au SWAT français. Encore heureux que James ait vu des choses plus ridicules dans sa vie, sinon il n'aurait jamais gobé cette histoire, qui restait cependant à vérifier, tout de même. On n'est jamais trop prudent... D'ailleurs l'A.T.W. faisait systématiquement des recherches sur les nouveaux employés, avant une embauche. Pour James lui-même ça avait été la même chose, ils avaient ressortit de vieux dossiers de l'armée par il ne savait quel moyen, avaient étudié sa vie à la loupe, avant de l'intégrer dans l'entreprise.

Mais ça, c'était inutile d'en parler à Leroy. D'abord, inutile de lui confier ses doutes, après tout elle avait dû se douter qu'en le rencontrant, lui balançant des informations puis cette photo, il serait méfiant... Et d'autre part, SI la firme décidait de l'embaucher, les génies de l'informatique se chargerait de récupérer toutes les infos sur cette nana en un rien de temps, il n'aurait plus qu'à lire le dossier.

Alors qu'il descendit la moitié de sa bière, James écouta la première question de la demoiselle... Alors comme ça elle voulait un treillis? Elle était mal tombée, vu le grand gabarit de mister Shefield... Aucune chance qu'il ait des fringues à sa taille.

Quoique il avait gardé des affaires de sa défunte femme... Non, mauvaise idée.

*Non, je ne laisserai personne toucher aux affaires de Maria, de toutes façons...*

D'une signe négatif de la tête, James donna donc sa réponse à la demoiselle. Par chance, elle le questionna ensuite sur son boulot, c'est clair que c'était un sujet autrement moins sensible que tout ce qui touche à la famille.

"Ça fera 5 ans cette année. Au début c'était plus difficile, psychologiquement parlant, mais..."

... Mais entretemps, il était arrivé le plus grand malheur qu'il avait vécu dans sa vie, et le hasard a voulu que ce malheur soit lié aux mutants. Aussi par la suite, ça lui avait donné d'excellentes raisons de devenir un franc partisan de l'épuration.
Pas de chance, James n'aime pas parler de cette partie là de son passé, de Maria, de cette gourmette à son nom qu'il ne quitte jamais, aussi il ferma la parenthèse de façon plutôt sèche.

"... Mais je m'y suis fait, voila tout."

Fin de la discussion à ce sujet, qui n'avait d'ailleurs jamais commencée. C'était très bien comme ça...

Le hasard faisait décidément trop bien les choses. Le téléphone portable de James vibra à ce moment là, son contact venant certainement de trouver l'information demandée. L'ex-soldat consulta le message, qui lui informait des coordonnées d'un squat d'inhumains, leur nombre probable, et même quelques uns de leurs foutus talents. On avait donc, entre autres réjouissances, un cracheur de feu, une pseudo panthère, j'en passe et des meilleurs. 5 gars en tout apparemment, à 2 ce serait du gâteau si miss Leroy était aussi bien formée qu'elle le prétendait.

James se leva et invita Céleste à le suivre jusqu'à une petite porte qui était fermée à clef. Ladite clef était dans le trousseau de James, qui l'utilisa pour ouvrir cette porte verrouillée, et bien verrouillée même car il n'avait aucun intérêt à ce que des fouineurs viennent mettre le nez dans cette pièce. Il ouvrit finalement la porte et alluma la lumière sur ce qui semblait être une vraie caverne d'Ali Baba.

Spoiler:

Sur les 4 murs de la pièce, des racks accueillaient des armes de tous types et de tous calibres, tous quasiment prêts à l'emploi. Il y avait vraiment de tout, des Berettas comme celui de Céleste jusqu'à des Desert Eagles, en passant par les fusils d'assauts de l'armée américaine et des modèles de l'A.T.W., des fusils à pompe... Dans un coin, il y avait même un M249-Saw de dernière génération! Dans un autre coin, un petit atelier était installé avec une presse hydraulique pour remplir les cartouches et fabriquer ses propres munitions...

C'était un peu la passion de Shefield, avec les cigares et les Diamondbacks. Au fil du temps, depuis sa carrière dans l'armée, il s'était constitué une vraie collection de joujoux qu'il entretenait comme si ça avait été des pierres précieuses. Certains fusils dataient de l'époque de la première guerre mondiale, de vraies reliques.

"Comme tu le vois... Si un jour il y a la guerre ici, je suis déjà équipé."

C'était peu dire, la totalité de ces armes aurait pu équiper tout un bataillon!

"Prends ce que tu veux. Il y a des gilets kevlar dans cette armoire, il doit y en avoir à ta taille."

James expliqua ensuite à Céleste quelles informations il avait obtenu sur le repaire d'inhumains, afin que la minette s'équipe en conséquence. De son côté, Shefield lorgna sur une paire de MP5 de 1990 qu'il rêvait de tester depuis un bout de temps. C'était peut-être l'occasion, effectivement...