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 [France] Le passé n'est qu'un aspect de la vie [Solo]

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Lelfic
3ème année - Elève sérieux
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Lelfic


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MessageSujet: [France] Le passé n'est qu'un aspect de la vie [Solo]   [France] Le passé n'est qu'un aspect de la vie [Solo] EmptyLun 29 Juin - 1:01

Beaucoup de chose s’étaient passées depuis quelques temps et le jeune homme à l’arc avait eut besoin de temps pour y remettre de l’ordre, de temps et de calme. Un après-midi, il s’était isolé au cœur de la jungle qui se trouvait à quelque distance de la Faculté et s’était assis sur une branche d’arbre pour réfléchir. Il avait été trouvé puis ramené à la Faculté, découvrant qu’il y avait beaucoup d’autres mutants tels que lui, et qu’ils avaient ici un refuge où vivre en paix. Ou presque.

Presque car peu de temps seulement après son arrivée, la Genetic Corporation avait attaqué la Fac, faisant plusieurs victimes et beaucoup trop de prisonniers, dont le recteur de la Fac lui-même. Ce jour-là, Lelfic avait découvert l’horreur de semblables se battant entre eux, et pour rien qui plus est ! L’horreur de lutter pour sa survie et de savoir que ce serait la fin en cas d’échec, la douleur de perdre un ami, tué juste pour s’être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Ce jour-là, la vision qu’il avait du monde fut bouleversée une fois de plus. Puis il avait rencontré Luna, qui avait secoué ses hormones dans ses veines comme la pulpe d’une bouteille d’Orangina. Puis Luna avait disparu, partie du jour au lendemain sans la moindre explication ni même un au revoir. Et les deux profs qui s’étaient occupés de lui lorsqu’il allait mal, deux personne qu’il avait toujours la curieuse impression de déranger lorsqu’ils étaient ensembles, mais dont il aimait la compagnie car elle était rassurante. Deux personnes, peut-être les seules en ce monde, qui se souciaient de lui.

Mais malgré tout ceci, il n’oubliait pas. Ses nuits étaient toujours hantées d’épouvantables cauchemars, épouvantables car ils s’étaient réellement produits, et il entendait trop souvent encore les hurlements de Sylvain battu à mort sous ses yeux. Trop souvent il revoyait le regard de Laure devenu indifférent à l’agonie de son meilleur ami, et trop souvent il ressentait cette incommensurable douleur dans son cœur, la cruelle morsure du sentiment de culpabilité qui l’habitait depuis toutes années. Trop souvent il se réveillait en larmes et demandait pardon dans l’obscurité solitaire de sa chambre.

Tout ceci n’avait que trop duré. Lelfic se demanda comment y mettre fin, comment racheter sa faute et retrouver enfin un sommeil agréable. Sylvain était mort, et il ne pouvait plus lui demander pardon, c’était évident, mais que faire alors ? Il restait Laure, elle était quelque part, et avait grandit elle aussi, et peut-être qu’elle pourrait l’aider à trouver une piste. Il devrait aller la voir, lui parler. Le jeune homme était alors descendu de son perchoir se rendit compte que se genoux tremblaient… de peur. Plus que le jour où il avait cru frôler la mort au bord d’un précipice, plus encore que le jour où il avait quitté l’orphelinat pour un monde inconnu, plus encore que le jour où il avait découvert qu’il était un mutant, il avait peur d’affronter à nouveau de regard vide qui hantait ses nuits. Peur d’entendre les cris de Sylvain en revoyant Laure, et peur qu’elle le rejette aussi, parce qu’il était lui aussi un mutant. Il était terrorisé à la seule idée qu’elle puisse avoir pour lui ce même regard avec lequel elle avait regardé Sylvain se faire lyncher.

