Étrange journée

Le matin même, Akiko avait vu un homme au temple, juste avant qu’elle ne parte pour l’école. Elle s’en souvenait parfaitement, car à l’exception des employés et de sa famille, personne n’allait au temple à 6 heures et demi du matin en plein hiver. Surtout lorsque le mercure est sous zéro.
Cette journée-là, il faisait un véritable froid de canard et la neige avait commencée à tomber en épais flocons duveteux. Qui pouvait bien avoir l’idée saugrenue d’aller prier si tôt par cette température? Certes, c’était bien jolie toute cette neige, mais il y avait des heures beaucoup plus appropriée. La jeune asiatique s’était donc arrêtée quelques instants, se demandant franchement pourquoi cet homme, qui n’était visiblement pas japonais, était là. Cependant, lorsque ce dernier s’était tournée vers elle et l’avait observé, Akiko avait rougit de s’être ainsi laissé surprendre à dévisager quelqu’un et s’était aussitôt remise en marche.

Toutefois, tout au long de la journée, elle avait remarquée ce même homme à différentes occasions, mais qui semblait toujours l’observer. À l’heure du repas, elle n’avait même pas osée sortir de l’école ni même de regarder par la fenêtre pour vérifier s’il était toujours là. Au final, la journée avait passée plus rapidement que souhaitée, et Akiko se retrouvait maintenant sur le chemin du retour en compagnie d’Akira, un de ses rares amis, même si elle se demandait souvent pourquoi elle le supportait encore...
Se contrôlant pour paraître le plus calme possible - Il était hors de question de perdre la face devant lui, il lui rabâcherait pendant des mois. - la jeune fille jeta un coup d’oeil aux alentours : Pas de trace du mystérieux individu pour l’instant. « Et pourtant, je suis sûre et certaine qu’il n’est pas loin. », songea-t-elle, légèrement inquiète. Un type inconnu qui vous suit dans la rue, ce n’est jamais bon signe. « C’est peut-être un pervers... Je ferais bien de faire attention. On ne sait jamais à quoi s’attendre à ce genre de personnage louche. À moins qu’il ne... Sache. »

Soudain, ses pensées furent interrompues brusquement par Akira alors qu’il tirait sur une mèche de ses cheveux. Surprise et furieuse de s’être ainsi fait avoir, Akiko se tourna vers lui, se préparant à lui passer un savon s’il n’avait pas un bonne raison d’agir de la sorte.
Visiblement conscience que ses tympans risquaient le pire s’il n’agissait pas rapidement, il pointa un direction, ou plutôt, une personne à l’autre bout d’une ruelle tout en faisant attention à ne pas se faire remarquer : Le même étranger qu’elle avait vue au temple et tout au long de la journée.

- Tu le connais, ce type? demanda Akira. Il nous suit depuis l’école, et je crois l’avoir vu ce matin au temple, lorsque je suis venu te chercher.

Akiko hocha négativement la tête en reprenant sa route, histoire le mystérieux individu ne remarque pas qu’il était grillé. Son camarade en fit de même.

- Je l’ai vue également ce matin. Je ne l’avais encore jamais vu au temple, alors je me suis arrêté pour savoir si cela n’était pas tout simplement ma mémoire qui me faisait défaut : Il aurait très bien pu être un nouvel employé que je ne reconnaissais pas. Mais non : Je n’ai aucune idée de qui il peut bien être. Peut-être qu’il... Est au courant. Pour tu sais quoi.

Akira la fixa un moment, le visage sérieux, puis hausa les épaules en signe d’ignorance. Cependant, ses traits habituellement rieur s’étaient obscurcies. Son ami savait au sujet de son pouvoir, tout comme Akiko savait qu’il arrivait à animer des objets articulés par sa volonté. C’était également pour cette raison que la jeune fille le supportait mieux que les autres enfants de son âge : Elle pouvait lui parler facilement de leur condition commune.
Que cet étranger sache, et c’était tout leur effort pour ne rien laisser paraître qui tombait à l’eau, et la peur que d’autres soient au courant qui s’installait.
Finalement, les deux enfants, silencieux, arrivèrent devant les marches menant au temple. Avant qu’elle ne le quitte, Akiko se tourna une dernière fois vers son ami :

- Tu devrais te dépêcher à rentrer chez toi. Nous ne savons pas se qu’il veut. Et même s’il n’est pas au courant, je ne suis pas rassurée à l’idée qu’il te suive.
- Pas de danger! lui lança le garçon avec un air moqueur. Je ne suis pas une fillette sans défense moi!
- Quel... Quel culot! s’empourpra Akiko. Je me fais du souci pour toi, et tu ne trouve rien d’autre à dire que cela! Très bien! Je te souhaites de le rencontrer alors!

Puis, elle s’en alla, vexée qu’il transforme toujours tout en blague. Quelle façon de prendre les inquiétudes de quelqu’un de cette façon! Montant jusqu’au temple en vitesse, Akiko se dirigea direction vers les jardins privés, histoire de relaxée et de réfléchir aux raisons qui pousseraient cet étranger à la suivre, elle ou Akira, toute la journée. Et plus elle réfléchissait, plus elle avait peur.

- Souhaitons qu’il n’arrive rien à Akira. Je m’en voudrais de lui avoir souhaitée du malheur...

"Il n'arrivera rien à ton ami, ne t'inquiètes pas." Doucement, Enzo fit glisser son fauteuil roulant au niveau de la jeune nipponne. Derrière, un peu plus loin, tu reconnais l'homme qui te suivait depuis ce matin : "Cornélius parait un peu patibulaire au premier abord, mais c'est une crème. Et puis, vu mon état, il me faut quelqu'un de costaud pour m'aider, tu sais", finit-il avec un sourire.

