La pêche aux moules

23 Août 2052. Un milieu d'après-midi bien tranquille...

Et voila, les vacances prenaient fin, doucement mais sûrement. En tout cas, c'est ce qui avait l'air de se passer, avec le début d'effervescence chez les membres du personnel. Soren l'avait senti, dernièrement, croisant un recteur nerveux, des cuisiniers en panique et un intendant croulant sous les demandes d'admissions. On pouvait donc bel et bien dire que c'était la fin du calme estival sur la petite île indonésienne.

Soren avait passé l'été ici. Oh, il aurait pu faire comme la plupart des élèves, à savoir: faire ses bagages et rentrer au bercail, voir papa et maman, jaser sur les dernières conneries du fils prodige, et revenir aujourd'hui. Mais non! L'allemand n'avait pas eu envie de retourner à la civilisation. Au contraire, il était resté ici pour filer un coup de main avec le nouveau système de surveillance dont il était à l'origine. Et rien que ça, ça l'avait occupé une bonne partie de l'été! C'était sa façon à lui de remercier Fraust pour sa Faculté, et l'accueil que l'établissement faisait aux mutants, en gros.

Et puis, put***, la Faculté en été, c'est quand même autre chose que pendant l'année scolaire! Les soirées autour d'un barbecue improvisé, avec les membres du personnel, où tout le monde se lâchait, c'était quelque chose...

Enfin bref, maintenant que tout était prêt pour accueillir les nouveaux élèves (et futurs bizuts) dans les meilleures conditions, Rosenberg pouvait lui aussi décompresser. Ce qui explique l'attitude nonchalante du jeune homme qui avait décidé de lever une sirène dans la mer indonésienne. Alors, il s'était bricolé une canne à pêche avec une branche, une ficelle et une épingle à nourrice (punk forever), et avait posé le tout au bord de l'eau... Tandis que lui-même s'était laissé aller à s'allonger sur l'herbe pour profiter de ce moment de calme, un pétard au bec. De cette manière, il pouvait surveiller d'un œil le bouchon de liège de sa ligne sommaire, et se prélasser un peu... Sachant très bien qu'au cours de la semaine, un flot d'élèves arriverait, gâchant immanquablement les derniers instants de calme avant la reprise des cours.

Pour l'instant, tout allait bien: rien ne mordait à l'hameçon, et pas un glandu pour l'emmerder. En plus, le soleil ne tapait pas trop fort aujourd'hui. Sauf que comme on le sait, les ennuis finissent toujours par arriver...

C’est année Alexandre n’était parti nulle part. D’ailleurs ou aurait-il pu aller ? Au jour d’aujourd’hui, il n’avait n’y foyer, n’y famille, et pour le couronner le tout, son dernier voyage l’an passé, avait asséché considérablement le reste de ses économies. Tous ce qu’il devait lui resté, semblait à peu près se limité à la contenance de son portefeuille, soit environ 100$. Alors avec une telle fortune il n’avait guère eu le choix. C’est été, il était donc allé sur la grande île à Jakarta, en quête de petits boulots, tout en profitant de la navette quotidienne qui reliait l’île de faculté au reste du monde, pour revenir tous les week-end à l’institut.

Bref, il avait donc passé une bonne partie de son été à travailler, allant de petit boulot en petit boulot. De toute façon, ce n’était pas plus mal. Cela lui avait permit de ne pas pensé à Aurélie.
Quand le jeune homme était rentré l’année passée à la faculté, après plusieurs mois d’absence. On lui avait raconté que celle pour qui son cœur battait était partie un beau matin, sans donné de raison. Lui avait-il brisé le cœur ? Possible, mais il n’en était pas sur. Bref, Alexandre s’en était beaucoup voulu de l’avoir laissé, et sa chambre qu’il partageait avant avec elle, s’était retrouvé avec un lit vide, qui avait hanté ses nuits, durant le reste de l’année scolaire.
Travailler était donc aussi, un bon moyen pour lui, d’oublier sa peine.

Lorsque la petite navette accosta enfin au débarcadère de la faculté, le jeune australien enjamba la petite rampe du bateau pour ensuite atteindre d’un petit bond, les planches en bois du quai. Aujourd’hui avait été son dernier jour de travail, et il comptait bien profiter des jours restants, pour se reposer tranquillement avant la reprise des cours. Cependant, à peine avait-il posé ses pieds à terre qu’une odeur de fumée nauséabonde lui s’engouffra dans ses narines. Et pour cause la fameuse odeur en question venait d’un joint que fumait visiblement un jeune homme sur la berge.
D’ailleurs, il ne fallu que peut de temps à Alexandre, pour se souvenir que le garçon en question, était élève à la faculté. Il l’avait déjà croisé à plusieurs reprise dans les couloirs au cours de l’année qui venait de s’écouler, ou lors de quelques une des soirées barbecue, auquel le jeune australien avait eu l’occasion de participé durant l’été. Néanmoins, jamais encore il ne lui avait adressé la parole.

Effectivement, l’attitude de ce personnage n’était pas très attractif et ne donnait pas spécialement envie, eu yeux du jeune Deepest, d’approfondir une quelconque relation amicale avec lui. Toutefois, seul les imbéciles ne change pas d’avis, n’est ce pas ?