Le temps qu’il regagne le bâtiment, il avait toujours aussi peur, mais sa décision était prise. Il devrait affronter sa peur et Laure pour retrouver un semblant de sérénité. A la mémoire se Sylvain, il devait essayer de redevenir le garçon jovial qu’il avait été il y a bien longtemps. Alors il s’était dirigé vers l’administration de la Facutlé et avait demandé l’autorisation de partir en voyage dans son pays natal, qu’’il obtenu avec une facilité qui le déconcerta. On ne lui demanda pas pourquoi, ni combien de temps, ni même où, mais seulement quand il voulait partir et de combien d’argent il aurait besoin. On lui demanda même s’il comptait revenir, mais l’idée de ne jamais remettre les pieds sur cette île ne lui avait même pas traversé l’esprit. Quelques jours plus tard, un bac lui fit traverser l’étendue d’eau qui était un océan jusqu’à une autre île où il put prendre un avion jusqu’à une ville du continent. Là, il pris un nouvel avion qui l’emmena à Paris. Il n’avait encore jamais voyagé par les airs auparavant, excepté pour venir jusqu’à la Faculté, et ce fut pour lui une expérience assez étrange, mitigée entre l’excitation de la nouveauté et l’idée de voyager à une telle vitesse, et la crainte d’être enfermé dans cet appareil à des dizaines de kilomètres au dessus du sol.

Arrivé à Paris, il prit un train qui l’emmena en quelques heures jusqu’à une autre ville où un taxi l’emmena jusqu’à un modeste village dans une région montagneuse de la France. Avant de partir, il avait du prendre des renseignements sur l’itinéraire à suivre, en commençant par le nom du village où se trouvait l’orphelinat. Il avait trouvé plusieurs résultats, mais certains se trouvaient en région côtière ou de plaine et d’autres étaient trop grand pour être celui qu’il cherchait. A force d’éliminations, il avait par ne garder que trois possibilité. Il devrait se résoudre à choisir au hasard et espérer trouver le bon avant de les avoir visités tous les trois. Le village où l’avait déposé le taxi n’était pas celui qu’il recherchait mais le proche d’un ceux qu’il n’avait pas éliminé. Celui qu’il avait décidé de visiter en premier se situait plus haut dans la montagne et il devrait s’y rendre à pied. Seulement après ce long voyage, des changements de transports, et le décalage horaire, il avait perdu la notion du temps. D’abord trois heures et demi en bac, puis six en avion, puis onze de plus jusqu’à paris et encore quatre dans le train, puis deux en taxi. Lorsqu’il arriva dans ce village, il était près de quatre heures du matin et le soleil n’était pas encore levé. Heureusement, il avait put dormir un peu dans le train, pas beaucoup, mais il restait opérationnel.

Le jeune homme s’assit sur un banc de la petite place centrale du village pour attendre que le soleil se lève. A l’aube, il partirait pour le village qu’il espérait être celui de son enfance. Seulement la fatigue le rattrapa et il s’endormit.
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Lelfic
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MessageSujet: Re: [France] Le passé n'est qu'un aspect de la vie [Solo]   [France] Le passé n'est qu'un aspect de la vie [Solo] EmptyLun 29 Juin - 1:53

Le soleil se leva timidement derrière un voile nuageux et le jeune homme fatigué ne réveilla que deux heures après son apparition, plus tard qu’il ne l’aurait voulu. Pendant quelques secondes, il se demanda où il était et ce qu’il y faisait, et eut même peur que son séjour à la Faculté n’ait été qu’un doux rêve qui s’efface avec l’aube. Ses souvenirs lui revinrent et il fut rassuré de ne pas être redevenu un vagabond fugitif. Il se leva du banc où il s’était endormi et s’étira pour décrisper ses muscles. Etrangement, il n’avait pas fait de cauchemars, pour la première fois depuis longtemps, et il se rendit compte qu’il avait presque oublié ce que cela faisait de bien dormir. Et bien que l’importance de l’événement soit de taille pour lui, il ne s’y attarda pas pour l’instant. Il aurait tout le temps d’y réfléchir en marchant, mais il devait d’abord se mettre en route, alors il ramassa son arc et son sac à dos et partit quitta ce village pour suivre un chemin qui montait vers le sommet au dessus.