L'italien était parti en voyage. Une fois que son opération lui avait permis de le faire. Il n'allait pas bien... et avait eut besoin d'endroits calmes pour réfléchir. Il avait beaucoup étudié, beaucoup lu... enfermé et allongé sur un lit, il n'y avait pas grand chose d'autre à faire. Il avait donc découvert les temples zen du Japon et s'était décidé à en profiter un peu afin de faire le point. Et quand il était arrivé, Enzo avait découvert cet enfant de 13 ans qui se trouvait être mutante. Malgré le nombre de damnation qu'il mettait à sa bionicité, l'italien s'était prit à penser que la mémoire qu'il avait récupérer, et ses yeux qui décortiquaient tout, pouvaient servir et s'avérer très pratique.
Curieux de nature, il avait envoyé son empaffé de Cornélius suivre un peu la gamine afin de savoir si il pouvait l'envoyer à la Faculté. Aussi étrange que cela puisse paraître, il s'était découvert un cœur plus grand que prévu. Et la mutanité ne le laissait plus indifférent. Comme si notre dragueur invétéré avait changé un brin. Peut-être sa Liz qui lui avait voir qu'on pouvait vivre autrement, et tout aussi bien. *Il faut que je lui ramène un cadeau, d'ailleurs ! ça lui fera plaisir*, pensa-t-il les yeux dans le vague.

"Je m'appelle Enzo Baldini. Mutant paraplégique. Tu aimes les tours de magie ?" Le mutant avait sorti son paquet de carte et commençait à les faire danser, les yeux brillant. Il fit sauter deux cartes, qui disparurent presque instantanément, pour ressurgir dans l'autre main du jeune homme. Stoppant net sa démonstration, Enzo se pencha un peu vers la japonaise, avec un air de conspirateur : "Et toi, tu t'appelles comment ?"

Non, Enzo n'était pas un pervers, pédophile de surcroît. Il avait juste envie d'aider cet enfant, et l'amuser un peu. Quand on est un mutant, on est la cible de tout le monde. Humain, mais aussi mutant ! C'était bien ce qu'il avait appris à ses dépends. C'était le Docteur Seed qui lui avait expliqué. Dans la foule qui l'avait tabassé, devait se trouver un ou deux mutants dont les pouvoirs étaient de 'couper' les muscles par simple frappe. Il n'avait pas su l'expliquer autrement. Les mutants n'étaient pas forcément les gentils... Tout était bien plus compliqué que cela. Et pour une enfant de treize ans, c'était difficile à comprendre.

«  Hum? »

Akiko se retourna vers le nouveau venu, lui jetant un regard méfiant. L’homme en chaise roulante la rassura tout de même un tout petit peu : Akira pourrait rentrer sans encombre. Même s’il avait le chic pour l’énerver plus que tous les autres, il restait son ami, alors la jeune asiatique eu un petit sourire discret, à la fois de politesse et de satisfaction. Par la suite, son regard passa de l’handicapé à l’inconnu qu’elle avait remarquée le matin même et un peu plus tôt.
Toutefois, malgré le sourire sympathique qu’affichait cet homme, la télépathe se concentra sur lui, ne lâchant pas son regard. Si elle pouvait lire une fraction de seconde ses pensées, alors cela serait suffisant pour savoir si elle pouvait réellement faire confiance à son sourire innocent et l’air qu’il se donnait.
Cela pouvait paraître extrême, mais ne sait-on jamais? Ne dit-on pas des tueurs qu’ils avaient l’air parfaitement normaux avant de perpétrer leur crime? Prudente comme toujours, et ne voulait pour rien au monde perdre la face, Akiko continua à la scruter, impassible.

- C’est une bonne chose. Cependant, cela l’est moins avec votre aide. Vous devriez savoir qu’il est très impoli de suivre les gens, et surtout de les épier, toute la journée. Même si vos intentions n’étaient pas mauvaises. déclara-t-elle avec plus d’assurance qu’il y avait quelques minutes à peine.

Akiko jeta un regard aux alentours. Si sa mère voyait ces hommes dans les jardins privés, alors piquerait pour sûr une crise de nerf. Lissant sa jupe, l’enfant se leva et retourna à l’étranger alors qu’il s’adressait à elle. Enzo Baldini. Elle s’en souviendrait. Toutefois, lorsqu’il prononça le mot « mutant », et son appartenance à ce groupe, Akiko sentit ses cheveux se dresser sur sa nuque.
Au diable le tour de magie! Akiko redoubla de concentration, ne faisant que peu de cas des cartes. De toute façon, elle n’avait jamais été personne à aimer s’émerveiller des illusions des magiciens, encore de s’en amuser.
Cependant, ce Enzo, semblait adorer. Akiko l’étudia un moment, tentant de comprendre cette attitude. Au moins, il ne faisait pas de blagues stupides, il y avait cela. Le paraplégique cessa sa démonstration tout aussi rapidement que celle-ci avait commencé. La jeune fille en déduit donc que l’homme devait être assez impulsif, ou aimant en mettre pleins la vue. Peut-être un peu des deux.
Quoiqu’il en soit, lorsqu’il lui demanda son nom, elle s’inclina légèrement, répondant par la suite avec la même politesse qu’on lui connaissait :

- Sasaki Akiko. Enchantée de vous rencontrez monsieur Baldini. Mon grand-père dirige ce temple.
se redressant, droit comme un I, Akiko leur montra les allés publics d'un geste formel. Veuillez m’excuser, mais je rentre à peine de l’école. Si vous pouviez avoir l’obligeance de bien vouloir m’attendre un peu plus loin, peut-être au cerisier juste là, j’en profiterais pour revêtir des vêtements plus convenable et vous faire visiter le temple. Nous pourrions discuter tranquillement. Vous pourrez m'expliquer pourquoi vous êtes venu me trouver.

« Et ce sera un moyen d’éviter la crise de nerf de mère... », songea-t-elle intérieurement.

Bien sur, il ne s'attendait pas à être accueilli à bras ouvert. Deux inconnus, arrivant sans y être invités dans un jardin de particuliers, ce n'est pas forcément louche, mais la confiance ne devait pas être totalement au rendez-vous.
La première chose qui impressionna notre handicapé, c'était la maîtrise que cette jeune fille avait de l'anglais. Elle comprenait, et s'exprimait plus que correctement, gardant un ravissant accent, et la politesse presque hypocrite des japonais. C'était quelque chose qu'il ne comprenait pas vraiment, sûrement à cause de son sang chaud d'italien, mais cette politesse froide et distante, Enzo ne savait pas comment la prendre réellement.
C'était bien leur culture, mais quand bien même il avait lu beaucoup sur ce pays avant de venir, il ne comprendrait jamais... du moins, c'était ce qu'il semblait croire à ce moment précis.

