[Brésil] Winnie en vadrouille

Vitalie n'était jamais venue au Brésil. Elle se disait que tôt ou tard, elle finirait par s'y rendre. Hasard, imprévu, voyage organisé par le CE, lune de miel, que sais-je encore ? ... Et finalement, elle y séjournait assez tôt. Dix-huit piges, le bon âge des découvertes !

Celle d'aujourd'hui (hormis une visite rapide de quelques quartiers), était qu'ici, aussi, -tout comme en Amérique, en France, en Allemagne, en Suisse ou, visiblement, dans n'importe quel coin pommé et/ou prestigieux de cette grande belle planète bleue polluée- la demoiselle ne pouvait pas faire deux pas sans attirer le regard de ces messieurs. Et v'la que j'te siffle, et v'la que j'me prends pour un ouistiti déchaîné en pleine sécrétion d'hormones. Il n'y a pas à dire : les femmes ont toujours (bon, d'accord, dans 96 % des cas) plus de classe et de maîtrise de soi. Enlever ces idées perverses, j'ai dis 96 pas 69 ! Voyez comme vous êtes !

Bref, toute cette pagaille qu'elle semait autour d'elle ne la dérangeait pas, tant qu'on ne venait pas l'emmerder en plein boulot. Eh oui, ce n'était pas parce qu'on portait une robe toute légère, dans des tons bleu marine qui faisait ressortir la couleur de vos yeux, et tout juste assez longue pour cacher vos parties intimes qu'on était forcément venue ici pour se trouver un amour de voyage ou bien chercher à se faire embarquer dans une voiture. Non mais dîtes donc ! Y'en a qui lutte pour la survie des mutants !

Tenez, par exemple. Qu'est-ce qu'elle fichait ici, à votre avis, notre chère Vita' ? Du shopping ? Que nenni ! Le tendre et volatil Withmore lui avait passé un coup de fil, expliquant brièvement qu'il se la coulait douce, qu'il était allé faire un tour au cimetière de Montmartre et que, si on mettait à part ce délicieux jus de pamplemousse qu'il sirotait en regardant Les Feux de l'Amour, il avait un homme pour lui. Un type qui, entre autre, pourrait le remplacer, mais qui surtout était une bonne vieille connaissance en qui il plaçait de nombreuses espérances -cette fin de phrase étant absolument fausse, puisqu'il s'inquiétait davantage pour sa merveilleuse Darshaw que pour ce crétin de soldat au chômage.
D'abord, la miss avait fait la moue. Hein ? Quoi ? Un remplaçant ? Mais c'était avec Charlie chéri qu'elle avait sympathisé, pas avec ce dénommé Wilson Khaine !
Et puis, (mal)heureusement pour la futur recrue qui allait en voir de toutes les couleurs, quelques minutes de bavardage avec Withmore avaient suffit pour la convaincre de filer au lieu de rendez-vous. Boh, qu'est-ce qu'elle avait à perdre, de toute façon, si ce n'était six cent euros de billet d'avion ? Pas sa virginité, en tout cas, c’était déjà fait depuis lurette. Pfff, quelle question !

Alors, la voici qui avait débarqué à l'aéroport, et la revoilà qui traverse un passage piéton, droite et fière comme une femme d'affaire. Ca lui valut de nouveaux sifflements, de la part de jeunes footballeurs cette fois-ci, qui l'observaient, tout sourire aux lèvres.
Vitalie soupira, puis fit quelques pas en leur direction. Elle s'adressa au plus grand de la bande.
-Salut, commença-t-elle avec son bel accent américain.
Le garçon sembla comprendre et répondit avec les quelques mots d'anglais qu'il connaissait :
-Salut mademoiselle !
-Dis, tu pourrais m'indiquer où se trouve cette rue-là ?
La blondinette lui montra un bout de papier où figurait le nom d'une rue, à côté d'un numéro de téléphone. Pas question de se ridiculiser en prononçant affreusement ce mot portugais.
-Ouais, c'est par là ! Vous voyez, ici, là, vous tournez à gauche et puis, vous y êtes !
-Ah ouais, super simple en fait ! Merci mon p'tit ! dit-elle en l'éblouissant d'un de ses sourires charmeurs. Le type bomba la poitrine, fier comme un paon, tandis que Vitalie tournait les talons. Ses amis lui donnèrent tour à tour une tape dans le dos.

