[Montréal] Faire du neuf avec du vieux

HJ : Vu la diversité des langues utilisés par les personnages, la langue parlé est spécifié avant chaque dialogue.



-(Anglais) Pourrais-tu rapporter un litre de lait?

-(Anglais) Oui chérie!

Flagos s’apprêtait à quitter le domicile familial pour aller travailler lorsqu’il vit quatre hommes vêtus de noir de l’autre côté de la rue.

*Étrange, pensa t-il. Ces types font penser aux commandos américains avec leur sac à dos bondé et leur air méfiant.*

Il n’y porta pas plus attention et s’empressa de débarrer la portière de son automobile. Il mettait la clé dans le contact lorsqu’un des hommes l’interpella.

-(Anglais) Sommes-nous à la maison de madame Carla Thibodeau? demanda t-il d’un anglais de qualité discutable.

-(Anglais) On a déjà payé nos assurances! Maintenant allez-vous en! rétorqua Flagos sans même savoir de quel sujet il s’agissait, et qui ne tenait pas vraiment à le savoir non plus.

-(Anglais) Nous… besoin… voir Carla Thibodeau monsieur!

Flagos soupira avant de poursuivre. Son interlocuteur avait l’air plutôt borné et il sentait que la conversation allait durer longtemps si il ne lui disait pas ce qu’il voulait entendre.

-(Anglais) Ouep, elle est en dedans, répondit t-il, visiblement exaspéré.

Flagos serait sûrement parti sans histoires s’il n’avait pas entendu un mot qui ressemblait étrangement à «mutant». Il se retourna prestement et épia la conversation des quatre hommes en faisant mine de chercher une quelconque location sur son programme de cartographie. Les hommes parlaient en Russe et semblaient croire que Flagos ne les comprenait pas, ce qui n’était pas le cas. Malgré le fait qu’il n’avait pas parlé cette langue depuis plusieurs décennies, il en comprenait l’essentiel : ils planifiaient de capturer sa femme!

Flagos se dirigea vers la maison d’un pas précipité. Au moment où il passait à côté d’un des hommes, il lui asséna un coup de coude droit derrière la nuque, mais celui-ci avait venu le coup venir. Il avait bloqué le coup avec la crosse d’une mitrailleuse légère qu’il venait de sortir de son sac.

Pendant ce temps, les trois autres avaient également sortis leur fusil de leur sac et le pointaient dans la direction de Flagos. Le leader ordonna aux autres :

-(Russe) Ne tirez que si nécessaire. Il faut éviter d’alerter la femme ou les autorités.

Flagos en profita de cette information pour s’enfuir. Il sauta par dessus les marches du perron et pénétra dans la maison.

-(Anglais) Sauvez-vous!!! Cachez-vous!!! Vite!

-(Français) Qu’est-ce qui se passe p’pa?

La porte de la maison vola en éclat, répondant ainsi à la question de l’adolescent.

Le quatuor pénétra dans la maison des Thibodeau. Deux d’entre eux veillaient à la capture de Carla tandis que les autres tentèrent de retenir Flagos, tâche à laquelle ils faillirent. Malgré son âge, Flagos était agile et il évitait les coups de ses agresseurs. Non seulement il paraît tous les coups, mais il en renvoyait des encore plus puissant. Il frappait, mordait, lançait diverses objets qui lui tombaient sous la main à un rythme fou. L’adrénaline couplé avec le désir de protéger sa famille faisaient de Flagos un adversaire coriace.

Après une vingtaine de seconde de combat en corps à corps, il se défit de l’emprise de ses opposants et partit à la poursuite des deux autres. Il les retrouva dans le jardin en arrière de la maison, menaçant Carla et Kyle de leur fusils. Flagos se glissa derrière l’un d’eux et lui botta la main avec une force incommensurable. L’arme à feu qu’il tenait vola en l’air et Flagos le rattrapa. Dès le doigt placé sur la gâchette, il visa le deuxième homme et lui tira dessus. Ce dernier se roula par terre, réflexe lui évitant une mort certaine.

Les deux autres agresseurs qu’il avait maîtrisé en corps à corps s’étaient maintenant joint au combat et le tiraillaient. Flagos se cacha derrière un arbre et riposta avec quelque tirs. Se faisant tirer dessus sur deux côtés en même temps, il avait de la difficulté à se couvrir convenablement. Après quelques slaves, il sentit une piqûre à son bras gauche: une balle l’avait traversé.

Étant occupé à regarder la gravité de sa blessure, il n’entendit qu’au dernier moment un homme ramper derrière lui. Il eut à peine le temps de se retourner qu’il sentit quelque chose s’abattre derrière sa tête. Flagos tomba raide sur le sol avant de perdre conscience.

…

Flagos ouvrit les yeux péniblement. Il était étendu sur le sol et entrevoyait les pieds des trois hommes. Ils semblaient être dans une querelle endiablée.

-(Russe) Il avait dit de pas la tuer merde!