Prenant donc un peu sur lui, il s’avança donc en direction du fumeur pour essayer de faire plus ample connaissance. Une fois seulement arrivé à son niveau, Alexandre remarqua la canne à pêche improvisé, et lui tendant alors la main pour le saluer, il lui annonça dans un anglais ‘‘australien’’ : « Hello l’ami ! Alors ca mors ? »

Les ennuis arrivèrent, donc. Ou plutôt, la bicoque flottante que tout le monde appelait la 'navette', cette presque épave qui mouillait sans arrêt entre Djakarta et l'île Facultyenne. Toutefois, Soren remarqua qu'il était chanceux; un seul bonhomme en débarqua, du moins pour le moment. L'allemand avait suivi la scène du débarquement d'un œil distrait, le cerveau embrumé non seulement par l'herbe folle, mais par diverses préoccupations plus ou moins importantes.

Ainsi donc, le jeune homme qui avait débarqué était Alexandre. Soren l'avait croisé plusieurs fois, au cours de l'année précédente et de l'été tout juste fini, c'était un élève de 3ème année apparemment. Il avait l'air calme et sans histoires, ce mec; sans doute était-ce là les raisons du peu de fréquentations entre les deux jeunes hommes. On connaît les fréquentations habituelles de Rosenberg, après tout, et l'on sait donc que le boche n'aime à s'entourer que de personnalités fortes et de jolies minettes. Cet Alexandre n'entrant dans aucune de ces catégories, leur manque de communication pouvait alors facilement s'expliquer.

Toutefois, grâce à l'année déjà passée à la Faculté, Soren avait appris à être un peu plus sympa avec les autres élèves. Ou du moins, il avait appris à se rendre un peu plus supportable qu'avant. Bien sûr, il avait toujours la langue bien pendue, et des paroles toujours aussi acérées, mais il s'était trouvé quelques souffre-douleurs qui prenaient toute sa verve insolente dans la face; pour ces élèves là, Soren n'avait pas changé d'un pouce, toujours aussi peu appréciable. Avec les damoiselles par contre, il était toujours aussi bon prince, du moment qu'il arrivait à ses fins; mais sans se mentir, il n'avait pas levé beaucoup de princesses l'année passée. Patience, ça viendrait.

Bref, après les paroles d'Alexandre, Soren souleva brièvement sa casquette en guise de salut. Il avait même fait un sourire presque pas ironique! Pour une fois...

"Yo, le travailleur immigré." Ouais, il avait appris, lors d'une soirée barbecue, que l'australien avait bossé une partie de l'été dans la capitale indonésienne. "Toujours pas de sirène, nop." Et oui, c'est qu'il espérait toujours pêcher le poisson rare, le gars!

Mais au vu de la rareté du gibier marin, il se contenterait bien d'un poisson normal et sans seins, histoire de ne pas rentrer complètement bredouille! Bordel que le poisson était rare ici, ça faisait déjà 2 plombes qu'il avait lancé sa ligne artisanale, et pas une seule fois le bouchon n'avait plongé dans l'eau. quelle misère!
Mais il en fallait tout de même davantage pour faire perdre à Soren sa bonne humeur du moment. Il indiqua d'un signe du menton (un hochement de tête quoi) le vieux bateau navette, et ajouta:

"J'espère que le vieux loup de mer va nous apporter un gros arrivage de chair fraîche, ça nous occupera. On manque cruellement d'activités extra-scolaires, alors si ya moyen de joindre l'utile et l'agréable..."

Toujours le mot pour rire... Sauf que là, il était très sérieux, l'allemand! Grave que la Faculté manquait de distractions, et sans jolies filles à galoper... Boah, au pire il choperait la sœur d'Ashen et Fraust, même si ça lui vaudrait peut-être l'émasculation. Quoique la future prof de droit avait l'air bien roulée; Soren s'inscrirait peut-être à son cours, juste pour mater. Et puis sinon, il y aurait le bizutage des 1ère années, l'occasion idéale de se lier avec quelques effarouchées... Bonheur, bonheur! Finalement, la rentrée allait aussi avoir du bon.

Au bout de quelques instants, Rosenberg lança la fin de son joint dans l'eau; des fois que ça attirerait une sirène toxicomane... Et reprit la conversation, sur un ton un peu plus sérieux:

"Au fait... Il paraît qu'ils vont faire une sélection pour recruter quelques élèves pour le 'gang'.. Tu devrais p'tet te présenter, il paraît que tu as un potentiel..."

Le gang... Le nom que donnait les élèves à l'équipe de défense de la Faculté. La team d'élite, chargée de défendre la Faculté en cas d'attaque de détracteurs. Soren y était déjà inscrit, officieusement, pour avoir aidé à l'élaboration et la mise en place du système de sécurité; ceci dit, il devrait lui aussi passer les tests, comme les futurs postulants.
Quant à ce qu'avait dit l'allemand concernant le 'potentiel' d'Alexandre, bah c'était simple... De tous les 3ème années, Alexandre lui paraissait être le seul mec qui mérite ce titre; on lui avait rapporté qu'il avait une bonne maîtrise de son pouvoir de transformation, alors pourquoi pas. Les autres 3èmes années n'étaient sûrement pas au niveau d'Alexandre, en tout cas, selon l'avis de Rosen'. Or, même s'il juge souvent hâtivement, Soren n'est que rarement trompé par son flair légendaire. Et là, son pifomètre lui indiquait qu'Alexandre était le seul vrai balèze, parmi les 3ème années. Ça restait à confirmer, m'enfin...