Les heures qui suivirent furent composées d’une longue répétition, ses pensées tournant en rond, allant de l’absence de cauchemars cette nuit à ce qui pourrait se passer lorsqu’il rencontrerait Laure. Mais de tout ceci, la seule pensée qui le menait quelque part était celle qui ordonnait à son corps de mettre un pied devant l’autre. Le chemin de terre, creusé de deux tranchées par le passage des voitures ou des tracteurs, montait toujours, sinuant dans la forêt comme s’il cherchait sa route. Puis il se rétrécit, indiquant que les véhicules roulants n’allaient pas plus haut, et que seuls des piétons s’aventuraient plus loin. Tout au long du chemin, il ne reconnut aucun paysage, mais gardait tout de même espoir, les choses avaient put changer en six ans. Les heures passant, Lelfic finit par arriver dans le village qu’il cherchait en fin de matinée, un hameau plus qu’un village, simple ensemble de quelques fermes et maisonnettes perché à flanc de montagne, peuplé en tout et pour tout de pas plus d’une centaine d’habitants, chèvres comprises. Ce n’était pas le village où il avait grandit.

Déçu par ce premier échec, il n’eut même pas le courage de s’avancer jusqu’aux maison qui se trouvaient plus haut sur la pente et se contenta de s’asseoir au bord du chemin pour reprendre son souffle après cette longue ascension. Il n’était pas encore temps de se laisser abattre, celui-ci n’était que le premier et il lui restait encore deux chances de retrouver son passé. Alors il se releva et commença à redescendre.

Lorsqu’il arriva en bas, revenu dans le village d’où il était partit le matin même, il fit une pause sur le banc de la place pour réfléchir. Il devait à présent choisir l’une des deux possibilité restantes, mais ce n’était pas une décision très facile à prendre. Il sortit de son sac à dos les papiers contenant les instructions et renseignements pour son voyage, ainsi qu’une partie des provisions qu’il lui restait pour se restaurer, ou plutôt les dernières qu’il lui restait. Il lui faudrait racheter quelque chose à manger assez vite. Alors qu’il regardait autour de lui pour voir s’il ne voyait pas une épicerie dans les environs, une vieille dame s’approcha, s’aidant d’une canne, et s’assit sur le banc à côté de lui.

« Etes-vous perdu, jeune homme ? »

Lelfic la regarda avec surprise avant de répondre.

« Pardon ? Euh… non, je ne suis pas perdu, je ne sais juste pas où aller ensuite. »

« Oh ! Vous êtes un voyageur ? Je ne pensais pas qu’il existait encore à notre époque des gens capables de prendre la route comme vous le faites pour le simple plaisir de voyager. »

« Mais non, ce n’est pas… »

« Les gens sont tellement paresseux de nos jours, à croire qu’ils ne savent même plus marcher ! Et puis il est devenu risqué de se promener seul, avec tous ces criminels et ces mutants qui courent dans la nature… »

La vieille femme parlait d’un ton amical, avec un doux sourire bienveillant, pourtant Lelfic pâlit un peu lorsqu’elle mentionna les mutants, mais elle ne sembla pas le remarquer car elle continua comme si de rien n’était.

« Et puis toute cette urbanisation galopante qui envahit tout, c’est effrayant, un jour on trouvera même du goudron sur les pâtures de la montagne. Imagines-tu que quand j’étais jeune, Internet n’existait même pas, du moins pas comme aujourd’hui, et quand je vois tous ces gens de la ville qui ne peuvent rien faire sans leur ordinateur de poche… "

Lelfic écoutait à peine ce qu’elle disait, cela n’avait pas d’importance. Il cherchait comment il pouvait s’éclipser sans éveiller la suspicion de la vieille femme, sans se trahir. Il réfléchit tout en rangeant dans son sac ses papier et son repas à peine entamé, mais il ne voyait pas vraiment d’autre solution que de simplement partir. Alors il se leva, récupéra son arc et mis son sac sur son dos.

« Excusez-moi madame, mais j’aimerais arriver à la prochaine ville avant la nuit noire. »

« A pied ? Tu n’y arrivera pas jeune homme, le village le plus proche est à une bonne heure en voiture, alors en marchant… » dit la femme en riant avec bonhomie.

Le fait est que c’était déjà le crépuscule et la nuit tomberait dans une heure à peine, et il n’y avait pas le moindre taxi dans ce village, il était donc bel et bien obliger de retourner à pied jusqu’à la ville la plus proche.