Voilà ! Enfin ! Elle y était. Ca n'avait pas pris plus de quatre minutes, même en chaussure Jimmy Choo. Vitalie zieuta les alentours, regardant boutiques, salons de thé et pots d'échappements. Après quoi, elle crût reconnaître un homme, un peu plus loin, qu'elle compara rapidement avec la photo que Withmore lui avait faxée. Bingo !
-C'est donc vous, Wilson Khaine ? Vitalie Darshaw, votre préposé employeur, votre nouveau fantasme.
La miss eut un petit rire cristallin avant de tendre une main à son interlocuteur.

Vitalie eut un petit rire, et désigna son oeil masqué du bout de l'index.
-Ca ? dit-elle, avec un sourire en coin. Une des meilleures choses qui me soit arrivé dans ma vie ! J'étais sur mon bateau, et un de mes matelots a voulu jeter l'ancre. Y'avait une belle île pleine de rhum, voyez-vous ! Une de ces rares qui n'ont pas explosé pendant la guerre... A coup sûr, on pouvait y faire des provisions. Et, coup bas du hasard, une bande d'indigènes a embarqué sur le navire, dix mètres avant le débarcadère ! Ils ont voulu me crever l'oeil, en disant, comme vous, qu'ils étaient magnifiques, et je suis grimpée en haut du mât. Là, le soleil m'a transcendée, et depuis, j'arrive à faire tout un tas de truc chouette avec !
Devant l'incrédulité de son interlocuteur -à moins que ce n’était de l'amusement, voir même du mépris- la jeune fille s'empressa d'ajouter, en donnant une tape amicale et très légère sur l'épaule du garçon, ces quelques mots :
-J'vous fais marcher, hein...
Puis, tournant la tête pour observer un peu plus cette rue sale et quelque peu puante où s'agitaient des vendeurs, des dames en santiags et des gosses à bicyclette ou un ballon de football greffé au pied –comme Vita l’était avec sa batte de base-ball-, la miss repéra un vieux bar qui avait l'air bien sympa, façon de parler. Ca ferait amplement l'affaire pour ce rendez-vous. Regardant de nouveau Wilson Khaine, elle lui proposa, d'une voix douce et veloutée :
-Je vous raconte la véritable histoire et vous questionne à propos de vos facultés, vos gosses et votre femme, votre opinion sur le règne des pharaons, en échange d'un verre, là-bas.
La demoiselle désigna ledit établissement, les yeux brillants, comme pour convaincre grâce à son côté mignon-et-héhéhéhé-facile-que-je-t’embobine. Une seconde plus tard, elle attrapait vivement, sans prévenir, sans se soucier de passer pour une emmerdeuse, la main de son nouvel ami, et répliquait, en riant :
-De toute façon, c'était pas une question. On y go !

Et voilà nos deux compères qui s'aventuraient sur le passage piéton, main dans la main, atterrissant bientôt sur le trottoir d'en face, après avoir évité tant bien que mal des conducteurs sans permis.
Gling Gling. C'est le bruit que fit la cloche, au dessus de la porte d'entrée, quand miss Darshaw l'entrouvrit. Il faisait sombre à l'intérieur du bar, ça paraissait peu fréquentable, mais Vitalie était ravie.
Etrangement, cet entretient d'embauche lui rappelait celui qu'elle avait eût, quelques temps auparavant, avec son cher et tendre Withmore. Un bar, des chiottes qui explosent, un magasin de motos... La routine, quoi !

Arfg, la routine ! Vita' faillit s'étrangler en s'apercevant qu'elle agissait de la même manière. Bon bon, se rassurer... Si ça se trouve, avec Wilson Khaine, les heures allaient être encore plus explosives ! Quoique, ça allait être ardu de faire mieux qu’en compagnie de Charlie... Un défit pour son interlocuteur, au final.
Mais passons. Un type, pas très grand, pas très beau non plus, une grosse barbe noire au menton et qui semblait lui pousser sur tout le visage, salua le couple du jour, leur demanda où qu'ils voulaient s'installer. Là-bas, au fond : très intime, très discret.