"Enchanté Akiko", enchaîna l'italien. Il n'y avait rien de plus à dire. Droite comme un "i", la jeune japonaise avait l'allure et le ton des gens respectables dont la parole devait être suivie. Enzo esquissa un sourire amusé. Cette façade dure que c'était battit Sasaki pouvait être sujette à des tremblements et des fissures... comme le regard fugace mais précieux qu'elle avait fait lorsqu'il avait parlé de mutant.
Remettant son jeu de carte dans le compartiment adéquat de son fauteuil, Enzo s'inclina doucement et lui répondit : "Je te remercie de ton hospitalité. Présente mes respects à toute ta famille, ainsi que santé, prospérité et bonheur sur votre toit." Etonnant comme cette phrase, dite par Enzo, paraissait franche et amicale. Mal placée de la part d'un étranger... mal pris et mal vu. Mais pourquoi s'en priver ? Il n'était pas japonais, les bourdes, on les lui excusera sûrement... ou on le décapitera.
"Je t'attends. Je pourrais profiter de ce fabuleux jardin pour réfléchir un peu", finit-il avec un sourire, tout en commençant à déplacer son fauteuil vers le cerisier que la jeune Akiko lui avait désigné.
Au loin, Cornélius maugréait doucement. C'était vraiment pas son truc les voyages. Les japonais non plus. Il comprenait rien, il trouvait tout trop petit, il mangeait que du poisson par portion de bébé... Lui, ce qu'il voulait, c'était une bonne tranche de sanglier, ou de tripes braisées... quelque chose qui tient à la panse, qui ravive un homme comme une femme ou l'alcool pourrait le faire. Et en plus, grand comme il était, il passait toujours pour un méchant louche dans ces pays bizarres et trop exotiques pour lui. Il faisait chaud et humide... même en période d'hiver. C'était presque comme si on lançait un ours polaire à Miami en lui expliquant que c'était un endroit à la mode.

Laissant son hôtesse improvisée s'éclipser, Enzo fit descendre un petit peu le dossier de son fauteuil afin de pouvoir regarder le ciel qui perçait entre les branches du cerisier. Pas un bruit... le calme et la quiétude d'un instant. Il était un monstre... une horreur.
Et pourquoi faisait-il ça ? Pourquoi avait-il décidé d'aider _et encore, cette notion d'aide n'était pas forcément universalisable_ cette jeune fille lorsqu'il avait vu qu'elle était mutante ?
Avait-il besoin de se repentir ? Se sentait-il obligé de faire ce semblant de chemin de croix ? Enzo secoua la tête. Il n'était pas bien depuis son opération... du moins, encore moins bien malgré le fait qu'il ait été sauvé de la mort. Il était un monstre... il était devenu pire !

La jeune nipponne, toujours concentrée sur le paraplégique, se demanda ce qui pouvait bien avoir amené cet étranger jusqu’au Japon. Certes, elle aussi possédait des pouvoirs... Particuliers, mais de là à faire tout le voyage uniquement pour cela... Surtout qu’on était en plein milieu de l’hiver! Ces touristes!
Toutefois, elle lui donna le bénéfice du doute. De toute façon, s’il était bien ce qu’il prétendait être, alors il pourrait sûrement lui enseigner un moyen plus rapide que d’apprendre par elle-même à gérer son pouvoir.

Ici, sa mère, ainsi que tous le humains normaux, étaient une gêne constante et nuisible dans son apprentissage. Comment se perfectionner lorsque l’on vous interdit de seulement évoquer votre pouvoir? « Ici, je ne progresserai jamais... Je dois saisir les occasions qui se présente afin de me perfectionner. », s’insurgea-t-elle intérieurement, restant de marbre extérieurement.

Lorsqu’Anzo s’adressa de nouveau à elle, Akiko accueillit ses souhaits avec politesse, s’inclinant légèrement en signe de remerciement. Les touristes s’adressaient souvent à elle de cette façon, rien de choquant ou de nouveau pour l’enfant.
Akiko regarda s’éloigner le duo. Patiemment, elle attendit que l’homme en chaise roulante et son aide aient quittés le jardin pour rentrer dans la maison afin de changer de vêtement et, surtout, se réchauffer. Son manteau la maintenait relativement bien à chaud, mais lorsqu’il était question de protéger ses jambes contre le froid, c’était une autre pair de manche, surtout avec une jupe.
À l’entrée, elle retira ses souliers, les remplaça avec ses pantoufles et s’engagea dans les longs corridors de la demeure familiale.

Elle ressortit quelques minutes plus tard, habillée d’un iromuji vert olive doublé pour la saison. À sa main droite pendait son éternel éventail. À cause du froid et de la neige, elle avait optée pour des tabi épais et chauds ainsi qu’une paire de geta. Leur bruit étouffé par la mince couche de neige résonna sur le sol dallé de l’allée.
Lorsqu’elle arriva près de l’Italien, Akiko s’inclina un fois encore avant de parler :

- Veuillez m’excuser pour le temps que j’ai mis à me changer. J’espère que vous n’aurez pas trop attendu, vous et votre compagnon. s’excusa-t-elle par politesse. Je...

Soudain, une pensée, passant comme un éclair dans son esprit, lui coupa la parole. Une pensée venant tout droit de l’esprit de Baldini : « Être pire qu’un monstre! »
Akiko fut déstabilisée une fraction de seconde, juste assez pour prendre le fil de ses pensées à elle. Être pire qu’un monstre... Ces mots s’adressaient à sa seule personne. C’était sa vision de lui-même?

- Euh... Excusez-moi, j’ai été distraite. se rattrapa-t-elle en plaçant un petit sourire gêné avant de reprendre sa contenance habituelle. Y a-t-il un endroit en particulier que vous aimeriez visiter dans le temple?

Il était toujours plongé dans ses pensées quand la jeune fille revint. Presque emmitouflée dans un autre vêtement qui semblait plus chaud, mais qui gardait toujours une allure qui plaisait tant à l'italien !
C'est quand elle s'excusa pour le retard qu'il faillit presque sursauter en redescendant sur terre.
"Ah ! Mais ne t'excuse pas ! Je fais déjà intrusion chez toi, je ne vais pas faire mon difficile, sois sans crainte." Il répondait directement, il était franc, sans savoir _mais se doutant aussi un peu_ qu'il n'y avait là qu'une simple politesse sans aucune pensée telle, derrière. *Et impossible de percer ce qui se trame derrière ses yeux de gamine...* pensa-t-il en même temps qu'il écoutait la jeunesse parler. *Elle semble être très mature pour son âge...*
La seule chose qu'Enzo ne savait pas par ses yeux, c'était bien la nature du pouvoir de la jeune fille. Mutante, oui. Quel pouvoir, aucune idée, et pas moyen de le savoir autrement qu'en lui demandant.
Mais avec autant de tact qu'il pouvait.