« Eh bien… »

Cela n’allait pas, il commençait à se sentir piégé. S’il insistait, cette femme découvrirait qu’il était un mutant, mais s’il restait, quelqu’un finirait par arriver à la même conclusion. Il n’était plus serein du tout et devait faire un effort pour ne pas laisser la peur s’insinuant en lui guider ses actes. Il s’efforça de paraître calme et de ne pas danser d’un pied sur l’autre.

« Je vais quand même essayer de couvrir le plus de distance possible dès aujourd’hui. Au revoir madame. »

Tandis qu’il tournait les talons et commençait à descendre la rue, il entendit la femme parler toute seule dans son dos.

« Ah les jeunes, aujourd’hui, ça crois pouvoir faire n’importe quoi. Mais tous les jeunes ont été comme ça après tout, même moi, surtout avec ce beau garçon qui… »
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Lelfic
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MessageSujet: Re: [France] Le passé n'est qu'un aspect de la vie [Solo]   [France] Le passé n'est qu'un aspect de la vie [Solo] EmptyLun 20 Juil - 5:02

Le petit matin se révéla nuageux et plutôt frais pour la saison, et Lelfic se réveilla avec une sensation d’humidité bien trop familière à son goût. Il avait marché le long de la route déserte jusqu’à la nuit complète, et plus tard encore, beaucoup plus tard. Guidé par la faible clarté des étoiles, il marcha sur la piste goudronnée, plus facile à suivre de nuit qu’un sentier en forêt, jusqu’à une heure très avancée de la nuit. Mais la fatigue se faisant sentir, il avait finit par se résigner à s’allonger à l’abri d’un buisson à quelque distance de la route, et s’enrouler dans son manteau fourni par la Faculté pour dormir quelques heures. Le soleil levant le tira quatre heures plus tard d’un cauchemar très inhabituel, pas de cris ou de lynchage cette nuit mais une course permanente à travers les bois avec la désagréable sensation d’être traqué par quelque chose d’invisible et de rapide.

Revenant avec soulagement dans la réalité du monde éveillé, il se leva et secoua ses vêtements pour en chasser la rosée matinale puis revint vers la route. Pas une seule voiture ne l’emprunta de toute la matinée qu’il passa à la suivre, et il finit par arriver vers la mi-journée à un village plus important que celui d’où il venait. De là, il put prendre un train, avec de la chance car il ne s’en arrêtait qu’un par jour dans cette petite gare et il n’eut pas à l’attendre plus d’une heure, qui le mena à une ville plus importante où il prit un autre train jusqu’à une autre ville. Un taxi le mena ensuite jusqu’à une vallée de montagne d’où il termina le son trajet à pieds. Ayant passé ces dernières années à ne faire que cela, il avait l’habitude de marcher longtemps et avait acquis pour cela, sans en avoir conscience, une bonne endurance, ce qui lui permit d’arriver quelques heures plus tard à un plateau à mi-chemin du sommet de la montagne qui le dominait de toute sa masse.

Et lorsqu’il y arriva, le cœur du jeune homme sembla faire un bon d’allégresse, ou d’anxiété, lorsqu’il reconnu au loin les première maisons. Cette grange à l’allure peu solide mais qui tenait toujours bon, cette maison au toit rouge devenu gris avec les années, cette autre dont il manquait un coin à la cheminée. C’était bien son village, le village où il avait grandi, où il avait rit et pleuré pendant son enfance, le village qui avait tué son ami et qu’il avait fui. Inconsciemment, il était partagé entre l’envie de presser le pas et celle de faire demi-tour, mais aucune ne l’emportant sur l’autre, il continua à marcher à une allure modérée et régulière vers les constructions anciennes. Il devait s’empêcher de ralentir, car s’il le faisait, il finirait par s’arrêter et finalement reculer pour ne jamais revenir. La peur lui tenaillait les entrailles mais il devait continuer à avancer pour pouvoir enfin gagnez la paix, affronter son plus grand ennemi pour avoir un espoir de le vaincre.