Une fois assis, l'un en face de l'autre, la chef du MIL croisa soigneusement les mains et s'approcha davantage, se penchant pour être plus près encore de Winnie. Ce dernier ayant une meilleure vue sur le décolleté.
-Alors... Quel âge avez-vous, Wilson Khaine ? Nationalité, situation sociale, financière, bref, racontez-moi brièvement votre life.
Un regard furtif vers le bar, et le vieux bonhomme préparait son carnet de note en soupirant. On n’avait pas l'habitude d'occuper ses deux tables du fond.
-Keche ke Ye fou Sért ? demanda le patron du bar, une fois à leur hauteur.
Vitalie observa Khaine un instant, puis énuméra sa commande :
-Pour moi, une bière, une coupe pleine de cacahuètes, oh, et puis vous faîtes un forfait apéro ? Je sais pas, moi, des p'tits fours... Oui, parce que j'ai faim...
Le gaillard secoua la tête dans le sens positif, lassé par cette blondasse qu'il préférerait déjà dans son lit que dans son établissement.
Oui oui, mais nan. Tu rêves. Vitalie était préposée à t'emmerder jusqu'au bout, et surtout -SURTOUT- ne jamais tomber entre tes bras, sous tes draps. Winnie était plus appétissant.

[Hors-RP : Avec du retard, mais bon, je sais que tu m’aimes ]

La p'tite Vita' jeta un rapide coup d'oeil au vilain serveur, qui, lui, s'amusait à reluquer sa poitrine. S'il continuait, elle lui ficherait son poing dans la face. Ou ailleurs. Un truc bien sensible...
Puis, revenant à Wilson Khaine, elle leva sa bière et trinqua. D'une voix joyeuse, la miss annonça :
-A notre rencontre, mon cher ! Et à ce fourbe de Charlie ! Oh, et puis : à votre adhésion dans nos rangs ! Félicitations !
Elle l'éblouit d'un de ses beaux sourires qui n'étaient ni séducteurs ni beau tout court. Un sourire amical qui restait sérieux ; un sourire sincère.
Vitalie avait toujours été comme ça, était comme ça, serait toujours comme ça : à prendre des décisions rapidos viteuf' -quand même bien même cela était d’une extrême importance-, à se faire des amis en moins de cinq minutes et puis, à commander, mine de rien, une deuxième tournée de cacahuètes.
Cependant n'allez pas croire qu'elle avait accepté Winnie au MIL simplement parce qu'il avait l'air sympathique et dévoué à la cause... Non non... Comment ça SI ? Bon d'accord, c'était le cas ; mais sans avoir une preuve de ses pouvoirs, c'est certain qu'il ne franchirait pas les portes de la base souterraine. Elle n'était pas dupe, la p'tite dame ! Imagine, le gus, il débarque avec une belle bécane, une gueule de B.G. : « Yoooh, chui un mutant ! Embauches-me, baby », Vitalie a beau être blonde, complètement folle -et drôlement bien foutue- elle ne va pas pour autant l'inviter à prendre le thé, lui faire signer un contrat stipulant qu'il devient propriétaire pendant cinq ans des membres du MIL, des armes, de la casbah, bref de tout ce qu'il souhaite, et qu'elle va lui faire un massage ! Ce n'était vraiment pas son genre...