"Un endroit où l'on puisse être tranquille. Et surtout pour qu'on puisse parler librement." Il avait appuyé ces derniers mots afin de faire comprendre à la gamine qu'il comptait aller droit au but.
Il avait eu une drôle d'impression quand Akiko s'était soudainement arrêtée de parler, mais cet incident avait vite été enseveli par un monceau d'autres choses qu'il retenait. Inconsciemment, il l'avait retenu. Et cela ressortirait au moment voulu... mais à cet avantage de ses yeux, et de son corps bionique, s'élevait le problème de ne jamais pouvoir se reposer...
Et en suivant la nippone, Enzo enchaîna son raisonnement : "Je sais que tu es mutante, mes yeux l'ont vu et cela serait trop long à t'expliquer." Il laissait ses idées le guider dans les paroles qui sortaient de sa bouche. "Mais sache que tu n'es pas en sécurité pour cela. Dans ce monde, beaucoup en veulent au mutant, les humains les premiers. Alors, tu te demandes pourquoi, moi qui te suis sans un mot, je serais un gentil et je voudrais t'aider pour ton bien. C'est normal que tu penses ça, et je ne peux pas t'empêcher d'avoir ta propre opinion de moi.
Sache cependant que ton pouvoir, tu peux en faire quelque chose de bien. Quel qu'il soit, il peut te servir à aider les autres, à sauver les autres, à te sauver toi-même..."
Le silence s'était installé de lui-même après cette phrase. En ce moment même, Cornélius baillait tout en regardant son maître s'éloigner, sans ce douter un seul instant que le discours qu'il tenait à la petite gamine, c'était surtout pour sauver sa propre âme, et pour exorciser ses angoisses et ses peurs...
"Mais si tu as peur d'utiliser ton pouvoir, si tu acceptes le fait que ce que les humains pensent de toi est vrai..." en même temps, Enzo ne put s'empêcher de penser à lui, en associant le mot 'monstre' qu'on lui affichait dans le dos. Son expérience au Japon ne pouvait le laisser revivre... la douleur, l'effroi, la torture, les coups, les insultes... Jamais, il ne pourrait ! [si tu veux, tu peux avoir un flash avec ça ^^]
"... tu ne pourras jamais grandir vraiment. Il te faut être entièrement fière de ce que tu es. D'utiliser ton pouvoir à bon escient, t'améliorer... Parce que plus tu vas utiliser ton pouvoir, mieux tu le contrôleras."
Enzo reprit un peu son souffle. Ce monologue, c'était presque une exergue contre lui-même... contre ce qu'il n'avait jamais fait... contre ce qu'il regretterait tout le restant de ses jours.

"Tu ES ton pouvoir. Ton pouvoir fait parti de toi. Et pour apprendre à le maîtriser, tu ne pourras y arriver seule. Et sache qu'il y a des gens qui peuvent t'aider !" Enzo n'irait pas plus loin. Il attend de voir ta réaction, ta réponse. Il ne veut pas aller plus loin parce qu'il ne veut pas te faire peur, ne veut pas trop t'en dire et du coup, te détruire. Ce que tu ne sais pas, c'est que c'est un choix de non-retour que tu vas t'apprêter à faire. Un choix important restreint dans trois lettres... Oui... Non...
Accepter, ou ne pas accepter.

*Akiko Sasaki... es-tu prête ? Veux-tu... vivre ?!* Enzo regardait la jeune fille à côté de lui. Tellement jeune... et il avait été comme elle, un jour passé.

Akiko s’était dépêcher à revenir. De un parce que les règles de politesse l’exigeaient, de deux parce que cet étranger pouvait la renseigner plus que n’importe qui dans ce temple sur ce qu’elle était. Pas que le phénomène mutant lui soit inconnu, mais le sujet étant tabou, cela était plutôt compliquer de poser des questions. « Triste, mais vrai. » , dit l’expression. La jeune fille avait donc fait vite.
Lorsqu’elle s’était adressée à Enzo, la Japonaise avait remarquée avec une touche d’amusement parfaitement dissimulée le sursaut de l’Italien. Ce n’était pas le moment de se moquer. S’il pouvait lui apporter les connaissances dont elle avait soif de savoir, alors elle l’accueillerait comme un roi.

- Si vous pouviez me suivre, je connais un endroit très calme pour discuter à l’écart des oreilles indiscrètes. l’invita-t-elle en lui désignant un sentier protéger par le couvert d’arbres sans feuilles.

Puis, tous deux s’engagèrent dans l’allée, Akiko écoutant attentivement les paroles de l’homme à ses côtés. À moitié fascinée à l’idée d’enfin pouvoir poser les questions qui lui chatouillaient le bout de langue et curieuse d’en apprendre plus sur ce mutant, elle le guida distraitement, silencieuse.
Lorsqu’il évoqua sa sécurité, Akiko fronça légèrement les sourcils, lui donnant l’air d’une gamine tentant de comprendre les paroles d’une grande personne. Oh! Elle comprenait parfaitement les paroles de l’Italien : elle avait souvent vu ce genre de phénomène autant à la télé que dans la rue et à l’école, mais son froncement de sourcils était plutôt dû à un mécontente plus qu’à autre chose. Elle ne voulait pas entendre ce genre d’avertissement, elle voulait qu’on lui enseigne comment devenir plus puissante!