Quelle bonne surprise se fut pour le jeune australien de ne pas se faire rembarrer par Soren. Peut être que celui-ci n’était pas si ‘terrible’ que ça après tout. Le franc parlé dont faisait preuve l’allemand, montrait bien que les deux jeunes gens avait eu chacun, une enfance bien différente l’une de l’autre. Après quelques instants de conversation, durant lequel Alexandre n’hocha que légèrement la tête sans pour autant laissé démontré son trouble, quand l’allemand aborda ‘l’arrivage de chair fraiche’, celui-ci aborda alors le sujet du groupe de défense qui devait se mettre en place d’ici peu.
Alexandre lui rétorqua alors, avec un léger sourire : « Moi, avoir du potentiel ? Tu es bien le premier à me le dire ça. Certes je me débrouille peut être, mais seulement pour encaisser les coups, car quand il s’agit de les rendre, c’est une autre histoire… » . Et puis, repensant à tous les évènements qui s’était produit ici depuis son arrivé, il ajouta : « enfin, pourquoi pas ? » annonça-t-il, « je n’ai pas grand-chose à perdre à m’y présenté … ».

Alexandre s’arrêta de parler et son regard se tourna vers le bouchon de liège. Celui-ci semblait lutter contre les petites vaguelettes qui venaient s’amortir contre la berge. Visiblement, rien, même pas une fausse touche ne venait perturber le flotteur qui semblait insubmersible. Aujourd’hui, le soleil tapait fort et se reflétait sur une mer relativement calme. Aucun vent, aucune brise ne venait gâcher la tranquillité de l’après midi déjà bien avancé. Se secouant la tête pour se sortir de l’hypnose provoqué par la vu du bouchon, le jeune australien demanda à Soren: « Et toi, que va tu faire ? Vas-tu te présenté pour entré dans le groupe de défense ? ».

Peut être que la question d’Alexandre avait été trop hâtive. En effet, il ne connaissait pas les capacités de son interlocuteur, et peut être que celles-ci ne se prêtaient peut être tout simplement pas à une tâche, comme celle de la défense de l’institut. Mais bon, maintenant que la question était posée, il allait probablement en apprendre un peu plus sur lui …

Soren haussa les sourcils à la première réponse d'Alexandre. Alors comme ça, ile ne croyait pas en lui-même, ce mec? Ou alors il jouait les modestes... Remarque, ça devait être son genre, ça; à croire que l'australien avait hérité de toutes les 'qualités' humaines les plus populaires. Tout autant que le teuton avait hérité de toutes les qualités les moins appréciées: le franc-parler et le cynisme ne sont en effet que très rarement appréciés du grand public. Enfin bref... Ainsi il se présenterait aux tests? Ma foi... Peut-être donc que ces 2 jeunes gens finiraient par bosser de concert, en équipe, si j'ose dire. Je sais, c'est un bien grand mot, quand on connaît la manie du jeune allemand de toujours foutre son grain de sel...

Tandis que Soren cherchait dans la poche droite de son jeans son paquet de cigarettes 'normales' et du feu, Alexandre lui renvoya la politesse. 'C'est ce que font toujours les gens quand ils n'ont rien à dire', pensa le boche dans un coin de sa tête, en souriant; attention, le loup redevient méchant, la bête va bientôt rugir!... Je plaisante! Ou pas... Bref, après s'être allumé une clope et avoir regardé que la canne à pêche n'avait pas bougé, Rosen' répondit, comme toujours avec sa langue de serpent, toujours prête à piquer.

"Bah, j'ai pas le choix. Bon en fait, si, j'ai le choix, il y a toujours le choix, mais là, bah ya pas. J'ai été très impliqué dans la mise en sécurité de ce put*** d'endroit, mon cerveau génial a permit de concevoir toute l'installation et le processus de sécurité, alors maintenant, j'suis au pied du mur. Et puis, j'ai des obligations, tu vois. Surtout envers moi-même, parce que j'suis pas venu ici pour me la couler douce, jouer les voleurs de strings et emmerder mon monde... Enfin, pardon, j'suis pas venu QUE pour ça. Mais aussi pour devenir, comment dire... L'avant-garde des Mutants d'élite de ce monde... Ouais, dit comme ça, c'est la classe, quand même..."

Et voila que ça recommence: Soren était parti dans son trip perso, son 'moi, j'veux être un super-héros' qui le rendait si fier d'être ce qu'il est. Oh, bien sûr, il avait encore du chemin à faire, il le savait très bien. Toutefois, il le savait, il progressait vers son idéal, sa quête de perfection était en bonne voie. Pour en prouver, il avait fait quelques beaux progrès dans la maîtrise de son pouvoir, lors de l'année passée, et il en était sûr, il n'avait pas encore fini de se surpasser. Ce chemin de perfection n'était qu'à peine entamé, et bientôt, il serait le mec le plus fort de cet endroit, plus fort que tout le monde!

C'est beau de s'y croire, non?

Se rendant soudainement compte qu'il s'était exalté devant Alexandre, Rosenberg se força à reprendre un peu contenance. Un peu plus, et il allait passer pour un tordu imbu de lui-même et mégalomane (bien qu'il le soit déjà pas mal, le gars). C'est ainsi qu'il finit par lâcher dans l'air un de ses répliques, sur un ton de voix plus calme et posé, un peu ironique aussi:

"Pourquoi j'te parle de ça moi, d'abord? J'suis pas sûr que tu puisses comprendre, tu n'as pas l'air... "

Soren n'eut pas l'occasion de finir sa réplique dont on devinait déjà l'acidité, car son regard fut attiré par du mouvement, près de ses pattes. La canne à pêche improvisée, posée à même le sol herbu, filait vers l'eau, eau dans laquelle le bouchon de sa ligne avait plongé. La voila enfin, la prise tant attendue!