Aussi, voici la suite ! Après avoir ajouté, toujours aussi gracieusement :
-J'ai déjà hâte de travailler avec vous !
Et après avoir offert au nouvel MILien un petit clin d'oeil qui en dit long -et qui pose un certain doute quant à la manière de « travailler »- elle lui prit la main, l'examina un instant, puis y déposa tout doucement une belle, salée et croquante cacahuète.
-Avant ça, cependant... pour répondre à votre question... j'aimerais savoir quelques petites choses... Pouvez-vous vous donner la peau dure comme une cacahuète ? Aussi lisse ? Sur quelles parties du corps ? Entier ? Et si oui, savez-vous également répartir cette nouvelle texture sur les zones de votre choix ? Ce doigt, par exemple...
Elle désigna du regard l'index gauche du jeune homme. Extrêmement intriguée par ses facultés, jusqu'où il les maîtrisait, et follement amusée à l'idée d'avoir un homme-cacahuète en face d'elle, Vitalie eut un petit rire. C'était nerveux.
Elle s'imaginait déjà lui demandant s'il pouvait prendre la texture de la gimove, ou s'il pouvait avoir les plumes d'un oiseau. Béh tiens, exprimons les idées à voix haute !
-Pendant que j’y pense... Pouvez-vous également prendre les propriétés de n'importe quel élément ? Du plus toxique au plus doux ? Et pouvez-vous mélanger deux propriétés entre-elles ? Et...
Bon, okay, ce n’était pas encore les mêmes questions. Mais zut à la fin, y'avait tant à savoir ! Devant le regard sans doute interloqué -ou bien était-ce autre chose ?- de son interlocuteur, la miss se dit qu'elle devait peut-être se calmer un peu niveau interrogatoire. C'était pas comme s'il avait tué la prof' d'allemand ! Si si, cette même prof d'allemand, remplaçante, qui lui avait dit un jour « Tu poses toujours autant de question ? » et qu'ensuite Darshaw avait fait mine de bouder pour qu'elle lui fasse des excuses -ce qui était arrivé. Nan, Wilson ne l’avait pas tuée ! Quoique… elle devait en avoir le cœur net !
Et puis non ! Ordre, discipline ! Banane ! Apaiser sa curiosité, la dompter. T'es militaire, que diable, pas journaliste !
-Pardonnez-moi, j'dois vous donner l'air d'une psychopathe, voir d’une prof avec toutes mes questions... Seulement, le fait est que… non seulement vous m’intéressez, mais aussi… j’veux embêter encore quelques secondes le serveur qui se tient à notre gauche et qui attend ma nouvelle commande.
Nouveau rire. Parce que le serveur était bien là, posté devant eux, son carnet à la main. Vitalie se fichait pas mal de savoir s’il comprenait ou non leur conversation –ils ne le reverraient jamais- et elle prenait un malin plaisir à le faire poiroter debout. Se tournant vers lui, avec un grand sourire, elle lui dit :
-J’aurais besoin d’une paille pour boire ma bière. Merci.