Lorsqu’il passa à côté de la première maison pour pénétrer vraiment dans le village, c’était comme s’il franchissait une porte se refermant derrière lui, et l’angoisse le fit hésiter. Puis il fit un pas de plus et l’angoisse le quitta : il était toujours vivant et personne n’avait crié « au mutant ! ». Le jeune archer, dont l’instrument avait d’ailleurs intrigué le chauffeur de taxi, repris sa marche et arriva sur la rue principale. Son cœur se souleva. C’était là que c’était déroulée cette fameuse course, là que Sylvain était mort. Il fit quelques pas et mit un genou à terre pour examiner le sol, mais il n’y avait aucune trace de sang, aucune trace de l’agonie de son meilleur ami. Il ne savait même pas ce que les villageois avaient fait du corps. Au bord de la nausée, il se releva et repris son chemin sans se retourner. S’attarder là-dessus ne ferait pas avancer les choses.

En regardant autour de lui, Lelfic eut l’impression que le village était moins animé que dans son souvenir, et un peu plus abimé, comme si les habitant avaient cessé de prendre soin de leurs maisons. Certaines avaient même clairement l’apparence de ce qu’elles étaient : des bâtiments abandonnés. Le jeune homme ne s’attarda pas non plus sur ce détail, bien que celui-ci l’intriguât, et sortit du village de l’autre côté pour suivre un chemin qui montait une pente douce jusqu’à un vieux bâtiment en pierre qui réveillait en lui plus de souvenirs encore que le village : l’orphelinat. Mais plus il s’approchait et plus il constatait que c’était lui qui avait le plus changé durant ces quelques années, les herbes folles envahissaient une grande partie de ce qui était le jardin potager pour n’en laisser qu’un carré cinq fois plus petit qu'autrefois, de la mousse poussait sur un côté du muret entourant la cours jonchée de feuilles mortes et les racines du grand chêne avaient retourné quelques pavés supplémentaires. Et surtout, l’endroit était silencieux et semblait désert, à l’exception de la mince fumée blanche qui montait de la cheminée de la cuisine.

Lelfic traversa la cour d’un pas incertain et frappa trois coups à la porte fermée, qui demeurait toujours ouverte pendant la journée lorsqu’il était enfant, sauf lorsqu’il faisait trop froid. Il n’y eut aucune réaction alors il recommença en y ajoutant un appel à voix haute.

« S’il vous plait ! Il y a quelqu’un ? »

Quelques secondes plus tard, il entendit un loquet bouger et la porte s’ouvrit sur une femme grande et mince d’un âge avancé dont les cheveux d’un blanc neigeux cascadaient sur les épaules. Il fallut quelques secondes à Lelfic pour reconnaître sa gouvernante, qui avait bien vieilli en sept ans. Son visage comportait beaucoup plus de rides et elle n’avait plus un seul cheveu qui ne soit pas blanc, mais le plus frappant était son regard qui semblait légèrement voilé. Et malgré tout cela, elle semblait toujours aussi naturellement élégante que s’en souvenait le jeune homme et gardait la tête haute.

« Oui ? Que voulez-vous ? » Demanda-t-elle.
« Bonjour gouvernante. Je suis Lelfic, j’ai vécu ici il y a quelques années. »

La femme qui l’avait élevé eut un hoquet de surprise et le dévisagea quelques secondes comme si elle n’arrivait pas à croire ce qu’elle venait d’entendre et cherchait un autre sens possible à ces sons.

« Lelfic ?! Oh mon dieu ! C’est bien toi ? Mais ne reste pas devant la porte, entre donc ! »

Le jeune homme ne se fit pas prier et se laissa guider jusqu’à la cuisine, bien qu’il se souvenait parfaitement de la configuration des lieux. La gouvernante ne cessait de parler, en majorité par des exclamations, et en s’emmêlant parfois la langue comme si c’était un exercice qu’elle n’avait pas pratiqué depuis un certain temps.