Un "Scheisse!" plus tard, et Soren sauta sur ses jambes, se précipita sur la branche lui servant de canne à pêche, posant les pieds dessus pour qu'elle ne finisse pas à la flotte. Puis il la ramassa pour sortir de l'eau un truc qui avait l'air excité et costaud, tout en déclamant, tout fier:

"Je crois que je tiens la prise du siècle, mec! Admire l'artiste maintenant!"

Sa cigarette bien pincée entre ses lèvres, l'allemand serra ses mains autour du bâton et se mit à tirer en arrière pour sortir 'la bête' de l'eau... Il tira... Tira encore... Tira en diagonale pour augmenter son allonge... Tira encore... Put***, ce poiscaille était un dur à cuire, mais pas de panique, il était tombé sur un autre dur à cuire, et de loin le pire de tous. Voyant la résistance que montrait la bête, Soren opta pour un plan B. Coinçant la canne à pêche sous son bras droit, et donc libérant partiellement ses mains, le teuton punk utilisa son pouvoir pour faire sortir 10 vecteurs de ses doigts. Il avait appris à connaître ces filaments sur le bout des doigts (c'était le cas de le dire!), et avait une petite idée de comment les utiliser, ici, pour s'assurer une belle prise. Il tressa les 10 filaments verts phosphorescents ensemble, pour former une sorte de corde solide avec ces derniers. la 'corde' matérialisée, il dirigea le tout dans l'eau, à l'endroit où le bouchon frétillait.
Dirigeant mentalement ses vecteurs, Rosenberg parvint à leur faire attraper le gibier marin par la queue, enfin, la nageoire caudale, et à ajouter la force de traction des filaments à celui de la ligne. En tirant le tout ensemble et en même temps, Soren réussit à sortir de l'eau sa prise... Surprise!

"Arschloch... Verdammt, was ist das?"

Ou, pour traduire, 'Put***, c'est quoi c'te foutu engin là?!'. Et effectivement, on était en droit de jurer autant après avoir levé un bébé requin de presque 1 mètre! Ça pour une pêche miraculeuse, Rosen' avait tapé fort. Mais lui-même n'en revenait pas; ok, il savait qu'il y avait des bestiaux pareils dans le coin, mais de là à en pêcher un, carrément...

Cependant, l'engin continuait de se débattre comme un diable, au bout de la ficelle et des vecteurs. La ficelle elle-même ne tarda d'ailleurs pas à rompre sous le débattement frénétique du futur danger public de l'océan. Aussi, Soren se dépêcha de tirer sur la corde faite de ses filaments, pour ramener sa prise sur la terre ferme. Il crut ne pas y arriver, que le bébé requin allait lui arracher les vecteurs et repartir, mais non, il parvint à hisser sa proie sur le rebord terreux puis jusqu'à l'herbe. Suffisamment loin du bord pour tenter la fuite, le requin ne pouvait plus que frétiller comme un danseur de tektonik sa mère, en attendant de mourir par asphyxie. Soren relâcha alors la prise des vecteurs qui se détréssèrent puis retournèrent se loger au bout de ses 10 doigts bien docilement. L'allemand termina alors sa cigarette, en contemplant sa pêche miraculeuse, puis commenta:

"A défaut de sirène... Ce soir, on bouffera un potage à l'aileron de requin." Puis, se tournant vers Alex, "T'as de quoi l'achever? J'sais pas, un couteau, une lime à ongles...?"

A peine la question fût-elle posée par Alexandre que l’allemand s’empressa de lui donné une réponse. Effectivement, comme l’avait supposé le jeune australien, le caractère de Soren était très particulier. Assez imbu de lui-même avec un égo surdimensionné, le tout peaufiné avec une pointe de sarcasme, tel était le genre que se donnait le jeune homme. En tout cas, c’est ce qu’avait ressenti Alexandre en écoutant parlé son interlocuteur et l’avait conforté dans l’idée même que les deux personnages n’avait pas du tout eu la même éducation.

Et puis, après s’être apaisé quelques secondes, Soren envoya gentiment baladé le jeune Deepest avec autre une réplique. Effectivement, Alexandre éprouvait bien des difficultés à comprendre la position du jeune mutant. Pourquoi vouloir tant se mettre en avant ? L’australien lui n’aspirait qu’à avoir une vie tranquille et s’en histoire. Cependant sa condition de mutant ne lui avait pas laissé le choix. Alors qu’il était en pleine réflexion sur les motivations qui poussait l’allemand à se mettre en avant, celui empoigna sa canne improvisé pour essayer de remonté la prise qui avait fait plongé le bouchon de liège, sous la surface de l’eau, quelque instant plus tôt.

Voyant que la prise se débâtait fortement et que la ligne risquait de rompre à tout moment, Soren utilisa alors habilement son ‘‘don’’ pour remonter l’énorme poisson, ce qui tira le jeune Deepest de ses pensés. A la fois surpris et déconcerté devant le pouvoir insoupçonné que manipulait son interlocuteur, Alexandre ne disa pas un mot et le laissa gérer tout seul la situation. D’ailleurs il n’avait pas besoin d’aide. Après quelques minutes de lutte acharnée, Soren remonta enfin, non pas un gros poisson, mais un petit requin juvénile, d’une taille non négligeable.