Quelque peu refroidis, la jeune nipponne détourna son regard, préférant fixer le ciel nuageux qui continuait de décharger sa fine neige. Ses longs cheveux furent balayés par une soudaine bourrasque de vent. Ramenant ses mèches derrière ses oreilles pour dégager sa vue, Akiko baissa la tête, fixant cette fois le sol enneigé lorsque sa seconde vision envahis son esprit. Douleur, effroi, torture, coups, insultes... Images et sensations l’envahirent à peine une seconde, mais ce fut assez pour lui donner la nausée. Trop, c’était trop dans une journée!
Pouvoir lire les pensées des gens étaient si rare, qu’elle puisse percevoir dans un si court laps de temps celles de la même personne la laissait pantoise. Comment? Pourquoi? Repoussant la douleur et le mal de coeur qui la détournait de son objectif : en apprendre le plus afin de se rediriger vers un chemin pouvant l’aider à progresser.

- Je suis... Mon pouvoir? répéta-t-elle tout bas en tentant tant bien que mal de chasser son mal de tête. Oui. Le maîtriser. C’est cela que je veux savoir. Comment et où? Qui? J’ai beaucoup de questions.

Reprenant plus ou moins bien contenance, du moins, espérait-elle que l’homme en chaise roulante n’ai rien remarqué, Akiko hocha la tête pour signifier qu’elle avait comprit. Ses traits s’étaient durcis, n’exprimant rien. Que ce petit air noble et hautain qu’affiche parfois ces gens trop sûr d’eux. Elle s’était maintenant arrêtée, tout près d’une mare calme. Il n’y avait pas un bruit aux alentours. Parfois, on pouvait distinguer le lointain écho de la civilisation dont ils étaient isolés à l’intérieur de ce temple. Akiko, quant à elle, restait aussi immobile et silencieuse que son environnement, son regard noisette perdue dans la contemplation de la nature au repos.

- Je veux apprendre à maîtriser mon pouvoir, monsieur Baldini. Ce serait pour moi la meilleur et la plus enrichissante des expériences. Je ne cache pas mon envi de quitter cet endroit. Le Japon est un pays magnifique, j’en suis fière, mais j’aimerais pouvoir vivre loin de leur regard. Moi aussi je connais les insultes et la douleur. La peur d'être découverte. Moi aussi je connais cela...

Puis, elle se tut, ses traits s’étaient également adoucie, on ne sait trop pourquoi. Sa petite voix flûtée n'allait pas du tout avec son discour. Et pourtant, c'était bien elle qui avait prononcée ces mots.
On pouvait maintenant distinguer cette jeune enfant, trop mûre pour son âge. « Je ne les supporte pas. Même si ce sont eux qui ont fait ce que je suis. », murmura-t-elle à elle-même. « Non, je ne les supporte plus depuis longtemps. »

Ce qui frappait le jeune italien pendant son discour, c'était bien la maturité de la gamine qui l'écoutait. Une concentration visible, qui pouvait devenir presque palpable, des yeux profonds rivés sur les siens.
Elle était farouche, hautaine, sûre d'elle-même et volontaire. Tout du moins, c'était bien l'impression qu'en avait Enzo.
Il avait suivi la jeune nipone jusqu'à une petite marre. Le ciel était gris, et il neigeait encore. Il faisait au final assez sombre et des ombres clairsemées venaient relier leurs silhouètes qui se découpaient sur la neige. Il faisait froid, mais tout était beau.

Elle pouvait être fière et aimer son pays. Mais de ce qu'il connaissait de cette culture, Enzo Baldini savait bien que la différence était mal vue. Il fallait composer, reste humble et froid. Ce n'était pas de l'hypocrisie à proprement dit, c'était de l'éducation et de la politesse à leurs yeux. Mais pour les Occidentaux, cette impression de fausseté était flagrante.
"Oui, ce pays est magnifique... Et que tu en sois fière est une bonne chose. Si tu veux t'enfuir, je peux t'aider.
Tu me fais..."

Un choc, puis plus rien.

À moitié perdue dans ses pensées, mais restant tout de même vigilante aux paroles de l’homme tout près d’elle, Akiko songeait qu’il serait bon de quitter cet endroit. Non pas tout laisser en arrière et renier ce qu’elle avait vécue, mais plutôt de prendre du recul, afin de pouvoir apprécier avec plus de clarté tout cela. Sa mère n’avait jamais été un modèle d’affection et de tendresse, pas plus que son père. Au fond d’elle, la jeune fille en ressentait une rancune un peu plus amère à chaque fois qu’elle voyait ces familles unis et aimantes.
Pour Sasaki Sakura, il n’y avait que le « Quand dira-t-on? » qui comptait. Rien d’autre. Akiko avait fait de gros effort pour lui plaire, et peut-être récolter un petit sourire de temps en temps, mais cela avait bien sûr été en vain. Il lui arrivait souvent d’y réfléchir, lorsqu’elle était seule.
Que ressent-on lorsque l’on vous témoigne de l’affection comme à une personne normale? Elle s’était souvent posée cette question, tout en s’y refusant. C’est probablement à cause de ces réflexions qu’elle ne vit pas l’inconnu s’approcher, et ne le remarqua que lorsqu’il assomma Enzo. Reculant à la fois pour avoir dans son champ de vision le nouveau venu et posant ses deux mains sur sa bouche pour s’empêcher de crier, Akiko fixa avec horreur le fusil qui ne tarda pas à disparaître dans sa veste.
Leur regard se croisa, la paralysant sur place. Elle se rendit compte que ses mains tremblaient. Depuis toujours, elle vivait dans ce temple, et jamais, au grand jamais, on n’avait osé attaquer quiconque s’y trouvant. Et maintenant, alors que la certitude que personne n’userait de violence dans ce temple s’envolait, Akiko dû se résoudre à accepter le fait qu’elle avait peur.
Puis, à son grand étonnement, il lui sourit, tout juste avant de s’adresser à elle dans sa langue maternelle. Ce geste, ces mots, firent cesser ses tremblements, mais pas sa peur ou sa méfiance. Toutefois, il réussit à installer en elle la graine du doute. Enzo Baldini, cet Italien, dangereux? Elle recula de quelques pas, ne sachant plus trop quoi penser. Elle avait deux étrangers devant elle : un Italien et un Japonais, de toute évidence. Qui croire? Dans la mesure où Baldini était inconscient, c’était plutôt compliqué.

« Tu m’en veux? »

Enfin un terrain qu’elle connaissait! Se mordillant légèrement la lèvre inférieur, histoire de gagner un peu de temps pour trouver quoi lui répondre, Akiko grispa les poings autant de peur que de colère.