« Lelfic ! Je n’arrive pas à y croire ! Mais que s’est-il passé ? Tu as disparu du jour au lendemain sans la moindre explication ! Les enfants en ont été très tristes tu sais, il t’aimaient beaucoup. Et te voilà revenu après toutes ces années ! Comme la vie est étrange parfois, et quels tours elle nous joue sans cesse ! Et regarde-moi, me voilà à parler comme une pie ! »

La gouvernante fit assoir Lelfic à la table et lui servit une tasse de thé comme s’il n’avait pas été absent plus d’un jour ou deux. Puis elle s’assit en face de lui et le regarda souffler sur la boisson chaude après avoir murmuré un merci. Une question brûlait les lèvres du jeune homme plus encore que le thé chaud et il n’avala que deux gorgées avant de ne pouvoir faire autrement que de la poser.

« Vous êtes toute seule ici ? Où sont passés tous les autres enfants ? »
« Ils sont partis, mon petit. Les plus jeunes ont trouvé une famille d’accueil et les autres sont partis vivre leur propre vie. Mais je ne vais pas quitter cet endroit juste parce qu’il n’y a plus personne, c’est mon foyer, ça l’a toujours été, et ça le restera jusqu’à la fin de mes jours. Le village se dépeuple aussi peu à peu, les vieux meurent et les jeunes vont à la ville.»


Le jeune homme eut le cœur un peu serré à imaginer cette femme vivre seule dans cette grande bâtisse, elle qui était toujours si énergique et rayonnante lorsqu’elle était entourée d’enfants. C’était comme assister au dépérissement d’un arbre privé d’eau, triste spectacle auquel il ne pouvait rien changer.

« Pour vous dire la vérité, je suis venu voir Laure. Je m’attendais un peu à ce qu’elle ne soit plus ici, mais j'espérai y trouver quelqu’un qui saurait me dire où elle est. »
« Ah oui, Laure. Le trio infernal de l’orphelinat que vous étiez, et quelle pagaille vous avez mise tous les trois. Laure est partie faire sa vie elle aussi. Elle était vraiment anéantie quand elle a découvert ta disparition tu sais, elle a pleuré longtemps et il lui a fallu plus de temps encore pour pouvoir sourire un nouveau. Que s’est-il passé Lelfic ? Pourquoi as-tu disparu ainsi ? »


Cette fois, Lelfic baissa les yeux sur sa tasse de thé comme son cœur se comprimait dans son torse. Il n’avait pas songé à cela lorsqu’il s’était enfui. Il avait bien trop peur de subir le même sort que Sylvain pour y songer. Mais en fait c’était prévisible, le trio infernal était devenu un duo lorsque Sylvain a été lynché, et il n’avait déjà plus rien d’infernal car le jeune garçon avait déjà commencé à se refermer sur lui-même. Puis il était partit lui aussi et Laure s’était donc logiquement retrouvée seule. Il y avait bien tous les autres enfants, mais tout comme Lelfic, elle n’avait avec aucun d’eux la complicité de leur fabuleux trio. Assailli par une pointe de culpabilité, le jeune homme ne trouva rien à répondre et avait la gorge trop serrée pour continuer à boire son thé. Et malheureusement, il ne pouvait apporter aucune réponse valable à la gouvernante.

« Je suis désolé, je ne peux rien vous dire. Cela m’est impossible. »

Il y eut un long silence et la gouvernante hochât la tête. Puis elle se leva alla chercher un morceau de papier et un stylo dans un meuble de l’autre côté de la pièce, qu’elle fit glisser sur la table jusqu’à Lelfic.

« Je vais t’indiquer où trouver Laure, notes-le là-dessus. Je ne peux pas le faire moi-même, mes mains et mes yeux ne sont plus ce qu’ils étaient. »

Lelfic parla longtemps avec la gouvernante, de ce qu’étaient devenus les autres enfants, du village, de tout et de rien, et de furent des heures pleines de nostalgie qui s’écoulèrent comme si rien ne produisait de grave dans le monde, un moment de paix mêlée d’une douce mélancolie au souvenir d’un temps qui jamais ne reviendrait.
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Lelfic
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MessageSujet: Re: [France] Le passé n'est qu'un aspect de la vie [Solo]   [France] Le passé n'est qu'un aspect de la vie [Solo] EmptyMar 21 Juil - 4:48

Sur insistance de la gouvernante, le jeune archer ne quitta l’orphelinat que lendemain matin, après un repas copieux constitué de légumes du jardin et de produits frais d’une ferme voisine, et une bonne nuit de sommeil dans le lit qui fut le sien plusieurs années auparavant. La soirée s’était déroulée comme dans un rêve, comme un cours d’eau tranquille qui glisse lentement le long des berges sans rien pour troubler sa surface, et la nuit qui suivit fut emplie de rêves, et bien qu’il ne s’en souvint pas à son réveil, Lelfic savait qu’aucun cauchemar ne s’était glissé parmi eux. Le soleil matinal le vit se lever frais et serein, parfaitement reposé et prêt à attaquer la journée d’un bon pas.