Encore surpris, à la fois par le pouvoir et par la prise, Alexandre ne réalisa pas tout de suite que l’allemand venait de lui poser une question. Ce n’est qu’après avoir repris ses esprits, au bout de quelques secondes, que le jeune mutant moléculaire, haussa les épaules en levant légèrement les bras. Non il n’avait n’y lime, n’y couteau, et encore moins une quelconque arme blanche sur lui.
« Désolé, je n’ai rien sur moi, à part mon porte feuille » répondit-il à l’allemand.
« Alors soit tu le laisse s’asphyxié, mais ça peut prendre quelques minutes, soit une grosse pierre devrait faire l’affaire … » ajouta t-il.

L’australien, à vrai dire, n’était pas très chaud pour occire le requin. Sur un autre animal, il se serait sans doute interposé pour en empêcher l’exécution. Cependant avec une bête comme celle là, il n’était pas entièrement contre non plus. Et puis, vu la gueule de la bête truffée avec autant de dents, il valait mieux qu’il finisse dans un estomac quelconque plutôt que l’on finisse dans le sien. La main du jeune mutant moléculaire, posé le long de son corps rencontra soudainement un objet dans la poche de son pantacourt. Plongeant alors sa main dans sa poche, il en ôta un stylo à bille. Observant longuement l’objet, il annonça alors à Soren en lui montrant le stylobille : « Si tu veux, tu peux utiliser ça. Un bon coup sur la tête entre les deux yeux et ça devrait faire l’affaire … ». Certes l’idée était glauque mais c’était vraisemblablement le moyen le plus rapide de l’achever.

En revanche, pour dégusté un mets comme celui-là, c’est une autre histoire. On ne peut pas dire que les recettes à base de requin soit nombreuses, mais peut être qu’en friture ou sur un barbecue de grande taille, ce ne serait pas trop mal. Alexandre n’était pas très poisson, n’y autres fruits de mer d’ailleurs. Ses préférences culinaires étaient plutôt portées sur les viandes blanches et la plus part des fruits. Cependant, il ne rechignait pas non plus à goûter de nouvelles choses.
Enfin, encore fallait-il que l’allemand partage sa prise. Même si ses manières laissait à désirer, en tout cas aux yeux de l’australien, Soren ne semblait pas avoir un mauvais fond, ce qui laissait donc raisonnablement pensé qu’il partagerait son ‘‘butin’’, surtout que vu le bestiau, il ne pourrait pas tout manger tout seul, sauf si évidement, il cachait d’autre talent comme celui dont il avait fait preuve pour remonter sa prise. Chose qui d’ailleurs n’était pas impossible.

Repensant à ce que le jeune homme avait dit un peu plus tôt, il lui demanda alors : « tu sais faire ça ? Je veux dire du ‘potage à l'aileron de requin’ ? ». C’était bien beau d’avoir des idées, encore fallait-il être capable de les mettre en pratiques …

... Un stylo? Il se foutait de sa gueule, Alex, ou bien?!

Non, non, ça n'allait pas, crever un requin avec un stylo, mais quelle idée! Aucun pouvoir pénétrant, et rappelons-le, la peau de requin est tout de même assez épaisse. Alors un stylo bille... Avouez qu'il y avait de quoi rire! D'ailleurs, Soren partit dans un grand rire d'allemand (l'allemand rit très fort et très rauque), avant de se redresser en prenant en main la nageoire caudale du bébé requin, le traînant dans l'herbe derrière lui.

"Laisse tomber, merci quand même!"

Le grand et méchant teuton se dirigea alors vers l'arbre le plus proche, en tirant le requin par la queue, dont il finit par se saisir des 2 mains, une fois à la hauteur de l'arbre. Technique base ball: on vise, on frappe!
Soren abattit ainsi plusieurs fois le requin contre l'écorce de l'arbre, encore et encore, jusqu'à ce que le machin soit assez assommé pour ne plus frétiller. Pour être sûr, Rosen' donna quelques coups de pied dans l'engin pour s'assurer qu'il était bien inanimé... Bon, il ne bougeait vraiment plus... Soren 1, Requin 0.

L'allemand souleva alors une nouvelle fois le gros poisson, et se mit à le porter par dessus son épaule droite, en se tournant vers l'australien:

"Moi? Non, le poisson c'est vraiment pas mon truc, en cuisine! Mais les cuistots sauront quoi en faire, je vais aller le leur apporter... Chacun sa merde, comme on dit chez moi!"

Voyant que Alex avait ses bagages à déposer, il ajouta:

"T'as qu'à venir aussi, tu poseras tes affaires en même temps... Pas que j'ai besoin de compagnie, mais presque..."

Et oui, fallait s'y attendre... Alex n'avait pas assez de poitrine au goût de Soren, mais bon, il fallait qu'il évite de se montrer trop sympa aussi. Sinon, ça finirait comme au lycée, on allait finir par croire qu'il était gentil...Et ça, c'était hors de question! La réputation, que voulez-vous, c'est quelque chose à quoi l'on s'accroche facilement, quand on s'appelle Soren Rosenberg.

Tandis que les 2 jeunes gens remontaient en direction de la Faculté, Soren, son requin sur l'épaule, ne put s'empêcher de papoter, ce grand bavard!

"Ce soir, feu de camp! J'te préviens, parce que la solidarité masculine m'y oblige... J'pense que tu comprends ce que je veux dire. Si c'est pas le cas, ça veut dire qu'il va y avoir un tas de petites mignonnes avec qui fricoter, et plus si affinités. Tu me suis, mec? Ce soir, on va choper! Mais fais gaffe, les plus jolies sont pour moi, tu piges?"