-(Russe) Bah… Au pire prend le garçon, il en p’t-être un lui.

-(Russe) Ouais t’as raison… Mais ça excuse pas ce que t’as fais!

-(Russe) C’est pas de ma faute! C’est à cause du vieux cinglé! Il m’a déconcentré pendant que…

-(Russe) Ah, ta gueule et viens t’en! On a intérêt à foutre le camp avant que les autorités arrivent.

Flagos essaya tant bien que mal de se relever, mais il en était incapable. Chaque centimètre de son corps semblait être imprégné d’un douleur sourde. Ses efforts lui coûtèrent le restant de ses forces et il retomba mollement sur le sol avant de perdre conscience à nouveau…



HJ : Le reste du texte est en Français

Flagos se réveilla, pantelant, son front perlant de sueur. Son visage et son bureau d’agent de sécurité étaient dégoulinant de bave. Il essuya le tout avec un mouchoir, tout en maugréant contre les mauvais rêves.

Quelques secondes plus tard, un jeune vêtu d’un habit beige sortit d’un pas pressé de la salle des employés et vint à sa rencontre.

-T’sais Thibodeau, ça me dérange pas que tu dormes s’a «job», mais crie pas dans ton sommeil câlique! À moins que ce soit une technique pour éloigner les voleurs…

L’homme en question se nommait Jayson Tremblay. C’était un universitaire qui travaillait avec Flagos comme gardien de sécurité chez Johnson's, une entreprise pharmaceutique que la troisième guerre mondiale avait placé au bord du gouffre. Tremblay était en charge du deuxième tour de garde ce soir.

-Il est passé où ton respect des aînés, Tremblay?! répliqua Flagos sur un ton plus ou moins sérieux.

Jayson était un des seuls amis de Flagos, ou du moins une des seules personnes qui le connaissait au-delà de la personnalité du vieux grincheux. Les deux collègues de travail aimaient bien discuter ensemble du passé et surtout se moquer de l’âge de Flagos. Ils se plaisaient à faire semblant qu’ils étaient encore au temps où Jayson était constamment harcelé par les commentaires de Flagos.

-Bon moi j’y vais, amuse-toi bien le jeune! dit-il en quittant le gratte-ciel en ruines.

Flagos débarra puis enfourcha son vélo. Sa tête fourmillait de milliers d’idées différentes qui semblaient toutes être en opposition. Son rêve des années passées avait su faire resurgir des questions qu’il croyait perdues depuis longtemps.

*Kyle… Est-ce que je t’ai abandonné? Est-ce que j’aurais pu faire quelque chose de plus pour toi mon fils? J’espère que t’en veux pas trop à ton vieux père si t’es encore vivant…*

Flagos avait passé des années à la recherche de son fils, sans succès. Les quelques maigres indices qu’il possédait étaient que les agresseurs parlaient Russe et qu’ils voulaient capturer des mutants vivants. Le fait qu’ils parlaient Russe ne l’avançait pas à grand chose. Il y avait des millions de Russes à travers le monde et le fait que les trois hommes soient Russes ne confirmait en aucun cas qu’ils étaient employés par une entreprise de la Russie.

Le fait qu’ils voulaient capturer des mutants vivants était beaucoup plus intéressant. Il y avait plusieurs groupes anti-mutants à travers le monde, mais la plupart d’entre eux se seraient contentés d’assassiner la vermine mutante et de s’en aller. Peu cherchaient à les capturer vifs.

*Qui ça pourrait bien être…*

Il s’était déjà posé cette question des milliers de fois, sans jamais trouver de réponse… Il avait cherché la personne qui aurait pu être au courant de la mutation génétique de Carla pendant très longtemps, en espérant que celle-ci puisse la conduire aux malfaiteurs, mais il était resté bredouille.

*Qu’est-ce que je fais dans ce monde. J’ai vécu, j’ai tué, j’ai aimé… J’ai fait bien des choses, mais maintenant toutes ont disparues. Toutes sont derrière moi, loin derrière moi… Aujourd’hui, je suis là, dans ma vieille maison miteuse à accumuler la poussière…*

Il en arriva à la triste conclusion que:

*J’aurai pu ne pas exister et ça n’aurait rien changé… Le monde aurait continuer de tourner sans Flagos Thibodeau. Je n’ai rien apporté de positif à ce monde.*

Toutes ses interrogations le menaient vers une impasse: qu’allait-il faire maintenant? Rester à se morfondre dans son petit monde pathétique ou tenter de faire quelque chose de son restant de vie. Mais quoi? Il avait passé des années à chercher son fils et il n’en était pas plus avancé…

*En cherchant fort, peut-être que je trouverai quelque chose. Si je concentre toutes mes forces là-dessus, je finirai bien par trouver ce qui est arrivé à Kyle, ou à d’autres personnes qui ont subi le même sort. Je ferai quelque chose pour ces gens avant de mourir ou je mourrai pas!*