Débriefing de mission et prise de fonction

L’hélicoptère, après avoir fait un petit détour pour ramener Fraust et ses élèves chez eux, à leur très chère « Faculté » comme ils s’adonnaient à l’appeler, décolla à nouveau, direction le repère secret du M.I.L. Dès les premières minutes de vol, une sorte d’atmosphère tendue se créa, laissant place à un long silence pesant. Chacune des personnes présentes dans l’engin demeurait muette, ayant sans doute une pensée pour leurs coéquipiers décédés sur le champ de bataille. Vitalie, ne prêtant que très peu d’importance aux minutes funèbres, ne se priva pas le moins du monde de ce calme absolu qui lui était si gentiment offert. En moins de temps qu’il ne faut l’écrire, elle dormait déjà comme un véritable bébé, un petit sourire gravé sur son visage d’ange.
Lorsqu’elle se réveilla (avec la marque du bras sur la joue, bien entendu), l’hélico était en plein atterrissage. Après avoir observé quelques instants les lieux tenus secret du reste du monde, avec ce regard pétillant qui lui était si particulier, la jeune fille se pressa de donner un coup de main à la petite troupe qui galérait quelque peu à décharger tout le matos.
Une fois qu’ils eurent rangé leurs dangereuses bricoles, les militaires suivirent Doherty jusqu’à une salle de « réunion » afin de faire le compte rendu de la mission. La petite troupe s’éparpilla à plusieurs endroits de la pièce, certains s’affallant sur les chaises, d’autres se tenant droits comme des piquets. Matt, prestigieux devant l’assemblée, fut le premier à entamer la discussion. Pour commencer, il résuma leur situation, leurs pertes, ainsi que leur « victoire ». Sans manifester le moindre sentiment, il prononça chacun des noms des défunts, comme un enfant aurait récité les lettres de l’alphabet. Puis, il vint à parler d’un certain « Arok ». Vitalie, quelque peu en retrait derrière lui, écoutait attentivement ce passage qui traitait du dénommé « Leader du M.I.L ». Adossée contre un mur, les yeux clos, il était facile de voir que les paroles de son ancien « professeur » l’intéressaient d’avantage, maintenant. Si ce que Matt disait était vrai, les agents venaient de perdre leur chef et se retrouvaient maintenant dans la « mouise », si vous permettez l’expression. Voila pourquoi l’insensible de service avait dirigé les opérations : sans lui, imaginez la superbe organisation… C’est pas qu’ils étaient stupides, ces militaires. Non, loin de là, mais sans un super héro quasi-invincible comme chef d’élite, l’hypothèse qu’ils auraient rejoint, comme leurs camarades, le royaume des dieux, n’était pas exclu. Enfin, on en vint à la question : « Qui dirigera les rebelles ? ». Intriguée par la réponse, la jeune fille rouvrit les yeux et dévisagea chacun des membres présents dans la salle. Après un regard circulaire, son attention s’arrêta sur l’homme qui parlait. Ce dernier évoquait la possibilité, que non seulement Vitalie rejoigne l’équipe, mais qu’en plus elle en devienne le leader. Lorsque Matt la définit comme une fille fiable, qui n’abandonnait jamais, au risque d’y laisser sa vie, la demoiselle ne réagit pas. En revanche, lorsqu’il la qualifia de « barge », un petit sourire vint illuminé son joli visage.
*Je me demande lequel est le plus timbré, mon cher…* pensa-t-elle avec amusement.
Une fois que son discours toucha à sa fin, le vieil ami de la motarde alla s’asseoir sur une chaise, lui aussi. Elle se retrouvait face à tous, affrontant leurs regards. Hostiles ? Perplexes ? Ravis ? La jeune Darshaw n’aurait su qualifier les sentiments qui animaient les mercenaires. Comme l’avait expliqué Doherty, l’ancien colonel resterait toujours dans le cœur des soldats comme « celui qui a commandé la troupe » jusqu’à maintenant. Mais les choses changent, et ils devraient s’adapter.
Aussi, Vitalie s’apprêtait à appuyer les dires de Matt, plus pour rendre service qu’autre chose, quand le mec aux cheveux décolorés se leva de sa chaise et ajouta qu’il ne voyait aucune objection à ce qui venait d’être proposé. Toute étonnée par cette soudaine manifestation plutôt positive pour son compte, la blondinette observa un moment le jeune homme qui venait de parler. Merci, ça lui faisait un « électeur » de plus… Restait plus qu’à savoir ce que les autres en pensaient… Elle espérait juste ne pas avoir affaire à de gros lourdeaux avec qui elle devrait débattre pendant huit heures d’affilées pour les mettre d’accord.