Soren, mode prédation activé, ça donne ça, grossomodo. Le pire c'est qu'il disait la vérité, en plus!

Alors que l'allemand déclina l'offre d’Alexandre avec un rire qui ne le laissa pas indifférent, celui-ci empoigna le squale par la queue en le traînant derrière lui jusqu'à un arbre, et c'est alors que le massacre commença. Soren ne faisait vraiment pas dans la dentelle. D'ailleurs on aurait presque pu croire que cela l'amusait. Avec cette telle débauche de violence, le jeune Australien aurait presque pu voir un remake ‘‘des dents de la mer’’ avec dans le rôle du requin psychopathe Soren, et dans le rôle de la victime le squale qui, après plusieurs coups contre l’arbre, commençait à saigner par la bouche.
Lorsque le massacre s'acheva enfin, le teuton empoigna de nouveau le squale par la queue et invita Alexandre à l’accompagner jusqu'à la bâtisse principale de Faculté, tout en poursuivant la discussion déjà entreprit.

Réfléchissant sur l'offre que venait de lui faire Soren, le jeune Deepest hocha la tête en signe d'acquiescement avant de répondre : « d'accord, je viendrai au feu de camp, sa me changera les idées ». Évidemment, son camarade lui annonçait déjà la couleur. Celui-ci se voyait déjà entouré des plus belles demoiselles qui séjournaient ici. Cela n'aurait pas aussi déplu à l’Australien de se retrouver entouré par des jolies filles, cependant son caractère timide envers elles, serait un handicap pour lui, sans compter qu’il n'était pas du genre à avoir plusieurs petites amies en même temps. Bref, cela relevait plus du fantasme pour lui, qu'une réalité.

Réfléchissant de nouveau sur les derniers propos qu'elle est tenue Soren au sujet du feu camp, le jeune Deepest l’interrogea alors : « Et ou ce tiendra le feu de camp ce soir ? Et à quelle heure ça commence? ». C’était bien beau de dire ça, mais encore fallait il connaître l'horaire et le lieu.

Alors que les deux jeunes gens marchaient en direction de la faculté, Alexandre jeta un oeil sur la mâchoire du gros poisson que tenait son collègue sur son dos, avant d'annoncer : « je verrai avec le cuisinier pour récupérer les dents de ta prise. Ça fait d'excellents porte-bonheur en collier. Si tu en veux un, je te le ferai avec joie … ». Le jeune homme n'en avait jamais créé lui-même, cependant il en avait déjà vu et selon lui, ce genre de collier ne devait pas être bien difficile à confectionner, et cela pouvait donner un peu plus de style au jeune homme.

Alors que le silence régnait entre les deux garçons, Alexandre relança la discutions pour essayer de mieux connaître son compagnon : « Alors c’est quoi ton pouvoir exactement ? Tu peux créer liens de couleurs verts fluo ? Ou quelque chose comme ça ? ». C’est vrai que Soren était depuis un an déjà, mais c’était la première fois qu’il avait vu le pouvoir du teuton en action. Celui-ci semblait assez étrange, était-il psychique, matériel ou autres ?

Ah, le feu de camp... Quel bel évènement en perspective! Au cours de l'été presque fini désormais, Soren avait participé à un certain nombre de ces évènements, et il en gardait un excellent souvenir. C'était en effet les moments où on voyait, même les plus sérieux membres du personnel, retrouver leur âme d'adolescent. Genre, Herr Direktor Fraust, par exemple: ce mec avait paru, la première fois que Soren l'avait rencontré, ainsi que les suivantes, être un mec du genre qui-rigole-pas-souvent; et bien, l'allemand avait été étonné de voir ce même personnage, habituellement si sérieux et distant, devenir souriant et jovial, limite blagueur, lors de ces feux de camp.
Et puis, les minettes, les minettes quoi!! Pareil, même chose, et pour peu qu'elles aient un peu d'alcool dans leur gobelet, ça devenait presque aussi tordant que les soirées afterwork de l'université! Ah, comment se sentir un peu rajeunir, et revenir quelques années en arrière...

"Ça se passe au lac, en début de soirée. Le principe est simple, et repose sur 3 grands fondements: on mange, on boit, et on s'marre! Et éventuellement, on conclut, mais pour ça, mon pote, faut assurer!"

Soren donna une tape un rien rude sur l'épaule d'Alexandre, avant de partir dans un de ses grands rires germaniques (un rire qui fait pas mal de bruit, très expansif quoi). Bien sûr, la vanne était ici le sous-entendu que Soren était le roi pour conclure, et que Alex devrait y mettre tout son art pour en faire autant; mais vous connaissez Soren, il ne perds pas de temps pour se mettre en avant, jamais. Et puis bon, ça restait de l'ordre de la bonne boutade bien grasse entre collègues de la gent masculine, l'humour viril made in Soren Rosenberg... On ne fait pas pire, oui.

Alex lui parla alors des dents du requin. Ouaip, Rosen' avait déjà vu ces affreux (à son goût) colliers à base de chicots de requin, mais ce n'était pas lui qu'on verrait arborer ce genre de bijou. Trop oldschool et pouilleux à son goût, évidemment. Môssieur a plus de classe que ça, tout de même! Mais si ces quelques ratiches pouvait faire le bonheur d'Alexandre, il les lui cèderai sans problème aucun.