- Vous vous trouvez dans un temple! Comment pouvez-vous attaquer un individu, à mobilité réduite qui plus est, dans un temple! Et vous n’avez pas à me tutoyer. J’ai toutes les raisons du monde de vous en vouloir! Vous n’avez donc aucune notion de respect?

Elle avait enchaînée son petit discours à toute vitesse et tout bas, ses traits enfantins courroucés. Puis, sans avertir, elle se détendit, se forçant à respirer profondément. Cela en servirait à rien de s’énerver. Et puis, elle n’y avait pas fait attention sur le coup, mais il était étrange. Elle avait remarquée cette fine couche de brume qui avait lentement disparut. Un autre mutant? C’était sa journée pour les rencontres étranges!
Ses traits enfantins toujours contrariés et méfiants, elle jeta un coup à Baldini, pour de nouveau au Japonais. Il était un mutant, Japonais qui plus est. Il serait plus aisé de communiqué quant à la culture, s’il en avait une miette. Pointant du menton l’homme inconscient, elle demanda, tout bas, presque avec gêne :

- Vous… Vous êtes sûr de ce que vous affirmez? Il est vraiment dangereux?

La filette continuait de fixer avec un mélange de méfiance et d’incertitude le nouveau venu, mais jetait de temps en temps des coups d’oeil à Baldini ou dans la direction du sentier menant vers les bâtiments. En même temps, elle espérait à la fois que quelqu’un vienne, espérait également le contraire. Elle voulait autant partir, tout oublier de ces évènements, que rester et savoir. Que faire en pareille situation?

Tout son petit corps se tendit lorsque la main de Fukusha agrippa son menton. Elle dû se battre contre elle-même pour ne pas se dégager et partir le plus rapidement que le pouvait ses jambes. Cependant, un frisson la parcourut tout de même. Ce qu’elle déteste se faire toucher! Ce qui l’irrita le plus, ce ne fut toutefois pas qu’il se permette de la toucher, mais qu’il use de si vulgaire familiarité avec elle.

Elle n’était pas sa « frangine » ou « soeurette » , ni quoi que ce soit d’autre! Question famille, elle était suffisamment renseigner pour savoir sans l’ombre d’un doute qu’elle était enfant unique! Pour qui se prenait-il à la fin!?

Si les gestes et les paroles de Fukusha avait pour but de calmer la jeune nipponne et gagner sa confiance, le pauvre ferait mieux de réviser sa méthode, car plus le temps passait et plus elle sentait la colère l’envahir. Certes, elle avait encore peur, un tout petit peu, mais là, elle serrait surtout les poings pour s’empêcher de le frapper. Akiko ne se faisait pas d’illusion : contre un adulte presque de presque un mètre plus grand qu’elle, les chances étaient très, très minces.

Se contentant donc de repousser les mains encore accrochée à son menton d’une gifle colérique, Akiko recula, faisant face avec autant de détermination et de sérieux que l’on peut s’imaginer d’une enfant de treize ans.

- Je ne suis pas votre soeur! Et cesser de prendre autant de familiarité avec moi! commença-t-elle par exiger avec autorité en ignorant tout bonnement sa dernière question. De plus, enlever ce sourire niet de votre visage. Pas après vous en être prit à un pauvre homme sans défense. Comment pouvez-vous agir de la sorte et adopter pareil comportement? Je ne vous comprends pas.

Laissant sa colère s’exprimer, la jeune Japonaise avait croiser les bras sur sa poitrine et lui tournait maintenant le dos. Oui, elle boudait réellement, comme toute enfant de son âge grandement contrarié. Elle avait parfaitement conscience des enfantillages dont elle faisait preuve, mais malgré que son égo en prit un certain coup, Akiko resta sur sa position, refusant de regarder l’étranger et encore moins de l’écouter.

- Je vous parlerai lorsque vous aurez un semblant de respect dans votre attitude. acheva-t-elle sans le regarder. Je mérite mieux qu’un inconnu impoli et irrespectueux sur les bras.

Quand bien même Fukusha aurait fait preuve de clémence, son instinct aurait pris le dessus un jour ou l'autre.
Alors que la gamine faisait grise mine, et mine de bouder, le clone ressorti son calibre doucement. Et dans le même temps et le même mouvement, il se mit à dévisser le silencieux du revolver. Dans sa tête voltigeaient les remontrances que cette enfant lui faisait : "Pas après vous en être prit à un pauvre homme sans défense. Comment pouvez-vous agir de la sorte et adopter pareil comportement? Je ne vous comprends pas."
Bien sur qu'elle ne comprenait pas. Mais ce qui était sur pour Nocturne, c'est qu'elle allait bien comprendre de quoi il retournait. Elle n'avait pas le choix...
"- Je vous parlerai lorsque vous aurez un semblant de respect dans votre attitude. Je mérite mieux qu’un inconnu impoli et irrespectueux sur les bras."

Un petit bruit métallique annonça que le silencieux s'était désengagé de la cage qui le retenait. Gardant le flingue dans une main, il rangea le tube dans une de ses poches.
Et il chargea son arme.

"CLIC"

"Tu sais, j'ai voulu être gentil avec toi... Mais là, tu vas faire ce que je te dis..." Le clone braquait son arme sur la tempe d'Enzo. Et à la vue du regard qu'il lançait à la jeune japonaise, on sentait bien qu'il ne rigolait plus. Noir, vide, méchant, glacial... c'était bien les mots qui pouvaient le caractériser.

"BAM"

La détonation explosa littéralement. Au bout du flingue, un peu de fumé, preuve de la chaleur soudaine de l'embout. Et dans la prolongation, une tête garnie d'un trou béant. Le sang s'écoulait d'un visage paisible, comme endormi. La scène était irréelle...
Doucement, un tapis pourpre vint compléter la toile magnifique de noir et blanc. La couleur traversant l'absence de couleur et le néant de couleur.
Si la mort était un passage, le tableau aurait été merveilleux. Mais pour une gamine comme Akiko, cela devrait sûrement la refroidir.
Un sourire carnassier s'étirait doucement sur le visage du clone : "Je ne voudrais pas te faire du mal, à toi aussi..." dit-il avec un regard dur, en braquant son arme brûlante vers Sasaki.
"Il faut être gentille, maintenant..."