Devinant que maintenant elle pouvait exposer son avis quant à sa prise de pouvoir, Vita’ inspira une bonne bouffée d’air avant de jeter sa veste de cuir noir sur la table, dévoilant à l’occas’ un tee-shirt bien moulant qui mettait en valeur sa taille de guêpe et ses formes on ne peux plus généreuses.
-Matt a un don pour exagérer les choses, commença-t-elle avec un soupir plein de sous-entendu. On voyait là que le discours l’avait autant barbé que son vieil ami. Toutefois, je tiens à le remercier, reprit-elle d’un ton plus sérieux. Appuyant ses bras sur la table, elle dévisagea le beau mutant qui restait toujours aussi impassible. Je n’ai pas la prétention de me qualifier à la hauteur de la tâche. Mais j’ai confiance en Matt, et s’il m’a conseillée pour prendre la tête du M.I.L, je doute que ce soit dans le simple but de me faire plaisir.
Face à la minime assemblée, Vitalie avait opté pour l’honnêteté et la franchise, qui, comme le lui répétait sa môman, est toujours source de réussite.
-Diriger les rebelles sans l’accord de ces derniers, ce n’est pas la meilleure manière de penser, selon moi. D’autant plus que je n’y gagnerais rien si ce n’est m’attirer vos foudres et vos rancoeurs. Alors, j’accepterais le rôle, seulement et seulement si vous êtes d’accord.
Un à un, elle dévisageait les militaires avec qui elle avait combattu quelques heures plus tôt. Elle savait à qui elle avait affaire, et était au courant que ces gens là étaient des durs à cuir, qu’il serait difficile de les convaincre sans un argument de choix. C’est pour cela qu’elle continua à exprimer le fond de sa pensée.
-Ce monde est pourri, ignoble. Vous l’avez remarqué, la mort apparaît beaucoup trop vite et plus de fois qu’il ne lui ait accordé. Des coéquipiers ont été tués tout à l’heure. Ils sont morts. Morts en défendant jusqu’à leur dernier souffle la foi qui anime nos coeurs : Faire de cette pourriture qu’est la vie destinée au mutants quelque chose de potable. De supportable tout du moins.
Quelques secondes s’écoulèrent, laissant le temps à ses mots de devenir encore plus lourds de sens.
-Depuis mon plus jeune âge, je cherche à contribuer à ce changement, à cette liberté qui, je le sais, est possible à créer. Aujourd’hui, l’opportunité se présente. Une équipe de militaires entraînés, d’hommes et femmes qui, sans peut-être en être conscients, se battent pour eux. Pour nous. Pour les mutants.
Un silence, un bref silence. La dernière réplique conclut ce discours, plus convaincante que jamais.
-C’est à vous de choisir.

Décidément, ça n'allait pas être du gâteau de les convaincre, les militaires ! A peine la jeune femme avait-elle finit sa réplique que la demoiselle aux cheveux blonds l'applaudissait ironiquement. Vitalie se tourna furtivement vers elle, attendant une justification à cette moquerie. Aube -comme elle l'avait entendue nommée par certain de ses coéquipiers- se lançait maintenant dans une longue explication. Elle mettait en scène ses doutes, ses interrogations, ses peurs peut-être. Toute sa longue et talentueuse réplique était ponctuée de sarcasmes, de mots "rentre dedans". D'un certain point de vue, elle la défiait, voulant savoir ce dont elle répondait. Un test, oui, elle la testait. Mais pas seulement. Aube voulait également savoir avant de prendre une décision. Et pour ça, Vitalie était parfaitement engagée à lui offrir des réponses. Cette mentalité de ne pas se laisser marcher sur les pieds, de ne pas accepter sans réfléchir, la jeune Darshaw approuvait. Plus elle y pensait, plus elle était certaine qu'elle s'y plairait, au MIL...
Après quelques secondes de réflexion, Vitalie ouvrit la bouche pour commencer à répliquer. Mais, (comme par hasard) elle n'eût pas le temps d'en placer une, déjà le "lieutenant", comme ils l'appelaient tous, se relevaient de son sommeil de mort vivant pour ajouter son grain de sel à l'histoire.