"Si ça te plais. Moi perso, c'est pas mon style de porter ce genre de trucs, enfin, les goûts et les couleurs..."

Vint alors la question, la plus posée sans doute dans cet endroit, celle de la nature du pouvoir. Soren devait d'ailleurs corriger assez souvent l'idée que son pouvoir ne consistait qu'en ces vecteurs verts, car bien sûr, son don ne s'arrêtait pas à ça, ça c'était juste l'introduction, en quelque sorte. Mais en bon prof' (et en bon égocentrique), il se faisait toujours un plaisir d'expliquer son aptitude des plus exceptionnelles (dit-il):

"Non, enfin, pas seulement. Ces filaments verts que t'as vu, ce sont les vecteurs de mon pouvoir, une manifestation presque secondaire. En soi, ça ne sert à rien, à part à pêcher, comme t'as vu. Le vrai pouvoir, j'peux l'utiliser que si ces vecteurs rentrent en contact avec les yeux de quelqu'un. Mon vrai pouvoir agit sur l'esprit, et fonctionne en passant par l'optique, donc sans ces petits machins verts, j'peux rien faire... Une fois que ça a touché tes yeux, ça y libère une substance du genre neurosynaptique, en clair ça te coupe de la réalité à fond, comme si tu te shootais... Ça te bloque sur place, et dans ta tête, tu pars dans un autre monde, un monde que je contrôle."

Rien que quand il l'expliquait, Soren se sentait tout exalté lui-même. A vrai dire, son pouvoir l'emballait carrément, ça faisait déjà un paquet de temps qu'il l'étudiait et apprenait à s'en servir, mais il savait qu'il était encore loin de l'exploiter à fond. Il avait des sacrées possibilités devant lui, et avec un peu d'entraînement, son pouvoir deviendrait vraiment très puissant, et d'autant plus fun à utiliser!

"C'est vraiment un put*** de nom de d*** de trip n'empêche, ce voyage! Des fois, j'm'amuse à m'envoyer moi-même dans mon monde parallèle, et c'est encore plus fou qu'à l'époque où je foutais mon nez dans n'importe quel poudrier! Dans le genre psychotrope, ça allume sévère! Tiens, si un jour tu veux voyager gratos, viens me voir, je te ferai faire un détour par ma 4ème dimension, héhé!"

Alala... Il l'aime son pouvoir, ça se voit hein!

Il aurait bien pu, ensuite, retourner la question à Alexandre mais, pas de bol, il connaissait déjà le pouvoir de celui-ci, pour l'avoir vu sur les registres. Ceci dit, Soren ne l'avait pas vu à l'œuvre, son pouvoir, et il attendait de voir justement.

"Toi ton truc, c'est de te transformer en Iron-Man non? Ça doit être pratique dans certaines situations..."

Pendant qu'ils conversaient, le bad-boy et le boyscout arrivèrent finalement à l'entrée de la Fac', les grand escaliers extérieurs furent vite avalés par l'allemand qui commença alors à se diriger vers le réfectoire. Une fois arrivé dans celui-ci, il se dirigea vers les espèces de stands qui supportaient les différents mets, en période scolaire; au delà, on pouvait voire une porte qui menait aux cuisines à proprement parler. Soren héla à tout hasard:

"Livraisoooon!!!"

Un commis fini par sortir de ladite porte, et Soren lui montra sa trouvaille, ce qui manqua presque de faire sortir les yeux des orbites de ce brave homme. Il appela quelqu'un dans les cuisines, en langue locale, et c'est finalement tout le personnel qui sortit peu à peu pour venir voir le bestiau et son pêcheur. Les expressions étaient dans l'ensemble plutôt surprises, parfois amusées, par la vue de ce poisson inattendu au menu. Rosenberg le tendit finalement aux bonshommes, et expliqua:

"Faites-nous un bon repas avec ça, s'il vous plaît! Et gardez les dents de côté, pour mon pote!"

Voila, ça c'était fait... Les cuisiniers emportèrent la bête en cuisine, non sans y aller, chacun, de leur petit signe de tête de remerciement/admiratif, etc. Une affaire qui roule, ne restait plus qu'à laisser Alex rallier sa piaule, quant à Soren, p'tet qu'il retournerait faire un tour de pèche, au cas où le frangin de son pote le requin fasse une apparition dans les eaux turquoise du débarcadère!

Visiblement, Soren avait l’habitude de ces soirées feu de camp. À peine Alexandre lui avait-t-il posé la question que l'allemand, s'empressa de lui donner la réponse, accompagnée d'une bonne tape sur l'épaule que l'Australien encaissa mollement. La réponse du teuton était très clair et ne laissait nul doute quant aux intentions de celui-ci. Le jeune homme se demanda même sur le coup, pourquoi avait-on admis un tel prédateur sur le campus. Enfin ce n'était pas lui qui prenait les décisions, et mis à part son orgueil, Soren semblait être quelqu'un de fort sympathique et déconneur. Simplement fallait-il savoir prendre ses propos aux seconds degrés.