Et c’est tout. Regard vers Wilson. Maintenant, on redevient sérieux. Traduction : on s’amuse. Et notre cher Winnie, il allait faire ses preuves !

*Waw, c'est trop gore !* pensa Vitalie qui se marrait intérieurement de voir la main se transformer en cacahuète. Décidément, les mutants c'était quelque chose ! Des organiques dauphins, des personnages tout droit sorti de X-Men, en passant par des technopathes et puis des gus comme Wilson qui pouvaient laisser libre court à leur imagination, avec un peu d'entraînement et de patience. Un véritable délire !
Darshaw, qui adorait son oeil et la lumière qui en sortait, avait tout de même quelques regrets : elle ne pouvait ni porter des voitures, ni se transformer en un truc bizarre à la texture gluante, ni même contrôler les pensées d'un copain. Elle n'avait pas d'écailles sur le corps, ne possédait pas de griffes sous ses doigts... Non, elle, elle éblouissait. Cela collait bien à sa personnalité, ce côté « Approche de la lumière, gentil moustique, que je te grille sur place » ou bien « Je suis la Sainte Vierge que tu attendais. Look at mes yeux brillants, tu vois comme je t'envoûte ? », et il est vrai qu'on la surnommait parfois « mon p'tit rayon de soleil » parce qu'elle souriait tout le temps et s'amusait d'un rien. Cependant, elle ne trouvait pas que son pouvoir était extraordinairement performant : impressionnant sur le coup, déstabilisant peut-être, mais en aucun cas destructeur ou drôle. La jeune fille se demandait si, à force de répéter sur un cobaye désigné les flashs lumineux qu'elle savait si bien créer, elle pourrait finir par le rendre aveugle. En ce qui la concernait, aucune chance : le soleil était son pote et elle aurait beau se jeter des flashs à travers le miroir pendant des heures, elle ne serait jamais affectée. Il faudrait qu'elle teste tout ça sur un ennemi, un jour... Ca serait marrant.
Mais pour l'instant, elle était en compagnie du cher Winnie, à qui elle n'avait toujours pas expliqué pourquoi un cache oeil privait ses fans de son si joli regard. Le garçon semblait cependant plus préoccupé par autre chose ; il avait le pressentiment qu'un truc louche se préparait. Vitalie prêta une oreille attentive à ses dires. Lorsqu'il lui eût expliqué le coup de ce traître de whisky, elle fit semblant d'être totalement effarée.
-Oh nan ! C'est pas vrai ! dit-elle avec un effroi exagérément faux.
Winnie remarquerait qu'elle se foutait bien de sa gueule. Mais il faut savoir qu'elle le faisait avec tendresse -comme elle l’aurait fait à un petit frère de sept ans, si elle en avait un. Alors comme ça, elle était parano, miss Darshaw ? Plutôt curieuse, oui. Et c'était vous, Khaine, qui voyiez le mal partout ! ‘Faut arrêter de mettre la faute sur les autres, ‘faut assumer ses propres défauts, hein !
De toute façon, la demoiselle avait déjà adhéré à l'idée. Qu'il y est des méchant ou nan, elle sèmerait la zizanie. Le serveur tout moche était soudainement devenu un mafieux vil et calculateur ! Oulalalalalala ! Il avait décidé de raser la tête de ses clients, de couper les seins de la dame et le zizi du monsieur ! Oh nan, quelle horreur ! Pas ça ! Au secours ! A l'aide ! Qui, qui les sauvera ?
Eux-mêmes.
Ca allait être drôle.
Et ça permettrait de ne pas payer l’addition.
Commençant à s'agiter sur sa chaise, comme une gamine qui va recevoir son cadeau d'anniversaire, Darshaw dit, toute joyeuse :
-Vous trouvez ça louche, moi je trouve ça super ! Raison ou non, mon cher Wilson, je vais vous croire. Parce que ça fait un moment que je n’ai pas foutu le boxon dans un bar, et que ça me manque. Allons donc, ce whisky est étrange ?
Elle se tourna vers le patron/serveur et lui demanda d'apporter la bouteille. Il les rejoignit aussi rapidement qu'un mollusque -il avait vu le garçon se servir de son don- et présenta l'objet convoité. Vita fit un clin d'oeil à Khaine.
-Mon ami trouve que votre bar est minable, crade, que vous êtes moches. Je suis du même avis, sauf que j’ajoute que vous avez une odeur à réveiller un mort. Or, vous possédez cette boisson... délicieuse et très coûteuse selon lui. C'est louche ! Quelque chose à répliquer pour votre défense ?
Le type ne répondit rien et commença à grogner dans sa barbe pouilleuse.
-C'est bien ce que je me disais, continua l'hurluberlu. Wilson, je vais vous montrer pourquoi mon œil est masqué. Mettez vos jolies lunettes de toute à l’heure.
Et tandis que l’homme s’exécutait, elle, elle enlevait le cache œil.
-Vous devrez faire gaffe, cela dit, vous risqueriez...
Super alerté, le patron choisit ce moment pour dégainer un flingue tout aussi miteux que lui et le pointer vers la demoiselle. Il n'eût pas le temps de tirer car Vitalie lui envoyait un flash ultra violent en pleine poire.
-d'être ébloui.
Elle se leva d'un bond, agrippa la main de Wilson tandis que l'autre golio commençait à pleurer, à jurer dans toutes les langues, tombant à terre. Joli, trèèèès joli. Et très rapide, surtout. Vita était contente d'elle : son pouvoir était toujours aussi euphorique. Son oeil, d'ailleurs, en redemandait. Encore, encore ! Etant privé la majeure partie du temps de ces petits plaisirs, il avait tendance à s'emballer lorsqu'il était libéré. « Youpiiiii, j'vais tout défoncer !!! ».
La mutante emmena le nouvel MILien au dehors, dans la rue.
-Allez, un p’tit cent mètres maintenant !
Et elle commença à sprinter en tirant la main d'homme. Le barman avait peut-être des amis dans le coin pour attendre le duo. Si complot il y avait. Ou bien peut-être était-il tout simplement con et irréfléchi : une fille comme Vitalie, c'est clair que c'est dangereux ! Ca se voit au premier coup d'oeil !