Pendant plusieurs minutes, il évoqua à son tour, ce qu'il avait sur le coeur. Il adressa un discours à chacune des personnes présentent dans la salle. L'homme énonçait leurs cinq vérités, à tous, ne passant pas par quatre chemins. Là encore, Vitalie appréciait cette franchise. Dans le monde commun où ils vivaient, tous les êtres vivants se voilaient la face, laissant le paraître prendre le dessus. Sa famille elle-même était confrontée à cet énorme défaut que peu d’humains souhaitaient remédier. C'était sans doute une des raisons pour laquelle elle était partie du cocon familial... Oui, une de plus.
Puis, après avoir fait une critique circulaire, le lieutenant s'attarda sur son cas. A l'exemple de sa collègue, il lui confia qu'il était distant quant à approuver sa nomination. Ses doutes étaient justifiés, bien entendu. Toutefois, ses paroles eurent comme l’effet d’un jet glacial. Toute l'assemblée ne soufflait mot, comme si elle s'était figée pour un bon moment. Il parlait, ne cessait de parler. Agressif, reconnaissant, sûr de lui... Et Vitalie l'écoutait, sans rien dire, elle aussi. La jeune femme attendait patiemment la fin pour pouvoir s'exprimer, pour pouvoir les convaincre, leur prouver sa bonne foi.
Tandis que l'homme s'approchait de plus en plus près d’elle, Darshaw l'observait dans les moindres détails. Lorsqu'il avait enlevé son casque, de nombreuses cicatrices et autres déformations apparurent, dénonçant une souffrance sans limite. Comment avait-il pu devenir aussi mutilé ? Etait-ce donc aux blessures que l'on reconnaissait un vaillant militaire ? Non, sûrement pas... Pourtant, une force incroyable émanait de ce soldat, et ses dires prenaient une plus grande importance lorsqu'il vous regardait dans le blanc des yeux. Tiens, parlons-en de ses yeux. Deux globes plantés à même la peau, cernés par de la chair séchée, rougit par la douleur. Ils étaient si foudroyants, si incroyables. Malgré leur horrible forme, leur signification immonde et terrifiante, elle décelait en eux une incroyable détermination, un espoir dissimulé.
Enfin, l'homme acheva son monologue. Mais pas comme Vitalie l'aurait souhaité. Pointé sur sa poitrine, une sorte de détonateur. Dans la main libre du militaire, une arme. Et sur sa bouche, des syllabes qui s'évadaient, convaincante mais surtout moins menaçantes que ses gestes. Etait-il fou ? Cet homme, était-il fou ?! C'était ce que se demandait la jeune rebelle, le coeur battant, le ventre noué. Jamais elle n'avait désiré en arriver là. Elle était menacée par un de ses futurs coéquipiers, qui plus est mettait en jeu la vie de ses amis, derrière.
Ce ne fut qu'après quelques secondes que le jeune homme aux cheveux décolorés explosa d'un rire extravagant. Lui, il savait dédramatiser les situations... mais était-ce justifié ? Il se leva, alors que le lieutenant avait interdit à qui que ce soit de bouger, sous peine de tuer. Mais lui, le militaire aux ordinateurs, il avançait, sourire aux lèvres, tout en expliquant que l'engin était inoffensif. Apparemment, il était plutôt bien informé... Hélas, lorsqu'il atteint la porte, l'homme qui détenait la salle en otage, car oui c'était le cas de le dire, pointa son arme en sa direction. Vitalie allait crier au garçon de se tirer en vitesse quand elle s'aperçut que le "terroriste" avait tiré exprès à côté. D'une voix brutale, il "conseilla" à son ami de ne plus bouger... Quel sens de l'amitié ! Autant dire que le bon vivant venait de fermer son clapet. Sans prévenir, il s'écroula à terre, le visage couvert de sueur. Que diable lui avait-on fait ?! Son teint était livide, comme en aurait eut de même un malade agonisant. Pourtant, son visage affichait une expression satisfaite, presque sereine. Retournant son attention sur le lieutenant au visage mutilé, Vitalie l'observa un instant, écoeurée par son comportement. C'était ça, son code de l'honneur ? Menacer ses alliés ? Si la demoiselle avait été un homme, elle lui aurait craché à la figure, tellement son dégoût était grand pour lui. Mais était-ce simplement cela, du dégoût ? Non… Elle avait peur, aussi. Peur de mourir ? En y réfléchissant, en cherchant au plus profond d'elle-même, elle savait. Elle n'avait pas peur de rejoindre les cieux, elle s'en fichait éperdument. Mais pourquoi était-elle terrifiée ? Pour les autres, ceux qui se trouvaient à ses côtés. Eux tous qui n'avaient pas demandé à se trouver dans cette situation délicate : un paradoxe entre la vie et la mort.