Et puis lorsqu'Alexandre lui demanda des précisions sur son pouvoir, la réponse de l'allemand fut on ne peut plus claire. Alors comme ça son collègue était capable de créer des ‘sortes d'illusions’, encore fallait-il qu'ils puissent toucher les yeux sa cible. Néanmoins vu la démonstration qu'il venait de faire, en sortant le squale de l'eau quelque minutes plus tôt, le jeune Deepest supposa qu'il devait assez adroit pour toucher sa cible en plein combat. Enfin, ce n'était qu'une supposition.
Ensuite, quelle surprise ce fut pour l'Australien lorsque le teuton évoqua son propre pouvoir. Alors comme ça il était au courant qu'Alexandre était capable de se transformer en métal. Cette nouvelle était assez surprenante. Comme l'année passée avait été relativement calme, le jeune homme n'avait pas usé de son pouvoir plus que de raison. Ceci dit, Soren l'avait peut-être observé lorsque, celui-ci s'entraînait à la maîtrise de son don.

« Oui, ça aide pour encaisser les coups, ou pour jouer les boulets humain qu’il faut trainer derrière soit » répliqua t’il en rigolant doucement.

Après plusieurs minutes de marche, les deux compères arrivèrent enfin dans le hall d'entrée de la faculté, et, se dirigeant alors vers le réfectoire pour présenter sa prise aux de cuisine, l'allemand fit une entrée les plus remarquées. Évidemment, la capture de ce requin monopolisa toute l'attention du personnel.
Alexandre resta dans l’embrasure de la porte de la cambuse, observant l'effervescence de la scène qui se déroulait sous ses yeux. Soren venait une nouvelle fois de se faire remarquer. C'est à croire que le teuton adorait rester sous les feux de la rampe. Et puis, après quelques instants, l'allemand revint vers l'Australien. Les deux élèves de la faculté se regardèrent alors l'un et l'autre en silence, avant qu'Alexandre ne rompe celui-ci : « bien, je vais monter me détendre dans ma chambre. On se revoit ce soir alors ? » lui disa t’il avec un sourire aux lèvres.

Il est vrai qu’avec la journée qu’il avait passée, le jeune homme n’avait qu’une envie, celle de ce reposé, et de ce prélassé dans un bon bain chaud. Cependant, la faculté en manquait cruellement et seule des douches étaient à dispositions des élèves. A défaut de bain, une bonne douche chaude ferait donc l’affaire. Après quoi il irait probablement dormir une heure ou deux, pour récupérer un peu d'énergie.

Les jeune Deepest n'avaient pas chômé durant les vacances d'été. Il avait effectué divers petits boulots, que ce soit de la mécanique légère, un peu de plomberie, tout en passant par technicien de surface dans une supérette, ainsi qu’un peu de maçonnerie dans le bâtiment (plutôt au lieu de poser les briques, c'est lui qui avait charrié les sacs de ciment). L'Australien ne rechignait à travailler dans n'importe quel domaine, du moment que cela pouvait lui rapporter un peu d'argent.
Néanmoins, il devait bien avouer qu'il avait attendu cette dernière semaine, avant la reprise des cours avec impatience. Il était bien normal de vouloir s'octroyer quelques jours de repos avant de réattaquer une nouvelle année, placée sous le ‘signe de la nouveauté’.

Alexandre avait commencé à monter les marches menant au premier étage de la bâtisse, lorsqu'il s'arrêta et se retourna vers Soren avant de lui poser une question : « au fait, sais tu quant aura lieu la sélection pour le recrutement des membres du groupe de défense ?, le … gang, c’est ça ? ».
La question était clair et laissait vraisemblablement présager que le garçon si présenterai. En effet, la description que lui avait fait Soren sur son pouvoir laissait augurer, que ce fameux groupe serait composé de divers camarades possédant chacun un don unique et tout aussi intéressant les uns que les autres. Quoi de mieux pour faire de nouvelle rencontre …

La question concernant la sélection pour le 'gang' ne manquait pas de pertinence. Enfin un mec qui a tout compris à la vie! Ou pas. Cependant, Soren ne connaissait pas la réponse à cette bien belle question; il répondit en haussant les épaules:

"Aucune idée... Faut voir ça avec le gros con, là, comment i s'appelle déjà ce bouseux... Le frangin de Herr Direktor... Ashen! C'est lui qui supervise tout ça, j'me demande bien pourquoi d'ailleurs... Enfin bref... Demande-le lui, s'tu le rencontres."

Oui, il était clair que ce n'était pas le grand amour, entre Ashen et ce grand fou d'allemand! En effet, au cours de l'année passée, ces 2 là avaient eu tout le temps pour se faire coups bas sur coups bas, et très vite, une certaine forme de rivalité très physique, très virile, s'était installée entre les 2 pires fortes têtes de la Faculty. aussi, cette petite joute, partie d'une farce de mauvais goût de la part de Soren, avait eu tôt fait de se transformer en véritable affaire d'état. Ce qui n'était pas complètement pour déplaire au boche, ça lui rappelait ses années lycées, pensez-vous! Et puis, ça instaure le dialogue; car même si c'est un dialogue à coups de de poings, de lattes dans la tronche, et autre vacheries, c'est quand même un dialogue!

Bref, après l'explication concernant le 'gang', Soren laissa Alexandre regagner ses pénates, lui exprimant un 'à plus tard' d'un bref geste de la main. Finalement, il l'aimait bien, ce mec! Même s'il était trop innocent et trop gentil, mais chacun à ses défauts *sbaf!*

Quant à l'allemand, il retourna pêcher un peu au débarcadère. Plus tard il rentra de sa partie de pêche avec un bébé baleine (mais nooon, je déconne!), il rentra donc de sa pêche plus bredouille, et parti dans sa piaule prendre une douche fraîche bien méritée!

[End pour moi, à plouch!]