Enfin bon, c’est pas dans ce post qu’on découvrira la vérité. To be continued…

Et quand il eût finit de dire tout cela, Vitalie ne pût s'empêcher de rire aux éclats.
Elle était heureuse, vraiment. C'était des jours comme celui-ci qui lui faisaient apprécier pleinement la non-banalité de la vie. Elle était heureuse, comme la fois où elle avait rencontré Withmore. Ahhh, ce sacré mercenaire. Il avait bien fait de jouer les entrepreneurs et de guider Vitalie vers Winnie. Ces deux-là s'étaient bien trouvés. Comme on dit « Les amis de mes amis sont mes amis », et en l'occurrence « Le pote de Charles Withmore est carrément trop bien ! Heureusement que je l'ai embauché ! ».
Eh béh ! La jeune fille ne connaissait presque rien de monsieur Khaine. Ca faisait une heure, une heure trente tout au plus qu'ils s'étaient rencontrés. Mais elle avait le sentiment que ça allait être drôle, et qu'il allait apprécier de rejoindre les rangs du M.I.L.
De toute façon, fallait être fou ou complètement coincé pour ne pas aimer ces rebelles-là. Quoi de plus amusant que d'avoir des acolytes bourrés, des petits déjeuners où on finissait à poil, des batailles de chocapic, du sexe à volonté, l'esprit de famille (arf, inceste ?), des armes démentielles, et puis, plus généralement, un idéal commun pour lequel chaque soldat se donne à fond, hein, quoi de mieux que ça ?
Les seuls points négatifs à l'affaire -et encore, c'est relatif- étaient la base, car même si elle était génialissime et secrète, c'était pas conseillé aux claustrophobes. Et puis, à la rigueur, une ou deux engueulades par an. Mais pour en arriver là, fallait y aller fort : menacer la chef de telle sorte que toute la team se ligue contre le vitaroriste, liquider les stocks de picole de Spyke sans autorisation ou, éventuellement, bousiller la sainte virginité d'Aube (quoique, ça pouvait lui rendre service, pitêtre...). Non, franchement, le M.I.L, y'avait pas à dire : c'était le must du must quand on était un mutant un tant sois peu loufoque !
Et puis, rien que pour Vitalie, ça valait le détour. Jolie blonde aux yeux bleus, à forte poitrine non siliconée, toujours joyeuse, perverse à souhait -dépensière occasionnellement. La femme idéale ! Et en plus, elle était chef sans avoir eût besoin de coucher pour réussir. Ce n'est pas qu'une bombe, messieurs, c'est une maligne ! Oui oui, je sais : la classe...
Bon, tout ça pour dire que Khaine, il allait s’éclater !
D’ailleurs, rien que l’apéro, ça lui avait mis l’eau à la bouche. T’inquiètes, mon chou, on t’as préparé un succulent plat de résistance… et avec des couverts de luxe !
-Oh wi ! Owi wi wi wi wi ! Y’a de tout ça, mon cher ! Une armurerie nickel, une ambiance, j’vous parle même pas… des rigolades, des… UNE TROP BONNE AMBIANCE !!! Et des coéquipiers bons combattants et qui ont l’énergie de… des personnes qui savent vivre, vraiment vivre, bordel de nom de Diou !
C’est que les mots lui manquaient pour décrire le M.I.L, son p’tit bout de paradis, sa seconde famille. Lorsqu’elle en parlait, elle s’agitait en tout sens, faisant des gestes démesurés et souriait comme jamais. Le M.I.L, c’était sa vie, c’était sa cause, c’était tout.
Et quand on y entrait, on entrait dans le cœur de miss Darshaw. Pas étonnant, donc, qu’elle ajoutât, sans aucun mauvais jeu de mot :
-Allez, Winnie, un câlin !
Et elle lui sauta au cou, le forçant à se baisser un peu pour qu’elle puisse l’enlacer correctement. Ca, ça n’était pas compris dans le forfait. Mais bon, c’était tellement réconfortant de faire un câlin à un gars qu’on connaissait à peine ! C’était un des plaisirs de Vitalie : embrasser, enlacer des inconnus. On offrait de la tendresse pour rien d’autre que le fait d’en avoir envie. C’était bon de sentir qu’on regorgeait d’amour, et qu’en général, tous les inconnus en avaient à revendre, dans ce triste monde. Un peu de joyeuseté, que diable !
Enfin, à ceci près que Wilson n’était plus vraiment un inconnu, c’était désormais un nouvel MILien, un valeureux soldat. Raison de plus pour lui faire un câlin !