Non, mais pour qui se prenait-t-il?! C’est bien beau tout ça, mais en frais de politesse, il y avait encore beaucoup d’effort à faire dans la matière!
Elle avait beau être une enfant, elle n’était pas bête et savait vivre, elle. Comme s’il pouvait débarquer de cette façon dans un temple et foutre la pagaille! Et qui serait réprimander pour tout cela? Elle!
Naturellement, ce serait de sa faute et bonjour les réprimandes! Sa mère lui interdirait télévision, ordinateur et sortie pour très longtemps, elle le sentait.

Continuant de bouder, Akiko réfléchissait à toute vitesse à une façon de se sortir de ce mauvais pas. Avec un peu de chance, et beaucoup de ruse, elle pourrait s’en sortir sans trop de dégât. C’était possible, suffisait de faire attention et de bien penser à son histoire.

Cependant, lorsque le petit déclic de l’arme résonna aussi clairement qu’un glas dans l’air froid de l’hiver, Akiko sentit son coeur s’arrêter, puis repartir à toute vitesse. Ce fut ensuite la voix du japonais, aussi tranchante qu’une lame, qui lui donna des sueurs froides.

La jeune fille se tourna lentement, incertaine de réellement vouloir connaître la suite de toute cette histoire. Lorsqu’elle vu le canon du révolver sur la tempe de l’Italien, ses yeux s’écarquillèrent alors qu’elle entre voyait une suite possible à ce geste.
Et alors que son cerveau ne commençait qu’à seulement envisager de détourner les yeux, la détente retentit, claquant dans l’air maintenant glacée d’où tombait mollement les flocons de neige.
Une fraction de seconde plus tard, l’information se rendant à son cerveau, la jeune nipponne gémit tout bas, son visage devenant soudainement d’une pâleur extrême.

- Ah...

Ses jambes se dérobèrent sous elle et Akiko tomba à genoux dans la mince couche de neige. Son regard fixait avec horreur le cadavre et, surtout, le sang qui tâchait son manteau et de plus en plus la neige sous la chaise roulante.
Incapable de crier, incapable de bouger ou même de penser, la filette ne pouvait que trembler, faible, sans défense face à l’adulte qui pointait son arme sur elle.
Elle n’avait plus peur, elle était terrorisée! Complètement terrorisée.
Des cris et des voix s’élevèrent du bout du sentier, ne faisant pas réagir pour autant Akiko qui continuait de ne voir que le corps affalé sur le siège roulant.

Comment tout cela avait débuté déjà?

Valentin était de garde quand il reçut le message signalant que Fukusha avait trouvé quelqu'un pour la GC. Il avait donc décidé de partir pour l'aider à récupérer cette personne qu'il ne connaissait pas. Il se demandait pourquoi et qui avait autorisé le cobaye à partir seul en dehors de la GC. De son temps cela ne se serait pas passé ainsi, il aurait fallu une autorisation en bonne et due forme (et pas en bonnet d'uniforme). Et encore même avec cela il fallait être accompagné par un gradé ! Hors, ce n'était les gradés qui couraient les rues actuellement. Mis à part quelques soldats non mutants et membres de la sécurité, il n'y avait personne de disponible pour accompagner un cobaye en mission de recrutement... Les convenances se perdaient !

Il soupira encore une fois quand l'hélicoptère se posa près de l'endroit d'où avait appelé Fukusha et il le vit pointant son arme encore fumante sur une petite fille visiblement terrorisée. Il s'approcha et regarda le carnage ! Avoir tué un gars de la sorte était inutile et surtout déplaisant ! Pourquoi est-ce que Fukusha n'avait pas laissé la vie sauve à l'homme en chaise roulante, il aurait pu être un parfait cobaye n'ayant plus rien à perdre. Mais l'ange ne comptait pas se mèler de ça, il était là pour la fille et il allait s'en charger.

Il s'approcha et prononça d'une vois froide.

Je prends le relais Fukusha, retourne à l'hélico on rentrera ensuite.

Alors que le clone semblait approuver, Valentin se rapprocha de la petite fille. Il étendit ses ailes pour lui montrer son statut angélique et posa une main sur son épaule. Le ton qu'il prit était nettement plus gentil, même si on sentait une difficulté à parler ainsi.

Bonjour, je m'appelle Valentin, comment vas-tu ?

Pas qu'il en ai quoi que ce soit à faire, mais c'était ce qui se faisait en général, donc il avait posé la question. Et ensuite il aviserait pour la convaincre de gré ou de force de le suivre à la GC.

[HRP : C'est un poil court et je m'en excuse.]

- Éloignez-vous d’elle! s’écria une voix dans un mauvais anglais alors que Valentin s’adressait à la fillette. Ne vous approchez pas plus!

Akiko, qui fixait encore le cadavre avec horreur, fit glisser son regard vers le garçon ailé, puis vers son grand-père. Le vieil homme tenait un bâton dans ses mains et, malgré qu’il semblait avoir à la fois peur et désorienté par ces soudain évènements, menaçait quiconque tentait de s’approcher de lui tout en se déplaçant vers sa petite fille.
On pouvait entendre aux loin les voix de personnes apeurées, l’autre cadavre que Fukusha avait laissé plus loin avait été découvert. La jeune japonaise quant à elle, ne bougeait pas, ne parlait pas, n’esquivait pas le moindre geste. Des larmes avaient commencés à tracer des sillons humides sur ses joues.

Comment tout cela avait bien pu arrivé? Moins d’une heure auparavant, sa vie était normale, parfois ennuyeuse, mais normale! Et maintenant, tous les mutants de coin se donnait rendez-vous chez elle? Quelqu’un pourrait avoir la gentillesse de lui expliquer? Ça n’avait tout simplement plus aucun sens pour elle. Pourquoi tuer cet homme? Pourquoi?
Et cet homme, avec des ailes, qui semblait se contreficher du mort plus loin. Pour sur, ce Valentin était avec l’autre homme, celui qui avait tué Baldini.
Ce fut le seul déclic qui s’effectua dans son cerveau. Valentin était avec Fukusha. Ils étaient responsable du meurtre de le temple et la voulait elle! Elle bon sens!
Et maintenant, il était tout près, trop près!, et osait lui demander comment elle allait?

- Non!