Enfin, elle parla...
-Je ne sais pas ce que vous chercher à démontrer en pointant votre arme sur moi. Votre courage ? Votre force, peut-être ? Ou bien est-ce simplement pour tester mes capacités ? Si tout ceci est un jeu, il n'est pas amusant, je peux vous l'assurer. Mais comme vous l'avez dit, le temps est précieux pour mes paroles.
Reprenant sa respiration, elle s'empressait d'ajouter :
-Mes rêves ? Mes espoirs ? Pouvoir offrir aux mutants une existence confortable, où chacun se retrouverait libre de ses choix, et non ceux de la société à laquelle nous sommes soumis. Qu'ai-je à y gagner ? Rien, c’est vrai. Sauf peut-être une petite satisfaction personnelle. En vous rejoignant, j'aurais contribué à ce changement. Malgré ce que les autres auront pu en penser, malgré ceux qui ont toujours voulu me rabaisser. Et, une fois la nouvelle mise en route de ce monde, je sais qu’il sera beau. Il sera bien. Juste. Equitable. Fait pour une cohabitation entre les humains et les mutants. Je le sais, parce que j’y crois. Et je ne cesserais d’y croire.
Le temps était véritablement compté, et plus elle parlait, plus elle accélérait la cadence de ses mots. Ses yeux ne quittaient pas ceux du lieutenant, comme si, malgré sa cécité, elle voulait lui communiquer tout ce qu'elle avait sur le coeur, tout ce qu'elle voulait prouver au monde. Ce qu'elle espérait... ce dont elle aspirait.
-Jamais je ne remplacerais Arok. Je ne le veux pas, d'ailleurs. Malgré la faiblesse qui l'a amené à la mort, et je parle de celle que vous avez cité, à savoir « de mettre en priorité ses hommes et l'objectif collectif », au contraire, je souhaite en faire une force. Car ce qu’il espérait, je le veux aussi. En fait, nous le voulons tous. Alors, viens la question : Serais-je une bonne "remplaçante" ? Serais-je à la hauteur de la tâche, au delà de mes simples espérances qui se mêlent aux vôtres ? Je crois que deux minutes ne suffiraient pas à vous le prouver, n'est-ce pas ?
D'habitude, un sourire taquin se serait affiché sur son doux visage enfantin. Mais l'heure n'était pas aux plaisanteries, elle était grave, symbolique même.
-Je doute que vous souhaitiez la mort de vos coéquipiers. N'agissez pas stupidement, je vous en conjure. Débarrassez-vous de cette bombe, et allons aider votre ami, celui qui gît à terre. C'est l'esprit commun que je recherche. La solidarité, la confiance envers ceux qui travaille au M.I.L. Plus que jamais, je suis engagée à votre cause. A la notre. Maintenant, j'espère ne pas m'être trompé d'endroit... Vraiment…
Son ton devenait légèrement mélancolique. Non pas pour faire prendre en pitié le militaire, loin de là. Seulement, elle souhaitait secrètement ne pas avoir fait de mauvais choix en acceptant la proposition de Matt, en se liant aux agents du M.I.L. Mais, plus elle y réfléchissait, plus elle en devenait persuadée. Ils iraient loin. Ensemble.
Jetant un dernier regard en direction de Spyke, elle murmura dans un bref souffle à l'attention du lieutenant, tout près d'elle, un simple:
-S'il vous plaît...

Du gros baratin… C'était bien pensé. Bien mis en scène, aussi. Les paroles d'Aube avait sans doute porté préjudice et comblées celle de Vitalie pour mettre fin au mensonge. Le lieutenant relâcha enfin sa cible, tandis qu'il expliquait calmement les raisons de ses actes. En un sens, c'était une bonne idée de test. Mais la jeune Darshaw n'appréciait particulièrement pas ce genre de traitement vis-à-vis de ses camarades, de ses alliés. Qu'elle soit menacée, elle seule, c'était une chose. Mais que toutes les personnes présentes dans la salle le furent, s'en était une autre.