Après quoi, c’était comme il voudrait : go à l’avion pour rencontrer les autres et faire le tour de la casbah ou visite de la ville. Ou autre chose. Free Hughs !

Surprise, c'est le moins que l'on puisse dire.

La demoiselle lui avait proposé un câlin en tout bien tout honneur, comme une amie l'aurait fait à un ami, et voilà que Mister Khaine lui volait son premier baiser !
PREMIER BAISER, VOUS VOUS RENDEZ COMPTE ?!

J'déconne, hein. Mais n'empêche que la miss en fut déconcertée un bon moment. Surtout quand Winnie partit lui chatouiller les reins, la faisant frissonner -de plaisir, elle n'était pas certaine, mais frissonner quand même. Elle se laissa faire, ne répondant pas de tout son être au baiser, ne le repoussant pas, cependant.
Passé l'hébétude, elle devait s'avouer que cette situation l'amusait. Pourquoi ? Parce que dès le début elle avait considéré Wilson Khaine comme un jeunot sympathique et volontaire, pas comme un charmeur ou un gars qui l'embrasserait après une course poursuite. Cela dit, si le petit voulait jouer à l'homme, ça allait pimenter l'affaire. Vitalie se dit qu'elle était une vraie chanceuse : elle allait pouvoir suivre de très près l'évolution de Mister Khaine. De son intégration au MIL à son ingéniosité en mission, en passant par la visite de la base et la vérification de sa résistance à l'alcool. Yep, elle était joyeuse !

Bon sinon, concernant le fait que Winnie n'était pas expert du french kiss... C'était sans doute une des raisons pour laquelle Vitalie ne s'éclatait pas vraiment : elle avait toujours été passionnée par le hard et le langoureux. Pourtant, c'était mignon, et ça la fit sourire. Lorsqu'il la relâcha enfin, aucune gifle ne vint à la rencontre de son visage. Ce n’était pas sa faute s'il contrôlait mal ses pulsions et si elle-même était un peu trop tactile. Ca arrivait tous les jours, pas vrai ?
D'une voix un peu moqueuse, la demoiselle lui dit :
-J't'ai demandé un câlin, grand dadais, pas autre chose !
Et puis, source de contradiction, elle se mit sur la pointe des pieds et lui mordilla la lèvre inférieure. Rien de plus. Miss Darshaw commençait déjà à s'éloigner.
-Allez suis-moi, ajoutât-elle sur un ton un peu plus tendre, on va à l'aéroport. 'Faut que j'te présente les autres et j'ai un tas de truc à t'apprendre !
Revenant sur ses pas pour s'emparer de la main du nouvel MILien, elle lui sourit comme une gamine sourit pour la simple raison qu'elle est happy, et l'entraîna dans une nouvelle petite course à pied.

Elle commença à songer à Logan, à Charlie, à Winnie, à tous ces types géniaux qu'elle rencontrait grâce à la cause qui les reliait, grâce au hasard, et elle songea à tous les prochains qui croiseraient sa route.

Et autre chose lui trottait en tête... Pas maintenant, mais plus tard, pourquoi pas... Wilson avait bien parlé d'une île, non ?

[Hors-RP : The End. Merci, ça fait du bien de te retrouver in RP ]