Il fit ses adieux à la gouvernante avec une sobre retenue et descendit le chemin jusqu’au village, qu’il traversa sans ralentir pour rejoindre la route serpentant jusqu’à la vallée en bas de la montagne. Quelques heures de plus et il arrive dans une ville de moyenne importance à la tombée du jour, à temps pour prendre une chambre au premier hôtel venu et commander une pizza. Il n’avait jamais mangé de pizza, et il avait soudain eu envie d’en goûter une en passant devant une pizzeria au coin de la rue où se trouvait l’hôtel. Cette découverte fut un ravissement pour ses papilles qui enchanta sa soirée jusqu’à ce qu’il s’endorme, et il se dit qu’il devrait manger une pizza avec Laure lorsqu’il l’aurait retrouvée.

En attendant, une fois l’estomac plein il retourna à sa chambre d’hôtel et se laissa tomber sur le lit, puis il sortit de sa poche le papier sur lequel était notée de sa main l’endroit où trouver Laure. Il avait été perplexe entendant cela, mais lorsqu’il avait demandé à la gouvernante si elle était sûre de ce qu’elle disait, elle lui avait répondu avec le ton autoritaire d’autrefois.

« Peut-être que je ne vois plus qu’à moitié et que mes mains tremblent, mais j’ai encore une excellente mémoire, et certainement meilleure que la tienne jeune homme. Souviens-toi qui t’as retrouvé lorsque tu t’es perdu parce que tu avais oublié le chemin pour redescendre du Lac aux Loups. »

Il n’avait pas mentionné le fait qu’il avait alors sept ans et que c’était la première fois qu’il s’était rendu au Lac aux Loups, plus haut dans la montagne, davantage une grande mare qu’un lac d’ailleurs, et s’était contenté de noter l’adresse qu’il contemplait à présent allongé sur un lit dans une chambre d’hôtel. Cette adresse, simplement quelques mots griffonnés sur un morceau de papier, mais qui semblaient pourtant si immenses, si lointains. Pour retrouver Laure, il allait devoir traverser un océan et se rendre à New-York. D’accord, il avait déjà fait la moitié du monde pour revenir en France depuis la Faculté, et une autre fois encore lorsqu’il avait été amené à la Faculté pour la première fois, mais malgré cela, New-York lui semblait tellement lointaine, et tellement immense ! La ville qui ne dort jamais, ainsi qu’on la surnommait, une des plus grandes villes du monde. Alors qu’il marchait, pendant la journée, il s’était surpris à hésiter, à se demander s’il pouvait le faire, l’envergure de cette entreprise lui paraissant tellement importante qu’il se sentait comme écrasé, comme s’il avait passé sur ses épaules une veste pesant deux fois son poids à lui.

Cependant, sa résolution avait été prise loin de là, sur l’île de la Faculté, et il n’y retournerait pas avant d’avoir retrouvé Laure. Après tout, la France ou New-York, cela ne faisait pas une si grande différence, ce n’était qu’un avion de plus à prendre, et s’il avait pu retrouver son village dans ce pays sur la base d’un simple nom, il devrait pouvoir retrouver Laure dans une ville en étant muni de son adresse. Il avait là l’adresse de son appartement, et le lieu où elle travaillait, ce qui devrait suffire à la retrouver à toute heure de la journée.

Encore une nuit passa, et il fit quelques cauchemars cette fois mais il les oublia avant même d’en avoir conscience, ce qui lui permit de se réveiller aussi serein que la veille. Le jeune homme rassembla ses affaires et dirigea ses pas vers l’aéroport le plus proche.

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