Enfin, tout ceci était terminé, et Vitalie pouvait maintenant respirer un bon coup. Observant un à un les militaires, elle les remerciait intérieurement. Pas de l'avoir aidé, ni même accepté. D'avoir tenu bon, malgré l'atmosphère tendue, de ne pas avoir failli à leur « mission ». Ils avaient tous réagis, comme l'avait expliqué Kelian. Personne n'était resté impassible, excepté Doherty... En y repensant, la jeune motarde aurait dû l'observer d’un peu plus près, celui là. S'il n'avait pas bougé, ni même sorti son arme, c'était qu'il savait tout depuis le début. Si la demoiselle avait réellement été en danger, il l'aurait sauvée en moins de deux et n'aurait fait qu'une bouchée du "criminel". A ce moment là, la jeune fille se trouvait légèrement stupide. Mais elle était rassurée : au moins, elle n’avait pas été la seule à tomber dans le panneau.
De la rancoeur, tout le monde pouvait en éprouver pour l'homme qui les avait soumis à ce test. Mais, étrangement, elle ne le détestait pas ce lieutenant. Quand bien même il avait prétendu mettre leur vie en jeu, cette mauvaise blague ne l'avait pas particulièrement affectée.
Et puis, maintenant qu'il avait obtenu ce qu'il désirait, il l'avait accepté comme étant le nouveau leader, le chef d’élite. Elle doutait sincèrement qu'il ne lui accorde sa confiance dès aujourd’hui, comme chacun des militaires d’ailleurs. Toutefois, elle venait de franchir un palier de plus, en quelque sorte, et elle ne pouvait qu’en être réjouie.
Le lieutenant lui remit ensuite une clé, celle de sa chambre. La jeune fille observa l'objet, les yeux brillants. C'était un peu comme la médaille, le billet d'admission. Ca y est... elle faisait vraiment partie de l'équipe. De leur équipe. Un joli sourire vint animer son visage d'ange, tandis qu'elle hochait furtivement la tête en signe d'approbation.
Aube, la seconde représentante de la gente féminine, la rejoignit sous les ordres du lieutenant, et réaborda une fois de plus le sujet du vouvoiement/tutoiement. Elle voulait une réponse ? Et bien, il était temps de mettre les choses au clair.
-"Vous", "Tu"... Peu importe le protocole, désigne moi comme bon te semblera, Aube. Mais, il est vrai que moi aussi j'ai une petite préférence avec les "Tu". Ca fait moins vieillot et c'est sans aucun doute plus convivial. Et puis, après tout... nous formons une équipe pour un bon moment, n'est-ce pas ? Alors, autant prendre les bonnes habitudes dès maintenant.
Décidemment, elle n'était pas du tout rancunière, cette Vitalie. Non seulement elle ne disait rien à propos de son accueil des plus brutal, mais en plus elle voulait sympathiser avec cette bande de dingue. En même temps, elle y était liée pour de longues années à ce régiment de rebelles. Pour son plus grand plaisir.
-Je te suis, continua-t-elle, comme pour conclure l'histoire de la chambre du lieutenant.
Les deux demoiselles sortirent de la salle, tandis que les messieurs ramenaient le blessé au chevet et allaient se plonger par la suite dans leur lit douillet.
En son fond intérieur, la jeune Darshaw espérait que le jeune homme aux cheveux gris s’en remettrait rapidement. Après tout, comme l'avait précisé Kelian, il avait été prêt à se sacrifier pour la sauver. Ce genre de comportement, elle appréciait bien, Vita'. Et elle le savait, qu’un jour elle lui revaudrait son geste.
-En ce qui concerne mes affaires, je ne désire pas rentrer chez moi pour les chercher. Disons que... mes parents ne voudraient plus me relâcher par la suite. Ce serait sûrement mieux que je me rachète toute ma garde robe et mes effets personnels dans le centre-ville le plus proche, précisa-t-elle à l'adresse de Aube. Pour un peu, elle en rirait de cette situation. Elle quittait le cocon familial en gueulant comme une sauvage, et malgré tous ses géniteurs l'accueilleraient bras ouvert. C'était vraiment autre chose qu'ici... Et c'est ce qui lui plaisait, justement.
Pour en revenir aux fringues, elle ne s'inquiétait pas trop pour le moment. Aube lui prêterait sûrement quelques tee-shirts en attendant la virée shopping. Au pire des cas, elle trouverait bien quelque chose à se mettre dans la penderie du lieutenant. Elle espérait juste que ce dernier ne lui tirerait pas une balle dans le cerveau en s’apercevant qu’elle lui avait emprunté un paulo.
Un nouveau sourire pensif se dessinait sur ses lèvres. Elle allait réellement s’y plaire ici, c’était certain…