Akiko repoussa la main de Valentin posée sur son épaule et recula tant bien que mal afin de mettre le plus de distance entre elle et le mutant. Sa respiration était maintenant désordonnée et elle avait de la difficulté à respirer correctement. Sa poitrine lui faisait mal et elle ne comprenait plus rien.
Son grand-père l’appela, mais beaucoup trop terrorisée pour faire autre chose que tenter de sa cacher, la fillette ne réagis pas plus.
Le vieil homme, cependant, tout en surveillant quiconque s’approchait de lui, se dirigeait lentement vers Akiko pour lui porter secours. D’autres personnes étaient maintenant là, des employés pour la vaste majorité en plus de quelque curieux avec plus de courage que les autres.

- Laissez-moi. Laissez-moi. gémit la jeune fille d’une voix faible en japonais. Grand-père, aide-moi. S’il te plaît, Grand-père. Je ne veux pas. J’ai peur.

[HRP : Je suis impardonnable pour le retard]

Valentin étonné vit qu'un vieil homme tentait de l'empêcher de rapporter la nouvelle cobaye à la GC. Et que cet homme était armé d'un bâton. Oh là là, que c'était dangereux... Il ne savait pas quoi faire ... Hein ? Personne n'y croit. Bon ok on reprends le cours normal des évènements.

Valentin activa son pouvoir devant lui, montrant ainsi qu'il ne laisserait certainement pas partir la jeune fille et qu'il n'était pas non plus un gentil petit ange qui allait pleurer parce qu'une petite-fille et son grand-père allaient être séparés. Et puis quoi encore ? Il regarda la cobaye (enfin future cobaye, mais il avait très peu de doutes sur le fait qu'elle deviendrait cobaye dans un temps plus ou moins important). Et il vit qu'elle avait peur. C'était le premier pas vers l'âge adulte, donc il ne fit rien pour la rassurer.

La méthode douce ne semblait pas fonctionner, donc autant passer directement à une méthode nettement moins agréable mais beaucoup plus amusante. Il désactiva le mur d'air le protégeant du grand-père et posa sa main auprès du visage de la petite fille. Il activa alors une sorte de boule d'air assez solide devant sa bouche et son nez pour l'empêcher de respirer et il l'attrapa solidement par les épaules.

Puis il se tourna vers les autres personnes et pronoça d'une voix glaciale.

Si vous voulez qu'elle reste en vie, je vous conseille de vous écarter. A moins que la menace d'une malédiction divine ne vous fasse pas peur.

Il déploya ses ailes et souleva la petite fille. Si elle voulait se débattre, grand bien lui en fasse, mais il n'allait pas la laisser vivre très longtemps... Surtout qu'avec la boule d'air sur son visage elle ne pouvait plus tellement respirer. Ce serait dommage de la tuer non ?

Le vieil homme, tenant toujours fermement son bâton , se rapprochait toujours lentement de sa petite-fille. Cependant, il s’arrêta lorsque Valentin usa de son pouvoir. Les choses devenaient un peu plus compliqué. Ce mutant avait, en plus de ses ailes, un contrôle sur le vent.
Et encore, les curieux s’étaient réunis dans un coin, soutenant de loin le vieux moine. De très loin, précisons-le. Certains touristes avaient même l’audace de prendre des photos!
Mais cela n’affectait en rien le sujet principal de toute cette mise en scène.

Terrorisé, Akiko ne bougeait toujours pas. Elle tremblait de tous ses membres, mais ça ne comptait pas vraiment. Elle continuait de marmonner en japonais des phrases incompréhensible. De temps en temps, elle suppliait Valentin en anglais de la laisser. La majeure partie du temps, elle ne parlait tout simplement pas.
Ce fut lorsque le garçon ailé approcha sa main pour activer son pouvoir et l’empêcher de respirer que Akiko réagit. Malgré que le gabarit de force soit de loin à l’avantage de Valentin, Akiko se débâtit de toute ses forces comme une furie, battant des pieds dans l’espoir de lui faire suffisamment mal pour qu’il la lâche.

Quant au vieil homme, ce ne fut non pas les paroles remplis de menace qui lui firent lâcher son arme, mais bien la petite luttant pour n’avoir ne serais-ce qu’une bouffé d’air.
Crispant la mâchoire, serrant les poings avec tant de force que ses jointures en avaient blanchis, la grand-père de Akiko baissa la tête, vaincu par sa propre impuissance à pouvoir aider sa petite-fille.

- Arrêtez. Arrêtez de lui faire du mal. supplia-t-il en se laissant tomber à genoux. Cessez de la faire souffrir ainsi.

L’enfant ne se débâtait d’ailleurs qu’avec peine, à un cheveux de l’inconscience.

Au loin, on entendait maintenant non plus les cris des personnes ayant découvert le corps du garde de Enzo, mais bien les sirènes de police. Le groupe qui regardait la scène semblait retenir son souffle dans un même élan, comme si tout cela n’était que du cinéma, que rien n’était réel. Quelque uns encourageaient à en venir au sang, d’autres encore criait au mutant de foutre le camp, mais en général, aussitôt que l’attention venait sur eux, c’était le silence plat.

Valentin sourit et avança tranquillement en direction de l'hélicoptère pendant que la petite fille se débattait avec l'inconscience. Son grand-père était un homme intelligent et il avait bien compris que quoi qu'il se passe, elle devrait le suivre sans faire d'histoire. Aussi, l'ange relâcha la bulle d'air qui empêchait la petite de respirer avant de monter dans l'hélico et de faire signe au pilote de décoller.

Il attacha les bras de la petite dans son dos avant de lui injecter de force un puissant somnifère. Plus question d'y aller doucement, maintenant il faudrait payer un peu tous les témoins pour qu'ils ne parlent pas de ce qui s'était passé. Mais au moins, un nouveau cobaye était arrivé à la GC. Et la jeune Akiko serait une recrue potentiellement intéressante si elle ne restait pas trop petite et trop faible pour se battre. Mais Valentin ne pouvait pas la tester dans cet appareil et ce n'était pas du tout son travail, non, il la laisserait aux mains des scientifiques qui verraient bien de quel bois elle se chauffait.

Enfin si tel était son pouvoir, il fallait espérer que Fukusha avait su de quoi il parlait quand il avait demandé à ce qu'on récupère ce corps.

[Très court et je m'en excuse, mais la suite sera à la GC.]

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