Tente de se contrôler

"Cà me fais que je ne veux pas t'entendre encore te plaindre de toi-même. Tu es un Mutant, alors comporte toi en tant que tel."
Fraust était peut-être injuste, mais s'il fallait employer la force, il n'hésiterait pas une seconde. Ce qu'il pouvait détester ceux qui s'apitoie sans arrêt sur leur sort!
"Bon, je crois que notre petite séance d'entraînement est terminé. C'était sympa."
Fraust commençait à partir en direction de la Faculté. Il se retourna pour dire à Esthézyl:
"Mais... Ce n'est pas encore assez. Ceci dit, tu tiens le bon bout, alors ne le lâches pas."

Esthézyl préféra ne pas répliquer, sentant toute la haine qu'il avait au fond de lui s'amplifier, menaçant de le submerger. Car il avait haï Robert comme il n'aurait jamais cru que ça soit possible. Et toute cette haine, il l'avait enfouie au plus profond de lui-même pour ne pas mettre les autres en danger. Mais l'épuisement du combat l'empêchait de se contrôler tout a fait.

Quand le recteur lui dit que la petite séance d'entraînement avait été sympa, il hocha la tête. C'est vrai que ça n'avait pas été trop mal.

"J'vais essayer..."

Répondit-il lorsque l'adulte lui dit de ne pas lâcher.

Fraust marcha en direction de la Faculté, et il se retourna et vit que Esthézyl le suivait. Et bien soit, ils rentreraient ensemble!
"Tu sais, si j'ai l'air dur avec toi, c'est parce que je veux que tu ailles loin, tu comprends?"
Fraust s'en voulait un peu d'avoir été dur avec lui, au fond il ne le regrettait pas, mais il avait toujours ce genre de ressentiments. De plus Esthézyl lui était assez sympathique.
"Bon. Si tu continue comme çà, tu passeras bientôt 1ère classe."

Fraust marchait en direction de la Faculté et, machinalement, Esthézyl l'avait suivit. Et il ne savait même pas pourquoi.

"Ca m'étonnerais que je puisse aller aussi loin que vous le pensez..."

Répliqua doucement l'adolescent avec un petit sourire triste aux lèvres. Certes, le recteur avait peut-être raison, mais il ne parvenait pas a l'admettre. Parce que pendant toutes ces années, les scientifiques l'avaient pour la pluspart considéré en tant qu'expérience ratée.

"Si j'arrive a continuer, c'est vraiment épuisant..."

"Quand on se donne pour une cause, on se sacrifie corps et âme."
Fraust faisait allusion à sa propre vie, à ses propres expériences, à tout ce qu'il avait vécu. Après avoir été un cobaye de laboratoire durant des années, il s'était maintenant totalement dédié à ses "frères et soeurs" Mutants, en fait c'est cela qui donnait un sens à son existence.
"Que feras-tu une fois sortis d'ici?"
Le recteur posait cette question pour savoir quelle vie Esthézyl voudrait mener à sa sortie de la Faculté. Il se doutait déjà qu'il ne deviendrait pas un chasseur de têtes comme certains Mutants, alors que deviendrait-il?

Esthézyl hocha légèrement la tête aux paroles de Fraust. Même si ça n'était pas son cas, il pouvait comprendre. Enfin... Peut-être était-il tout de même dans ce cas? Après tout, il était venu ici avec pour seul but l'envie de ne pas représenter un danger pour les autres.

"Je n'en ai pas la moindre idée..."

Répondit l'adolescent avec un petit soupir. A vrai dire, il n'y avait même pas pensé. D'ailleurs, il ne savait pas du tout ce qu'il pourrait faire car il n'avait fait aucune études. Et puis, qu'avait-il envie de faire? Rien en vérité...

"... Dans la vie, il vaut mieux savoir où l'on va."
Là encore, Fraust avait parlé en connaissance de cause.
Lui et Esthézyl étaient en train de passer non-loin du lac, et de là où ils étaient, on pouvait voir l'eau briller sous le soleil de plomb.
"Tu n'as personne qui t'attends, dans le monde des humains?"
Le recteur s'était rappelé qu'Esthézyl avait un ami humain. Le jeune homme n'était donc pas pressé de le rejoindre?

Esthézyl, une fois de plus, hocha la tête. Fraust avait raison, comme toujours. Alorsqu'il regardait autour de lui, il remarqua qu'ils étaient non-loin du lac. Il ne l'avait encore jamais vu.

"Ben... Peut-être Cédric... Mais je ne sais pas s'il serait content de me revoir..."

Répondit l'adolescent avec un petit soupir. Après tout, il s'était enfuit... Et, de plus, il était avant tout une expérience ratée...

"Je suppose que lorsque quelqu'un de cher rentre chez lui, il est attendu avec impatience. Ceci dit, personne ne m'attends de l'autre côté, donc c'est une chose que je ne connais pas..."
Fraust avait légèrement ralenti son pas, ils marchaient maintenant dans une allée ombragée... Il y faisait bien meilleur qu'en plein soleil.
"Qu'importe..."
A bien y réfléchir, Fraust se sentait vraiment chez lui ici, il pouvait vivre en paix avec lui-même, loin des vices des humains.
Un silence s'installa entre les deux personnes, un silence assez ... silencieux!

"En supposant que je sois autre chose qu'une expérience parmis d'autre pour lui..."

Car, après tout, Esthézyl n'était même pas sûr que Cédric l'appréciait vraiment.

"De toute façon, j'ai encore le temps..."

Conclut l'adolescent. Il ne parvenait même pas encore a maîtriser convenablement son bouclier alors a quoi bon se tracasser avec ça?
Lentement, le silence s'était installé. Mais cela ne dérangeait pas le jeune homme, ça n'était pas un silence gêné. Juste un blanc, une pause. Et c'était très bien comme ça.

Fraust et Esthézyl avait marché jusqu'à arriver devant l'escalier menant au hall de la Faculté.
"Fin de la promenade!"
Dit le recteur. Il se tourna vers l'adolescent pour lui donner ses dernières recommandations.
"Bon, comme tu as pas mal forcé aujourd'hui, profite du reste de la journée pour te reposer. Vas bouquiner, rencontre les autres élèves, évite juste les efforts physiques, et demain tu seras à nouveau complêtement d'aplomb."
Fraust se retourna et commença à monter les heutes marches de l'escalier.
"Je ne te l'ai pas dit, mais... Je suis fier de toi..."
Après ces derniers mots, le recteur disparu derrière la porte du hall...

Esthézyl redressa un peu la tête pour regarder devant lui et constata avec déception que Fraust et lui étaient déja arrivés devant la faculté. C'était dommagé, il aurait bien marché encore un peu... Même si son dos lui faisait mal. Il faudrait peut-être qu'il aille a l'infirmerie... Bah, il verrait bien!

L'adolescent haussa légèrement un sourcil, interrogatif, lorsque le recteur se tourna vers lui. Ensuite, il écouta attentivement ses recommandations, hochant doucement la tête de temps a autre.
Le jeune homme observa Fraust se retourner et monter les marches de l'escalier. Décidemment, il le trouvait sympathique.

Mais lorsque l'adulte lui dit qu'il était fier de lui, les joues d'Esthézyl virèrent au rouge vif. C'était quelque chose que personne ne lui avait jamais dit et ça lui faisait plaisir d'entendre ça. Même s'il avait un peu de mal a y croire. Puis, une fois ses joues ayant repris une couleur normal, il retourna dans le parc, ne sachant pas quoi faire d'autre.